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1875-1876
N° 7.
2e ANNÉE.
abonnements
Belgique: fr. 25 01.—Elranger:fr. 28-00 (Port en sus.)
L’Année parue :
Belgique: fr. 30-00.—Etranger: fr. 33-00(Port en sus.)
DIRECTION :
Rue Cans, 22, Ixelles.
L’ÉMULATION
PUBLICATION MENSUELLE DE LA SOCIÉTÉ CENTRALE
D’ARCHITECTURE
— DÉPOSÉ —
DE BELGIQUE
— DÉPOSÉ —
ANNONCES A FORFAIT
S’adresser rue des Palais, 193
SCHAERBEEK.
RÉDACTION:
Rue des Quatre-Bras, 5, Bruxelles.
— 55 —
— 56 —
— 57 —
Bruxelles, Mars 1876.
SAMMAIRE :
Ecole normale de l’Etat pour institutrices à Liége(Fragnée).
— La Société Centrale d’Architecture de Belgique. —
Les Sociétés Artistiques.— Bibliographie.—Faits divers.
Concours.
École normale de l’État
POUR INSTITUTRICES A LIÉGE (FRAGNÉE).
Afin de rendre à la mémoire de feu Monsieur l’architecte Dujardin
l’hommage que nous lui devons, nous croyons bien faire de communi-
quer à nos lecteurs la description de l’école de Fragnée (à Liége), con-
struite d’après ses dessins et sous sa direction.
Nous espérons que la promesse que nous avait faite M. Dujardin de
nous communiquer ses dessins sera remplie par les collaborateurs.
DESCRIPTION GÉNÉRALE.
L’école normale, érigée sur l’emplacement de l’an-
cienne propriété Demet à Fragnée, s’étend du quai à
la rue de ce nom, développant ainsi sa façade princi-
pale le long de la nouvelle rue dite des Rivageois.
Elle mesure, dans le sens de cette rue, une longueur
moyenne de 220 mètres sur une profondeur moyenne
de 70 mètres et occupe, conséquemment, une super-
ficie totale d’environ 15400 mètres carrés, dans la-
quelle les bâtiments figurent pour une surface approxi-
mative de 4700 mètres carrés.
Ce vaste établissement se compose :
1° D’un corps de bâtiment principal se développant
sur les trois côtés d’une grande cour centrale ouverte
au midi.
2° De deux ailes de bâtiments latéraux, moins éle-
vés que le précédent, et longeant la rue des Rivageois,
dont l’un, celui de droite, est affecté au service des
cuisineset dépendances et l’autre, à gauche, comprend
l’entrée principale de l’école avec le logement du con-
cierge, les parloirs, etc.
3° D’une autre aile de bâtiment, affecté à l’école
d’application, laquelle fait face à la rue de Fragnée,
dont elle est séparée par des préaux.
4° Enfin de l’ancien bâtiment faisant partie de la
propriété qui a servi d’assise à l’école, lequel a été ap-
proprié dans le but d’y établir le service des bains et
de l’infirmerie et le logement du jardinier.
Le rez-de-chaussée du bâtiment principal com-
prend : à gauche de la cour, 3 classes de normalistes
avec annexes pour vestiaires et dépôts de livres, etc.;
au fond, 2 classes pour l’enseignement supérieur, une
grande salle pour la bibliothèque et les collections
scientifiques avec salle de lecture, les salles de dessin,
de musique et de gymnastique ; à droite de la cour,
le réfectoire des élèves normalistes, d’une surface de
280m carrés (28m× 10m). Le centre de l’édifice est oc-
cupé par une grande salle de réunion pouvant servir
de chapelle, avec tribunes à niveau de l’étage, suppor-
tées par des arcades sur colonnes.
Tous ces locaux sont dégagés par de larges gale-
ries servant de promenoirs, aux extrémités desquelles
sont disposés quatre escaliers spacieux donnant accès
à l’étage.
Celui-ci est occupé par quatre dortoirs divisés en
petites chambrettes par des séparations en tôle de fer
de 2 mètres de hauteur ; ces dortoirs sont séparés,
deux à deux, par des pièces réservées aux angles pour
dépôt de linges, souliers, etc., et à côté desquelles se
trouvent des cabines particulières, des cabinets à l’an-
glaise, des robinets de distribution d’eau et des bacs
pour le déversement des eaux sales dans l’égout col-
lecteur.
Les deux pavillons d’angle de la cour, faisant face
à la rue, sont affectés, celui de gauche, au logement
de la directrice, l’autre, au logement de l’économe. Le
logement de la directrice se trouve ainsi placé entre
les classes de normalistes d’un côté, les parloirs et les
classes de l’école d’application de l’autre, ce qui per-
met une surveillance facile et efficace sur tous les
locaux affectés aux études et des communications aussi
commodes que possible avec le personnel enseignant.
— Le logement de l’économe, établi, dans le même
ordre d’idées, entre le réfectoire et le bâtiment des
cuisines et dépendances, occupe la place qui devait lui
être assignée pour assurer une surveillance continuelle
et au besoin simultanée sur les gens de service et sur
le réfectoire.
L’architecte a su, sous ce rapport, tirer un excel-
lent parti de la forme, peut-être un peu trop allongée,
du terrain mis à sa disposition.
La grande cour centrale, destinée aux récréations
des pensionnaires, est séparée de la rue par deux gril-
lages, dont l’un garni d’une tôle, et entre lesquels se
trouve le jardin de la directrice, ce qui empêche toute
communication entre les élèves et le public. Cette
cour est plantée d’arbres et d’arbustes, ornée de pe-
louses et de fleurs et d’un bassin avec un jet d’eau.
Le bâtiment des cuisines et dépendances formant
l’aile droite de l’édifice comprend : au rez-de-chaus-
sée, la crédence, le garde-manger, le magasin de
denrées alimentaires, la cuisine et la salle à manger
des domestiques, tous ces locaux exposés au Nord ;
en sous-sol se trouvent la laverie de vaisselle, mise en
communication avec la crédence par un monte-char-
ges, un épluchoir de légumes communiquant avec la
cuisine, un garde-manger pour les viandes fraîches,
des caves à bière, à vins, à provisions et à charbon ;
dans le pavillon d’angle, vers le quai de Fragnée se
trouvent installées en sous-sol, une buanderie à va-
peur avec séchoirs à air chaud, au rez-de-chaussée
une grande salle de repassage et à l’étage la lingerie
générale de l’établissement, servant de chambre de
couture : ces trois locaux superposés sont mis en
communication par un monte-charges et par un esca-
lier spécial.
Le bâtiment latéral de gauche, à la rue des Riva-
geois, comprend, outre le vestibule d’entrée, d’un côté
le parloir et la salle de réunion des normalistes avec
leurs parents, ainsi que des annexes du logement de
la directrice, laquelle est en communication immé-
diate, par un couloir dérobé, avec la salle de réunion
précitée ; de l’autre côté du vestibule se trouvent la
loge du concierge et le réfectoire du jardin d’enfants.
Dans l’étage attique des deux bâtiments latéraux
on a d’un côté les chambres de professeurs et du con-
cierge et de l’autre les chambres de domestiques et
des pièces de service avec greniers, de part et d’au-
tre, pour le dépôt des malles des élèves etc., le tout
parfaitement dégagé par des couloirs, d’une surveil-
lance facile.
L’aile de bâtiments affectée à la tenue de l’école
d’application comprend cinq classes de filles au cen-
tre, deux classes de garçons dans le pavillon d’angle
(nord), et la classe de l’école gardienne dans l’autre
pavillon d’angle (sud). Ces trois écoles, où sont reçus
les enfants du quartier de Fragnée-Guillemins, ont
chacune une entrée indépendante avec préau vers la
rue et sont reliées à l’école normale proprement dite
par des galeries se raccordant à celles du bâtiment
principal.
Derrière ces bâtiments sont ménagés des préaux
intérieurs aboutissant aux lieux des élèves, situés à
une distance convenable des bâtiments, et qui, habi-
lement disposés en fer à cheval, peuvent être facile-
ment surveillés par les professeurs, tant des classes de
l’école normale que de l’école d’application ; le reste
du terrain est occupé par un jardin destiné aux pro-
menades des élèves normalistes, et à l’étude de la
botanique.
L’ancien bâtiment approprié comprend un établis-
sement de bains renfermant 13 baignoires ordinaires
et une salle d’hydrothérapie avec tous les appareils
nécessaires ; une infirmerie de huit lits avec chambres
d’infirmière et de service ; trois chambres pour les
malades réclamant des soins particuliers, une phar-
macie, etc., et enfin, du côté du quai, un logement
pour le jardinier.
Entre ce bâtiment et celui des cuisines, se trouve
une vaste cour aboutissant au quai et ayant de ce côté
une large porte charretière pour le service des appro-
visionnements. Un jardin légumier et un petit jardin
réservé à l’infirmerie, isolent complètement ce local
des autres bâtiments.
Une voie charretière allant de la rue au quai de
Fragnée est ménagée derrière les bâtiments pour
desservir les jardins, les caves à charbon destinées
au service de la chaufferie générale, etc.
Par son orientation et la disposition des divers ser-
vices, l’établissement paraît devoir réunir toutes les
conditions de salubrité désirables : les cours, préaux
et jardins ne sont entourés de bâtiments, la plupart
peu élevés, que sur trois côtés, de telle sorte que les
rayons du soleil puissent facilement y pénétrer ; les
espaces restreints, les petites cours fermées où l’hu-
midité et les courants d’air sont généralement à crain-
dre, ont été soigneusement évités. A l’intérieur, les
meilleures dispositions ont été prises, en vue d’obtenir
une bonne ventilation en toute saison.
Une distribution complète des eaux alimentaires,
avec de vastes réservoirs destinés à assurer le ser-
vice en cas d’interruption des conduites de la ville ;
une distribution non moins bien comprise du gaz d’é-
clairage, la chaufferie à l’air chaud, un mobilier clas-
sique aussi perfectionné que possible et le mobilier
général des dortoirs, des cuisines et dépendances, du
réfectoire, etc., contribuent à donner à ce vaste éta-
blissement tout le comfort désirable.
Si l’on considère l’aspect extérieur de l’édifice, on
peut dire que son architecte a su y faire une applica-
tion heureuse et parfaitement comprise des matériaux
du pays, la pierre bleue et la brique. Se plaçant à un
point de vue plus élevé, on doit reconnaître aussi,
que l’artiste à réussi à imprimer à son œuvre le véri-
table caractère qui lui est propre. Sans chercher à
faire de son école normale un palais, il a su lui don-
ner un cachet qui n’est celui ni d’un hospice ni d’un
monastère ; en un mot, le style architectural est par-
faitement en rapport avec la destination du monu-
ment. |