Full text |
1879.
N° 7.
5e ANNEE.
ABONNEMENTS
S’adresser rue de la Pompe, 3
BRUXELLES
L'EMULATION
ANNONCES & RÉCLAMES
A FORFAIT
S’adresser rue de la Pompe, 5
BRUXELLES
PUBLICATION MENSUELLE DE LA SOCIÉTÉ CENTRALE
ADMINISTRATION
Boulevard du Hainaut, 74
Bruxelles
D'ARCHITECTURE
DIRECTION—RÉDACTION
Rue des Quatre-Bras, 5
Bruxelles
DE BELGIQUE
— déposé— BUREAUX : RUE DE LA POMPE, 3, BRUXELLES —déposé —
— 37 —
Bruxelles, Juillet 1879.
SOMMAIRE
Les établissements scolaires. T. — Grand concours d'Ar-
chitecture : Prix de Rome. — L'enseignement indus-
triel. — L'exposition rétrospective des arts industriels,
Bruxelles 1880. E. A. — La façade belge à l'Exposi-
tion universelle de Paris 1878. E. A. — Faits divers.
Les Établissements scolaires
Nous extrayons d’une étude publiée par la Chro-
nique des Travaux publics, les passages suivants,
qu’il nous a paru utile de reproduire :
« Les systèmes de bâtiments scolaires des diffé-
rents pays se touchent sous le rapport économique,
sauf pour la Suisse qui, par le luxe vraiment
monumental quelle déploie dans ces constructions,
s’éloigne complètement des idées généralement
adoptées en Europe; affaires de mœurs politiques
et qu’on s’explique jusqu’à un certain point de la
part du peuple suisse, si l’on tient compte de la
vivacité du principe démocratique qui anime ces
populations.
“ L’école, disent les Suisses, est le palais du
” peuple; c’est à l’école que s’élèvent, que se for-
* ment les enfants qui, plus tard, citoyens, seront
” la force matérielle d’une nation, son espoir et son
« appui. A qui persuadera-t-on qu’un édifice dont
r le but est si noble et si grand, mérite moins de
» soins et d’attentions, moins de recherches et
* d’éclat qu’une demeure de prince, ou une aea-
« démie de danse?
« Avec des principes semblables, faut-il s’étonner
qu’en Suisse il y ait des bàliments d’écoles qui coû-
tent mille francs et au delà, par élève?
« Des petites villes de quatre à cinq mille âmes
consacrent jusqu’à un million à la construction d’un
bâtiment d'école. Aussi certains de ces établisse-
ments sont-ils de véritables palais.
55 A Zurich, l’école construite sur la Linterscher-
Platz, présente l’aspect d’un théâtre, orné de bal-
cons, de statues et de terrasses; le tout précédé
d’un grand square.
« L école cantonale de Berne a 180 mètres de
longueur; elle renferme des galeries immenses, des
escaliers grandioses en pierre, à doubles volées,
ornés de balustrades; une salle de trente mètres de
longueur sur vingt de largeur, avec galeries à
colonnades, uniquement destinée à servir trois ou
quatre fois par an, à la distribution des récom-
penses et à la célébration des fêtes.
55 La façade de cet édifice se compose d’un grand
pavillon central, à ironton triangulaire, de trente
mètres de hauteur, de larges arrière-corps et de
deux pavillons d angles. Un grand escalier avec
terrasse précède ce monument qui a l’aspect d’un
véritable palais de justice, de l’importance de celui
de Gand.
” Le côté monumental n’est pas le seul par lequel
la Suisse diffère des autres pays pour l’installation
de ses écoles. Généralement, ces constructions sont
mixtes, mais ne contiennent pas les salles d’asile,
comme en France et en Angleterre. Les élèves gar-
çons et les filles, sont réunis sous le même toit, dans
les mêmes salles, sur les mêmes bancs, et 1 ensei-
gnement leur est donné par un même maître. On
comprend que ces habitudes aient eu quelque in-
fluence sur la disposition des locaux, et que les
bâtiments d’écoles soient construits tout autrement
que chez nous; c’est aussi ce qui a permis de taire
de ces bâtiments de grands blocs très-ramassés et
t res-élevés, d’aspect grandiose, décrits comme ceux
plus haut. s
— 38 —
55 Les écoles suisses, do même que les écoles hol-
landaises et allemandes, installent à l’intérieur des
bâtiments et à proximité des classes aux différents
étages, les latrines que nous reléguons aux extré-
mités des cours, ce qui est plus salubre et facilite
la surveillance des élèves, tout en étant cependant
moins hygiénique et moins confortable pour ces
derniers, obligés, hiver comme été. de parcourir un
assez long espace et de séjourner dans une tempé-
rature si differente de celle des classes.
55 En France, les latrines sont généralement dis-
posées comme chez nous, dans les cours, mais elles
different complètement par l’installation des sièges,
en pierre ou en ciment, sur lesquels les élèves
posent les pieds, selon les usages primitifs de ce
pays.
55 En Angleterre, on remarque comme particula-
rité, un système d’isolement des classes composées
de trois divisions, séparées au moyen de tentures
ou de cloisons mobiles, lesquelles se relèvent, ou
glissent à volonté, selon que l’on donne des cours
séparés ou généraux, pour cent à cent cinquante
élèves. Cette organisation nécessite un sous-institu-
teur pour chaque division et augmente, par consé-
quent, le personnel d’un instituteur en chef pour le
même nombre d’élèves. La disposition de ces grandes
salles laisse énormément à désirer sous le rapport
des installations scolaires et des bruits qui se com-
muniquent nécessairement d’un compartiment à
l’autre.
55 Le mobilier des classes est généralement sem-
blable dans tous les pays ; il est caractérisé par les
pupitres à deux places, disposés dans des salles
pouvant contenir trente à quarante élèves, occupant
chacun de 0m80 à 1 mètre de surface. Cependant,
ici encore la Suisse fait exception à la régie. Dans
ce dernier pays, le nombre d’élèves descend jusqu’à
vingt par classe, occupant chacun parfois lm30 de
surface.
” Ni en Suisse, ni en Angleterre, on ne rencontre
do logement de maîtres ou de directeur dans les
écoles des villes, et l’Allemagne préconise leur sup-
pression complète, même dans les campagnes.
55 On ne comprend pas, en effet, dit M. Marjoux,
55 quelles raisons plausibles peuvent être mises en
55 avant pour justifier la demeure dans son école,
55 d’un maître ou d’un directeur, dont le service
55 commence avec le jour, finit avec la nuit, et qui,
55 par conséquent, n’a plus rien à faire à l’école une
55 fois la classe finie et ses élèves partis. «
55 L’auteur invoque encore plusieurs autres con-
sidérations, les unes morales èt les autres finan-
cières, à l’appui de cette suppression. Les logements
55 des directeurs, dit-il, occupent en moyenne une
surface de 120 mètres.
55 Si maintenant — continue-t-il — sans tenir
55 compte de l’économie à réaliser par la suppres-
55 sion des logements, on envisage les améliorations
55 que cette suppression permettrait d’apporter à la
55 construction d’une école, on voit combien il
55 deviendrait facile de les doter de gymnases, de
55 réfectoires pour les enfants, de classes plus
55 petites et par suite habitées par un moins grand
« nombre d’élèves, do salles professionnelles, de sal-
” les de réunion, d’un mobilier perfectionné, etc.,
55 et alors l’hésitation n’est plus possible. 55
” Ces observations, si elles ne sont pas toutes
fondées, sont vraies en ce qui concerne nos écoles
primaires, pour lesquelles, faute d’espace, nous
sommes toujours embarrassés de trouver les empla-
cements, pour installer les musées scolaires, les
bibliothèques, et des cabinets ou salles pour les insti-
tuteurs, qui sont obligés de faire leur toilette dans
les classes et d’y déposer leurs effets.
55 Les quelques rapprochements qui précèdent,
suffisent amplement à démontrer qu’il en est des
régimes scolaires comme de bien d’autres institu-
— 39 —
tiens; ils doivent être adaptés aux mœurs et aux
usages des peuples. C’est ainsi qu’on ne fera pas
admettre dans notre pays, que les bâtiments d’écoles
doivent ressembler à des palais et à des théâtres, et
que les classes ne doivent contenir que vingt élèves,
comme cela a lieu en Suisse.
55 Nous ne croyons pas davantage qu’il convienne
de faire donner l’instruction aux filles et aux gar-
çons à la fois, assis sur les mêmes bancs, et par un
même maître, comme cela se fait encore en Suisse
et en Hollande.
55 Enfin, ni le système des latrines à l’intérieur
des locaux, ni les classes divisées par des cloisons
mobiles ou des draperies, système anglais, ne peu-
vent convenir en Belgique.
55 II en est encore de même de l’élimination des
directeurs et des directrices, pour lesquels l’habita-
tion dans l’école est entrée dans nos usages. Nous
comprenons qu’en France, par exemple, où tout le
personnel enseignant habite le groupe scolaire,
il se produise de nombreux abus et des inconvé-
nients sans nombre, par suite du voisinage de mé-
nages différents, composant une sorte de phalan-
stère; mais en Belgique, où l’établissement n’est
habité que par le directeur ou le préfet des études,
ces inconvénients ne sauraient se produire; la pré-
sence à demeure du maître offre, au contraire, de
grands avantages. En cas d’accidents ou d indispo-
sition subite, par exemple, l’enfant trouve immé-
diatement dans la famille du directeur ou du préfet,
les soins désirables, et nous ne voyons contre le
maintien de cet état de choses que les inconvé-
nients signalés plus haut, relativement à l’empla-
cement de l’habitation; quant à la dépense, on peut
estimer, pour notre pays, que l’intérêt du capital ne
dépasserait jamais le supplément de traitement
qu’il faudrait accorder pour le logement.
5* L’organisation des préaux couverts, celle des
lavabos, des vestiaires et des gymnases, qui, tous,
sont d’une très-grande utilité, s’est faite jusqu’ici
d’une façon un peu trop accessoire, car la gymnas-
tique a la plus heureuse influence sur la santé des
enfants.
55 En Finance, le préau couvert, qui sert à la fois
de vestibule, de vestiaire, et parfois de gymnase et
de réfectoire, forme un long parallélogramme, que
M. Marjoux voudrait voir subdiviser en autant de
locaux séparés, avec adjonction de cuisine et de
salle à dîner pour les maîtres.
55 Evidemment, c’est là, à première vue, une situa-
tion très-confortable, mais tout à fait étrangère
aux besoins de l’enseignement, du moins en Bel-
gique, où les instituteurs retournent dîner chez eux,
où le repas principal dans les classes populaires se
prend à midi et réclame, par conséquent, la pré-
sence des enfants à la maison.
55 La sortie au milieu de la journée et le retour
sous le toit paternel sont, du reste, un bien pour
l’hygiène des écoliers, et la salubrité des locaux qui
peuvent être complètement ventilés pendant 1 ab-
sence des élèves. Ucs retours fréquents à la maison
maintiennent aussi plus étroitement les liens de
famille, qui ne tendent que trop à s’affaiblir et qu’on
ne saurait trop sauvegarder. Il faut que l’ouvrier
sache bien que la commune ou l’Etat ne le remplace
pas dans les soins qu’il doit aux siens.
Sous ce rapport aussi, l’installation dos lavabos
ne doit être faite que dans les conditions les plus
restreintes possibles. Il faut que les enfants s habi-
tuent à venir à l’école dans une tenue au moins
propre et que l’envoi au lavabo, à l’arrivée à l’école,
soit considérée comme une punition morale vis-à-
vis de leurs camarades. Dans les écoles primaires
de Bruxelles, on remarque généralement que les
filles sont plus soignées dans leur toilette que les
garçons; il en est probablement ainsi partout.
Pourquoi ne pas inculquer aux garçons les mêmes
principes ? |