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*84®. — M.° 35®.
A3SVERS, Eandl ft Décembre.
Sixième Année.
LE PRECURSEUR
On s’abonne : à Anvers au bureau
du PRÉCURSEUR , Bourse Anglaise,
N.o 1040 ; en Belgique et à l’étranger
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A dater de ce jour jusqu’au 31 Décembre, le PRÉCURSEUR sera envoyé IMMÉDIATEMENT et GRATUITEMENT aux personnes qui s’abonneront pour le 1" Janvier 1841.
De PRÉCURSEUR publiera avant le 1S Janvier prochain et distribuera gratuitement à tous ses abonnés :
t« D’Etat général de la Marine Belge au 31 Décembre 1840 , avec des détails infiniment plus complets que tout ce qui a été publié sur ce sujet jusqu’à ce jour;
o. De tableau mensuel et semestriel des importations , exportations , etc. etc. au port d Anvers;
30 En Suppléments, plusieurs feuilles dites Tablettes du Précurseur ;
4» Dix-huit nouvelles inédites et n’ayant conséquemment paru dans aucun journal, soit du pays soit de la France. Ces nouvelles toutes d’auteurs favorablement connus ( PAUL DE MUSSET, ROGER DE BEAUVOIR ,
ALPHONSE ROTER , ERNEST FOUINET, HENRI BERTHOUD , ERNEST LEGOUVÉ , STEPHEN DE LA MADELEINE , HIPPOLITE LUCAS , LA COMTESSE DASH , OURRY , MARIE AYCARD , CLÉMENCE LALIRE , EUGÈNE GUINOT,
ARABLE TASTU , LOUISE COLLET REVOIE , VICOMTE WALSCH , ANAIS SEGALAS ET JULES JANIN ) , feront l’objet des prochains feuilletons , et comme toujours les feuilletons seront tels que la mère la plus scrupuleuse
puisse en permettre la lecture à sa fille. _ > #
ïff. B. De prix de l'abonnement au PRÉCURSEUR, seul Journal d’Anvers qui paraisse TOUS LES JOURS sans exception, est de 15 îr. par trimestre pour la ville.
S S décembre.
iæs m-:v*5Sïis me i,.% presse.
Lorsque l'intérêt publie nous inspire des réflexions sérieuses ou sé-
vères sur les choses qui lui sont favorables ou contraires : réflexions
toujours basées sur l’observation attentive des faits, nous sommes
animé davantage et encouragé à de nouveaux efforts par l’adhésion ou
la critique franche de nos adversaires loyaux ; nous ne sommes pas
rebuté par les grossières attaques de quelques aboyeurs malencontreux
et trop vulnérables. Nous ne répondons jamais à ces dernières. Mais
le Fanal combat aveede meilleures armes et sait les exigences du sa-
voir-vivre et des convenances dont un publiciste ne doit jamais s écar-
ter en émettant un grand jour les propositions qu’il juge vraies et
utiles.
Cette feuille a relevé dans un de ses derniers numéros le reproche
d’ultrà-matérialisme que nous lui aurions adressé: elle s’exprime de
la manière suivante :
....Les préoccupations ultra-matérielles du Fanal : nous acceptons
l’expression objurgative comme la meilleure preuve que nous repré-
sentons l’opinion la plus générale des masses, qui s’inquiètent aussi peu
des théories creuses qui se croisent par dessus leurs tètes, entre des
lutteurs d’élite, que la foule des joueurs de domino ne s’émeut des
grands coups d’échecs de nos modernes Philidors.
:> Les préoccupations matérielles et positives sont nécessaires à tout
le monde, et nous croyons rendre plus de service en soignant pour le
pain quotidien qu’en nous occupant de rubans et de dentelles :
Primo vivere, secundo bene vivere, tertio optime vivere.
!■ Voilà le besoin des masses,les fondements réels et les véritables pro-
grès de la société ; tout le reste en découlera de source.
d Que des messieurs qui ont tes pieds chauds et n’ont jamais éprouvé
les angoisses de la misère croient au-dessous d’eux de chercher à amé-
liorer le sort des masses, dont le malaise leur paraît chose fabuleuse,
cela ne nous étonne pas; et nous les félicitons de faire partie de cette
classe favorisée, qui n’a d’autre souci que celui de choisir entre les fê-
tes, les bals et les concerts. A force de regarder en haut, iis paraissent
avoir perdu de vue ces multitudes épaisses qui s'agitent sous leurs pieds,
dansles douleurs du besoin et dans la triste expectative de la misère.
n C’est là qu'il se trouve du bien à faire pour un journaliste. Il s’agit
bien de flatter l’amour-propre d’un orateur, de caresser les idées
de l’une ou de l’autre coterie, détourner des madrigaux en l’honneur
d’une danseuse et de s'extasier devant un violon ou une peinture, quand
la vie d'un million d’ouvriers se trouve mise en question chaque hiver.
i> La presse ne devrait avoir qu’une seule et grande voix pour récla-
mer l'organisation du travail et pour flétrir toutes les mesures restric-
tives du développement industriel et de L'association.
a C’est seulement alors qu’elle accomplirait un saint apostolat et pré-
parerait une transition nécessaire et sans choc au nouvel ordre social
dont le monde est gros en ce moment.
i. La presse, au lieu d’accabler de dégoût les hommes de cœur qui
mettaient leur gloire à faire de grandes choses dans la voie pacifique où
l’Europe sent le besoin d’entrer, aurait dû les encourager, les glorifier
même, au point d’engager tous les grands propriétaires à les imiter.
Mais au lieu de cela, le gouvernement et la presse se sont mutuellement
appuyés pour détruire à sa naissance l’esprit d’association ; pour tra-
vestir les intentions les plus nobles ; et, sans égard pour le malheur issu
des circonstances et de la force majeure des événements politiques, on
les a vus attribuer toutes les mauvaises chances à l’égoïsme, à l’intérêt
sordide des créateurs de cet admirable développement de travail et de
capitaux qui étonna, pendant plusieurs années, la Belgique et le monde.
FEUILLETON DU PRÉCURSEUR.
LE MAGE m HOMME HEUREUX,
(suite.)
De ce village sur les bords du Khône, dont vous avez vu quelques
doux aspects dans un livre que vous aimez, le Chemin de Traverse, nous
tombons sur Valence, sur Montéümart, jusqu’à Nîmes, côtoyant ce beau
Rhône, mon fleuve chéri, qui semblait me suivre en aboyant de joie
comme un dogue fidèle. Ce jour-là, l’eau était rare; le lit du fleuve était
à sec, les collines se montraient à notre droite, chargées de la prochaine
vendange enveloppée sous son feuillage jauni ; tout était joie et gaieté
et bonne humeur sur ces rivages qui vous fascinent au loin en chan-
tant. Nulle part, ni dans le fleuve, ni hors du fleuve, vous n’auriez pu
voir l’inondation de l’hiver. A chaque instant, dans cette sécheresse, on
se demandait pourquoi donc les villes étaient bâties si loin du rivage ?
Maintenant que ce même fleuve s’est déchaîné, maintenant que l’inon-
dation a passé sur ces beaux rivages, maintenant que lu dévastation est
partout, partout la ruine, qui pourrait, qui voudrait les reconnaître,
ces heureuses et tranquilles campagnes, ces fières cités, ces rives non-
chalantes ?
Levez la tête. Cette montagne découpée à jour, c’est un pont jeté par
les Romains sur un torrent auquel nous autres nous ferions tout au
plus l’honneurd’une planche. lime semble que je vois encore se dessi-
ner dans le ciel les arcades immenses du pontdu Gard. Pour bien faire,
il faut arriver là par le soleil couchant, qui resplendit à travers ces ar-
ches triomphales. Vous approchez de cette merveille dans le plus grand
recueillement ; vous avez à peine levé îes yeux au ciel, et déjà vous avez
le pressentiment de quelque chose d’étrange. Votre admiration, pour
être confuse encore, n’en est pas moins vive et puissante. — Nous pas-
sons le pontdu Gard,aussi petits que si nous l’avions traversé à genoux.
Ces grands Romains, quels hommes ! Il leur failait un pont là, ils en
élèvent trois. Ici rien n’est à décrire, car la plus petite pierre, le moin-
dre gravier tombant de ces hauteurssur la plus magnifique des descrip-
tions, vous la briserait comme verre, puis, une fois écrasé, achève-moi
situ peux ta phrase commencée, mon pauvre ami. Seulement il faut
vous dire une barbarie de ce pays-ci. Ils ont donc en toute propriété
le pont du Gard ; ils ont à eux ces trois chefs-d’œuvre superposés l’un
sur l’autre ; ils ont tout ce silence environnant ; ils ont ce flot brutal
qui bruit entreces roches sauvages, pendant que les roches même,tou-
tes chargées de leurs arbres noirs et vues à travers les grandes arches,
vous produisent l’effet de ces pots de réséda que place la jeune grisette
parisienne sur la fenêtre de sa mansarde. Ils ont donc tout cela, toute
cette terre ferme bâtie par les Romains sur un torrent qui ne méritait
certes pas tant d’honneur. Eh bien ! eux, les mortels d’Arles, eux les
d Tout cela est fini aujourd’hui ; le dégoût s’est emparé des homme3 1
de dévouement ;on|attendra long-temps après la renaissance du socia- I
Iisme.
» Le repos de la tombe, ou la résurrection de la misère publique, telle
est la perspective réservée à la Belgique, si elle ne se hâte d’entrer dans
l’union douanière de l’Allemagne, de la France ou du moins de la Hol-
lande. Nous nevoulons pas de la première, on ne veut pas de nous dans
la seconde, il ne nous resle plus que la dernière que nous n’avons pas
encore tentée,
» Quoiqu’il en soit, nous le disons seulement quelques jours à l’a-
vance, la Belgique ne saurait vivre dans l’isolement : son industrie a
besoin de se dilater, de déborder, sous peine d’asphyxie. »
U Comme on le voit, le Fanal se fait un mérite de ce que, à ses yeux,
fnousavons paru lui reprocher. Mais nous a-t-il bien compris ? Avons-
nous jamais conseillé à la presse de négliger les intérêts positifs de la
société ? Nous-même avons-nous érigé ce précepte en exemple? Com-
bien de fois n’avons-nous pas demandé l’organisalion du travail,
l’emploi des moyens coercitifs et curatifs de la misère? Quand avons-
nous combattu l'esprit d’association et le développement de la liberté
commerciale? Nous sommes-nous jamais abstenu, surtout dans la
dernière crise politique à peine calmée, d'exprimer le désir de la paix ?
La paix en principe se trouve chaque jour inscrite sur notre feuille.
Mais à côté de ces immenses besoins, de ces intérêts, il en est d’au-
tres. Ces derniers, nous reprochons au Fanal d’en faire trop peu de
cas. Il ne s’agit pas ici de s’extasier devant un violon ou une pein-
ture, ni de tourner des madrigaux en l’honneur d’une danseuse,
il s’agit pour nous de la poésie, des arts et des sciences. L’homme ne
vit pas seulement de pain, il est pour lui d’autres besoins que
la satisfaction de ses appétits physiques. Les uns et les autres concou-
rent au bien-être de la société et,protégés avec une égale sollicilude.dé-
veloppés parallèlement, ils s’harmoniseraient et conduiraient le chœur
de la civilisalion au but providentiel de l'humanité.
Ce serait un grand tort que de faire fi de Rubens dans le passé, de
Vieux-Temps dans le siècle. L’art est utile. L’industrie elle-même
est un art. La Belgique est jeune,forte, elle sera puissante et compacte.
Mais elle a besoin avec du travail, de science, de lumière et d’idéal..
Les étouffer, ce serait la pousser au suicide.
CSÏME.
Une dépêche du commodore Bremer, datée du Wellesley, île de Teu-
san (Chine), le 6 juillet, rend compte de la prise de cette possession
chinoise par le JFellesley, le Conway, l'Alligator, Cruizer, Algerine,
Rattlesnake, Jounghèbe, et les bateaux à vapeur l’Atalanthe et the Queen.
La canonnade n’a duré que 7 à 8 minutes. 11 n’y a eu qu’un marin blessé
à bord du Conway. Les navires ont été touchés à diverses reprises,
mais sans dommages sérieux. (Morning-Herald.)
— L’amirauté a reçu du contre-amiral G. Elliott et du commodore
Gordon Bremer, des dépêches dont nous croyons devoir extraire ce qui
suit
Déclaration adressée par le commodore Bremer et le général Burrett,
aux autorités chinoises.
Bremer commandant en chef des forces navales britanniques; Burrett,
commandant en chef des forces de terres, ont l’honneur d’informer S.
Exc. le vice-amiral, qu’ils sont arrivés par l’ordre de la souveraine de la
Grande-Bretagne avec des forces de terre et de mer imposantes pour
opérer un débarquement et s’emparer de l’ile de Tinghae et de ses dé-
mortels decinq pieds et quelques pouces tout au plus, qui le croirait?
ne se sont-ils pas avisés de construire de leurs frêles mains un pont de
leur façon pour faire concurrence au pont du Gard ! C’est une dérision
bien étrange ! Et cela sous quel prétexte ? sous prétexte qu’011 gagne
t une demi-lieue. Gagner une demi-lieue et ne pas passer sur le pont du
Gard ! Mais, en ce cas, pourquoi donc comptez-vous la grandeur des
chefs-d’œuvre, le respect et la majesté du passé ? A quoi donc peuvent
servir ces merveilles du monde, si des mirmidons doivent leur faire
concurrence ? de quel droit, quand les Romains ont placé ces longues
arcades entre le ciel et la terre, vous amusez-vous, vous, pygmées, à
parodier ces blocs de pierre par ces misérables planches suspendues à
des fils gros comme le doigt et qu’un souffle emporte ? Je sais bien que
vous faites des monuments à votre taille; mais puisqu'enfin vous en
avez là, dans vos champs, qui ont été faits à la taille des Romains de
César, pourquoi donc 11e pas vous en servir ? Vous gagnez une demi-
lieue, c’est vrai; mais aussi vous perdez le respect et la contemplation
du passé.
Nous avons traversé le pont du Gard, la tête nue et dans une con-
templation muette; une lieue plus bas, nous avons à peine regardé cet
autre pont chancelant qui vacille sur ses quatre morceaux de fer. —
La ville de Nîmes est toute remplie de ces vestiges des Romains, mais
ici vous tombez dans un autre excès : hors de la ville on ne veut plus se
servir du pont du Gard ; dans la ville même, on se sert beaucoup trop
des arènes, de la Maison Carrée et du bain des Dames Romaines. Il fau-
drait, pour que tout respect leur fût rendu, que ces grands monuments
ne fussent pas exposés nuitetjourà l’insipide bourdonnement des hom-
mes ; l’homme rapetisse ces immensités, lorsqu’il les approche de trop
près. Ainsi, dans la Maison Carrée, ils ont installé une exposition de
peintures modernes et de broderies ; cette Maison Carrée est un élégant
édifice isolé d’autres monuments qui l’entouraient. La maison est ornée
d’un gardien qui s’est fait antiquaire, moins par goût que par métier.
Une fois antiquaire, ce digne gardien s’est cru obligé d’écrire deux
gros volumes sur la Maison Carrée, et ces volumes une fois imprimés,
malheur au visiteur ! on lui demandera sa petite souscription pour ce
bel ouvrage.
Or, véritablement, deux volumes pour prouver ou pour ne pas prou-
ver que deux clous fichés dans le mur extérieur signifient ou ne signi-
fient pas princepsjuventutis, prince delà jeunesse, c’est abuser delà
permission d’écrire, même aujourd’hui où tout le monde en abuse. Ces
deux clous ont fait passer bien de nuits blanches aux savants de la con-
trée. L’un dit : les clous représentent un L. — Non, dit l’autre, c’est
un M. — Celui-ci dit : c’est un G. — Celui-là : c’est un N. — M. Pelet,
qui est le plus habile représentant de ces fragments antiques, et dont
vous avez vu, à la dernière exposition de l’industrie, les arènes de
Nîmes en gros blocs de liège, M. Pelet est persuadé que cet M est un C,
pendant que M. Séguier, autre antiquaire, homme excellent et bien-
veillant s’il en fut, est mort convaincu, jusqu’au jour de la résurrec-
tion éternelle, que ce C est un M. Est arrivé sur l’entrefaite, à la
pendances; si les habitants ne nous résistent pas, nous respecterons
leurs personnes et leurs propriétés. Cette mesure est devenue néces-
saire par suite des procédés outrageants des magistrats supérieurs de
Canton, Lin et Tang, envers le surintendant Elliot et d’autres sujets
britanniques dans le courant de l’année dernière.
11 est indispensable à la sécurité des vaisseaux etdestroupesbritanni-
ques que V. Exc. livre immédiatement l’ile de Tinghae, ses dépendan-
ces et forts. Nous vous sommons en conséquence de la livrer sans hési-
tation pour éviter l’effusion du sang. Si vous refusez, nous serons
obligés d’employer la force pour nous en emparer. Le messager qui
vous remettra cette lettre, n’attendra que pendant une heure votre ré-
ponse; ce temps écoulé sans réponse, nous commencerons sur-le-
champ un feu terrible contre l’ile et les forts.
4 juillet 1840. Signé J. J. Gonnox Bremer.
George Burrett.
(Standard.)
— La même sommation a été adressée au premier magistrat du dis-
trict de Téchusan et au commandant de la ville deTinglm. (Idem).
— Le contre-amiral Elliot annonce dans une lettre écrite à bord du
Melville, port de Chusan, en date du 17 juillet, que les habitants de la
ville et des faubourgs de Chusan qui s’étaient retirés en masse à l’arrivée
des troupes anglaises reviennent mais lentement. Les autorités britan-
niques continueront à faire tous les efforts imaginables pour ranimer la
confiance des indigènes et les protéger dans leurs paisibles travaux.Les
habitants de la campagne sont complètement rassurés, ils apportent
une grande quantité de provisions au marché.
AACIiETEKKi:.
Losdres,18 décembre. — Nous savons que lord Auckland a offert der-
nièrement à la cour des directeurs sa démission des fonctions de gou-
verneur-général de l’Inde, et que sa démission a été acceptée. Cette
nouvelle est arrivée à Madras par la dernière poste d’Angleterre. L’ho-
norable T. C. Robertson, membre du conseil suprême et gouverneur
député du Bengale, est nommé pourle remplacer provisoirement, fonc-
tions qu’il continuera à remplir jusqu’au mois de septembre 1843, épo-
que à laquelle expire son mandat comme membre du conseil suprême
et gouverneur député du Bengale. (Calcutta Courier.)
— Avant-hier une femme a tenté de s’introduire dans le palais Buc-
kingham; en ayant été empêchée par la sentinelle, ellea tiré de dessous
ses habits une sorte d’épée courte dont elle a essayé de frapper la senti-
nelle, qui est parvenue heureusement à éviter le coup. Cette pauvre
folle a été désarmée par la police et conduite au bureau du ministère do
l’intérieur. Il parait que c’est une dame allemande, du nom de comtesse
de Resterlitz, dont le mari et les deux fils sont au service de Prusse, et
qui se figure avoir des droits incontestables au trône d’Angleterre et
que tous les palais lui appartiennent. Ellea mémeécrit à lord Melbourne
pour obtenir la restitution des palais de Hampton-Court. Elle a vécu
quelque temps avec grand étalagea Burlington-IIotel avant qu’on ne
s’aperçût de son état d’aliénation mentale.
— Les journaux de New-York rapportentqu’une nouvelle révolution
a récemment éclaté à la Nouvelle-Grenade, à la suite de laquelle cet état
s’est de nouveau subdivisé en plusieurs états indépendants.
— M. Mahé de Lahourdonnais, connu dans toute l’Europe comme le
plus habile joueur d’échecs, est mort, ces jours derniers, à Londres où
il s’était rendu pour soutenir un pari contre les plus forts joueurs do
l’Angleterre. Il n’était âgé que de 47 ans, et a succombé à une hydro-
pisie. Il avait subi plusieurs lois la ponction.
— L’enfant qui a été tout récemment trouvé caché dans le palais de
Bnckingham voulait, à ce qu'il paraît, publier une relation com-
plète de son excursion au travers des appartements secrets de la jeune
reine d’Angleterre.
— Qu’alliez-vous faire au palais? lui demandait l’un des magistrats
chargés de l’interrogatoire.
Maison Carrée, un homme qui possède plus d’esprit à lui seul que
tous les antiquaires réunis de ce monde, M. Mérimée, l’inspecteur de
ces reliques du vieux temps, et, avec celte bonne grâce qui ne le
quitte jamais, M. Mérimée a mis d’accord les M et les C — car, dit-il, cet
M n’est pas un C, et ce C n’est pas un M; il s’agit d'un L, Lucius Vérus,
prince delà jeunesse ; personne n’a raison, ni M. Pelet, ni M. le prési-
dent Séguier. — A ce mot de président Séguier, inadvertance bien in-
nocente d’un honnête Parisien tout habitué à ne reconnaître qu’un seul
Séguier dans le monde, celui qu’on appelle tout court monsieur le pre-
mier président Séguier, voilà le portier de la Maison Carrée qui s’em-
porte dans son livre contre M. Mérimée ; j’ai vu le moment où il allait
lui dire:— Président vous-même ! De bonne foi, pour en revenir à
notre dire, si ce monument du beau temps romain avait été plus éloigné
de la ville, pensez-vous qu’il eût donné lieu à cette dispute de clous, de
portier et de président ? Non ; le monument eut été protégé par le si-
lence, par l’espace, par la douce clarté de l’astre pâle dans le ciel, par
le vent du soir qui soupire dans les bois.
Autre exemple encore. Rien n’est curieux à voir, à Nîmes, comme les
bains des dames romaines, dans le jardin public de la ville. Ce sont des
galeries voûtées, des chambres spacieuses, des bas-reliefs, des statues,
tout le bien-être élégant et riche de cette civilisation asiatique, si sa-
vante dans les délices de l’Orient. Eh bien ! dans ces jardins où la pous-
sière tourbillonne, tout rempli de ces eaux peu limpides, exposé à cet
ardent soleil le bain des dames romaines a perdu toute sa poésie. Il est
impossible, en effet, de se les représenter, ces grandes dames dans ces
marbres mutilés, dans ces eaux fangeuses, dans ces grottes sans mys-
tères, dans cette poussière, dans ce soleil. En vain vous les appelez de
la voix en récitant les plus vifs passages de l'Art d'aimer d'Ovide, ou les
plus molles élégies de Tibulle, rien n’obéit à ces évocations magiques ;
rien ne vient, ni la maîtresse, ni l’esclave, ni la causerie romaine, ni le
repas, ni les cosmétiques, ni les parfums; ce bain, creusé là par les
vainqueurs des Gaules, n’est plus qu’une école de natation à l’usage des
Nîmois les moins lavés. Non certes, parmi ces baigneurs, pas un ne res-
semble au protégé de M. Mérimée, Lucius Verus, prince de la jeunesse
en effet, car si celui-là ressemblait à son buste, il était le plus beau des
Romains.
Il y avait aussi, tout au sommet du jardin, une espèce de mausolée
sans nom, une masse informe, mais belle, à force d’étre grande,
qui était là comme un vaste problème. Pour ce monument étrange
et sans explication possible, chacun avait à part soi son explication,
son commentaire. Mais le voisinage des hommes a été funeste à ia
tour Magne. Le jardinier, plus curieux que les autres antiquaires, a
voulu savoir enfin ce que renfermait cette masse, etil Faéventrée, c’est
le mot, à coups de pioche. Vous pouvez voir encore cette large plaie ;
heureusement le maçon n’a pas trouvé l'âme cachée dans ce corps:
il en a été pour ses peines ; cependant, ainsi démantelée et percée à
jour, la tour Magne reste debout, ruine qui défie les siècles, protégé*
comme elle l’est par le nom et surtout par leciraent romain. |