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JLE PREtmSEiK , Vendredi «O Janvier 1843
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que les démêlés du Mexique avec le Texas et le Yucatan sont loin d’être
arrangés, quoique déjà plusieurs engagements aient eu lieu.
ESPAGNE.
Nous recevons, par la Gazette du Midi, des nouvelles de Barcelone
jusqu’à la date du 11 janvier :
Le 10, terme de rigueur fixé par le général Seoane, on n’avait encore
reçu qu’une faible partie de la contribution, 15 à 18 cent mille réaux,
dit-on.
Le capitaine-général a demandé le nom des récalcitrants, disant qu il
allait les faire conduire à la citadelle et qu’il aurait raison de leur mau-
vais vouloir ; mais Ja chambre de commerce et la municipalité ne pa-
raissent pas disposées à servir les rigueurs du gouvernement en lui dé-
signant des victimes. Parmi eux, les uns voulaient subir toutes les con-
séquences de ce refus de désignation,d’autres se proposent d'abandon-
ner la partie etde fuir loin de Barcelone.
Le il, ces deux assemblées délibéraient et l’on ne connaisssait pas en-
core le résultat de leur délibération.Quoi qu’il en soit, le paiement inté-
gral ne s’effectuera pas. Beaucoup résisteront, d’autres se sont mis d’a-
vance à l’abri et ont fui en dévalisant presque leurs maisons pour n’y
laisser rien à prendre. «
Madrid, 10 janvier. — Les conseils des ministres sont très fréquents,
celui d’hier au soir a duré fort long-temps. Lc'général Espartero le pré-
sidait. On dit que les malentendus avec le cabinet français sont l’objet
•de ces réunions. D’autres parlent d’un remaniement ministériel qui fe-
rait entrer au cabinet MM. Linage, Gonzales et Infante. Ce dernier bruit
acquiert aujourd’hui beaucoup de probabilité.
— Le journal El Sot avait fortement attaqué la conduite du gouver-
nement en Catalogne, et était traduit devant le jury. Il a été défendu
par un de ses rédacteurs, qui a réfuté tous les arguments du ministère
public. En terminant il a dit au Jury : « Prenez garde, messieurs, que le
pouvoir nous bombarde à notre tour et qu’il ne nous supprime par un
ordre du jour. Rappelez-vous que la liberté d’écrire est la dernière ga-
rantie qui reste dans une situation politique où déjà tout est converti
en dictature, tout, hormis la presse. >i _
Le président interrompt le défenseur; il fait dresser procès -verbal de
ses dernières paroles dont le défenseur aura, dit-il, à répondre devant
qui de droit.
Le défenseur reprenant avec véhêfenence : « Oui, je réponds de mes
paroles, elles sont écrites; mais je ne me défendrai pas. Je suis venu
défendre nos doctrines devant le jury, parce que le jury,c’est l’opinion,
c’est la loi, c’est la constitution. Je n’ai pas à m’expliquerdevant le pou-
voir sur des paroles qui sont une vérité et qui ne sont ni offensantes ni
séditieuses. Ces paroles, j’avais le droit de les prononcer en vertu de la
liberté de la défense etde l’inviolabilité du jury. Je ne mejustifierai pas
devant le pouvoir; on pourra me proscrire, on pourra me poursuivre, à
la bonne heure ! ce sera un proscrit, un martyr de plus. Diego Leon et
d’autres martyrs valaient mieux que moi. »
Le jury est entré en délibération, et il a prononcé, à la majorité de 10
voix contre 2, un verdict d’acquittement.
Ceci est un triomphe non pas seulement pour el Sol,mais encore pour
toute la presse indépendante.
Les destinations vont leur train, toujours en vue des élections pro-
chaines; M. Moreno, chef politique de Séville,est au nombre des disgra-
ciés. En revanche, Monedero a été nommé chef politique de Ségovie.
M. de Aranalde a suivi l’exemple de M. Cantero en donnant sa démis-
sion de directeur-général des loteries.M.deBorjas y Tarrias le remplace.
Le directeur-général des rentes est aussi remplacé par M. Innenez.
FRANCE.
Paris, 18 janvier.— Le premier bureau, qui s’était ajourné pour nom-
mer son commissaire dans le projet de loi des sucres . s’est réuni au-
jourd’hui, à une heure. Son président, M. le maréchal Sébastiani étant
indisposé, n’a pu se rendre à la séance. La discussion s’y est prolongée
jusqu'à cinq heures. La discussion continuait encore au départ du
courrier.
— La commission de l’adresse de la Chambre des Députés a continué
aujourd’hui son travail. La discussion a duré de une à cinq heures. L’a-
dresse contiendra un paragraphe sur le droit de visite. La commission
s’est ajournée à vendredi prochain pour entendre le travail de M. le
rapporteur. La commission a été presque unanime sur tous les points.
— Le3e collége électoral de la Seine est convoqué pour le 7 février
prochain, à l’effet d’élire un député en rem placement de M. Bidault, qui
a opté pour Ancenis.
— On écrit d’Angers, le 10 janvier: Les nouvelles que nous recevons
des Ponts-de-Cé sont de nature à inspirer de vives inquiétudes.La Loire
s’est élevée à une hauteur dea mètres à l’étiage et donne avecune vio-
lence qui n'avait pas d’exemple depuis longues années. L’intérieur des
Ponts-de-Cé est complètement envahi.
Le fleuve se précipite à travers les rues. L’eau passe en deux en-
droits par-dessus le pont, ce qu’aux Ponts de-Cé on ne se rappelle pas
avoir vu.
La Maine continue de croître. On ne va plus qu’en bateau dans les
basses rues d’Angers.
A Saumur, la Loire a envahi les écuries de l’école de cavalerie. Sur
toute la levée il y a alarme. Les populations veillent jour et nuit.
P. S. Nous apprenons que la levée d’enceinte de Saumur est menacée
par les eaux. Sa rupture entraînerait l’inondation instantanée d’une
Îiartie de la ville. On sonne le tocsin et on bat la générale pour appeler
es populations au secours delà levée. Le préfet, le général et une partie
de là garnison partent à l’instant même pour Saint-Malhurin,les Rosiers
et Saumur.
— Ecureuils volant*. — On écrit de Digne :
M. B... se trouvait ces jours-ci à la chasse et aperçut, dans les hautes
branchesd’un chêne, un grand nombre de petits quadrupèdes qu’aux
mouvements saccadés il pritpour des écureuils. Il tirases deux coups
de fusil; mais quel fut son étonnement de voir toute la bande s’envo-
ler bruyamment et fuir à tire-d’ailes pour aller se poser au loin dans un
massif d’arbres ! Le coupavail porté; un de ces animaux était allé tom-
ber à quelques pas du chêne. M. B... reconnut qu’en effet il avait tué
un écureuil. Seulement celui-ci était d’un pelage gris cendré sur le dos
et entièrement blanc sous le ventre. La peau de ses flancs s'étendant
comme une membrane des pieds de devant à ceux de derrière, formait
deux ailes soutenues par de longs appendices osseux partant des pieds.
Ce curieux individu parait appartenir à laclassedes rongeurs.décrile
par Buffon sous le nom de sciurus volncelta, et par Cuvier sous celui de
sciurus volans. Cette variété de l’espèce qui se trouve dans l’Amérique
du Nord et surtoutau Canada et dans l'Hudson, ne se rencontre en Eu-
rope que dans les régions les plus froides. Ce n’est pas pourtant le seul
exemple que nous ayons en France d’un fait aussi extraordinaire. Le
docteur Heuraz.qui s’est particulièrement occupédes rongeurs,assure
avoir vu dans les montagnesdel’Alsace deux individusdecettecurieuse
famille; et unautre trouvé dans les landes de Bordeaux en 1829 fut en-
voyé à M. Geoffroy de Saint-Hilaire.Celui qu’a tué M. B.. .n’est presque
de la marine américaine, ayant pour but de s’emparer d’un bâtiment
national, et de le convertir en pirate! Quand on réfléchit que Spencer
a déclaré à Wales qu’il avait un conféré ó l’ile des Pins où le Somers n’a
pas touché, et que ses principaux affiliés, Cromwell et Small, se sont fait
admettre à bord après Spencer, on ne sauroit raisonnablement douter
que le complot n’eût été formé dans New-York même. Ce qui confirme
cette supposition, c’est le fait aujourd’hui prouvé que Spencer a dé-
claré, avant son départ, qu’il ne reviendrait jamais à New-York, et l’ef-
fronterie avec laquelle il se mit à faire des prédictions à bord el à dire
à ses camarades midshipmen qu’ils n’avaient pas long-temps à vivre!
Paroles qui furent alors reçues comme un badinage, mais qui s’expli-
quent aujourd'hui!
Ce fut le 20 novembre que la conspiration fut découverte au capitaine
Mac Kenzie, et l’exécution des coupables eut lieu le Dr décembre. La
promptitude de celle exécution fut motivée par l’apparence d’un mou-
vement parmi les associés de Spencer. Il n’y avait que deux officiers
commissionnés à bord, et la loi en veut cinq pour constituer une cour
martiale. Mais le commandant Mac Kenzie assuma hardiment sur sa tête
la responsabilité de la violation de la loi dans une pareille occurence. Sa
conduite est déjà l’objet de quelques désapprobations honteuses, mais
elles seront écrasées par la sympathie publique.
Spencer n'était âgé que de dix-neuf ans ! Mais il avait déjà donné de
nombreuses preuves d’une précoce perversité. Le printemps dernier,
il était attaché à l’escadre américaine du Brésil, et il y avait commis des
fautes assez graves pour le faire passer devant un conseil de guerre.
Mais le commodore, prenant en considération te nom élevé qu’il portail,
l’avait renvoyé dans sa famille en exigeant sa parole qu’il donnerait sa
démission. Il ne tint pas cette parole, et l’influence de sa famille l’avait
fait entrer dans le service du Somers. La douleur de M. Spencer, en ap-
prenant cette fatale nouvelle, a dit-on, été déchirante, et la svmpathie
de tous les gens de bien ne lui a pas fait défaut.
Une déplorable fatalité semble peser sur la famille de l’honorable se-
crétaire de la guerre. On n’a pas oublié sans doute qu’il y a moins d’un
an un autre de ses fils fut arrêté et emprisonné pour vol, dans l’état de
New-York; il n’échappa à une condamnation infamante qu’en mettant
à profit sa liberté sous caution, pour aller chercher un asile au Texas.
Des amis de cette malheureuse et respectable famille répandent le
bruit que les deux enfant» qui viennent, l’un après l’autre, de ternir le
pas endommagé et doit être envoyé, dit-on, au cabinet d’histoire natu-
relle de Marseille.
— Bulletin de lu Bourse. — La rente était très ferme à la bourse
d’aujourd’hui, et elle a repris faveur par suite du bruit répandu que la
caisse des dépôts et consignations s’était décidée à acheter de la rente
avec les fonds de la caisse d’épargne. La rente 3 p. c. a ouvert 79-33 et
elle a fait 79-40; le 3 p. c. a également monté de 120-20 à 120 40. 11 y
avait beaucoup de demandes pour fin prochain.
La rente active d’Espagne a fait 24 1|4, 5|8; les différées étaient à 10
3[8. — L’emprunt belge de 1840 était à 105 1[8.
Le Siècle publie ce matin la lettre suivante:
A Monsieur le rédacteur en chef du Siècle.
« Alger, 10 janvier 1843.
» Monsieur,
» L’indiscrétion commise par le National, en publiant ma lettre con-
fldencelle, les discussions qu’a provoquées la publication de ma brochu-
re, m’ont éclairé sur les inconvénients publicset privés qu’entraîne la
polémique dans la pressse par les agents du gouvernement, quelque
palriothique que soient les motifs qui les dirigent. Je reconnais en outre
que je ne dois compte qu’au ministre de la guerre des idées que j’ai sur
la grande mission qui m’est confiée, et que j’ai manqué aux convenan-
ces gouvernementales en les livrant au public.Quand on a fait une faute
ce qui reste de mieux à faire, c’est de la reconnaître el de la réparer. Je
le fais, autant qu’il est en moi, en déclarant que désormais je ne répon-
drai à aucune critique ni de ma brochure ni de mes actes.
» Je vous prie. Monsieur, de vouloir bien publier cette déclaration;
c’est pour la dernière fois que je réclame cet acte de complaisance de
votre part.
» Recevez, Monsieur, l’assurance de ma considération distinguée.
» Bcgeacd. »
Question de* sucres.
La Chambre des Députés s’est réunie hier dans ses bureaux pour
nommer les commissaires chargés d’examiner le projet de loi sur les
sucres. C’est pour la neuvième fois depuis 1832 que les Chambres ont
à se prononcer sur cette difficile question. Si cette longue série de dé-
bats n’a pas encore produit une solution formelle et absolue,ellea prouvé
du moins que l’immense majorité repousse toute mesure violente. Au-
jourd’hui la discussion qui a précédé la nomination des commissaires a
été vive, sérieuse, approfondie; mais ellenelaisse pas plus de doute que
les précédentes discussions sur les sentiments de la Chambre.
Un nombre considérable de députés ont pris part au vote. Quatre
commissaires n’ont été nommés qu’au troisième tour de scrutin.Mais il
faut ajouter aussi que dans deux bureaux, le 2e et le 7», la presque tota-
lité des membres s’est prononcée contre le projet. Le Dr bureau,ayant
à donner son avis sur l’élection de M. Bouillaud, a renvoyéà aujour-
d’hui l’examen de la loi des sucres elle choix de son commissaire. Voici,
au surplus.le résultat de la séance. Huit commissaires ont été nommés;
ce sont : MM.Darblay, Dumon, Berryer, Passy, Lanyer, Muret de Bort,
IIouzeati-Muiron. Gaultier de Rumilly. Sur ce nombre, sept sont plus
ou moins opposés à la loi; M. Berryer seul représente le système du
projet; et toutefois M. Berryer n’a pas obtenu plus de voix que son con-
current M. Dufaure. Il doitsa nomination au bénéfice de l’âge.
Quelque vive qu’ai tété la discussion, elle n’a eu pourtant aucune cou-
leur politique. A cet égard, nous devons même remarquer que, dans le
8« bureau, le ministre de l’intérieur, qui a défendu le projet, a trouvé
pour contradicteur legardedes sceaux,qui s’est élevéavec force contre
l’interdiction de la fabrication du sucre indigène. Nous avons déjà fait
la part du gouvernement dans cette circonstance, et, quoique opposés
au projet de loi, nous ne saurions blâmer le ministère de l’avoir pré-
senté. Nous ne lui ferons donc pas un crime d’être divisé lui-même sur
la question. (Journal des Débats.)
• HOLLANDE.
La Hâte. V3 janvier.—On a publié aujourd'hui les bulletins suivants ;
« Le Roi a été attaqué, il j a quelques jours, de la petite vérole bé-
nigne. La maladie est parvenue à la période où les boutons se sèchent.
L’état de Sa Majesté est satisfaisant.
» Le 18 janvier 1845, au soir.
» Signé , EVERARD , BECKERS, a
« Le Roi a passé une nuit paisible, et la maladie suit son cours régu-
lier.
» Le 19 janvier 1843.
» Signé, EVERARD, BECKERS. »
— On apprend qu’il vient d’êtredistribuéaux membres de la Seconde
Chambre: 1» le rapport préalable de la section centrale de cette Cham-
bre, sur le projet de loi du traité du 5 novembre; el 2° un Mémoire des
réponses du gouvernement aux observations des sections tant contre
le projet de loi que contre le traité lui même. On assure que le secret a
été demandé sur ces pièces aux membres de la Seconde Chambre et
qu’on se propose de traiter cetteaffaire à huis-clos. (Handelsblad.)
— Avant-hier à Rotterdam, on a trouvé mort dans son bateau, mouil-
lé dans le canal de Delft, un batelier qui avait encore sur les genoux
une chauferette dont les vapeurs sulfureuses l’auront probablement as-
phyxié. Tous les secours de l’art pour le rappeler à la vie ont été inuti-
lement mis en usage.
BELGIQUE.
Cn.AMBRK DEH REPKEHEAiT.tft'TH.
Séance du 19 janvier. — présidence de m. raikem.
Sommaire. — Analyse des pétitions. —Rapport, par M. Hènot, sur des
demandes en naturalisation.— Rapport, par M. Dubus aîné, au nom
de la commission des finances , sur un projet de loi portant demande
d'un crédit extraordinaire au ministère des finances.— Rapport, par
M. Lejeune, au nom de la commission des naturalisations. - Motion
d’ordre relative à la fixation de l’ordre du jour.— Reprise de ta délibé-
ration su r le chapitre II1 du budget des travaux publics (chemin de fer.)
A une heure la séance est ouverte ; la rédaction du procès-verbal est
adoptée.
Les pétitions suivantes sont adressées à la Chambre :
« Les habitants de Moll demandent que cette commune ne soit pas
obligée de payer à elle seule la part pour laquelle elle sera appelée à
concourir dans les frais d’établissement du canal de la Campine , mais
que cette charge retombe sur toute la province d’Anvers. » — Renvoi à
la commission des pétitions.
« Des négociants de tabac de la commune de Rouvroy demandent le
rejet de toute majoration de droits sur les tabacs étrangers.» — Renvoi
à la section centrale chargée de l'examen du projet de loi portant modi-
fication au tarif des douanes.
m.iiénot et lejecne présentent des rapports sur des demandes en na-
turalisation.
beau nom deleur père, ont donné, à diverses reprises, des signes d’une
sorte d’aliénation mentale,el le capitaine Mac Kenzie, qui vient de don-
ner la preuve d’une si rare et si inflexible fermeté, aurait remarqué as-
surent les mêmes personnes, dans la conduite antérieure du jeune
Spencer, des indices de ce dérangement de ses facultés.
Un journal américain dit que Spencer et ses complices ont été tenus
aux fers pendant trois jours, le commandant désirant leur épargner la
vie. Mais on s’aperçut que le prisonnier avait encore, par signes ou au-
trement, des intelligences avec ses affiliés, et il fallut se décider à en fai-
re justice pour éviterune insurrection. Spencer aurait demandé» met-
tre lui-méme le feu à la pièce dont l’explosion devait donner lesignal de
sa mort, mais au moment de celte épreuve, il n’aurait pu la remplir.
Le capitaine Mac Kenzie, avec tous ses officiers, a été assister au ser-
vice divin à Brooklyn, pour remercier Dieu de les avoir préservés du
péril qu’ils ont couru. Une remarque que nous avons faite avec peine,
dit le Courrier des Etats Unis, c’est que le seul journal qui ait osé, hier,
blâmer la conduite de cet officier, est l’Union, dont la censure a d’autant
plus de portée que ce journal passe pour un organe des vues de l’admi-
nistration. On doit espérer que cette fois son langage lui appartient en
propre.
Biographie du midshipman (élève de marine) Spencer. — Lejeune
Spencer ne pouvait échapper à la popularité que donne, dans ce pays,
la potence à toutes ses victimes. Il y a quelques jours, ce n’était qu’un
mince aspirant de marine, presque un gamin, dont le public ignorait
l’existence. Aujourd’hui, il n’est pas seulement le héros du drame san-
glant dont le .’iomers a été le théâtre, la chronique enrichit en outre ses
dix-neuf ans d’une série d’aventures bizarres, par lesquelles il aurait
préludé à ses projets avortés de piraterie. Un de ses camarades de la
marine, avec lequel il avait été lié d’une étroite amitié, vient de livrer
à la publicité un récit qu’il prétend lui avoir était fait par Spencer lui-
même. peu de jours avant son départ pour les côtes d’Afrique. En voici
l’analyse :
Philip Spencer est néà Canandaigua, dans l’état de New-York ; il au-
rait eu 19 ans le 28 janvier prochain; mais son caractère avait une éner-
gie et son intelligence un développement bien au-dessus de son âge. Il
fut envoyé au collége à Schenectady, d’où son insubordination le fit
bientôt chasser. Rentré dans sa famille, il ne tarda pas à être impatient
du joug paternel, et, ennuyé del’oisivité, il disparut un jour, et vint à
m. dires aîné, au nom de la commission permanente des finances;
présente le rapport sur le projet de loi tendant à ce qu’un crédit ex-
traordinaire soit alloué au ministère des finances pour paiement des
bordereaux d’allocation, par suite de l’adjudication en faveur du gou-
vernement des établissements de Couvin.
La commission propose l’adoption du projet de loi avec deux légères
modifications.
Le rapport sera imprimé et distribué, et le projet de loi sera discuté
après les objets qui y figurent déjà.
m. rodenrach demande, par voie de motion d’ordre, que la chambre
s’occupe dès à présent de fixer son ordre du jour; il désirerait, qu’en
attendant le rapport supplémentaire sur la loi des sucres, on mit à l’or-
dre du jour la loi sur la répression de la fraude.
m. dei.ehaye propose de placer la loi sur l’ordre judiciaire après la loi
sur les sucres; il voudraitque l’ordre du jour ainsi réglé antérieurement
fût maintenue el que l’on s’occupât ensuite de la loi sur la répression de
la fraude, et aussi des conclusions de la commission d’enquête commer-
ciale et industrielle.
m. de theux. Il faudrait attendre la présence de notre ministre des
finances, ou même remettre la motion d’ordre à demain, à l’ouverture
de la séance.
u. cooi.s. On vient de parler des conclusions de la commission d'en-
quête commerciale et industrielle. Je demanderai si le gouvernement se
propose de saisir prochainement la Chambre d’un travail d’ensemble à
propos des conclusions de la commission d’enquête.
u. le ministre de l’intériecr. J’ai vu par le Moniieur que dans une
des dernières séances de la fin de l’année, il a été question d’un travail
d’ensemble qu’aurait promis le gouvernement, à propos des conclusions
de la commission d’enquête commerciale et industrielle. J’avoue queje
n’ai connaissance d’aucun engagement de ce genre; el le gouvernement
ne peut que prendre part à la discussion qui sera ouverte, et qui ne peut
réellement s’ouvrir que sur les conclusions de la commission. Le gou-
vernement prendra part à cette discussion et probablement dès le pre-
mierjour il s’expliquera. Si legouvernement soumettait un travail d’en»
semble, il arriverait probablement ce qui est arrivé à propos de la loi
des sucres; on demanderait le renvoi à la commission d’enquête el peut-
être aussi le renvoi aux chambres de commerce. Faire ce qui a été pro-
posé, serait une manière de procéder tout-à-fait insolite.
Le débat sur la motion d’ordre dure encore quelque temps. La Cham-
bre décide enfin qu’elle attendra, pour régler son ordre du jour, l’arrivée
du ministre des finances.
m. mercier. J’avais demandé la parole pour une motion d’ordre, mais
pour ne pas abuser des moments de la Chambre, je remettrai ma mo-
tion d’ordre à une autre séance (1).
L’ordre du jour indique la suite de la délibération sur le chapitre III
du budget des travaux publics (chemin de fer).
m. de mérode demande que le chemin de fer ait un budget particulier,
avec tous les détails exigés pour les autres services publics; un bud-
fet qui présente la liste de tous les employés avec le traitement affecté
chaque fonction, pour que la Chambre puisse convenablement éplu-
cher toutes les dépenses et réduire ce qu’elles peuvent avoir d’exagéré.
C’est là un travail que la Chambre doit être mise à même défaire, parce
que le ministre ne pourra jamais prendre sur lui de l’exécuter.
m. dures aîné. Plusieurs membres se sont plaints hier du tarif du
chemin de fer du Midi, et comparant ce tarif à celui du chemin de fer
sur Tournai, ils ont soutenu que l’avantage est en faveur de ce dernier
chemin. C’est une erreur ; pour Tournai, on a tenu compte des détours,
et on n’a pas fait encore tout ce que l’on devait faire.
m. savart. Honneurà M. David qui a approfondi le budget du chemin
de fer. Les documents fournis ne sont évidemment pas suffisants; pour
ce qui me concerne ils me laissent dans l’incertitude. Evidemment la
marche suivie est vicieuse; mais de cette discussion il résultera quelque
chose, le budget prochain sera présenté avec des détails qui permettront
à ceux qui seront appelésà l’examiner de se former une opinion exacte.
Pour aujourd’hui,il fautconsentirà un vote deconfianceou arrêter l’ex-
ploitation, je me résignerai à un vote de confiance; mais je ne doute pas
que tous les renseignements désirables ne se trouvent dans le prochain
compte-rendu. Je rends justice au ministère qui a créé le chemin de
fer, il a fait une grande et bonne chose; je comprends que les dépenses
n’ont pas pu être réglées tout d’abord comme celles des autres services
publics. Mais au point où en sont les choses, il faut rentrer dans un état
de comptabilité normale. La Chambre une fois pourvue de documents
suffisants pourra prévenir le développement d’un état-major déjà trop
nombreux et la création de nouveaux fonctionnaires.
J'insiste pour que l’on s’occupe du raccordement du chemin de fer
du Nord avec celui du Midi. Il faut aussi un projet de loi pour prévenir
et réprimer les délits contre la sûreté des voyageurs. La loi actuelle est
impuisssante; il faut en formuler une dans celle session.
m.dei.fosse. L’industrie charbonnière delà province de Liège se plaint
très vivement des tarifs du chemin de fer. Il lui est impossible, si l’on
ne proportionne pas plus équitablement les tarifs du chemin de fer et
ceux des canaux, de lutter avec le Ilainaut. Le chemin de fer a fait per-
dre à la province de Liège ; les charbons du Hainaut vont maintenant
jusqu’à Tirlemont.
Je rappellerai à M. le ministre des travaux publics une promesse qu'il
nous avait faite lorsque les députés de Liège se sont réunis chez lui. Je
veux parler d’une station indispensable au Haut-Pré.
m. sigart (pour une motion d’ordre). J’ai adressé un interpellation à
M. le ministre, et je voudrais bien qu’il y répondît. Je lui ai demandé le
motif de l’arrêté du 25octobre qui réduit le transportdes marchandises
pour un parcours au-dessus de vingt lieues.
m. le ministre. Pour ne pas faire perdre le temps de la Chambre, j’ai
réuni cette interpellation à plusieurs autres, et j’y répondrai en même
temps.
m. lys. Il n’est plus permis d’espérer que le chemin de fer atteigne
Verviers cette année; les travaux languissent sur la première section ;
il n’y a rien de commencé pour les stations; les travaux sont partout en
souffrance. Il faut que l’administration fasse partoulses efforts pourac-
célérer les travaux dans la vallée de la Vesdre; car tout retard entraîne
un grave préjudice pour la province et pour le trésor. Le gouverne-
ment français a aboli le transit; il veut attirer les marchandises, et son
but sera atteint, si nous ne nous mettons pas promptement en mesure
de soutenir la concurrence. ,
m. mast de vries. Il y aura amélioration considérable dansles pro-
duits du chemin de fer; le compte-rendu le prouve. En 1841 la lieue de
parcours ne procurait que 6 fr., elle en aura produit 10 en 1842. Ce ré-
sultat matériel est beau puisque le chemin de fer aura produit, pour le
service des intérêts, el de l’amortissement des capitaux employés,
5.500,000 fr. Le chemin de fer peut-il produire davantage? Oui, suivant
moi. Mais pour cela il ne faut pas que le ministre cède à toutes les de-
mandes de réduction de tarif. Qu’il accorde des réductions justes; ainsi
j’ai vérifié les calculs de l’honorable M. Lange, et je les ai trouvés exacts;
le Hainaut a droit à une réduction; que le ministre donc applique par-
tout le tarif de la commission, 20 centimes pour les wagons, 30 centimes
pour les chars-à-bancs, 40 centimes pour les diligences. Il y aura réduc-
(I) Le bruit circulait à la Chambre que l’honorable membre voulait
entretenir de nouveau l’assemblée des fraudes électorales.
New-York, où il demeura caché. Son esprit aventureux lui fit accepter
un engagement sur un baleinier de Nanlucket; il se fit inscrire parmi
l’équipage sous un faux nom. C’était en octobre 1841; le navire n’étant
pas encore prêt à appareiller, Spencer partit un jour, avec quelques ca-
marades, pour une excursion de pêche, dans le voisinage de Nantucket.
Une horrible tempête les surprit et ils échappèrent miraculeusement
à la fureur de la mer. Pendant deux semaines Spencer fit le rude ap-
prentissage delà vie de matelot; il lui fallut travailler nuit et jour à
transporter l’eau et les provisions sur le navire,à arrimer les barriques;
il lui fallut échanger son costume d’étudiant contre la jacquette du
marin, coucher côte à côte, sur le grabat de l’entrepont, avec de gros-
siers matelots, partager avec eux une puante ration de bœuf ou de porc
salé. Rien ne le découragea, et lorsque le camarade auquel il racontait
ainsi son début maritime lui témoignait son étonnement, il répondait:
« Oh ! l’idée des périls me souriait, je reprenais courage en pensant
queje pourrais lancer le harpon sur une baleine, et rougir la mer de
son sang. » Elle narrateur ajoute que ces mots étaient accompagnés
d’un sourire infernal, que ses yeux s’animaient d’un feu sauvage.
Le jour du départ était enfin arrivé, lorsque tout-à-coup un courrier
arrive de Washington à bord du baleinier. La famille de Spencer avait
retrouvé les traces du fugitif, et son père,qui était déjà alors secrétaire
de la guerre, avait immédiatement pris des mesures pour faire rompre,
s’il en était temps encore, Rengagement contracté parson fils pour un
voyage dans l’Océan Pacifique. Le messager était chargé d’une lettre
de M1»' Spencer; mais les prières de la tendresse maternelle furent im-
puissantes, et il fallut quele capitaine et l'armateur refusassent de con-
sentir à son séjour sur le navire.
Il revint à New-York, et son oncle, le capitaine de vaisseau Spencer,
ayant obtenu pour lui un brevet de Midshipman, le fit recevoir à bord
du bâtiment école North Carolina. Il y demeura quatre mois, et eut
souvent à subir des réprimandes et des punitions pour son indiscipline.
Un jour, il insulta un des officiers Par égard pour sa famille, on ne vou-
lut pas faire île scandale; le capitaine Spencer fut appelé, et, après con-
sultation, il fut convenu que l’on escamoterait la plainte adressée an
gouvernement par l’officier insulté, mais que le coupable quitterait le
vaisseau. Le capitaine Spencer le fit alors embarquer à bord du Yo/ners,
sur lequel l’attendait une mort ignominieuse.
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