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Mercredi Treiife-lmilième annp’p. — K® 58*.
18 Décembre 1872.
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cl., 8.25. — Ninove, Gramrn.. Lessines, Ath (par Brux.) 5.55,9.o0,1.18, 3.45,7 E. 1», 2» et 3*
cl. Rruges, Ostemie. 5.55, 9.50. 10.50, 3.45. 4.50 E. 1«, 2® et3»cl. — Courtrai, Mous-
cron,Tournai et Lille5.55. 9.50,12..'15. 3.45,4.50E. 1®, 2® et 3® cl. — Calais 5.55,12..35, 3.45E.
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delà, 7.38, 10.19,3.40,6.21. — Lierre.H.55, 9.19, 9.33, 10.05, 1.45, 5.27, 5.53, 8.17. - Heren-
tbals et Turuliout (viâ Nyles), 6.55, 11.05, 5.53. — Herenthals, Turnhout et Tilbourg (viâ
Aerschot), 7.19, 9.33, 1.45. — Aerschot et Louvain, 7.19, 9.33. 1.45, 5.27, 8.17. — uttigues,
7.19, 9.33, 1.45, 5,27. —Charieroi, 7.19, 9.33, 1.45. — Walconrt, Vireux et au-delà, 7.19,
1.45. — Châtelineau, Givet et au-delà, 7.19, 1.45. — Diest, Hasselt, Maestricht, Aix-la-Cha-
pelie «t au-delà, 7.19, 9,33,1.45,5.27.
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- le nez. causerie scientifique. — les hirondelles de la
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commerciale de l’année; 2° l’Etat de la marine
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réception du journal.
RESUME POLITIQUE
Il est fort difficile de sortir du gâchis qui règne dans
la presse française à propos de la séance de samedi.
Chaque organe de parti, indistinctement, cherche à
prouver que le vote a été un triomphe pour l’opinion
qu’il représente. Ainsi, d’après la presse française, la
situation politique a présenté, samedi dernier, le spec-
tacle unique d'un gouvernement tiraillé de tous les
côtés âla tais et donnant, malgré cela, satisfaction à
tout le inonde.
Chacun se prévaut de ce contentement respectif
pour demander que les actes se conforment à la signi-
fication du vote. Les journaux républicains, partant
lie l'ordre du jour pur et simple, en déduisent que la
majorité de l’Assemblée, n’approuvant ni n’improu-
vaiit, n’empêche pas le pétitionnement et que, par
conséquent, le mouvement dissolutionniste doit s’ac-
centuer davantage encore. Les journaux de la droite,
au contraire, soutiennent que le pétitionnement a été
légalement, tué par le vote et, qu’il importe que le
gouvernement le défende désormais par tous les
moyens que le pouvoir metàsa disposition. Voilà pour
les deux nuances raisonnables des opinions en pré-
sence. Quant aux avancés radicaux, ils en veulent
jsurtout à M. Dufaure, mais ne désavouent pas
encore M. Tbiers. Reste ce que nous pourrons
appeler le parti radical de la réaction dont
\Univers est le fanatique porte-voix. Celui ci n’a
rien vu, rien entendu. Pour lui il n’y a pas d’en-
tente possible. “ Une France foncièrement, cléricale,
ou pas de France “ voilà la quintessence de son pro-
gramme. Ecoutons M. Veuillot :
- Notre avis est que l’unique sagesse et l’unique
J moyen est de se priver résolument du service de M.
iThiers.soit en lui réservant l’unique Honneur de la
J présidence soit en organisant sans lui, s’il refuse cet
JJionneur stérile, ce qu’il faut à la France : un gou-
rernement de combat. ••
Tel est le tableau delà presse française. On com-
prend que du fouillis d’articles que fait naître cette
variété d'idées, il ne se dégage rien qui puisse carac-
tériser l’impression générale.
La presse anglaise, spectatrice de ces démêlés, juge
la situation de sang-froid. Le Times constate la non-
signifleat,ion du vote de samedi et dit qu’il importe à
la.France de sortir au plus vite du statu quo. Le
IDaily-News trouve que le gouvernement souffle le
froid et le chaud et se demande jusqu’à quel point M.
Thiers se portera solidaire de M. Dufaure. La P dl
I Mail félicite M. Gambetta de sa modération et raille
[l’Assemblée qui s’arroge le “ droit divin parlemen-
taire ■» et se déclare infaillible. Le Daily-Telegr aph
ne voit dans le débat qu’une précaution prise pour des
luttes électorales éventuelles où chaque parti cher-
chera naturellement à emporter la situation. Citons
enfin le Morning-Post qui, seul, s’écarte du bon sens
et applaudit de toutes ses forces l’état du prov isoire
qu’il désire voir se prolonger autant que possible. Nous
donnons plus loin de plus amples extraits de ces jour-
naux.
En présence de ce flux d’impressions pour la plupart
personnelles, il fallait une parole autorisée qui
éclairât les esprits.
M. Thiers s’en est chargé devant la commission des
Trente. Son discours,dont nous avons dit hier un mot,
est ce qu’on peut appeler un discours d’apaisement,
et il faudrait plaindre ceux qui resteraient indifférents
à ce langage du bon sens et du patriotisme. Ce que
M. Thiers demande aux partis, ce n’est pas de renier
leur passé ni de renoncer à leurs espérances, c’est
seulement d'organiser le présent avec une entière
bonne foi, et cela dans un intérêt d’ordre et de con-
servation. En partant de ce principe,qu’aucun conser-
vateur véritablement digne de ce nom ne saurait
contester, M. Thiers a passé en revue les diverses
propositions constitutionnelles dont, la commission
est saisie. Il s'est attaché surtout à faire comprendre
[l'utilité d’une seconde Chambre, qui aurait, de concert
avec le pouvoir exécutif, le droit de dissolution; et
cette utilité il l’a démontrée en se plaçant au point de
vue des intérêts conservateurs, dans l'hypothèse de
lunomination d’uneAssembléeNationaleoùdominerait
l’élément radical.
M. Thiers, abordant ensuite la question de la res-
ponsabilité ministérielle, n’a pas eu de peine à dé-
montrer que cette responsabilité a toujours existé
en fait, et qu’il se considère lui-même comme aussi
responsable que ses ministres, attendu que sa dignité
| ne lui permettrait pas, en présence d’un vote hostile,
«l’invoquer la Constitution-Rivet.qui lui donne un pou-,
voir égal en durée à celui de l’Assemblée et que devant
| ce vote il se retirerait immédiatement. En somme, M.
Thiers n’admet pas que la commission s’occupe isolé-
ment d’une des questions dont elle est saisie, et qui,
pour être résolues utilement, doivent être étudiées à
| un point de vue d’ensemble.
Tel est en substance ce discours, dans lequel il faut
voir un judicieux commentaire du Message, et qui a
paru faire une profonde impression sur la commission,
un peut môme le considérer comme un correctif aux
déclarations de M. Dufaure dans la séance de samedi,
car M. le garde-des-sceaux accompagnait M. Thierset
a, par son silence, implicitement ratifié toutes les vues
| du chef du gouvernement.
Relativement aux bruits de démission du prince de
Bismark, nous en sommes toujours aux nouvelles sim-
plement officieuses. La Gazette deSpener dit tenir
des sources les mieux informées que le chancelier de
I l’empire a fait à l’Empereur la demande de le déchar-
J ger de la présidence du ministère d’Etat prussien.
■ L’Empereur a déclaré verbalement à M. de Bismark
■ qu’il était disposé à lui accorder tout allégement de
■ travail qu’il pouvait désirer.
■ Le ministre de la guerre, comme le membre le plus
■ ancien du cabinet, est chargé provisoirement de la
■ présidence.
■ Correspondance Scandinave, en date du 15
■ décembre, nous apprend qu’une crise ministérielle
■ vient de se produire à Stockholm, où le ministre
■ des affaires étrangères, M. le comte Platen a donné
sa démission après un conseil des* ministres, tenu
mardi, dans lequel a été discutée la nouvelle organi-
sation de la flotte. Le comte Platen,ayantété autrefois
ministre de la marine, on attribue sa résolution de
sortir du cabinet à un désaccord avec ses collègues
sur la question maritime.
L’ambassadeur de la Suède et de la Norwègeà Saint
Pétersbourg, le général O. N. F. Bjornstjerna, vient
de quitter son poste et s’est rendu à Stockholm. C’est
le roi qui l’y a appelé par télégramme, et on suppose
généralement qu’il est désigné pour succéder au comte
Platen.
Une lettre que publie le Times dément la vente des
esclaves vagabonds, par le gouvernement cubain. Le
ministre des colonies a refusé d’autoriser cette vente,
se basant sur la loi de 1870 qui ordonne la libération
de tous les esclaves appartenant à l’Etat.
Travaux législatifs,
M. le ministre des finances a présenté hier à la
Chambre des Représentants quelques projets de lois
de crédits supplémentaires.
Puis l’assemblée s’est constituée en comité secret
pour la discussion de son budget.
Après le comité secret, le budget des dotations,
comprenant le budget de la Chambre, a été voté par
70 voix contre 3.
Le Sénat à. reçu le dépôt de rapports sur un certain
nombre de projets de loi.
A la demande de M. Fortamps, i1. a abordé d’urgence
l’examen d’un de ces projets, celui qui approuve le
remboursement du solde de la dette à 3 p. c„ et l’a
adopté sans débats.
Une interpellation de M. Bergh à M. le ministre des
travaux publics a soulevé la question du tracé du che-
min de fer projeté d’Athus à Charleroi. L’honorable
sénateur des arrondissements de Virton et de Neuf-
château a invité le gouvernement à se préoccuper
plutôt des intérêts en cause que du soin d’abréger la
route.
Dans sa réponse, M. Moncheur a déclaré que les
instructions données aux fonctionnaires chargés
d’étudier le tracé tenaient compte des intérêts défen-
dus par Ma Bergh. Cette déclaration a clos l’incident.
(Correspondance particulière du Précurseur)
Bruxelles, 17 décembre.
Nos militaires sont furieux, jamais colère n’a été
plus légitime. Nos officiers supérieurs ont été de la
part du gouvernement l’objet d'une indigne mystifi-
cation. On les a traités comme on ne traite pas ses
enfants. On s’est, joué d’eux, de leur dévouement à
l’armée,de leur patriotisme. On les a chauffés à blanc;
on les a l*ncés à pleine vapeur dans la question du
service personnel et au moment décisif le gouverne-
ment fait l’innocent, dit qu’il n’a rien autorisé et fina-
lement il déclare qu’il maintient le statu quo en ma-
tière d’organisation militaire. Les officiers qui, de
bonne foi, se fiaient aux promesses du ministère ne
cachent pas leur mécontentement. Si l’on ne voulait
rien nous-accorder, disent-ils avec raison, il ne fallait
pas nous faire connaître immédiatement; nous
en aurions pris notre parti. Mais on nous a bercés
d’illusions, on nous a amusés de toutes les façons
et tout csiâ pour aboutir au maintien du statu quo.
Puis à cela viennent se joindre les commentaires du
discours de M. Pirmez.On voit dans les paroles de cet
honorable membre des attaques qui ne s’y trouvent
réellement pas. Du reste, à la première occasion
M. Pirmez s’expliquera. Il importe aussi que le
débat, à l’oecasion du programme militaire du gou-
vernement, soit repris. Le pays ne connaît pas suffi-
samment toutes les manœuvres auxquelles le gouver-
nement a eu recours afin de prolonger l’équivoque que
le parti clérical exploite depuis qu’il occupe le pou-
voir. Une discussion sur cet objet éclairera le pays;
elle montrera par quels moyens aussi on a trompé
l’armée. Je ne pense pas toutefois que le débat ait lieu
à l’occasion de la loi du contingent. La Chambre se
sépare à la fin de cette semaine ; le débat, si on le
provoque à l’occasion de la loi du comingent sera né-
cessairement écourté. Mieux vaut par conséquent le
remettre au budget de la guerre. Alorson aura le temps
de s’expliquer, au grand avantage de tout le monde et
principalement de l’armée qui a tout intérêt à con-
naître et ses partisans et ses détracteurs. Il importe
aussi que les anti-militaristes, qui ne disent plus rien
depuis que les cléricaux sont au pouvoir et qui votent
tout ce que le ministère propose, aient l’occasion de
raconter leur conversion. Il est temps qu’on sorte des
équivoques et des habiletés mensongères.Chacun doit
avoir le courage de ses opinions,et s’il y a de députés
dont les convictions tournent â tous les vents, il im-
porte qu’ils aient la responsabilité de leurs palinodies.
Il est exact que les paroles que M. Pirmez a pro-
noncées à la Chambre le 10 de ce mois à propos du
remplacement ont jeté dans l’armée une certaine émo-
tion, mais les officiers supérieurs, qui ont été mis en
cause par M. Pirmez, en veulent beaucoup moins à
cet honorable membre qu’au gouvernement qui les a
laissé attaquer sans prendre leur défense. Iis recon-
naissent volontiers que M. Pirmez a fait usage de son
droitet qu’il n’est resjtonsable de ses paroles que de-
vant la Chambre. Mais le gouvernement avait des de-
voirs à remplir, et il les a complètement oubliés. lia
manqué aux convenances J es plus élémentaires.
Les fonctionnaires n’ont pas le droit de se défendre
devant la Chambre ; ils n’ont de protection que dans
le ministre sous les ordres duquel ils sont placés. C’est
au ministre à parler pour eux lorsqu’on les attaque
injustement, de même que c’est au ministre à les blâ-
mer et à prendre des mesures disciplinaires contre
eux s'ils commettent, des actes condamnables. Les mi-
nistres ont oublié qu’ils étaient ministres; ils n’ont trou-
véàplacer ni un mot de protestation ni un mot d’explica-
tion. Ceia paraîtrait impossible si les Annales parle-
mentaires n’attestaient l’exactitude de ce que j’avance.
C’est surtout la conduite du gouvernement qui a ému
les généraux de l’armée et qui a motivé de leur part
une démarche auprès du Roi qui est, d’après la Con-
stitution, le commandant en chef de l’armée. MM.
les lieutenants-généraux Chazal et Goethals, désignés
par leurs collègues, se sont, rendus à cet effet au pa-
lais dimanche dernier. Le bruit a été répandu que ces
deux officiers avaient donné leur démission ; il se
peut que le fait soit exact en ce qui concerne le pre-
mier ; mais voici en quoi il est exact. M. le lieutenant
général Chazal atteint dans deux mois la limite d’âge ;
or il est d’usage que les officiers qui‘désirent quitter
l’armée à l'âge réglementaire demandent quelques
mois d’avance d’être admis à faire valoir leurs droits
à la pension. Tel est,je crois, le cas pour M. le lieute-
nant Chazal. Quant au général Goethals il ne songe
pas à se retirer de l’armée.
Je vous ai dit dernièrement que laBanque de l’Union
avait contribué pour une large part à la fondation de
la Banque du commerce et de l’industrie qui a été créée
pour utiliser les foisirs deM. Victor Jacobs après sa
révocation en qualité de ministre. Je suis en mesure
de justifier cette assertion. En effet,l’acte de constitu-
tion de la Banque du commerce et de l’industrie jîassé
le 15 avril 1872 devant le notaire Vandenhouten, de
Bruxelles, mentionne parmi les fondateurs M- Florent
Jacobs,directeur gérant de laBanque <\e\'Union, Jacobs
frères et Ce à Bruxelles, agissant en nom personnel et
comme se portant fort pour la Banque de VUnion,
Nous avons signalé à différentes reprises au
gouvernement la nécessité de s’occuper des amé-
liorations que comporte la navigation dans les
passes de l’Escaut. Plusieurs sinistres qui vien-
nent encore d’avoir lieu donnent à nos paroles
une pénible sanction. Nous ne voulons pas exa-
gérer le mal et il serait injuste de notre part, en
constatant la fréquence de ces sinistres, de ne pas
tenir compte des mauvais temps qui n’ont cessé
de régnerv Mais force nous est de devoir avouer
que le gouvernement est loin de faire tout ce qui
est possible pour conjurer les accidents, et lorsque
en quelques jours plusieurs steamers, dirigés par
des pilotes spéciaux, échouentdans les plrconstan-
ces connuesde nos lecteurs, il est difllc^ledenepas
conclure qu’il reste des précautions générales à
prendre. Il est urgent que le gouvernement avise.
De grands intérêts sont en jeu. Aujourd’hui que
nous n’avons pour but que de faire âppël à la sol-
licitude des pouvoirs compétents, nous ne pouvons
traiter la question in extenso. Nous rappellerons
cependant que dans des circonstances assez ré-
centes nous avons discuté la question-de l’éclai-
rage de l’Escaut,, et critiqué avec le Shipping Ga-
zette les défectuosités constatées dans [organisa-
tion de ce service. Nous ne pensons pas que depuis
lors le gouvernement ait fait quelque chose, et
nous serions curieux de savoir la suite qu’il a
donnée aux communications qui ont dû lui être
faites par le pilotage belge à propos de quelques
enquêtes qui ont eu lieu a cettejépoque. Les docu-
ments dorment sans doute en paix au fond d’un
carton,mais,enattendant, les fanaux guidenttrès-
mal les navigateurs dans l’Escaut. *
Nous n’avons plus rien appris des dissensions
politiques qui menaçaient dernièrement de provo-
quer une nouvelle crise ministérielle en Espagne,
et dont nous avons esquissé l’origine et les péri-
péties émouvantes. L affaire a disparu pour le
moment du terrain de la discussion publique,
mais elle y reviendra probablement à son heure.
En attendant, d’autres questions suffisamment
graves ont occupé l’attention des Cortès et fourni
un aliment aux commentaires du public: les ques-
tions de budget et d’emprunt, les insurrections,
la question militaire.
La grève de l’argent, si nous osons définir ainsi
la crise financière passée à l’état chronique, et les
insurrections armées, ont un singulier point, de
rapprochement ; elles recommencent toujours au
moment où l’on croit en avoir fini avec elles. On
pourrait ajouter qu’elles ontfait naître en Espagne
une vertu nationale, l’espérance perpétuelle. Il en
rayonne quelque chose jusque sur l’étranger. Aussi
les télégrammes qui annoncent,aujourd’hui,qu’une
grave insurrection vient,d’éclater,demain,quel’or-
dre est général, et réciproquèmènt,produisent-ils
peu d’émotion. On s’habitue à ne tourner la tête
avec attention du côté de l’Espagne que lorsque les
luttes politiques menacent d’ébranler le trône lui-
même. Nous ne disons pas le trône et l’autel, car
ce dernier, bien que toujours solide, semble avoir
perdu beaucoup de son influence chez les dévôts
espagnols. Quant à la question militaire,elle s’est
imposée tout entière à la sollicitude des hommes
d’Etat, et sur un terrain où l’entente sera possi-
ble. Là, comme en France, le principe du service
ersonnel a été accueilli avec patriotisme et Dro-
ite politique, et il est permis de prévoir que l’ex-
périence nouvelle ne tardera pas à commencer.
L’intérêt excité par ces diverses questions a
amené pendant quelque temps entre les partis po-
litiques une sorte de trêve qui se prolongera sans'
doute jusqu’à la nouvelle année par suite des
votes sur le budget.
Ce n’est que plus tard qu’il sera possible de ju-
ger du degré de force avec lequel gouverne le ca-
binet Zorrilla.
Le projet d’ordre du jour formulé par le comité
de l’association libérale de Bruxelles, à l’effet de
faire prononcer par l’assemblée générale la con-
damnation de la scission, continue à se couvrir de
signatures. Parmi les dernières on cite celles de
MM. de l’Eau, conseiller communal et provincial;
le docteur Pigeolet, conseiller communal ; Cou-
teaux, éclievin ,• Capouillet, conseiller communal,
etc. Dés à présent la scission est donc formelle-
ment désapprouvée par tous les élus, sauf deux,
du corps électoral bruxellois.
Dans son numéro d’aujourd’hui, Je Courrier de
Bruxelles reproduit, en l’attribuant à la Patrie de
Bruges, la correspondance spéciale relative à l'inon-
dation du Bassin de la Lys, correspondance que nous
avons reçue samedi dernier, de Vive St-Eloi.
En vertu du T- commandement qui dit : le bien
d’autrui ne prendras, nous engageons la catholique
Patrie, au cas où, pour être intéressante, elle se
trouve forcée d’emprunter ses nouvelles presque
focales à des journaux libéraux d’autres provinces, de
bien vouloir citer setix-ci. En agissant ainsi, elle épar-
gnerait à ses confrères cléricaux l’humiliation d’être
pris en flagrant délit de recel.
Nous sommes presque sùr que le Courrier de
Bruxelles sera de notre avis.
M. le ministre de l'intérieur vient d’adresser aux gou-
verneurs un modèle de procès-verbal pour les élections
générales, provinciales et communales, mis en rapport
avec le Code électoral et destiné à remplacer celui qui était
annexé à la circulaire du 1er avril 1870. Il rappelle, à cette
occasion, que les articles du Code électoral dont la mise en
vigueur a été retardée par l’arrêté royal du 18 mai 1872 se-
ront, applicables aux élections qui auront lieu à partir du
1er janvier 1873.
NOUVELLES ETRANGERES
fr a Ne c.
Assemblée nationale.
(Suite voir notre numéro d'hier).
m. i.f. carde des sceaux. Ce que je voulais dire, — c’est,
pour cela que .je m’adressais aux honorables membres de
ce côté de l’Assemblée (l’orateur désigne les bancs à gau-
ehe), — c’est qu’ils ont voté avec nous pour l’adoption de
la résolution quia été adoptée, c’est que la commission a
été nommée sur leur demande, comme sur la nôtre, c’est
que, par cca «quent, toutes ces froideurs, qui se sont éler
véas entre le gouvernement et une partie de l’Assemblée,
sont encore soumises à une délibération ultérieure et
qu’une nouvelle délibération peut tout terminer.
Et pourquoi tirer maintenant de ces faits une cause de
dissolution ? Comment ! nous avons demandé pour termi-
ner nos débats cette nouvelle épreuve d’upe grande délibé-
ration, et nous irions jeter le cri d’alarme et demander au
pays d’intervenir à la suite d’une dissolution !
Je ne comprendrais pas qu’une grande Assemblée, lors-
qu’elle a le moyen de sorlir de cet embarras, qu’on grossit
toujours, comme tous les autres... (Très bien ! très bien !
à_ droite), ne voulut pas l’accepter. (Nouvelles marques
d’assentiment et applaudissements à droite et au centre
droit. (Mouvement prolongé.)
Mais maintenant, messieurs, ces inquiétudes du pays
qu’on a exagérées, ces dissidences dans l’Assemblée qu’on
a grossies... (Oh ! oh ! à gauche), en supposant que cela
existe au même degré qu’on ledit, quel remède proposez-
vous ? Qu’est-ce qui va rendre le calme au pays ? qui pourra
donner des garanties à son avenir? Une dissolution ! (Rires
ironiques sur quelques bancs.)
Lorsqu’on creuse ce mot et que l’on approfondit l’idée
qu’il représente, lorsqu’on le vólt offert comme un talisman
à tous les maux, en vérité, messieurs, on est confondu.
C’est-à-dire que, pour sortir le 'pays des embarras dans
lesquels il se trouve, vous allez déclarer que d’un seul
coup l’Assemblée et le Président de la République dispa-
raissent ! (C’est cela ! e’est cela ! — Rires approbatifs sur ■
un grand nombre de bancs.)
Il n’y a pas à dire, messieurs, pas de distinction, je vous
prie. Aux termes de notre loi du Si août 1*71, que nous
invoquons tous, les deux pouvoirs cessent ensemble.
- A la vérité, l’honorable M. Louis Blanc nous a offert une
ressource ; Remarquez, disait-il, que par la dissolution
vqus allez grandir la popularité du Président de la
République, et alors, quand viendront, dans un mois ou
dans deux mois, les élections, il va être nommé par une
majorité telle, des collèges électoraux, qu’en vérité son
pouvoir sera agrandi, au lieu d’être diminué. Mais je
demande à l’honorable M. Louis Blanc ce que nous ferons
en attendant. (Rires d’approbation à droite et au contre,
-e- Mouvement, prolongé.)
toi, a in. \'ous serez le pouvoir exécutif!
m. i.K carde dks SCEAUX. Tout disparaît, il n’y a rien !
Et ensuite, sincèrement, vous tentez un grand hasard :
qu’est-ce qui peut nous garantir que de nouvelles élections ,
enverront dans cette Assemblée cette majorité si- nom-
breuse, si disciplinée, si compacte, que nous ont promise
nos deux honorables contradicteurs?
Quant à moi, messieurs,.je suis loin d’en avoir là convic-
tion. Je ne dirai pas comme l’honorable M-. d’Audiffret-Fàs-
quier l’a dit, peut-être à tort, je ne dirai pas à M. Gam-
betta : “ Vous voulez de nouvelles élections, parce qu’elles
vous porteront au pouvoir ! » Je ne le dis pas, .je m’en
garde bien. (Rires approbatifs à droite.) Personne ne rend
plus justice que moi à son véritable talent, mais il a besoin
de vivre encore quelque temps. M. Thiers, si je ne me
trompe, a passé bien plus d’années au service de son pays
pour arriver au poste éclatant où votre confiance l’a ap-
pelé. (Applaudissements et rires sur un grand nombre <le
bancs.)
Je vous dis donc, messieurs, les motifs pour lesquels la
perspective d’élections nouvelles ne me rassure en aucune
manière ; ce n’est pas que j’y voie poindre la fortune d’un
homme, maisj’y aperçois un trouble profond, un trouble
plus grand peut-être, encore que celui qui peut régner
dans cette Assemblée.
Ainsi qu’aucun de vous ne se fasse illusion ; une dissolu-
tion n’est pas le remède que nous devions chercher, si
nous sommes, en effet, dans la situation malheureuse que
l’on signalait à cette tribune; cherchons d’ailleurs le
remède, cherchons-le en nous-mêmes, dans notre sagesse
commune .. (Très-bien! et applaudissements adroite etau
centre) ; cherchons-le dans notre désintéressement absolu
de tout esprit de parti et de toute préoccupation autre
que l’intérêt du pays. (Nouveaux bravos sur les mêmes
bancs.)
C’est là que vous trouverez le remède, et pas ailleurs.
Vous ne le trouverez pas dans la tentative désespérée qui ne
se produit qu’à la dernière heure, qu’à la dernière extré-
mité, vous ne le trouverer pas dans la dissolution. (C’est
vrai ! — Très-bien !) .
Messieurs, une dissolution, c’est une agitation inévitable
dans tout le pays, et cette agitation, je ne la veux pas :
mais je terminerai par quelques mots à mes honorables
contradicteurs, qui ne seront pas plus blessants pour eux
que tout ce que je leur ai ait jusqu’à présent. (Rires
bruyants à droite.)
Je me permets de leur reprocher de trop identifier aree
eux dans leurs discours, le pays d’un côté, la République
de l’autre. Pour le pays,— vous en êtes convaincus,— pour
la République, je me permettrai de leur dire un seul mot:
savez-vous ce qui nous crée une difficulté pour le Gouver-
nement même provisoire que nous exerçons sous le nom
de la République française, le voici : ce ’n’est pas la forme
de gouvernement, c’est le nom de République. Dans notre
longue histoire il a toujours paru accompagné d’agitations
permanentes, de prétentions toujours nouvelles, d’ambi-
tions sans cesse croissantes, comme si toute République
était un état turbulent, aspirant à passer des belles et
grandes institutions de 1789 à celles de 1792, et de celles de
1792 à celles de 1793, pour ensuite se perdre dans le sang.
(Applaudissements répétés à droite et au centre.)
Voilà, messieurs, le malheur attaché à ce nom. Et je dis
que tout homme politique qui a l’honneur, môme un mo-
ment, d’être chargé de participer à un gouvernement au-
quel vous avez donné vous-mêmes, dans ia loi du 31 août,
le nom de République française, doit s’attacher à montrer
la république absolument étrangère aux . agitations aux-
quelles on la croit destinée,
voix nombreuses) Très-bien ! très-bien !
m. ee garde des sceaux. Oui, messieurs, croyez-nous,
cet état d’agitations continuelles, ce n’est pas un état
tolérable pour un pays. Sachez bien que lorsque vous pa-
raissez dans une ville ou dans une petite bourgade, vous
êtes entourés de braves ouvriers ou d’excellents campa-
gnards qui sont attirés là par la curiosité, ou, si vous
voulez, par le désir très-légitime d’entendre votre mâle et.
chaude éloquence. Cela est vrai, il y a un jour où ils
se laissent animer en vous entendant. Cherchez-les le len-
demain : l’un est rentré dans son atelier, l’autre a repris sa
charrue, et demandez- leur ce qu’ils veulent là ; ils veulent
du repos, de la tranquillité, un travail assuré, une famille
paisible, la joie paisible et pure de voir grandir et bien éle-
ver leurs enfants et, à leurs derniers moments, cette pen-
sée consolante que des lois protectrices assureront à
leurs enfants la libre transmission du champ qu’ils ont
eu Itivé ensemble et de la maison où ils rendent Je der-
nier soupir. (Acclamations chaleureuses sur un grand
nombre de bancs.)
Voilà, messieurs, notre conviction. La nation entière à
besoin de repos: dissolution est synonyme d’agitation; nous
voterons l’ordre du jour. (Nouvelles acclamations, — Tri-
ple salve d’applaudissements.
(En descendant de la tribune, M. le garde des sceaux est
accueilli par les félicitations des ministres, ses collègues;
et d’un très g”\ud nombre de représentants.., — . Tous les
membres de . Assemblée quittent leurs places et des con-
versations très-animées s’engagent entre eux.
La séance est suspendue pendant 20 minutes.
m. ee président. On demande la clôture. (Oui !‘ oui !)
si. rené brice. sur les degrés de la tribune. Je demande
la parole. '
de tous cotés. Non ! non ! — I.a clôture ! la clôture!
m. ee président. Je consulte l'Assemblée sur la clôture.
(L’Assemblée, consultée, prononce la-clôture de la dis
cussion.)
m. ee president. Plusieurs ordresldu'jour motivés ont
été déposés sur Le bureau.
une voix a droite. Non ! l’ordre du jour pur et simple !
m. le président. La parole est à M. Lambert de Sainte-
Croix.
m. LAMBERT de sainte-croix. Messieurs, croyant que
ce grand débat ne pouvait se terminer par une simple fin de
non-recevoir, j’avais, au nom d’un grand nombre de mes
amis et au mien, déposé sur le bureau de M. le président
un ordre du jour motivé ; mais après le discours que vous
venez d’entendre,.je m’empresse de le retirer. (Très-bien !)
Je demande à l’Assemblée de ne donner pour commen-
taire à l’ordre du jour pur et simple que les éloquentes
laroles de M. le garde des sceaux, paroles que la majorité,
a vraie majorité a applaudies etque la France tout entière
lira demain avec un même sentiment d’union et de con-
fiance. (Très-bien! très-bien! à droite et aux centres. —
Applaudissements.) .
m. de féeigonde. Au nom des commissions de pétitions
et comme président de l’une d’elles, je déclare que nous
nous réunissons à l’ordre du jour qui vient d’être présenté
et dont nous demandons l’affichage... (Bruit.)
de plusieurs cotés I.’affichage de l’ordre du jour ou
l’affichage du discours du ministre ?
m de eéligonde. I.'affichage du discours de M. le garde
des sceaux dans toutes les communes de France. (Applau-
dissements).
m. le président. M. le général Billot a la parole pour
proposer un ordre du jour motivé.
m. le général BILLOT. L’honorable M. Lambert ne
Sainte-Croix, au nom de ce qu’il a appelé la vraie majorité
de cette Assemblée, vous a prié de voter l’ordre du jour
pur et simple. Je m'appuierai sur les expressions mêmes
t de l’honorable M, Lambert de Sainte-Croix, et croyant,'
comme lui, appartenir à la vraie majorité... (Rires et ex-
clamations à droite) celle qui s’est manifestée dans cette
enceinte le 29 novembre... (Biuit) profondément con-
. vaincu que j’ai l’honneur d’appartenir à la véritable majo-
rité .. (Nouvelles exclamations) oui, à la yéritable majo-
rité conservatrice dans cette Assemblée et dans le pays, je
viens, au nom de plusieurs de mes collègues et au mien,
vous proposer un ordre du jour motive dont, je prie l’As-
semblée de vouloir bienrme permettre de lui donner lec-
ture :
” L’Assemblée nationale, considérant que la question de
dissolution, c’est-à-dire de renouvellement intégral de
l’Assemblée, soulevée par les pétitions, doit être examinée
en même temps que celle du renouvellement partiel .. -
(F.xclamations à droite et au centre droit) « dont la com-
mission.des Trente est déjà saisie,passe à l’ordre du jour.-
(Approbation sur quelques bancs à gauche.)
Comme unique commentaire de cette orare du jour, je
me référerai A l’éloquent discours de mou. honorable ami
M. Lé Royer.
m. de Goui.ARD, ministre do l’intérieur. Messieurs, con-
formément aux conclusions et aux observations qui ont
été faites par les rapporteurs de vos différentes commis-
sions, et dans un sentiment d’union que l’Assemblée tout
entière comprendra, sans que j’aie besoin de m’expliquer
davantage, je viens déclarer que le gouvernement prie
l’Assemblée d’adopter l’ordre du jour pur et simple. (Vive
approbation et applaudissements à droite et au centre
droit.
m. le président. Avant de consulter l'Assemblée sur
l’ordre du jour par et simple, qui a la priorité, ie dois lui
faire connaître que, outre l’ordre du jour motive dont M.le
général Billot vient de donner lecture, il a été déposé un
uutre ordre du jour motivé, ainsi conçu :
L’Assemblée nationale,
» Considérant que, sans porter, atteinte an droit de péfi-
tion, l’Assemblée nationale demeure juge de la durée de
son mandat.
« Considérant qu’elle ne peut utilement délibérer sur
cette durée que quand elle connaîtra les résolutions de la
•commission des Trente.
» Pass#1 à Tordre du jour. -
L:Assémblée va d’abord voter sur Tordre du jour pur e
simple.
Detix demandes de scrutin ont été déposées.
IL va être procédé au scrutin.
(Le scrutin est ouvert et les votes sont recueillis).
.Pendant le dépouillement du scrutin, M. le président
donne la parole à M. le marquis de Mornay.
m. le marquis de MORWY. M. le président veut bien
m’engager à renouveler à l’Assemblée la proposition qu’a
faite tout à l’heure M. de PéFgonde, de faire imprimer et
afficher dans toutes les commîmes de France le discours
! de M. le garde des sceaux. (Oui ! oui !)
Je prie i’Assemblée de vouloir bien adopter cette propo-
sition. Ce sera le meilleur considérant à l'appui de l'ordre
du jour pur et simple que l’Assemblée adoptera. (Appuyé !
appuyé !)
m. le président. M. de Féligonde a demandé que l’As-
semblée ordonne l'impression et l’affichage du discours de
M. le garde des sceaux.
plusieurs membres Ai eentre gauche. Nous le de-
mandons tous !
m. le président. Je vais consulter l'Assemblée.
m. le président. Je mets la proposition aux voix.
m. edouaiid millaud. Je demande l’affichage de tous les
discours.
sur un grand nombre de bancs au centre droit et a
droite. Non ! non !
Jm. le baron decazes. Nous demandons la division.
m. le président. Je mets la proposition aux voix.
m. Énot ard millaud. Ma proposition étant la plus large,
je vous prie de la mettre aux voix ta première ; il n’est
que juste de faire connaitre toutes les opinions.
M.i.E président. Vous n e pouvez pas empêcher la division.
(La proposition de MM. de Féligonde et de Mornay est
mise aux voix et adoptée.)
m. le préside > r. On a demandé divisément Taffiehage du
discours do M. i.-garde les sceaux. La division étant de
droit, j’ai dû me. u e cette demande d’abord aux voix.
Maintenant, M. Millaud a fait la proposition d’afficher
tous les autres discours en même temps que celui de M. le
garde des sceaux.
m. edoi ard mill aud. C’est une question de loyauté. Je
persiste dans ma proposition. (Bruit.)
m. iièvre. L’affichage à côté du Message.
m. le président.. Je ne vous entends pas.
m. nkvRE. Jo demande l’affichage à côté du Message,
j( Exclamations.
m. le président, Je consulte l’Assemblée sur la proposi-
jd’affichage des autres discours prononcés dans la discus-
sion.
(L’Assemblée, consultée, n’ordonne pas l’ffichage des
(autres discours.)
m. le president. Avant de donner le résultat du dépouil-
lement du scrutin, je dois prévenir mes collègues que deux
trains express partiront de la rive droite et de la rive
gauche à une heure précise.
Voici le résultat du dépouillement du scrutin :
Nombre des votants.............. 679
Majorité absolue................ 340
Pour l’adoption......... 483
Contre.................. 196
. L’Assemblée nationale a adopté. (Des bravos et des ap-
plaudissements éclatent successivement à droite et au
eentre droit, et presque immédiatement sur. les bancs du
centre gauche et de la gauche.)
m. le président. Lundi, à deux heures, séance publique :
Suite de l’ordre du jour.
■ (La séance est levée à minuit trente-cinq minutes.)
I Voici le langage des journaux anglais, apprècian
je débat du 14 décembre dernier à l’Assemblée na
jtonale :
Le Times est d’avis que les promoteurs du mouvement
dissolutionniste n’ont pas lieu de regretter le vote de sa-
medi. Il est probable que les pétitions vontse multiplier.et
déborder les préfets. La dissolution se posera de nouveau
quelque jour, et tout se borne à savoir si la dissolution pré-
sente des dangers, et si ces dangers sont aujourd’hui plus
grands que demain’. Répondons à la secondé question d’a-
bord. La France est calme ; sans doute une élection l’agi-
terait. pinson moins, mais si dissolution est synonyme d’a-
gitation, la prolongation du conflit est, une agitation pire,
et qui ne peut être prolongée sans danger. 11 i'aul que l'un
ou l’autre cède, et la victoire sera à celui qui se t iendra le
plus ferme.
Le Lady Ncars considère la position du gouvernement
français comme peu enviable. On s'attendait à ne pas le
voir Intervenir dans le débat., et voici M. Dufaure qui, tout
en faisant des allusions flatteuses à M. Gambetta, se mon-
tre défiant envers la gauche, et si agréable à. la droite
qu’elle retire sa mot ion de censure sur les pétitions et se
contente de l’ordre du jour pur et simple. II s’agit seule-
ment de savoir jusqu’à quel point M. Thiers se porte soli-
daire de M. Dufaure et, il est bon de se rappeler qu’un
habile homme d’Etat a toujours uns échappatoire.
Le Horninc/ Post trouve l’effet du vote excellent; il
fortifiera, dit-il, le parti conservateur et le gouvernement..
II encourage La droite à persévérer dans sa voie et conseil-
lera au gouvernement de s’abstenir de toute tentative de
modifier le provisoire. Tout doute sur la complicité de M.
Thiers et de Fox-dictateur pour fonder une république sous
l’assentiment du pays, a disparu. Trompé parles résultats
de quelques rares élections partielles, M. Thiers se prépa-
rait à abandonner la politique qui Ta fait acclamer,et de se
jeter dans les bras d’un parti.qu’il a dû combattre il y a dix-
huit. mois avec toutes les forces militaires de la France.
Le Daily Telegraph dit que ce débat se borne à la ques-
tion de suprématie dans l’agitation électorale. La gauche
et la droite veulent chacune disposer de l’administration
pendant les élections. Suivant qu’elles possèdent ou ne
possèdent pas cette influence, ettes sont partisans ou ad-
versaires do la dissolution immédiate. Pour le moment, la
droite l’emporte. Le vote de samedi faitconnaître de quelle
majorité elle dispose à la Chambre.
La Pall Malt Gazette dit en substance ceci : -
« Les journaux du matin ont de longues appréciations
sur le vota de l’Assemblée, mais elles sont si encombrées
de dç-scr/pG/qu’elles ne disent plus rien. Cependant;, il y a
des éléments suffisants pour voir clair. La seule surprise
que nous ayons éprouvée, c’est que M. Dufaure se soit
montré plus conciliant envers la droite qu’on n’avait cru.
A part celà, chaque orateur a dit ce qu’on attendait de
lui et le vote a été tel qu’on le prévoyait. On avait cru ce-
pendant voir M. Gambetta plus agressif, mais sa modéra-
tion froide «t cafoulèe a été plus mortifiante pour la droite,
qui esjiôre le voir parler le langage d'un fou ftn icax. M.
Gambetta, qui semble avoir commencé une nouvelle car-
rière en entrant à l’Assemblée, sait se maîtriser à l'occasion,
et son discours pourrait être tenu par chaque libéral, si |