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liC Précurseur
I
un* somme de 10,000 fr. près d’une fontaine de la place de la Concorde.
Cette somme devait être portée là par un militaire qui y aurait attendu
que l'on vint auprès de lui en lui disant : Déposez...
En recevant celte lettre, le maréchal ... se rendit immédiatement
près de M le préfet de police, auquel il remit la singulière missive,
qui motiva de la part de ce magistrat des mesures de nature à procu-
rer l'arrestation de son auteur s'il avait l'audace de pousser jusqu'au
bout celtesingulière tentative.
A sept heures du soir, tous les abords de la place de la Concorde
étaient exactement surveillés, lorsque l’on vit déboucher de la rue de
Rivoli et se diriger vers la fontaine indiquée, un jeune homme d’un
extérieur distingué, complètement vêtu de noir, et qui, le visage pâle,
l'air profondément ému. s’arrêta un instant au pied de l'Obélisque en
promenant sur toute l'étendue de la place un œil inquiet. Kassuré sans
doute par ceLte sorte d'inspection préliminaire, il marcha droit devant
lui jusqu'au pont, revint sur ses pas et s'appuyant sur la vasque de la
fontaine, près d’un militaire qui paraissait en considérer les sculptu-
res, il lui adressa quelques questions indifférentes, et comme le soldat
ne lui répoudail pas : » Déposez ! » lui dit-il d'une voix impérative.
A ce mut, le soldat, sc courbant jusqu'à terre, déposa à la base de la
fontaine un petit paquet que le jeune homme se mit aussitôt en devoir
de ramasser ; mais avant qu'il eut le temps de le ramasser, quatre
agents de police, apostés à distance et qu'il n'avait pu jusqu'alors aper-
cevoir, se précipitèrent vers lui, et le saisirent au moment où il mettait
la main sur le paquet, et avant qu'il pût le décacheter.
Cet individu, qui avait d'abord refusé de dire son nom. ayant été
amené immédiatement à la préfecture de police, a déclaré se nommer
Dalini, être né en IMémont, être âgé de vingt-un ans, exercer la pro-
fession de négociant en coton filé et avoir été domicilié en dernier lieu
à Zurich. C’est le 27 décembre seulement qu’il est arrivé à Paris, où il
s’esL logé dans un des meilleurs hôtels. S'il faut l'eu croire, il avait réa-
lisé en quittant la Suisse une somme de 12,000 francs, qu’il portait en
billets de banque dans son portefeuille.
Après avoir suivi pour itinéraire Coblenlz, Bonn Bruxelles, il s'aper-
çut en descendent du chemin de fer du Nord, que sou portefeuille
avait été perdu ou voté Se voyant alors sans ressources sur le pavé de
Paris. Il eut d'abord l’idée de s’adresser à l'ambassadeur de sa nation,
puis la mauvaise pensée lui était venue de tenter d’extorquer au maré-
chal. ... dont il avait entendu vanter en Suisse et à Turin la grande
fortune, une somme qu’il espérait pouvoir lui rendre plus lard eu la
faisant prospérer dans le commerce.
Ce jeune homme, qui manifestait, un grand repentir, et versait d’a-
boudautes larmes eu faisant ce récit, n'avait sur lui que 30 centimes au
moment où il a été arrêté. Ces papiers, correspondances et passeports,
saisis à son logement, ont constaté qu'il disait vrat quant à sou nom,
à sa profession et à son itinéraire.
— On lit dans le Courrier Français :
On nous donne comme certain que le conseil des ministre a ratifié
les conventions inlervenuesentre Abd-el Kader et M. ie duc d’Aumale.
Celle nouvelle, arrivée à Toulon par le télégraphe, aurait été annon-
cée officiellement à l'émir, qui, assure-t-on, a opté pour Saint-Jean-
d’Acre. Aussitôt, un vapeur serait partir pour Couslanliuuple, avec
des dépêches du gouvernement français pour uotre ambassadeur. On
dit que ces dépêches prescrivent à M de Bourqueney de s'entendre
avec la Porte, pour faire surveiller Abd-el-Kader !...
Cette surveillance serait cumplètement illusoire. La petite ville de
Caïffa qui sert de port à Saiul-Jeau-d'Acre (elle n’en est éloignée que
de huit kilomètres), a des rapports continuels avec les côtes du Maroc
et de l’Algérie. Il est évident que l'émir, lorsqu’il jugera ie moment fa-
vorable, y trouvera toutes les facilités nécessaires pour s’embarquer
et pour rentrer en Algérie où il recommencera les hostilités.
UOLLAAiOE.
llulletin delà bourse d'Amsterdam, du (O Janvier. • En fonds
hollandais, on a fait peu ou point d'affaires. Les prix sans variation
Les fonds espagnols offerts en baisse, avec passablement d’affaires
en Ardoins et coupons.
Les Portugais faibles et les Russes offerts en baisse.
BELGIQUE.
Brcxeu.ks, IOjan»ier. — Ce matin vers 10 heures , un polonais
nommé Michel Krynkiewiez, se présentait au palais du roi e» demanda
au concierge l'autorisation de parler au roi. On lui objecta en vain que
S M était absent, il voulait dit-il, visiter ses appartements ; le portier
fut obligé de faire venir deux des factionnaires pour l'expulser.mais au
moment où on allait le prendre par le bras. Krynkiewiez lira de sa poi-
trine un pistolet et lâcha un coup de feu sur le concierge, qui ne fut
point atteint et qui se sauva précipitamment, les deux soldats arrêtè-
rent cet homme et le trouvèrent porteur d un deuxième pistolet
chargé.
Il a été reconnu aussitôt que l’auteur de cet attentat n'était qu’un
malheureux insensé qui venait de sortir d’un dépôt d'aliénés. Il a été
cpndoil au bureau de police où on l’a fo.illé entièrement ; on a trouvé
Sur lui une boite de capsules, un étui en fer blanc avec poudre et bal-
les, un sifflet en ivoire, une petite trompette, dite harmonica et deux
portefeuilles II a été conduit au cabinet du juge d'instruction, où il a
subi immédiatement un interrogatoire.
— Samedi soir, quelques mauvais plaisants avaient renversé ruede
la Madeleine une pièce de vin vide qu’un marchand avait laissée sur le
trottoir, devant son magasin. Entraînée sur la pente, elle a roulé jus-
qu’au bas de la rue, acquérant dans ce mouvement une vitesse extrême-
une dame, atteinte par derrière, a été renversée et s’est fait en tom-
bant sur le pavé une blessure grave à la tête. Ou a dû la transporter
chez elle en vigilante.
— Nous avons été induits en erreur en annonçant qu'un malfaiteur
avait été arrêté chez M. le curé de la Chapelle. M Willaert vient
d’écrire lui-même au Journal de llruxellei que ce fait est complètement
iuexacl.
peinture, annoncée dans les journaux; les salles qui précèdent le jar-
din ne sont pas entièrement terminées. C’est là, sur la façade des
Champs Elysées, que seront les salles de bal et de concert, avec une
immense galerie découverte, au premier étage.
Le jardin lui-méme est d’un aspect délicieux. Les minces colonelles
de fer qui soutiennent la voûte transparente, s’élancent comme des
fusées à perle de vue, s’entrecroisent comme un léseau léger au-des-
sus de vos têtes, portent à mi-hauteur une galerie suspendi<e,régnant
tout autour de la serre, et d'où tombent des cascades de feuilles et de
fleurs Après une immense rotonde entourée de parterres, de buissons,
d’arbres et de fontaines, le jardin se prolonge au midi par une verle
pelouse que termine un bassin avec un jet d’eau jaillissant presque
jusqu’au dôme de verre. Des arbres rares, des plantes tropicales et
une foule de riches végétations s’étalent e. bonne sanlé dans ce pa-
radis terrestre. Çà et là, quelques marbres ou des groupes en bronze,
comme dans un parc, des volières et des pièces d’eau, des rochers et
des grottes artificielles. Ces rocailles ne sont pas du meilleur goût,
mais elles seront bientôt envahies et dissimulées par les gazous, les
mousses et les guirlandes de fleurs naturelles.
Comme construction, le Jardin d’Hiver est une nouveauté Le bois
et la pierre sont presque emièrement proscrits de cette architecture
légère. Les vastes toitures du chemin de fer de Rouen se rapprochent
du même procédé. Les nécessités de noire époque ont enfin forcé les
architectes à inventer un nouveau système et à combiner d’autres ma-
tériaux L’Angleterre a été la première à utiliser le 1er à profusion dans
ses édifices C’est là. sans contredit, l’avenir de l’industrie architecto-
nique. L’homme a commencé par se faire des chalets et fies chaumiè-
res avec les arbres qu’il avait sous la main. Après le bois il a employé
la pierre avec laquelle le moyen-âge religieux et féodal éleva des mer-
veilles. Aujourd’hui nous en sommes aux palais de fer.
Les maçons du Berri et du Limousin seront bientôt invités à ne pas
se déranger et à cultiver tranquillement leurs terres, au lieu de venir
à Paris poterie mortier et manier la truelle. Bientôt on pourra com-
mander ses maisons dans les usines de foute, et le roulage vous appor-
tera toutes les pièces d'une habitatiou confortable. Il n’y aura plus
qu'à les ajuster ensemble.
Anvers, II janvier.
La navigation se trouve entièrement interrompue. Le bateau à va-
peur Princets Fictoria, arrivé hier ne repartira pas demain. Le ther-
momètre marquait ce matin 6 degrés. Des navires en destination de
ce port se sont dirigés sur Oslendc et Terpeusen.
La police locale a arrêté hier après-midi un individu, prévenu
d’avoir maltraité sa femme accouchée depuis quelques jours. Il a été
mis à la disposition de M le procureur du roi.
— La direction de la société Guillaume-Tell,a pris une résolution qui
sera certainement approuvée par tous ses membres Elle v&mt d’ou-
vrir une liste de souscription dont le produit servira a faire des distri-
butions de pain, etc. aux pauvres. Cette liste sera présentée à tous les
sociétaires.
— Ou sait que M Donny, agrégé à l’Université de Gond, a décou-
vert des procédés pour reconnaître la pureté ou la falsification des
céréales II avait été chargé par M. le ministre de la marine de France,
d'une mission qu’il a accomplie en parcourant les principaux ports, et
partout les expériences qu’il a faites ont confirmé l’exactitude des
moyens qu’il emp'oie pour découvrir les falsifications. S. M le Roi des
Français, sur le rapport qui lui a été fait du service que la marine doit
à M. Donny, vient de lui accorder la décoration de laLégiou d'honneur
— Ou écrit de Liège 10 janvier :
Samedi dernier, un sac contenant une somme de 1100 francs a été
enlevé d’un coffre d’un camion de MM. Van Gend et compagnie, pen-
dant que les facteurs étaient occupés à faire aux négociants la dislri-
bution de paquets des marchandises Grâce à l’activité de M Guillaume,
commissaire de police du quartier du Nord, la somme a été retrouvée
dans la journée au domicile du nommé C. . aide camionnier, domicilié
ruede la Boucherie L’épouse du nommé C... avait cousu daus les vê-
tements qu’elle portait toute la somme soustraite.
C. . et sun épouse ont été provisoirement déposés dans la salle d’ai-
rét communale.
— M le comte de Furslenberg et M. le conseiller de régence de
Munch Belliiighausen ont été chargés par la commission de l’associa-
tion de l’achèvement de la cathédrale de Cologne de se rendre à Berlin,
dans le but d'inviter le Roi de Prusse à assister à la grande fête,qui sera
célébrée à Cologne au mois d’août de l’année prochaine. M. le prési-
dentde Groole, de Cologne, est chargé de rédiger en langue latine
l’invitation qui sera adressée au Pape Pie IX, pour le prier d’honorer
aussi de sa présence cette solennité.
— La Gazelle de Prusse annonce l’arrivée de M Nothomb ministre de
Belgiqtic,el le départ pour Munster du général de Pfuel, commandant
du V corps d’armée et gouverneur pour le roi de Prusse de la princi-
pauté de Neufchâlel.
— Ou lira avec intérêt, croyons-nous, les détails très curieux qui
Suivent, donnés par un chroniqueur du Conslilulionnel sur la prome-
nade d’hiver qui vient d'être créée dans les Champs-Elysées, à Paris.
Les serres que nous possédons peuvent servirà en donner quelqn'idée;
seulement le système doit avoir été immensément agrandi et perfec-
tionné; et nous y retrouvons l’emploi de la fonte que nous avons, â plus
d’une reprise, approuvé et recommandé dans notre pays ;
encore à ses visiteurs l’exposition de
Notice biographique sur Abd-el-Kader.
(Suite. — Voir notre n° d’hier.)
Le général Trézel, nouveau gouverneur d’Oran, aujourd’hui minis-
tre de la guerre, considérant l’excursion d’Abd-el-Kader comme la
rupture de ce traité, funeste à la France autant que devait l’étre plus
tard celui de la Tafua, se hâta de marcher coatre l’émir à la tête de
trois mille hommes.
Abd el-Kader, prévenu, chargea un espion qu’il entretenait auprès
du général français, et que celui-ci avait eu le malheur d’accepter
comme guide, de conduire notre colonne dans uneembuscade. Il la
dirigea en effet à travers un terrain humide, cédant de plus en plus
sous les pieds à mesure qu’on avançait,et se terminant par une vérita-
ble fondrière entourée de taillis épais où se tenaient cachées les trou-
pes de l’émir. Il était trop tard pour s'arracher sains et saufs de ce lac
de boue, lorsque le général Trézel reconnut la trahison. Des nuées
d’Arabes, sortant des taillis et bordant tout à coup trois côtés delà
fondrière, fusillaient à leur gré nos infortunés soldats, qui tombaient
sans défense possible sons la grêle des balles ennemies.
Ce fut un massacre de victimes et non un combat. L’arrière-garde,
heureusement, n’avait pas atteint la mauvaise partie du marais, et elle
intervint à propos pour sauver les corps engagés, d’une perte certaine.
Elle dispersa les rangs d’Arabes qui avaient cherché à l’envelopper
aussi, et aida le centre et l’avant-garde à se dégager et à effectuer leur
retraite. Le lendemain, ta colonne affaiblie et toujours poursuivie,
éprouva des pertes encore plus considérables et faillit même périr
tout entière dans une gorge de montagnes près de la Macla. Par ces
deux victoires, qui coûtèrent la vie à 1,505 Français, l’émir devint un
dieu aux yeux des Arabes, même pour ceux qui s’étaient d’abord in-
surgés contre ses réformes.
Ce fut le moment où le général Clause! prit possession du gouverne-
ment de l’Algérie. Vous croyez qu’il va s’empresser de punir Abd-el-
Kader... Erreur! Le maréchal suppose que celui-ci n'existe pas, et
marcheà l’autre bout de l’Algérie, dans une contrée où l'autorité de
l’émir est inconnuu : il va faire le siège de Conslantine.
Constanline résista. Notre armée de siège fut réduite à effectuer
une retraite qui ressembla beaucoup à une déroule,et nous condamna
pendant plusieurs mois à la plus modeste, à la plus humiliante défen-
sive.
Abd-el-Kader eut alors plus de liberté que jamais pour continuer
son œuvre.
Il institua des kalifas à Médéah, Milianah, Tlemcen, et il fortifia ces
places. Il établit le plus d’ordre possible dans toutes les branches des
services publics, et notamment dans la levée des contributions pour
former, lui aussi, un trésor de l’Etat.
Il érigea en lois écrites la plupart des coutumes qui lui paraissent
les plus propres à concentrer dans ses mains une grande puissance
d’unité.
Il n’eut pas, comme Napoléon, la gloire d’attacher son nom à cinq
codes immortels, mais il eut son code aussi, son code militaire, dont
toutesjles pages témoignent de sa rare aptitude à gouverner des sol-
dats
Ce fut à celte époque que les progrès de ses troupes pour les évolu-
tions d’ensemble commencèrent à marquer. Il parvint même à établir
un curps de troupes tout à fait régulières et disciplinées, comme les
troupes européennes. Ce corps fut d abord de mille hommes et s'éleva
graduellement à six mille.
Auparavant, chaque homme agissait individuellement, n’obéissant
qu’à un courage presque toujours aveugle et sans frein.
Mascara était le siège de l’administration centrale d’Abil el-Kader.
C’est de là que parlaient tous ses ordres ; c’est de là qu’il faisait circu-
ler une vie nouvelle dans toutes les veines du corps social qu’il ré-
gnerait.
Le gouverneur d’A'ger, qui avait eu le tort de le laisser ainsi gran-
dir, pour jeter toutes nos forces dans la province de Constanline, s’a-
perçut enfla que nous avions, dans Mascara, le véritable adversaire de
uotre domination.
Une expédition contre cette ville fut résolue et couronnée de succès.
En vain, Abd-el Kader, marchant à la rencontre de notre armée, lui
disputa le passage du S g il fut refoulé dans Mascara même,où il n’osa
s'arréler dans la crainte d’y être enveloppé et fait prisonnier Les trou-
pes françaises, qui le suivaientde près,pénétrèrent en effet dans ceLte
capitale du nouvel Etat et la biûièrenl.
La perte de Mascara fui un coup de foudre pour les Arabes. Les chefs
découragés rentrèrent dans leurs foyers, délaissant l’émir, qui était
pourtant leur élu, et qu’ils avaient aussi regardé comme l’élu de Dieu
dans sa fortune, surtout après ses triomphes de lu Maela.
Un nouveau déploiement de force, d’intelligence et de capacité de la
part du gouverneur de l’Algérie, après lu prise de Mascara moment
décisif entre tous, eût détruit les derniers vestiges de la puissance
d’Abd-el-Kader, ses dernières espérances et l’eûl même fait tomber
infailliblement entre nos mains.
Il venait d éli e abandonné par ses plus fidèles partisans. Sa tente,
visitée par des fuyards de son armée eu déroule, avait été pillée ; le»
misérables n'aYaient rien respecté Ils avaient osé porter la main sur
sa femme, sur ses enfants pour leur arracher leurs parures. Son para-
sol sacré, signe de son pouvoir, ils l’avaient emporté pour le dépécer
et vendre l’or dont il était garni.
Abd-el-Kader était restéseul, sans asile, sans pain, en proie à toutes
les privations en proie à la faim ! ..
Errant pendant deux jours ; il fut enfin rejoint par son nègre, cet
intrépide Ben Abou qui lui avait sauvé la vie sous les murs d’Oran.
Ben-Abuu avait quelques provisions : ils allèrent s'établir sous un ca-
roubier et le sultan des Arabes put enfin manger.
Ce repas si nécessaire est toul-à-coup interrompu. Ben-Abou, qui
avait quitté le caroubier pour se placer en sentinelle à quelque dis-
tance, accourt auprès du sultan pour l’avertir qu’un détachement de
Français se moulre et s’avance dans la direction du Seulier qui con-
duit à leur refug -, et qu'il craint d’avoir élé aperçu.
Abd el-Kader, suivi de son serviteur, se jette dans un fourré, et se
dérobe, comme Marius, daus le marais de Miulurnes.
Une heure, qui fut un siècle, s'écoule.
Ben Abou se lève, regarde, avaiiee, ne voit personne, et certain que
le danger est passé, il revient rassurer son mulire
Le lendemain, du haut du caroubier,où il s'élail mis en ubservaliun,
Ben-Abou voit Mascara en flammes ; et l’armée française, qui avait îu-
cendié cette ville, reprendre le cheumi demis possessions. A la nou-
velle qu’il en donne à Abd-el-Kader, celui-ci seul qu'il est redevenu
sultan.
A l’instant il écrit aux principaux chefs qui l’avaient délaissé. Ben-
Abou porte ses letlres à Ceux qu'il savait les plus crédules, il déclara
qu'un ange lui avait appris dans la nuit qui avait suivi la prise de Mas-
cara, que les Français, frappés de vertige, ne pouvaient garder cette
ville plus de trois jours, et qu’a près y avoir mis le feu ils fuiraient
épouvantés et poursuivis par les flammes. C'éiait là le motif, disait-il,
qui l’avait déterminé à rester devant Mascara, lui tout seul, sans année
sans amis, sachant bien qu'il était sous la garde d’Allah, et destiné par
lui, à faire prévaloir le cioissant, ma gré tous les revers.
Aux autres, il expliquait que le commandant français avait commis
une grande faute, et que siUlui venaient promptement en aide, il
était certain d'écraser nos troupes daus un défilé qu'elle avaient à tra-
verser.
Ces lettres lui valurent une nouvelle armée et une grosse somme
d’argent, mise à sa disposition par un kaïd opulent, que son malheur
et sa persévérance avaient louché. L’exemple du généreux kaïd, qui
lui livra loule sa forlune, eut des imitateurs, et en peu de temps le nou-
veau trésor d’Abd-el Kader fut plus considérable que celui qu’il avait
perdu à Mascara.
L’émir, réfléchissant sur celte perte qui l’avait ruiné tout d’un coup,
imagina, dit-on, un moyen atroce de se soustraire à l’avenir à une
semblable catastrophe financière.
Voici ce qu’a raconté à ce sujet M. Manucci, quia vécu pendant deux
ans sous la tente d’Abd-el Kader ;
« Lorsque de récentes contributions avaient fait, entrer dans ses cof-
fres des sommes considérables, il chargeait un de ses nègres du pré-
cieux fardeaux, sans lui en révéler la nature ni l’importance, et lui or-
donnait de l’accompagner.
Arrivé dans l’endroit qu’il jugeait le plus favorable à son dessein,
l’émir commandait à l'esclave de creuser un trou pour y enfouir la
caisse qu’il avait apportée. Pendant ce temps, Abd-el-Kader marquait
sur un papier avec des signes connus de lui seul la topographie du lieu
où il se trouvait. L’opération étant terminée et le trou qui récélail la
caisse soigneusement recouvert. Abd-el-Kader s’approchait de l’esclave
sans défiance et lui faisait sauter la cervelle d'un coup de pistolet. Puis,
il ensevelissait lui-même le corps du malheureux nègre,
« C’est parce moyen, que des circonstances toutes particulières ont
révélé à l’auteur de ce livre, qu’Abd-el-Kader a réussi constamment à
soustraire son trésor aux chances d'un coup de main En vain, il a été
mis en déroute, abandonné et trahi par les siens, en vain sa Smahla
est tombée au pouvoir des Français, sou trésor a échappé à tou les les
recherches, et il a pu bientôt réparer ses pertes et reparaître devant
l’ennemi, avec une promptitude dont le secret était ignoré.
« Cet acte de cruauté que ne justiefienl pas aux yeux d'un chrétien
la loi de l’intérêt public et la nécessité de prévenir une indiscrétion
qui compromettrait la sûreté de tout un peuple, trouve, du moins son
explication, ajoute M, Manucci, dans les mœurs arabes et dans le droit
illimité quels loi musulmane accorde au sultan sur la personne de ses
sujets.
« Ces exécutions arbitraires avaient, d’ailleurs, cessé depuis plusieurs
années, et l'émir y avait renoncé pour toujours Sanss’en apercevoir et
malgré lui-méme. il a pris chaque jour quelque chose des mœurs de
ses ennemis.Son caractère s’est radouci par lecontact.Doués de plus no-
bles instincts et d’une générosité naturelle.il a compris que l’humanité
aussi était une vertu devant laquelle la loi de la nécessité devait fléchir
quelquefois. Générosité, humanité, clémence, fidelité.ces vertus pres-
que inconnus par FAIcoran à l’égard des chrétiens. Abd-el Kader lésa
pratiquées souvent envers ses ennemis et leur en a plus d’une fois don-
né d’éclalans exemples.
« Depuis plusieurs années, en effet, grâce à lui, tes soldats français
tombés entre les mains des Arabes, n’étaient plus égorgés ; une loi sé-
vère commandait le respect et les plus grands soins pour les prison-
niers. On sait que, dans e commencement de la guerre, il était accordé
cinq douros pour chaque tête de Français rapportée dans la camp ara-
be. Abd el Kader supprima cette odieuse prime. »
Abd-el-Kader, malgré les secours qui lui vinrent, ne put cependant
pas inquiéter notre armée pendant sa retraite. Ces secours ne furent
pas assez prompts.
Il s'attacha plus tard à harceler un petit corps de troupes françiis
qui se readaienl de Tlemcen à Oran. et nous tua beaucoup de monde.
Peu après il disputa à un autre corps le passage de la Tafna, le força
à reculer et l’affama dans son camp..Le général Bogeaud accourut avec
de nouvelles troupes pour débloquer notre colonne en péril,et culbulta
les Arabes dans un torrent.
Cette fois encore, Abd-el-K.ader courut les plus grands dangers. Il
parvint pourtant à s'échapper, laissant des lambeaux de ses vêtements
dans la mêlée, et se retira à Tekedempt avec les débris de son armée.
Il y établit le siège de son gouvernement nouveau, et reprit bieniôt
tout l'ascendant que lui avait fait perdre un moment la ruine de Mas-
cara. (La tuile à demain.)
liettrea, sciences et arts.
Maien-.tlbam. - Nous avons annoncé, il y a quelque temps, que M.
Van Ryswyck avait fait un appel aux littérateurs flamands, pour de-
mander leur collaboration au Musen-Album. Cet annuaire vient de pa-
raître. et nous avons vu avec plaisir que l'appel de nuire citoyen a été
entendu. Si deux ou trois noms d'écrivains flamands,qu’il est inutile
de nommer, lui font défaut, ils sont largement compensés par les mor-
ceaux de jeunes littérateurs du plus grand avenir..
Contrairement aux autres annuaires flamands où la poésie domine,
celui d’Anvers est composé pour la plus grande partie de morceaux en
prose; parmi les principaux nous citerons celui de M Gerrits,intitulé:
£en oude Kunslenaer; celui de M. Van|Kerckhoven, intitulé: Gods régi;
une legende aversoise de M. Nys, etc.
Si la prose est bien représentée dans le ÎUuten-Album. il en est de
même de la poésie ; entre les différents morceaux de M. Van Ryswyck.
nous avons lu avec beaucoup de plaisir Arme Jake en Gelukkige Jan !
de M. Vart Duysfe ; lés pièces si naïves de M Soieders ; celles de M.
Dantzenberg et deux morceaux de M. Van Boekel qui ont beaucoup
d'à-propos, intitulés : Liberael en de Concurrenlie-Eeuw N’oublious pas
de mentionner, que Madame Van Ackere. de Dixmude a également
daigné honorer le Muien-Aibam de deux morceaux , dont un est con-
sacré à la mémoire de Renalus Weque, le fondateur du journal libéral
de Dixmude
D'après ce qui précède, nos lecteurs peuvent juger du contenu du
Musen-Album ; nous ne saurions trop le recommander à leur attention,
car il surpasse sous tous les rapports les volumes qui l’ont précédé, et
par son prix modique de fr. t, l’accès de toutes les bibliothèques lui
est ouvert.
— La société dramatique Us Fontainistes, de Gand, vient d’envoyer
des diplômes et signes distinctifs de membres honoraires à MM. Ver-
haegeu, président, Pelou. secrétaire, et J. Balin,directeur de la scène,
de la société dramatique De /Joop, d’Auvers.
dironi<|iie judiciaire.
Les assises de la province d’Anverss’ouvriroul le 14 février, sous la
présidence de M. le baron de Fierlanls.
— Il vient d’être décidé par la chambre d’appels correctionnels de
Bruxellles que le chasseur dont les lévriers ont fait lever un lièvre sur
sa chasse, peut, sans se mettre en conlrevention à la loi, suivre ses
chiens sur le terrain d’autrui, pourvu toutefois qu’il n’y participe pas
au fait de chasse que tes chiens y pratiquent.
— Une décision récente a statué qu’un notaire ne Contrevient pas à
l’art Al delà loi du 22 frimaire an VII. en faisant la notification d’un
acte respectueux, sans que celui-ci ail élé préalablement enregistré.
Une autre décision porte qu'un notaire chargé de procéder à une
vente d’immeubles intéressant des mineurs, en vertu d'un cahier de
charges visé et signé ne raridur. par le président du tribunal, n’est
pas trou de dresser un acte de dépôt pour ce cahier des charges, Si ce
dernier ne lui a été remis que pour être annexé au procès-verbal d’ad-
judicatiun.
— La troisième chambre de la Cour d’appel de Bruxelles s’est occu-
pée dernièrement de l’affaire à charge du sieur Dandoy qui. dans le
courant de l’année 1846. fut poursuivi devant la Cour d’assises du Bra-
bant et d’Anvers, d’abord du cher de tentative d’assasinat et ensuite de
blessures graves sur le nommé Vanilersaeuen, qu’il avait blessé de
deux coups de fusil. On sait que Dandoy fut acquitté par le jury, qui
déclara le fait matériel de blessures constant, mais Dandoy non coupa-
ble de meurtre ni dt-s blessures volontaires Vandersaenen a intenté
depuis une action en do mnâges inlérê s évalué par lui à 10,000 fr.,
et porta sa demandedevant le tribunal de Bruxelles; Dandoy a soutenu
que le tribunal était incompétent, et qu’aux termes de la loi de 1841,
c'était le juge de paix qui devail conallre de cette action; un juge-
ment celle exceptionet lelribunal se déclara incompétent.Appel ayant
élé formé par Vandersaenen, la cour vient de réformer ce jugement
et de renvoyer la cause devant le tribunal civil de Matines.
0ERK1ER COURRIER 02 PARIS.
Paris. 10 janvir.
On lit Ce qui suit dans un supplément du Nouvelliste de Marseille :
N.nre correspondant de Gênes nous transmet la nouvelle suivante,
qui circulait daus cette ville au moment du départ du dernier pa-
quebot :
Un grave conflit a eu lieu à Milan entre la population et les troupes
autrichiennes, ou plutôt une attaque de celle-ci. aussi injuste qu’im-
prévue. est venu surprendre plus de trente mille personnes paisible-
ment rassemblées sur une place publique.
Le prétexte de cet attentat est des plus futiles. Cette brulale ag-
gression est venue par suite d une détermination prise par tous les
habitants de ne plus fumer. La consommation du tabac est considéra-
ble dans les Etais italiens de l’Autriche ; celte résolution des Milanais
privait donc le fisc d'on revenu considérable.De là les provocations qui
ont piécédé l’attaque soudaine des Iroupes autrichiennes. Cinq morts
Sont restés sur le terrain ; le nombre di s blessés est considérable, et
des arrestations en masse oui é.é opérées.
Le Maire de Milan, comte Cnsati, personnage dévoué de I Autricne,
s’est trouvé lui-même pris dans «es coups de filets Son iudignaUim |