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rvr 1844. — M.o 14.
©#» 8’ahonno t
A Anvers au bureau du Précur-
seur , Bourse Anglaise, N» 1040;
ert Belgique el à l’étranger chez
tons les Directeurs des Postes.
AMERS, Mercredi 14 damier
(leadème Annpc.)
Abonnement par triât.
Pour Anvers, i S fr ; pour la pro-
vince 18 fr.; pour l’étranger 20 fr
Insertions 25 centimes la ligne
Réclames 50 o »
JOURNAL POLITIQUE, COMMERCIAL, MARITIME ET LITTERAIRE
PAIX. — YIBEStTÉ. — PItOGBtÊS,
i'-l
14 Janvier*
MU TABAC. — MSÎK©53©SiSÎ.
En faisant remarquer, il y a quelques jours, à propos des pro-
positions faites au Sénatde monopoliser le commerce des tabacs,
que fort heureusement le gouvernement avait eu le bon esprit
de ne pas accueillir de si imprudentes paroles, nous parlions
d’après des indications particulières qui nousélaient parvenues
de Bruxelles et dont l’origine pouvait ne pas nous laisser dans
le doute à l’égard des dispositions du gouvernement. Aujour-
d'hui, les choses semblent, pour nous, vouloir changer de lace;
ce qui nous porte à croire que la bonne foi de notre correspon-
dant aura été surprise et que, sans le vouloir, nous ayons aidé
nous-même le ministère à donner pour un moment le change a
l’opinion publique. Aussi bien, comment supposer au gouver-
nement une pensée d’une anti-nationalité aussi manifeste que
celle de l’établissement du monopole du tabac ? Comment sup-
poser qu’il irait de gaité de cœur, sacrifier l’intérêt bien entendu
du pays entier, à quelques prétentions exclusives, et fouler
ainsi aux pieds et les lois constitutives de la Belgique el les
sympathies de la population entière ? La chose, cependant, ne
serait pas bien loin de sa réalisation.
Si donc nous avons été autorisé un instant à croire à plus
d’intelligence de la part du gouvernement, aujourd’hui, nousle
répétons, la question semble vouloir changer de face. Voici ce
que nous lisons dans le Politique parvenu ce matin à Anvers :
« Les premières lois que lé ministère doit présenter aux
b Chambresdemain ou jeudi, sont cellesswr les tabacs, la comp-
» tabililé générale, les pensions et les droits de succession. »
Ces lignes du journal ministériel, de la feuille particulière-
ment dévouée aux inspirations de M. Nothomb, sont suivies
d’une note que le Politique dit lui avoir été communiquée par
un de ses correspondants :
t Plusieurs moyens ont été proposés pour combler le déficit de nos
finances ; l’impôt sur le tabac, au moyen de la mise en régie, a paru le
plus propre à remplir ce but. L’on a considéré que cet impôt, établi en
France en 1811,à été maintenu comme ressource par les gouvernements
qui se sont succédé; il en est de môme en Autriche. Il ne faut pas ce-
pendant que cet impôt pèse sur la classe ouvrière, et c’est à cette On
que je vous adresse ces quelques lignes, afin de vous soumettre les me-
sures qu’il me semble convenable d’adopter.
» On établirait une régie comme en France, sauf que les cultivateurs
autorisés à planter le tabac recevraient, à l’exportation , le rembourse-
ment du droit qu’ils devaienpversercomme garantie ; le prix du tabac
indigène vendu par la régie, serait fixé à un prix très bas, et en cela
la classe qui le fume y gagnerait, caries marchands le leur vendent à 50
et 75 centimes la livre et même plus, tandis qu’ils ne le payent à Hen-
sies, Havre, Beaudour, Lessinnes et gGrammont, etc., que 25 à 50 cen-
times.
» Le tabac exotique serait payé, ainsi quelles cigares, un prix élevé.
Mais, dira-t-on, on ne fumera que du tabac indigène; tant mieux! l’agri-
culture y gagnera.
» On indemniserait les propriétaires des magasins et fabricants de
tabac, ouverts avant la présentation du projet de loi.
n Nul ne pourrait obtenir de bureau de débit de tabac s’il n’est Belge
de naissance : ces bureaux seront de préférence confiés aux anciens
militaires, ou à leurs veuves, ( aen de oude militairen, of aen hunne
weduwen ), à qui une modique pension de retraite permet à peine de
vivre, ou à leur défaut, aux employés civils, comme récompense de leurs
bonset loyaux services.
» Par l’indemnité, on éviterait tout l’odieux de la loi française de 1811.
» Par la vente à un prix modéré du tabac indigène, on ne frapperait
pas la classe pauvre d’un impôt, on régulariserait seulement le prix ;
par la distribution des bureaux de régie aux anciens militaires et em-
ployés civils, on créérait une émulation utile dans l’administration, et
par rétablissement de la régie, on comblerait le déficit sans avoir re-
cours à des emprunts onéreux et en se ménageant une ressource dans
I avenir. •
Ici, nous nous demandons sérieusement si ce correspondant
du Politique n’est pas le ministère lui-même, et si cette note
incroyable n’a pas été jetée eu avant pour préparer les esprits
au coup fatal dont on cherche à frapper les intérêts réunis du
commerce et de la fabrication des tabacs? Ce qui nous ferait
ajouter foi à la question que nous posons et changerait pour
nous l’hypothèse en réalité, c’est qu’à notre grande surprise
nous voyons que déjà, à la fin de la séance d’hier de la Cham-
bre des Représentants, M. le ministre des finances, parmi une
foule d’autres projets de loi , a glissé celui tendant à établir un
droit de fabrication et de débit sur le tabac ! C’est-à-dire que le
gouvernement réalisait la menace à peu près en même temps
FEUILLETON DU PRÉCURSEUR.
littérature flamande.
BALLADEN par Tn. VAN RYSWYCK.
Depuis longtemps les littérateurs flamands n’en sont plus au point de
devoir gaspiller leurs forces pour prouver à leurs concitoyens la possi-
bilité de l’existence d’une littérature flamande. Cette existence a été re-
connue depuis longtemps comme un fait, non-seulement par nos com-
patriotes qui veulent être de bonne foi, mais aussi par plus d’une na-
tion étrangère. L’Allemagne, ce pays des vastes connaissances et de la
pensée proronde, suit avec un intérêt des plus vifs les progrès de notre
langue; la Hollande nous rend justice et même l’Angleterre, où tout ce
qui est étranger a tantde peine à s’introduire, commence à s’occuper
de cette jeune et brillante littérature qui, à peine réveillée d’un long
sommeil, a déjà pris un essor qu’on ne saurait plus arrêter. Il ne faut
donc pas s’étonner, maintenant que la route est tracée et aplanie, de
voir que les productions littéraires flamandes se succèdent, pour ainsi
dire, sans interruption.
Lé Précurseur s’est toujours fait un plaisir de signaler la marche et
les progrès de la littérature fiamande.Toutes les productions marquan-
tes ont été annoncées et appréciées par lui et il a cru obéir en cela à ce
que la justice et la sympathie du public attendaient de lui. C’est aussi
pour le même motif que nous allons nous occuper maintenant d’un ou-
vrage de M. Van Ryswyck, paru dernièrement sous le litre de Balladen
et qui a fait une grande sensation dans le public flamand.
Déjà plus d’une fois, nous avons rendu justice au talent si varié de
cet écrivain, qui tour à tour nous a donné des œuvres comiques rem-
plies d’originalité, d’autres plus sérieuses et pleines de hautes pensées
poétiques, et même un poème religieux que beaucoup de personnes
n’hésitent pas à regarder commeson chef-d’œuvre. Sans vouloir entrer
ici en discussion, nous dirons franchement que. pour nous, ce qu’a pro-
duit de mieux notre concitoyen, c’est son dernier ouvrage : Balladen,
dont nous allons dire quelques mots,
,On a souvent reproché à M. V. R. de faire trop peu de cas de la sé-
vère langue grammaticale, de n’être pas toujours correct dans ses ex-
qu’il la faisait pressentir dans son journal semi-officiel.Machia-
vel lui-même n’aurait pas mieux fait!
Ainsi donc, le ministère n’a pas reculé devant une mesure
extrême que rien ne vient justifier et que repousse de toutes
ses forces 1 organisation commerciale et industrielle delà Belgi-
que! Rien ne l’a arrêté, ni les lois qui nous régissent, ni les an-
tipathies nationales! Cependant, lui plus que tout autre aurait
dû comprendre que jamais, au grand jamais, la nation belge
ne sympathisera avec les lois du monopole — et le projet du
gouvernement n’a d’autre but que l’établissement de cette lé-
gislation odieuse !
Nous reviendrons demain sur cette importante question.
BIIIGET ORS FMT A Si CES.
La Chambre discute ce budget depuis deux jours. Comme à
l’ordinaire,beaucoup d’améliorations ont été recommandées, et
comme à l’ordinaire encore beaucoup de réformes et d’écono-
mies ont été promises par le ministre; mais, en définitive, la
Chambre a volé tous les articles proposés par legouvernement.
Cependant, dans la séance d’hier, un vote important a eu
lieu malgré l’insistance qu,’avait mise le ministre des finances à
l’écarter.
Dans un discours nourri de faits, l’honorable M. Yerhaegen a
démontré à la Chambre, que le chapitre de remises et indemnités
aux receveurs donnait lieu à des actes blâmables, à des préfé-
rences politiques. Il était déplorable, disait-il, que des rece-
veurs de beaucoup de communes avaient à peine de quoi vivre
de leur emploi, taudis que beaucoup d’autres qui jouissaient de
grosses recettes et de larges remises, recevaient encore une
trop belle part des indemnités; que le budget consacrait à ré-
munérer les moins heureux sans nommer positivement les ser-
vices que le ministère récompensait de préférence. Il a donné
à entendre que les services électoraux entraient pour une bonne
part dans la reconnaissance ministérielle.
A la suite de ce discours, l’honorable M. Osy a proposé de
scinder te chapitre en remises et en indemnités, pour que le
gouvernement ne pût point empiéter de l’un sur l’autre.
M. Mercier s’est élevé avec énergie contre cette proposition.
Si la Chambre accepte l’amendement de M. Osy, disait-il, le
service de l’Etat sera paralysé.Puis, se servant d’une expression
peu convenable à l’égard de M. Osy, en lui disant^M’il ne compre-
nait pas la question, expression qu’à la fin de son discours il a
du reste retractée, M. Mercier a cherché à combattre les griefs
dont on accusait le gouvernement.
Mais après quelques explications pleines dejustesse eide rai-
son de M. Lebeau, qui a prié M. Osy de modifier son amende-
ment tout en laissant subsister la division, la Chambre est allée
au vote et a consacré le principe posé par MM. Osy et Verhaegen.
Ce vote ne manque point, comme nous l’avons dit plus haut,
d’une certaine importance. Tout en montrant le peu de sympa-
thies que la majorité a pour M. Mercier, il ne doit pas positive-
ment passer pour un vote politique; mais il a un caractère plus
utile ; il démontre que la Chambre comprend enfin qu’il est
temps de sortir de cette voie déplorable et habituelle des dis-
cussions sans résultats. Et c’est dans ce sens que nous félicitons
la Chambre d’avoir émis un vote qui mette enfin un terme aux
abus que des convenances ministérielles perpétuent dans l'ad-
ministration et qui, consacrés tous les ans par de nouveaux
votes, deviennent à la fin indestructibles; car toutes les inten-
tions de réforme viennent tomber devant les faits accomplis et
les positions acquises. Ceci doue, encore une fois, n’est point,
à proprement parler, un vote politique; c’est un vote de con-
science; c’est un rendez-vous sur un terrain neutre que se sont
donné tous les hommes droits de la Chambre, quelle que soit
leur opinion politique. C’est des deux côtés de l’assemblée que
sont venus les éléments de cette majorité; ce qui prouve que les
honnêtes gens peuvent s’entendre et que, toute question de
personnes à part, les choses utiles doivent effacer les considé-
rations de parti et être acceptées, comme les choses nuisibles
doivent être repoussées.
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ALLF.MABXE.
Vixjisie, 8 janvier. — La réunion annuelle de la commission de la
banque nationale autrichienne a eu lieu aujourd’hui.Le dividende pour
le second semestre 1845 a été fixé à 55 florins par action, indépendam-
ment d’environ 44 1|2 kr. par action qui ont été appliqués au fonds de
réserve. Le dividende du premier semestre avait été de 54 florins par
action, d’où il résulte que le dividende de 1845 a été notablement infé-
rieur à ceux des années précédentes. (Gazette de Cologne.)
pressions et d’ôter souvent par là du mérite à ses pensées d’une beauté
de premier ordre. Dans le présent ouvrage, nous le disons avec plaisir,
on rencontre un style châtié et pur, un choix d’expressions pleines de
tact, et une versification non-seulement irréprochable, mais profondé-
ment sentie et l'on ne peut plus harmonieuse. Et, pour nous arrêter
quelque peu à ce dernier point, jamais œuvre de M. V. R. ne présenta
plus de difficultés pour la versification. La pièce intitulée : de Duiréts-
ladder (l’échelle du Diable) pourrait servir de preuve de ce que nous
avançons. L’auteur nous y donne la mesure delà souplesse de son talent
comme versificateur, et ce qui rend ce morceau un modèle complet,
c’est que les idées poétiques et originales,qui y sont répandues à profu-
sion, le rendent une des plus belles productions que nous connaissions
en ce genre. C’est vraiment à regret que nous nous abstenons de citer
ici quelques strophes de cette fantastique ballade, mais nous devons
parler de tant d’autres morceaux, dont la beauté n’est pas d’un moindre
mérite et qui sont comme autant d’ornements dans le recueil de notre
auteur, que l’espace nous manquerait et ne nous permettrait plus d’ap-
précier, quoique succinctement, le mérite collectif de l’ouvrage.
Disons d’abord que dans tout le volume nous n'avons point rencontré
une seule pièce faible, chose d’autant plus étonnante qu’il doit être très
difficile, pour ne pas dire impossible, de rester toujours à la même hau-
teur, tout en traitant un si grand nombre de sujets, différant entre eux
et par l’esprit et par la forme. Tantôt sombre et fatal comme le grave
Burger, ou délicieux de naïveté comme le célèbre Uhland, le poète nous
fait tour à tour frissonner, pleurer ou sourire, en continuant toujours
à nous ravir par les mille formes si variées que le sujet semble subir
sous sa brillante plume. En effet, quoi de plus frais, de plus coquet que
la ballade intitulée Nina? Quoi de plus charmant, de plus délicieux que
tf'ilmientjes bede? Quoi deplussombre.de plus menaçant que la lé-
gende de Blanlca van Felzenstein ? quoi de plus mystérieux que la pièce
intitulée De ICeêrwraek, et de plus grandiose, de plus poétique que le
petit poème qui a pour titre: Waterloo? Et quelles idées grandes et
sublimes ne trouvons-nous pas dans les deux morceaux : Marnix van
Sint Aldegonde et Karel de Stoute ? Et que dire du chant des Watergeu-
zen. (gueux de mer) dont nous allons citer quelques lignes?
« Dan blinkt ons kokertnes ! dan bliksmen onze roeren
Door ho! en kykgat heen, en spreijen schrik en dood !
Prague, o janvier. — La construction de la ligne du chemin de fer de
Vienne à Prague a passablement remédié à la misère des classes les plus
inférieures de la population du pays; mais par contre une bande de bri-
gands ayant de vastes ramifications a, dans ces derniers temps, com-
promis plus ou moins la sûreté dans presque tous les cercles de la Bo-
hême Ces brigands sont d’une incroyable effronterie : une vingtaine
d'entré eux ont attaqué un vignoble éloigné de Prague d’une detni-
liéiiè. et l’on a échangé de part el d’autre environ 150 coups de feu.
De semblables attaques ont eu lieu en même temps sur plusieurs au-
tres points des environs de Prague, ce qui a répandu l’inquiétude et
l’effroi parmila populationentièrede celte capitale. L’imprévoyance au
dacieusede cette bande de brigands a conduit à l’arrestation de plusieurs
d’enlre eux. et ce n’est pas sans plaisir que les habitants de Prague ont
vu arriver trois voitures, escortées par des cuirassiers, et renfermant
des prévenus qu’on allait livrer à notrejustice criminelle.
On parle aussi d’une bande considérable qui désole les environs de
Brux et le cercle de Leitmeritz. (Gazette de tB'eser.)
ESPA6NE.
M adrid. 9 janvier.— Voici en quels termes est conçue la renonciation
du général Narvaez, à laquelle tout le monde applaudit :
A Son Excellence M. le ministre de la guerre.
o Lorsque j’ai eu connaissance du décret royal, daté d’avant-hier.par
lequel S. M. a la bonté de m’élever à la dignité de capitaine-général de
l’année, je n’ai pu m'empêcher de reconnaître avec la plus profonde
gratitude le généreux dessein du'gouvérnement de reconnaître les fai-
bles services que j’ai eu le bonheur de rendre dernièrement à ma Reine
et à ma patrie, ce que j’ai pu faire pendant la dernière guerre civile, en
faveur du trône légitime et de la liberté nationale ; enfin l'intention de
m’indemniser des souffrances et des persécutions dont je fus l’objet
dans un antre temps,ainsi que des conséquences préjudiciables que ces
môme persécutions,suite d une rivalité injuste et de ma propre fidélité,
m’occasionnèrent'dans le cours de ma carrière.
» Mais en recevant une si haute preuve de confiance et d’estime, je ni ■
suis décidé, non par passion ou par l’effet d’un premier mouvemeni,
mais après de mûres réflexions, à ne point accepter celte grâce signa-
lée, persuadé qu’en agissant ainsi, je rends un vrai service à la Rein \
à la patrie et à l’ordre de choses actuel. J’ai contribué à créer celtes -
tuation, ainsi que me l’ont suggéré ma ferme volonté et mes efforts,
dans la conviction où je suis que l’ordre et la liberté peuvent fort bien
s’allier et qu'il doit résulter de celte combinaison la paix et le bonheur
de la malheureuse Espagne, la splendeur el la gloire de ses rois.
» Cette conviction étant si inébranlable en moi que nulle forcée hu-
maine ne pourrait me t’arracher, je ne dois pas donner le plus léger
prétexte de laisser présumerque l’ambition, ou toute autre vue moins
noble que celle du bien du pays et de ma fidélité pour la Reine, est une
des causes qui me poussent à consacrer ma vie à leur défense. Ces ob-
jets respectables, la gloire du gouvernement, ma propre réputation et
ma conscience, sont intéressés, je le répète, à ce que la bassesse de pa-
reilles pensées ne soit pas confondue avec la rectitude des intentions et
des sentiments qui m’animent. Je regarde mes services comme assez
recompensés par la haute position que je dois à la bonté de S. M. et à la
munificence du gouvernement; el je serai trop heureux si je puis con-
sacrer tous mes efforts et ma vie à ma reine et à mon pays.
» Je prie Votre Excellence de déposer au pied du trône l’hommage
de ma profonde gratitude, d’exprimer au gouvernement mon éternelle
reconnaissance et de vouloir bien décider S. M. à accepter la démission
que je crois devoir donner des fonctions de capitaine-général qu’elle a
daigné me conférer.
-i Dieu garde Votre Excellence.
» Madrid, 7 janvier 1844. » Signé, Ramon-Maria Narvaez. »
FRANCE.
Paris, 15 janvier.— Le Moniteur publie les états comparatifs des re-
cettes des impôts et revenus indirects de l’année 1845 avec celles des
années 1841 et 1842.
Ces impôts ont produit :
En 1841 : 715 millions 675,000 fr.;
En 1842:751 millions 257,000 fr.;
En 1845 : 764 millions 575,000 fr.;
L’augmentation de 1845 sur les deux années précédentes est de 48 mil-
lions 900,000 fr. sur 1841, et seulementde 15 millions 516,000 fr. sur 1842.
Les plus fortes augmentations d’une année sur l’autre portent tou-
jours sur les droits d’enregistrement et d’hypothèque, sur ceux de
douanes, navigation, voitures publiques, etc., et sur le produit des ta-
bacs.
La progression ascendante du produit général des impôts indirects,
qui croissait d’année en année, depuis dix ans, parait avoir atteint sa
plus haute limite en 1842, d’après la comparaison des deux année? pré-
cédentes.
— Le Courrier f rançais dit que le ministère a l’intention de proposer
aux chambres de transporter sur l’un des membres de la famille Bona-
parte la pension de cent mille francs qu’elles avaient accordée à l’ex-
reine de Naples et dont elle n’a joui que peu de temps.
Si, en effet, le ministère fait ce qu’on annonce, le moment choisi pour
cet acte ne sera pas sans signification; mais n’y aurait-il pas lieu d’abord
de rendre à la liberté le prisonnier de Ham ? (Commerce.)
— La Réforme,a. propos des bruits d’émeute qui se répandent, et que,
dans certains lieux, on ne serait pas fâché de voir coïncider avec la dis-
cussion de l’adresse, rapporte un mot naïf prononcé dans un salon fort
à la mode.
u Quel dommage,aurait-il été dit, que M. Thiers ne soit pas ministre
pour en finir avec les légitimistes: Il eût peut-être fait débarquer le duc
de Bordeaux. » ______
Inauguration de 5a t’entalae Molière.
Nous avons dit hier, dans les dernières nouvelles de Paris, que l’on
avait procédé le 15, à l’inauguration du monument érigé à la mémoire
Dan plegen wy de wraek, die we eens zoo heilig zwoeren,
Terwyl de kiel weérgalmt op ‘t botsen van het lood.
En kraeklhun logge vloot, in 't buldrend nat bedolven.
Of werpt liaer de afgrond als verbolgen naer de sfeer;
Wy wagglen juichend op de tippen van de golven,
Als kindren van den stroom, in bondschap met het meir. »
Et plus loin :
« Kom Alva ! kom Bossu ! draegt uit uw zeekasteelen,
En beukt met yzren vuist ons ranke bodems lek
Wy willen Naardensmoord en Haarlems rampen lieden;
Wat schuilt gy in de romp ? Vertoont u op het dek !
Wy vlieden ’t vunzig hol; wy zien de vlakte dampen ;
Dit elke mistkolom spreekt ons een broeder aen,
Vermoord op uw bevel, door pyniging en rampen ;
Zy fluisteren ons toe : hoezee ! val aen ! val aen ! »
De quelle fougue, de quelle exaltation,de quel enthousiasme ne sont
pas remplis ces vers ? Et comme le poète nous peint bien ces terribles
gueux de mer qui, sans craindre les tourments ni la mort, harcelaient
impitoyablement et sans relâche l’ennemi de leur pays et de leur reli-
gion ! Avouons-le : Un morceau de poésie comme celui dont nous ve-
nons de citer deux strophes, nous peint mieux le caractère farouche des
gueux que tel ou tel roman historique qui, basé sur quelques faits, dit
parfois ce que ces bandes révolutionnaires ont exécuté, mais rarement
ce qu'étaient les in iividusqui composaient la formidable bande et qui
dans leur enthousiasme féroce, si l’on peut l’appeler ainsi, ont produit
de si grandes choses.
Les vers que nous venons de citer pourront en même temps donner
à nos lecteurs une idée du talent extraordinaire avec lequel M. V. U. a
su traiter ses sujets en général; cardans tous les autres morceaux il n’a
pas été moins heureux.Tous ceïix qui ont lu le recueil seront, nous n’en
doutons point, de notre opinion à ce sujet, et donneront de plus avec
nous l’assurance à M. V. R. que son ouvrage est destiné à un grand, à
un véritable succès et ne saurait manquer de lui assigner parmi les
littérateurs flamands une plus haute placé encore que celle qu’il a oc-
cupée jusqu’à ce jour. |