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Dimanche 29 Mai.
1881, — Quarante-sixième suée. — 8° 149.
Dimanche 29 Mai
AWNNtfUEN'13
r-an# lîo» oufeaux et oh ex tome le» Direet*»» ■■
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LE PRECURSEUR
Journal Politique, Commercial, Marifiae, Littéraire et Artistique.
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5.15, 6.50, 7.40 E., 9.15, 9.50j 12.15,1.15.3.15, 3.54,6.50E.. 10.15 E. — Pour Louvam5.15, MO
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Ath (par Bruxelles-Nord) 5.15,10.50 B., 12.15, 3.54, 6.50 E. — Bruges, Oatendo (par Matines)
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3.10 E., 3.54, 4.45. — Courtrai, Moueoron, Tournai, LiUo 5.1a, 9 50 12.15, 3.54, 4.45. — Calai»
12.15, 4.45 E. 1« et 2« oi. - Tirlemont, Liège et Vomer* 5.15, 9.15 12.15, 1.15 A., 8.54,
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4.5(5,6.-.0,8.14. Pour Rotterd., La Haye et Amsterd. 7.20 E., 10.20,3.17 Æ-,6.40, 8.14. Pour Rot-
terd. et La Haye en outre, 6.40 et 8.14 soir. - De BruxellesA Anversi 5.27,6.17 S., 7.22, 8.08 E.
9.15 B., 9.53, 10.50 JB., 12.45 E.. 3.40, 4.34, 4.59 E., 5.37 E., 6.3, 8.05 E., 9, 10 E.. 12.________
P. à. DELA MORTAGSI,
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BUREAUX : Rüb db l’Amman, !, nr
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1.30,3.05, 4.52, 6.40, 7.10. — Aersehot, Louvain, 7.08, 9.20,1.30,4.52,7.10. — Ottignie», Fleuru»,
7.08,1.30, 4.52.— Lodelin»art, Charleroi, Bsrzee, Waloourt, Marienbourg, Viraux,7.08,1.30.—
Dieat, Hasselt, Maastricht, Aix-la-Chapelle, 7.08, 9.20, 1.30, 4.52. — Turnhout, 6.13,10.57,4.5*.
LIGNE D’ANVERS-GLADBACH. —D’Anvkrs pour Hèrenthals, Moll, 6.13, 10.57 mat., 3.C5,
4.52,6.40. — Neerpelt, Ruremonde, Gladbaeh 6.13,10.57, 3.05,6.40.
LIGNE D’ANVERS A CONTICH. — D’Anvkrs (Sud) pour Hobeken, Wilryek, Vieux-Dit»,
Contich et Lierre 5.00,8.13, 9.27 h. matin, 3.15, 7.(6 et 8.45 h. soir.
PAYS DE WAES. — D’Anvers pour Gand 4.35,7.15,8.50 E., 10.55, 2.05, 3.50 £.. 5.25E., 6.50,
9.10 E - De Gand pour Anvers 4.25, 7.05, 9.25 E., 10.50,2.20, 4.20 B., 5.25 £.,7.15, 9.(6 E.
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Tamise 7 et 10 h. mat., 3 et 6 h. soir. — De Tamise pour Anvers 6.30 et 9.30 h. mat., 1 et 6 h.
Service des Dimanches et jours fériés. — D’Anvers pour Tamise 7.30 et 10 h. mat., 1, 3 et 6 h.
soir. — De Tamise pour Anvers 6.30 et 10 h. mat., 1, 3 et 6 h. soir.
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Fait» divers, la ligne.....
Rubrique d’Anvers, la ligne.
Réparation judiciaire, id ligne.
ï.sm
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or- lu annonces sont tntsuré&s au Upno-
nxèlre. — las titres ce paient diaprés l'espace
Denier des Écoles.
Le conseil d’administration du Denier des
Ecoles a l’honneur de prier MM. les membres
de cette société de bien vouloir assister à l’as-
semblée générale qui aura lieu mardi 31 mai,
à 8 1/2 heures du soir, au Café de l’Univers,
place Verte, 31 (1er étage).
Ordre du jour :
Election d’un membre du conseil d’admi-
nistration en remplacement de M. Gustave
Grisar.
RÊSlTmT POLITIQUE:
Le projet de loi sur l’exemptfon des instituteurs
et séminaristes du service militaire, a été voté
après une assez longue discussion, dans laquelle on
a entendu le président du conseil, M. Ferry, qui a
prononcé un discours remarquable, qui a déterminé
la décision de l’assemblée. Le système adopté est
une transaction entre la proposition de la commis-
sion et les exigences du concordat. Les séminaristes
et les instituteurs sont astreints à une année de
service. Quant aux prêtres, ils seront appelés sous
les armes, comme les autres citoyens, en temps de
guerre.
Le Sénat semble de plus en plus hostile au scrutin
de liste. Hier, le centre gauche, dans une réunion
animée, s’est prononcé à une grande majorité contre
la nouvelle loi électorale.
Au banquet d’hier soir, à Cahors, M. Gambetta a
protesté contre les tentatives faites pour créer un
antagonisme entre lui et M. Grévy. Il a fait l’éloge
des qualités personnelles de M. Grévy.
Traitant ensuite la question de la révision de la
Constitution, il a déclaré que la Constitution n’est
pas fermée et qu’elle peut être modifiée, mais que
l’heure n’est pas encore venue d'y porter atteinte,
parce que l’on risquerait ainsi d’ébranler la répu-
blique.
Le ministre de la guerre français a reçu les
dépêches suivantes :
Général Forgemol au ministre de la guerre.
Béja, 27 mai, 6 h. du soir.
Un rapport complémentaire du général Dele-
becque sur la journée du 25 fait connaître que le
mouvement concentrique opéré par les brigades
Logerot, Cailliot, Galland, Vincendon, complété à
l’extrême gauche par la garnison de Tabarca, s’est
terminé de la façon la plus heureuse.
L'ennemi, refoulé par les colonnes, est allé se
buter contre la gauche de la ligne, espérant échap-
per par l’ouest entre Tabarca et la brigade Vincen
don. Trouvant le passage fermé par les deux batail-
lons du colonel Delpech, il a rebroussé chemin en
passant de gauche à droite devant la brigade Vin-
cendon, qui lui a infligé des pertes sérieuses. Nous
n’avons eu que 9 blessés, 5 de la colonne de Tabarca
et 4 de la brigade Vincendon.
Hier 26, cet officier général a repris le contact
de l’ennemi : deux de ses hommes ont été blessés,
de nombreux gourbis ont été brûlés et des trou
peaux razziés. — La résistance va s’affaiblissant.,
des demandes d’aman sont présentées aux diverses
colonnes.
Gouverneur général à Ministre.
Alger, 27 mai, 5 h. 50, soir,
Dernières nouvelles envoyées de Géryville par
cavaliers à Saïda :
« Le 24, la colonne Innocenti avant quitté Chel
lala se trouvait à Asla ; elle marchait dans la direc-
tion de FeXarine à la rencontre de la colonne de
Mallaret dont elle connaissait l’approche. Il n’y
avait pas eu de nouvel engagement avec Bou-
Amena La jonction des deux colonnes doit avoir
lieu le 29. »
Les journaux de Vienne conseillent à la France
de garder Bizerte.
Les dernières dépêches de Hambourg annoncent
que la municipalité de Hambourg n’acceptera pas
le traité d’accession à TUnion douanière signé par
le chancelier et les plénipotentiaires de la ville.
La Gazette de l'Allemagne du Nord revient
aujourd’hui sur la rupture partielle des rapports
entre le Conseil fédéral et le Reichstag. La feuille
officieuse dit que « les différentes motions présen-
tées dans la discussion de l’affaire de Hambourg ont
mis en lumière la tendance du Reichstag à s’empa-
rer de la dictature ».
On mande de St-Pétersbourg que M. le conseil-
ler intime Nikolaïeff, adjoint de l’administrateur
de la Banque de l’Empereur, est nommé adjoint du
ministre des finances.
La députation tekké est arrivée ici hier. Elle
se compose de Obas-Tarad-Mikma-Sardarg, ancien
chef des Tekinzes, de son fils et de deux représen-
tants de la tribu des Tekkés.
43 Feuilleton du Précurseur.
POMPON
PAR
Hector MALOT.
Ah ! comme elle serait retournée vite aussi à
Paris si elle l’avait osé. Mais elle avait promis de
rester, elle resterait. C’était déjà bien assez, c’était
déjà beaucoup trop qu’elle eût peiné Casparis en
ne posant pas pour le groupe de l'Esclavage. Il ne
le lui avait jamais demandé directement, il est
vrai ; mais il s’y était pris de telle sorte qu’il s'at-
tendait assurément à ce qu’elle s’offrît ; et cepen-
dant elle ne s’était pas offerte. Etait-ce possible ‘
Quand elle avait été heureuse et flère de poser de-
vant lui pour sa statue, elle n’avait avoué à per
sonne qtfelle l’aimait; elle ne se l’était même pas
avoué tout bas. Mais maintenant, comment au
rait-elle affronté les regards de Blanchon! Et puis,
Casparis était-il maintenant ce qu’il était à ce
moment?
C’était donc pour elle un grand soulagement
quand des amis, arrivant àl’improviste ou étant
invités à l’avance, venaient rompre ces tète-à-tête
avec Simonne, si lourds et si pénibles pour elle.
Heureusement cela se produisait assez souvent,
et parmi ces alliés qui la tiraient d’embarras, il y
en avait un qui, régulièrement, lui venait en aide
deux fois par semaine: c’était le comédien Gazéol,
qui chaque dimanche et chaque jeudi arrivait
pour déjeuner et ne partait que dans l’après-midi,
à l’heure où il devait rentrer à Paris pour son
théâtre.
Il fallait vraiment que cette peur du tête-à-tête
avec Simonne fût bien forte pour qu’elle regardât
cette arrivée de Gazéol comme un soulagement,
car sous tous les autres rapports elle l’avait posi-
tivement en horreur.
La proclamation de la royauté en Serbie, dé-
mentie par les officieux, est, dit-on, remise à un ave-
nir prochain.
Le régime parlementaire en Belgique.
La Chambre des représentants a donc enfin
voté le budget des travaux publics, après plu-
sieurs semaines de discussions, oiseuses le
plus souvent. ,
Durant un mois environ, c’est à peine si la
Chambre s’est trouvée en nombre une seule
fois; il y a eu des séances durant lesquelles le
nombre des membres faisant successivement
un e courte apparition ne s’est pas élevé à trente.
Un projet de loi urgent sur la circulation de
la poudre et de la dynamite, prêt à être voté,
se trouve déposé sur le bureau de la présidence;
depuis trois semaines il n’y a pas eu une seule
fois pendant dix minutes assez de membres
pour émettre un vote valable, et mercredi
même, à peine le budget des travaux publics
était-il adopté qu’il a fallu renoncer à ouvrir
un scrutin sur le pauvre projet en souffrance;
nos honorables avaient pris laclefdeschamps.
Il faut constater certaines choses à cause
des intérêts immenses qui sont enjeu:au fond
il ne s’agit de rien moins que de la dignité
parlementaire. Or, dans les deux camps, on a
organisé tout un système qui protège le man-
quement au devoir de nos députés.Un membre
dans chaque parti a reçu et accepté la mission
de prévenir les absents par voie télégraphique
ou autrement, lorsqu’il va y avoir péril en la
demeure, lorsque approchent le jour et l’heure
où un projet de loi important doit être voté.
Tous les ans, le membre, chargé de cette mis-
sion, reçoit un témoignage public dë satisfac-
tion en récompense de son zèle.
Cette combinaison a pour résultat de per-
mettre aux députés de se préoccuper le moins
possible de l’accomplissement de leur mandat.
Peu importe que les bancs soient vides, les
absents savent qu’il n’y aura pas de vote, pas,
d’appel nominal, sans qu’ils reçoivent un avis
préalable. Pourquoi alors se déranger ? On
prononce de temps en temps quelques mots;
on lit un petit discours à l’appui de l’un ou
l’autre grief local, le Moniteur en parle, n’est-
ce pas tout ce qu'il faut pour se rappeler au
souvenir des électeurs ?
Quel est le nombre de nos députés qui vivent
encore la vie parlementaire avec ses fortes
études, avec ses luttes, avec ses émotions,
mais aussi avec ses résultats féconds pour le
pays?
Que la minorité joue le rôle dont nous par-
lons, onpeut le comprendrejusqu’à un certain
point. N'est-ce pas un résultat immense pour
elle d'enrayer la marche du gouvernement
libéral par son inaction et sa nonchalance ?
Quand elle empêche ou quelle retarde le vote
de certaines lois, elle atteint son but.
Mais les députés libéraux ne doivent-ils
donc pas être guidés par des mobiles con-
traires ? Il est incontestable que leur seule
assiduité empêcherait les débats de traîner en
longueur ; jamais, s’ils étaient nombreux et
compacts, ils De laisseraient s’entasser, pen-
dant des semaines, des inepties dont le seul
but est de faire passer le temps sans que se
décident les grosses questions, à la bonne so-
lution desquelles non-seulement le libéralisme
mais le pays tout entier est intéressé.
Le mois de juin commence et les budgets de
l’année courante ne sont pas tous votés ; U loi
sur la comptabilité de l’Etat est ainsi enfreinte
par ceux qui l’ont faite. Est-ce là un exemple
qu’il est nécessaire de donner à chaque ses-
sion législative?
Nos adversaires annoncent leur intention
de refaire à propos du budget des affaires
étrangères l’ancienne discussion sur les rap-
ports diplomatiques interrompus avec le Vati-
can ; combien de jours faudra-t-il pour écou-
ter leurs redites, et faudra-t-il de nouveau y
répondre?
Des questions fort intéressantes sont à l'or-
dre du jour depuis plusieurs mois, d’autres y
ont été récemment inscrites ; quel stock va-t-
on devoir renvoyer à la session prochaine ?
Le ministre des travaux publics a fait con-
naître que le gouvernement présentera un
rojet de loi décrétant l’exécution d’un cer-
tain nombre de travaux publics ; c’est d’habi-
tude le dernier appât qui attire les retarda-
taires et les abstentionnistes et les force, in
extremis, à faire acte de présence. C’est grâce
à cette séduction suprême que se votent alors
au pas de course de nombreuses lois, sans
examen préliminaire suffisant, sauf au pays à
pâtir plus tard des imperfections dont elles
fourmillent. .
Les catholiques au pouvoir ont toujours agi
ainsi, nous ne le savons que trop. Ce n’est pas
un motif pour nos amis de suivre ces fâcheux
errements. .
Evidèmmentnous prêcherions dans le désert
si nous demandions que l’appel nominal se
fasse tous les jours au milieu de la séance et
que les noms des absents soient insérés entête
du procès-verbal de chaque réunion. Il y a
cependant certaines mesures à prendre et
qu’il dépend du bureau d’appliquer.
A notre avis, si tous les jours depuis trois
semaines, le président de la Chambre avait
mis aux voix le projet de loi sur le transport
des poudres et avait constaté ainsi le vide du
Parlement, il y a bon temps que ce projet ne
figurerait plus à l’ordre du jour.
Le bureau peut rendre ici un grand service
au pays. Que, sans complaisance et sans
faiblesse, sans se préoccuper du nombre ni
de la eouleur des absents, il procède à l’appel
nominal chaque fois que les débats indiquent
un vote comme nécessaire ; cette simple mesure
ramènera les honorables à leurs bancs.
Il est désagréable sans doute d’avoir à en-
registrer des faits aussi regrettables. N’im-
porte, nous ne voulons pas suivre le mauvais
exemple ; si la législature faillit à sa tâche, la
presse ne doit pas s'abstenir.
Si abordant un autre ordre d’idées se rap-
portant au même sujet, nous'devions entrer
dans certains détails relatifs aux travaux des
sections, nous aurions à faire ressortir, en ce
qui concerne la députation d’Anvers notam-
ment, une inaction, une nullité vraiment hu-
miliantes pour la métropole commerciale.
Combien de rapports les sept députés de
Brecht et autres bourgs-pourris ont-ils rédi-
gés, présentés et défendus devant la Chambre
depuis le commencement de la session ?
Récompense honnête au journal qui nous
fera le dénombrement.
Un four.
Pendant qu’une certaine fraction de la
droite, ayant pour chef de fi le M. Beernaert,
exploite contre le ministère le malheur du
temps et le bas prix du beurre et du fromage,
il en est une autre qui semble avoir pris à
cœur de séparer les Flamands de la grande
famille belge, en dépeignant une partie de la
population comme gémissant sous le jougçfr*
l’autre. .
C’est l’estimable députation anversoise qui
a entrepris cette tâche honnête et patriotique.
L’autre jour, piqué par nous ne savons quelle
mouche, M. Coremans jetait à la gaurne cette
apostrophe grossière : « Vous êtes le parti de
i la France ! » Aujourd’hui ce sont M. Osy et
surtout M. Jean Delaet, qui croyent devoir
revendiquer leur part dans l’œuvre méritoire
de leur collègue.
Certain journal clérical de Hasselt, De
Onafhankelijke, raconte que deux gendarmes
wallons ont arrêté indûment un ouvrier d’un
village flamand du L/mbourg. Si les gendar-
mes avaient compris le flamand, cette arresta-
tion arbitraire n’eût pas eu lieu, l’ouvrier pro-
duisant la quittance de l’amende pour laquelle
on venait l’arrêter.
L’histoire est elle vraie? C’est la question qui
se pose tout d’abord. M. Osy, qui a cru devoir
saisir la Chambre du fait, n’a pu que s’en rap-
porter au témoignage dn journal limbour-
geois.
Jusque là, tout était bien, quoiqu’on doive
engager M. Osy à vérifier les laits avant d’en
occuper la Chambre des représentants. Il ne
faut pas que le Parlement ressemble à une
loge de portier où aboutissent tous les racon-
tars du voisinage.
M. Bara, ministre de la justice, répond qu’il
prendra des renseignements sur le fait signalé
par M. Osy. L’incident allait donc être clos
sans plus de bruit ; mais cela ne fesait pas
l’affaire de M. Jean Delaet. Nous copions du
Journal d'Anvers le résumé des paroles que
M. Delaet crut alors devoir prononcer :
m. delaet. Est ce que les Flamands sont des belges!
Laissez-moi lire la pièce à l’appui. (Hurlements à
gauche.) Il importe que la situation dont nous nous
plaignons cesse ! (Vociférations à gauche.) Les Fla-
mandssont donc des opprimés ! Je proteste ! Ou ne
nous laisse pas parler...
m. nÔLiN. Vous ne savez pas ce qu’il y a de vrai dans
le récit du journal flamand !
m. delaet. Je n’ai pas fait d’enquête, c’est au gou-
vernement à la faire !
Quoi qu’il en soit si les faits son exacts, je proteste
énergiquement. Il importe que la moitié du pays ne
soit plus opprimée par l’autre, au point de vue de
l’usage des langues. (Très bien ! applaudissements à
droite. — Clameurs à gauche).
On lq voit, M. Delaet ne peut pas même dire
si les faits sont exacts. Cela ne l’empêche pas
de crier à l’oppression des flamands ! La gau-
che proteste contre cet inqualifiable procédé :
c’est ce que l’aimable rédacteur du compte-
rendu note de la manière suivante : [Hurle-
ments à gauche). — « Est-ce que les Flamands
sont dès belges ! Les Flamands sont des op-
prinjira ! Il importe que la moitié du pays ne
soit pas opprimée par l’autre, au point de vue
de l’tsage des langues ! » Tout cela à propos
d’un article de journal dont on n’a pas con-
trôlé l’exactitude !
N)us est avis que M. Delaet a été fort
maladroit en fesant tant de bruit sur ce qui
pea-être n’est rien. Si les faits sont exacts, il
y a évidemment lieu d’aviser. Tout le monde
estd’accord sur cela, et M. Bara s’est empressé
de le déclarer. Mais en fesant de l’indignation
à f’oid, sur de simples possibilités, M. Delaet
a cémasqué une fois de plus le système suivi
pa' son parti de diviser la nation dans des
vu3S électorales. C’est la devise reprise par la
compagnie de Jésus : divide et imper a. Sépa-
re] le pays wallon du pays flamand, et asseoir
sa domination sur ce dernier : tel est le rêve
dt parti clérical. Fomenter des mécontente-
rnrnts, exagérer les susceptibilités : cela dis-
pœsera nos adversaires, au moins ils l’es-
pùent, des discussions de principes qu’ils
n’isent aborder.
Zb système est anti-patriotique et détes-
table ; mais que MM. Delaet et consorts ne
comptent pas sur le succès. Ils n’ont pas le
mcpopole du sentiment flamand, quoiqu’ils
prétendent se faire prendre pour ses repré-
sentants exclusifs. Un grand nombre de villes
flamandes et des plus importantes ont des ad-
ministrations libérales ; plusieurs centres fla-
mands envoient aux chambres une représen-
tai on libérale.
'Nous ne sachons pas que MM. De Vigne et
sês collègues de la députation aient moins de
titres que M. Delaet à parler au nom des Fla-
nands. Et M. De Vigne avec ses collègues
étaient de ceux qui protestaient contre les pa-
roles inconsidérées que M. Delaet s’est permis
3e prononcer.
- Xes Flamands seraient bien sots s’ils se
laissaient prendre au système ue aivisiou ima-
giné par le clergé ! » Ces paroles de M. Bara
résument l’impression que laissera la cam-
pagne entreprise par MM. Coremans et De-
laet.
Ces fauteurs de division et de troubles en
seront pour leur honte. M. Delaet doit déjà
s’en être aperçu au four qu’il a fait dans la
discussion du 25 mai.
L’Australasie.
IV
M. Graux, ministre des finances, a en raison
de dire à la Chambre que la question austra-
lienne n’est pas neuve et que M.Beernaert n’en
ignorait pas l’importance quand, étant mi-
nistre, il se trouvait en situation de satisfaire
aux vœux du commerce anversois. En effet,
dès le mois de mars 1875,M. Jules Renard,consul
de Belgique à Melbourne, publia, sous le titre
Anvers en Australie, une brochure qui vint
à l’appui de la thèse défendue par le Précur-
seur avec une insistance dont le gouvernement
aurait dû tenir compte.
Mais, si Ton reconnait aujourd’hui que le
gouvernement a eu tort de rester indifférent
quand il eût pu si utilement seconder les vues
élevées du Roi, on doit être disposé à réparer
la faute commise et c’est le cas d’appliquer le
proverbe dont on abuse un peu dans notre
pays : « il n’est jamais trop tard pour bien
faire. »
Il est nécessaire de rappeler que le premier
essai d’importation de laines d’Australie par
Anvers ne fut pas heureux et de dire pour-
quoi.
Pour exécuter les ordres de négociants an-
versois, M. Jules Renard affréta, en décembre
1875, le Lady ofthe Lake.
Ayant Walter Scott pour parrain, ce bâti-
ment se permettait des allures de poète ; il
mit quatre mois à faire la traversée. Lors-
qu’en avril 1876, il débarqua ses 2500 balles,
les laines d’Australie avaient baissé de 10 p. c.
sur le marché de Londres.
Si, au lieu de la langoureuse Lady of the
Lake, M, Jules Renard avait pu disposer d’un
vigoureux marcheur, les 2500 balles seraient
arrivées à temps pour les enchères de février
et le bénéfice clés destinataires aurait été
splendide. La lenteur de la traversée déjoua
tous les calculs ; néanmoins la vente à Anvers
laissa moins de perte qu’elle n’en eût laissé à
Londres.
Sans avoir répondu aux espérances des in-
téressés, ce premier essai ne pouvait donc pas
être invoqué contre le port d’Anvers.
D’autres faits éclairaient d’ailleurs la situa-
tion. On savait que l’importation des laines
australiennes par l’Angleterre augmentait
dans une proportion considérable et que l’in-
dustrie continentale en absorbait une bonne
moitié.
L’extrait suivant d’une statistique du Board
of trade ne laissait, à cet égard, aucun doute :
Années. Importations Consommation proportionnelle
d’Aust. et du Cap. Angleterre. Continent.
1855 201026
1862 293259
1869 634667
1876 938296
1877 994856
1878 951185
1879 1033000
561/2
631/2
471/4
50 3/4
48 3/4
42
37
431/2
361/2
523/4
491/4
511/4
58
63
Elle le trouvait laid, bien qu’il eût des préten-
tions à une certaine beauté ; elle le trouvait bête,
orgueilleux comme un dindon, insolent dans ses
manières, grossier dans ses paroles, insupportable
par ses affectations continuelles ; enfin, à tous les
points de vue antipathique plus qu’aucun autre des
invités.
Comment Casparis, si simple, si modeste,si juste,
si correct en tout,(pouvait-il supporter à sa table un
homme’qui coupait à chaque instant la parole à tout
le monde pour parler de lui, de son talent, de ses
succès, de ce qu’il avait dit, de ce qu’il dirait, de ce
qu’il avait fait, de ce qu’il ferait ? qui s’imaginait
qu’il n’y avait d’yeux et d’oreilles que pour lui, et
qui, naïvement ou bêtement, disait en se rengor-
geant : » J’aurais pu, comme tant d’autres prendre
un nom de théâtre, mais j’ai gardé celui de Gazéol
parce que je savais que je le rendrais illustre » ;
— ou bien : “ un tel, du talent ! allons donc il est de
Lille » ; car pour lui on n’avait du talent que si l’on
était né au sud de la Garonne.
Comment Mrae Casparis pouvait-elle se plaire
dans la compagnie de ce bellâtre, qui ne disait pas
un mot sans le souligner par une grimace?
Et cependant Casparis TaccueiLlait avec plaisir.
Et de son côtè,MineCasParis se montrait toute
heureuse quand elle le voyait arriver : elle était
pour lui aux petits soins, elle le choyait, elle l’ap-
plaudissait, elle l’admirait et s’ingéniait de toutes
les manières à lui faire plaisir ; un jeudi qu’elle
l’attendait et qu’il n’était pas venu, elle avait été
maussade et nerveuse, s’irritant de tout et contre
tous, surtout contre son mari.
- Pourquoi Gazéol n’est-il pas venu ? avait-elle
dit vingt fois.
Et comme Casparis avait répondu en riant qu’il
S’était peut-être fait enlever, elle avait mal pris
cette plaisanterie et s’en était fâchée.
Cela n’était-il pas étrange ?
III.
Casparis n’était pas à Clichy pour se reposer et
s’amuser ; s’il avait accepté ce séjour à la campa-
gne lorsque Simonne le lui avait proposé, car
l’idée venait d’elle et de Mm# Jaras, ç’avait été dans
l’espérance de pouvoir trouver là le temps de faire
son monument de T Esclavage, ce qui lui était im-
possible à Paris dans le tourbillon qui l’entraînait
et au milieu des commandes qu’il se laissait
imposer.
La consommation des laines coloniales an-
glaises en France, en Allemagne et en Bel-
gique dépassait donc 600,000 balles. Seuls les
départements du Nord de la France con-
somment plus de 300,000 balles de ces laines.
Vendues à Anvers, celles-ci coûteraient aux
fabricants français beaucoup moins cher qu’ils
ne les paient en Angleterre, car elles sont
exemptes à l’entrée du droit qui frappe les
laines de La Plata expédiées par voie de terre
et, d’autre part, les frais généraux, y compris
le transport, sont moins élevés de huit francs
par balle quand la marchandise vient d’Anvers
que lorsqu’elle vient de Londres. Enfin, les
industriels ont l’avantage d’économiser du
temps en donnant la préférence à notre mar-
ché beaucoup plus rapproché que celui de
Londres des centres de fabrication.
La vente à Anvers des 550,000 balles que la
consommation continentale va demander à
l’Angleterre produirait environ trois cent mil-
lions de francs et les consommateurs réalise-
raient une économie de quatre millions et
demi do francs par an.
En 1879, M. Emile De Harven tirait de ces
données les conclusions suivantes dont il
n’y à rien à retrancher aujourd’hui , le
chiffre des importations de laines australien
nés continuant à dépasser un million de
balles :
1° Si nous avons raison de déplorer l’état,
momentanément précaire, de notre marché de
laines de La Plata, nous pourrions, dans le
vaste champ d’exploitation que nous offre
l’Australie, récupérer avec usure les bénéfices
amoindris de notre situation présente ;
2° La création d’un grand marché de laines
d’Australie à Anvers serait un immense bien-
fait pour l’industrie continentale et créerait
une économie trop considérable pour la pou
voir négliger plus longtemps ;
3° Enfin le moment présent estéminemment
favorable, puisque d’une part les cours des
laines coloniales sont de 15 0/0 moins élevés
que la moyenne des dix années antérieures et
que, d’autre part, nous nous trouvons en pré-
sence d’une tendance ascendante dans la con-
sommation des tissus de laine, limitée par la
production restreinte de la matière première.
Ces pronostics encourageants se sont réa
lisés, naturellement sur une petite échelle
faute surtout de moyens de transport rapide.
M. J. J. Melges le constate en ces termes dans
sa revue annuelle des laines:
« Pour les laines d’Australie les transactions sur-
passent notablement celles des années antérieures ; il
a été vendu 3816 balles contre 558 en 1879. Les prix
obtenus ont été très rémunérateurs et sont faits pour
encourager les importateurs.
A Clichy, il n’aurait que Y Esclavage kiùve-, per-
sonne ne le dérangerait; et avant le retour à Paris
son groupe pourrait être moulé ; pendant ce temps
à Paris, Jottralet ses autres praticiensachèveraient
les travaux en train, de sorte qu’en rentrant, il se
trouverait débarrassé d’une bonne partie des engage-
ments qu’il avait pris et libre de se mettre à une
œuvre sérieuse.
Il travaillait donc du matin au soir, et c’était à
peine si, après le déjeuner, il donnait une heure à
sa femme et à ses amis ; il ne prenait part à aucune
des excursions organisées par Simonne pour le
ûaisir de ses invités, et quand ceux-ci restaient
l la maison, retenus par la pluie ou la grande
chaleur, à un moment donné, sans rien dire, sans
affectation, il disparaissait pour aller s’enfermer
dans une orangerie, oû il ne recevait que des visites
qui ne pouvaient pas le déranger,celles deSimonne,
de Blanchon, de Falco, de Pompon. A celles-là, loin
de fermer sa porte, il l’ouvrait toute grande. Il
eut voulu avoir sa femme toujours près de lui. De
même il était heureux lorsque Pompon, au lieu de
s’en aller en promenade, venait s’installer dans
l’atelier avec son violon et lui faisait de la musique
comme autrefois.
— Encore ! ma petite Pompon.
Et pendant qu’elle jouait, il travaillait allègre-
ment.
— Encore 1
Cependant il arrivait un moment où Pompon, si
heureuse qu’elle fût de jouer pour lui, était forcée
de s’arrêter.
Alors, quand le modèle ne posait pas, c étaient
de longues causeries intimes.
Ils parlaient du passé.
Casparis parlait de l’avenir ; il interrogeait Pom-
pon ; il la confessait ; il faisait des projets pour
ëlle.
Puis fatalement, malgré elle, quoiqu’elle se fût
dit, quoiqu’elle se fût promis à l’avance, elle en ar-
rivait à parler du présent, c’est-à-dire de Simonne,
non pas franchement, bien entetdu, non pas
ouvertement et en la nommant, ni néme par des
allusionsdirectes, mais par des détours dans les-
quels elle excellait, et où toujours elle manœu-
vrait si bien que, quelle que fût son émotion elle
finissait par atteindre le but qu'elle s était pro-
posé.
Or ce but était toujours le mèpe : Etait-il heu-
reux ? Simonne Taimait-elle comneil avait espéré
être aimé ?
Car bien que ce qu’elle voyait (haque jour et ce
qu’elle entendait,les remarques et les observations
qu’elle faisait, les conclusions qu’elle tirait fussent
pour elle la confirmation de ce^qu’elleavait toujours
pensé et qui était qu’il n’y avait ni cœur ni ten-
dresse dans cette femme si admirablement belle,
elle ne s’en tenait pas à ses remarques et à ses con-
clusions, elle voulait savoir, elle voulait qu’il le lui
dit.
Aimé, non certes il ne l’était pas comme il aurait
dû l’être, avec dévouement, avec abnégation, avec
admiration; mais croyait-il l’être ?
C’était là ce qu’elle voulait apprendre de sa
bouche.
C’était à cela que tendaient toutes ses questions.
Chaque réponse lui était une blessure, mais la
réponse du lendemain serait-elle ce qu’avait été
celle de la Veille? Ne pouvait-il pas ouvrir les yeux?
Ne pouvait-il pas voir Simonne telle qu’elle était ?
Ne pouvait-il pas la juger ?
U lui semblait que si elle était à sa place, il y
aurait bien des choses qui la blesseraient et l’in-
quiéteraient.
Nais quelles étaient ces choses ?
là, malgré sa curiosité, elle s’arrêtait.
Elle voulait bien l’interroger, et pour cela elle
méfiait en jeu tout ce qu’il y avait en elle de fi-
nesse et d’adresse.
Mais d’elle-même elle n’osait pas examiner cer-
tair.es questions que cependant elle n’hésitait pas
à lui poser.
De même avec Simonne elle s’arrêtait aussi
pou/ bien des choses qu’elle aurait voulu savoir et
que cependant elle n’osait pas approfondir; quel-
quebis elle n’aurait eu qu’à ouvrir les yeux ou
les dreilles, mais un sentiment de pudeur la rete-
nait; et au lieu de 'es ouvrir elle les fermait.
En venant à Clichy, Casparis avait arrangé ses
affaires de façon à n’avoir point d’absence à faire,
si c> n’est pour aller à Paris de temps en temps
suneiller ses travaux, soit dans son atelier, soit
à l’bôtel du financier Siméon Lévy, soit au Père-
La-Chaise.
Miis tous ses travaux n’étaient pas à Paris ; il
en ivait d’importants aussi au château du prince
de (bye, qui de temps en temps exigeaient sa pré-
sence.
Justement, perdant que Pompon était à Clichy,
il reçut une lettre du prince qui l’appelait pour
lui demander certains développements au projet
primitivement adopté, et il dut partir pour discu-
ter avec le prince ces changements sur les lieux
mêmes.
- Nous croyons devoir appeler l’attention sérieuse
du Gouvernement belge sur la nécessité de doter le
Son absence serait de courte durée ; et le lende-
main même, il serait sûrement de retour.
Si Pompon avait osé, elle aurait profité de ce
voyage pour rentrer à Paris ; mais comprenant que
c’était marquer trop ouvertement ses sentiments
vrais pour Simonne, elle était restée : ce serait une
mauvaise journée à passer ; elle n’en était plus à
les compter.
Casparis était parti de grand matin, et cette
journée que Pompon redoutait s’était écoulée sans
trop d’ennui, grâce à une visite qui était survenue
et qui avait occupé plusieurs heures.
Cependant elles avaient dîné en tête à tête,ce qui
avait été pénible ; puis la soirée s’était passée tant
bien que mal ; se disant fatiguée, Pompon s’était
retirée de bonne heure.
Mais cette fatigue n’avait été qu’un prétexte
rentrée dans sa chambre, au lieu de se coucher,e!le
s’était assise dans un fauteuil devant sa fenêtre,
dont les Persiennes seulement étaient closes, et
sans lumière, elle était restée à réfléchir et à
rêver.
II faisait une belle soirée d’été, l’air était doux,
le ciel radieux, et à travers les lames disjointes çà
et là des persiennes à moitié pourries, la lumière
de la pleine lune pénétrait dans sa chambre, où elle
faisait des grandes raies claires qui alternaient
avec des raies d’ombre.
Peu à peu les bruits du village s’éteignirent, puis
ceux de la maison ; et Pompon entendit Simonne
rentrer chez elle; comme leurs deux chambres,qui
ouvraient sur le même palier, n’étaient séparées
que par un mur, elle L’entendit aller et venir pen-
dant assez longtemps ; sans doute, elle aussi, n’avait
pas envie de se coucher.
Cependant, comme ces bruits ne provoquaient
en rien sa curiosité, elle n’y prêta pas attention et
elle reprit sa rêverie sans penser à se mettre
au lit.
Le temps s’écoula sans qu’elle en eût conscience,
et les heures sonnèrent à l’horloge du village sans
qu’elle les comptât.
Tout à coup, il lui sembla entendre un bruit de
pas sur le gravier de l’esplanade qui entourait la
maison.
A pareille heure, cela n’était pas possible ; sans
doute c’était une hallucination.
Cependant le gravier craqua plus fort, c’était
bien un bruit de pas, il n’y avait point à s’y trom-
per, malgré les précautionsqu’onsemblaitprendre.
Qui pouvait marcher ainsi autour de la maison,
à pareille heure?
port d’Anvers d’un service direct, régulier et rapide
avec l’Australie. Le Gouvernement francais nous a
devancé sur ce point et vient de décider la création à
Marseille d’une ligne postale et commerciale sur
l’Australie.
» Nous n’avons pas à craindre la concurrence des
)orts étrangers, pour autant que la lutte puisse se
’aire à armes égales. Il est donc urgent que le Gou-
vernement belge s’occupe activement de la question. »
Il n’y a pas, en effet, de temps à perdre si
nous voulons éviter que la France ne nous
coupe l’herbe sous les pieds. Sans la création
de lignes transatlantiques directes, les sacri-
fices faits pour le port d’Anvers seraient, en
partie, stériles.
Certaine feuille jésuitique de notre ville a
publié un tissu de mensonges pour essayer de
ustifier le club de la rue St-Paul dans la ques-
tion des enfants naturels.
Le Journal dAnvers, qui avait emboîté le
pas, s’est bientôt aperçu qu’il faisait fausse
route, il s’est arrêté à mi-cbemin, et, à notre
proposition d’éclairer l’opinion publique par
un échange d’articles, il oppose un silence
complet.
Ou plutôt il nous renvoie à son jésuitique
confrère.
Or, il sait pertinemment que, quel que soit
notre désir de confondre ce dernier, nous nous
abstenons en général de le faire par respect
pour nos concitoyens, qui, par une manifesta-
tion solennelle, l’ont mis un jour au ban de la
presse.
Le jésuitique confrère accepte cette situation
et en profite pour déclarer que, n’étant pas de
taille à discuter avec lui, nous nous en pre-
nons au Journal cCAnvers.
Et le Journal d'Anvers, de son côté, accepte
humblement cette explication et se retranche
derrière celui qui a l’impertinence de se poser
comme son chef de file.
Nous faisons plus d’honneur au Journal
d'Anvers ; nous savons qu’il représente l’élé-
ment le plus sérieux, le plus respectable du
parti catholique anversois, et nous croyons
que s’il esquive notre proposition, c’est pour
n’être pas forcé de reproduire tout ce que son
jésuitique confrère a inventé d’odieuses finas-
series pour soutenir sa thèse.
Car enfin, admettant même que le Journal
cCAnvers se reconnaisse incapable de soutenir
lui-même la discussion, qu’est-ce qui l’empê-
chait de faire sien, purement et simplement,
un article de son confrère en nous engageant
à le reproduire comme réponse à notre défi ?
Il en est encore temps.
Mais le Journal dAnvers n’en fera rien. Il
n’en fera rien pour deux raisons :
1° Il se gardera d’endosser la responsabilité
des moyens inventés par son confrère pour
tromper le public dans la question des en-
fants naturels ;
2° Il sait que cette question a tourné entiè-
rement contre le parti clérical et il voudrait
la voir disparaître le plus tôt possible de la
polémique.
Aura-t-il du moins la loyauté de faire con-
naître à ses lecteurs le vrai caractère de notre
défi?
Un diagramme éloquent.
Les cléricaux viennent d’avoir une idée lu-
mineuse.
La statistique fantaisiste deM. Malou.au
sujet de la situation respective des écoles clé-
ricales et des écoles officielles, pouvait ne pas
avoir été assez bien comprise : la nécessité se
faisait sentir de rendre plus palpable la diffé-
rence des chiffres en faveur des saintes écoles.
Voici la façon admirable dont on s’y est
pris :
De même que dans les statistiques commer-
ciales et autres on emploie le système du dia-
gramme pour indiquer d’une manière par-
iante les progressions successives du mouve-
ment que Ton constate, de même les apolo-
gistes de l’enseignement ultramontain ont
dressé un diagramme, qui doit établir victo-
rieusement la prédominance des institutions
chères à leur cœur, sur les antres de perdition
qu’on est convenu d’appeler les écoles gueuses
ou les écoles sans Dieu.
Ce diagramme est très-ingénieusement fa-
briqué. Il consiste en une série d’accouple-
ments de bandes verticales rouges et bleues,
larges d’un demi-centimètre. Les hauteurs
proportionnelles des bandes rouges corres-
Comme elle se posait cette question, elle crut en-
tendre qu’on jetait du sable doucement contre les
persiennes de la chambre de Simonne.
Alors l’idée qui se présenta tout de suite à son
esprit fut que c’était Casparis qui rentrait, et qui
n’ayant pas pris sa clé'comme il le faisait ordi-
nairement quand il sortait, appelait Simonne pour
qu’on lui ouvrit la porte, et se levant vivement
elle regarda à travers ses persiennes.
Mais qu’elle ne fut pas sa stupéfaction en voyant
que celui qui venait de jeter ces grains de sable
n’était pas Casparis ; — c’était Gazéol; Terreur n’é-
tait pas possible, il tenait levée vers les fenêtres sa
face rasee et la lune l’éclairait en plein.
— J’y vais, murmura une voix à travers laper-
sienne voisine de celle derrière laquelle elle re-
gardait.
Et Terreur non plus n’était pas possible pour
cette voix, c’était celle de Simonne.
Elle ne rêvait pas ; ce n’était pas une hallucina-
tion ; elle voyait ; elle entendait.
Mais alors ?
La porte de la chambre de Simonne fut ouverte
avec précaution et l’escalier craqua ; peu d’ins-
tants après, un faible bruit de serrure, qui n’eût
pas été perceptible pour Pompon si elle n’avait pas
suspendu sa respiration pour écouter, se fit enten-
dre au rez-de-chaussée, et de nouveau l’escalier
craqua sous un poids plus lourd, celui de Simonne
et de Gazéol.
Elle avait abandonné la fenêtre et elle se tenai t
l’oreille collée à la porte ; elle les entendit traver-
ser le palier à pas étouffés ; puis distinctement elle
les entendit entrer tous les deux dans la cham-
bre, dont la porte fut refermée.
Cependant, bien qu’elle eût parfaitement distin-
gué qu’ils entraient l’un et l’autre dans la cham-
bre, elle voulait douter et se dire que cela n’était
pas, lorsque, à travers le mur, en écoutant, elle
entendit le faible murmure de leurs voix.
Cela était donc possible !
Il fallait qu’elle le crût, puisqu’elle le voyait,puis-
qu’elle l’entendait.
Ainsi, ces idées qui avaient,en ces derniers temps,
traversé son esprit en voyant Simonne et Gazéol
ensemble,et auxquelles elle n’avait jamais osé s’ar-
rêter, qu’elle ne s’était même jamais formulées fran-
chement, la réalité les confirmait.
Cela était vrai !
Elle était restée anéantie, frappée de stupeur.
Il était vrai qu’elle le trahissait.
(A suivrt). |