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Lilloau Doel vers 11 heures du soir, il a vu
une trombe se détacher des nuages et parcou-
rir un fort grand espace, accompagnée d’une
pluie torrentieile.En moins d’un quart d’heure
tous les fossés des environs, qui étaient à sec,
ont été remplis d’eau jusqu’aux bords.
— La police de la -4“ section a arrêté ce
matin un individu, ancien repris de justice,
accusé de différents vols.
— La chaleur augmente tous les jours. Ce
malin h 10 heures, ïê thermomètre marquait
déjà 20 degrés Réaumur à l’ombre. A 1 heure
il en avait atteint 28.
— Au marché au bétail de ce jour, on a
exposé en vente 52 bœufs, 181 vaches et 1
taureau x.
— Un incendie a dévoré hier soir aux en-
virons de Hove, un énorme tas de fagots dépo-
sés près d’une ferme. Les dégâts sont assez
importants. Le tout était assuré par la Com-
pagnie d’Assurances Générales.
— On écrit de Gand, 13 juin :
« Un accident qui aurait pu avoir les suites
les plus graves est venu interrompre ce matin
les exercices de la garde civique. Les deux lé-
gions étaient réunies sur la plaine du Château
des Espagnols, sous le commandement du gé
néral Lacoste. Voulant se poi ter à la tête de
, la colonne, le général met son cheval au ga-
' Jôp, et bientôt la monture indocile, malgré les
efforts de son cavalier, se lance à toute vitesse
dans la direction de la porte d’Anvers. Arrivé
près du canal où l’animal aurait pu se jeter, il
fut arrêté par un ouvrier qui le saisit parla
bride, et, tandis qu’il faisait encore quelques
efforts pour s’échapper, le général mit pied à
terre. Quelques instants après, M. Lacoste
remonta à cheval et la garde civique reprit ses
exercices. »
— Nous avons annoncé dernièrement que
Mra • Berton, notre ex-prima-donna , avait
accepté un engagement au théâtre lyrique de
Batavia. LeJavasche Courant,que nous venons
de recevoir, annonce qu’elle était arrivée à
destination vers le 15 avril et descendue à
l'Hôtel, des Indes. Le 26 avril elle a fait son
premier début dans le Barbier de Séville.
— La fête donnée hier par la société De
Scheldegalm, au local du Robinet, favorisée
par un temps superbe, a parfaitement réussi.
De très bonne heure le jardin était littérale-
ment comble. La société Ste-Cécile de Hobo-
ken a inauguré la fête par quelques morceaux
exécutés avec un ensemble rare pour un cer-
cle exclusivement composé d’amateurs. Après
l’exécution, une belle médaille a été offerte
par le Scheldegalm à la société de Hoboken.
Immédiatement après le bal a commencé et
les danses se sont prolongées jusque fort
avant dans la uuit.
— Une rixe a eu lieu hier au Marché
du Vendredi, entre des soldats de la garnison.
Uu d’eux a été grièvement blessé à la tète.
Après avoir cassé quelques carreaux de vitre
chez un liquoriste au Pont d’Or, les batail-
leurs ont pris la fuite.
— Demain mardi à six heures et demie du
soir il y aura, à la Société Royale de Zoologie,
concert d’Harmonie, exécuté par la musique
du 3a régiment de chasseurs à pied, dirigée
par M. Warrinnier.
— Le conseil communal de Malines a reçu
hier communication de la démission de M. de
Perceval, comme membre de cette assemblée.
M. de Perceval a cru qu’il ne pouvait conci-
lier son mandat de conseiller communal avee
te vote favorable qu’il émettra à la Chambre
sur le chemin de fer direct de Bruxelles à
Louvain, auquel les intérêts particuliers de
Jlalines s’opposent.
— Quatre enfants de 7 à 9 ans jouaient
dans un pré à Westerioo (Campine). Us man-
gèrent du persil sauvage et furent tous cruel-
lement indisposés. Le petit L. Helsen est mort
au bout d’une heure. Beaucoup de fleurs et
plantes des champs sont un vrai poison contre
lequel on ne saurait assez prémunir les en-
fants.
— On lit dans la Gazette de Mons, le 12 juin :
Avant-hier, M. le procureur du roi, M. le juge
d’instruction et un greffier se sont de nouveau
rendus sur les lieux de la catastrophe arrivée
au chemin de fer de Mons à Manage, et se
sont livrés à différentes constatations.
M. Courouble est presque tout à fait remis
de sa blessure ; il peut actuellement se pro-
mener.
L’enquête sur le duel qui a failli lui être si
funeste, se continue; M. Courouble a été
interrogé.
— Le Mémorial de Lille annonce qu’en pra-
tiquant des sondages pour trouver la houille,
on a découvert une couche déminerai de fer
de huit mètres d’épaisseur, à une distance de
500 mètres du point de la commune de Dou,
. et à une profondeur de i33 mètres.
— Dernièrement ont eu lieu à Brème les
noces du fils du banquier Frankel avec une
charmante juive dont le père a la meilleure
cave du pays. Ce dernier envoya pour le ban-
quet 24 bouteilles du vin du Rhin de Rose-
xvein : c’était un cadeau vraiment royal. Ce
vin, en effet, dont la célébrité est européenne,
fut acheté lors de la célèbre récolte de 1624 ;
on en déposa cinq muids dans les caves d’un
des plus riches Israélites de Brème : ces cinq
muids avaient coûté 300 thalers de Prusse
(environ 1167 fr.).
On a calculé que jusqu’en 1858, c’est-à-dire
en 234 ans, à 18 thalers d’intérêt (environ 38 fr.
90 c.) en comptant le capital et l’intérêt des
intérêts, un muids coûtait 239,695,280 thalers
<958,781,120 fr.), une bouteille 2,179,048 tha-
lers (87,161,920 francs), un verre 2,723,808
thalers (10,895,232 fr.), et une goutte 2,720
thalers (10,880 fr.).
L’opulent père de notre juive, en envoyant
ce panier de 24 bouteilles de Rosevvein, avait
donc fait un cadeau deol,297,152 thalers,soit
205,i88,608 fr., ce qui dépasse de beaucoup la
prodigalité et la folie de Cléopâtre qui, dans
une nuit d’orgie avec son amant Antoine, lit
fondre dans du vinaigre la plus belle et la
plus grosse perle d’Orient, estimée un million.
rir [efficacement à repeupler nos tirés épuisés ?
A cette serie de questions serrées et précises,
Part de l’acclimatation apparait tout fier encore,et
et à juste titre, de succès éclatans, décisifs, rem-
portés par lui dans la multiplication artificielle
et peu coûteuse de plusieurs espèces et particulière-
ment dans celle du collin, le plus précieux d’entre
les oiseaux de chasse que nous venons de mon.
tionner.
Devant le silence de nos naturalistes sur ce gal-
linacée, récemment importé en Europe, nous pou-
vons entrer, sans trop de pédantisme, dans quel-
quesdétails qui nous sont communiqués (1) sur ce
type exotique et sur les avantages attachés à sa
reproduction dans nos contrées. Sa fécondité ex-
ceptionnelle, sa facilité de reproduction, à l’état
libre comme en captivité, la qualité délicate et
savoureuse de sa chair en font, en effet, l’une des
conquêtes les plus précieuses réalisées de nosjours
dans l’art de l’acclimatement des types utiles.
U.
« Les nuances imperceptibles, dit Buffon, sont
le grand œuvre de la nature. » C’est chose admi-
rable, en effet, que cette gradation observée par le
souverain-ôtre dans toutes ses créations et qui fait
de chaque être vivant comme l’anneau d’une im-
mense chaîne, sans commencement ni fin. De telle
sorte que deux genres qui semblent tout à fait
différents sont cependant reliés par un troisième
qui tient et de l’un et de l’autre. C’est ainsi que les
colins sont i’anneau de transition entre les per-
drix et les cailles ; ils tiennent des premières par
leur plumage, l’espace nu qu’ils ont derrière l’o-
reille et la courbure de leurs ailes; ils tiennent
des secondes par leur bec plus court que celui des
perdrix, mais plus gros que celui des cailles.
(1) Ces détails, nous les devons à l’obligeance de M.
Vekemans, cet homme modeste et intelligent, dont le
zfcle, la patience et les efforts ont si puissamment aidé aux
succès de notre jardin zoolcgiquc.
Neeroiogie.
M. Doucet, notaire à Leuze, vient de mourir à
l’âge de 61 ans.
— M. Ch.-A. Vermandel fi's, huissier près la cour
d’appel de Gand, est décédé subitement samedi.
Sciences, lettres et nrts.
Il vient de paraître à Bruxelles un journal con-
sacré à la défense et à la propagation de l'homœo-
pattne. Cette publication sera rédigée par une
société de médecins. Le journal VHomasôpalhe,
dont le 1er numéro vient de sortir des presses de
M. Lelong, paraîtra régulièrement le 1er de chaque
mois.
Bibliographie.
Nous avons reçu la neuvième et dernière li-
vraison des Correspondances politiques de Jo-
seph Boniface. Elle contient six lettres, un
appendice et une table des matières. Inutile
d’ajouter qu’elle est à la hauteurde celles qui
l’ont précédée, et complète dignement un tra-
vail aussi recommandable par la verve, l’es-
prit et l’élévation de pensée qui le distinguent
si éminemment, que par le mérite de la forme
et des qualités littéraires remarquables.
On nous annonce la publication prochaine
de la biographie fort étendue, d’un ^ des
hommes les plus remarquables du I6a siècle,
né à Anvers, et auquel notre ville a dû une
grande partie de sa splendeur dans le passé.
Cet anversois célèbre, l’architecte-entrepre-
neur Gillebert Van Schoonbeke, fut le fonda-
teur d’un tiers de la ville d’alors , entre
autres du Nieuwstad et de la fameuse Maison
hydraulique dans la rue des Brasseurs. L’ou-
vrage dont il s’agit, traitera de la vie de ce
célèbre Anversois et des nombreux travaux
entrepris par lui. 11 sera enrichi d’une foule
de documents intéressants et entièrement
inédits, qui feront connaître d'une manière
complète l'homme éminent dont notre ville
se glorifie à bon droit, qui, après avoir mené
à bonne fin des entreprises colossales et ma-
nié des millions, mourut dans une situation
voisine de la pauvreté.
Gillebert Van Schoonbeke sera publié en 42
livraisons du prix de 45 centimes. On peut
souscrire dès aujourd’hui à la libraire Jong-
mans, Courte rue Neuve.
Concours des pigeons.
La société de la Pomme de Grenade, a fait
lâcher hier à Paris 260 pigeons. D’après la
dépêche télégraphique, les pigeons ont été
lâchés à 7 h. du matin. Voici Te résultat du
concours :
1 prix J. B. Uilens, 12 h*, t minute.
2 » Ed. Delcroix, 12 » 2 »
3 » Id., 12 » 2 »
4 » Alex. Declercq, 12 » 2 »
3 » J. B. Uilens, 12 » 3 »
6 » P. Van den Broeck, 12 » 4 »
7 » J. B. Uilens, 12 » 3 »
8 » P. Van den Broeck, 12 » 6 »
9 » Alex. Declercq, 12 » 6 »
10 » Id., 12 » 6 »
11 » J. B. Uilens, 12 » 7 »
12 » Alex. Declercq, 12 » 8 »
13 » Vrydag, 12 » 9 »
14 » Alex. Declercq, 12» 11 »
13 » G. De Braekelaer, 12» 111/2 »
16 » Alex. Declercq, 12 » 12 »
17 » Ch. Michiels, 12 » 13 »
18 » Reymvit, 12 » 18 »
19 » J. B. Uilens, 12 » 19 »
20 » Ch. Michiels, 12 » 22 »
21 » Alex. Declercq, 12 » 23 »
22 » Ch. Michiels, 12 » 231/2 »
23 » Jos. Clacs, 12 » 231/2 »
24 » P. Van Loon, 12 » 24 »
23 » J. B. Uilens, 12» 241/2»
26 » C. David, 12 » 23 »
27 » J. B. Pottieuw, 12 » 26 »
28 » Dierckx, 12 » 27 »
29 » G. De Braekelaer, 12 » 28 »
30 » Alex. Declercq, 12» 291/2 »
31 » ld., 12» 291/2»
32 » G. David, 12 » 50 »
33 » Ed. Delcroix, 12 » 50 »
34 » Van Assche, 12 » 30 »
53 » H. Le Grollc, 12 » 30 »
36 » P. Van Loon, 12 » 30 »
57 » J. Laermans, 12 » 301/2 »
58 » J. B. Uilens, 12 » 501/2 »
59 » Sofflé, 12» 301/2»
40 » Jos. Claes, 12 » 31 »
41 » Id.. 12 » 31 »
42 » P. Van Loon, 12 » 31 »
43 » L. Bonnier, 12 » 31 »
44 » Ed. Delcroix. 12 » 31 »
43 » Alex. De Boe, 12 » 311/2 »
46 » J. B. Uilens, 12 » 311/2 »
47 » G. De Braekelaer, 12 » 32 »
18 » Revnwit, 12 » 52 »
49 » P. Van Loon, 12 » 33 »
30 » Ch. Michiels, 12 » 33 »
51 » Van Bouwel, 12 » 331/2 »
52 » Pauis, 12 » 34 »
Bouquet: Alex. Declercq, 12» 34 »
FRANCE.
(Correspondance particulière du précurseur.)
Paris, 13 juin.
Nous avons aujourd’hui le discours de M.
Disraeli à l’interpellation de sir Charles Na-
pier. Le chancelier de l’échiquier a déclaré en
termes très énergiques que les relations entre
la France et l’Angleterre étaient en cè moment
d’une nature cordiale et confiante, et qu’un
complet accord existe entre le gouvernement
de la Reine et celui des Etats-Unis. Nous ne
voyons pourtant pas qu’il ait répondu claire-
ment à l’objet principal de l’interpellation,
e’est-à-dire qu’il ait fait connaître l'intention
du ministère sur une nouvelle levée de mate-
lots et de soldats de marine.
Les nouvelles d’Orient continuent à être
rassurantes, cependant, tandis que l’Herzego-
vine et la Bosnie sont en pleine insurrection,
pendant que Candie est en proie à une effer-
vescence menaçante, pendant que l’honneur
des armes musulmanes est encore sous le
coup de la récente défaite qu’elles ont essuyée
dans le Monténégro, on donne à Constanti-
nople des fêtes splendides à l’occasion du
mariage des filles du Sultan.
M. Henon, député au Corps législatif et Ma-
thieu,négociant de Lyon, se présentent comme
candidats de l’opposition; l’un pour le conseil-
généraldu Rhône; l’autre pour.le conseil d’ar-
rondissement (7” canton). Us ont adressé à
ce sujet une lettre fort digne aux journaux de
Lyon.
Sur la proposition de M. Lucy, receveur-
généraf des Bouches-du-Rhône, on va ouvrir
à Marseille une souscription, à l’effet d’ériger,
sur l’une des places de la ville, la statue de
M. Montricher, l'ingénieur éminent, au génie
et à la persévérance duquel on doit les travaux
de Roquefavour et la conduite des eaux jus-
qu'à Marseille.
Ainsi que je vous l'ai annoncé, la Jeunesse,
de M. Emile Augier, a été représentée au Pa-
lais de Fontainebleau par les artistes de 10-
déon. Après la représentation, on prétendait
que l’Empereur avait promu le nouvel acadé-
micien, auteur de la pièce, au grade d’officier
de la Légion d’honneur.
L’Empereur et l'Impératrice quitteront,
assure-t-on, le château de Fontainebleau le
18 ou le 49 de ce mois, pour venir passer quel-
ques jours à St-Cloud ; puis, l'Empereur par-
tirait pour Plombières et l’Impératrice pour
Biarritz.
On attend ce soir à Paris, la reine Christine
et son époux le duc deRianzarès; on parle de
nouveau depuis hier soird’un prochain voyage
à Paris de l’empereur de Russie; il n’y a en-
core rien d’officiel à ce sujet.
M. le maréchal Magnan est arrivé aujour-
d'hui à Paris, à midi, de son inspection des
départements de l’ouest.
Demain lundi aura lieu, assure-t-on, la cin-
quième conférence des membres du congrès,
au ministère des affaires étrangères.
M. Billion va, dit-on, céder à M. Dejean fils,
le privilège du Cirque impérial; du boulevard
Montmartre à la colonne de la Bastille, on ne
s’entretient pas d’autre chose ; la cession se-
rait faite à des conditions beaucoup plus mo-
dérées que celles imposées tout récemment à
M. Hostein. M.Dejean fils est déjà titulaire du
Cirque Napoléon et du Cirque de l’impératrice;
le Cirque impérial manquait seul à sa gloire.
Nous avions hier deux premières représen-
tations, l’une au Palais Royal, Un diner et des
égards , comédie-vaudeville en un acte de
MM. Cordier et Dumoustier, pièce ennuyeuse,
qui a cependant été à moitié sauvée par la
gentillesse de la gràcieuse Aline Duval et par
la beauté et l’éclatante fraîcheur d’une jeune
débutante.mademoiselle Madeline, récemment
débarquée du Havre; l’autre aux Folies drama-
tiques, Les canotiers de la Seine, vaudeville
de MM. Dupeuty et Thierry, qui a obtenu un
vrai succès, un succès mérité; Mes Jary-Guyon
et Leroyerontétécharmantes d’entrain comme
toujours.
Qn racontait hier au foyer du Palais-Royal,
que Déjazet allait partir pour Orléans, dans
le but de jouer au bénéfice d’un pauvre musi-
cien qui est tombé à la conscription. La loi
exempte le fils aîné de veuve, mais elle ne
fait rien pour ceux qui sont le soutien d’un
vieux père et d’une vieille mère.
Le pauvre artiste dont il s'agit est dans ce
cas là. Il est premier violon au théâtre d’Or-
léans; il donne des leçons en ville, il conduit
les bals masqués, il fait danser les noces, en
un mot, l’artiste est débordé par le fils.
Un coulissier dq,Ja Bourse qui s’était égaré
au milieu d’artistes et de journalistes, enten-
dant raconter celte nouvelle, s’est écrié:
« Comment! Déjazet, qui n’a pas de fortune
elle-même, va faire un voyage à ses frais pour
aller jouer au bénéfice du premier venu ! «
Ne vous étonnez pas de ce cri du cœur d’un
boursier : On trouve difficilement une âme
comme celle de Déjazet. Elle est tellement
coutumière du fait, qu’on ne compte plus
avec elle. Quand sa bourse est insuffisante,
elle met son talent au service de toutes les
infortunes.
Que de vieillards il a fait vivre, et que de
jeunes gens distingués il a enlevé à l’armée,
ce talent aimé de tous! Ce pauvre,,Coco-Thé-
nard qui était si amusant à l’Odéon dans Don
Quichotte, des Noces de Gamache, est mort dou-
cement, entouré dé l’amitié et des soins de
l’éminente artiste, qui n’a voulu que personne
l’aidât dans cette mission que sou cœur avait
choisie.
Lundi dernier Mraa Ristori nous faisait ses
adieux dans une représentation à son bénéfice.
Mon intention n’est point de vous dire le
succès qu’elle obtint, lorsque après avoir joué
Fedra avec toute son âme de grande artiste,
elle se montra vive, gaie, spirituelle, comé-
dienne parfaite, en un mot, dans la pimpante
comédie de Geloclii Fortunati. Non, je veux
vous parler d'un simpleincident de cette bril-
lante fête, incident remarqué seulement par
quelques intimes, mais qui ne manque pas
d’intérêt.
Depuis quelques semaines, à chaque repré-
sentation de la grande tragédienne, on re-
marquait dans la loge d’avant-scène du rez-
de-chaussée, en face do la loge impériale, un
étranger de distinction, visiblement fasciné
par le jeu magnétique de Medea, de Guiditta,
de Lady Macbeth ou de Fedra.
Il était là, heureux, ravi, transporté, comme
s’il eût été seul dans la salle, applaudissant,
criant, vociférant.
On racontaitdans les coulisses quede riches
présents avaient été offerts à la diva par cet
adorateur enthousiaste, et l'on ajoutait que
ces dons avaient été gràcieusement acceptés.
Il est vrai de dire aussi que ce culte avait
quelque chose de si désintéressé, de si cheva-
leresque et de si profondément respectueux
que le marquis del Grillo lui-même (le mari)
s’en montrait très-heureux et très-fier.
Et pourtant voici que lundi dernier, à la
grande fête des adieux, une seule loge était
vide et cette loge c’était la loge habituelle de
notre admirateur reconnu, sinon connu, delà
célèbre artiste.
Je fus un des premiers à m’apercevoir que
la loge n’était pas complètement vide, car au
milieu, sur l’un des fauteuils, gisait un superbe
Les collins sont, en un mot les perdrix de l'Amé-
rique du Nord. Ce sont de charmants oiseaux, aux
allures lestes et dégagées ; les uns ont un plumage
sombre, mais que viennent relever les taches blan-
ches dont il est gracieusement parsemé; les au-
tres, au contraire,rivalisent, en couleurs éclatantes
avec les oiseaux des tropiques et portent sur leur
tête une aigrette aussi gracieuse qu’originale.
Quant à ce qui regarde les mœurs et les habi-
tudes de ces oiseaux, elles sont encore peu con-
nues. D'ailleurs les nombreuses espèces qui com-
posent le genre sont loin d’avoir été toutes décou-
vertes, car à mesure que l’on pénètre plus avant
dans le Centre-Amérique l’on en constate de
nouvelles. La monographie d'un naturaliste anglais
M. Gould, publiée en 1850, en décrit trente-cinq
espèces différentes, y compris les colins d’Australie
dont l’analogie avec ceux d’Amérique est frappante,
mais tous les essais tentés par les naturalistes amé-
ricains et anglais, pour la domestication des colins,
échouèrent faute de persévérance et de soins né-
cessaires, jusqu’à ces derniers temps, ou un habile
élôveurde Paris, M. Gérard parvint à résoudre le
problème.
Notre jardin zoologique possède aujourd’hui
douze paires de ccs précieux animaux appartenant
à trois espèces différentes, et. Dieu sait au prix de,
quels patiens efforts ce résultat a pu être obtenu.
C’est ainsi qu’une femelle achetée 200 fr.. ii y a
quatre ans ne tarda pas à périr. Un couple acheté
ensuite au prix de 300 fr. survécut, mais sans avoir
multiplié. Un troisième amena une couvée chétive
et peu nombreuse. On étaitàla veille d’en conclure
que la merveilleuse fécondité du colin à l’état libre
cessait dans la captivité, lorsque l’on reconnut que
eet insuccès,n’avait d’autre cause que la tropgrande
dimension des cages et l’habitation en commun,
parce qu’alars le colin,d’une nature vive et pétu-
lante, est trop distrait, mange peu et ne produit
guère. On plaça dès lorsces intéressans prisonniers
dans de plus petites cages, où chaque couple vécut
isolé. Quinze jours après, une ponte abondante
survint et consacra d’une manière définitive la su-
périorité de ce système.
C’est depuis un mois environ que le nouveau
mode d’élevage prévaut à notre Jardin Zoologique
et déjà les cinq à six couples, achetés à grands
frais, ont une nombreuse lignée. Afin d’éviter que
la ponte ne s’arrête, les œufs sont retirés chaque
jour et placés sous une poule de petite espèce qui
les fait éclore après vingt-deux jours d’incubation,
La première couvée, composée de dix-huit jeunes,
a éclos mardi dernier avec un succès compiet.D’un
jour à l’autre on attend une couvée nouvelle, plus
nombreuse encore ; de telle sorte que pour le mois
de septembre prochain, époque de la vente publi-
que, la société possédera un total de sept à huit
cents jeunes colins.
Peut-être môme ce nombre se trOuvera-t-il
dépassé,car à l’excessive fécondité le colin jouitd’une
précocité telle qu’à l’âge de quinze jours, ii quitte
sa mère et que deux mois après, il niche pour son
propre compte.
Ces expérimentations concluantes, attirent cha-
que jour au Jardin Zoologique un certain nombre
d’amateurs qui en suivent avec intérêt et profit les
diverses fluctuations. Elles s’opèrent d’ailleurs
aujourd’hui avec un égal succès et sur une im-
mense échelle à Londres et à Paris. Il en résulte
tout naturellement, que le prix actuel d’une paire
de colins, qui s’élève encore de 50 à 60 fr., éprou
vera une diminution considérable par suite de
cette multiplication extraordinaire. Les grands éle-
veurs tiennent d’ailleurs avant tout à faciliter la
rapide propagation de cegibier.Le jour semble donc
proché où ce bel oiseau et tous ceux de sa race
irontrepeuplernos tirés etviendrontapprovisionner
nos tables, où leur chaire fine et délicate rappel-
lera pour le goût celle, aujourd’hui introuvable,
du faisan doré.
Il nous reste à parler de l’arrivée toute récente
d’un personnage dont l'acclimatement et la dômes-
bouquet monstre qui disparut durant une
ovation pour aller sans doute à son adresse.
J’ai appris 16 même soir que ce fervent et
discret adorateur de la nouvelle muse tragi-
que avait dû quitter Paris avant la dernière
représentation de la divinité ; mais qu’il avait
eu soin non seulement de retenir et de payer
sa loge soixante-et-douze francs, mais encore
décharger l’ouvreuse de porter à Mma Ristori
le magnifique bouquet en question avec ces
simples paroles : « De la part du Monsieur de
la loge n° 25 avec tous ses regrets de n’avoir
pu assister à cette belle soirée. » Voilà de la
galanterie qui a son parfum de dix-septième
siècle.
Ristori a également une fervente admira-
trice ; c’est Mraa B... qui ne manque pas une
seule représentation de la tragédienne. Mma
B... est dominée par la passion de l’éloquence.
Sous la république de 1848, elle ne manquait
pas une seule séance de l’assemblée nationale,
et plusieurs fois elle s’exposa aux excès de
l’émeute, pour arriver, au milieu des balles
et à travers les bayonnettes, jusqu’à portée
de la voix de ses orateurs favoris. Lorsque
l’assemblée nationale fut lermée, Mma B... de-
vint bien malheureuse. Mraa Ristori la vint
relever du jeûne auquel l’avaient condamnée
les événements de la politique. — Ah ! mes-
sieurs, s’est écrié l’autre soir Mraa B... Ristori,
c’est mon Assemblée nationale !
Voici la note du Moniteur dont une dépêche
nous a fait connaître hier la substance :
» U y a environ trois mois, les journaux anglais
prétendaient que le gouvernement français prépa-
rait des armements extraordinaires. Le Moniteur a
démenti le fait ; aujou. d’hui les mêmes assertions
se renouvelant, nous les démentons de nouveau.
Les forces de terre et de mer établies, il y a un an,
pour le budget de 1858, n’ont pas été augmentées.»
La Patrie accompagne la publication de
cette note de l’article suivant :
« Il faut espérer que la nouvelle note du
Moniteur concernant les prétendus armements
de la France, mettra fin aux bruits inventés
par quelques journaux étrangers et trop faci-
lement admis par tous les autres. En Angle-
terre, où ils avaient pris une certaine consis-
tance, le gouvernement a saisi l’occasion qui
lui était offerte de les démentir de la façon la
plus formelle. On a lu les explications très
nettes fournies à la Chambre des communes,
dans la séance d’avant-hier, par le chancelier
de l’Echiquier. La Chambre les a entendues
avec faveur et l’opinion publique, un instant
inquiétée, les accueillera, nous en sommes
certain, avec la même satisfaction, malgré
l’insistance du Times.
» Pour peu qu’on eût voulu y réfléchir
sérieusement, ces déclarations des deux côtés
de la Manche auraient été parfaitement inu-
tiles. Dans quel but, en effet, la France pous-
serait-elle ces armements extraordinaires ?
Contre qui seraient-ils dirigés ? Où est l’en-
nemi, où est le danger ? Nous voulons bien
admettre que la paix actuelle, comme le dit
aujourd’hui l’Ost-Deutsche-Post, n’est pas une
paix bucolique-, il y a encore trop de questions
à décider pour que l’opinion publique ne soit
pas tenue en éveil. Mais si les intérêts qu’il
s’agit de concilier doivent inspirer des préoc-
cupations , ils ne doivent cependant pas exci-
ter d’inquiétudes graves. La paix n’est pas à
leur merci; elle est au-dessus de ces intérêts;
elle les domine, et certes elle saura les régler
d’une manière satisfaisante.
» La Conférence est aujourd’hui assemblée
pour terminer l’œuvre du traité de Paris. Si
des difficultés se présentent, la sagesse et les
dispositions conciliantes des représentants de
toutes les puissances en trouveront la solu-
tion. Plus que toute autre peut-être la France
a fait preuve dans toutes les circonstances de
modération : elle a montré la loyauté la plus
grande, et il n’est pas un seul acte de sa po-
litique qui ne respire la franchise. Lorsque la
guerre lui a paru nécessaire, indispensable,
la première elle l’a voulue et elle l’a faite.
Lorsque le but de la guerre a paru atteint,
elle a accepté la paix avec la ferme intention
de la maintenir et de la consolider. Elle a
remis l’épée toute entière au fourreau, sans
arrière-pensée. S’il fallait l’en tirer, elle ne le
ferait pas mystérieusement, et sans bruit; elle
le ferait d’un geste décidé et souverain.
» Mais, Dieu merci ! celte funeste nécessité
de la guerre, à laquelle une nation, quelque
puissante qu’elle soit, ne se se décide jamais
qu’à regret ; cette nécessité n’existe pas, et
nous ne voyons rien qui puisse de longtemps
la faire craindre. Rêver la paix, sans embar-
ras aucun, c’est rêver l’impossible. Si la paix
éprouve acîueilemet des difficultés, c’est que
nous ne sommes pas encore assez éloignés de
la dernière guerre. La situation n’est pas com-
plètement liquidée, et nous avons à régler des
conflits secondaires. Que cet état de choses
motive certaines préoccupations, cela se con-
çoit, mais il faut se garder des prédictions
sinistres que certains esprits mal inspirés
cherchent à en tirer. 11 ne dépendra pas, au
reste, de la France que ces préoccupations
disparaissent promptement. Ses actes sont en
tout d’accord avec ses paroles ; elle n’a rien à
dissimuler. Après avoir fait résolument la
guerre, elle veut la pratique sincère de la
paix. »
Les débats de l'affaire Decoux, Nauche et
Vacher (empoisonnement) ont. continué devant la
Cour d’assises de la Corrèze. On a entendu un
grand nombre de témoins. M. le procureur géné-
ral a pris la parole dans l'audience du 7 juin.
A l’audience du 8, M9 Alfred Chouffour jeune a
présenté la défense de Marie Vacher et de la veuve
Nauche.
M9 Corse a présenté ensuite la défense de l’offi-
cier de santé Decoux.
A l’audience du 9 juin, après les répliques de M.
le procureur général et des défenseurs, M. le pré-
sident Mosnicr a résumé les débats.
Le jury se retire vers cinq heures dans la salie
des délibérations.
Une heure s'est à peine éeoulée et les jurés
font connaître le résultat de leur verdict qui est
affirmatif contre tous tes accusés, avec admission
de circonstances atténuantes.
Les femmes Nauche et VachGretlc sieur Decoux
sont introduits.
La femme Vacher entre soutenue par deux gen-
darmes, elle est évanouie; sa mère fond en larmes.
Decoux seul est impassible.
La Cour,après avoir délibéré,condamne les femmes
Nauche et Vacher à huit années de travaux forcés.
Decoux, étant âgé de plus de soixante ans, et, par
suite, ne pouvant être puni de la peine des travaux
forcés, est condamné à dix ans de réclusion.
— On écrit de Pont-Saipt-Esprit, le 9 juin :
« Un de ces drames qui, depuis quelques an-
nées, semblent devenir plus fréquents, viont de se
passer à Lapalud (Vaucluse).
» Depuis quelque temps, le nommé B... entrete-
nait des relations coupables avec la femme V...
Le mari de celle-ci, instruit de ce qui se passait,
s’était volontairement séparé de sa femme. Plus
d’une fois déjà, cependant, des amis étaient inter-
venus à ce sujet entre les deux époux, qui s’étaient
de nouveau réunis. Mais. V... nourrissait des projet*
do vengeance dont il avait entretenu plusieurs
personnes.
» Dans la nuit de samedi à dimanche, 6 du cou.
ranl, vers deux heures du matin, la femme sc lève
d'auprès de son mari et lui'demande s’il dort.
-Celui-ci ne répond pas, qubiqu’éveillé, et feint de
dormir.. La femme sort sans défiance. Quelques
minutes après, V..... ya prendre son fusil, qui
était chargé de gros plomb etfde chevrotines, et
sc dirige vers le jardin. Là il surprend les deux
amans assis à côté l’un de l’autre sur uu banc. A
son approche, ils se lèvent précipitamment, et la
femme vient se jeter à ses pieds en demandant
pardon, mais V... avait déjà dirigé son arme sur
B.. , qui tombe blessé au côté et ayant le bras
et la cuisse brisés. En même temps, il repousse sa
femme et lui tire le second coup de son arme à
bout portant : elle tombe pour ne plus se relever.
» V... s'est constitué prisonnier. La justice
est venue instruire le lendemain. Nous avons
appris aujourd'hui que B... était mort cette nuit.
(G. du Gard.)
— Le Droit rapporte le fait suivan t :
« Un jeune apprenti tourneur en cuivre, nom-
mé Eugène Tissot, faisant, la semaine dernière,
une course !pour son patron et passant dans la
rue Sainl-Denis, iperçut à terre un portefeuille
qu’il ramassa. Il n’àvait pas encore eu le temps de
1 ouvrir cl de voir ce qu’il contenait, quand un
individi bien mis èt d’apparence distinguée s’ap-
procha vivement de lui : Alil mon ami, lui dit-il
tu me rends là un bien grand service ! voilà une
demi-heure que je cherche mon portefeuille, et toi
tu l’as trouvé tout de Suite; tiens,prends ceci pour
ta peine. En même temps, il lui remit une pièce
de 1 franc.
» L’enfant, ne sc doutant pas qu’il y eût là quel-
que machination, fut enchanté de ce résultat, et
S’empressa de remettre le portefeuille. Le quidam
ne l’eut pas plus tôt entre les mains, qu’il se hâta
de s’éloigner.
» Eugène Tissot avait fait à peine huit ou dix pas
qu’il se trouva eh face d’un autre invividu tout
effaré : Mon garçon, lui dit ce second personnage,
on m’a assuré que vous venez de ramasser à terre
un portefeuille. C’est lë mien, rendez-le-moi !
Saisi de surprise, le jeune garçon raconta ce qui
lui était arrivé. Où est l’individu à qui vous avez
donné le portefeuille ? lui demanda-t-on. — Je l’ai
vu marcher très vite vers le passage du Grand-Cerf.
— Venez, nous allons lâcher de le retrouver.
» Ils explorèrent le passage, mais ce fut une pei-
ne inutile. Le propriétaire du portefeuille, qui est
un sieur N. ., négociant à Batignoilcs, ne sachant
à quoi s’en tenir sur les allégations de l'enfant,
l’emmena chez le commissaire de police, qui prit
note du signalement du voleur.
» Le même soir, un sieur C..., commis-voya-
geur, qui devait partir à neuf heures par le chemin
de fer du Nord, se trouvant en retard, se dirigeait
en toute hâte vers l’èmbarcadère.
» En passant dans la rue Saint-Quentin, il heurta
du pied un objet qu'il reconnut pour être un por-
tefeuille. Il le ramassa, le mit dans sa poche et con-
tinua sa course. Ce fut seulement en arrivant à
Bruxelles qu’il examina sa trouvable. Ce porte-
feuille, par une circonstance singulière, était celui
du sieur N..., le négociant de Batignoilcs ; il ren-
fermait des valeurs considérables au porteur. Rien
n’en avait été distrait.
» Peut-être celui qui avait voulu sc l’approprier,
ainsi que nous l’avons raconté, l'avait-il perdu à
son tour, ou bien était-ce un voleur novice pour le-
quel l’objet dérobé n'a pas tardé à devenir brûlant
comme du feu, et qui S’en est débarrassé en le lais-
sant tomber sur la voie publique.
» Quoi qu’il en soit, le sieur C..., ayant trouvé
parmi les valeurs des papiers contenant le nom et
l’adresse de leur propriétaire, lui a restitué son
bien. »
— Au moment de mettre sous presse, dit le
Courrier de L'Isère, nous recevons une bien triste
nouvelle. La commune d’Huez en Oisans vient
d’élre frappée par un épouvantable sinistre. Qua-
tre-vingt maisons ont été la proie des flammes; il
en reste à peine de cinq ou six debout. C’est une
destruction générale et complète. L’église nous
assure-t-on, a été préservée. Plusieurs personnes
auraient reçu de graves brûlures et deux malheu-
reuses femmes ont été retirées mortes du milieu
des flammes. Le corps de la plus jeune était com-
plètement carbonisé. La population toute entière,
sans pain et sans asile, campe dans les champs.
— Un fait qui viént de se passer dans la com-
mune de Saint-Germer (Oise), montre où peut con-
duire ce qu’on appelle une idée fixe. Un manou-
vrier, du nom de Camus, venait de faire une grave
maladie. Dans sa couvalcscence, il se rappela que,
trente ans auparavant, on lui avait prédit qu’il ne
verrait jamais sâ einquantc-cinquième année. Or,
Camus a cinquante-quatre ans. Si la prédiction se
réalisait, il était donc sur le point de toucher au
terme de sa vie. Un autre eût attendu, non sans
terreur peut-être, mais enfin eût attendu que
l’heure fixée par l’oracle sonnât pour lui. Notre
homme n’eut pas celle patience. Incapable de se-
couer sa sombre tristesse, et trouvant désormais
l'existence un fardeau insupportable, il résolut de
sc donner la mort. Le 4 juin, il prit une rasoir et
essaya de sc couper ia gorge. Sa femme, effrayée,
tenta de le lui arracher des mains ; elle ne put y
réussir. Uu domestique occupé dan* le jardin ac-
courut à ses cris; il réunit ses efforts à ceux de la
malheureuse femme, et parviutà s’emparer du ra-
soir. Mais telle était la persistance de Camus dans
son fatal projet qu’il s’empara d’une paire de ci-
seaux laissés sur une table, et se fit à la gorge une
blessure, dioù le sang coula avec abondance. On
s'empressa de poser une bande sur la plaie ; il l’ar-
racha presque aussitôt. La blessure était, du reste,
mortelle : dix jours après, il était mort.
CPar voie télégraphique.)
Paris, lundi, i4 juin.
Le Moniteur contient un article sur le col-
portage dans lequel il rappelle aue le ministre
de l’intérieur a adressé aux préfets une cir-
culaire recommandant d’interdire lecolportage
d’ouvrages religieux irritant les esprits et ré-
veillant les passions d’un autre temps.
» Le devoir de l’administration, dit-jl, est
d’empêcher que des Sociétés étrangères dispo-
sant de ressources considérables, envoient en
France des agents chargés d'y produire de
l’agitation. »
ticalion scraientdes plus utiles à l’économie domes-
tique. Les deux peccaris arrivés ii y a trois jours
seulement de Port-au-Prince, (Haïti) sont un nou-
vel exemple de cette gradation harmonieuse de la
nature que nous signalions tout à l’heure au sujet
des colins. Il sont comme un intermédiaire entre
le porc et le sanglier, dont fisse rapprochent beau-
coup. Leur chair, plus sèche, plus délicate que
celle du porc,’ estde très haut goût et offre une
grande analogie avec celle du chevreuil.
Les deux nouveaux débarqués avaient pour com-
pagnon de route un serpent devin. Quel renverse-
ment bizarre des lois naturelles ! Voilà un superbe
animal (dans son genre bien entendu) largement
doué de l’agilité, de la force et de l’industrie dont
la nature a doté tous les siens. Eh bien, aux lieu et
place des puissans végétaux des tropiqnes et des
hauts arbres où fi s'enroulait attendant patiemment
le passage des gazelles dont fi fait sa proie favorite,
il ira désormais, avec ses congénères se vautrer
dans la loge sablée du Jardin Zoologique ; comme
eux fi passera sa vie à manger des lapins et à dor-
mir, genre d’existenee qui excite peu l’imagination.
C’est là uue des conséquences de la domination
absolue qu’il a été réservé à l’homme d’exercer sur
les animaux, dont toutes les espèces, sans distinc-
tion, sont les très humbles esclaves des besoins,des
plaisirs, \oire même d'une curiosité banale delà
part de ce roi de la création.
Les développements forcés dans lesquels nous
venons d’entrer, avec trop d’élan peut-être, nous
interdisent de nous occuper faute de place, de
quelques améliorations nouvelles qui vont être
apportées dar.s la distribution du jardin , et
même de quelques adjonctions capitales que l'on
considère comme prochaines. Mais nous qurons
occasion, d'en parler au premier jour. Les prome-
neurs, en attendant, peuvent juger par eux-mêmes
de la constance, des soins intelligents et réellement
admirables déployés par l’administration dans le
pcrfectionnemcntcontinu, incessant de son œuvre.
Ne nous étonnons donc pas des suffrages unanimes
qu’elle obtient, non seulement du public, qui la
proclame et avec raison, l’une denos gloires natio-
nales, mais encore des hommes de science les
plus compétents. M. Geoffroy Saint-Hilaire fils,
par exemple, qui est venu visiter récemment le
jardin anversois, n’a pu se lasser d’admirer l’habi-
lité de ses dispositions et surtout les soins inces-
sauts et éclairés dont les animaux sont l’objet.
Aussi ce savant n’a-t-il pas hésité à déclarer, dans
une lettre qu’il vient d’adresser à M. Kets, direc
leur, et que nous avons eu sous les yeux, qu’il
considérait ce bèl établissement comme le vrai
modèle des Jardins Zoolçgiques. Et comme pour
ôter à cet éloge exclusif toute apparence de flat-
terie, M. Ge ffroy de Saint-Hilaire réclame de
l’obligeance de la Société la communication de
renseignement et indications destinées à former
les premiers jalons du jardin d'acclimatement, que
l'on s’occupe d’établir au bois de Boulogne. Qu’a-
jouter à cet hommage si sincère et si mérité d’ail-
leurs du savant français !
m.
Nous allions oublier, en terminant, de mention
ner un fait grandissime et dout l’omission nous eut
été imputée à crime par plus d’un promeneur!
L’Alligator, qui n’avait pas desserré les dents de-
puis le mois d’octobre, a retrouvé l’appétit et nous
a fait l’honneur de croquer, en notre présence,
une paire d’innocents pigeons. Beaucoup d’entre
ceux qui nous lisent n’accueilleront pas avec indif-
férence la nouvelle que cet holocauste aux appétits
du monstre, se renouvelle chaque soir de quatre
à cinq heures. L’opération s’exécute avec une
gloutonnerie avide qui présage un appétit de lon-
gue durée. C'est assez dire que chacun trouvera
aisément l'heure du l’occasion d’assister à un telle
lippée.
ALLEMAGNE.
On nous écrit de Berlin, 11 juin.
Ordinairement les ambassadeurs d'Angleterre et
de Hollande, ainsi que le plénipotentiaire militaire ;
deRussie.suivaientla Cour pendant l’Eté à Postdam ■
où ils habitaient des maisons de campagne. j{
n'en est pas de même cet été, lord Blomfield se
rendra en congé en Angleterre et les deux autres
diplomates iront visiter des bains. Le changement
survenu dans le gouvernement explique suffisant-
ment cette modifies! o i.
Le départ du Roi pour les montagnes de la
Bavière, est fixé au 28 juin, si ce jour là ia chaleur
n’est pas trop grande. On se rappelle en effet que
la maladie du Roi s’est déclarée pendantleschalcurs
et en Chemin de fer. Le Roi sera accompagné r'e la
Reine, de l’adjudant général de Gerlach çt de
plusieurs autres personnes. Au commencement de
juillet, le prince de Prusse ira pour trois semaines
a Bade.
» Le ministre de Russie à Bruxelles, le baron de
Richter, se trouve ici en ce moment ; fi se rend
dans ses propriétés dans la Russie Centrale, pour
être présent aux travaux préparatoires relatifs à
un chemin de fer qui doit passer sur ses terres.
» Depuis quelques jours, on s’occupe beaucoup
ici d’une brochure intitulée : La politique de l'ave,
nirau point de vue de la Russie. Celte brochure a
été saisie en Saxe, comme hostile aux institutions
fédérales actuelles de l’Allemagne. Elle est dirigée
principalement contre l’attitude de la majorité de
fa Diète, conduite par l’Autriche, et l’on accuse
qu’elle a pour auteur, un ancien officier prussien
au service de la Russie, et qui est en même temps
correspondant de la Gazette nationale.»
On a essayé d’établir dans le territoire rural de
Hambourg l’observation rigoureuse du dimanche
et l'autorité a défendu sévèrement qu'on sc livrât
les fêtes et dimanches aux travaux des champs et
qu'on ouvrit les bouliques. Mais cette ordonnance
a déjà donné lieu à une foule de collisions et ii
est très probable qu’on la retirera.
ANGLETERRE.
Le compte rendu de ia Banque au 9 juin vieni
d’être publié. On ne peut dire que son ensemble
soit défavorable, thalgré la diminution de numé-
raire et la réduction toujours croissante du porte-
feuille, car, en tenant compte de l’augmentation
de la réserve des billets et de la réduction de la
circulation , les ressources disponibles ont aug-
menté de près de 260,000 livrés (6,500,000 fr.) *
La circulation a diminué de 338,163 livres
(8,454,4 23 fr.) et n’est plus que de 19,790,613 livres
(494,763,573 fr.), et la réserve des billets a, malgré
cela, augmeuté de 403,633 livres (2,590,873 fr.) en
s’élevant à 11,934,070 livres (298,351,750 fr.)
Pendant ce temps, par suite de l'exportation de
l’or en France, et de l’argent en Orient, la réserve
métallique a fléchi de 182,835 liv. (4,571,375 fr.).
Le commerce n’a naturellement pas profité do c«
mouvement, et la légère augmentation de la se-
maine dernière a presque disparu. On est retombé
à 14,626,191 livres (365,634,773 fr.) de valeurs
escomptées , en diminution de 138,337 livrés
sur la semaine précédente.
Le chiffre des dépôts, pris dans son ensemble a
peu changé, les réductions faites sur les comptes-
courants particuliers étant plus que compensées
par les versements du trésor. Chaqu e article pré-
sente une différence sensible. Les comptes-cou-
rants particuliers ont diminué de611.158 livres
(13,278,930 fr.) à 13,734,334 liv. (fr. 343,838,830)
mais les versements du trésor ont élevé son crédit
3 5,648,530 liv. (fr. 141,215,750) en augmentation
de 634,806 liv. (fr. 13,870,130) sur ia semaine pré-
cédente.
Ce dernier chapitre devra encore s'accroître afin
de pouvoir faire lhcc aux besoins du trésor lors
du paiement des intéréts de la dette dans moins
d’un mois.
Mouvements des métaux précieux-
importations : Or il 123,239 fr. 3,130,973
» Argent » 86,021 » 2,150,5?ï
» 211,260 » 5,281,800
Exportations: Or £ 350,110 fr. 8,752,730
» Argent » 192,509 » 4,812,723
£ 342,619 fr. 13,363,4754
La balance est donc cette semaine de £ 331,339
(fr. 8,283,973) en faveur des exportations.
(Par voie télégraphique.)
Londres, 13 juin.
La reine reviendra de Birmingham mer-
credi et attendra ici le Roi Léopold, de Belgi-
que, qui doit arriver jeudi à Londres.
ITALIE.
Eruption du Tésuvc.
Naples, 6 juin.
Rien n'est plus grandiose que l’aspeet delà mon-
tagne. J’ai établi mon quartier général à Santa-Lu-
cia, couronné de spectateurs empressés, qui sem-
blent frappés de mutisme en présence du spectacle
redoutable que présente le volcan — tous se tai-
sent, ce qui est miraculeux pour des Napolitains,
excepté lorsqu’à l’un ou l'autre point le feu éclate
avec plus de splendeur : alors fi s'élève d’enthou-
siastes acclamations. Le Vésuve a, sans exagération,
une ceinture de flammes—aussi loin que le re-
gard peut porter, depuis le Fosso di Favame an
nord jusqu'au Fosso-Grandc au sud. Le reste du
volcan, je l’ai exploré hier et je n’ai aperçu aucun
signe d’éruption. Si l'éruption avait éclaté tout au-
tour du volcan, qu’on se fasse une idée des consé-
quences fatales pour I’cxistcncé de tout ce qu’il y
a de précieux dans le voisinage de Naples. Il va
un point au nord-est, où la lave a jailli et a détruit,
dans sa course irrésistible,une partie des propriétés
du prince d'Ottogano. A la pointe môme du cône
l’éruption est presque nulle ; de temps en temps ii
apparaît une flamme soudaine ou fi s’élance un
bouquet d’étincelles, mais c'est tout : toute la vio-
Après cela, émotion nouvelle, vient le tour des
carnassiers et le promeneur assiste, s’il le veut, à
leurs banquets sanguignolents.Des masses de chair
crues, broyées sons la dent des hyènes et des tigres,
disparaissent en un clin d’œil. De temps en temps,
ccs terribles dineurs, levant leur gueule toute dé-
goûtante do sang, promènent sur les spectateurs
des regards qui causent toujours une certaine sen-
sation, quelle que soit ia solidité tutélaire des
barreaux.
Viennent enfin, de sept à huit heures, les exerci-
ces des deux éléphants. Pilo, le mâle, né dans
File de Ccylan et Jacqueline,son épouse, originaire
de l’empire Birman, poussent la condescendance
envers le public jusqu'à lui désigner, à quelques
fractions près leur âge, l’heure et leur lieu de
naissance. Je crois môme — Dieu me pardonne —
qu’ils indiqueraient au besoin, à l’imitation de
l’âne savant, la personne la plus spirituelle et la
plus aimée de la société. Certes, l’on eut pu facile-
ment donner à l’intelligence et aux rares facultés
de ces nobles animaux un essor plu? digne d eux
mêmes et du public ; cela ne les empêche nulle-
ment de produire chaque soir beaucoup d’effet sur
; la foule qui les entoure. Il y a là, pour celle-ci, un
genre d’émotion que Jules Janin regrettera, peut'
être de n’avoir pas mentionnée dans sa spirituelle
revue des Petits Bonheurs de la Vie, qui a produit
l’hiver dernier dans le monde parisien une sensa-
lion si vive et si méritée.
Notre Jardin Zoologique, on le voit, adesstduc-
tions pour toutes les classes de promeneurs et H
n’y a nullement lieu de s'étonner s’il est devenu
promenade favorite de tout le monde: du savant,
de l’artiste, du curieux , de l’étranger et du—
.. .flâneur. |