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1838.
AWEKS, Jeudi «fl Janvier.
Tîsigt-f rolsième aiiisêe.
Tout ce qui concerne
la Rédaction ou l’Ad-
ministration , s’adresse
aux propriétaires du
Précurseur, Messieurs
Dewever frères, rue
de l’Amman, 1.
PRECU
■i
ABONNEMENTS.
(Au bureau (lu Précurseur
et chez tous les directeurs des
Postes.) Pour Anvers fr. 12.SÖ
par trimestre. Pour tout lis
reste du la Belgique franc de
port, fr. 15. Pour la noilamie
fr. 47 j l’Angleterre fr. 22 ; lu
France fr. 22 ; l’Allemagne fr.
18 ; les Etats-Unis, le Brésil,
les Indes etc. fr. 27.50,
Insertions : 28 cm«la ligne.
Réclames : 5û centimes.
CHEMINS DE FER.—Départs d’Anvers : Pour Maünes et Bruxelles à 6.45,9 E., 10.43, 2.50 E.,
4.30, 7, 8.43.—Lierre, 7, 44..10, 5.—ïerm.et Gand,6.45, 40.45, 2.50 E.,4.30.—Alost,6.15, 10.43,
2.50 E., 4.30. — Lokeren, 6.15, 40.15,'4.30. — Ninove, Gramm., Lessines, Atli, par Termûnde,
10.45, 2.50 E. Id. par Brux., 6.45, 40.15, 2.50 E, — Brug. et Oster.de, 6.15, 40.15, 2.50 E., 4.30.
— Court., Mouse., Lille, 6.48, 40.13, 2.50 E., 4.30. — Tournai, 6.43, 40.45, 4.30 — Calais, 6.45,
10.45, 2.50 E., 4.30. — Louv., Tirlem., Liège, Verv., 6.45, 9 E., 40.43, 4.30,(7 Tirlcm.. 8.43 E.
■— Landen, 6.-15, 9 Ê., 40.43, 4.30. — Aix-la-CIs., Cologne., 6.43 Aix) 9 E. 10.45, 8.45 Ê. —
Cladbach, Dusseldorf, Crefeld, Ruhr., 9 E., 40.45, 8.45 E.
Journal Politique Commercial Maritime et Littéraire.
Départs d’Anvers : 7.45,42.20, 5.23, (pour Môerdyk et Bréda). — De
8.20, (pour Moerdyk et Anvers). — De Rotterdam : 40 h., 2.50, (pour
PAIX* — LIBERTÉ*—PROGRÈS*
HOLLANDO-BELGE.
Breda : 6.80, 12.35,
Moerdyk seul).
PAYS DE AVAES.—D’Anvers pour Beveren, St-Nicolas, Lokeren et Gand, 6.30,8.30,14, 2.39,6,
— De Cand pour Lokeren, St-Nicolas, Beveren, Anvers 6.20, 9.05, 40.20, 2.40, 5.50.
21 JANVIER.
BULLETIN POLITIQUE.
Les trois petites bombes lancées sous la voiture impériale n’ont
pas tué Napoléon III, mais elles ont blessé ou tué cent cinquante-six
personnes, fait arrêter trente individus, provoqué la suppression de
deux journaux atteints aussi paries éclats de cette mitraille, suscité un
rapport foudroyant du ministre de l’intérieur, agité l’Europe, troublé
les rois, ému tous les gouvernements. — La secousse imprimée à la
clef de voûte de l’ordre social, comme on s’est plû à qualifier l’Em-
pereur des Français, devait être ressentie pariout et produire cette
vaste et profonde émotion qui se manifeste de toutes parts. — Eilef
devait surtout réveiller de légitimes sollicitudes, et, dans cette con-
fusion que provoque un attentat aussi grave, nous ne sommes pas
étonnés de voir adopter des précautions extrêmes.
Le rapport de M. Billault, ministre de l’intérieur,et la suppression
de deux journaux ont produit à Paris une sensation facile à concevoir.
Le gouvernement est attaqué à coups de bombes, il répond par des
décrets et dresse autour de lui les formidables batteries de la loi.
C’est son droit de se défendre, c’est son droit de diminuer le nombre
de. ses ennemis et de les désarmer; mais est-il opportun, au
momynt où l’attentat commis attire sur lui les sympathies universel-
les, fortifie son autorité, de prendre des mesures de rigueurs vis-à-
vis des journaux qui sont l’organe d’un parti complètement étranger
à 1 attentat? Le Spectateur était, sans doute, un journal très hostile,
très osé,élevant assez résolument drapeau contre drapeau,mais quel
mal a-t-il fait au gouvernement impérial, quels prosélytes a-t-il
gagnés à la.cause fusioniste, causé perdue et discréditée, s’il en fut ?
Qu’a-t-il de commun surtout avec l'es Pieri, les Orsini et les autres ?
Le frapper en ce moment, c’est presque,aux yeux de l’opinion,établir
une sorte decomplicité entre ce journal et les assassins.— Nous ferons
la même observation pour la Revue de Paris. M. Bidault affirme que
la Revue de Paris a oublié les engagements formels pris par ses
gérants, à l’époque où elle a été autorisée à reparaître, après une
première suppression. Elle est accusée de se faire le centre d’une
sorte d’agitation par correspondances, dont le gouvernement vient
de trouver les tracés dans plusieurs départements. Ceci peut être
fort grave,ces griefs sont.forlsérieux;nous comprenons combien do si
zélés antagonistes doivent être à chargé à un gouvernement, il n’y a
pas encore là de quoi les frapper à mort dans un pareil moment.
Nous n’applaudirons jamais quand nous verrons, chez nous ou chez
les autres, un journal supprimé, à moins qu’il ne soit une honte
pour la presse ét qu’il ne se mette à défendre des doctrines contraires
à la morale publique. Alors ce journal est un membre gangrené;
qu’on le Coupe, son sort ne nous touche guère. Mais dans ce cas, le
bon sens public devrait se charger seul de l’opération.
Le Times et le Mbrning Pust contiennent encore chacun un article
sur cette question de la résidence des réfugiés politiques en Angle-
terre qui est depuis quelques jours le principal sujet de discussion
de la presse anglaise. Ces deux articles sont conçus dans l’esprit le
plus opposé. Nous dirons seulement qu’après avoir examiné les
divers moyens qui pourraient être employés pour réprimer les me-
nées des résidents étrangers, le Morning Pust se prononce pour le
renouvellement de Y alten bilt, qui donnerait aux minïstresje pouvoir
d’ordonner à tout résident étranger de quitter le royaume. Les causes
de l’expulsion devraient être consignées par écrit, et l’étranger aurait
la facilité de se défendre devant le conseil privé;
Là plupart des journaux français commettent une erreur qu’il
Importe de leur signaler. Iis annoncent que le ministre de la justice
de Belgique a déposé, dans la séance du 19 janvier de la Chambre
des représentants, un projet de loi concernant la police des étran-
I (ers. il est bon que l’on sache que ce projet de loi n’a rien de
cotamunavec les circonstances actuelles, qu’il a été présenté à la
signature du Roi le 8 janvier, bien avant l’attentat de la rue Lepelle-
ticr, et qu’il n’est, autre chose que la prorogation d’une loi très-
ancienne votée en 183t>, et renouvelée depuis, de trois ans en trois
ans. Le terme de la dernière prorogation étant venu, le ministère
demande à !a Chambre une nouvelle période de trois années.
Le résultat de l’instruction ouverte contre l’attentat ne sera pas
connu aussitôt qu’on l’avait espéré. La justice; quoiqu’elle ait mis lç,
main sur les principaux coupables, s’efforce de saisir les rafni<:.Ca-
lions du complot. Des symptômes d’agitation remarqués sur qiiel-
i„ T,’.. ■- * * i . . mpereu-,,
- . | rau
ques points de la France, le pressentiment de la mort de I’P[„
répandu dans diverses localités, et enfin, en dernier F»eu" îos faits
qui ont eu lieu à Ancône, sont autant de motifs qui l’i.jvitent à per-
sévérer dans ses recherches. On est toujours sans renseignements
sur ce mouvement signalé dans les Etats-Romain;..;, mais des lettres
de Bologne et de Florence, en date du 1(5, dépeignent sous des cou-
leurs fort sombres l’état dans lequel se trouve l’Italie centrale.
> En prenant possession du portefeuille de l’intérieur que le roi
Victor-Emmanuel lui a confié, à la suite de la retraite de M". Ratazzi,
M. le comte Cavour a adressé aux intendants des provinces une
circulaire qu’on peut considérer comme le programme politique du
cabinet, en ce qui concerne les affaires intérieures. L’honorable pré-
sident du conseil y renouvelle la déclaration qu’il a faite à la Cham-
bre des députés, en annonçant à cette Assemblée la démission de
son prédécesseur, à savoir, que la politique du gouvernement ne
subirait pas la moindre altération et que le cabinet continuerait à
marcher d’un pas ferme dans la voie libérale où il s’est maintenu
jusqu’à présent avec l'approbation du pays et au milieu des marques
de sympathie de l’Europe. M. le comte Cavour ne pouvait laisser
échapper cette occasion de repousser avec énergie les accusations
dont le gouvernement a été l'objet, pendant la dernière lutte électo-
rale, notamment en-ce qui touche à ses dispositions envers la religion
ft l’Eglise. 11 se défend de toute pensée d'hostilité contre l’une et
l'autre, mais il proclame, aussi, sa ferme volonté de maintenir
en même temps que la liberté et les droits de l'Eglise, l'indé-
pendance la plus complète du pouvoir civil.
Dans Sa Chambre des Députés de Turin, à la séance du IG janvier,
le président a rendu compte du résultat de la vérification des pou-
voirs : 174 élections ont été approuvées, il annulées, 18 soumises à
l’enquête. Il restait un rapport à faire sur une élection.
Le nouveau ministère espagnol s’est présenté le 15 aux Chambres
et a déclaré que sa politique consistait dans l’exécution stricte de la
Constitution de 1845 et qu’il suivra les principes proclamés dans le
dernier discours du Trône.
Les mouvements de l’Herzegovine continuent à attirer vivement
attention de l’Autriche et de la Porte. Les rebelles ont,'' dit-on,
occupé puis abandonné le fort de Suttorina et auraient reçu, malgré
les efforts du prince Danilo, quelques secours des Monténégrins.
L’Autriche aurait envoyé des troupes à liaguse et aurait renforcé les
^misons de la Dalmirtie.
D’après la Gazette de Cologne, le prince Callimaki aurait déclaré an
cabinet de Vienne, au nom de son gouvernement, que ia Turquie so
proposait d’entreprendre une expédition sérieuse, contre le Mon te-
negro, ponr forcer enfin cet Etat à ne plus' inquiéter les dist ricts
turcs situés sur sa frontière.
On écrit de St-Pétersbonrg que le gouvernement russe se propose
do convertir, au commencement du printemps prochain,le côté nord
«fi Sébastopol en une forteresse de. premier rang. Ces travaux n’ont
mm de contraire aux stipulations de la paix de Paris, l’article 13 du
traité du 30 mars portant seulement que la Russie et la
pourront élever ni conserver sur le littoral de
ît'senal-militaire maritime.
lurquie ne
a mer Noire aucun
Dépêches télégraphiques.
Londres, 21 janvier.
Consolidés 85 4/8. — Esp., Piastres 23 5/4 28. — Russes 5 0/0i 000.•
- Stieglitz 00. — La Bourse estferme.
Francfort, 21 janvier.
Métall. 5 0/0 75 5/4. — Nation. 78 3/4. — Change sur Londi ses 147 3/8. -
Vienne 412. . '
Séance de ia Chambre.
La Chambre des Représentants a été saisie hiec des observaticos
présentées par la Chambre de commerce et des fabriques d’Anvers
s!,r le traité de commerce conclu le 27 octobre 18.77, ec.ire la Bel-
ptpie et le gouvernement des Pays-Bas.La Chreaihre’ori a ordonné
le renvoi à la section centrale, chargée d’exaiuïner le projet de loi
Portant approbation de ce traité.
Un grand nombre de pétitions, demandant, la réfor me de la loi
Sll| ja milice, ont encore clé analysées au début, de la néanee d’hier.
Lotte séance a été assez courte. Elle a été consaci -ée à des dé-
l'ôts de rapports et de projets de loi. M. Lelièvre a présenté le
^Pport de la section centrale qui a examiné le projet de loi ayant
pour objet de mettre à la disposition du département des finances
une somme de 36,287 fr. 11 cent, nécessaire pour régulariser
l’acquisition, faite au nom de l’Etat, d’une propriété enclavée dans
la forêt de Soignes.
Cette propriété se compose de deux fermes et de 12 hectares de
terre environ. L’administration se propose de convertir ces fermes
en habitations de gardes.
La section centrale a conclu, à l’unanimité, à l’adoption du pro-
jet de loi que la Chambre a voté d’urgence à l’unanimjté des 80
membres présents.
M. Loos a déposé ensuite le rapport de la section centrale qui a
examiné le budget de la dette publique; le rapport sur le budget
des dotations a été présenté par M. de Paul.
La discussion de ces deux budgets a été mise à l’ordre du jour
de la séance de ce jour.
M. Tesch, ministre de la justice, a déposé un projetée loi portant
révision des derniers livres du Code pénal,travail depuis longtemps
attendu et qui eut occupé, plus utilement pour le pavs, les études
du ministère précédent.
Il a été décidé que ce projet de loi important sera examiné par
une Commission spéciale dont les membres seront nommés par le
bureau de la Chambre.
Le rapport fait au nom de la section centrale, par M. .De Paul, sur
ie budget des dotations pour l’exercice 1858, est ainsi conçu :
« Le budget des dotations pour l’exercice 1858, qui, conformément aux
lois de comptabilité, comprend la liste civile, les dotations des princes et les
dépenses des Chambres législatives et de la Cour des comptes, a été exami-
né dans les sections et n’a donné lieu qu’à une simple observation de la part
de la 2e section, qui a émis l’avis que, s’il pouvait être question de modifier
Je taux des traitements des membres de la Cour des comptes (ainsi que M.
le ministre des finances semble l’indiquier), l’initiative de cette proposition
devrait être laissée au gouvernement. La section centrale a cru n’avoir pas-’,
à s’occuper de celte proposition, et a l’honneur de vous proposer d’adopter
les articles du projet du gouvernement, »
Le projet de loi relatif à ia prorogation, de la loi concernant les
étrangers, déposé par M. Tesch dans la. séance du 19 janvier est
précédé de l’expose des motifs suivant ;
« La loi du 22 septembre 4855, concernant tes étrangers résidant en
Belgique, modifiée par la loi du ,25 décembre 4841, et prorogée, en dernier
lieu, par celle du 2 mars 4855, cessera d'avoir force obligatoire le lr mars
1858.
» D’après les ordres du Roi, j’ai l’honneur. Messieurs, de vous présenter
un projet de loi, destiné à proroger cette loi pour un nouveau terme de
trois années.»
Voici la teneur du projet de loi :
«Art. lp. La loi du 22 septembre 1835,, telle qu’elle a été modifiée par
celle du 25 décembre 4841, est prorogée j usqu’au l> mars 1864.
» Art. 2. La présente loi sera obligatoire le lendemain de sa publication.»
Voici la composition des sections, centrales chargées de l’examen
des divers projets de lois actuellement soumis au vote de la Chambre :
Budget de la dette publique. — 1" section, M. Vander Donckt; 2P, M. Mas-
cart ; 3S, M. Loos ; 4e, M. Coppieters ; 5e, M. d’Hoffschmidt ; 6°, M. de Renesse.
_ Budget des dotations. — 1™ section, M. de ï’aul; 2e, M. Jourez (Joseph) ;
3e, M. Thiéfry; 4e, M. Lelièvre ; 5e, M. Juiliot ; 6e, M. Jacquemyns.
Acquisition dans la forêt de Soiytiies. — 4re section, M. Neyt ; 2°, M. Pirson;'
3e, M. Crombez; 4'-, M. Lelièvre ; 3e, M. Pirmez; 6% M. de Boc.
Budget des finances. — lrc section, n’a pas terminé; 2', M. Pirson; 3e, M.
A anderstichelen ; 4e, M. de Luesemaus ; 3l, M. Laubry ; 69, M. A’andenpeere-
boom (Ernest).
Budget des affaires étrangères. —. 1™ section, M. de Moor; 2e, M. Jourct
(Joseph) ;'5°, M. David ; 4% M. da Lues,' jmans ; 5e, n’a pas terminé ; 6e, M. de
Perce val.’
Défrichements.
Le gouvernement se montre disposé à prendre des mesures pour
favoriser le défrichement des terres incultes. Cette année-ci, un
nouveau crédit de 43,000 francs est demandé dans ce but par M.
le ministre de l’intérieur, et sains aucun doute il sera accordé par
la Législature, dont la soîlicivude pour l’industrie agricole est
éprouvée, et, ce que l’on ue saurait trop dire aux campagnes, c’est
que ce ne sont point les députés des villes qui sont lcs-derniers à
défendre leurs intérêts. Mais on comprend que là ne doit point
s’arrêter l’action du gouvernement. Cette demande de crédit n’est
qu’une marque de bienveillance. D’autres dispositions sont néces-
saires, si Ton veut atteindre le but que l’on se propose et qui, une
fois atteint, contribuerait puissamment à la richesse générale du
pays. - ...
Parmi les moyens; qui seraient les plus efficaces, il faut mettre
on première ligne l'institution spéciale du Crédit' agricole, qu’il ne
faut pas confondre avec relie du Crédit foncier, proprement dit,
bien qu’il y ait beaucoup d’analogie entre les deux; puis, l’expro-
priation des terrains vastes appartenant aux communes.
Plusieurs projets, dont nous aurons à nous occuper plus tard,
sont présentés pour le premier de ees objets; pour le second, il
en existe un qui a été récemment soumis à l’examen de la Société
centrale d’Agriculture par M. Caremelle. Il est ainsi conçu :
« Art. 1er. Los dispositions de la loi du 25 mars 1857, décrétées en vue du
» défrichement des terrains incultes y- mentionnés, sont complétées par les
» dispositions suivantes
» Art. 2. Des états successifs, publiés par le gouvernement, et insérés au
» Moniteur officiel, feront connaître la désignation sommaire des biens à
» l’égard desquels il y a li eu, soit par les communes, soit par les particuliers,
» de demander l’appiicat ion de la loi.
» Art. 3. Après trois m .ois, date des publications, des arrêtés royaux détêr-
» mineront, parmi les b iens à l’égard desquels aucun fait d’application n’au-
» rait été provoqué de ia part des communes ou des particuliers, ceux qu’il
» peut être utile à l’Etat d’acquérir, ponr en être fait alors selon ie prescrit
» de l’art, 8 de ta loi précitée ; — sans préjudice du droit de l’Etat, d’user
» en tout temps, avant «comme après !es publications, de la faculté à lui ac-
» cordée par ledit article.
» A kt. 4. Le prix des acquisitions faites en vertu de l’art. 8 dont il vient
» d’être parlé, sera pay é aux communes, soit en inscriptions de rentes sur
» l’Etat, soit en obligaâionsdu Trésor.
» Quant au prix des acquisitions faites en vertu de Tart. 6 de la même loi,
» il restera, comme die raison, soumis aux conditions du cahier des charges
» des ventes auxquelles cet article se rapporte.
» Art. 5. L’alién&tio a des biens acquis par l’Etat en vertu des art. 6 et 8,
» déjà cités, pourra ■être faite aux conditions mentionnées aux deux articles
» qui suivent.
» Art. 6. Les acquéreurs seront tenus de payer,avant la prise de possession,
» un cinquième du prix de leur acquisition’ tel qu’il sera déterminé par
» Tadjudicatiou publique prescrite par l’art. 9 de la loi susrappelée.
» iis pourront se libérer des quatre autres cinquièmes au moyen du paie-
n’ment, pendant cinquante années, d’une redevance proportionnelle,
» fixée et graduée par période de trois ans, comme suit :
» lrc période, 1 p. c. par année. | 4e période, 4 p. e. par année.
» 2e » 2 p. c. » » | 5e période et
» ô* » 3 p. c. » » j au delà, 5 p. c. » »
» Art. 7. Il sera facultatif aux acquéreurs d’opérer à toute époque le
» rachat de la redevance, moyennant payement du principal, majoré de
» l’intérêt au taux de cinq pour cent par année.
» Le réglement de l’intérêt comprendra outre les années écoulées, Tannée
» courante en entier, quelle que soit la date du rachat; — et, du chiffre
» total, sera déduit le montant des annuités payées.
» Le rachat pourra aussi être opéré partiellement, dans les mêmes con-
» dirions, mais seulement à raison d’un ou de plusieurs dixièmes à la fois.
» Ar t. 8. La loi du 25 mars 1847 complétée par les dispositions qui précè-
» dent, est maintenue dans son intégralité.
» Art. 9. Il est ouvert au gouvernement un crédit de ...., etc., etc. »
Ce projet nous paraît bien conçu et, pour le réaliser, que faut-il?
seulement prendre des mesures plus énergiques, pour faire porter
à la loi du 25 mars 1847 tous les fruits qu’on pourrait en recueil-
lir, si elle était loyalement et rigoureusement exécutée. Mais jus-
qu’ici, il n’en a malheureusement pas été ainsi, et cette loi, conçue
dans un excellent esprit, n’a produit que de médiocres résultats.
« En 1847, dit M. Caremelle, il y avait en Belgique 162,896
hectares 80 ares et 60 centiares de terrains communaux incultes.
Pendant une période de neuf ans, les dispositions de la loi ont été
appliquées aux quantités que voici :
Boisement par les communes. . . . hect. 9,769,03,50
Terrains défrichés par elles .... » 3,109,37,00
Terrains partagés » 8,026,47,59
Terrains mis en location ...... » 8,974,91,33
Certes les auteurs de la loi du 25 mars 1847 s’attendaient à d’au-
tres résultats que ceux-là et ils étaient loin de penser qu’il resterait
à (Jéfricher plus de cent mille hectares de terrains communaux
en 1857.
M. Caremelle fait observer avec raison que le boisement, le dé-
frichement, le partage et la location par les communes, compre-
nant ensemble au-deià de 29,000 hectares, ne sont que l’expression
Aie l’intérêt purement local, et qu’il n’y a de significatif que les
23,000 hectares vendus; que, si, à travers les difficultés dont
l’opération est entourée, la persistance des acquéreurs est parvenue
à réunir un chiffre de 23,000 hectares, i! y a tout lieu de croire
que, pour ce chiffre, du moins, le but de la loi est complètement
atteint. D’un antre côté, on peut justement présumer que, sous le
premier jeu de la loi, les communes, en fait de boisement, de défri-
chement personnel, de partage de location, auront épuisé tout ce
qu’elles avaient de ressources et de moyens, pour éviter la vente,
et qu’en conséquence, il n’y a plus de salut pour les 109 hectares
qui restent à défricher, que dans la vente elle-même. Si on prend
pour point de comparaison ce qui a été réalisé par ce moyen, on
en vient à conclure qu’il faudrait un demi-siècle pour que la loi du
25 mars 1847 produisit tous ses effets.
Evidemment ce n’est point là ce qu’ont voulu le gouvernement
etz les Chmbres. En présence de semblables résultats, il importe
donc aujourd’hui qu’ils prennent des dispositions nouvelles, pour
qu’une loi qui devrait être féconde ne demeure/pas presque stérile.
Postes au\ Lettres.
Des lettres d’Amérique qui nous ont été exhibées, et portant sur
l’adresse ; par open mail viâ-Ostende, ont encore fait le' détour de
Paris et sont arrivées avec la surtaxe et 24 heures de retard.
Mais i! y a plus, ce ne sont plus les lettres de l’Amérique du
Nord seulement que Ton transmet de Londres par cette voie indi-
recte, nous avons eu en main une lettre du Brésil,arrivée ce matin
par Paris avec la surtaxe, au lieu de parvenir hier par la voie. d’Os-
tendc. C’est la première fois que ce fait arrive à notre connaissance
et nous y trouvons l’indice d’un vice ou d’une, négligence contre
laquelle il est urgent que le gouvernement réclame énergiquement,
car il en résulte un dommage sérieux et grave pour le commerce.
Nous ne saurions trop' le répéter, puisqu’une partie des corres-
pondances d’Amérique arrive le mardi par la voie d’Ostende, tou-
tes devraient parvenir en même temps. Il en est de même de celles
du Brésil, dont la masse est parvenue hier, et dont quelques let-
tres seulement semblent avoir fait le détour par Paris. C’est à Lon-
dres, an Post-Office, que se commet l’irrégularité, la négligence.
C’est là que doivent porter les investigations de nos agents diplo-
matiques et que le mal doit être prévenu.
Nous appelons sur ce point toute la sollicitude du gouvernement
et nous espérons être plus heureux sous le cabinet actuel que nous
ne l’avons été» sous le précédent, où les réclamations de la Cham-
bre de Commerce, comme celles des négociants et de la presse
sont restées sans résultat.
Le Moniteur publie un rapport adressé à M. le ministre des affaires étran-
gères par M. Henri Schutel, consul de Belgique à Nossa-Senhora de Desterro
(Brésil), el contenant le tableau des articles d’importation, celui des pro-
duits du sol et de l’industrie de la province de Sainte-Catherine, ainsi que
celui du mouvement du port de la capitale (Desterro). Le journal officiel pu-
blie en outre un rapport sur le mouvement industriel et commercial de l'Al-
lemagne, pendant Tannée 1856, adressé au même ministre par M. Rauten-
strauch, consul-général de Belgique a Cologne.
Fabrication d'électeurs.
Nous avons dit que le libéralisme devait se préparer de longue main h la
nouvelle lutte électorale qu’il aurait à soutenir dans dix-huit mois;'qu’ayant
à faire à des adversaires hardis, rusés, pour qui la fin a toujours justifié les
moyens, qui ne reculent devant rien pour maintenir leur domination ou
pour ta reconquérir selon l’occurrence, nous devions aussi nous montrer
actifs, vigilants, et ne pas — nous qui sommes les plus nombreux, et qui
avons pour nous l’opinion publique — nous laisser vaincre par ceux qui
n’ont pour eux que la ruse, la corruption, les écus. Nous disions encore que
c’était dans les Flandres que Ton devait surtout se montrer attentif aux
manœuvres de l’ennemi.—"Nous n’avions pas tort, car dès a présent la
campagne de 4859 est commencée, et Ton s’occupe sans relâche à préparer
ie terrain électoral. _
Un des moyens dont nos adversaires attendent- le pius do succès, c’est la
fabrication d’électeurs: Ou se rend dans une commune, on s’enquiert de la
cote de chacun des contribuables, on dresse une liste de tous ceux qui
approchent du cens exigé par la loi pour être électeurs; on voit qu’a celui-ci
il manque quatre francs , à un autre cinq , à un tel huit, ltien n’c-st plus
lacfie que d’atteindre le chiffre voulu ; l’un déclarera un foyer de plus, un
autre deux ou trois fenêtres, un troisième un domestique, etuinsi de suite.
Le fisc, qui ne réclame que lorsqu’il y a trop peu, ne réclamera pas alors
qu’il y aura trop, et le tour sera joué. 11 va sans dire que les censitaires
ainsi improvisés ne paient pas de leurs deniers le supplément de contribu-
tion qu’on leur impose, cela est l’affaire de ceux qui sont intéressés a la
fabrication en question ; on n’exige des premiers qu’un vote orthodoxe.
Voila nous assure-t-on, à quelles manœuvres se livrerait un parti qui
veut a tout prix reconquérir le pouvoir, et qui n’épargnera pour y parvenir,
ni peines, ni démarches, ni menaces, ni séductions.
Certes, nous n’engagerons jamais les nôtres à employer des moyens que
la probité politique réprouve, mais assez d’armes loyales sont à leur dispo-
sition, ne pas en faire usage serait s’exposer a un échec inévitable et mérité
par une coupable insouciance ou une trop grande présomption.
(Journal de Bruges.)
Impôts indirects.
ETAT comparatif lies évaluations des revenus k 1857 aitt les recouvremeuts faits au 31
(iéc/uilire de ladite année, el comparaison Jcs welles de l’année 185? avec celles
de Tannée 1856.
NATURE DES IMPOTS.
; i
j MONTANT. | MONTANT
DES
des évaluations llecouvremeiits
POUR
4857.
I
DF. L’ANNEE
4857.
Total.
Terrains vendus. .
» 29,879,79,51
» 23,396,51,44
ADMINISTRATION
des contributions directes.
Droits de douanes............
le sel....................
tes vins.................
les eaux-de-vie étrangères.
» » indigènes..
tes bières et vinaigres.---
te sucre ..
les glucoses et autres sucres
non cristallisables ..
les timbres de quittance et
\ depermis de circulation .
Di •. de'gar.desmat.d’or et d’arg
Droits d’entrepôt............
Recettes diverses............
Administrât de l’enregistrent,'.
Enregistrement..,
Greft'e
Hypothèques
Successions
Drtle mutat.s. les succ.cn lig.d.
— dûs par les époux survivants.
Timbre.........
Amendes........
Naturalisations
Produits des canaux et rivières.
Produits des barrières.
Ministère des travaux publics.
Produits des postes........ ‘
— du chemin de fer..
Ministère des affaires étrangères
et de la marine. '
Produits :
des b.kv.ent.Ostende et Douv..
des actes des commiss.marit..
des droits de pilot, eide fanal...
44,845,000
4.950.000
2.400.000
225.000
4.900.000
6.400.000
4.500.000
5,000
16,000
200.000
280,000
40,000 j
42,800,000*
213,000 !
2,200,000!
8.300.000 !
4.600.0001
125.000]
5.250.0001
280.000]
5,000
5,400,000]
4,720,000’
MONTANT
DES
Renumuirul*
DE I. ANiNé.E
1836.
Un ingénieur distingué, M. Thomé de Gamond, vient de publier un projet
de tunnel sous-marin entre l’Angleterre et la France qui a vivement attiré
l’attention du monde scientifique, et dont nous nous sommes déjà occupés
parce qu’il est aussi d’un intérêt général. Il paraît qu’il y eut un temps où
ce qui s’appelle aujourd’hui l’Angleterre n’était pas une île ; ce n’était point
ce navire, image heureuse de la liberté, qui peut aller toucher tous les ri-
vages, et qu’aucun rivage ne peut atteindre. C’était une langue de terré, un
lambeau à demi détache du continent européen, mais y tenant encore par de
profondes racines. Gomme si la nature eût deviné le caractère et le génie du
peuple qui devait un jour occuper ce morceau d’argile et de houille
comme si elle eut prévu que cette race, composée et pétrie de vingt races
diverses, serait celle de toutes qui aurait le plus invincible besoin d’être
■ elle-même, de se posséder elle-même, de se commander e;de s’obéir h elle-
même, et qu’elle voudrait être isolée par la mer comme par les mœurs, elle
travailla à ronger et à détruire, anneau par anneau, ia chaîne qui liait encore
la presqu’île à la terre. La mer, arrivant du nord et du midi, et trouvant
sur spn passage cette muraille insolente qui arrêtait ses embrassements se
jeta sur elle avec fureur ; avec ses vagues, comme avec un bélier, elle frappa
sans relâche et sans repos le pied des falaises. A chaque siècle, elle en em-
portait des morceaux ; elle minait, elle rongeait les rochers, la terre ci la
craie ; puis, la gelée aidant, elle en faisait tomber d'énormes blocs qu’elle
recevait dans sesbras avides,el alors elle iesbrovaitet les réduisait en pous-
sière, ou bien les laissait couler et s’en faisait un fit de galets gigantesques
Combien d’années, combien de siècles, combien de centaines de siècles
dura cette bataille des Siemens ? Les géologues disent six cents siècles Au-
près de ces guerres incommensurables de la nature, que sont les «uêrres
humaines? Qu’est-ce que la guerre de Troie ? qu’est-ce que les Croisades-'
qu’est-ce que la guerre de Trente Ans? qu’est-ee que les guerres de l’Em-
pire? Voilà un mur de terre qui, pendant soixante mille ans, supporte h-
siège et les assauts incessans de l’Océan ; Best démantelé morceau par mor-
ceau, siècle par siècle ; peu à peu l’eau se fraye un passage à travers les
crevasses, et accélère l’œuvre de destruction ; la brèche est ouverte et les
flots s’y précipitent. C’en est fait ! la terre n’est plus, et l’Océan vainqueur
se referme sur sa tombe.
Dans quels livres, dans quels Mémoires sont écrits ces combats de géans
ce duel séculaire de la terre et de la mer ? Ils ne sont point consignés dans
les annales humaines ; la nature, comme César, écrit elie-mème ses Com-
mentaires. C’est la terre qui a laissé, sur le lieu même desa chute, les té-
moignages.immortels de sa résistance; on dirait que l’élément vainqueur
par pitié on par lassitude, lui a permis de s’élever à elle-même sou monu-
ment avec ses propres ossemens.
Au milieu de ce passage que s’est frayé l’Océan et qui est devenu le détroit
il existe deux bancs sous-marins, connus des pêcheurs sous les noms dé
Colbert el de Varno,et dont lessommets ne sont par places qu’à 2 mètres de
profondeur à la basse mer, au point de produire des rides apparentes à sa
surface. . ..
L’aspect général des plateàux est celui de bancs sableux ; mais il existe
des lits pierreux stratifiés, immédiatement au-dessous de cette couche de
sable; exi tence démontrée par la grande quantité de roches qui présentent
autour de ces plateaux et sur leurs talus leurs fronts dénudés. Quand on
court vers ces bancs par un beau soleil et une mer calme, on voit la masse
liquide perdre successivement sa teinte sombre, et cette nuance devient plus
laiteuse à mesure que les talus de ces bancs s'élèvent vers la surface. Qrï
distingue confusément alors les roches, qui se détachent en teinte noire sur
le fond sableux, beaucoup plus clair. Plusieurs de ees roches, en groupes
isolés, ont une surface dépassant celle d’un navire. Il est même des points
où elles paraissent se tenir entre elles sans interruption, et former par pla-
ces comme un cordon de ceinture sur Taccore du banc.
Ces montagnes sous-marines sont les monuments qu’a laissés d’elle-même
la terre submergée; ce sont comme des grandes pyramides sur lesquelles
ellea écrit son histoire. L’honneur de M. Thomé de Gamond sera d’avoir su
lire ces caractères mystérieux, et comme les géologues qui avec quelques
ossements recomposent le monde antéduiivièn, d’avoir avec ees bancs de
roche et de sable, véritables ossements géologiques, reconstruit tout un
étage de terre disparu et englouti. La constatation de ia nature de ces bancs
était d’une portée immense pour le projet de percement. Jusqu’à présent or.
les avait attribués à des dépôts d’ensablements; on les avait assimilés aux
bancs voisins du littoral, ou bancs d’atterrissement.
Les ingénieuses et lumineuses recherches de M. Thomé de Gamond ont
prouvé que c’étaient au contraire des crêtes de collines, réduites el rongées
par un phénomène de dénudation successive, et qu’il propose d’appeler des
bancs dérosion. Cette découverte, car c’en est une, est la base de tout ie-
projet ; et comme le litre le plus sérieux et le plus glorieux de M. Thomé de
Gamond est d’avoir suivi une,marche véritablement scientifique en interro-
geant d’abord la géologie; comme ia principale originalité de son pian con-
siste précisément dans ces études préalables et fondamentales, nous croyons
devoir entrer à cet égard dans quelques développements que nous emprun-
terons presque toujours à son Mémoire,
MM. Murchison, Elie de Beaumont et Dufrénoy, dans leurs remarquables
travaux géologiques sur les formations jurasiques de la France, avaient
conclu au prolongement continu de ees étages et k leur liaison souterraine
avec les formations de même nature qui existent en Angleterre, conclusion
dont l’évidence est démontrée par la concordance des lalaises du Calvados
etdes terrains portlandiens du comté de Dorset. L’opinion de ees émineus
géologues est donc le premier regard de la science sur l’intéressante ques-
tion qui nous occupe, et ie point de départ pour l’étude géologique du de,
troit, qui doit précéder toute proposition sérieuse de passage souterrain.
C’est de cette donnée qu’est parti M. Thomé, et, dans une séance dé la
Société des ingénieurs civils, il en a dernièrement développé les congé,
quences de la manière ia plus intéressante.
« Le système de terrains stratifiés de la côte française, dit-ii, dans la
région du détroitde Calais, appartient à la période jurassique, et comprend
les différents étages de cette formation. Les affleurements de ees terrain»,
dans le territoire dont ia petite ville de Marquise occupe le centre
s’appuient, comme sur un chevet, sur un imposant massif de calcaire car-
bonifère fortement incliné sous l’horizon. Quand on observe l’allure de cette
formation jurassique, on la voit se diriger, avec une inclinaison beaucoup
moindre, mais qui est encore do 7 millièmes, vers la mer, sous laquelle elle
disparait au cap Grinez.
» Ce premier aspect indique nettement que ces couches jurassiques eon- ’
tinuent de s’enfoncer sous le détroit. La confirmation de cette donnée se
trouve justifiée par la présence, sur la côte d’Angleterre, du système
crayeux très puissant qui occupe dans la série géologique la zône supé- .
rieüre à celle des terrains jurassiques.
» En parcourant lesterrains crayeux de l’Angleterre, toujours dans la
direction du sud-est au nord-ouesl, conformes à l'allure des couches juras-
siques de la côte li ançaise,on arrive à la limite du système craveux dans ta
province d'Oxford, où Ton retrouve les terrains jurrassiques qui sortent suc-
cessivement de terre suivant le même ordre de superposition que celui des
terrains français. Les terrains jurrassiques dont les deux limites se relèvent
ainsi en Angleterre et en France, sont donc voilés sur la plus grande partie
deleur surface par les terrains crayeux dont l’épaisseur dépasse 200 mètres.
Dès lors il y avait un grand intérêt à étudier le raccordement souterrain de
ces dépôts jurassiques et les lois qui président à leur direction...
» ..... Les terrains jurassiques sont le produitti’anciens !imo-rt ....
lidésdans une mer locale, qui a recouvert jadis un espacq considér-iM®?
l’osest de l’Europe. Ces couches, tantôt argileuses, taiV.ot pierreuses lîiro t
être déposées, à.peu d’exceptions près, selonJea lois dfune horizon ta il fi
générale. Sur plusieurs points elles prirent jour en s’élevant au-dess sZ
mers par suite de soulèvement» locaux île lororce terrestre Sur rTa'ni r»
points elles fléchirent, tes unes subitement, les autres avec une eran*. ién
leur. Des dislocations, tantôt instantanées, tantôt successives, qui nous soi!
attestées par les traces qn elles ont laissées sur la terre, ont a rdusienr
époques de la vie du globe, déchiré sa surface et ouvert à travers sn»
écorce des issues à des épanchemens considérables de la substance inté
Heure. A mesure que la matière ignée, liquide ou pâteuse s’épanchait ainsi
elle se consolidait au dehors par le refroidissement, et formait autour de
l’Angleterre, d’imposans massifs cristallins, tels que l’Ecosse’ flrianrte
Cornouailles, la Bretagne, l’Auvergne, Tàrôte rhénane, la Bohême et là
Scandinavie.
» Ces grands épanchemens de la matière, durent laisser à l’intérieur da
les régions sous-jacentes de l’écorce, terrestre, des vides sur lesquels ce
15,096,933 67
5,074,097 70
.2,245,609 40
218,936 25
5,859,467 55
7,235,577 80
4,300,500 »
17,794 05
16,944 13
240,992 42
430,363 58
59,980 04
12,921,597 48
237,941 21
2,590,506 57
7,968,413 44
1,579,576 45
451,785 57
4,441,738 97
517,469 81
2,500 »
5,172,472 57
4,581,287 88
4,700,000' 4,267,535 69
23,780,000 24,363,155 26
110,000
50,000
605,000
111,209 54
54,911 17
741,345 70
Cornouailles, la Bretagne,
Scandinavie.
’ ’ ’ mens do la matière, durent laisser à l’intérieur, dans
. . s rie l’écoree terrestre, des vides sur lesquels cette
écorce, obéissant aux lois de la pesanteur, s’affaissa. Tout le système de
plancher do couches jurassiques existant alors dans la partie de l'Angleterre
objet de l’étude, système qui s’étendait aussi sur nne grande panîe d» ia
Surface occupée aujourd’hui par la France, flécHit profondément, et fini- '
mense cavité formée par cette dépression fût occupée par une autre mer'
qui déposa à son tour, avec une- lenteur incommensurable, cette prodi-
gieuse quantité de limons calcaires constituant les couches de terrains
crayeux.
» Ces terrains Crayeux forment donc actuellement une grande lentille
qui repose sur une cuvette dont le terrain jurassique oécüpe les bqftls et
le fond. Sous Paris, cette lentille de craie, traversée par le puits de-Gre-
nelle, a plus de 500 mètres d’épaisseur. La lentille paraît beaucoup moins
épaisse en Angleterre, où elle a été amincie par érosion à la nôtre Supé-
rieure. Elle ne dépasse guère, dans ce pays, une puissance de 200 mètres..»
Ces détails ne seront point trop longs pour ceux qui prennent intérêt aux
études géologiques; ils étaient d’ailleurs nécessaires pour préciser 1Ö
phénomène qui a produit l’état actuel des lieux soumis à l’exploration. Sans
les prolonger davantage, disons qu’étant donnée la liaison souterraine des
formations ooiitiquos de France et d’Angleterre, il restait à savoir comment
s’était produit le détroit ! Fallait-il l’attribuer à une grande faille sous-ma-
rine, due elle-même à une dislocation qui aurait troublé l’horizontalité des
dépôts sous le détroit ? Le détroit lui-même ne pouvait-il pas être l’orifice de
cette faille où seserait logée la Manche ? Dans ce cas, il fallait abandonner
l’idée du percement d’un tunnel. Ce fut alors que M. Thomé abandonna un
instant son projet de souterrain pour étuaier celui d’un isthme factice ; mais
ce fut précisément en concentrant ses recherches sur le massif submergé du
détroit qu’il arriva aux découvertes qui le ramenèrent au projet abandonné.
Il a décrit en détail, dans son Mémoire, les moyens dont il se servit ponr
reconnaître la nature des bancs du détroit. ' •
On ne saurait trop admirer le courage et la patience qu’il apporta dans
cette entreprise isolée, n’ayant pour aides que quelques oêcheurs, et une
jeune fillededix-sept ans« qui, dit-il, bravait avec zèle d’inevitables fatigues
pour suivre et assister son père. » Les fragments de rochers qu’il recueillit
à des profondeurs de 25 à 30 pieds furent reconnus pour des grès portlan-
118,938 68 diens, et il en put conclure, par une induction passant à la certitude, que
50,040 25 cette assise de grès portlandiens se prolongeait avec continuité sous le pla-
696,604 40 tenu sableux du Yarne. L’étage jurassiqueélail ainsi ressaisi par son sommet,
-------------- il fut possible de constater que la cuvette oolitique passait sous le détroit
11,925,306 31
3.023,740 66
2,124,441 48
244,016 40
4,445,273 01
6,443,860 84
4,118,955 29
3,099 78
4 6,2 i l 98
221,735 47
467,578 65
40,171 59
13,337,505 87
250,565 22
2,424,053 92
8,264,554 24
4,514,385 60
127,710 84
5,529,797 49
500,664 15
5,500 »
3,288,976 65
4,686,230 18
4,067,920 29
24,283,570 51
Total général, hect. 55,276,30,95 »
98,339,000 102,499,903 68 98,552,659 05
il fut possible de constater que la cuvette oolitique passait sous le i
sans déchirement, et d’estimer la profondeur à laquelle on pourrait rencon-
trer la couche de grande oolite sous la région de ces bancs.
Dès lors se dissipèrent les craintes que l’auteur du projet avait précédent- |