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IüC Frécorsear
nan, et le gouverneur de l’ile Maurice, une particularité
qui honore la marine française. Quand M. de Tinan vit
pointer contre son navire les batteries qui l’eussent in-
failliblement écrasé si elles eussent tiré, il fit descendre
tout son équipage à fond de cale, et se tint jusqu’à la
nuit, avec son état-major, sur le pont. C’est bien là le
beau caractère de l’officier, avare du sang de ses soldats
et prodigue du sien, be commandant de \'Isère est gen-
dre du général Excelmans. On ne pouvait être à meil-
leure école ni mieux profiter des beaux exemples.
(Constitutionnel.)
Nouvelles d'Afrique.
Toulon , le 19 décembre.
« Le bateau à vapeur le Phare, commandé par M.
de Gaspuet, lieutenant de vaisseau, vient de mouiller
en rade; il a quitté Alger le 16, avec des dépêches du
maréchal, qui ont été immédiatement expédiées à Paris
parestafette.il parait qu'on ignorait à Alger le départ
de ce paquebot, puisque personne n’a écrit par cette
voie. Voici toutefois ce que nous avons appris:
» Du 14 au 16, les combats ont continué sur toute
la ligne depuis Loleah jusqu’au Fondouk. Le 14, la
maison carrée a été attaquée vigoureusement par 3 ou
4,000 Arabes ; on ne sait pas s’ils s’en sont emparé ou
s’ils ont été repoussés de suite; mais nous avons perdu
une soixantaine d’hommes sur ce point. Pendant ce
temps, le général Rulhières battait les bédouins en avant
de Douéra et leur faisait éprouver des pertes considé-
rables. Le 14, VAmazone a déposé à terre 330 hommes
du 3° leger qui ont été immédiatement dirigés vers la
maison carrée; le 13, le 37° est arrivé cl est parti à
l’instant.
» Le 16 au matin toute notre ligne de bataille s’est
portée en avant, et a battu l’ennemi sur tous les
points; à dater de ce moment, nous avons repris l’of-
fensive.
» Au reste, il arrive à Alger très peu de lettres des
camps, et l’on ne peut savoir au juste tout ce qui se
passe dans la plaine. Le maréchal se disposait, dit-on,
à partir pour Douéra, où l’on avait réuni une quantité
considérable de troupes et d’artillerie. Douéra deviendra
le pivot des opérations ultérieures.
» Malgré tout cela, les environs d’Alger sont tou-
jours infestés de maraudeurs, et l’on ne peut pas sortir.»
Oran, 11 décembre 1839.
Les dernières nouvelles que je vous ai données reçoi-
vent chaque jour confirmation. L’émir se promène de
tribus en tribus, appelant à sa cause tous les fidèles, et
entraînant le peuple à la guerre sainte. Mais il échoue
souvent dans ses excursions. Les tribus qui occupent
un territoire découvert et rasé obéissent à l’impulsion
fanatique que donne le jeune chef ambitieux, parce
qu’elles seraient victimes de la moindre opposition, de
la moindre résistance; mais celles qui, plus heureuses
et plus libres, habitent des contrées moins accessibles,
celles-là rejettent toutes les combinaisons d’Abd-el-
Kadcr, et refusent de faire cause commune avec lui.
Nous n’avons plus aucuns ménagements à garder: Abd-
el-Kader a rompu les traités, et nous ne laisserons pas
échapper l’occasion de nous faire une plus belle part
dans le partage qu’amènera la prochaine pacification.
Telle est ici l’opinion générale, que la reprise des
hostilités est un événement très heureux, puisqu’il dé-
chire un traité mal combiné, mal arreté et surtout très
mal imposé. Tous ceux qui ont voué leurs intérêts
matériels au pays, tous ceux qui, depuis dix ans, se
sont plus à fonder une patrie loin de la France, tous
ceux-là sont loin de désespérer et ils ont, au contraire,
une grande confiance dans le nouvel élan que le gou-
vernement donnera à la colonie.
Dans notre province nous n’avons pas encore tiré un
coup de fusil, et les Arabes qui nous observent très ac-
tivement, n’ont encore tenté aucune surprise. Il était
à craindre cependant qu’ils ne vinssent mettre le feu
aux nombreuses et superbes meules de fourrages que
l’on à élevées l’année dernière à environ trois lieues de
la ville. Cet incendie aurait coûté plus de cinq cent
mille francs à l’Etat. Je vous ai expliqué les causes qui
motivent le peu d’ensemble des coups de mains arabes,
il ne faut les chercher que dans la faiblesse du pouvoir
de l’émir. Nos patrouilles, nos détachements, nos trou-
peaux n’ont fait aucune rencontre ; la santé des troupes
est très satisfaisante; nous ne pouvons plus acheter de
cheveaux.
Abd-el-Kader est parti de Tekedemt pour Titery;
il compte trouver des partisans dans cette province ; il
sera de retour vers la fin du mois et commencera régu-
lièrement la guerre.
Le maréchal Valée est attendu dans notre ville.
BELGIQUE.
Chambre «Ses Représentants.
Séance du 24 décembre.
(présidence de m. fxllos.)
La séance est ouverte à 2 heures.
L'analyse des pétitions est renvoyée aux commissions char-
gées d’en faire le rapport.
M. dubus propose au nom de la commission de vérification
des pouvoirs, l’admission, comme membre de la chambre des
représentants de M. Cogels-Dubois, qui a produit son acte
de naissance.
m. de beiir, au nom de la même commission, propose l’ad-
mission de M. Dedecker, élu à Anvers.
Ces conclusions sont adoptées.
M. zoude a la parole pour une motion d’ordre, et demande
que les sections de janvier s’occupent de l’examen de la pro-
position qui a eu lieu précédemment, relativement à l’étabiis-
sement d’un pénitoDtiairo de jeunes détenus à St.-Hubert.
Cette motion est adoptée.
L’ordre du jour appelle la suite de la discussion sur le bud-
get des finances. On en est resté à l’art. 3 du chap. 1".
chapitre i.
Art. 3. Magasin général des papiers, 117,000 fr.— Adopté.
CHAPITRE II.— Administration du trésor dans les provinces.
Art. 1. Traitement des directeurs, 26,550 fr. — Adopté.
Art. 2. Supplément de traitement des anciens receveurs-
généraux, 5,900 fr.
m. le ministre des finances. Cet article peut-être sup-
primé, car il fait double emploi avec l’art, voté au bugdet de
-la dette publique.
m. dumortier. Je demanderai à la chambre de lui présen-
ter quelques observations, que je regrette de n’avoir pu faire
lorsde la discussion des traitements d’attente. Jesaisfort bien
qu’aux termes du traité , il est de ces traitements que nous
devons payer, mais le gouvernement devrait s’eu tenir aux
termes du traité. Ces traitements, nous ne devons pas tous les
payer, et nous examinons de quelle autorité étalent ceux
payés par l’ancien gouvernement. Il en était un, entr’autres,
qu’on avait accordé â un ancien employé en attendant le ré-
tablissement des droits féodaux.
m. le ministre des FiNANCES.il peut attendre long-temps.
M. dumortier. C’est possible; mais il n’en est pas moins
i vrai qu’on créait de cette manière des traitements d’attente
permanents. Je prierai M. le ministre des finances, d’exa-
miner attentivement ce point.
m. le ministre des finances. Le gouvernement se ren-
fermera toujours dans les limites du traité.
Le chiffre de l’article est adopté.
Art. 3. Service de la caisse générale de l’état, 220,000 fr.—
Adopté.
Chapitre III.-— Administration des contributions, etc.
Art. Ie'. Traitement des employés du service sédentaire,
829,800 fr. — Adopté.
Art. 2. Remise et indemnités des comptables, 1,630,000 fr.
— Adopté.
Art. 3. Service actif, 4,578,500 fr.
m. delehaye. A propos de cet article, je crois devoir Inter-
peller M. le ministre, et je lui demanderai comment il se fait
que l’on a accordé aux villes de Louvain et de Bruxelles, le
droit d’avoir des entrepôts pour la décharge du sel. Les deux
ports sont bien plus au centre que celui de Gand. D’où vient
donc que cette dernière ville n’est pas aussi favorisée que les
deux autres que je viens de citer. Je demanderai aussi a M. le
ministre, comment il se fait qu’il se trouve dans le port de
Zelzaete des employés qui ne savent pas un mot de flamand.
C’est là uue circonstance qui occasionne fort souvent des
conflits, qu’il serait pourtant bien facile de prévenir.
m. le ministre des finances La réclamation de la ville
de Gand, est en ce moment en instruction, et jusqu’à présent
les rapports que j’ai reçus ne lui sont pas très favorables. Ce-
pendant je sais que la position du port de Gand, milite en
sa faveur; mais la chambre se rappellera qu’un projet de loi
avait été présenté par mon honorable prédécesseur, et il avait
posé la question de principe, qu’il n’y aurait pour l’importa-
tion du sel, que les deux ports extrêmes; c’est-à-dire, Qstende
et Anvers. Ce principe fut rejeté et la loi fut retirée.
Quant aux conflits qui auraient eu lieu dans le port de Zel-
zate, je n’ai reçu aucun rapport à cet égard ; puisque l’hono-
rable préopinant connaît les faits, je leprierai de me les faire
connaître, et je prendrai des renseignements- Je ne sais com-
ment il peut se faire que des employés de douanes à Zelzaete
ne sachent pas le flamand, car ceux qui se présentent pour
obtenir un emploi dans les douanes sont soumis à une commis-
sion d’examen qui constate quelles sont les langues qu’ils par-
lent; ces employés sont placés ensuite d’après leurs capacités.
M. delehaye. Un conflit a eu lieu à Zelzaete entre un ca-
pitaine de navire et des douaniers, uniquement par défaut
de la langue flamande de la part des employés. Je dois dire
que le directeur de la douane s’est empressé d’y mettre fin.
Puisque M. le ministre désire des renseignements, je pourrai,
s’il le désire, lui faire connaître les noms des employés, et il
verra que sur cinq il y en a trois qui ne parlent point flamand.
M. A rodenbach se plaint de la fraude qui se fait sur le sel.
Le droit est aujourd’ui de fr. 17 1|2, et a ce taux il devrait
rapporter au moins 6 à 7 millions, tandis qu’il ne rapporte
que 4 millions.
Le chiffre est adopté.
Art.4. Renforcement du personne] de la douane, 225,000 fr.
m. zoude fait observer que la sectioD centrale n’a pas pro-
posé le rejet de cet article, mais seulement l’ajournement
jusqu’après la discussion du projet présenté par M. le ministre
des finances.
si. denef s'oppose à cette majoration. Il pense qu’il suffît
de prendre des mesures plus sévères.
m. a. rodenbach appuie l’ajournement.
M. lesoinne, pense qu’il n’y a pas lieu d’accorder l’augmen-
tation réclamée, aussi long-temps qu’on n’aura pas discuté la
loi qui organise définitivement le système de répression de
la fraude.
m. le ministre des finances consent à l’ajournement,
mais demande qu’on lui accorde en attendant les 25,000 fr.
alloués au budget del’année dernière.
Cette somme est adoptée.
m. erabant présente le rapport de la section centrale sur
le projet do loi relatif au contingent de l’armée.
Cette section propose de le fixer à un maximun de 50,000
hommes.
Sur la proposition de M. de Brouckère, la discussion de ce
projet est renvoyée à jeudi, et la chambre décide qu elle aura
la priorité sur les autres objets à l’ordre du jour.
Art. 5. Garantie, 43,860 fr. — Adopté.
Art. 6. Poids et mesures, 58,100 fr. — Adopté.
Art. 7. Traitement des avocats de l’administration, 35,670
fr. — Adopté.
Art 8. Frais de bureau et de tournée, 186,650. — Adopté.
Art. 9. Indemnités. 334.80dfr. — Adopté.
Art. 10- Matériel, I40.000 fr. — Adopté.
Art. 11. Crédit pour les opérations cadastralesdans le Lîm-
bourg et le Luxembourg, 200,000 fr.
m. dumortier trouve ce chiffre trop élevé, et demande
aussi à M. le ministre si le gouvernement a fait valoir les
droits des Belges dans la liquidation delà dette gallo-belge.
m. le ministre des finances déclare qu’aucun intérêt
belge ne sera négligé ?
Le chiffre est adopté.
Art. 12. Indemnité pour transcription des mutations,
25,000 fr. — Adopté.
CHAPITRE IV. — Enregistrement.
Art. I". Traitement des employés, 347,900 fr. — Adopté.
Art. 2. Idem des employés du timbre, 50,520 fr.
La section centrale propose 49,920 fr. — Ce dernier chiffre
est adopté.
Art 3. Traitement des employés du domaine, 37,490 fr. —
Adopté.
Art. 4. Idem, des agents forestiers, 30,000 fr. — Adopté.
Art. 5. Remises des receveurs. 874,820 fr. — Adopté.
Art. 6. Remises des greffiers, 41,000 fr. — Adopté.
Art. 7. Frais de bureaux du directeur, 20,000 fr. — Adopté.
Art. 8. Matériel, 28,000 fr. — Adopté.
Art. 9. Frais de poursuites et d’instances , 55,000 fr. —
Adopté.
Art. !0. Dépenses du domaine, 60,300 fr. — Adopté.
Art. 11. Frais de l’entrepôt d’Anvers,3!,OoOfr. — Adopté.
CPAPITRE y.
Employés en disponibilité 32,000 fr. — Adopté.
CHAPITRE VI.
Dépenses accidentelles et imprévues 32,000 fr.
La section centrale propose de réduire ce chiffre à 20,000
francs.
m. le ministre des finances insiste pourqu’on lui alloue
le chiffre qu’il demande ; c’est sur ce chiffre qu’il doit pren-
dre les fonds pour payer les commissaires surveillants de la
banque de Belgique.
La chambre adopte le chiffre de 20,000 fr. proposé parla
section centrale.
Elle adopte également le budget des non-valeurs fixé à
041,200 fr.
On passe immédiatement au second vote par urgence,et le
budget est adopté.
La séance est levée à 4 heures et demie.
Jeudi séance publique à 1 heure et demie.
MVES§, S® DÉCEMBBE.
Mardi soir un vol étécommis à l'hôtel des Armes de
Turnhout en cette ville. Il consiste en une bouilloire et
un tapis de lablequi se trouvaient dans un petit cabinet;
les auteurs de ce vol sont inconnus.
—Avant-hier, entre dix heures et minuit,une capotte
a été enlevée de la guérite du factionnaire placé à la
porte de Malirics. L’audacieux voleur a probablement
saisi le moment où le factionnaire se promenait du
côté opposé et devant le corps de garde pour effectuer
ce coup de main.
— Avant-hier soir, vers 9 heures, une fille publique
s’est jetée dans l’Escaut ; un jeune hommeest heureu-
sement parvenu à la sauver.Transportée dans sa demeu-
re elle a tenté de se couper le cou. La police l’a fait
conduireà l’amigo ou on l’a revêtue de la camisole de
force.
— Hier matin un sergent du 1er régiment de chas-
seurs à pied, ,puni par son capitaine, a tenté de se sui-
cider en se coupant ia gorge. Il ne s’était fait que deux
légères blessures, lorsque l’on est parvenu à lui enlever
de force le couteau qu’il tenait en main.
— Nous sommes invités à faire connaître qu’une
réunion des personnes qui ont pris part à la souscrip-
tion ouverte en faveur de la V6 Huybrechts, aura lieu
demain 27, à 3 heures de relevée, au domicile de M.
Franc. Timmermans, rue Digue de terre, secl, 2, n° 38.
Dans cette assemblée, messieurs les souscripteurs réunis
seront invités à décider de l’emploi des dons recueillis
et à nommer une commission, chargée de l’exécution
de leur décision.
— Le roi a reçu la lettre par laquelle le roi de Dane-
marck notifie à S. M. le décès du roi Frédéric VI,et son
avènement au trône.
A cette occasion le roi prendra le deuil pour trois
semaines, à partir du 23 de ce mois jusqu’au 14 janvier
inclusivement.
— M. de Jaegher, chargé d’affaires du gouvernement
de S. M. le roi des Belges près la cour de Rio-Janeiro,
a été officiellement reçu en cette qualité, le 3 octobre,
par Son Excellence M. Caetaro Maria Lopez Gama, mi-
nisire des affaires étrangères de S. M. Brésilienne, au-
quel il a remis ses lettres de créance.
— Par autorisation ministérielle en date du 23 dé-
cembre 1859, le sieur Terwagne a été admis à excercer
les fonctions d^.vice-eonsul de France à Louvain.
Nos lettres de la Hollande sont infiniment plus ras-
surantes aujourd’hui, et comme nous l’avions supposé,
tous les bruits qu’on se plaisait à répandre sur l'abdica-
tion du Souverain ne prennent aucune consistance.
L’une des grandes preuves de la tranquillité des es-
prits, c’est que la cinquième représentalionde la Norma
a attiré avant-hier au Théâtre français de La Haye une
foule plus compacte que jamais ; la récelte s’est élevée
jusqu’à 1130 florins des Pays-Bas, quoique ce fût un
jour d’abonnement courant ; tout était plein et nombre
de personnes qui avaient eu le projet d’assister à cette
représentation ont dù renoncer à leur projet. Pour la
première fois, la salle était éclairée au gaz.
La traduction de la Norma par M. Monnier, ajoute
notre correspondant, est une véritable bonne fortune
pour la direction de M. Miro qui, encouragé par ce
succès, prépare, de concert avec M. Monnier, la repré-
sentation de Robert d'Evreux, également de Donizetti
qui va être consultéafin qu’avant de donner cet ouvrage
au public, on soit certain que toutes les intentions de
l’auteur aient été bien rendues.
Nous sommes heureux de voir notre correspondant
dans une disposition d’esprit assez calme pour nous
donner des nouvelles du théâtre de La Haye, lorsque
ses lettres précédentes étaient si inquiétantes. Il en
conclut lui-même, comme nous engageons nos lecteurs
à en conclure, que les esprits se calmeront, et que, cha-
cun y mettant un peu du sien, tout reprendra son cours
régulier.
L’association nationale pour l’encouragement de la
littérature en Belgique a tenu, ces jours derniers, à
Liège, sa séance annuelle. M. Polain a, sur sa demande,
élé remplacé dans la présidence par M. Lebroussart.
C’est donc celui-ci qui sera désormais chargé de la di-
rection de la Revue Belge, recueil avantageusement
connu dans le pays, dont l’existence date déjà de quatre
années, et qui jouit d’une estime méritée. Nous saisis-
sons cette occasion pour recommander aux amis des
iettres cette publication toute nationale, et pour rappe-
ler que l’on peut s’inscrire pour les abonnements chez
M. Ch. Froment, libraire, au prix très modique de 10
fr. par an, pour 3 beaux volumes.
On nous adressela lettre suivante, dont nous approu-
vons fort le contenu et que nous reproduisons en espé-
rant que l’autorité prendra les réflexions de l’auteur en
considération et fera cesser dorénavant le scandale qu’il
signale :
Anvers, 24 décembre 1839.
Monsieur le Rédacteur du Précurseur.
Quand la punition exemplaire des crimes est salutaire pour
le maintien de l’ordre public; si ces malheureux exposés â
l’opprobre général, pour des méfaits que la paresse d’abord
et la nécessité ensuite leur ont presque toujours fait commet-
tre, doivent apprendre à la jeunesse ses devoirs envers la so-
ciété ; ne devrait-on pas alors entourer l'instrument qui sert
au supplice, d’une espèce d'horreur? ne devrait-on pas empê-
cher des enfants de se familiariser avec ce poteau d’infamie,
en jouant au condamné, au bourreau ?... Eb bien ! presque
chaque fois qu’une exposition publique a lieu, on voit des ga-
mins de 12 à 15 ans jouer, non-seulement sur les marches,
mais sur la plate-forme de l’échafaud; aujourd’hui ce jeu
ignoble s’est renouvelé avec plus d’impndence encore : j’ai vu
une dixaine de ces petits vauriens groupés au pied de l’écha-
faud, et monter deux d’entre eux. dont un fesait fonction
d’exécuteur, tandis que l’autre se laissant mettre la face tour-
née au poteau, et, touchant presque de la tête le collier de
fer y sospendu, destiné à enclaver le col de celui qui quel-
ques instants plus tard devait jouer un rôle plus vrai sur ce
théâtre de honte, recevoir sur l’épaule, en guise de flétrissure,
de son camarade l’application d’un étui en fer-blanc, que
celui-ci tenait à la main. — Toute cette scène dégoutante se
jouait, une demi-heure avant que le coupable devait monter
en tremblant et couvert d’ignominie ces mêmes marches, et,
ce qui plus est, tout cela se passait sous les yeux d’une police
soi-disant active. Je vous demande, M. le rédacteur, s'il ne
serait pas du devoir de celle-ci, quand les parents oublient ou
négligent le leur, jusqu’à permettre à leurs enfantsces sortes
de jeux, je vous demande, si la police ne devrait pas empê-
cher des scandales decetle nature?
Si vous croyez que ces lignes puissent être de quelque uti-
lité, veuillez je vous prie leur donner une place dans un pro-
chain numéro.
J'ai l’honneur, monsieur, etc. J. S.
POLICE CORRECTIONNELLE D’ANVERS.
Audience du 23 décembre.
Jean Devroeg, jardinier an Kiel, prévenu d'avoir volé une
biche au préjudice du sieur Hastings, a été condamné à ua
mois de prison.
Léonard Bovyn, du chefdevagabondance et de mendicité,
a été condamné à 3 mois de prison et a été transféré à un dé-
pôt de mendicité à l'expiration de sa peine.
Marie Deschutter, d’Anvers, âgée de 20 ans, prévenue de
vagabondage et en outre d'outrage public à la pudeur, a été
condamnée â 6 mois de prison.
Jean Volmer. d’Amsterdam, et Henri Visser, de Flessin-
guo, matelots de la marine hollandaise, ayant déserté do
leurs vaisseaux, et arrêtés sans papiers et sans moyens de
subsistance, ont été condamnés chacun à cinq jours de prison
et à être transférés à la frontière à l’expiration de leur peine.
François Wynsberg, de Worteghem (Flandre orientale), a
été condamné du chef d’outrage envers la gendarmerie, à 25
francs d’amende.
Anne Isabelle Stynen, née à Eeckeren, convaincue de va-
gabondage, a été condamnée à 1 mois de prison et à restera
la disposition du gouvernement.
Pierre Frederickx, d’Anvers, marchand de poteries, con-
vaincu de mendicité, â Sl-Job-in-’t-Goor, a été condamnés
10 jours de prison et à être transféré au dépôt de mendicité.
Catherine Schel lekens a été condamnée, par défaut, du chef
d’escroquerie à un an de prison et 50 fr. d’amende.
Le tribunal s’est ensuite occupé de l’action en calomnie di-
rigée par deux caporaux et un soldat du Ier régiment de chas-
seurs â pied, les nommés Robert, Fets et Van Gompel, contre
le nommé Joseph Schonenberg, tailleur à Anvers, qui les
avait imputé un prétendu vol avec violence commis dans une
des rues de cette ville, et dont les journaux ont parlé au com-
mencement de ce mois. Le tribunal a remis lepronoDcéà
huitaine.
Audience du 24.
Le nommé François Vervoort a été comdamné à fr. 1 d’a-
mende pour maraudage.
François Daumery, à 1 année de prison et aux frais, pour
complicité de vol chez M. Michel, marchand détaillant à la
Fleur-d’Or.
J.-B. Lambrechts, fripier, à 15 jours de prison et aux
frais, pour achat d’effets militaires.
Esprit des journaux, hollandais.
On lit dans le Handelsblad :
Depuis long-temps la Néerlande ne s’est trouvée dans
une situation aussi grave que celle où elle est aujour-
d’hui. Elle est au moment de procéder à la révision de
ses institutions politiques. Une nouvelle ère s’ouvre pour
son système financier. La représentation nationale a
pris une position aussi belle qu’indépendante. Elle a dit
au gouvernement : vous irez jusqu’ici, mais pas plus
loin !
C’est avec force, avec énergie et modération, qu’elle
a indiqué au gouvernement la voie que les intérêts na-
tionaux lui prescrivent de suivre. Toute la nation ap-
plaudit à la conduite de ses représentants. Le gouverne-
ment s’efforce de pallier ses fautes passées. Il lui en
coûte d’adopter un nouveau système. On parle de la
démission de minisires.Un homme d’état généralement
aimé et estimé se retire du cabinet, perte sensible pour
le roi et la patrie. Beaucoup de bruits circulent en ce
moment, sans que la nation y ajoute foi.
Dans cet instant solennel nous adjurons la nation de
demeurer calme, de metlre tout son espoir dans ses re-
présentants qui comprennent ses intérêts et d’entourer
de son amour le roi et sa dynastie. Nous adjurons la
représentation nationale de poursuivre son ouvrage
avec cette modération et cette indépendance dont elle
a donné un si bel exemple .dans la discussion sur le
projet d’emprunt.
Nous espérons surtout que le gouvernement se pé-
nétrera de ia gravité des circonstances actuelles, qu’il
ne prêtera pas l’oreille à de lâches adulations, qu’il ne
s’imaginera pas que tous ses actes aient excité l’admi-
ration de la nation et qu’il ne croira pas que toutes ses
mesures soient parfaites et susceptibles de peu d’amé-
liorations.
Nous espérons que le gouvernement ne demeurera
pas sourd au langage si franc de nos députés, qu’il ne
méconnaîtra pas leurs consciencieuses intentions et qu’il
exaucera leurs vœux aussi promptement que possible,
mainlenanl qu’il est encore temps.
S’il perdait de vue ces justes souhaits, s’il hésitait
ou s’il tardait à les exaucer, nous le plaindrions et les
conséquences désastreuses d’une pareille conduite re-
tomberaient sur la Néerlande.
Longtemps le gouvernement s’est contenté de faire
des promesses et de donner des assurances. Le temps
est venu de les réaliser. C’est le moment ou jamais de
tenir ces engagements.
Si maintenant encore le gouvernement ne satisfait pas
au désir de la chambre, la faute en est à lui qui n'a pas
mis plustôlla main à l’œuvre.
Il ne devait, il ne pouvait pas compter que ia repré-
sentation nationale montrerait éternellement de la con-
descendance et de l’esprit de conciliation. Un moment
devait venir où elle se lasserait à la fin. Cemomentest
venu.
Maintenant on attend ce qui est promis depuis tant
d’années; mainlenanl on voit qu’on a été dupe debien
des déceptions; et maintenant on refuse des subsides,
parce qu’ils sont trop élevés et parce que le système fi-
nancier de l’état ne brille ni par l’ordre, ni par la régu-
larité, ni par la clarté.
Pendant 9 ans le gouvernement a eu le temps d’agir
et d’exaucer les vœux de la représentation nationala. A
qui la faule, si des difficultés s’élèvent aujourd’hui?
C’est à la nation de répondre.
Le gouvernement a-t-il cru peut-élre que les vœux
exprimés chaque année par nos députés, étaient de vai-
nes paroles?Jettait-il au vent leurs pressantes prières ?
Espérait-il que ces hommes consciencieux et indépen-
dants voteraient éternellement des lois opposées à leurs
convictions ? S’il en est ainsi, le gouvernement a fait un
faux calcul ; ce qui se passe en ce moment le lui prouve
bien.
Il aurait dù lui être agréable d’exaucer les vœux
patriotiques de la chambre.
Les Etats-Généraux ne font point d’opposition sys-
tématique, ils approuvent ce qui est bien, ils combattent
ce qui est mal.Celuiqui méconnaît lepalriotismedontils
sont animés et la droiture de leurs intentions, est un
être méprisable. Celui qui leur attribue d’aulres vues
est indigne du nom de Néerlandais ; il est l’eunemi de
son roi et de sa patrie ! .
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