Full text |
*849 W. *. ALVERS, Dimanche K Janvier. (Quatorzième Année.)
L
H
PRECURSEUR
On «’abonsp :
A Anvers au bureau du Précurseur,
Bourse Anglaise, N° 1040 , en Belgi-
que et à l’étranger chez tous les Di-
recteurs des Postes.
Journal Politique, Commercial, Maritime et Littéraire.
JPatte — ÏÏA$»er&é — g* trog rua.
Abonnement par Trimestre
Pour Anvers. . .... fr. 12 30
» la province franc déport. » 13
» la France,l’Angleterre et
la Hollande. . . . » 13
hwertions 23 c.» la ligne. Réclames 50.
7 [Janvier.
Le Journal de Bruxelles va sans doute être mis à
l’index, car voici les énormités qu'il publie, en louant
de son mieux la politique des Etats-Unis :
« Les subsides y sont totalement inconnus; chacun suit
» qu’il n'a rien à attendre du trésor, qu’il doit se suffire à
j> lui-même, sous peine de descendre au bas de l’échelle
» sociale, et cette conviction est si bien ancrée dans les
» esprits, que nul ne songe jamais à se plaindre de l’a-
» bandon où le gouvernement le laisse. L’industriel, le
» marchand, le capitaliste, l’ouvrier qui solliciterait un
» secours du trésor public en serait pour ses frais de
» pétition et se couvrirait de ridicule. » _
Le libre-échangiste le plus audacieux n’aurait point
osé tenir un pareil langage, ni se montrer aussi radica-
lement opposé à toute protection envers le travail
national. Comment, dans un pays modèle, on se couvri-
rait de ridicule et l’on en serait pour ses frais de pétition,
si l’on demandait la moindre assistance et les amis dit
Journal de Bruxelles sont en Belgique les plus ardents
solliciteurs de primes et de subsides ! c’est à n’y pas
croire. Les mêmes hommes trouvent mauvais ici en
principe ce qu’ils trouvent excellent aux Etats-Unis,
sans nous expliquer pourquoi ; ce leur serait probable-
ment trop difficile, mais nous ne serions pas fâchés de
connaître à ce sujet l’opinion de quelques feuilles qui
puisent leurs idées à la même source que le Journal de
Bruxelles. Qu en pensent, par exemple les hommes qui
inspirent le Journal du Commerce et le Journal d’Anver s.
----------- iaiii.i —-----------------
Dans son panégyrique de 1 institution républicaine
aux Etats-Unis, le Journal de Bruxelles est entraîné par
une ferveur pacifique, que nous sommes fort loin de
blâmer, mais qui l’égare également. Voici, par exemple,
ce qu’il dit : _ t
« Les populations des Etats-Unis n’ont pas besoin
d'être contenues par une armée qui coûte au-delà d’un
million par jour. Respectant les officiers publics et peu
enclins à l’émeute, elles se contentent d’une armée
permanente qui ne s’élève pas au vingtième du chiffre
de l’armée française. Voità pourquoi la République
américaine acquitte des impôts si faibles et se gouverne
à si bon marché. Libre à la Bépubligue Française d’en
faire autant. »
Non, il n’est point libre à la République française, ni
à aucun royaume ou empire européen d’en faire autant,
parce que les situations ne sont nullement les mêmes.
La République des Etals-Unis est dans une position ex-
ceptionnelle. Elle est née d elle-même et n’a d'autres
principes à défendre que ceux de son origine. Elle n'a
point, ce qu’ont tous les vieux Etats européens, des anté-
cédents dont il lui faille tenir compte. Elle est républi-
que dans toute sa puissance, comme la royauté était
royauté sans conteste, à d’autres époques. La forme et
les institutions républicaines sont primitives aux Etats-
Unis. Ce sont celles de leur premier gouvernement — il
n’y a, sous ce rapport, ni souvenirs, ni préjugés contrai-
res. C’est l’état normal, et les Etats-Unis seraient en
pleine révolution, si l’on tentait d'y établir la monarchie,
même constitutionnelle et aussi libérale qu’en Belgique,
comme le sont, dans un sens opposé, les pays qui s’elfor-
cent de substituer la république à la monarchie.
Il y a d ailleurs un autre motif, c’est que les Etats-
Unis n’ont aucun voisin avec lequel ils aient à compter.
Us sont plutôt menaçants que menacés, et leur armée
serait moindre encore, qu’ils n’auraient rien à craindre,
parce qu’il n'y a pas d’événements auxquels ils soient
exposés à l’imprévu et pour lesquels, bon gré — mal
gré, leur intervention effective puisse être immédiate-
ment nécessaire. Quels sont au contraire, les Etats eu-
ropéens qui se sentent dégagés de cette condition. Il n’y
en a pas un seul de quelque importance. Eh ! mon Dieu,
sans être pessimiste, qui oserait affirmer que la guerre
n'est pas menaçante, n’est pas prochaine ? — Nous espé-
rons que la paix sera maintenue, comme elle l’a été à la
suite des événements de 1830, mais ce sera dans tous les
cas la paix armée, genre de paix que les Etats-Unis ont
le bonheur d’ignorer et dont il esta désirer pour eux
qu’ils ne comprennent jamais la nécessité.
Nous avons sous les yeux le rapport delà section centrale sur le
budget du département de 1s justice, ta section centrale a adopté
provisoirement tous les chiffres demandés sous les art. 63 16.sous la
réserve bien expresse du droit d’examen u/térieur des projets de loi
nouvellement présentés par M. le ministre de la justice.
Plusieurs réductions ont été proposées. La plus importante est
celle <|ni concerne l’art. 16 relatif aux frais de justice : elle s’élève 3
100,060 fr.
Le principal moyen d’arriver à celte réduction est de confier aux
gendarmes une partie des fonctions que remplissent aujourd’hui ies
huissiers.
Les réduction proposéess sur les art. 16, 17, 18, 26, 56 et 56 s’élè-
vent au total à 183,000 fr.
Denrées alimentaires. — Mouvement commercial.
Du lr au 5 janvier 1849, ilesl entré au port d’Anvers deux na-
vires chargés de denrées alimentaires.
Les importations effectuées consistent en :
Froment................ 131.000 kil.
Riz...................... 17,900 »
Total. , . . . 148.900 »
Le tableau suivant indique lesquantilés entreposées, mises en con-
sommailon ou déclarées en transit du ir au 5 janvier 1848 :
DENREES.
Froment......
Seigle.......
Orge.........
Fèves........
Avoine.......
Farines......
Riz..........
QUANTITES
En entrepôt
tu 31
déc.
kilog.
656 840
132.538
3,098
163 923
8,987
1,768
990,976
Entreposées
du 1' au
3 janv.
kilog
Sorties du 1 au 3 janv.
Eu cons ni
kilog.
En transit.
kilog.
BïAEiSIS.
On mande de Turin, 50 décembre, que le général Rnmarino était
arrivé, la veille, dans cette capitale. Le roi l’a reçu en audience par-
ticulière. On assure que Charles Albert manifeste l’intention de se
rendre à Vercelli pour examiner par lui même i’etat des troupes Lom-
bard es.
Le courrier de Gènes , parit pour Milan, est revenu, le 31 décem-
bre, avec les lettres et les. journaux qu’il y portail. Les autorités au-
trichiennes ne lui ont pas permis de franchir la frontière. On dit que
le maréchal Radetzki a l’intention d’ouvrir lui-même les hostililés
contre quelqu’une des provinces sardes.On se préoccupe surtout d’une
grande concentration de forces à Piacenza.
Lesaulorités de Milan ont ordre d’arrêter quiconque entre en Lom-
bardie, porteur de quelque journal ou écrit politique imprimé en Pié-
mont.
Le Concordia du 51 décembre conlient l’ordonnance de dissolution
de la chambre des députés, et la convocation des collèges électoraux
pour le 13 janvier. Le nouveau parlement s’assemblera le 23 du mê-
me mois.
Le 28 décembre, à Rome, le ministre de l’intérieur a donné, à la
chambre des dépotés, lecture de la-demande faite par le ministère à
la junle d'état pour obtenir l’autorisation de dissoudre les deux cham-
bres. Puis, il a lu le décret même de la junle qui lui confère celle au-
torisation.
Immédiatement après, le président a levé la séance aux applaudis-
sements du public des tribunes. On disait, le soir même, que la con-
stituante romaine serait convoquée, et la loi électorale en même
temps proclamé.
(Par voie d’Allemagne.) .
On écrit de Milan, le 26 décembre, au Lloyd autrichien :
Trois individus sur lesquels on a trouvé des armes et les signes
connus ont été condamnés à mort. Le feld-maréchal Kadelzky avait
invité tous les nobles qui n’onl pas pris part directement a la dernière
révolution, à rentrer a Milan, el leur avait assigné un terme après
l’expiration duquel ils seraient mis dans la catégorie des révoltés
dont lesbiens devaient êlre confisqués.
ESrAONE.
Marri», Si décembre. — Le projet d’adresse du sénat en réponse
au discours du trône n’est que la paraphrase de ce discours avec
quelques observations dictées par un esprit favorable au ministère.
Au ministère des finances , on s’occupe activement de mettre
la dernière main à la rédaction des mesures nancières dont la cham-
bre des députés va être saisie.
Le bruit court que la session des cortès doit être suspendue le 17
janvier. Rien n’annonce jusqu’ici que celte nouvelle soit positive et
loot porte à croire, au contraire, qu’elle est prématurée. Générale-
ment on pense que la session législative ne sera pas de longue durée.
Catauognk.—Le Fomento de Barcelone du 31 décembre, confirme
par une lettre de Vieil du 28, l’entrée du capitaine général de la Ca-
talogne dans celle ville, et par conséquent dément complètement la
nouvelle donnée par le Journal du Peuple de Bayonne, d’une dé-
route du général Concha. Voici celte lettre :
Vieil, 28 décembre.
Avant-hier soir est entré dans noire ville, notre digne capitaine
général, accompagné d’un brillant état-major, d’un escadron de ca-
valerie, du bataillon de chasseurs n° 10 et de quelques autres forces.
Les troupes de la garnison ont formé la haie depuis les portes de la
FEUUJLETOH.
LES CONFIDENCES.(1)
NOTE II.
Nous parlons, nous chassons devant nous le Irotipcau commun
dont la longue file suit à pas inégaux li s sentiers tortue ux et arides
des premières collines. Chacun de nous à tour de rôle va ramener les
chèvres à coups de pierres lancées par sa frondé, quand elles s’éga-
rent et franchissent les haies. Après avoir gravi les premières hau-
teurs nues qui dominent le village et qu'un n’atteint pas en moins
d’une heure au pas des troupeaux, nous entrons dans une gorge
haute, très espacée, où l’on n’aperçoit plus ni maison, ni fumée, ni
culture.
Les deux flancs de ce bassin solitaire sonl (ont couverts de bruyè-
res aux petites fleurs violettes, de longs genêts jaunes dont on fait
des balais; çà et là quelques châtaigniers gigantesques élendent
leurs longues branches à demi-nues. Les feuilles brunies par les
premières gelées pleuvenl autour des arbres au moindre souffle de
l’air. Quelques noires corneilles sont perchées sur les rameaux les
plus secs et les plus morts de ces vieux arbres. Elles s'envolent en
croassant à notre approche; de grands aigles ou éperviers, très éle-
vés dans le firmament, tournent pendant des heures au-dessus de nos
(êtes, épiant les alouettes dans les genêts ou les petits chevreaux qui
se rapprochent de leurs mères. De grandes masses de pierres grises,
tachetées et un peu jaunies par les mousses, sortent de terre par
groupes sur les deux pentes escarpées de la gorge.
Nos troupeaux, devenus libres, se lépandent a leur fantaisie dans
les genêts. Quant à nous, nous choisissons un de ces gros rochers,
dont le sommet un peu recourbé sur lui même dessine une demi-
voûte et défend de la pluie quelques pieds de sable Gn à ses pieds.
Nous nous établissons là. Nous allons chercher à brassées des fagots
de bruyères sèches el les branches mortes tombées des châtaigniers
pendant l’été. Nous battons le briquet, nous allumons un de ces feux
de bergers si pittoresques & contempler de loin, du pied des coltines
ou du pont d’un vaisseau, quand on navigue en vue des terres.
Une petite flamme claire et ondoyante jaillit à Iravers les vagues
noires, grises et bleues de la fumée du bois vert que le vent fouette
comme une crinière de cheval échappé. Nous ouvrons nos sacs, nous
en lirons le pain, le fromage, quelquefois les œufs durs, assaisonnés
de gros grains de sel gris. Nous mangeons lentement comme le trou-
peau rumine. Quelquefois, l’un d’entre nous découvre à l’extrémité
(1) Voir nos nunpétos des 5, 4 el 3 janvier.
des branches d’un châtaignier des gousses de châtaignes oubliées sur
l’arbre après la récolte. Nous nous armons tous de nos frondes, nous
lançons avec adresse une nuée de pierres qui détachent le fruit de
l’éeorce entr’ouverle et le font tomber à nos pieds. Nous le faisons
cuire sous la candre de notre foyer, et si quelqu’un de nous vient à
déterrer de plus quelques pommes de terre oubliées dans la glebe
d’un champ retourné, il nous les apporte. Nous les recouvrons de
cendres et des charbons, et nous les dévorons toutes fumantes, assai-
sonnées de l’orgueil de la découvertect du charme du larcin. .
A midi, on rassemble de nouveau les chèvres et les vaches déjà cou-
chées depuis longtemps au soleil sur la grasse litière desfeuilles mor-
tes et des genêls Tandis que le soleil en montant a dispersé entière-
ment les brouillards sur ers cimes éclatantes et lièdes de lumière, ils
se sont accumulés dans la vallée et dans les plaines. Nous voyons
seulement surgir au-dessus les cimes des collines, les clochers de
quelques hauts villages, et à l’extrémité de l’horizon les neiges rosées
el ombrées du Mont-Blanc, dont on distingue les ossements gigantes-
ques, les arêtes vives et les angles rentrants ou sortants, comme si
on élait à une portée de regard.
Les troupeaux réunis, on s’achemine vers la vraie montagne.Nous
laissons loin derrière nous celte première gorge alpestre où nous
avons passé la matinée. Les châtaigniers disparaissent ; de petites
broussailles leur succèdent ; les pentes deviennent plus rudes ; de
hautes fougères les tapissent; çà et là, les grosses campanules bleues
et les digitales pourprées les diaprent de leurs fleurs. Bientôt tout
cela disparaîtencore ; il n’y a plus que de la mousse et des pierres
roulantes sur le6 flancs des montagnes. .
Les troupeaux s’arrêtent là avec un ou deux bergers. Les aulres,
et moi avec eux, nous avons aperçu depuis plusieurs jours, au
dernier sommet de la plushaule de ees cimes, à côté d’une plaque de
neige qui faitune tache blanche au nord et qui ne fond que tard dans
les étés froids, mie ouverture dans le rocher qui doil donner enlrée
5 quelque caverne. Nous avons vu les aigles s’envoler souvent vers
celle roche. Les plus hardis d’cnlre nous ont résolu d’aller dénicher
les petits. Armés de nos hâlpnset de nos frondes, noos y montons au-
jourd’hui. Nous avons tout prévu, même les ténèbres de la caverne.
Chacun de nous a préparé depuis quelques jours un flambeau pour
s’y éclairer. Nous avons coupé dans les bois des environs des tiges
de sapin de huit ou dix ans.
Nous les avons fendues dans leur longueur en vingt ou trente pe-
tites lattes de l’épaisseur d’une ligne ou deux. Nous n’avons laissé in-
tacte que l'extrémité inférieure de l’arbre ainsi fendu, afin que les
lattes ne se séparent pas et qu’il nous reste un manche solide dans
la main pour le porter. Noos les avons reliés en outre de distance en
distance par des fils de fer qui retiennenlloutle faisceau uni.Pendant
plusieurs semaines nous les avons fait dessécher en les introduisant
dans le four banal du village après qu’on en a tiré le pain. Ces petits
arbres ainsi préparés, calcinés par le four et imbibés de la résine
ville jusqu’à l’hôtel de la ville, et les alcades el l’ayuntamienlo sont t
allés au-devant du général, pour le féliciter. Le général Concha a 1
paru extrêmement salisfait de l’accueil qu’il a reçu à Vieil. Il parait *
que les matines, dans la crainle de voir arriver nos troupes, corn
mencent à décamper de Vidra. Hier, est enlré en ville la colonne du
commandant Santiago avec 13 blessés el un mort provenant de l’af-
faire d’OIot, avec Sargalal, lequel a eu de son côté, 10 morts et plus
de 30 blessés. (Fomento.)
Aragon. — Les détails que nous avons publiés d’après un journal
de Bayonne sur line bataille où auraient figuré Cabrera et Coucha
sont complètement controuvés. Il y a eu seulement à Olo un engage-
ment entre Borgès, Tuerto de la Ratera, Altimira et autres oabecil-
las, d’un côté, elle colonel Santiago île l’autre. C’est le 23 que s’est
passée l’affaire. L’avantage parait être resté aux lsabellisles, mais les
Carlistes n’ont perdu que douze hommes. Voilà à quoi se réduit celle
action meurlrière. (Mémorialdes Pyrénées, 3 janv.)
II n’y a pas eu de bourse à Madrid le dimanche 31 décembre.
ALLliïîIAfMm
Francfort, 5 janvier. — A l’occasion du 1" janvier le bureau de
l’assemblée nationale allemande a adressé l’allocution suivante au
vicaire de l’empire :
o Le bureau de l’assemblée nationale allemande prend la liberté de
présenter à voire A. 1 ses respectueuses félicitations à l’occasion de
la nouvelle année V. A. I. jettera avec nous un regard en arrière sur
l’année qui vient de s’écouler et qui a vu répandre au milieu de
grands orages des sémences fécondes, mais faire aussi de profondes
blessures, et un regard en avant dans l’année, qui vient de commen-
cer et dans laquelle nous l'espérons, c«s blessures seront guéries et
leur guérison accompagnée d’une abondante moisson de vraie liberté
civique el d’union politique.
» V. A. 1. a voulu s’unir étroitement aux travaux et aux fatigues de
l’assemblée nationale, en répondant à l’appel des représentants du
peuple allemand avec les sentiments patriotiques que la nation re-
connaît à V. A. I. et qu’elle honore avec tant de gratitude. Si nous
parvenons, et nous y parviendrons, à obtenir enfin pour notre peu-
pie le rang qui, à moins que tous les indices ne nous trompent, lui
est assigné dans les décrets de la Providence, parmi les nations du
globe, nos succès seront aussi ceux de V. A. I. ; souhaiter à votre
peuple un pareil bonheur, c’est donner des bénédictions à V. A. 1.
» Agréez l’expression respectueuse de nos senliments et les vœux
sincères qui s’y rattachent pour la conservalion et la prospérité de
votre auguste famille, à laquelle est destinée dans votre cœur la
premièie place après la pairie allemande. »
Le vicaire de l’empire a répondu :
« Soyez assurés. Messieurs, que j’atlache un très grand prix aux
félicitations que vous venez de me présenter comme l’expression des
senliments de l’assemblée nationale allemande. En y répondant de
la manière la plus cordiale, j’exprime le désir que nos vœux récipro-
ques se confondent en un seul, celui de voir l’Allemagne une, grande
et forte.
«Dans l’annéequivientde commencer el qui aura une si grande im-
portance pour l'Allemagne, l’assemblée nalionale aura achevé sa
liante mission, celle de donner une constitution à notre commune
patrie ; alors cessera aussi la lâche à laquelle m’a appelé votre hono-
rable confiance. Je m’estimerai heureux, si je puis acquérir la con-
viclion que cetle grande œuvre a jelé les fondements de l’unité et de
la grandeur de l’Allemagne, el que dorénavant toutes les tribus par-
ticulières,unies dans un seul lien fraternel avec leurs princes, ne con-
naissant qu’un seul but, celui de travailler à l'achèvement de ce su-
perbe édifice, afin qu’il soil inébranlable et puisse à jamais triompher
de lous les orages dont il pourra êlre assailli.»
Le même jour, les plénipotentiaires des gouvernements allemands
se sont rendus auprès de S. A 1. le vicaire de l’empire, auquel M.
le baron de Menschengen, plénipotentiaire d’Autriche, a adressé l’al-
locution suivante :
« C’eslau nom de lous ^plénipotentiaires allemands que j’ai l’bort-
neur de présenter ati commencement de celte nouvelle année, leurs
respectueuses félicitations à V. A i. et de réitérer â eelte occasion
l’expression de la profonde gratitude de tous les gouvernements alle-
mands pour les grands sacrifices qu’a faits V. A. I. en acceptant la
haute dignité de vicaire de l’empire d’Allemagne, à une époque où la
réalisation d’un besoin aussi impérieux n’a pu avoir lieu que par la
renonciation de la part de V. A Là la haute vocation qu'elle rem-
plissait, dans le pays natal L’un des moments les plus mémorables
de l’année, dernière a été celui où V. A. 1. se vouant exclusivement
au bien être de la commune patrie allemande, y a ramené un étal de
choses plus rassurant. En jetant un regard en arrière sur ies heureux
résultats qu’elle a obtenus jusqu’ici, V. A. 1. se sentira encouragée à
porter encore durant cetle année le pénible fardeau des affaires, afin
que la grande mesurede la régénération de l’Allemagne s’accomplisse
sous vos auspices. »
Le vicaire de l’empire a répondu à ces félicitations par de vifs re-
merciements et par l’expression des sentiments qu’il a dit éprouver
doublement à l’occasion du renouvellement de l'année pour le bon-
heur et la prospérité de tous les princes et les peuples de l’Allemagne.
Le président et les membres du ministère de l’empire s’étaient
rendus déjà dans la malinée auprès de S. A. 1. pour lui présenter
leurs félicitations.
aOu 5 — Nous apprenons du bonne source que le plénipotentiaire
autrichien a reçu hier une note de son gouvernement en date du 28
décembre, dans laquelle, en réponse au programme de M. de Gagern,
on déclare que l’Autriche ne reconnailra une nouvelle constitution
allemande qu’aotant que celle-ci soit faite avec son assentiment, le-
quel est d’autant plus nécessaire, que d’après la constitution exis-
tante, c’esl à l’Autriche qu’est dévolue la présidence en Allemagne.
Il n’est fait nulle mention dans cetle note des résolutions de l’assem-
blée nationale. D’après ce que nous en avons appris jusqu’ici, nous
regrettons d’avoir à craindre que ceux là aient raison qui croient
que l’Autriche ne s’empresse pas de contribuer au prompt établisse-
ment d’une Allemagne forte. C’est maintenant à la majorité de l’as-
nalttrelleau sapin, sont des torches qui brûlent lentement, que rien
ne peut éteindre et qui jettent des flammes d’une rougeur éclatante
au moindre vent qui les allume.
Chacun de nous porie péniblement un de ces sapins sur son épaule.
Arrivés au pied du rocher, nous le contournons à sa base pour trou-
ver accès à la bouche tortueuse de la caverne qui s’enlr’ouvre au-
dessus de nos fronts.. Nous y parvenons en nous hissant de roche en
roche, et en déchirant nos mains et nos genoux. I,'embouchure,
recouverte par une voûte naturelle d’immenses blocs buttés les uns
contre les aulres. sufiità nous abriter lotis. Elle se rétrécit bientôt,
obstruée par des bancs de pierre qu’il faut franchir, puis, tournant
tout à coup et descendant avec la rapidité d’un escalier sans marche,
elle s'enfonce dans la montagne et dans la nuit.
Là, le cœur nous manque un peu. Nous lançons des pierres dont
le bruit lent à descendre remonte à nos oreilles en échos souterrains.
Les chauvres-souris effrayéessortent à ce bruit de leur antre, et nous
frappent le visage de leurs membranes gluantes. Nous allumons deux
ou trois de nos torches. Le plus hardi et le plus grand se hasarde le
premier. Nous le suivons tous. Noos rampons un moment comme le
renard dans sa tanière. La fomée des torches nous étouffe, mais rien
ne nous rebute, et la voflle s’élargissant et se relevant tout à coup,
nous nous trouvons dans une de ces vaste salles souterraines dont les
cavernes des montagnes sont presque toujours l’indice, et qui leur
servent, pour ainsi dire, à respirer l’air extérieur.
Un petit bassin limpide réfléchit au fond la lueur de nos torches.
Des gouttes brillantes comme le diamant suintent des parois de la
voûle, et, tombant par intervalles réguliers dans le bassin, y produi-
sent ce tintement sonore, harmonieux el plaintif qui, pour ies petites
sources comme pour les grandes mers, est toujours la voie de l’eau.
L’eau est l é émenl triste. Super flumina Babylonis sedimuset fte-
vimus. Pourquoi ? C’est que l’eau pleure avec tout le monde. Tont
enfant que nous sommes, nous ne pouvons nous empêcher d’en êlre
attendris.
Assis au bord du bassin murmurant, nous triomphons longtemps
de noire découverte, bien que nous n’ayons trouvé ni lions ni ai-
gles et que la fumée do bien des feux noircissant le rocher dans plu-
sieurs endroits dûtnous convaincre quenous n'étions pas ies premiers
introduils dans ce secret de la montagne, flous nous baignons
dans ce bassin glacé ; nous trempons nos pains dans son onde ;
nous nous oublions longtemps à la recherche de quelque autre bran-
che de la caverne, tellement que quand nous sortons le jour est tom-
bé. el la nuit montre ses premières étoiles dans le firmament.
Noos attendons que les ténèbres soient encore un peu plus profon
des. Alors noos allumons lous ensemble nos troncs de sapins par
l'extrémité. Nous les portons la flamme en haut. Nous descendons
ainsi rapidement de sommets en sommets, comme desétoiles ff antes.
Nous faisons des évolutions lumineuses sur (es tertres avancés d’où
les villages lointains de la plaine peuvent nous apercevoir. Nousroy-
semblée nationale à montrer si elle comprend sa mission.
(Gaz. des Postes.)
Un grand placart, affiché aujourd’hui aux coins des rues, porte
pour titre : La garde Municipale et la garde bourgeoise de Franc-
fort a leurs hôtes importuns. Ces hôtes importuns ne sont autres
personnes que le parlement, et la cause de celle démonstration gros-
sière sont les attaques de M. Wiclimann, dans la discussion du bud-
get, contre la conduite de Francfort et de sa garde bourgeoise au
mois de septembre. Les attaques de M. Wiclnnaiin étaient exagérées
et impolitiques, car elles engagent l’assemblée dans des conflits per-
sonnels inutiles, el sont regardées par le parti de l'Allemagne méri-
dionale comme ayant eu lieu dans l’intérêt de la Prusse. Mais cela ne
juslihe nullement une réponse sembable, surtout s’adressant à l’as-
semblée entière.
Aftsemblée nationale île Francfort.
Séance du 4.
L’ordre du jour appelle la discussion de la motion de M. Wesen-
donk tendant à faire déclarer milles, non avenues la dissolution de
rassemblée nationale prussienne el la constilution octroyée par la
couronne.
La commission chargée d’examiner celte motion avait déposé un
rapport concluant ainsi : •
» L’assemblée nationale, en considératon de l’état de choses ac-
tuel, passe à l’ordre du jour sur la proposition de M. Wesendonk.»
Celte proposition est rejetée par 230 voix contre 202, après une
discussion à laquelle plusieurs orateurs prennent part.
Dans cette discussion, M. Henri Simon a prononcé un discours
dans lequel on remarque les passages suivants :
» Parmi les députés prussiens qui siègent ici, il n’y en a peut-être!
pas un qui n ail un ami en fuite ou en prison. La réaction n’a pas
même respecté 1 inviolabilité de la magistrature. De tels temps me
rappellent la période napolitaine et espagnole, quand les Bourbons
revinrent avec tout l’apparat de leur inquisition. Je n’hésite pas à
affirmer du haut de celte tribune en présence de toute l’Allemagne,
que la magistrature prussienne, par son adresse de remerciements et
les poursuites dirigées contre ses membres, s’est rendue coupable
d’une houleuse servilité). Explosion de lous les côtés de lasalle;
1 extréme droite rappelle à l’ordre; le président déclare, au milieu des
applaudissements, qu’il ne voit pas dans ce qui vient d’être dit de
motif pour un rappel à l’ordre.) Je réponds aux Messieurs qui veu-
lent me faire rappeler à l’ordre : l’indépendance des tribunaux est le
plus précieux palladium d’un peuple ; < lie doil resler debout quami
tout le reste tombe en ruines.
Les magistrats ne doivent connaître que la loi et le droit, et ne
doivent pas avoir d’autres divinités. Car si la réaction pénètre dans
la magistrature, elle se montre dans sa forme la plus exécrable et
prouve que la couronne a déjà ébranlé les bases de toute constitution
légale. (Applaudissements prolongés de la gauche et des galeries.)
Messieurs, je n’en rejette pas la faute sur celte assemblée, car un
peuple dont la volonté, a élé, pendant des siècles, négligée dans l’his-
loire de ses princes ne peut s’élever en quelques mois à la liberté.
Mais nous, élus par ce peuple, nous ne devons pas souffrir de voir
I idée du droit affaiblie, et ce n’est pas à nous li'a baiser la bannière
qui a été mise en nos mains pour l’élever bien liant, rt même pour
la retenir dans sa chute. C’est à nous de déclarer que la dissolution
de l’assemblée de Berlin et l’octroi d’une charte sont une violalioa
de droit et que cette violation continue encore.
Le ministre des finances prend la parole pour justifier ia conflit#
de la couronne de Prusse, et engage l’assemblée à voter purement «t
simplement sur l’ordre du jour proposé par la commission.
L’ordre du jour motivé proposé par MM. Wacbsmulli et consorts
est également rejeté, par appel nominal, par 241 voix contre 167.
Un autre ordre du jour, de MM. Simon et consorts, est également
rejelé par 236 voix contre 178.
Vient ensuite la proposition de MM. Schmidt et consorts, tendant
à déclarer que l’assemblée nationale pcrsisle dans sa résolution du
20 novembre, mais qu'en considération de ce que la consliiution oc-
troyée par la cour unie de Prusse n’a pas été repoussée jusqu’ici par
la voix publique, l’assemblée passe à Tordre du jour.
Cette proposition est rejetée par 200 voix contre 190.
On passe alors au vote sur la proposition de M. Uhland, ainsi
conçue :
* L’Assemblée nalionale, gardienne de la liberté et de l’honneur
politique nouvellement conquis, et de toute la patrie allemande, dé-
clare qu elle, ne reconnaît pas la constitution octroyée par la cou-
ronne de Prusse seule, elque cetle constitution est inconciliable avec
le* sentiments d un peuple libre, aussi longtemps qu’elle ne sera pas
concertée avec les représentants du peuple prussien. »
Celte proposition esi rejetée, el, en conséquence, la question lout
entière est restée «ans solution.
Ouverte à 9 1/2 heures, la séance n’a été close qu’à 7 heures du
soir.
DËKIIEB COtIRniS'.R.
Fin de la séance de l’assemblée nationale de Francfort du 4.
La fin du premier compte-rendu de cette séance a dû être tron-
quée, à cause du départ du courrier. Voici maintenant un rapport
plus détaillé sur ia fin de cette séance.
Elle a élé la plus longue que l’assemblée nalionale allemande ait te-
nue. Elle a duré plusde 10 heures. L’église élait enveloppée dans une
obscurité profonde, et le bureau seul élait faiblement éclairé. A la
Iribune des journalistes, on se réunissait trois ou quatre autour d’une
lumière pitoyable.
Après que M. le président a déclaré que la proposilion Uhland est
rejetée par 258 voix contre 100; il propose, en considération de ce
qtÇaucune des propositions n’a obtenu la majorité, de renvoyer cet
objet au comité Biedermann, pour qu’il fasse un nouveau rapport.
Celte proposilion rencontre de l’opposition de tous les côtés M.
Zacharice, rapporteur, pense qu’on ne peut pas faire une telle vio-
lence au comité, cl qu’il ne reste plus qu’à voter sur ia proposition
Wesendonclt, elle-même.
Ions jusqu’à nos troupeaux comme un torrent de feu Nous les chas-
sons devant nous en criant et en chantant. Arrivés enfin sur la der-
nière colline qui domine le hameau de Milly, nous nous arrêtons
sûrs (t’être regardés, sur une pelouse en penle; nous formons di s
rondes, noos menons de» danses, nous croisons nos pas en élevant
nos petits arbres enflammés au-dessus de nos têtes; puis nous les je-
tons à demi consumés sur l’herbe. Nous en faisons un seul feu de joie
que nous regardons lentement brûler en redescendant vers la maison
de nos mères.
Ainsi se passaient, avec quelques variations selon les saisons, mes
jours de berger. Tantôt c’était la monlagne avec ses cavernes, tantôt
les prairies avec leurs eaux sous les saules; les écluses des moulins
dans lesquelles nous nous exercions à nager; les jeunes poulains mon-
tes à cru et domptés par la course; tanlôt la vendange avec ses chars
remplis de raisins, dont je conduisais les bœufs avec l’aiguillon du
bouvier, et les cuves écumantes que je foulais tout nu avec mes ca-
marades; tantôt la moisson, et le seuil de terre où je battais le blé én
cadence avec le fléau proportionné à mes bras d’enfant. Jamais homme
ne fut élevé plus prés de la nature et ne suça plus jeune l’amour
des choses rustiques, l’habitude de ce peuple heureux qui les
exerce, et le goût de ce s métiers simples mais variés comme les cul-
tures, les sites, les saisons qui ne font pas de l'homme une machine
à dix doigts sans âme, comme les monotones travaux des autres in-
dustries, mais un être sentanl, pensant et aimant, en communication
perpétuelle avec la nature qu’il respire par tous les pores et avec
Dieu qu’il sent par lous ses bienfaits.
note m.
Elles furent humbles, sévères et douces les premières impressions
do ma vie. Les premiers paysages que mes yeux contemplèrent n’é-
taient pas dénaturé à agrandir ni à colorer beaucoup les ailes de ma
jeune imagination Ce n’est que plus tard et peu à pç-u que les ma-
gnifiques scènes de la création, la mer, les sublime* montagnes, les
lacs resplendissants des Alpes et les monuments humains dans les
grandes villes frappèrent mes yeux. Au commencement je ne vis que
ce que voient les enfanls du plus agreste ha.meau dans un pays sans
physionomie grandiose. Peut-être est-ce la meilleure condition pour
bien jouir de la nature et des ouvrage* des hommes que de commen-
cer par ce qu’il y a de plus modeste et de plus vulgaire, et de s’ini-
tier, pour ainsi dire, lentement et à mesure que l’âme se développe,
aux spectacles de ce monde, l/aigle lui-même, destiné à monter si
liant el à voir de si loin, commence sa vie dans les crevasses desa
roche et ne voit dans sa jeunesse que les bords arides et souvent fé-
tides de son nid.
Le village obscur où le ciel m’avait fait naître et où la révoluüon
et la pauvreté avaient confiné mon père el ma mère, n’avait rien
qui pût marquer ni décorer la place de l'humble berceau d’un pein-
tre ou d’un contemplateur de l’œuvre de Dieu.
(la suite à demain.) A. 4e Lamartine. |