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ANVERS, Hardi 15 Janvier.
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Vingt-unième année.
LE PRECURSEUR
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Journal Mitique, wiiBiereiai, larsliie et ulierm —
* »j_ Mnli b'Â^vSfi*>4WSâiiâ. éi;8jj*»n.* e
3 1 ÖI * — Term , Gand 0.50,0.50 /?., H r % w v \ _____ ('ûnrt vans*’ l'.«H« 0.5
— Grarnm. Ath 9.30 E., it.45, 5.--lUug. et Ostende 6.30, 9- é’aïais 0 30 9 50E. 5. - Lqut..*6.50, 11.4
9.S0 B , ».-Tourn 9.50 B. ParGando» par Cata»^W,9. J»*., M
iSSiSÆtrW 7-50.9-20,5 30.—
dyk pour An»r« Loker. et (i.nj/o 30, 8-a», 11, 3, 0. - De Gaud.e-W
Pays de Waes : £.*0“ u‘m b-so.
journal Politique, Coffluiereial, Maritime et Littéraire.
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Etats-Unis, le Brésil, les Indes, etc.,fr.27-50.
JtfsairnoHS, 25centimes la ligne. —Bsclambs, 50 centimes.
1S Janvier.
BULLETIN POLITIQUE,
On s’étonnait à bon droit après les nouvelles très peu pacifiques de
la journée d’hier que la bourse de Paris se fut livrée à un généreux
élan de hausse et que celle de Londres se fqt maintenue ferme en
firéseneè des dépêches redites de Berlin et de tienne. Il paraît que ccs
dépêches étaient prévues, qu’on s’attendait à ce qui arrive cl que la
situation était escomptée Ii l’avance. A Paris la hausse a été déterminée
par ceux dont l’imagination toujours prompte à devancer les événe-
ments se représentait déjà l'Autriche apportant son concours armé à
l'alliance occidentale. Il faut croire que les boursiers qà; ont eu cet
espoir, n’avaient pas lu la dépêche ou bien que dans leur émotion
Ils n’avaient pas vu dans sa dernière phrase que l’Autriche n’entre-
rait pas en ligne Cette année.
D’Sutres bruits s’élaicnl bncore répandus,sur lesquels on s'appuyait
Wmrspii tenir les cours. Ôn disait plie là. fiussie ü’àvàjt pas (lit son
aëfnler moi, que ces propositions, du reste, étaient fort acceptables,
que les cabinets intéressés devaient les prendre en considération,
toutes choses fort invraisemblables et qui n’avaient aucun caractère
sérieux après le refus formel de l’Autriche et le rappel projeté de sa
légation de Sl-Pétersbourg. .
La vérité est que la réponse du czar n'est pas entièrement négative.
La chancellerie moscovite a cherché des biais selon sa coutume, elle
a voulu retenir d’une main ce qu’elle livrait de l'autre. — Une dépêche
résumant un dernier article du llloming Post, nous dit, que la Uussie,
rejette la deuxième clause de la première proposition, celle relative à
la rectification de sa frontière vers les bouches du Danube, et repousse,
également la quatrième propositiond’âprfis laquelle le droit de présen-
ter des conditions spéciales serait réservé aux puissances alliées.F-nfin
la Russie, toujours d’après la version du Morning Post, propose de
rendre Kars à fâ Porte, à la condition que les alliés n’exigeraient pas
la destruction des places fortes du ezar, riveraines de la mer Noire.
Une seule concession réelle serait faite par le gouvernement de Saint-
Pétersbourg ; il accepterail la neutralisation de la mer Noire, sauf
quelques modifications dans les termes des propositions de Vienne.
Le Constitutionnel, dans uné note que nous reproduisons plus bas,
donne des explications très claires sur les motifs qui ont engagé la
fjnssie à. transmettre directement à Vienne sa réponse à l’Ultimatum
autrichien. — C’est au dire de la note du journal français pour éviter
un éclat qui serait nécessairement arrivé si cette réponse avait été
faite à M, d’Eslhérazy,
L’ambassadeur aux termes de ses instructions ne devait accepter
aucune discussion et le cabinet russe voulait discuter ; c’est pourquoi
jj s’feât adressé au ministre des affaires étrangères d’Autriche par
l’intermédiaire du prince Gortschakoff son représentant à Vienne.
Ces explications de l’ambassadeur moscovite ont été transmises
parle comte Buol aux cabinets de Paris et de Londres et c’est après
que fa réponse de ces derniers a été reçue que le rappel de la légation
autrichienne a été signifié au prinee Gortschakoff. — La note ajoute
que l’Autriche va solliciter à la diète le concours armé do la confédé-
ration.
Dans un article inséré aujourd’hui dans le même journal, M. Amedéc
de Céséna cherche à prouver à la Russie que si elle est réellement
disposée à ne pas envahir la Turquie, à ne pas s’emparer de Constan-
tinople, elle doit accepter les conditions qu’On lui fait de n’avoir pas
de flotte ni d’arsenaux dans la mer Noire, aussi bien que d’abandon-
ner la partie de la Bessarabie qu’on veut lui enlever. — Si elle recule
devant l’exécution de ces mesures, c’est qu’elle n’psl pas sincère dans
ses déclarations et qu’elic a toujours l’arrière pensée de circonvenir
l’Europe par la mer Noire.—Ce dilemne nous parait assez juste et la
Russie serait; peut-être, bien embàrassée pour y répondre.
Nous apprenons par une dépêche de Hambourg que deux vaisseaux
de guerre anglais, servant d’avant-garde à d’autres, sont arrivés
devant Copenhague, se rendant dans la Baltique pour y reprendre de
nouveau leur croisière.
Les évêques de la Lombardie continuent à prendre des mesure
sévères pour l’exécution du Concordat autrichien. Le patriarche de
Véuise. primat de Dalmalie, Vient d’adresser aux imprimeurs et aux
libraires de son diocèse une circulaire conçue dans le même sens
que cblle de l’archevêque de Milan, dont nous avons publié dernière-
ment le texte. Ce qui ajoute à l’importance de ces mesures, c’est qu’el-
les seraient le résultat d’une délibération prise en commun par tous
les évêques do la Lombardie. Il parait que leur exécution a déjà ren-
contré des résistances. Les libraires de Milan, alarmés parla situation
qui leur était faite, en ont appelé de l’archevêque au gouverneur civil
de la Lombardie. Ce magistrat leur a répondu qu’il n’avait reçu do
son gouvernement aucune instruction à ce sujet, et qu’en conséquence
il regarderait jusqu’à nouvel ordre la circulaire de l’archevêque com-
FEUILLETON DU PRÉCURSEUR.
EXPOSITION
AU
CERCLE ARTISTIQUE ET LITTERAIRE D’ANVERS.
L’idée de ces expositions es! une des meilleures qu’ait eues le
Cercle Artistique. La commission des arts a compris de quel agrément
pour le public et de quelle utilité pour les artistes devaient être ces
expositions, où se trouvent réunies, dans un jour favorable, dans une
salle spacieuse et commode, quelques bonnes toiles qui ne seraient
peut-être jamais sorties de l’atelier sans l’occasion qui leur est offorle
et dont elles profitent. 11 leur arrivera même souvent de passer ainsi,
sans autre transition, de la salle du Cercle dans le cabinet de l’ama-
teur, ce qui ne peut être désagréable aux artistes, obligés trop sou-
vent d’aller eux-mêmes ou d’envoyer leurs amis courir après la vente.
Le Cercle leur offre un moyen plus digne et plus sûr et les dispense
de faire l’article.
Ces petites expositions ne nuisent pas non plus aux expositions
annuelles. Kilos les servent beaucoup au contraire. Les artistes,
éclairés d’avance sur le mérite de leurs tableaux par l’opinion des
visiteurs, savent mieux à quelles conditions ils doivent réussir; ils
.savent les défauts dont ils doivent se corriger et les qualités qu’ils
doivent acquérir ; ils sont éclairés aussi sur le choix dos sujets. En
un mot ils apprennent à se connaître eux-mêmes et ce précepte
philosophique est pour le moins aussi indispensable à l’artiste qu’au
sage, d’autant qu’il n’est défendu à aucun artiste d’être eu même temps
un sage quoiqu’on en dise. Au surplus ils trouveront encore dans nos
petites expositions des encouragements et des admirations sincères
qui valent presque une médaille. D’autres seront amenés par l'in-
succès de leurs ouvrages à renoncer encore pour quelques années à se
produire au jour des grandes expositions; ils attendront que leur
talent soit plus mur, leur brosse mieux exercée. C’est ainsi que nos
expositions annuelles n’auront aucune mauvaise toile à admettre
et parmi celles qui seront reçues on verra le résultat appréciable
d’une bonne critique et d’un travail fréquemment soumis au contrôle
des amateurs. •
C’est aussi parce que nous voulons contribuer à ce but sérieux que
nous parlerons sérieusement des exposants du cercle artistique. Nous
nous préserverons bien du parti pris de tout admirer. Il nous faudrait
plus de temps à perdre un désir moins ardent de nous rendre utile.
Et d’abord nous invitons la commission des arts à ne pas se
laisser envahir par toutes les médiocritésj qui peuvent briguer l’hon-
neur de son exposition. Sans être trop difficile sur le mérite des ou-
vrages qui lui sont présentés, elle ne doit pas, ce nous semble, les
accepter sans examen. Une fotile de raisons iui en font un devoir et
sans parler des vices inhérents au sujet,faut-il encore que les tableaux
aïeul une apparence de coloris, de perspective, de dessin.
Avec moins d’indulgence, je crois qu’elle n’aurait pas accepté celle
copie d'un portrait de Lies qui en est presque la parodie. Ce gros
poupard a l’air de sortir des mains d'un de ces imaiyiers du bon
vieux temps. Il est raide et sa tête enflée plus que joufflue ne ressort
pas. Puis on n’a pas des pieds cl des mains comme ce pauvre enfant.
Le bras droit qui se replie vers le corps pour tenir une orange est d’une
invraisemblance choquante ; le raccourci est complètement manqué.
Je veux bien croire que c’est un portrait de famille, mais certaine-
ment je ne Voudrais pas avoir la famille de ce portrait. Lies avait fait
une excellente toile avec laquelle M. P. en a fait une mauvaise, oh !
les copistes ! — Eli ! bien, je dis que si le cercle donne dans ce goût-là,
le succès de ces expositions pourra so trouver fortement compromis.
La toilette de M. Serrure est tout autre chose. Le sujet est traité
avec plus de succès que le déparlpour tachasse sur lequel j’a dit très
nettement mon opinion. Je félicite surtout M. Serrure de n’avoir pas
tenu à ce que le personnage de sa petite fantaisie ressemblât le moins
du monde à la jeune tille du premier tableau que je ne trouvais ni
jeune ni belle pour son âge. Celle-ci a un profil très pur et les roses
de son teint sont de vraies roses.Je lui découvre bienquelquesjdéfauts
dans les mains el je doute que la chère belle trouve des gants de cette
forme pour y cacher ses petits doigts très longs; mais négligeons la
main et suivons les plis de sa robe vert-pomme. Cette étoffe est bien
traitée; le tissu en est sou pic et luisant quoique la couleur en soit
souverainement déplaisante; c’était la mode du temps, .te ne dis pas
me non avenue. C’est donc un premier conflit qui s'élève entre le
pouvoir civil et i’aulorité épiscopale.
Le steemer Asia est arrivé à Liverpool venant de New-York.
Quoique ie Congrès n’eût pas encore réussi à nommer son prési-
dent Iç Message du Président ne luien a pas moins été communiqué
ïe 31 décent Dre.
Dans ce volumineux document M. Pierce déclare que l'interpréta-
tion que l’Angleterre voudrait donner au traité Bulwer-Clayton est
inadmissible. Il faut que les droits de l’Union soient maintenus. Ce-
pendant les négociations se poursuivent, mais avec peu d’espoir de Tes
voir conduire à une solution satisfaisante.
Si cette question n’arrive pas a un arrangement, elle est de nature
à mettre sérieusement en danger les relations amicales entre lés
deux pays Le gouvernement, çt le peuple américains sont d’accord
sur ce point que les Anglais n’ont autun droit sur l’Amérique Centrale,
sauf sur Belize.
Ils sont aussi moralement certains que, dans aucun cas l’Angleterre
ne tentera de résoudre la question par !e glaive.
En attendant*/la lutte diplomatique continue.
Là question relative à la violation de là neutralité (la question des
enrôlements pour la légion étrangère alglaisej ès't toujours l’objet des
discussions entre les deux gouvernements
Les Etats-Unis ne se sont pas fait représenter aux conférences con-
voquées à Copenhague, pour s’occuper de la question relative aux
péages du Sund,
Dépêche télégraphiée.
Londres, 13 janvier au matin.
Consolidés 86 S/8 à 3/4; 3 0/0 dift. 21 1/2 à 3/4.
M. De Decker se trouve dans une fiositiôn des plus diffi-
ciles. Ce sont ses propres amis qui l’y ont placé, en don-
nant à la question de TUniversité de Gand des proportions
qu’elle ne comportait pas, qu’elle n’aurait pas eues, si l’es-
prit ultramontain ne s’en était mêlé. Mais il a su mettre en
scène quatre bous étudiants qui ont été illuminés comme
les petits bergers de Grenoble. Il leur a fait miraculeuse-
ment entendre et comprendre de que n’entendait rli ne
comprenait aucun de ceux qui les environnaient.
Le Bien public, ce fanatique émule de l'Univers, s’est
empressé de donner du retentissement aux révélations de
ces quatre étudiants, sans même se donner la peine de
vérifier l’exaclitude des choses. En sa qualité de meneur,
nous n’avons pas îi l’en blâmer. C’était naturel; Il était na-
turel aussi que tous les organes du parti ultramontain, à
l’envi les uns des autres, tissent chorus, de manière à ce
qu’il en résultat beaucoup de bruit. Ç’a été leur invariable
tactique. Se disant partisans de l’ordre social, conservateurs
par excellence, ils sont arrivés à faire une grosse ques-
tion de ce qui n’en était pas une. 3
M. d’Anethan est venu en aide au Bien public, h la Patrie,
au Journal de Bruxelles, k l'Emancipation, k toutes les feuil-
les théocratiques, par le langage qu’il a tenu au Sénat, puis,
par les lettres fort transparentes qu’il a fait publier, tout en
gardant l’anonyttié.
M. De Decker se trouvait réellement mis en demeure de
poursuivre d’office M. Brasseur, de le destituer, sans même
l’avoir entendu, en s’en rapportant uniquement aux alléga-
tions de quatre étudiants, reniés par tous leurs condisci-
ples.
Ce que l’on poursuivait en la personne de M. Brasseur,
ce n’était pas M. Brasseur lui-même, nous en sommes con-
vaincu ; c’était b Université-, c’était l’enseignement donné
par les soins et sous les auspices de l’Etat, en dehors de
l’autorité ecclésiastique. Voilk tout le secret de cette affaire.
On comptait sur le dévouement de M. de Decker pour la
mener k bonne lin. On pensait que, selon la règle des Jésui-
tes, il se soumettrait, perinde ac cadaver, aux intimations
des ultramontains. Il ne l’a pas fait. Un tel acte répugnait
sans doute k sa [conscience; il s’est borné k une enquête,
et, l’enquête terminée, il a déclaré officiellement, dans le
Moniteur, qu’il n’y avait pas lieu de donner suite aux accu-
sations dont M. Brasseur avait été l’objet.
Cela ne faisait nullement l’affaire des ultramontains. Un
homme tel que M. de Decker, un des chefs du parti catho-
non, niais les peintres d’à-présenl devraient avoir meilleur goût que
les teinturiers d’alors.—La pose de la jeune femme et de sa camériste
est aisée et grâcieuse, mais je ihc demande ce qui empêche une de
ces deux têtes souriantes de se réfléter dans le petit miroir que l’une
d’elles tient à la main. Ce conseiller des grâces ne nous présente qu’une
surface verdâtre et terne — sans doute un effet de la robe vert-
pomme — au lieu d’une silhouette à peine touchée dont les lignes va-
gues se fussent réfléchies dans la glace. C’était un peu plus dif-
ticile-que la nuance vert-pomme ; mais c’eut été d'un bien meilleur
effet.
Il y a quelques autres cadres de moyenne grandeur dont jeveux vous
dire'un mot avant d’arriver à des compositions plus importantes.
C’est ainsi que je ne passerai pas sous silence l'Hiver de M. Ruyten.Cel
hiver est la réunion de tons les agréments qui sont le partage de cette
aimable saison dans des pays encore moins tropicaux que le nôtre :
de la glace dans les étangs, de la neige sur les rochers el sur les toits
des maisons, des fnmats appendus comme des stalactites de cristal
aux branches endolories des arbustes el des buissons. La glace de
M. Ruyten est noire et luisante comme la cuirasse fourbie d’un
homme d’armes ; la neige est pulvérulente comme il arrive quand le
froid est venu la condenser. Tout ie reste est à l’avenant, c’est-à-dire
assez bien compris et suffisamment bien rendu. Le ciel est peut-être
d’un gris trop opaque et les nuages au lieu de s’accumuler s’étendent
comme les liteaux d’un lambris sur un ciel disparu.—Quelques person-
nages, deux chasseurs conversant avec une jeune paysanne très enve-
loppée, plus loin des patineurs,animent cette nature froide et immo-
bile. Je voudrais ce petit cadre au coin de ma cheminée, dans une
chambre bien chaude ; j’aime les contrastes.
Les Clans écossais de M. John Angus, habitent un rocher dont les
pierres ne sont ni assez froides ni assez dures. Du haut de ce rocher
la vue ne se perd pas dans une perspective très étendue. Le chef des'
Clans s'avance pour scruter l’horizon brumeux sur le bord d’un pré-
cipice et nous montre sa tête expressive, son œil inquiet, mais calme,
sa cuisse charnue et trop grosse. Le plaid qui enveloppe sa poitrine
se drape assez naturellement. Les autres figures sont rendues avec
vérité et groupées avec assez d’art.
M. Witkamp a le pinceau un peu lourd et sa jeune Fille s’en ressent
naturellement beaucoup.Les tons ne sont pas, je crois, suffisamment
ménagés. Tout se fond dans une carnation opaque qui neiaisse aucuu
reflet à la peau qui empêche le sang de palpiter sous l’épiderme; cette
couleur est trop épaisse. Les résilles de la coiffure tombent raides et
mêlées le long des cheveux comme si elles étaient mouillées et collées
ensemble. Le visage est d’une charmante expression et le regard est
impreigné d’une mélancolie souriante. — J’aime surtout les fleurs
que la jeune fille tient à la main. Elles sont fraîches et légères; la
main qui les porte n’a pas la môme grâce.
Nous arrivons à des œuvres plus sérieuses, car l’exposition d’hier en
avait pour tous les goûts : des paysages, des tableaux de genre, voire
même des tableaux d’histoire. En voici un, si je ne me trompe; son
titre le dit assez ; Première entrevue de Charles IX, rut de France et
de sa femme Elisabeth d'Autriche au palais du Louvre, le lendemain
de la St-Barlhélény, par M. Hnysmans. — On ne peut pas dire et je
ne dirai pas non plus, que le tableau de M. Huysmuns ne soit pas une
belle composition. L’ensemble en est grandiose au contraire, les per-
sonnages en sont bien disposés et les couleurs distribuées avec beau-
coup d’intelligence. Agenouillée sur un prie-dieu recouvert de ve-
lours écarlate, Elisabeth prie Dieu de pardonner à son royal époux le
massacre de la nuit ; la reine est placée sous ie jour d’une grande
fenêtre à vitraux coloriés. Elle entend marcher derrière elle : c'est le
roi lui-même. Elle détourne lentement son visage éploré et aperçoit
le roi tremblant et confus qui la contemple avec des larmes dans le
regard. Au fond l’implacable ligure de Catherine de Médicis assiste
en l’épiant à cette entrevue des deux époux.Certes voilà un sujet (ligne
d’un habile pinceau et je ne doute pas que M. Iluysmans n’en ait me-
suré la difficulté autant qu’il en a compris la grandeur. Il y avait là
trois figures historiques,trois caractères,trois situations.Comment l’ar-
tiste s’est-il acquitté de sa tâche?
ii lut était bien difficile de se mettre tout à fait à sa hauteur ; ausr-i
faut-il se garder de lui reprocher trop sévèrement la distance qu’il a
laissée antre lui et le sujet. Il n’a pas compris ou du moins il n’a pas
rendu la situation telle qu’elle était et telle que nous la connaissons
d’après les données de l’histoire. Le visage de la reine n’expiime que
la douleur, il devait exprimer aussi non pas Ici reproche, mais la com-
passion pour le roi fanatique et presque idiot qui est là devant elle
comme un enfant, ou comme un lâche qui sait commettre un crime et
qui ne sait pas le porter. Mais tel n’est pas Charles IX dans le tableau
de M. Iluysmans. Vêtu d’un pourpoint gris,tel qu’il n’en a peut-être
jamais eu, le roi se tient debout les mains crispées, l’œil humide
aussi de je ne saisi trop quelles larmes. Qu’il y eut de la honte et de
l’embarras dans Charles IX, je l’aurais compris; mais qu’il pleure,
qu’il s’irrite contre lui-même comme s’il voyait la profondeur de son
lique, ne point partager leurs passions, ne pas s’associer k
leurs desseins, k leur ligue contre les écoles du gouverne-
ment, c’était une véritable déception.Cependant ils devaient
s’y attendre, car M. de Decker est le même homme qui leur
a dit dans une circonstance solennelle : go que vous voulez
est un anachronisme ou un défi. — C’était l’un et l’autre.
Ce langage, il le tenait, étant simple représentant. On l’a
trouvé sage, et, devéritiiûinistre, chef d’un cabinet, M. de
Decker commettrait un anachronisme, porterait un déli au
libéralisme belge, en épousant la cause de l’ultramonta-
nisme ! c’était trop compter sur la faiblesse de son carac-
tère. Il y a chez lui assez de bons sentiments, pour qu’il ne
pousse pas l'abnégation de sa dignité personnelle, jusqu’à
descendre à servir d’instrument aux fanatiques de son
propre parti.
C’est lk ce qu’on ne lui a pas pardonné. Aussi, dès le
lendemain de la note publiée dans le Moniteur, M. de Dec-
ker a-t-il été en butte aux plus vives attaques. Toutes les
feuilles cléricales se sont en quelque sorte ruées sur lui,
avec plus ou moins d’ardeur et d’acharnement. La Patrie
et le Bien Public se, sont montrés impitoyables. Ils ont
lancé leurs foudres les plus terribles. « La conscience d’un
ministre n’est pas double, lui à dit l’organe de M. l’évêque
de Gand, pas plus que celle de tout autre mortel ; et, lorsque,
comme chrétien , sa conscience lui défend de poser un acte, il
doit Se retirer, comme ministre. »
Rien n’est plus clair. Accusé d’avoir une conscience dou-
ble par des gens qui n’en ont aucune, ou qui en ont autant
que l’exigeront les intérêts de leur cause, M. de Decker se
trouve mis k l’index. Il rencontre pour adversaires ceux-là
mêmes qui ont contribué k le porter au pouvoir. La Patrie
ne lui laisse aucune illusion k ce sujet. « Il s’est, dit-elle,
aliéné les sympathies de ses défenseurs naturels.
C’est déclarer hautement que le cabinet aetued devait
être, k l’absolue dévotion de la théocratie, s’il voulait de-
meurer dans ses bonnes grâces ; qu’il devait chercher son
appui naturelle où le jésuitisme a le sien, au lieu de s’appli-
quer k le trouver dans le cœur même du pays et dans les
sympathies de l’opinion publique. Et, parce que M.De Dec-
ker n’a,pas accepté avec assez d’humilité les conditions qui
lui étaient faites ; parce qu’il n’a pas répondu avec assez
d’obéissance k ce que l’on attendait de lui ; parce qu’il n’a
pas voulu consentir, lui, ministre de l’intérieur, k laisser
s’accréditer une calomnie déversée sur un établissement
de l’Etat, il est réprouvé par le parti ultramontain. Il est
devenu plus que suspect et il est menacé d’être fort mal-
mené par les fougueux orateurs de la droite ; s’il n’est mis
en accusation devant quelque tribunal romain, il devra
s’estimer heureux.
C’est dans cet état de perplexité que M. le ministre de
l’intérieur se présente aujourd hui même devant le parle-
ment. Qui prendra sa défense ‘I G’est ce que nous verrons.
Les Chambres de Commerce viennent d’être saisies par
le gouvernement d’un projet définitif concernant l’entrée
des machines et mécaniques. Il s’agit dans ce projet de
mettre un droit d’entrée sur toutes les machines et méca-
niques.
Le bruit de la prochaine démission de M. Ch. de Brouc-
kère, membre de la Chambre des Représentants, que nous
annonçait avant-hier un correspondant de Bruxelles, paraît
confirmé. On donne pour cause de la retraite de cet hono-
rable député ses profondes dissidences d’opinion avec ses
collègues de la représentation bruxelloise sur la question
de la charité.
D’autre part on nous confirme la nouvelle de la candida-
ture de M. Rogier. Le corps électoral de Bruxelles tiendra
k honneur de se voir représenté au sein du parlement par
un homme qui a rendu au pays de si grands services et que
les témoignages de la plus flatteuse sympathie n’ont cessé
de signaler k leurs suffrages.
Déjà sur le seul bruit de la retraite prochaine de M. de
attentat, voilà qui n’est pas historique, voilà qui n’est pas vrai. Et puis
où est ce visage pâle, cet œil morne et hagard qu’on voyait errer par-
fois dans les vastes galeries du Louvre et se montrer quelquefois aux
fenêtres.comme l’apparition du fantôme royal ? Le Charles IX do M.
Iluysmans n’est pas celui que nous connaissons et le regard de basilic
qui le fixe au fond de l’appartement ne parait pas non plus le préoccu-
per beaucoup. Le visage impassible de Catherine de Médicis a une ex-
pression mieux sentie, quoique nous cherchions vainement les traits
de l’illustre Florentine dans cette face rubiconde dont le type se ren-
contrerait plutôt aux rives de l’Escaut que sous le ciel de la Toscane.
— Pour résumer mon opinion sur celle œuvre, je la trouve défec-
tueuse quant à l’intelligence du sujet, bonne quant à l’exécution. M.
Iluysmans a lait là un effort méritoire; on voit le travail dans ce
tableau et le travail est toujours l’avant-coureur du succès.
Le Faust de M. Dillcns est eueore une œuvre sérieuse , digne peut-
être aussi d’un meilleur succès. Voici le sujet : Méphistophélès est
assis dans l’antique fauteuil de la sorcière; — On voit bien qu’il est
un peu chez lui. — Dans la cheminée bout une marmite dont les
vapeurs sont des spectres informes. Une Guénon accroupie dans les
tisons écume la marmite,ie mâle est assis tout près de là avec toute sa
famille de macaques. L’un d’eux tend une couronne à Méphistophélès
qui la refuse pour garder l’incognito. — Faust est debout derrière le
fauteuil occupé par son fantastique compagnon et il voit une étrange
vision, une grâcieuse jeune fille couchée dans des flots de gaze el dor-
mant dans une pluie de fleurs. Laissons parier le héros de Goethe :
« que vois-je? quelle céleste ligure?—Amour prête moi tes ailes
rapides et transporte moi dans la région qu’elle habite. Hélas ! quand
je ne demeure pas à cette place même, quand je me hasarde à me
rapprocher d’elle de quelques pas, je ne la vois plus qu’à travers un
brouillard... C’est la femme sous sa forme la plus belle. »
Dans le labieau l’idéal de Faust manque de lointain. Les formes
sont assez indécises comme dans un rêve, mais elles ne sont pas assez
finies. Le vague n’est pas rendu et les efforts de l’artiste n’ont abouti
qu’à des ligues imparfaites, qu’à une sorte' d’esquisse qui dépoétise
la vision en lui ôtant ce qu’elle peut avoir de commun avec la réalité.
Faust est placé de manière à ne nous laisser voir qu’une partie de sa
figure et ce que nous en apercevons ne nous dit rien ; c’est une diffi-
culté éludée,j’aime encore mieux,cependant, une difficulté prise corps
à corps el devant laquelle le ta lent succombe.Le visage de Méphislophé-
lès ne me paraît pas non plus assezdiabolique. D’ailleurs le sujetde'51.
Dillens manque nécessairement d'unité. L’attention flotte tour à tour
de l’âtre peuplé de diablotins à la pure vision et ces deux parties
du tableau se portent un mutuel préjudice ; il fallait supprimer l’âtre,
effacer Méphistophélès et ne laisser subsister que Faust et son extase.
Mais la palette de M. Dillens est riche en couleurs.Le teu desonâlre
est incandescent et les fleurs qui embaument le sommeil de la jeune
tille ont des nuances délicates. Puis dans l’ensemble du tableau la lu-
mière est bien distribuée, les rayons du foyer aussi bien que ceux du
jour tombent d’aplomb sur chaque objet et donnent de la vigueur aux
ombres.
Pour le fini de l’exécution, pour l’entente du coloris, pour la supé-
riorité de la louche, pour la vérité et pour la vie, il n’y a rien de
mieux dans cette exposition que les Animaux de M. Verlat.Cet artiste
a apporté deux toiles de moyenne grandeur, toutes les deux peuplées,
vivantes,parfaitement réussies. Dans la première, un coq solide sur
ses ergots, la tête haute el fière, la crête crânement dressée et l’œil
indifférent, chante, comme un étourdi qu’il est, au milieu de quelques
poules. Celles-ci ne se doulenl pas plus que lui du danger qui les
menace : L’ennemi approche ; cet ennemi, c'est l’éternel ravageur des
volières, c’est le renard. Il s’avance d’un pied perfide mais sûr
vers le poulaillier où se trouve le groupe criard des volailles. Ce coq
est vivante! on l’entend chanter. Son plumage a des reflets châtoyanls,
la queue a des circuits vainqueurs. Les poules noires et accroupies
sont aussi parfaitement rendues. Quant au renard, gascon ou nor-
mand, n’importe, il est bien de la famille dos croque-poules que La-
fontaine baptise de nomssi pittoresques et d’épithètes si adaptées à la
nature du sujet. Dans ce tableau de M. Verlat ii est tout à fait dans
l’exercice de ses fonctions, son pied reste suspendu quoique son mu-
seau effilé, dirige son flair magnétique vers la proie qu'il convoite.
U a l’air do réfléchir el de se demander s’il ne va pas conter à ce
coq quelque bonne histoire, dans le goût de celle qui lui réussit si
bien un jour avec maître corbeau.Mais avec les coqs il ne faut pas tant
de façons ; d'ailleurs la flatterie manquerait son effet. Ils ont avec les
poules des relations trop fréquentes et trop intimes pour ne pas être
parfaitement renseignés sur les antécédents du rusé quadrupède à
l’égard de celles-ci. Voilà donc le renard bien décidé à l’assaut, il va
s’élancer; pauvres volailles! Le coq chante toujours cl les poules de se
pâmer d’admiration. C’est tout un drame, une épopée de basse-cour.
M. Verlat appelle cela : Un déjeûner en perspective.
El dans l’autre tableau du même artiste, voyez à l’entrée d’un égoûl
la patte tendue cl le regard fixe et brillant, ce gros chat blanc et noir.
Bro.uckere, les partis s’agitent îi Bruxelles, et des listes do
candidats circulent ; mais le parti catholique, convaincu do
l’impuissance des efforts qu’il tenterait, pour imposer aux
électeurs de la capitale des hommes de son bord, s’abstien-
dra vraisemblablement de prendre part k la lutte. Parmi les
candidats possibles du parti libéral, on cite, apres M.Rogier,
MM. Fontainas, échevin de Bruxelles et meniDre du Conseil
provincial, et Defré, le publiciste, connu sous le pseudo-
nyme de Joseph Boaiface. Mais, jusqu’ici, la candidature
de M. Rogier est la seule sérieuse? et la seule qui promette
de réunir les suffrages de tous ceux qui ont conserve le
culte des traditions libérales de 1830, ?t le souvenir des
services rendus avec abnégation, dévouement etpatnotisme.
Chemins de fer de l’Etal.
Le Moniteur se décide enfin k parler. L’organe officiel du
gouvernement a cru, avec raison, qu’en présence des plain-
tes formidables élevées contre le service du chenu» de 1er,
un silence plus prolongé devenait impossible.
Voici les explications :
Les mollifications apportées au service des convois du e&effitfd é®
fer, à partir du lr janvier, ont soulevé certaines réclamations.
A part toute autre circonstance, l’ouverture de nouvelles lignes de
chemin de fer amène inévitablement des modifications dans le service;
or. on a livré en décembre à l’exploitation toute la ligne de Deadre-et-
Waes, depuis Ath jusqu’à Termonde.
L’administration s’est vue en outre dans la nécessite d’organiser
un service d’hiver : ;
1° Par suite de l’établissement d’un semblable service sur les lignes
étrangères avec lesquelles nous sommes en relation ;
2° A raison du petit nombre de voyageurs, dans cette saison, et de
l’augmentation considérable des transports de marchandises;
L’augmentation des transports de marchandises, abstraction faito
même de'tout autre motif, faisait à l’administration, en présence sur-
tout des moyens restreints dont elle dispose, un devoir impérieux de
réduire le service des voyageurs, en supprimant un certain nombre do
convois, et en apportant des modifications aux heures de départ et
d’arrivée de quelques autres.
Deux modifications ont été surtout critiquées :
L’une qui fixe à 5 heures le départ qui, avant ie 1« janvier, avait
lieu d’Anvers à 4 h. 50 m. ,
L’autre par suite de laquelle l’arrivée à Bruxelles ds premier convoi
partant de Paris a beu à i heures du soir.
Quant au départ d’Anvers, la commission actuelle, tout en assurant
la correspondance d’Amsterdam pour Bruxelles et Paris, avait pour
but d’éviter une attente prolongée à Malines au voyageur en destina-
tion des lignes de i’Est et de l’Ouest. Toutefois, en présence du retard
qui résulte de ce changement, dans la distribution des lettres à BruxeU
les, l’administration avisera aux mesures à prendre, pour parer au-
tant que possible à cet inconvénient.
Quant au premier convoi de Paris qui n’arrive plus à Bruxelles qu’à
4 heures, cela résulte de ce que ce convoi .sart de Paris à 8 heures ait
lieu de 7 heures du matin. L’administration a la conviction que celle
modification établie par le chemin de fer du Nord ne peut être que
très-agréable à tous les voyageurs et satisfait aux plaintes qui avaient
été formulées depuis longtemps au sujet du départ trop matinal de 7
heures, .
En ce qui concerne Louvain, les réclamations portent sur la sup-
pression de deux convois, suppression qui se justifie comme les
autres par la diminution du nombre do voyageurs en celte saison.
Il a été paré, du reste, autant que possible, à l’inconvénient qui
eu résulte, par la transformation en convois ordinaires des deux
express du matin et du soir qui desservent toutes les localités de
celte ligne. . , ,
î A Courtrai, il n’y a eu d’autre modification que la suppression d’un
convoi qui comptait en moyenne cinq voyageurs. Esl-ou bien fondé à
en demander ie maintien ? . .
A Gand, les correspondances existant précédemment ont été main-
tenues ; en wartant à 12 h. 23 m. on arrive à Paris à 10 h.20 m. du
soir et l’on peut par ce même départ se rendre sur toute la ligne du
Midi jusqu’à Namur où l'on arrive à 7 h. 30 m. du soir et non à 10 h.»
comme on l’a prétendu.
Quant à la ligne de Dendre-et-Waes, les plaintes reposent sur une
erreur. Il y a en effet un convoi qui passe à Grammont à 6 h. 33 m.
du matin, arrive à Termonde à 8 h. 3 ni. et s’y trouve en correspon-
dance soit vers Gand par le premier convoi parti de Bruxelles, soit
vers Bruxeiles el Anvers, par l’express et par Je convoi qui le suit,
ün peut donc, en parlant de Grammont la matin, arriver par Ter-
monde à Bruxelles à 10 h. 13 ni. ou à 11 h. 40 ni , à Anvers à 11 h. 13
m. ou k midi, et à Liège à 12 h. 13 m. ou à 5 h. 13, etc., etc.
A Namur, le convoi de midi a été supprimé, mais il esta remar-
quer qu’il y a deux départs dans la naalinéectdeux dans l’aprcs-uiidi,
certes suffisants à cette époque, et qui, non-seulement desservent lou
lignes de l’Etat, mais établissent à Charleroi, avec les Signes de l’Eii-
II n’est pas de ceux qui dorment sur l'édredon, surles coussins moel-
leux ou sur les genoux des duègnes; c’est un grossier personnage,
mal soigné dans sa tenue, donlie poil est sordide comme les mauvais
lieux qu’il fréquente. — Vous le trouvez en ce moment passablement
encanaillé au milieu de ce tas de débris, de ces écailles d’huilres et
de moules; mais il n’v perd pas son temps, comme vous allez voir.
Par le trou de l’égoût vous apparait le museau pointu d’un rat, un
membre de celle nombreuse famille désignée dans la fable sous la
dénomination générale de Genl trotte-menu. L’animal rongeur va
s’acquitter à l’égard d’un morceau de citron des fonctions auxquelles
il est voilé do naissance et vous pressentez tout le danger auquel il
s’expose. Toulcela estsaisissant et il y a dans le pinceau de M. Ver-
lat un talent réel et une espièglerie hors ligne. On m’assure que cet
artiste a fait en peu de temps des progiôs étonnants ; s’il en est ainsi
il nous en fera voir bien d’autres.
Je ne veux pas quitter la salle de l'exposition sans dire un mot,
mais un seul motparce queje suis trèspressé,des pastelsde M.Bource.
Ce sont trois têtes pleines de caractère et d’originalité, trois têtes mo-
delées avec infiniment do bonheur et qui se détachent du papier
comme les figures d'un bas-relief. Il y en a une brune, une blonde,
une qui flotte entre les deux ; prenez celle que vous voudrez, je gar-
derai la troisième et quelque soit votre choix, j’aurai encore ia plus
belle tête d'étude qui se puisse voir. M. Botirce, a un talent précieux
et à sa place je sais bien que je ue m'eu tiendrais p’as là ; notre jeune
dessinateur, car on.me dit qu’il est fort jeune, ne s’entera pas faute
el il aura raison. . .
Le Cercle Artistique a une foule de bonnes idées : je le disais en
commençant et je le répète encore en présence de ces cadres de gra-
vures queje vois suspendus dans la salle des réunions journalières.
Tous les huil jours on doilenlever la gravure ancienne et la remplacer
par une nouvelle ; en sorte que les habitués du cercle, les buveurs
de bière, les joueurs de cartes ou d’autre chose, les fumeurs, au-
ront là tout près d’eux de délicieuses fantaisies aux deux crayons, de
belles et bonnes lithographies, qu’ils pourront admirer à l’aise pres-
que sans se déranger de leur table. C’est ce qui s’appelle mêler l’utile
à l’agréable,utile duld, ou je ne m’y connais pas.
Pour commencer on a exposé hier plusieurs gravures et lithogra-
phies. J’ai remarqué le soir d’automue d’Achenbach, finement rendu
par le burin; c’est un petit cadre plein defeuillage.d’air et de lumière;
'e trait en est léger et précis; il y a aussi un sujet de Hiigers, lithogra-
phie de Stroobant et un paysage de H. Gude, qui ne sont pas sans
mérite. Mais ce qu’il y a de vraiment curieux dans celte première
exhibition de gravures à laquelle M. Max-Kornicker prête une partie
de sa belle collection , ce sont les gravures allemandes d’après les
cartons de Kaulbach. , .
Elles représentent trois scènes de Macbeth, c’est-à-dire a peu pres
toute la tragédie anglaise. Dans la première, le héros de Shakespeare
est interpellé par les trois sorcières qui le saluent Thane de Cawdor,
et roi d’Ecosse. Ces trois mégères se dressent devant lut suspendues
dans l’air au milieu de trainees lumineuses qui semblent être des
serpents de feu, leur visage est affreux à voir et leur chevelure crépi-
te sous le vent comme celle des Euménides. En présence de l’horri-
ble apparition le coursier de Macbeth s’arrête en hérissant sa
crinière pendant queBanquo le compagnon du Thane écossais articule
les paroles suivantes : « Quelleâsont ces créatures étranges si flétries
dans leurs traits, si sauvages dans leur accoutrement: elles ne res-
semblent pas aux habitants de la terre, etc. etc. — C’est alors que les
sorcières font entendre ces trois saluts qui allument au cœur de
Macbeth cette soif puissante de l’ambition qui le conduit au crime et
qui donne à ce drame un dénouement plein de sang et d’horreurs.
La seconde gravure représente lady Macbeth les mains tachées du
sang du roi d’Ecosse : quelles mains j'ai là ! tait-elle en se irottunt les
unes contre les autres ces mains régicides. Elle s’eu va éperdue l’œil
hagard en répétant : l’océan entier pourra-t-il laver ce sang ? — Cetto
scène est admirablement décrite dans la gravure. — La troisième est
i’apparilion des victimes. Macbeth est roi ; il porte la couronne, il se
fait éperonner par un varlet au moment de partir pour le combat lors-
que lui apparait à travers un nuage déchiré, Duncan le roi assassiné
entouré d’un funèbre cortège ; ce sont toutes les victimes de Mac-
beth ; il voit la blessure de Duncan, le sang qui dégoutte sur lui
par cette blessure lui brûle ia conscience comme si c’étaient des
laves embrasées. — Un souffle Shakspearien passe à travers ces
gravures de Kaulbach ; elles nous donnent l’idée de la magnificence
îles tableaux dont elles ne sont que ie croquis. ^ ...
J’ai songé en les voyant à ce tableau de Caliait qu’on dit cire nu
nouveau chef-d’œuvre et qui est exposé en ce moment à Bruxelles
dans l’atelier de l’artiste. Jeanne la folle en présence du corps de
Philippe le beau.Comme ce sujet s’adapte au talent de Gaffait et com-
me il a dû s’élever liant dans celle composition ! On a demandéa 1 ar-
tiste de venir exposer son œuvre à Anvers;se rendra-t-il à celle invita-
tion? L' |