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Fig. 2. — Maison du Roi à Bruxelles. .
leur publication. C’est en cela que Bædeker est le maître du
genre. Il ne juge pas, il nous apporte des renseignements sur
tout, le bon, le mauvais, le beau ou le laid. Armé de ses
guides, le voyageur quel qu’il soit est sûr de trouver ce qu’il
cherche.
M. Nève, l’auteur du petit ouvrage que nous signalons à nos
lecteurs, n’a'spire pas à autre chose qu’à nous présenter un
Bædeker bruxellois donnant la physionomie actuelle de la
vieille cité brabançonne, faisant connaître au voyageur ses
beautés, comme ses tares, ses laideurs ou, comme on l’a dit,
ses verrues.
Mais c’est en ceci qu’est l’écueil où est quelque peu tombé
M. Nève.. Ce qui est verrue pour l’un ne l’est pas pour d’au-
tres; ce que M. Nève trouve blâmable peut trouver des
défenseurs déterminés.
Il en est ainsi à propos du Palais de Justice. Je ne suis pas
absolument de ses admirateurs, mais pourtant je me défends
chaudement d’être parmi ses détracteurs systématiques. Le
Palais de Justice de Bruxelles est certes l’œuvre d’un grand
architecte, voyant large, puissant et colossal. L’œuvre est criti-
quable comme toutes les œuvres de l’homme, mais il me
semble qu’il est grand temps pour nous autres Belges, de
laisser de côté, ce qu’il a pu nous coûter et tout au contraire
d’être fiers que notre petit pays puisse se paver d’aussi coû-
teuses bâtisses.
Ne montrons pas ainsi
l’économie traditionnelle —
d’autres diraient la ladrerie
native —du Belge et ne nous
plaignons pas sans cesse de
nous être aperçu un beau
jour « que le vin était tiré et
que nous avons dû le boiie...
jusqu’à la lie », ceux qui font
entendre ces éternelles jéré-
miades sur l’argent dépensé
ne ressemblent-ils pas à un
maître de maison qui se déso-
lerait devant ses invités du
coût des festivités qu’il leur
offre ?
N’appuyons pas davantage sur ces vétilles du livre dont
nous parlons ; elles sont nées d’un esprit légèrement épigram-
matique, et chacun sait que rien n’est plus difficile à garder,
quand on possède cet esprit-là, qu’un mot que l’on croit bon.
C’est ainsi que notre honorable confrère laisse trop voir en
certains endroits ses convictions d’art qui l’amènent à sacrifier
de préférence à l’art ogival.
Je ne sais plus à quelle occasion, il parle de « tout le bric à
brac des modèles grecs et romains », entendant par là les sta-
tues et fragments d’architecture de l’antiquité.
Le mot pourrait si facilement être retourné !
C’est là, nous le répétons, de l’épigramme.
Mais en dénotant un esprit original cela n’enlève rien au
livre qui possède un fond de renseignements où tous ceux qui
visitent Bruxelles seront heureux de puiser.
Que de faits intéressants les Bruxellois ignorent du passé de
leur ville et que par ce temps affairé, ils hésitent à apprendre
dans de gros volumes. C’est en cela que des ouvrages comme
le Bruxelles de M. Nève sont de bonne valeur et d’utilité
certaine. P. S.
SOCIÉTÉ CENTRALE D’ARCHITECTURE
DE BELGIQUE
Séance du 1er mars 1889
L’assemblée — sur la proposition de la Commission admi-
nistrative — décerne à M. Paul Saintenoy, ancien secrétaire
de la Société, un diplôme d’honneur, pour reconnaître les
bons et loyaux services rendus par l’honorable membre.
Le rapport, fait à ce sujet par la Commission, rappelle aux
membres, les travaux exécutés par notre estimé confrère, poul-
ie bien de la Société tant comme commissaire et bibliothé-
caire, que comme secrétaire.
L assemblée arrête ensuite la liste des excursions de l’année
1889 et achève la révision du règlement de la Société.
Dans sa séance du 4 janvier, la Société a décerné un
diplôme d’honneur à M. Jules Brunfaut, président sortant
non réégible, en reconnaissance du dévouement absolu qu’il
a montré pendant la durée de son mandat et de l’énergie
qu’il a mise à défendre les intérêts de la Société et les droits
de notre profession.
Archéologie
Nous avons reçu la Revue de l’art chrétien, XXXIIe année,
Ire livraison Cette livraison contient un article que nous
croyons devoir signaler à la sérieuse attention de nos lecteurs.
Il concerne un dessin qui naguère a attiré l’attention du
monde savant, car une mention, reconnue mensongère depuis,
disait qu’il représentait Y ancienne piramide de Notre Dame de
Rouen qui fust bruslèe en 1514, le 4 octobre, à 6 h, du matin.
Ce dessin, qui forme une bande de parchemin de 1m 92, fait
l’objet d’un travail de M. l’abbé Sauvage, qui entreprend de
prouver que la « piramide » présumée est tout simplement un
dessin d’un « huchier » fait pour le dais d’un siège épiscopal.
Nous sommes fort tenté de nous ranger à son avis sur ec
point, mais où sa démonstration nous laisse en doute, c’est
lorsqu’il nous dit que, d’après le style, il conclut que l’œuvre
est normande, et même rouennaise. Les preuves que M. l’abbé
Sauvage nous donne pour appuyer ces conclusions sont assez
contestables pour ce qui concerne l’origine rouennaise.
Si l’inscription est apocryphe en ce qui concerne la flèche
de la cathédrale, M. l’abbé Sauvage ne nous semble pas avoir
prouvé que le monument est rouennais quand même.
Par conséquent, nous ne pouvons admettre, sur les preuves
fournies, que c’est là le dais de la cathedra, détruite à la révo-
lution.
L’article n’en possède pas moins des détails d’un sérieux
intérêt et d’une critique autorisée.
Art décoratif
Il ressort d’un rapport du consul belge en Autriche-
Hongrie, qu’il serait très instructif pour nos fabricants de
meubles, surtout pour nos ébénistes, de visiter l’exposition
permanente de l’industrie hongroise au Musée commercial à
Buda-Pesth. Ils y verraient des ameublements de chêne et de
noyer qui sont étonnants de bon marché et qui, si nous n’y
prenons garde, viendront faire concurrence à notre ébénisterie.
Quoi qu’il en soit, ce n’est pas là le point capital de l’indus-
trie du mobilier en Hongrie, au point de vue de l’exportation ;
la spécialité se trouve dans les meubles en bois courbé, dont
l’usage s’est si rapidement répandu partout.
C’est, en effet, une idée très pratique que d’utiliser le bois
en le courbant au lieu de le découper dans tous les sens, et
ce système d’opérer, borné d’abord aux usages du mobilier,
tend à se généraliser.
C’est ainsi qu’on fait déjà maintenant des roues de char-
rettes et de voitures en bois courbé, et elles reviennent beau-
coup moins cher que celles faites par les procédés ordinaires.
Tous les bois durs comme le chêne, le hêtre, le charme,
l’orme, etc., sont susceptibles d’être courbés, mais on emploie
presque exclusivement le hêtre rouge qui se trouve en masse
dans les forêts de la Hongrie et qui n’avait antérieurement de
valeur que comme bois à brûler. Voici d’ailleurs comment on
procède : on scie le bois sur sa longueur en lattes carrées,
de 4, 5 ou 6 centimètres, ou davantage, que l’on arrondit au
tour suivant les objets à confectionner. On les soumet ensuite
pendant quinze minutes à l’action de la vapeur surchauffée
dans des récipients hermétiquement fermés. Sous l’influence
de la chaleur humide, le bois devient malléable et il suffit de
la force de l’homme ou de machines peu compliquées mar-
chant à la main, pour faire suivre au bois les contours d’un
modèle de fer, quelque capricieuses qu’en soient les formes.
Ainsi manipulé, le bois est mis au séchoir avec le modèle
sur lequel il est assujetti au moyen de pinces, et le séchage
dure deux, trois, jusqu’à huit jours, suivant les dimensions
de l’objet et la forme du dessin. Le séchage étant parfait, on
détache le modèle, et le bois conserve pour toujours la forme
nouvelle qui lui a été donnée. Il ne reste plus alors qu’à polir,
assembler, colorer et vernir les différentes parties pour avoir
les meubles que tout le monde connaît. MM. Thonet frères
en ont été les initiateurs, il sont encore aujourd’hui les plus
grands fabricants de cet article, et leurs plus forts concurrents
sont MM. Jac. et Jos. Khon.
Les deux maisons ont leur siège à Pesth et leurs ateliers dans
le ressort de Presbourg.
J’ai visité deux, intéressantes fabriques de bois courbé.
1° D’abord celle de Landesbank, à Fusine (Croatie). Elle
produit annuellement 10,000 objets, chaises, fauteuils, etc., et
vient de prendre un brevet pour l’application du bois courbé
aux meubles rembourrés. Cette innovation consiste à se servir
de bois courbé au lieu de bois collé pour faire le squelette des
canapés, fauteuils, etc., que l’on recouvre d’étoffes. Il est
assez étonnant qu’on n’y ait pas pensé plus tôt, car c’est
moins cher et incontestablement plus solide;
2° Celle de MM. Eisler et Cie, à Kaschau, également très
intéressante, qui produit 6,000 meubles par mois.
* *
Depuis quelques années on a créé des écoles forestières à
Lipto-Ujvar (ressort de Kaschau), à Vadaez-Erdo (ressort de
Temesvar) et à Kiraly-Halom, près Zalcany (ressort de Buda-
Pesth).
Il y a de plus une grande académie forestière, école supé-
rieure, qui se trouve à Chemnitz (ressort de Presbourg).
(Bulletin des Expositions de 1889).
NÉCROLOGIE
Un de nos confrères liégeois, M. Lambert-Henri Noppius,
est mort en cette ville le 5 février dernier. Le défunt était
architecte de la province de Liége et du Palais des anciens
Princes-Evêques de Liége, membre correspondant de la
Commission royale des Monuments, membre de la Commis-
sion médicale provinciale, décédé dans sa 62e année.
Le jeudi 31 janvier 1889 est mort, à l’âge de 57 ans,
M. Henri Fœrster, l’architecte du Ringtheater de Vienne,
qui fut, comme on sait, détruit par la terrible catastrophe du
8 décembre 1881.
Bruxelles. — Alliance Typographique, rue aux Choux, 37.
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L’ÉMULATION.
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