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» M. Menabrea a été accueilli dans les rues par ces cris :
» Vous avez vendu la Savoie à la France, vous voulez main-
» tenant vendre le Piémont ! « — « A bas la domination
» française ! » disent les autres.
» En un mot, la résistance n’a que cette arme à deux
tranchants : » La France nous impose une capitale parce
qu’elle veut nous faire renoncer à Rome. »
» Cest contre ces dernières paroles que le ministère
essaie de réagir.
>’ Tout le monde sait la vérité : un article de la Conven-
tion, qui doit rester secret, dispose que, comme garantie
morale et pour assurer l’application du principe de non-
intervention, le gouvernement de Turin s’engage dans un
délai de six mois à transporter la capitale de l'Italie à Flo-
rence ou en toute autre ville.
» Peut-être les signataires du traité ont-ils eu le tort de
parler tout haut de [existence de cet article, mais le mal
est fait.
» M. Menabrea, dans le sein du conseil municipal, a
essayéde prouver que la France n'a jamais entendurien im-
poser à l’Italie: « Le transportde la capitale à Florence a été
» la garantie morale offerte par le marquis Pepoli à l’em-
» pereur, qui en demandait une. »
» Ces explications n’ont produit que des sourires d’incré-
dulité. Le coup est porté.
- P.-S. — Le sang coule de nouveau... La place Saint-
Charles est encombrée de morts et de blessés.. »
« Turin, 22 septembre.
» Les troupes viennent de nouveau de faire feu sur le
peuple, place Saint-Charles. En traversant quelques
groupes, j’ai entendu parler de dix ou douze morts et d une
quarantaine de blessés. Au moment où je vous écris, un
régiment d’infanterie arrive au pas de course et vient se
masser au coin de la rue Saint-Philippe et de la place St-
Charles; j’ai traversé, il y a quelques instants, la place du
Château ; elle était complètement déserte.
» L’heure du courrier ne me permet pas d’entrer dans
des détails. Au milieu des émotions du premier moment,
je ne pourrais, en voulant vous en donner, que mêler
beaucoup de faux au vrai.
» Il vaut mieux attendre à demain. *
On lit dans le Mémorial diplomatique :
Dès que la cour de Turin se fut offerte à donner à la France
cette importante garantie (la translation de la capitale),
le gouvernement de l’Empereur crut devoir, par déférence
pour le saint-siège, informer son ambassadeur à Rome des
négociations qui allaient s’ouvrir entre Paris et Turin. M.
le comte de Sartiges fut autorisé à en donner confidentiel-
lement avis’au cardinal secrétaire d’Etat Antonelli, et à y
ajouter l’assurance la plus formelle que quel que soit le ré-
sultat éventuel de ce's négociations, la France n’entendait en
rien atténuer l’efflcacite de la protection dont elle avait
toujours couvert jusqu’ici le saint-siège.
Loin de menacer de compromettre la sûreté des Etats de
l’Eglise, les arrangements futurs n’auraient et ne pouvaient
avoir en vue que ae rendre au pape la plénitude de sa sou-
veraineté, laquelle se trouve aujourd’hui nécessairement
restreinte par suite de l’occupation étrangère.
Le jour même où la convention fut signée à Paris, le 15
septembre dernier, la nouvelle en fut transmise par le télé-
graphe à notre ambassadeur à Rome, pour qu’il donnât
connaissance au saint-siège d’un fait auquel il était d’ail-
leurs préparé par des communications précédentes, que
nous mentionnons plus haut.
Maintenant que l’échange des ratifications est accompli,
le texte de la convention va être officiellement communiqué
à la cour du pape. Il sera accompagné d’une dépêche moti-
vée dans laquelle le but et la portée de ladite convention
seront expliqués, et qui portera au Saint-Siège les assu-
rances les plus positives sur les intentionset les disposi-
tions inébranlables du gouvernement de l’Empereur à l’é-
gard du maintien intact du pouvoir temporel du Pape.
FRANCE.
(Correspondance particulière du Précurseur).
Paris, 24 septembre.
On m’assure que Victor-Emmanuel continue à né-
gocier à Paris , dans le but de faire modifier quelques
clauses de la convention qui soulèvent les répugnances
des Italiens, et en même temps pour faire comprendre
à notre cabinet que le moment ne lui semble pas op-
portun pour un changement de capitale.
Cependant, je doute qu’il obtienne rien. Notre gou-
vernement croit avoir assez fait pour l’Italie et il in-
sistera, je crois en être sûr, pour que la capitale soit
transférée à Florence. C’est un conseil qu’il a donné,
non une condition, comme je vous le disais,qu’il a im-
posée, mais il se croit le droit de voir ses conseils
écoutés. D’un autre côté, le ministère militaire qui va
remplacer à Turin le cabinet actuel, esttout-à-fait
dans le courant d’idées de la France, et je crois que
les personnages qui le composent font de Florence ca-
pitale une des conditions de leur entrée aux affaires.
Vous lirez sans doute l’article sur la convention du
Constitutionnel, mais je doute que vous puissiez tirer
ai and profit de cette pompeuse et vide amplification
de M. Paulin Limayrac, qui n’ajoute absolument rien
aux considérations qu’il avait présentées avant-hier.
On parle toujours ae la démission de M. Rouland,
et une correspondance départementale affirme aujour-
d’hui qu’il sera peut-être remplacé par un homme poli-
tique, en ce moment en dehors des affaires. J’avoue
que je ne devine pas de qui il s’agit, mais peut-être
que je le saurai demain.
La question des octrois semble n’être pas aussi
avancée qu’on le croyait. Il n’est pas certain que M.
Rouher ait fait le rapport qu’on attend de lui. Dans
tous les cas cette question ne viendrait guère avant
5 mois devant le Conseil où elle rencontrera certaine-
ment plus d’un adversaire.
Un journal avait annoncé,et tous les autres ont redit
que la répétition générale de Roland à Roncevaux avait
eu lieu avant-hier. C’était une erreur, il s’agissait
seulement d’une répétition d’ensemble,avec décors,mais
sans costumes. On répète ce soir avec costumes et l’on
n’attend pas la répétition générale avant jeudi ou sa-
medi. La direction annonce pourtant la première
représentation pour la fin de la semaine prochaine, ou
au moins pour le lundi suivant. J’imagine moi que le
nouvel opera ne sera pas joué avant 15 jours.
» Il y a, paraît-il, des morceaux superbes dans la par-
tition, ce que je crois volontiers, connaissant le talent
de l’auteur et ce dont il est capable ; mais les musi-
ciens de l’orchestre, les plus expérimentés, redoutent
l’effet produit sur le public par un poëme d’une allure
simple et épique, mais qui ne présente pas les combi-
naisons compliquées et dramatiques auxquelles les
librettistes de l’ecole de Scribe ont habitué les specta-
teurs de l’Opéra.
Néanmoins, il ne saurait, m’assure-t-on, y avoir de
chute. On m’a cité des chœurs très remarquables, des
récits grandioses, et surtout, au 3e acte un final d’un
irrésistible effet.
Les journaux et les correspondances ont tous an-
noncé que Victor Hugo était à Bade, chez l’éditeur
Hetzel, et ils en ont conclu que l’illustre poète traitait
des conditions de la publication d’un nouvel Ouvrage
avec ce libraire. Il n’en est rien, Victor Hugo voyage
en ce moment pour voyager, ce qui a toujours été 'dans
ses goûts. Cependant je puis vous annoncer qu’il sor-
tira de son excursion en Allemagne, un appendice à
ses trois volumes sur le Rhin. Quoiqu’il arrive, ce sera
toujours une bonne fortune.
Il faut reléguer au rang des fables un bruit dont je
m’étais fait l’éclio, sans trop y croire, si vous vous le
rappelez, et d’après lequel V. Hugo ne devait plus pu-
blier désormais que deux volumes : Chansons des bois
et des rues, laissant ses manuscrits a sa famille qui
n’aurait eu le droit de les faire imprimer qu’après sa
mort. C’est mal connaître le poète que de lui prêter
une pareille résolution. Assurément, il travaille avec
un grand recueillement, et malgré la puissante fé-
condité de son cerveau, il ne laisse échapper un
ouvrage de ses mains qu’après l’avoir revu et corrigé
avec une grande conscience d’artiste, mais il est ae
ceux qui ont besoin de se mettre en communication
avec le lecteur, de lui communiquer leurs impressions
et pour ainsi dire d’en recevoir à leur tour.
M. de Beaufort dément la nouvelle de sa retraite du
Vaudeville.
Le Monde contenait, il y a quelques jours les lignes
suivantes :
” L heure d une réaction approche. La liberté des théâ-
tres fera justice de Molière, bien mieux que ne le feraient
par les raisonnements les pires ennemis de ce caractère
méprisable. Chaque théâtre va jouer Molière. Si la chose
était à notre discrétion, on jouerait Molière tous les jours.
Le public, accoutumé à la cuisine très-savante quoique
malsaine des maîtres de l’époque, n’attendrait pas deux
mois pour repousser avec emportement le couscoussou
littéraire de l’idole. — Venet. »
Un autre rédacteur du même journal dit aujourd’hui,
dans un article intitulé Pèlerinage à Notre-Dame-des-
Ermites :
« Au fond, le protestantisme est un i*etour au règne de
Satan, règne détruit une première fois par l’auguste sa-
crifice du Calvaire, mais qui doit reparaître encore et pré-
parer la fin des temps.
» Je voudrais arriver tout d’abord au beau lac qui baigne
de ses eaux pures la ville de Genève, mais, hélas ! me voici
encore arrêté par un malencontreux incident : je trouve
devant moi la statue élevée à la mémoire de Rousseau. Les
flots irrités du Rhône passent en murmurant près d’elle
comme pour protester contre l’érection d’un pareil monu-
ment. — Ch. Itiobé. «
— On lit dans le Temps :
Nous recevons le texte du bref du
fonais, qu« le télégraphe nous avait d
, ! aux évêques po-
Sjà signalé. Nous n en
parlerons que pour noter les deux points capitaux de ce
document, que nous voudrions pouvoir citer dans son en-
tier, afin de bien éclairer nos lecteurs sur les véritables sen-
timents de la cour de Rome.
En premier lieu, le saint-père blâme formellement l'in-
surrection polonaise ; il rappelle aux vaincus, en termes
des plus durs, que la doctrine de l’Eglise est l’obéissance
aux pouvoirs établis, et il leur reproche amèrement d’a-
voir donné au czar l’occasion de persécuter de nouveau
l’Eglise catholique.
Ce qui trouble le pape, en effet, dans les horreurs com-
mises parle gouvernement russe, ce n’est pas l’humanité
foulée aux pieds, la cruauté mise à l’ordre du jour, c’est le
tort fait à son Eglise : tout le reste lui est indifférent. C’est
là notre seconde remarque. La Russie n’est pas odieuse
parce qu’elle supprime un peuple ; elle est coupable de
schisme, et voilà tout son crime ! On sent, en parcourant
ces lignes écrites par Pie IX, que si la Pologne était pro-
testante et la Russie catholique, le czar serait irréprocha-
ble. Veut-on savoir, en effet, ce que Sa Sainteté déplore le
plus dans les persécutions de la Pologne, le voici :
Dans cette guerre atroce, déclarée par le gouvernement
russe à l’Eglise catholique, a ses droits sacrés, à ses minis-
tres et à sespossessions, nous sommes forcé de déplorer et
de flétrir spécialement un acte inouï jusqu’ici dans les an-
nales de l’Église. Non content d’enlever brutalement de son
siège, notre vénérablejfrère Sigismond, archevêque de Var-
sovie, ce prélat si digne d’éloges, et de le réléguer dans une
contrée lointaine, le gouvernement a osé déclarer que ce
vénérable prélat était dépouillé de ses pouvoirs et de sa ju-
ridiction, il a fait défense à ses diocésains de communiquer
avec lui, il a défendu au vicaire général administrateur,
notre cher fils Paul Rzewuski, évêque de Prusse in parti-
bus, nommé par nous évêque suffragant de l’archevêque,
de remplir ses fonctions. Les paroles nom manquent, vé-
nérables frères, pour exprimer notre réprobation et notre
horreur d’un tel acte.
Comment ne s’étonneraient pas d’un tel attentat ceux qui
savent que les évêques ont été chargés par le Saint-Esprit
de gouverner l’Eglise de Dieu, que leur autorité leur a été
remise par Dieu même, et qu’en aucune manière il n’appar-
tient à rautorité laïque de les en priver, et de leur retirer
le gouvernement de leur diocèse à eux ni à leurs manda-
taires ? En condamnant et en réprouvant ces actes, nous
déclarons que personne ne peut y obéir, et que tous les
fidèles du diocèse de Varsovie doivent une pleine obéissance
à notre vénérable frère Sigismond, leur vrai, leur légitime
archevêque.
Ainsi, c’est une question de prérogative ecclésiastique
que la cour de Rome aperçoit dans les malheurs de la Po-
logne. C’est un conflit de compétence qu’elle élève au mi-
lieu de ce sang versé et de ces proscriptions. Telle est la
cause pour laquelle le pape se passionne et réserve toute son
indignation, tel est le principe pour lequel il déclare la re-
volte légitime. Qu’on décime une population par la main du
bourreau, c’est peu de chose; mais qu’on dérange un évê-
que sans la permission du pape, c’est l’abomination de la
désolation et les paroles manquent au vicaire de Dieu pour
anathématiser un aussi grand forfait.
Puissent les Polonais comprendre la leçon ! Puisse la
démocratie contemporaine dépasser les étroits horizons de
l’égoïsme national ou religieux, et s’élever à la pure con-
ception du droit, indépendant de toute fatalité physiologi-
que, de toute idée métaphysique, uniquement basé sur le
respect de la personne humaine !
BELGIQUE.
Bruxelles, 24 septembre.
xxxivm6 anniversaire de l’indépendance nationale.
Deuxième journée. —- Samedi 24.
Au premier coup de canon, le tir national a recommencé.
Le temps est un peu incertain, mais se maintient tant bien
que mal.
Les étrangers arrivent encore en très-grand nombre, et
remplissentles musées, expositions, etc.
A dix heures, les sociétés des différents tirs à l’arc, à
l’arbalète et de divers jeux populaires, se réunissent rue de
la Loi pour se former en cortège, la droite vers la rue
Ducale.
Il était onze heures et demie lorsque le cortège débou-
chait sur la place de l’Hôtel-de-Ville. Il était précédé du
corps de musique des sapeurs-pompiers. L’escorte était,
en outre, formée des pompiers en armes, la musique, les
tambours et un fort détachement du régiment de grena-
diers. Des piquets de gendarmerie à cheval ouvraient et
fermaient la marche.
Le cortège avait défilé au milieu d’une foule considéra-
ble, par les rue et place Royale, la Montagne de la Cour,les
rues de la Madeleine, du Marché-aux-Herbes et de la Col-
line.
C’est toujours une des parties les plus pittoresques de nos
fêtes nationales quecette réunion de sociétés de tirs et jeux
très-populaires, avec les insignes particuliers,les drapeaux,
dont la plupart très riches et fort gracieux, et portant
d’innombrables médailles remportées comme prix dans les
concours précédents.
On a constaté que les sociétés, cette année, ne sont pas
arrivées en aussi grand nombre que précédemment.
Le collége des bourgmestre et échevinsareçules sociétés
sur la Grand’Place et leur a distribué, avec le cérémonial
usité, les médailles d’éloignement et du plus grand nombre.
Puis l’autorité communale a remis les prix aux commis-
sions directrices. Ensuite, les sociétés se sont rendues aux
locaux assignés aux différents concours, qui ont commencé
à 2heures.
A midi, M. Vandenpeereboom,ministre de l’intérieur, s’est
rendu au local do l’exposition de la Société rovale Linnéenne,
au Palais-de-Justice. Il a été reçu par M. le président, les
membres de la commission directrice de l’exposition et les
membres des divers jurys.
Après avoir examiné attentivement les beaux et riches
produits qui composent cette remarquable exhibition agri-
cole et horticole, ce haut fonctionnaire a présidé à la distri-
bution des médailles décernées dans les cinq diverses sec-
tions.
Dès une heure, la foule s’est portée vers le champ des
Manœuvres au quartier Léopold pour aller assister aux
courses de chevaux.
Les courses d’hier ont été excessivement animées et bril-
lantes. Il y avait foule. Plusieurs accidents sont arrivés. A
la seconde course, au saut de la haie, le cheval de M. Rid-
dell est tombé et s’est brisé les reins. Il a fallu l’abattre. M.
Riddell a été légèrement blessé à l’épaule et à la tête. Au
saut de là rivière, un jockey s’est brisé la clavicule en
tombant.
A la dernière course, un jockey est tombé au saut de la
barrière et s’est grièvement blesse.
Le Roi est revenu cette après-midi du château d’Ar-
denne.
ANVERS, SS septembre.
Le thermomètre centigrade marquait aujourd’hui à
midi 18 degrés au-dessus de zéro. Réaumur 14.
— Ce matin Mme S. qui sortait de l’église de Notre-
Dame a été frappée à la Place Verte d’une attaque d’a-
polexie foudroyante. On l’a transportée à son domicile
— On a transporté hier soir à l’hôpital 1° un ouvrier
qui avait reçu sur la jambe une poutre qui s’était
détachée d’une triqueballe à la Plaine Falcon ; 2°
un ouvrier qui avait été blessé à la tète par le levier
qui s’était détaché d’une balance sur laquelle on pesait
des caisses de sucre.
— Des passants ont trouvé ce matin sur les Glacis
un individu ne donnant presque plus signe de vie et
l’ont transporté à l’hôpital. On présume que ce mal-
heureux se trouvait dans cette position à la suite de la
grande quantité de boissons alcooliques qu’il avait ab-
sorbées hier soir.
—Un vieillard a tenté de se suicider hier au soir en se
jetant dans les eaux des fortifications hors de la porte
Rouge. Deux sergents de notre garnison ayant en-
tendu le bruit de la chute du corps dans l’eau, accou-
rurent et réussirent à le retirer à temps. Ayant appris
que le malheureux avait voulu mettre fin à ses jours
par misère, ses généreux sauveurs lui donnèrent tout
l’argent qu’ils avaient sur eux.
— Hier un commis expéditeur de Mr B..., quittait
un navire amarré dans les Bassins lorsqu’arrivé sur la
planche servant de passage entre deux navires, celle-
ci fit la bascule et l’employé tomba dans les Bassins
entre les deux bâtiments. Un ouvrier s’élança aussitôt
tout habillé à l’eau et eut le bonheur dele sauver d’une
mort certaine.
— Hier après-midi un ouvrier a été pris entre deux
chariots sur le pont de la Porte Rouge et a eu la jambe
écrasée sous la roue d’un des chariots.
— Nous avertissons le public que depuis quelques
jours de fausses pièces de cinq francs à 1 effigie de Na-
poléon III,de l’année 1863,sont en circulation en notre
ville.
— La police a arrêté hier après-midi un ouvrier
du Port qui s’était rendu coupable de vol de laine et de
café, à bord d’un navire.
— 30 publications de mariage ont été affichées ce
matin à l’Hôtel-de-Ville.
FAITS DIVERS.
— La Gazette de Vienne publie la nouvelle suivante
dans sa partie officielle :
“ S. M. I. et R. a gracieusement daigné émettre l’ordre du
jour suivant. - J’accorde à monsieur mon fils, prince héré-
ditaire (qui a cinq ans), l’autorisation d’accepter et de por-
ter l’ordre royal prussien de l’aigle noir, qui lui a été con-
féré.
» Schœnbrunn, 9 septembre.
» François-Joseph.
— Victor Hugo est en ce moment à Bade. L’illustre poète
vit, dit-on, très retiré : il a seulement reçu chez lui M. et
Mme U. Rattazzi, et le prince Arthur d’Angleterre.
— Il paraît qu’on n’en a pas fini avec les troubles de Bel-
fast. Neuf cents ouvriers protestants se sont mis en grève
dans les chantiers de marme, parce que le directeur Refu-
sait de renvoyer cinquante catholique#.
— L’Angleterre n’est pas le seul pays où l’on brûle an-
nuellement quelque effigie. Nous trouvons dans les journaux
espagnols la description d’une fête analogue à celle dont le
mannequin de Guy Fawkes sert de prétexte aux Londo-
niens. Seulement ici il se nomme Mahomet. D’après une
coutume très ancienne, le 8 de ce mois, les paysans du can-
ton de Villena (Alicante) ont rempli de poudre un manne-
quin représentant le prophète, et apres l’avoir promené
triomphalement,y ont mis le feu et l’ont fait sauter au milieu
des applaudissemens de la foule.
On voit par ce trait que le souvenir abhoré des Maures est
loin d’être effacé dans le pays d’Isabelle-la-Catholique.
— Il a été souvent question en Angleterre et en France
de conférer aux femmes le droit électoral. C’est une opi-
nion qui a pour elle d’illustres partisans, Bentham, Stuart
Mill, Laboulaye. Les journaux deMoravie nous apprennent
que le gouvernement de cette province a décide que les
veuves qui payent des impôts, auraient à l’avenir le droit
de voter dans les élections municipales.
— NOUVELLE APPLICATION DE LA VAPEUR. — On
lit dans un journal de Paris :
Une innovation de quelque importance est sur le point de
se réaliser dans l’armement des navires de la marine impé-
riale.
Jusqu’à ce jour, les bâtiments de guerre ont été pourvus
d’embarcations qui ne pouvaient naviguer qu’à la rame ou
à la voile ; par suite d’une mesure qui est en cours d’exécu-
tion, ils seront pourvus prochainement d’une chaloupe à
vapeur.
Avons-nous besoin de rapporter que la chaloupe est la
plus grande embarcation d un navire : elle est destinée à
des travaux multiples, elle peut rendre d’incalculables ser-
vices. Sur rade elle transporte du navire au port et du port
au navire le matériel d’armement le plus lourd, l’artillerie,
les munitions,les vivres. A la mer, en cas de naufrage, elle
est pour l’équipage le moyen le plus efficace de salut. En
face d’une cote ennemie, elle opère les débarquements.
Il est impossible de méconnaître l’utilité de l’application
de la vapeur à de semblables embarcations. Or, d’intéres-
santes expériences se rattachant à cet ordre d’idées, ont eu
lieu, ce mois, sur la Seine, entre Saint-Denis et Chatou.
Quatre chaloupes à vapeur, commandées par le ministre
de la marine aux chantiers de MM.Claparède et Caumartin,
de Saint-Denis, viennent d’être terminées. Elles ont environ
10 mètres de longueur, et reçoivent une machine dont la
force varie entre 15 et 20 chevaux.
C’est une de ces embarcations qu’on a essayée lundi der-
nier sur la Seine. Elle avait à bord une commission d’offi-
ciers de vaisseau et d’ingénieurs de la marine, faisant par-
tie du conseil des travaux. Elle a successivement descendu
et remonté la Seine, entre Saint Denis et Chatou, avec une
vitesse de 7 nœuds 5 dixièmes en descendant, et de 7
nœuds 3 dixièmes en remontant.
— Nous empruntons au Saint-public une anecdote plus
ou moins apocryphe qui nous remet en mémoire les
terribles dispositions pénales jadis protectrices sévè-
res du gibier :
« Un vieux juge de paix de Bresse, qui connaissait peu
l’histoire de France, mais très bien celle de Savoie, ren-
dait chaque lundi ses sentences dans un canton de l’arron-
dissement de Bourg; il consultait la coutume, les statuts
et les édits; le code lui paraissait un hors-d’œuvre des
temps modernes.
» Il advint qu’un des amis de ce magistrat arriéré fut
pris en contravention pour un fait de chasse dans un bois
ci-devant princier. Le garde champêtre s’étant présenté
pour affirmer son procès-verbal, le juge épouvanté donna
les signes de la plus vive douleur. On alla de sa part dire
secrètement à son ami qu’il eût à se dérober par la fuite à
la vindicte des lois.Le chasseur, très étonné du conseil,
crut devoir rester chez lui, et, àl’audience suivante,le juge,
suffoqué par les larmes, en présence d’un auditoire qui n’y
comprenait rien, après avoir visé de nombreuses ordon-
nances du temps du comte Vert, condamna par défaut son
ami délinquant à la peine de mort,
» A la première nouvelle de cette sentence capitale, il y
eut dans le chef-lieu de canton une immense explosion de
gaieté.Le condamné fut porté en triomphe àl’hôtel du Lion-
d’Or; on but 100 bouteilles de champagne à la santé du juge.
Tousles convives dansaient et chantaientjc’était du délire...
comme aux grand jours du carnaval.
» Cependant le condamné, de gai qu’il était d’abord, de-
venait soucieux, de soucieux triste, et de triste agité des
symptômes d’un visible effroi.
» — Michel, dit-il à son confident et voMn de table,cette
sale affaire m’ennuie !
» — Je n’osais pas te le dire, mais elle m’inquiète aussi
énormément... M’est avis qu’il faudrait aller tout de suite
nous consulter chez Me Boclîard, à Bourg.
» — Est ce que, par hasard, tu supposerais que?... balbu
tia l’autre en pâlissant.
» — Je ne suppose rien... mais enfin...
— Malheureux ! je suis perdu ; que faire?
— Je vais atteler ma jument ; dans une heure nous som-
mes à Bourg... Nous voyons Bochard,et si,par malheur, la
chose est pour tout de bon, je te passe rapidement en Savoie
ou en Suisse... Ça ne badinepas...
A trois heures du ma'in, le condamné et son consolateur
ébranlaient la sonnette du célèbre avocat.
Me Bochard, toujours bienveillant pour ses compatrio-
tes, quoiqu’il fut dérangé dans son sommeil, donna une con-
sultation en règle ; il écouta ses clients nocturnes, et, quand
tout fut bien exposé, il se leva et leur dit sans rire :
» La cause est entendue. La cour, réformant la sentence
dont est appel, condamne le juge, le condamné et son con-
seil à être enfermés, jusqu’à la fin de leurs jours, dans le
même bocal de cornienons. Allons manger la soupe au
fromage !
» L’audience est levée.»
— un autographe de ROssiNi. — Le dernier numéro
du journal l’Autographe contient le fac-similé suivant, pris
de l’album d’Adelma Patti :
» Ma bonne Adelina, rien ne m’est plus facile que dejeter
une pensée sur votre album, pensée qui me trotte par la
tête : vous chérir comme une adorable créature, admirer
votre ravissant talent, être à jamais votre ami. — g. ros-
sini. — 16 février 1864. «
— mot d’un joueur. — Il y a quelques jours, un Mayen-
çais bien connu pour les pertes d’argent qu’il a faites au
jeu se présentait à l’entrée des salons de Wiesbaden.
' Le surveillant jeta un regard dédaigneux sur la toilette
assez délabrée du nouvel arrivant et voulut lui interdire
l’entrée.
— Laissez-moi donc passer, lui dit le joueur. C’est ma toi-
lette qui vous offusque? Il y a longtemps que mes beaux
habits ont pris les devants ; je les ai laissés sur le tapis vert
et je veux voir sije ne les retrouverai pas.
Et le gardien le laissa effectivement passer. (Europe.)
— Les journaux algériens racontent la condamnation à
deux années de réclusion d’un Arabe coupable d’avoir
tué, dans un mouvement de colère, sa femme qui, plus
forte que lui, le maltraitait. Circonstance curieuse : cette
femme avait dix-sept ans, le mari n’en avait que qua-
torze , et ils étaient mariés depuis trois ans.
— Le Messager de Taïti nous apporte une curieuse
ordonnance de la reine Pomaré ;
» Pomaré IV, reine des îles de la Société et dépendances,
et le commandant commissaire impérial, attendu que la loi
taïtienne du 11 mars 1852, sur les actes de l’état civil, exige
que le nom de famille se transmette de père en fils, mais
qu’aucune sanction pénale n’est prévue contre l’infraction
ae l’article 21 de la loi qui édicte cette disposition, ordon-
nons :
» Art. lor. A compter de la publication de la présente or
donnance, tout Taitien qui changera son nom par lequel il
est connu dans le lieu de sa naissance, sera puni d’une
amende de 30 fr., au profit de la caisse générale, prononcée
sans appel par le juge du district. En cas de récidive, l’a-
mende sera doublée.
» Art. 2. La présente ordonnance sera enregistrée dans
les livres des conseils de tous les districts,partout où besoin
sera, et publié dans les deux langues au Messager.
» Papeete, le 30 avril 1864.
» POMARÉ.
» Le commandant des établissements
français de l’Océanie, commissaire
impérial aux iles de la Société.
» E.-G. DE LA RICHERIE.
— beurre artificiel. — Les lignes qui suivent sont
extraites d’une lettre de M. Daniel Zetter, de Saint-Dié
(Vosges) :
« Le beurre artificiel réunit tous les avantages : la bonté
le bon goût, le bon marché. Il se conserve très-bien, et il
est tellement gras, que 1 kilogramme remplace parfaite-
ment 2 kilogrammes de beurre ordinaire.
— Pour sa composition, on prend 1/2 kilog. de graisse de
mouton fraîchement abattu, que l’on fait fondre dans 270
grammes environ de lait de bonne qualité. Après la disso-
lution, on tamise le liquide encore chaud, en ajoutant 625
grammes environ d’huile de bonne qualité, et pendant cette
dernière opération il faut avoir soin d’agiter constamment
le mélange. On le remet sur le feu en y ajoutant 60 gram-
mes de croûte de pain, 15 grammes d’estragon et deux oi-
gnons coupés.Onchauffe letout,que l’ontamisede nouveau
Ce produit forme une graisse très-pure et très-fine, pres-
que sans odeur, pouvant remplacer le beurre ordinaire avec
avantage immense soit pour la cuisine, soit pour la pâtis-
serie. Les aliments gras seront beaucoup plus substantiels,
d’un goût plus agréable ; la pâtisserie, plus légère, plus
belle et d’une saveur plus appétissante. (Des mondes.)
— Les avis de Buenos-Ayres évaluent de 95,000 a 100,000
balles la quantité de laine que produira cette année la Con-
fédération argentine; c’est l’équivalent de 87 millions et de-
mi de livres, et c’est là pour le pays une source abondante
de richesses.
— mœurs chinoises. — Nous puisons dans la rela-
tion d’un voyage à Pékin, publié récemment par le
Tour du Monde, les curieux détails qui suivent :
Les gens riches de la Chine passent la moitié de leur exis-
tence dans les mystérieux appartements de leurs palais,
appelés fou. Dans ces pièces, garnies de nattes épaisses, de
fleurs et de brûle-parfums, pourvues d’étroites ouvertures
laissant pénétrer un faible jour à travers les interstices d’un
grillageais s’adonnent à une voluptueuse paresse. A Pékin,
la paresse est poussée à un si haut point, qu’il est considéré
comme malséant de marcher et de se servir de ses mem-
bres, et si l’on va faire à pied une visite, on est obligé de
s’excuser de n’être pas venu en palanquin. Ce mode de lo-
comotion n’est du reste pas dispendieux; pour une piastre
par jour, on a un riche palanquin porté par six hommes.
Dans tous les rangs de la société, l’une des ùâssioiis qui
fait le plus de ravages, c’est le jeu. Au milieu des rues mê-
mes, à côté des baraques où l’on montre des combats de
coqs et de caüleS,on reftóöntfe de. petits tripots ambulans.
La nuit, les gens riches se rassembîeiit dans des maisons de
thé pour s’y livrer à un jeu qui parait être üiïe sbrfe de be-
sigue. On joue aussi aux dès, aux dominos, aux dames ; et
quand on a perdu son argent, on met en jeu champs, mai-
sons, femme, enfants; on va enfin jusqu’à se mettre soi-
même en jeu. Cette passion effrénée paralyse le travail et
est une dos causes principales du paupérisme. _
Les enfants jouent au volant ; ils sont très habiles à le
renvoyer avec la semelle du brodequin.
L’ivrognerie est en Chine ie moindre défaut ; on s’enivre
avec une eau-de-vie que l’on extrait du sorgho, et dont les
effets sont terribles. 11 est vrai que l’on noie son ivresse
dans le thé. La consommation qui se fait do cette infusion,
soit dans les maisons de thé (les cafés de chez nous), soit
dans les maisons particulières, est effrayante. A peine
entrez-vous dans une habitation, qu’aussitôt on vous offre
du thé ; et vous devez en ingurgiter plusieurs tasses avant
qu’il vous soit permis d’exposer à votre hôte l’objet qui
vous amène. Il y a dans les maisons privées un cérémonial
poussé jusqu’à" l’extrême, et autant les habitudes des res-
taurants publics sont grossières et sales, autant est splen-
dide la recherche d’un repas d’apparat donné par un
grand personnage. ,
Nous trouvons dans une lettre écrite par un officier de
l’armée française une nomenclature intéressante des mets
servis dans l’une de ces réceptions solennelles, et mangés
à l’aide de deux petits bâtonnets, dont l’un, fixe, se tient en-
tre le pouce et l’annulaire, tandis que l’autre, mobile, se ma-
nie avec l’index et le doigt du milieu. Le repas commença
par le dessert, composé de mets rafraîchissants, tels que
pastèques, crèmes fouettées, sirops de fruits ; puis vinrent
ues entremets sucrés arrosés de différents vins et de thé.
Aux entremets succéda une foule de plats de résistance :
viandes, volailles, gibiers, poissons, légumes de toutes
sortes, parmi lesquels il n’y avait rien de trop ex-
traordinaire, sauf un morceau de chien de lait, mets fort
recherché en Chine. Enfin, de même qu’on avait commencé
par le dessert, on finit par la soupe ;le dernier service se
composa de mets gélatineux : gelee de nids d’hirondelles à
l’essence de citron, ailerons de requins bouillis et fondus
dans une sauce gluante, foies et rates de poissons à la sauce
aux huitres, soupe de ging-seng à la purée de volailles.
Le goût des représentations théâtrales est assez vif dans
la nation ; il n’existe cependant pas de théâtres permanents
à Pékin ; mais le gouvernement tolère des constructions
provisoires sur les places lors des fêtes ; et il y a beaucoup
de maisons de thé et d’habitations particulières qui possè-
dent une scène. Voici, en résumé, le compte-rendu d’une
représentation théâtrale donnée par le secrétaire d’Etat
Tcnounglouen dans le jardin do son palais en l’honneur de
l’armée. Le théâtre ressemblait à ceux qu’on élève à Paris
sur l’esplanade des Invalides lors de la fête du 15 août ; la
scène était une plate-forme élevée à deux mètres du sol,
vide de tous décors et -séparée des coulisses par un vaste
paravent. Une estrade placée en face de la scène était réser-
vée aux invités, derrière lesquels s’entassèrent les gens du
peuple, auxquels ont avait ouvert les jardins.
L’orchestre, composé de deux flûtes, d’un tambour et
d’une harpe, avait à peine entamé une ouverture discor-
dante, que les acteurs parurent ; et le chef de la troupe an-
nonça le spectacle, qui devait se composer d’un drame tra-
gique : la Conquête de la Chine par les Tartares, et d’une
fable en action : le Mariage de l'Océan et de la Terre.
Ainsi qu’il arrive ordinairement, le directeur de la troupe
était enmême temps l’auteur des pièces. Dans la première,
moitié parlée, moitié chantée, il avait voulu démontrer la
légèreté et l’inconstance des femmes ; au dénouement, en
effet, la fille de l’empereur détrôné épouse le conquérant
tartare, oubliant son amour pour un officier du palais que
le vainqueur a jeté dans les fers. Danslaseconde pièce, tous
les acteurs, représentant des diables, des génies, des licor-
nes, des hippogriffes, des poissons, des flots de mer, por-
taient les masques les plus étranges.
Une des particularités les plus remarquables concernant
les théâtres de Chine, c’est que les rôles de femmes sont
remplis par les jeunes gens; n est défendu aux Chinoises
par l’empereur Hien-long de paraître sur la scène.
Le siècle continue à marcher.
Qui donc avait prétendu que la civilisation n’était pas en
progrès ?
Lisez plutôt les deux nouvelles ci-après qui se suivaient,
— en se ressemblant, — dans les faits divers de tous les
journaux d’hier.
Première nouvelle :
« Un général russe, le prince Witgenstein, s’est fait le
défenseur des peines corporelles et vient de publier une
dissertation en faveur du knout. »
Seconde nouvelle :
» A Munich on fait en ce moment uneneuvaine contre M.
Renan. »
Probablement pour demander au ciel de le frapper de
mort.
Moi, j'arrangerais ces deux affaires-là en envoyant le
prince Witgenstein comme gouverneur à Munich.
Théâtres, Concerts, etc.
Théâtre Royal. — Nous annonçons avec plaisir
que M. Vachot vient d’engager le ténor Sapin. C est au
moment où M. Carpier, directeur du Théâtre de La
Haye, faisait de brillantes propositions à M. Sapin
que cet artiste distingué s est souvenu de l’accueil
sympathique qu’il a reçu parmi nous et qu’il s’est dé-
cidé à revenir à Anvers aux mêmes conditions que
l’année dernière. -
Nous apprenons en outre que la troupe deM. Yachot
est au complet et que le tableau en paraîtra vers le
milieu de la semaine.
. Les représentations commenceront dimanche pro-
chain, probablement par les Mousquetaires de la Reine,
Chronique Judiciaire.
Marie Thérèse Lodewyckx, âgée de 16 ans, qui recon-
naissait avoir volé au sieur Verheyen, voiturier, une
montre en argent qu’elle était allée engager au mont de
piété, a été condamnée à un mois d’emprisonnement.
Pierre De Jongh, ouvrier ferblantier à Anvers, a été
condamné à 8 mois d’emprisonnement pour attentat à la
pudeur ; Pierre Jean Ooms, terrassier à Eeckeren à 8 jours
d’emprisonnement pour outrage public à la pudeur, et
Joseph Schellekens, terrassier a Berchem, à 3 jours de la
même peine, pour semblable délit.
Pierre Wuyts, âgé de 39 ans, ouvrier tailleur de pierres,
à Anvers, que trois condamnations du chef de mauvais
traitements exercés sur sa femme n’ont pu corriger, a été
condamné de nouveau du même chef a 3 mois d’empri-
sonnement et 16 fr. d’amende.
Corneille Claes, maçon à Boom, et Jean Baptiste Lem-
mers, journalier à Niel, ont été successivement condamnés,
chacun à une amende de 25 francs, pour avoir porté volon-
tairement des coups, le premier au sieur Van Aken, à
Boom le 29 août 1864 et le second au sieur Deschepper à
Niel, le 9 du même mois.
JeanGommaire De Prins, domestique à Wommelghem,
prévenu d’avoir chassé sans permis de port d’arme de
chasse a été condamné à une amende de 50 fr. et à la confis-
cation de son arme.
TRIBUNAL CORRECTIONNEL DE GAND.
Audience du 24 septembre. — (Présidence de M. Joos.)
« Maxima debetur puero reverentia. »
Frère Bernard, de la Compagnie des frères de charité,
comparaît sous la prévention (Poutrages publics à la pu-
deur commis sur des orphelins de l’hospice des Külders, à
Gand, dépendant de l’administration des hospices civils de
cette ville.
Il est âgé de 54 ans,né à Moerkerke,et comparaît en cos-
tume laïque, le costume sous lequel il a été arrêté sur le
bateau à vapeur d’Ostende, au moment de partir pour l’An-
gleterre, au 16 août dernier.
Il est assisté de Me Gustave Yan Hoorebeke, avocat près
la cour d’appel de Gand.
Sur le réquisitoire de M. Lefèvre, substitut qui siège au
banc du ministère public, le tribunal, dans 1 intérêt des
mœurs, prononce le huis-clos.
Ceci avertit nos lecteurs do l’impossibilité où nous nous
trouvons par la nature des faits que les témoins ont à ra-
conter, de donner un compte rendu détaillé de l’affaire.
21 orphelins sont entendus comme témoins à charge.
Quelques-uns révèlent des faits qui dépassent toute ima-
gination et tels que cela ne peutseaireen aucune langue.Le
prévenu reste impassible et prise abondamment. Rarement
détails plus dégoutants ont retenti devant des tribunaux.
Après l’audition d’un certain nombre d’orphelins, comme
témoins à décharge, M° G. Van Hoorebeke présente la dé-
fense du prévenu. M. Lefèvre soutient la prévention avec
force et requiert le maximum de l’emprisonnement comminé
par l’art. 330 du Code pénal, contre Poutrage public à la pu-
deur, soit un an de prison, tout en exprimant le regret que
la loi pénale ne mette pasàla disposition du tribunal de peine
mieux proportionnée aux faits ignobles et dégoûtants con-
statés a charge du frère Bernard.
Le tribunal déclare les faits de la prévention établis à
suffisance de droit, condamne en conséquence le prévenu
De Pover à un an de prison, 50 fr. d’amende et aux frais.
Le jugement que nous ne pouvons reproduire flétrit les
faits autant qu’ils le méritent et relèvent à charge du pré-
venu cette circonstance qu’il a été pendant des années un
agent de corruption sur les enfants mêmes qu’on confiait à
ses soins.
Les gendarmes emmènent le frère Bernard à travers
une foule compacte qui se presse aux portes du palais de
Justice et qui l’accueille avec des huées et des sifflets.
DERNIERES NOUVELLES.
DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES.
Paris, samedi soir, 24 septembre.
Il se confirme que M. de Sartiges a communiqué au
Saint-Père et au cardinal Antonelli la dépêche qui no-
tifie le traité franco-italien. Sa Sainteté a accueilli
cette communication avec cet intérêt bienveillant
qu’elle apporte à toutes les communications françaises
et a demandé de lui laisser les pièces pour les examiner
avec toute l’attention qu’elles exigent.
Turin, 24 septembre.
Le général de La Marmora a accepté la mission de
former un nouveau ministère.
On a des motifs fondés de croire que les bases de la
convention conclue avec la France seront maintenues.
La Gazette, officielle s’exprime ainsi sur la démission
du ministère : . .
„ s. M. ayant jugé convenable que le ministère don-
nât sa démission, les ministres ont résigné hier leur
mandat entre les mains du Roi. » •
La ville est tranquille.
Turin, 24 septembre.
La tranquillité n’a pas été troublée hier ni dans la
matinée. . . , ...
La démission du ministère est motivée par les
troubles. „„ , ,
Turin, 25 septembre.
Les journaux donnent des détails contradictoires
relativement aux pourparlers pour la formation du
nouveau cabinet. Rien n’est encore positif.
La Stampa croit que le comte San-Martmo Cordova
n’a pas accepté. MM. Lanza, Sella et Petitiont accepté.
Lfabsence de beaucoup d’hommes politiques de Tu-
rin pourrait retarder la composition du cabinet qui,
toutefois, sera effectuée bientùt.La Stampa croit que le
concours du parti modéré est assuré â la tâche du gé-
néral La Marmora.
M. Nigra est reparti pour Paris.
La ville est parfaitement tranquille ; des patrouilles
parcourent les rues, les troupes stationnent sur la place
du Château. Toutes les mesures de précaution ont été
prises.
Berlin, 24 septembre.
L’empereur de Russie et le grand-duc partent cette
près-midi pour aller faire une visite de deux jours au
rand-duc de Saxe-Weimar au château de Wil-
helmstlial.
Berne, 24 septembre.
Le Conseil national a ratifié aujourd’hui par 96 voix
contre 20 les traités fronco-suisses.
Le Conseil des Etats commencera lundi la discussion
de ces traités.
Aarhuus, (Jutland), 24 septembre.
On ordre du quartier général annonce que l’armée
d’occupation prussienne, forte de 30,000 hommes, pren-
dra ses quartiers d’hiver dans les villes orientales du
Jutland, entre Friedrichshaven et Horsens.
Bucharest, 24 septembre.
Une imposante ovation a été faite au prince Couza
et à la princesse, en Moldavie.
Six mille paysans étaient accourus au château de
Rouginossa, venant de tous les villages du pays avec
leurs anciens et leurs prêtres.
Ils ont présenté une adresse exprimant leur grati-
tude pour la proclamation de la loi rurale et ils ont
décerné au prince le titre de père des paysans roumains.
Le Moniteur a publié hier cette Adresse.
apr
ci-
ni fun ni
VARIÉTÉS.
LES MÉTAUX PRÉCIEUX DANS L’iNDE.
Nous sommes intimement convaincus que ceux qui croient
que les Hindous cachent, enfouissent ou convertissent l’ar-
gent en joyaux, ne font qu’accepter une erreur qui s’est
transmise de siècle en siècle depuis les Romains. L’Inde
n’absorbe pas plus d’argent que de cuivre, d’étain ou de zinc;
elle les achète là où ils sont a plus bas prix.
Pour le moment, c’est en Angleterre qu’elle peut s'appro-
visionner à meilleur marché ; mais d’autres nations euro-
péennes, et de temps en temps la Chine, contribuent à cet
approvisionnement.
L’Inde, après tout, en ce qui regarde les métaux précieux
est dans une situation semblable à celle de l’Angleterre,car
nous ne produisons pas d’or et nous ne produisons guère
d’argent. Nous importons presque tout ce que nous en em-
ployons, et cepencfant on ne peut pas dire que nous l’absor-
bons, bien que nous puissions affirmer que nous en em-
ployons infiniment plus que les Indiens en objets d’orne-
ments et autres.
Les Hindous sont un peuple éminemment sobre et frugal ;
personne ne connaît mieux qu’eux la face et le revei'S d une
pièce de monnaie. Les points caractéristiques do la race se
retrouvent dans les classes les plus inférieures. Ils font
grand cas des pièces d’argent : il y a des banquiers et des
changeurs dans chaque village ; on les compte par dizaines
ou centaines dans les villes et cités : de temps immémorial
ils connaissent la lettre de change.
Dans une société ainsi constituée, on n’éprouve aucun
besoin d’enfouir l’argent, et nous sommes convaincus qu’il
y en a très-peu sous terre.Les seuls trésors dontil ait jamais
été question ont été ceux qu’avaient amassés certains
pr inces d’un esprit parcimonieux.
Le roi d’Oude, par exemple, a eu, à un moment, une ou
deux centaines de millions de francs, et le fameux butin do
Kirivi, qui s’élevait, dit-on, à quinze millions de francs, fut
amassé par un prince Mahratte.
Mais ces trésors ont toujours été des exceptions, et on
doit avoir de moins en moins le désir d’enterrer l’argent.
C’est un moyen auquel n’ont recouru que les nations enva-
hies par l’étranger ou désolées par une longue guerre
vile; la plus grande partie de l’Inde n’a souffert ni l’ur
l’autre de ces maux depuis un demi-siècle.
Nous croyons que l’on a évalué beaucoup trop haut les
ornements et les joyaux que portent les Hindous, et que
c’est à tort que l’on a voulu trouver là la cause de la dis-
parition des millions importés dans l’Inde chaque année.
Ceci ne s’applique qu’à l’argent, car on ne rencontre que
très-peu d or, même parmi les quelques familles très-riches.
Ces ornements sont des bracelets, des anneaux pour les
bras, des colliers, des pendants d’oreilles, et ne sont por-
tés, en général, que parles femmes et les enfants. Les Hin-
dous ne se servent ni de cuillers, ni de fourchettes d’argent;
les plats d’argent leur sont complètement inconnus.
Un homme ou une femme peut avoir une boîte à bétel,
une sorte de tabatière en argent : la femme a parfois une
longue épingle d’argent pour retenir ses cheveux, mais
voilà tout. Les Hindous ne portent pas de montres, bien
différents en celades Chinois, qui en portent toujours deux.
Un bon fermier ou un bon ouvrier anglais ont plus d’ob-
jets en or ou en argent qu’on n’en trouverait dans tout un
village d’un millier d’Hindous ; nous ne les accusons pas,
cependant, d’absorber inutilement les métaux précieux et
de les enlever à la circulation. .
Nous n’avons pas plus de raison de porter cette même
accusation contre le paysan hindou, parce qu’il donne à sa
femme ou à son enfant des anneaux, des bracelets, des
chevillères en argent.
Les métaux précieux, et particulièrement l’argent, 'sont
principalement employés dans l’Inde, sous forme demon-
naie, comme dans tous'les pays civilisés. L'Inde ne peut
subvenir aux besoins desa circulation métallique que par
l’importation et elle doit suppléer au manque d importation
des contrées limitrophes, qui n’ont aucun autre moyen de
satisfaire ce besoin, et qui neproduisent ni or, ni argent.
Il y a lieu de supposer que deux cent cinquante millions
d’inaividus, peut-être le quart de la population du globe,
s’approvisionnent de métaux précieux par l’importation
indienne. La force des choses veut que cette population
attire incessamment l’or et l’argent étrangers. .
Depuis quelques années, mais principalement depuis la
découverte des mines d’or de la Californie et d’Australie
l’importation des métaux précieux dans l’Inde s’est consi
durablement accrue ; cela provient entièrement de la pros-
périté croissante de ce pays. . .
Nos lecteurs peuvent se faire une idée de cette prospérité
en comparant les chiffres des importations de l’Inde en
Angleterre à deux époques très-rapprochées. ..
En 1854, la valeur de ces importations était de 325 mil-
lions de francs ; en 1862, elle atteignait le chiffre de 975 mil-
lions : ces importations avaient triplé en huit ans.
Dans la dernière des années que nous venons de citer,
l’exportation d’Angleterre dans l’Inde, n’était que de 425
millions. Si nous ajoutons même 50 pour cent dans le but
de déterminer la valeur échangeable dans l’Inde, nous n ar-
rivons qu’à 642 millions et demi, ce qui fait une différence
de 325 millions et demi que l’Angleterre doit payer en es-
pèces, et ce qui suffit pour expliquer les envois de métaux
dans l’Inde (1). ,.
On ne cache pas^l’argent, on ne l’enfouit pas, on ne le ae-
pense pas en ornements, excepté sur une très-petite échelle:
on l'emploie à créer de nouvelles branches d’industrie ou a
améliorer les anciennes. (Economist)
Bulletin des Bourses.
«eu
PARIS, 23 sept.
Amsteril...
Anvers.....
Hambourg..
Berlin.....
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212 —
997/8
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371 —
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5 08
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90 JOURS.
2091/4 A
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24 821/2 A
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Livourne...
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Vienne.....
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210 —
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977,8
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BREME, 23 sept. —Amsterdam c/j. 129 00/. 2/m. 127 3/4, Londres c/j.
618. 2/m. 609, Paris 2/m. 17 5/161/4, Francfort2/m. 511/4. „
CADIX, 19 sept. — Londres 3/m. 49-15 à 00-00, Paris 3/m. 5-loa o-' .
8/j. 5-08 à 0-00, Marseille 3/m.5-17 à 5-18.
CHRISTIANIA. 17 sept. — Londres c/j. 4-55,3/m. 0-00. . ... .
FRANCFORT, 24sept. -Amsterdamc/j.99 5/8 A.; Londresc/j.11» O0*"
Paris c/j. 935/8 A. ; Vienne c/j. 101 1/4 A. -K ta a ■
GENES, 22 sept. — Amsterdam 60/j. 210 1/2 Ai ; Londres c/j. «-*•> * ’
90/j. 24-90 A. ; Paris 30/j. 99 3/4 A.
(1) Cette somme de 325,500,000 francs doit etr®f®t:.nS
réduite.de tout le montant des frets, car les importa
sont évaluées sur la valeur des produits a 1 a?nv®5 ï ’nai.
gleterre, et presque tous ces produits sont import p
navires anglais. Un millionde tonneaux à 80lrancs don
80 millions à déduire. |