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1849. — W, f «9. AWVER8, Mercredi 9 Mai, (Quatorzième Année!,
LE PRECURSEUR
A Anvers au bureau du Précurseur, Journal Politique, Commercial, Maritime et Littéraire.
Bourse Anglaise, N° 1040, en Belgi- 1 *
que et à l’Étranger chez tous les Di-
recteurs des Postes. ËPftiae —- Wjïfset'tS SPragntt}®.
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9 Mai.
La séance d’hier a été absorbée tout entière par les
antagonistes du commerce et de l’industrie des sucres.
Elle a élé fort longue et l’on y a lu de forts longs dis-
cours, car il y a ceci de remarquable qu’il n’y a guères
que des lecteurs, mais d'orateurs il n’y en a presque
point. Ce qui signifie que chacun a fait d’avance son
thème,et qu’il y tient aussi fermement que ce bou M.de
Virtot qui, ayant fait le sien, n’en voulait pas démordre,
bien qu’on lui prouvât qu’il ne valait rien, qu’il était
faux de tout point. .
Ce n’est plus là de la discussion, et il est impossible
qu’une assemblée délibérante procédant de cette ma-
nière puisse s’éclairer, agir en dehors d’idees précon-
çues et d’un parti pris.Il est clair que l’homme qui s’est
donné la peine d’écrire quelque fois bien longtemps
d’avance ce qu’il vient de lire à la Chambre est porté à
ne tenir compte de rien. On lui fait une objection, ou
bien on lui dit : mais cela a été lu dix fois ; il vous ré-
pond imperturbablement : laissez-moi, je vous prie,con-
tinuer ma lecture, vous lirez à votre tour.Ce à quoi vous
devez nécessairement accéder.
Mais qu'en résulte-t-il, c’est que les questions ne se
traitent qu’avec une lenteur désespérante et sans con-
naissance de cause. Ainsi, hier nous avons entendu lire
cinq ou six discours, en quatre ou cinq heures, eh
bien ! Nous défions de rencontrer dans toute la Cham-
bre trois hommes qui aient le courage de dire : on nous
a appris quelque chose de bon et de vrai que nous ne
savions pas. Nous en trouverions, par contre, vingt-cinq
tout de suite qui seraient prêts à déclarer le contraire
et qu’ils sont sortis de la séance moins instruits qu’ils
ne l’étaient en y entrant, parce que l’on met tant de sys-
tèmes en contact que ce devient un véritable dédale.Les
amendements se croisent comme des fusées dans le jeu
des feux d’artifice. Nous serons fort heureux, s’il n’y en
a en fin de compte qu’une douzaine.
Deux ont été présentés hier par deux hommes qui
tiennent un rang distingué à la Chambre : l’un par M.
Delfosse, l’autre par M. Ch. de Brouckere.
Le premier a tous les vices de la proposition de M.
Cools, qui a fait hier un nouvel effort, mais un effort in-
fructueux, pour prouver que ses calculs étaient justes.
M. le ministre des finances a eu si peu de peine à les
démolir qu’il fallait bien, qu’en vérité, ils ne tinssent
pas debout. L’amendement de M. Delfosse, s’il était
adopté, aurait pour résultat immédiat de mettre toutes
les raffineries secondaires dans l’impossibilité de tra-
vailler. Deux ou trois dans le pays pourraient, et à
graud’peine, subir une pareille condition. Il est donc à
croire, à espérer du moins, que l'amendement de M.
Delfosse ne sera pas plus accepté que la proposition de
M. Cools.
Celui de M. Charles de Brouckère, qu’il développera
aujourd’hui, consiste en ceci : — le droit serait réduit à
30 francs ; il n’y aurait pas de restitution à la sortie et
le raffinage en entrepôt serait autorisé.
Nous attendrons les développements qui seront don-
nés, pour nous prononcer sur ce système, mais il nous
semble assurément préférable à beaucoup d’autres qui
ont été présentés, car, il va de soi, selon nous, que si
l’on imposait, sans restitution, un droit de 30 francs au
sucre exotique, on traiterait de la même manière le su-
cre indigène. Mais, nous le répétons, nous n’entendons
rien préjuger et nous attendrons les explications de
l’honorable M. de Brouckere.
Dans tous les cas, si l’on se décidait à briser l’indus-
trie des sucres, ce ne serait sans doute pas sans accor-
der une indemnité aux raffineries qui seraient mises dans
l’impossibilité de travailler. Quand il s’est agi de sup-
primer les fabriques de betterave, il y a quelques an-
nées, le premier principe que l’on a posé et admis alors
a été celui de l’indemnité préalable, et c’était de toute
justice. Nous ne doutons pas qu’il n’en soit de même
aujourd’hui.
On nous écrit de Bruxelles :
5î. De Brouwer a fait hier un cours de circumnaviga-
tion, qui n’a pas été des plus instructifs, mais qui eût pu
être agréable, s’il eût été moins long, car il a dit des
choses fort divertissantes. Il a parlé, entre autres, d’un
gouvernement à qui l’industrie venait proposer de l’ar-
gent et qui avait la grandeur d’âme de le refuser. Ja-
mais cela ne s’était vu.
Un autre orateur dont nous regrettons d’avoir oublié
le nom a fort égayé la Chambre, en venant dire très sé-
rieusement : on parle de marchandises pondéreuses et
encombrantes pour alimenter la navigation, n’avez-vous
pas, Messieurs, l’industrie des fromages qu'il ne s’agît
que d’encourager et de développer ? — Voilà où on en
est ?
Noos avons fait publier ce matin un nouveau bulletin à
nos abonnés de la ville, contenant un résumé succinct des
nouvelles de Paris d’hier.
On trouvera plus loin sous la rubrique France le compte
rendu de la séance de nuit, de l’assemblée nationale, dans
laquelle le ministère a éprouvé un grave échec sur la ques-
tion d’Italie.
La démission collective qu’il a offerte au président de la
République, n’a pas été acceptée.
Le bruit courait à l’assemblée qu’à la suite d’évènements
importants, les Autrichiens qui se trouvent aux frontières de
Toscane et des Etats-Romains ont rebroussé chemin.
On ajoutait que la république avait été de nouveau procla-
mée en Toscane.
Le bruit de l’entrée des troupes françaises à Rom., a couru
à la bourse, mais il ne s’est pas confirmé.
On n’a pas de nouvelles de Rome postérieures au 30 avril.
Les nouvelles d’Allemagne sont de plus en plus alarmantes.
A Francfort, au sein de l’assemblée nationale, on prêche ou-
vertement l’insurrection générale. A Berlin il règne une
grande effervescence et ce n’est, on peut en être certain, que
grâces à l’étal de siège que la tranquillité y est maintenue.
L’insurrection de Dresde paraît loucher à sa fin ; beaucoup
de sang y aura été versé, beaucoup de dommages occasionnés,
car elle aura été vaincue à coups de canon.
De la Hongrie on n’a aucune nouvelle ; mais il paraît cer-
tain que les Russes sont arrêtés dans leur marche par une
prolestation delà France et de l’Angleterre.
Chambre de Commerce d’Anvers.
Séance du 5 mai 1849.
Bassins secs. — Il est résolu de communiquer à l’admi-
nistration communale, divers renseignements que la Chambre
a obtenus des consuls belges résidant à Liverpool, à Leith et
Hull, relativement aux bassins secs existant dans ces trois
villes, et d’insister pour que le port d’Anvers soit doté promp-
tement d’une institution semblable.
La scclion centrale chargée de l’examen du budget de l’intérieur a
siégé hier pi ndant quatre heures, sous la présidence de M. Verhae-
gen. Elle est parvenue au chapitre Industrie. Elle compte dans sa
séance d’aujourd’hui terminer son travail et nommer son rapporteur.
La section centrale chargée de l’examen du projet de loi sur l’en-
seignement supérieur est convoquée pour demain matin.
Ordre Léopold.
Par arrêté royal du 8 mai, M. le comte Visart de Bocarmé, membre
delà chambre des représentants, est nommé chevalier de l’ordre de
Léopold.
Convocation du collège électoral de Tourna}.
Par arrêté royal du 8 mai le collége électoral de Tournay est con-
voqué pour vendredi 25 mai, à l’effet d’élire deux représentatifs par
suite du décès de M. Gilson et de la nomination de M. Visart de Bo-
carmé comme chevalier de l’ordre Léopold.
Le Moniteur de ce jour reproduit dans sa partie non-officielle, le
réglement de l’exposition publique îles ouvrages des artistes vivants
qui s’ouvrira à Paris le 15 juin prochain.
Les événements en Saxe.
On lit dans la Gazette de Cologne :
C’est à Dresde que la révolution ouverte est revenue d’abord* sur le
sol allemand. Ce n’est pas cependant le nouveau ministère Saxon,
qui se charge de la responsabilité du particularisme et delà félonie à
l’empire ; non, dans une proclamation solennelle, il en rejette la faille
sur la Prusse. » Le gouvernement Saxon, dit-il dans ce document,
saura fournir la preuve qu’il ne s’efforce pas d’arrêter le rétablisse
ment réel de l’unité allemande; dès que la Prusse aura reconnu la
constitution allemande, la Saxe fera de même. »
Nous craignons bien, il est vrai, que la faute des complications et
du sang répandu ne retombe sur la Prusse I Les petits Etats, parmi
lesquels il faut compter la Saxe, sont pris entre deux feux, et il ne
leur est pas facile de se soustraire à l’influence d’un voisin tel que la
Prusse.
La Prusse a pu, pour le moment prêter au gouvernement saxon le
premier secours nécessaire, sans attendre la réquisition du pouvoir
central ; mais, dès que le pouvoir central en sera instruit et aura or-
donné, les troupes prussiennes ne pourront plus agir dans un état
étranger que sous les ordres du pouvoir central. Toute action ulté-
rieure et arbitraire de la Prusse serait une violence dénuée de tout
droit.
Le peuple prussien est d’ailleurs révolté de l’office de sbire que le
cabinet Brandebourg semble vouloir lui imposer.
On lit dans la Correspondance générale de Berlin ;
Le passage de 30,000 Russes par la Silésie dont il a été parlé il y a
quelques jours, n’a pas eu lieu, et il en faut chercher la cause dans
la politique du cabinet de Si.-James.
Le rôle que la Russie a déjà commencé à jouer dans les complica-
tions austro-hongroises et qu’elle montrait la plus grande envie de
jouer dans la question allemande, ne pouvait échapper à l’attention
du cabinet anglais. La politique anglaise ne pouvait approuver une
si large immixtion de la part de la Russie. La puissance de cet
empire vis-à-vis de l’Autriche aux abois menaçait l’équilibre
d’une partie de l’Europe. On connaissait les prétentions que la Rus-
sie feraient volontiers valoir sur les principautés danubiennes, dès
qu’une occasion favorable se présenterait.
Le chargé d’affaires turc avait déjà remis, il y a quelque temps, aux
cours de Paris et de Londres un mémoire dans lequel il fesait con-
naître les intentions de la Russie Le gouvernement anglais s’est alors
décidé, de concert avec le gouvernement français, à adresser au
czar une note, qui a eu pour effet d’empêcher la marche ultérieure
de troupes vers la Hongrie. Celte note s’exprime, à ce qu’on assure,
assez clairement aussi sur la politique que l’Angleterre suivra dans
la question allemande. L’Angleterre déclare sans détour qu’elle ne
souffrira pas plus une immixtion directe delà Russie dans les affai-
res allemandes qu’elle ne s’y immisciera elle-même.
ITALIE.
Rojie, 28 avril. — L’Assemblée constituante s’est réunie aujour-
d’hui sous la présidence de Bonaparte. Il n’y avait pas de nouvelles
officielles.Cernuschi demande quele président ait à sa disposition un
certain nombre de messagers pour avertir les députés de se réunir
si les circonstances l’exigeaient. Senen veut que les députés ne s’éloi-
gnent pas du lieu des séances. Salvadori propose de décider que le
tiers des députés suffira pour tenir séance. Ruscani demande que ceux
que les triumvirs n’ont pas chargés de défendre les barricades reste
à leur poste, les communications pouvant rester interrompues; il
parle du danger d’une invasion. (Murmures.)
Cernuschi demande qu’il soit Sécrété que le poste des députés est
aux barricades. La discussion s’engage sur ce point. Enfin, le prési-
dent lève la séance, et l’Assemblée décide qu’elle se réunira à onze
heures du soir. (Corr. mercantile.)
Sur un ordre du triumvirat a été affiché dans toutes les
rues la proclamation suivante :
« Romains, la défense militaire est organisée. Les milices de tout
genre font et feront leur devoir. Il appartient au peuple de faire le
sien. Toutes les rues dé la ville doivent être défendues. Dans tout
quartier, les représentants de Rassemblée désignés spécialement avi-
seront avec toute énergie à défendre le terrain pouce à pouce. Ils
pourvoiront au service des munitions et des subsistances. Pendant la
nuit, les fenêtres devront être illuminées. En temps utile, le gouver-
nement donnera au peuple toutes les armes qu’il possède. Chacun
travaillera à rendre son propre quartier inaccessible. Le chef du
quartier et le représentant de Rassemblée donneront les instructions
nécessaires pour que la construction des barricades soit exécutée ré-
gulièrement, et que les communications nécessaires à la défense
ne soient pas empêchées.
» La municipalité romaine, républicaine comme nous, a pourvu
à l’approvisionnement de la ville. Tout est disposé pour soigner les
braves qui seront forcés par leurs blessures d’abandonner la lutte.
Les cloches du Capitole et du Monte-Cilorio donneront le signal d’a-
larmes. Peuple de Rome, nous avons une grande gloire à conquérir ;
nous défendrons notre patrie, notre république, l’honneur italien.
Fermeté et courage. Rome sera sauvé I Peuple, aux armes !» (Les
triumvirs.) (Gazette piémontaise.)
La proclamation suivante a été adressée à l’armée fran-
çaise par le peuple romain :
« Français, cette terre que vous foulez conserve encore les traces
de vos glorieux ancêtres, mais ils y ont apporté la liberté et vous y
apportez l’esclavage. En tuant la république romaine, vous tuerez la
vôtre et vous serez fratricides à notre égard en même temps que
vous porterez la main sur vous mêmes. O honte ! vous avez regardé
avec un rire moqueur les malheurs de la Lombardie. Vous n’avez pas
honoré d’une parole de consolation la chute du Piémont.Vosécrivains
vendus lancent des blasphèmes et des calomnies aux efforts héroï-
ques de la Hongrie. Aujourd’hui avec une impudente ironie vous
venez étouffer la liberté romaine. Français, votre inexplicable gou-
vernement vous soumet à la plus grande des infâmies, vous pousse à
la remorque du despotisme et de l’imposture à la suite du Croate et
du Cosaque.
» Etes-vous soldats? el bien sachez choisir un ennemi digne de
votre courage. Ne venez pas défier les forces naissantes d’un petit
état. Si vous voulez combattre contre les armes républicaines, cessez
d’être républicains vous mêmes,car saehez que vous êtes les satellites
delà tyrannie et de l’hypocrisie. Français,déchirez le voile de la poli-
tique et répondez. Qui voulez vous réintégrer dans le pouvoir? Les
prêtres,cette race obstinée qui a coûté tant de sang et de souffrances
à la France elle-même. Relisez votre histoire et vous verrez quel
funeste présent vous voulez nous faire Sachez-le une fois pour tou-
tes,de la tendre enfance à la,vieillesse nous avons une haine implacable
contre le pouvoir sacerdotal ; vous voulez nous le rétablir de vive
force, vous nous mettez dans la position des peuples chinois ; vous
nous forcez de maudire le sol qui nous a vus naître.
» Nous sommes malheureux parce que nous sommes le jouet de la
violence des hommes pnissans, très malheureux parce que nous som-
mes vilipendés el foulés aux pieds par la nation même qui fut tou-
jours l’illusion de notre esprit el l’auteur de nos espérances. Fran-
çais ! avant d’exécuter une œuvre abominable', interrogez le ciel
à’«zur qui vous convie, ces monuments glorieux que vous admirez,
cl ils vous répondront qu’ils ont été assez souillés par les iniquités
sacerdotales et par les horreurs de tant de siècles ; interrogez cette
florissante jeunesse, ces admirables femmes, et vous apprendrez
d’elles la série non interrompue des séductions, des débauches, elle
marché des consciences pratiqué par le noir essaim clérical.
» Demandez aux fermiers pour qui ils travaillent ? pour le prêtre.
Demandez à qui appartient le cinquième de l’étal? aux prêtres.
Demandez à qui appartiennent les maisons les plus agréables,
pour qui sont les mets les plus délicieux, à qui obéissent des milliers
de serviteurs ? On vous répondra : Aux prêtres ! aux prêtres ! Fran-
çais, votre mission est l’œuvre de l’enfer 1 Elle vous attirera un blâ-
me sans bornes; la gloire passée ne suffira point à le compenser.
Aujourd’hui même vous perdez toute votre fierté guerrière. Les fils
des vainqueurs d’Arcole et de Marengosont devenus les janissaires
de la sacristie et les champions de la mitre maudite, la seule langue
qui louera votre entreprise.
» Rome, 28 avril 1849, les Romains. »
venise, 27 arril. — L’anniversaire de Saint-Marc a été célébré
avec enthousiasme par la population. Manin a harangué la foule en
ces termes : « Citoyens, qui dure triomphe. Nous avons duré depuis
longtemps et nous durerons. Nous avons promis à l’Italie, à l’Europe
de durer à tout prix : nous durerons et nous vaincrons. Je suis cer-
tain que vous ne me démentirez jamais Vive Saint-Marc! Ce cri glo-
rieux a retenti pendant des siècles sur toutes les mers, nous le répé-
terons encore sur les flots: A la mer vénitienne! à la mer! (Accla-
mations générales.)
BOURSE DE MADRID DU 3 MAI.
3 p. c. (avant la bourse 25 1/4), au parquet 25 3/8 P., (après la
bourse 25 1/4 A.) — 5 p. c. 10 5j8 P., (après la bourse 10 1/2 A.) —
Dette sans intérêt 4 P , (après la bourse 3 3/4 A. — Coupons 7 P. —
Valès non consolidés 6 P. — Billets du trésor 68 1/2. — Titres pro-
visoires 3 3/4 A. — Banque de St-Ferdinand 82 A 84 P. — Changes :
Paris 5-27 P. — Londres 50-50 P.
ALLEMAGNE.
SAXE.
Dresde, 4 mai, 10 heures du soir. — Pas de décision encore,
malgré une fermentation de huit heures. Des deux côtés, on cherche
à attirer à soi des renforts, comme aussi à mettre un terme aux
complications par des négociations.
Un avis engage tous les députés encore présents ici à se réunir à
I’hôlel-de-ville. Vers 2 heures, le lieutenant-cololonel Heinlz, accom-
pagné d’un tambour et d’un garde communal, ayant à sa baïonnette
un mouchoir blanc en guise de drapeau parlementaire, se rend au
quartier-général des troupes dans la Nouvelle-Ville, pour sommer de
reconnaître le gouvernement provisoire, ce qui est repoussé.
Quelques personnes tentent de la Vieille-ville de répandre parmi
les troupes la proclamation du gouvernement provisoire ; elles sont
arrêtées.
A 4 heures, l’armistice expire. On s’attend de part et d’autre à la
reprise des hostilités Mais la troupe n’a pas commencé l’attaque, non
plus qu’elle ne l’est de la Vieille-Ville, qui est remplie de barricades
et fourmille de gens armés. Des secours sont arrivés de Pirna, de
Freiberg, de Lommaizsch.de Wilsdruf.el, avant la nuil,2Q0 hommes
arrivent aussi de Leipsic. On ne manque pas d’armes, parce qu’on a
enlevé les leurs aux gardes communaux qui refusaient de prendre
partau combat. Le ministre de la guerre, nanti de pleins pouvoirs,
dit-on, est arrivé vers 6 heures de Kœnigstcin et est descendu au
Blockhaus. La nouvelle s’est répandue que l’arsenal s’est rendu au
gouvernement provisoire.
Vu5.—On vient d’afficher dans la ville la proclamation suivante :
» Les événements d’hier et d’aujourd’hui, qui ont profondément
affligé mon cœur et qui ont dégénéré en attaques violeniessur l’arse-
nal et même sur mon palais, tandis qu'une grande partie de la garde
Abonnement par Trimestre.
Pour Anvers.................fr. 12 50
» la province franc déport, b 15
b la France,l’Angleterre et
la Hollande. . . . b 15
Insertions 25 c.! la ligne. Réclames 50.
- ----- - ------—1111 ...... _m .i.!J.»»jggBfeaK^,
communale ne remplissait pas son devoir de coopérer au maintien et
au rétablissement de l’ordre et de la tranquillité, mt forcent à quitter
provisoirement Dresde et à me rendre à Konigstein.
» Si j ai hésite à satisfaire aux prières qui m’ont été adressées de
plusieurs côtés de reconnaître la constitution de l’empire promulguée
par i assemblée nationale rie Francfort, je n’ai cédé en cela qu’à l’in-
time conviction de la nécessité de suspendre provisoirement cette
mesure, et je n’ai en vue que le bien de la patrie commune, de même
queje n’ai nullement franchi, par cette résolution, les limites du
droit que j’ai possédé incontestablement.
» J espère des sentiments de justice et de légalité qu’ont si souvent
témoigné mes chers saxons, qu’une intervention sérieuse ne sera
plus nécessaire, et que je pourrai bientôt retourner dans ma chère
résidence.
» Au reste, on a pris soin que mon absence n’interrompe pas les
affaires de mon gouvernement.
» Dresde, 4 mai 1849.
» Frédéric Auguste.
» D' Ferdinand-Zschiwsry. »
Les ministres soussignés remplissent leur devoir de publier la pro-
clamation de S. M. ci-dessus. Les ministres soussignés n’ont quitté,
ni S. M. le roi, ni le gouvernement de leur patrie. Us sont revenus
immédiatement à leur poste, après avoir vu la sûreté personnelle de
S. M. le roi assurée. Ils considèrent comme un devoir de protester,
au nom de S. M. le roi, contrela formation d’un gouvernement pro-
visoire. Ils espèrent que le peuple Saxon suivra Rappel de la loi, les
devoirs de la fidélité el les exhortations de la prudence.
Dresde, 5 mai 1849. Le ministre d’Etat.
De Beust Bobenhorts.
Assemblée nationale de Francfort.
Séance du 7 mai.
La séance du 7 mai a été très orageuse. M. Wesendonck a déclaré
entre autres que le dernier espoir d’un arrangement pacifique avec
les princes est perdu, et qu’il ne reste plus qu’à chasser la force par
la force. • Le peuple prussien, a-t-il dit, doit se lever contre son
gouvernement, et je regrette qu’il ne s’y montre que peu disposé dans
la province Rhénane même. L’unique but de ma proposition est
d’insurger le peuple prussien contre son gouvernement et de nous
placer à la tête de l’insurrection; il n’y a plus d’autre moyen que
/'insurrection générale. Ne croyez pas que les cabinets opposants
vous reconnaissent un point d’appui légal. Croyez-inoi, vous serez
considérés par eux comme des révolutionnaires par suite de vos
dernières résolutions. Vous devez donc aller en avant bon gré
malgré. Rappelez-vous que la patrie est en danger, el qu’il est
temps d’avoir le courage d’agir.
Voici le dispositif de la proposition de M. Wcsendonk :
L’assemblée nationale décide :
1° Toutes les troupes de l’empire seront placées sous les ordres
d’un commandant en chef, nommé par le pouvoir central.
2" Elles prêteront de suite sernu nt de fidélité à la constitution de
l’empire et au pouvoir central chargé de son exécution.
3° Des commissaires de l’empire seront envoyés dans tous les états
pour faire exécuter cette décision et celle du 4 de ce mois.
Cette motion admise comme urgente , a été combattue par MM. de
Gagern, de Peuçker, Bieser et Breusing et défendue par MM. Simon
de Trêves , Vogt, Wigard , Boessleret Wesendonck. Enfin la motion
est écartée par l’ordre du jour motivé par 209 voix contre 140.
A la suite d’une adresse du gouvernement provisoire de Saxe, in-
voquant l’assistance de Rassemblée nationale, une série de motions
urgentes sont présentées par MM. Hensel, Wigard, de Frützochler,
et Erbe, tendantes toutes à obtenir du pouvoir central une protec-
tion énergique, en faveur du mouvement opéré en Saxe et notam-
ment contre une intervention armée de la Prusse. Après une discus-
sion tellement orageuse que le président, s’est vu obligé de suspendu
la séance pour une demi-heure. Rassemblée a adopté la motion de
Soiron, tendante à faire renvoyer au ministère de l’empire les mo-
lions relatives à la Saxe, afin qu'il prenne de suite les mesures qui
lui patraitront convenables.
La prochaine séance est fixée à demain.
Le bateau à vapeur autrichien Fulcano, s’étant avancé d’une ma-
nière menaçante contre un brick chargé de marchandises, portant
pavillon Ionien, qui se rendait à Malamocco, notre bateau à vapeur
Pie IX, a attaqué vigoureusement l’ennemi, échangeant avec lui
quelques coups de canon. Aucun boulet autrichien n’a touché. Deux
des nôtres se sont logés dans le Fulcano, qui a fui. Nous espérons
qu’il a été endommagé. (Operaio.)
Florence, 1" mai. — On peut regarder comine à peu près certain
que dans très peu de jours le comte Rerrislori arrivera ici avec le litre
de régent provisoire de la Toscane. Son ministère sera composé de la
manière suivante : Affaires étrangères, duc de Casigliano ; intérieur,
Lomlucci ; finances, Baldassoroni ; justice, Bicchierai ; guerre, de
Laugier ; le ministre des cultes et de l’instruction publique n’est pas
encore nommé. (Riforma)
Livourne, mai. — Il a élécréé ici une nouvelle commission in-
vestie de larges pouvoirs : elle se compose de l’abbé Pifferi et de MM.
Frosini, Busnachi, Rizzoni. Le commandant de la frégate française
s'est opposé au débarquement des Lombards. Je puis vous dire de
plus que l’ambassadeur de France a reçu l’ordre de Paris de mettre
celle frégate entièrement à la disposition du gouvernement toscan.
On parle de 2,000 hommes de l’expédition française qui seraient dé-
tachés pour rétablir l’ordre à Livourne. (Gaz. piémontaise.)
turin, i mai. — Procès du général Ramorino. — C’est le 3, à 10
heures du matin, qu’a commencé au Palais Tana le procès du géné-
ral Ramorino, accusé d’avoir sciemment omis de faire prendre à la
5° division qu’il commandait une forte position à la Cava, ainsi qu’il
en avait reçu l’ordre, fait qui a permis aux Autrichiens venant de
Pavie de pénétrer en Piémont, qui a exposé l’armée et paralysé les
opérations du général major. Le capitaine Battaglia, rapporteur, a
conclu à la peine de mort. A trois heures, la salle d’audience est
évacuée; l’accusé est reconduit à la citadelle, cl le conseil entre en
délibération. A neuf heures du matin, l’arrêt n’avait pas encore été
rendu public.
Voici la manière dont le général a terminé sa défense :
« Ma conscience est telle que si je me retrouvais dans de pareilles
circonstances, en présence des mêmes éventualités, je ferais encore
ce que j’ai fait, ce que le bon sens suggère de faire en pareil cas. Je
voyais les Autrichiens qui allaient tomber au cœur de ma patrie à
Alexandrie.
• Relativement à mes relations avec le général en chef, je dirai que
nous étions en Pologne ensemble ; nous avions élé nommés lieute-
nants-généraux le même jour et reçu l’un et l’autre le commande-
ment des deux corps de troupes la même journée. Le général Czar-
nowsky a cru que je suis devenu envieux de lui, quand je Rai vu à la
tète de l’armée piémontaise. A cet égard, je dois dire que je n’ai ja-
mais eu qu’un même sentiment qui ait dominé en moi. celui de la pa-
trie !
» Si l’armée eut élé en ligne et qu’on eut donné l’ordre de prendre
une position, et que je ne l’eusse pas fait, oh ! je serais coupable ; —
mais quand les .divisions sont sur une même ligne, alors les généraux
qui les commandent sont, pour ainsi dire, caporaux de leurs soldats,
el doivent savoir eux mêmes les garantir des éventualités qui se pré -
sentent ; ils ne peuvent point attendre , ni recevoir les ordres du
général en chef. Au reste, messieurs, je suis entre vos mains ; c’est
à vous à décider de mon sort. »
Milan, 2 mai. — Le chevalier de Bruck, ministre du commerce el
des travaux publics, membre du cabinet de S. M. I. R. apostolique est
parti celte nuit rie Milan avec les secrétaires attachés à sa mission ex-
traordinaire, se rendant à Vérône, Mestre et Trieste pour affaires
concernant son ministère. (Gaz. de Milan.)
ESPAGNE.
Madrid, 3 mai. — La séance de la chambre des Députés n’a offert
qu’un faible intérêt aujourd’hui. La chambre a approuvé plusieurs
projets de loi déjà discutés. Le ministre des finances n’a pas présenté,
comme on s’y attendait, le projet de tarif, et il n’a pas encore de-
mandé l’autorisation nécessaire pour continuer de recevoir les con-
tributions.
Il a été donné lecture à la chambre de plusieurs votes particuliers
de membres de commissions. Un vole de M. Polo tendrait à modifier
complètement le budget présenté par le gouvernement et approuvé
par la commission. Un vote de MM. Cantero , Infante et Hullver
proposerait sur le budget ministériel une économie de 62 millions de
réaux Dans cette économie figureraient 6 millions dt la liste civile,
2 millions de celle du roi D. François d’Assises et un million de celle
deS. A. R. la duchesse de Montpensier.
Il est probable que ces votes particuliers seront rejetés dans la
discussion du budget, si toutefois le budget est discuté dans celle ses-
sion. -
2 heures après-midi. — Les hostilités suspendues depuis l’armis-
tice d’hier après-midi, ont été reprises,par la troupe à 1 heure, qui a
dirigé une attaque contre le Schiossgasse, après avoir occupé le ma-
tin la terrasse de Brahe. On entendait salve sur salve et ce bruit se
mêle à celui du tocsin de toutes les cloches de la vieille ville.
3 heures. — On dit que la première barricade de la Schiossgasse
vient d’être prise. On dit dans la nouvelle ville, que les combattants
témoignent diverses tendances. L’hôtel-de-ville de la nouvelle ville
est occupé par la garde communale.
4 heures. — La troupe a pris, dit-on, les barricades et les points
les plus importants de la ville. Le bataillon de la garde communale
de la nouvelle ville vient d’envoyer une députation auprès du minis-
tre de la guerre pour obtenir un armistice. La perle des deux parts
en més eten blessés n’est pas aussi considérable qu’on le disait d’a-
bord.
5 heures. — L’avis vient d’être donné à Hiôtel-de-ville qu’il fal-
lait, d’ici à ce soir, préparer des logements pour 1000 hommes de
troupes prussiennes. (Gaz. universelle allemande.)
Leipsic, 5 mai. — Le convoi de marchandises arrivé de Dresde à
Riesa à 9 heures a apporté la nouvelle que 100 hommes de l’artillerie,
environ 200 hommes du régiment le prince Albert et un nombre
d’arquebusiers qu’on n’a pas fixé avaient reconnu le gouvernement
provisoire, et pris l’arsenal, qu’ils occupaient.
Des voyageurs arrivés ici aujourd’hui soir ajoutent que l'exemple
de ces 300 hommes a élé suivi plus tard par toutes les troupes, qui se
sont rangés du côté du peuple. (Gaz. de Cologne).
(Suivant les nouvelles de Dresde, du 5, les troupes sont restées, ai*
contraire, fidèles à leurs drapeaux).
Du 6. — Hier, entre 4 et 5 heures, la garde communale a été réu-
nie par la générale. Le chemin de fer saxon-bavarois a amené vers 8
heurt s environ 600 gardes communaux el autres individus armés d’ar-
mes à feu el de lances, venus de Crimmitzschau, de Werdau et d’au-
tres villes saxonnes, qui sont entrés dans la ville en bon ordre el aie
son de la musique. Ne pouvant être immédiatement transportés à
Dresde par le chemin de fer, ils ont passé la nuit au château et au
Tivoli. Us sont repartis ce matin pour Dresde par le chemin de fer.
Le convoi du chemin de fer est arrivé ce matin de Dresde à l’heure
ordinaire, mais il ne nous a apporté ni lettres ni journaux.
(Gaz. Univ. Allem.)
Par suite d’une proclamation du gouvernement provisoire de Dres-
de, demandant 40 à 50,000 lhalers pour organiser des corps armés
pour marcher sur Dresde, on a fait au conseil communal de notre
ville la proposition de tâcher de se les procurer. Tandis qu’on délibé-
rait sur cet objet, une foule considérable est entrée à l’Hôtel de Villa,
déployant un drapeau rouge, et aux cris de: Vice le gouvernement
provisoire !
Le rapport fait au conseil par les députés qu’il avait envoyés à
Dresde, témoigne de l’inconsistance du gouvernement provisoire.
I! devient de plus en plus évident que le mouvement se transforme
en une agitation en faveur de la république. (Gaz. de Col.)
Le conseil et les délégués de la ville ont pris, ce matin, la résolu-
tion de se mettre sous ta protection du pouvoir central, en considé-
ration de la position du gouvernement saxon et de l’illégalité du
gouvernement provisoire.
Il règne ici depuis trois jours la plus grande agitation. Voici une
proclamation d’une société de bourgeois de Leipsig, signée Prune et
Hosafild :
« Concitoyens ! les justes demandes du peuple doivent être satis-
faites! Leipsig n’abandonnera pas Dresde! Le conseil communal
vient d’accorder aux coinbattans le voyage gratis par le chemin de
fer pour se rendre à Dresde.Des listes de souscription seront déposées
aujourd’hui et demain en différents endroits pour se procurer l’ar-
gent nécessaire pour acheter des armes.
Courez, déposez vos dons sur l’autel delà patrie! Courez, si l’hon-
neur el le bien de notre ville vous tient à cœur.
Leipsig, 5 mai 1849.
Du reste, jusqu’ici nous n’avons pas eu d’excès à déplorer.
HONGRIE.
Le courrier du 4 a manqué, en sorte que nous sommes sans nou-
velles de la Hongrie.
S’il fallait en croire des nouvelles de Breslau, de Cracovie et d’au-
tres endroits, les Russes n’interviendraient pas en Hongrie. On lit
dans une lettre adressée de Bieletz le 4, à la nouvelle Gazette de
l'Oder-. Les troupes russes sont nécessaires en Russie même; des
troubles ont éclaté dans l’intérieur de l’empire et aux frontières de
Cracovie. Ces troubles ont pris un tel caractère dans le voisinage de
Oswiecin, dans la nuit du lr au 2, que la troupe a dû faire feu.
DF.RAIF.RE8 KOIVELLES. |