Full text |
£e Précurseur,
osa
Au premier lour de scrutin, il y avait 368 votants.
SIM. Calmon, Passy et Duchâtel ont été nommés, le pre-
mier par 283 suffrages, le second par 188, le troisième
par 188.
Au second tour il y avait 336 votants : M. Odilon Bar-
rot a obtenu 169 voix ; M. Cunin-Gridaine 137. Aucun
de ces messieurs n’ayant obtenu la majorité , il a été
procédéaentr’eux aujourd’hui à un crutin de ballotage.
Le nombre des votants était de 365. M. Cunin-Gri-
daine a obtenu 198 voix ; M. Barrot 162. Le premier a
été proclamé quatrième vive-président.
On a procède en suite au scrutin pour les quatre se-
crétaires. Un seul a été nommé au l” tour , c’est
31. Félix Réal.
situation, — La séance d’hier nous parait avoir dé-
cidé irrévocablement le sort du ministère. La coalition
a déjà fait passer trois de ses candidats à la vice-prési-
dence, et M. Odilon Barrola toutes les chances possibles
pour être nommé. Rien ne prouve mieux que le minis-
tère n’a emporté la nomination de la présidence, que
fiarce que M. Dupin avait encore conservé une certaine
nfluencc sur l’esprit d’un grand nombre de ses collè-
gues, et que l'on reconnaît généralement l’adresse avec
laquelle il préside. Le ministère s’elait aussi imaginé
pour embarrasser la coalition d’inscrire sur la liste de
ses candidats le nom de M. Calmon qui availété choisi
par la partie adverse, de sorte qu’il a obtenu une majo-
rité imposante. Mais la coalition a obtenu, malgré les
ministres, MM. Passy et Duchâtel, et elle a prouvé de
cette manière qu’elle est toute puissante pour renver-
ser le ministère du jour où elle l’aura résolu...
Que serait, dans des circonstances pareilles, un mi-
nistère qui comprendrait sa position ! Il nous semble
qu’il ne lui resterait pas autre chose à faire que de se
retirer. Il ne peut pas espérer autre chose que de nou-
velles défaites. Cependant nous ne croyons pas encore
que M. Molé soit décidé à déposer son portefeuille,
quoique le bruit en ail été répandu à la bourse. Il se-
rait même assez disposé à dissoudre la chambre, si ce
coup d’état était praticable au milieu des événements
graves où l’on se trouve. On dit qu’il est décidé à af-
fronter la chambre pendant la discussion de l’adresse.
Il espère que la chambre n’osera pas se prononcer pour
la guerre dans la question hollando-belge. et qu’il pourra
en profiter pour se rallier la majorité, du moins en ap-
parence.
Il parait, du reste, que M. Mole est à peu près le seul
qui conserve encore quelque espoir : ses collègues sont
entièrement découragés, et se préparent tous à quitter
leurs portefeuilles. Il parait en outre que l’on commen-
ce en haut lieu à s’occuper sérieusement de la constitu-
tion du cabinet qui devra remplacer celui du 13 avril.
On parle généralement de MM. Thiers et Soult comme
devant former la base de la nouvelle administration.
M. Thiers a été appelé plusieurs fois aux Tuileries, où
on lui a sans doute pardonné le mot un peu dur qu'il
s’est permis contre la présidence effective. M. Thiers a
accepté volontiers le soin de former un ministère avec
31. Soult ; mais on ignore encore à quels hommes il s’a-
dressera pour compléter la liste de scs collègues.
On a vu maintes fois combien était devenue difficile
depuis la révolution de juillet, la tâche de former un
cabinet. On y a consacré souvent plus d’un mois. Ce-
pendant jamais les difficultés n’ont été plus grandes
qu’en ce moment. Il faut pour que le futur cabinet ail
quelques chances d’avenir qu’il rallie plusieurs mem-
bres de la chambre, car autrement il n’obtiendrait pas
plus la majorité que le ministère actuel.
(iCorrespondance particulière.)
le ministère. — Nous apprenons que M. deMontalivet
a déclaré hier après la séance que le ministère ne se
retirerait pas avant l’adresse,quand bien même , 31. O.
Barrot l’emporterait sur le candidat ministériel; il faut,
disait-il, à tout prix , que nous nous expliquerons de-
vant la chambre; puis si la chambre persiste dans
ses idées d’opposition, nous nous retirerons.
nouvelles dela cour.—M. Dupin a été reçu ee matin
par le roi.
Dans l’après-midi le roi a fait sa promenade hebdo-
madaire à Versailles.
— Ce matin, à 11 heures, un courrier a été expédié
du cabinet royal des Tuileries pour Bruxelles.
expédition de numéraire. — Il continue de se faire
-des.expéditions importantes de numéraire à Bruxelles.
Ce-matin encore un fourgon a été chargé à la Banque
pourcelte destination.
chemin de ter. — On lit dans le Journal de Rouen,
au sujet du chemin de fer des plateaux :
En ce qui concerne notre chemin de for, nous pou-
vons affirmer qu'au sein de la commission d’enqucte de
la Seine Inférieure, M. Mallet, ingénieur en chef du
département, interpellé d’une manière pressante sur le
fait de savoir si les évaluations portées dans le devis
pouvaient êlre considérées comme des prix marchands
ou comme de simples approximations , l’ingénieur, ré-
pondit catégoriquement que les estimations avaient été
ponctuellement faites plutôt au-dessus qu'au-dessous
—b——omow»niWMi>i'immniiiniii
ïm moment, et dès le soir même, pendant que son fils était â
Marseille, elle fut demander la main de Sophie pour Jules.
M. de Beaumanoir et ses fils furent heureux de voir réali-
ser des espérances qu'ils commençaient à perdre. Madame de
Maisoncelle fut dans le ravissement : car Sophie, attribuant
au départ du comte Grimaldi le retour de Jules, pour lequel
elle versait en secret tant de larmes, avait témoigné son bon-
beur à cette heureuse nouvelle, pensant que Jutes avait pro-
toqué cette demande.
Le mariage fut fixé à la date la plus rapprochée etja pauvre
mère s'en revint enchantée.
Toute chose, hélas t a son à-propos dans la vie. L'emprcs-
sement de madame de Maisoncelle ne sut pas le choisir. Au
lieu d’attendre un moment propice, son imprudente joie la
porte à faire tout de suite part de son bonheur â son fils.
Celui-ci arrivait cette même nuit de Marseille, soucieux,
préoccupé et d’humeur chagrine... il avait.beaucoup perdu.
L’aveugle mère ne s’aperçoit de rien, ne pense plus qu’à sa
mission, et la voilà sautant au cou de son fils.
m Réjouis-toi, Jules, tu vas avoir la plus sage et la meilleure
femme de la Provence.
ue voulez-vous dire? reprend son fils avec impatience,
ue dimanche prochain nous signerons le contrat. et
que le mardi suivant tu seras l’heureux époux de Sophie de
Beaumanoir.
—Quoi! sans que je l’aie demandé? dit Jules on fronçant te
•eurcil.
— Mais j’ai tout fait pour vous deux, mon cher enfant, et
tu n’auras plus à l’autel qu’à dire oui.
des prix marchands, et qu’il ne pouvait souffrir de
meilleure garantie de leur exaclitude et leur sincérité,
qu’en déclarant qu’il souscrirait volontiers à prendre
tous les travaux à forfait sur les bases indiquées.
m. de montlosier. — Le gouvernement, d’après les
renseignements qui lui sont parvenus, vient de déférer
au conseil d’Etat, parla voie de l’appel comme d’abus,
le refus fait par l’autorité ecclésiastique de donner la
sépulture religieuse à 31. le comte de âloritiosier.
si. rapatel. — Le roi des Belges vient d’envoyer à
M. le general Rapatel la croix de commandeur de l’or-
dre royal de Léopold. On n’a point oublié que cet offi-
cier général contribua à la prise de la citadelle d’An-
vers , et que par suite de sa conduite honorable pen-
dant ce siège il fut nommé lieutenant-général.
BELGIQUE.
Bruxelles, 22 décembre. — Un incendie a éclaté
l’avant dernière nuit, vers une heure, rue du Chêne,
vis-à-vis l’hôtel du gouvernement, dans une auberge au
tond du Rosendael.Le feu avait son principal foyer dans
un grenier à fourrage, ce qui, dès l’origine, avait don-
né à l’incendie un aspect effrayant. Toutefois les secours
arrivés à temps l’ont empêché de faire les ravages que
l’on aurait pu craindre. A 4 heures les pompiers, puis-
samment secondés par des citoyens qui faisaient la
chaîne, et par de forts détachements de troupes arrivés
sur les lieux, s’étaient rendus maîtres du feu. A 7 heu-
res du matin tout danger avait cessé.
Dès les premiers moments de l’incendie, sont accou-
rus sur les lieux pour diriger les secours : M. le gou-
verneur de la province baron de Stassart, M. le colonel
Bodenbach et les officiers de la place, 31. l’échevinVan
Hoegaerden, et 31M. les commissaires de police Barbier
et Bartholeyns. Ces messieurs n’ont quitte les lieux qu’à
6 heures du matin.
— On lit dans l’Observateur : Le gouvernement est
déterminé à ne pas abandonner 31. John Cockerill.
Le coup qui atteindrait 31. Cockerill aurait un re-
tentissement, dont on aime heureusement à repousser
l’idée.
Cet industriel a reçu vendredi, du gouvernement ,
une somme de 200,000 francs en numéraire , indépen-
damment de plusieurs mandats délivrés à son profit.
— Les nouvelles reçues des provinces, et en particu-
lier de Liège, soul en général rassurantes : les esprits
y sont calmes. Les commandes données aux chefs des
principaux établissements industriels ont produit le
meilleur effet.
— RUI.LSTINDES FOUILLES, RUE DES DOUZE-APÔTRES, N° 16.
— Les travaux continuent ; on est arrivé à unesorte de
caveau voûté qui a peut-être renfermé autrefois un tré-
sor ou toute autre chose, mais qui, pour le moment,
ne contient rien du tout. 31aison rapproche: la som-
nambule voit très distinctement deux grandes caisses
sur lesquels est écrit : ducatons 1480. Son œil pénètre
dans les deux caisses et elle aperçoit toutes les riches-
ses qu’elles contiennent. Lesducatons sont en rouleaux
semblables à des cartouches ; elle compte les pièces et
est arrivée a 200,000 ir. Sa lucidité est telle que sans
avoir des connaissances bien profondes en arithmétique,
elle opère la réduction des ducatons en francs avec une
merveilleuse facilité. Elle conseille au principal loca-
taire de la maison d’offrir au propriétaire 29,000 fr.
pour sa part. Cinq ouvriers sont employés aux fouilles.
— Un escroc bien mis a essayé , mercredi au soir ,
vers six heures, un moyen curieux de filouterie. Des-
cendu de vigilante à la porte d’une maison du boule-
vard de Walerloo, il présenta à la servante qui vint ou-
vrir, plusieurs bagues et boucles d’oreille qu’il désirait
vendre. Il engagea la domestique à les offrir à sa mai-
tresse. en lui promeltant deux francs de récompense.
La fille, après quelque indécision.accepte et monte chez
la dame avec ses bijoux à vendre. A peine notre filou
se trouve-t-il seul qu’il saisit un manteau suspendu
dans le corridor, et s'enfuit, liais la retraite lui fut cou-
péclpar le propriétaire qui avait vu tout le manège. Le
filou trompé lui-méine est force de prendre la fuite sans
s'inquiéter du manteau ni de la vigilante.
— Le 10° régimenten garnison dans notre ville vient
de recevoir ce matin l’ordre de se tenir prêt à partir,
i.e premier ban dela garde civique serait, dit-on, con-
voqué pour suppléer au déjiart des troupes.
CHAMBRE DES UEl’ItÊSENTANTS.
Séance du 22 décembre.
(PRESIDENCE DE SI. FALLON. )
Projet de loi présenté par M. le ministre des finances
et relatif à ta banque de Belgique.
La chambre a été en nombre à 1 heure. Avant que l’on
commençât la discussion générale sur le budget de la guerre,
M. d’Huart est monté à la tribune. (Profond silence.)
Messieurs, le roi m'a chargé de vous présenter un projet
de loi tendant â mettre le gouvernement à même de venir au
secours de la banque de Belgique.§(La situation de cet éta-
— Et mais je vous jure que je dirai non. » Et aussitôt il
s'enferma dans son appartement.
Le coup élait porté, la faute consommée; l’imprudenle mère
resta pétrifiée.
Le lendemain elle ne dit pas un mot de tout ce qui l’inté-
ressait à son fils; elle chercha à le distraire, elle le combla de
tendresse, espérant lui faire oublier ce qui pouvait n ôtre
qu’une boutade; mais en même temps elle accéléra tout, de
manière à ne pas lui laisser un moment de réflexion.
Le mardi matin arriva ; la mère se recommanda à Dieu et
se disposa à partir avec son fils. Il n'avait pas dit je ne signe-
rai pas le contrat et il l’avait signé , il n'avait pas dit je n’irai
pas à l’église et il parut y aller de bonne grâce. La mère, se
croyant victorieuse de l'entêtement si calme de son fils, le
couvrait de baisers et de larmes... et pensait que tout était fini.
Les voilures se dirigèrent vers l’église d’un village voisin,
dont le vénérable curé était oncle de 31.de Beaumanoir.
La cérémonie commence ; les prétendus sont à genoux,
lesdeux frères soutiennent le dais nuptial : le vieux prêtre
s'adresse à Sophie, qu’il avait baptisée :
« Mon enfant, lui dit-il, conseutez-vous à prendre pour
mari Jules de Maisoncelle ?
— Oui ! répond-elle en palpitant déplaisir.
— Et vous. Jules de Maisoncelle, consentez-vous à pren-
dre Sophie Duiriauoir pour femme?
— Non, répond d’une voix brève le jeune homme. «
Comme les malades privés des signes apparents du senti-
ment et dans toutes les facultés se centralisent pour souffrir,
Sophie reste immobile et glacée.
Madame de Maisoncelle tombe en poussant un cri doulou-
blissement étant de nature à influer sur l’industrie et le com-
merce, il faut autant que possible atténuer les effets de la
cession de ses paiements, bien qu'il n'ait aucune liaison avec
le gouvernement.
Il serait inutile d’entrer dans l’examen des causes qui ont
amené la situation présente de cet établissement. Je ne vous
soumettrai pas non plus ici des chiffres qui ne peuvent être
examinés que dans le sein d'une commission a laquelle vous
voudrez bien, je suppose, renvoyer de suite ce projet. Il me
suffira de vous dire qu’au moyen dessommes sus-mentionnées,
la banque pourra de suite reprendre ses paiements.
A l’avis de notre conseil des ministres,
Nous avons chargé notre ministre des finances de présenter
à la chambre le projet de loi suivant :
Art. lr. Il est ouvert au gouvernement un crédit de deux
millions quatre cent mille francs, qui sera employé à facili-
ter les paiements de la Banque de Belgique.
Celte somme sera comptée au fur et à mesure des besoins,
â tilre de prêt audit établissement, soit eu bons du trésor, soit
en numéraire, moycnnaulun intérêt à 5 pour cent.
Art. 2. 11 est egalement ouvert au gouvernement un crédit
de 16 cent mille francs, à l'effet de solder pour compte de la
Banque de Belgique et moyennant sa garantie les sommes
qui sont dues et qui seront réclamées par les personnes qui
ont déposé des fonds aux caisses d’épargnes instituées par le-
dit établissement ; ce 21”» prêt sera également productif de
5 p. c. d’intérêt.
Art. 3. Le gouvernement réglera les conditions propres à
assurer le meilleur emploi desdites sommes, et il stipulera le
temps et les garanties nécessaires pour le recouvrement.
Art. 4. Pour faire face aux crédits susmentionnés, le gou-
vernement est autorisé à créer des bous du trésor jusqu'à
concurrence d une somme de 4 millions, aux conditions dé-
terminées par la loi du 16 février 1833, n° 157.
Messieurs, ajoute 31. le ministre, je crois nécessaire de
renvoyer ce projet â une commission, pour examiner attenti-
vement le chiffre. Chaque membre pourra, d'ailleurs, en
prendre connaissance. Je prierai aussi la commission de s'en
occuper iminédialement.
Le projet est renvoyé à une commission.
m. de puydt. La discussion du budget de la guerre dans
les circonstances actuelles présente un intérêt nouveau.
Par suite de ces événements le gouvernement doit nous de-
mander des mesures d organisation qu’on a peut-être trop
retardées et sur lesquelles il importe de revenir.
Depuis quelques jours les circonstances paraissent avoir
acquis un nouveau degré de gravité, par suite du discours du
roi des Français, ce discours ne modifie en rien mon opinion.
Il savait déjà par la rumeur publique que le gouveruemenlfraii-
çais nous abandonnerait à la diplomatie ; mais cette position,
je l'accepte, parce que j’ai confiance dans notre cause et que
ceux qui veulent la liberté doivent subir les conséquences de
leur volonté.
L'orateur votera pour tous les crédits demandés par le mi-
nistre de la guerre.
31, Desmet votera aussi pour les crédits demandés.
Al. Semons. Faut-il que nous courbions lefront sous le joug
que veut nous imposer la conférence. L'honneur belge de
mande t-il donc que l'on se soumette honteusement à un dé-
membrement du territoire. En un mot , (levons-nous aban-
donner à l’ennemi 400,000 de nos frères. Voilà les questions
que se sont posé vos sections à l’occasion de l'examen du bud-
get de la guerre, et qui toutes ont été résolues négativement
avec ce patriotisme qui anime la représentation nationale.
Ce sont aussi ces sentiments qui ont dominé votre section
centrale qui vous a proposé à l’unanimité l’adoption de toutes
les sommes pétitionnées par le département de la guerre. En
présence de cet accord général que montrent toutes les popu-
lations, en présence de l’élan patriotique avec lequel notre
jeunesse répond à l’appel de l’honneur, est-il encore besoin
d’élever la voix dans cette enceinte, pour soutenir unsys.ème.
qu'après un mûr examen, la législature, d’accord avec le
gouvernement, a franchement adopté comme te programme
invariable de sa conduite politique.
Je n’aurais donc pas pris la parole si depuis quelques jours
on ne paraissait, dans un pays voisin, vouloir user de la mê-
me tactique qui a poussé la chambre â adopter l'arrêt le plus
inique qui jamais ait été rendu. Je croirais manquer â l’hon-
neur et à la confiance de mes concitoyens, si je ne m'élevais
contre les accusations lancées contre mes compatriotes, que
l'on voudrait, mais en vain, représenter comme ennemis de
notre nationalité.
L’orateur rappelle le nombre de pétillons adressées à la
chambre par les habitants du Limbourg et du Luxembourg.
Il faut sesouveniren même temps que la ville de Maestricht
compte un grand nombre de ses habitants dans l'année. Des
1300 conseillers communaux, un seul bourgmestre a refusé
designer ces pétitions, par attachement pour la maison d’Oran-
ge. Il soutient que la Belgique ne peut reculer et qu’elle ne
doit céder le Limbourg et le Luxembourg que si ou les lui
arrache par la force.
M. d’hoffsciimidt. Messieurs, on vote sur le budget de la
guerre, il sera adoplé à l'unanimité, sans aucun doute, et si
on avait un reproche à faire, ce serait que les mesures ne se-
ront peut-être pas assez efficaces. Le roi a dit que nos intérêts
seraient défendus avec courage et persévérance. Depuis lors,
messieurs, il est arrivé un 09» protocole que tout le monde
connaît, et que M. le ministre des affaires étrangères semble
seul ignorer. Ce protocole démembre la Belgique. La France
et l'Angleterre nous ont abandonné. Nous ne devions pas nous
y attendre. Mais je pense que vis-à-vis de ces puissances,
alors qu’elles pouvaient nous soutenir, nous avons toujours
montré de la déférence, nous tiendrons un autre langage, et
c’est au peuple maintenant qu’il faut faire un appel.
Au premier coup de fusil qui serail tiré dans le Luxem-
bourg. vous verriez des armées de peuples prêts à vous dé-
fendre. C’est donc à nous à donner l’exemple de courage, les
lâches ne trouvent pas de sympathie. Armons donc et que le
gouvernement fasse avec courage tous ses efforts pour réussir.
La Belgique doit opter aujourd'hui entre la gloire et l’infa-
mie, son choix pourrait-il être douteux ?
reux, et l'indignation se peint sur les trois hommes insultés
dans ce qu’ils ont de plus cher.
L’ecclésiastique seul conserve une présence d’esprit et une
prudence que le lieu et le moment commandent impérieuse-
ment. Un trait de lumière, une espérance soudaine lui arri-
vaient à l'instant. La vengeance va remplacer la plus douce
affection, le sang de ses enfants d’adoption va peut-être cou-
ler... Il faut tout prévoir, tout arrêter; et pourtant il faut une
éclatante réparation!... Par cette autorité que le bon prêtre
exerce toujours sur les âmes pieuses et élevées, il dit aux deux
familles de se retirer dans la sacristie. Madame de Mahon-
cellc s'y traîne comine une victime, et son fils la suit avec une
émotion concentrée.
Un mot dit par le prêtre à l’oreille de 31. de Beaumanoir
suffit. Aussi-tôt eetui-ci fait un signe d’autorité à ses fils qui
sont prêts à éclater, et prend ainsi la parole :
« âlonsieur de Maisoncelle, vous n’avez pas senti toute la
portée de la faute que que venez de commettre. L'insulte
que vous venez de faire à ma fille demanderait du sang pour
l'effacer; mais l’homme de paix, l’homme de Dieu qui allait
consacrer votre union décide qu'il en sera autrement. » Puis,
continuant avec force : « Vous allez reparaître à l’auguste
cérémonie , nous y serons tous présents. SI. le curé posera
les questions en commençant par vous, monsieur; vous direz
oui, ma fille répondra non, et l'honneur de ma fille restera
sans tacbe.
Le plus morne silence succéda à cette allocution, car cha-
que mot, alors, eûl pu devenir solennel et fatal... Seukment
un observateur habile auraii pu remarquer Jules chéri haut
les regards de Sophie avec anxiété, cl celle-ci lui montrant
m. bradant volera pour le chiffre du budget, quelqu’élevé
qu’il soit.
J’ai besoin, dit ce député, de répondre à des calomnies qui
ont été dirigées contre moi. On m'a accusé d’avoir compro-
mis les mœurs et la santé du soldat. Je donne ma parole
d'honneur que ces abus n'étaient pas à ma connaissance. Je
ne rechercherai pas à qui la faute, mais je suis assez connu
de mes collègues pour être jugé incapable de mériter pareil
soupçon, et l'estime de la chambre me justifiera aux yeux du
pays.
si. pollenus ne reculera devant aucun des sacrifices né-
cessaires à la défense du territoire.
si. le ministre de la guerre répond aux observations de
M. Brabant, que les renseignements qu’il a reçus sur la force
de l’armée ennemie lui donnent la certitude d'avoir des res-
sources suffisantes pour ne pas être surpris.
si. dumortier. Vous avez déclaré à la face de l’Europe
qu'aucun sacrifice ne vous coûterait pour défendre volrê in-j
dépendance et puur conserver l'intégrité du territoire. Ainsi
que plusieurs de mes collègues, je regrette que le budget ne
soit pas assez élevé, mais si les circonstances l'exigeaient, la
chambre pourrait être persuadé que nous prendrions les me-
sures nécessaires pour y obvier.
La conduite des grandes puissances constitutionnelles vis-
à-vis de la Belgique est une grande leçon pour nous, et nous
sommes à nous demander s'il n’y aurait pas plus d’intérêt
pour nous à nous allier à un gouvernement despotique. Je le
répète, cette leçon est grande et je désire que nos paroles
aient du retentissement afin que l’on puisse apprécier la con-
duite de la France et de l'Angleterre vis-à-vis de la Belgique
Il faut que l’étranger sache que nous comprenons la posi-
tion de la question, et si l’on veut nous faire payer la dette,
il est certain que c'est un tribut onéreux, auquel personne ne
peut consentir , et s’il se trouvait une assemblée législative
assez faible pour payer semblable tribut, il faut que l'on sa-
che bien que l'opinion publique est tellement prononcée sur
cette question que la nation en masse refuserait d'acquitter
ce tribut.
Si nous montrons de la fermeté et de l’énergie , les déci-
sions de la conférence ne seront point à craindre ; car ce sera
absolument comme un médecin qui, après avoir décidé l'am-
putation d'uu membre malade, obligerait le malade lui-niéme
à faire cette amputation.
L’honorable orateur termine en disant que si les gouverne-
ments sont contre nous, les sympathies des peuples nous sont
acquises, et que si nous avons une ferme volonté, nous reste-
rons libres.(bravos nombreux dans les tribunes.)
Rien de remarquable u’a surgi dans la discussion des arti-
cles.
SENAT.
Séance du 22 décembre.
(présidence de m. de scihervel.)
A deux heures, la séance est ouverte par l'appel nominal et
la lecture du procès verbal. L’ordre du jourest la suite de la
discussion du budget des affaires étrangères.
m. le comte Dix'al de EEAUHEU. Messieurs, je profiterai
de la présence de M. le ministre de l’intérieur et j’aurais dé-
siré aussi celle de M le ministre de Injustice pour demander si
I on peut avoir l’assurance que toutes les mesures nécessaires
pour maintenir l’honneur national à l'intérieur aussi bien
qu’à l'extérieur ont été prises ; si on a prévu les inconvénients
qui peuvent résulter de l’espèce de lutte engagée entre les
opinions, peut-être même les désordres, les excès dont la
Belgique a été quelquefois le théâtre.
Messieurs, des publications provocatoires ont eu lieu ; j»
serais loin de leur accorder une grande valeur, et si tout la
monde les appréciait comme moi. il ne faudrait pas y faire
grande attention ; mais elles peuvent avoir de l'écho.
Depuis quelques jours on voit provoquer continuellement
à certaines mesures par certain journal (le Belge). Je signale-
rai positivement un article qui a paru il y a trois jours. Par
cet article, on tend évidemment à effrayer la population d’une
part et â l’exciter de l’autre contre ceux que, plus tard, on
n'aurait plus qu'a désigner. Je ne sais si ces provocations no
tombent pas sous l'application des articles 91 et 102 du Coda
Pénal. Je désire savoir seulement si des mesures ont élé pri-
ses pour garantir les propriétés , pour garantir les personnes,
pour garantir la liberté des opinions et surtout leur libre ex-
pression â ia tribune des Chambres, que l’on semble vouloir
contraindre par une espèce de violence morale à un mutisme
complet. . .
Je ne parlerai pas. messieurs,desatlaques dont je puis elre
personnellement l'objet et dont le numéro d'hier medonne un
échantillon, Ce n'est certes pas de moi que je voudrais entre-
tenir le Sénat ; mon seul but est d'insister pour le maintien
de l’ordre public au respect duquel tout le monde est inté-
ressé.
Si vous le permettez, messieurs, je vous donnerai lecture
de l'article dont je vous ai parlé en premier lieu ; vous ver-
rez si les provocations qu’il contient ne sont pas susceptibles
de donner lieu à des poursuites. Il esl temps encore d'arrêter
le mal ; j’en signale les symptômes, afin qu’on ne puisse venir
dire plus tard qu’on n’a pas été prévenu....
m. le comte d'arschot. Je demanderai à mon honorable
collègue la permission de l’interrompre pour lui faire une
seule observation ; c'est que le Sénat ne peut êlre en aucune
façon juge de la convenance et de la légalité de poursuites.
m. le comte duval de BEAULIEU Messieurs, la question
que je soulève esl une question d'honneur national. Jeprenps
ici la parole, comme sénateur, non pour demander au Sénat
de prendre une résolution quelconque, mais pour, en vertu
de mon mandat, demander aux ministres s’ils ont pris toutes
les mesures propres à prévenir des désordres. Il n'y » P*
longlemps que le journal dont je parle a dit à l’avance qu n T
aurait des désordres dans telle réunion qu’il désignait en ®..®c
livemenl ccs désordres ont eu lieu. Le pays a besoin detr
assuré, il a besoin de savoir si. sans faiblesse, les procureur
du roi, les magistrats chargés de veiller au maintien de Ior ,
sont prévenus des provocations dont je viens d’entreteni
l’assemblée.
au milieu de ses larmes cette sérénité qui semble dire a coin
qu’on aime :« Ami, tes soupçons me tuent I » ,
L’on rentra triste et sombre dans le lieu saint, ou tan
d’heureux s’étaient assemblés un instant avant. La cérémon
recommença. ,
» Monsieur de Maisoncelle, dit le vieux curé avec rorecj
dignité, consentez-vous à prendre pour femme mademoisel
Sophie de Beaumanoir? .
— Oui ! » répond Jules d’une voix sonore, et se *°.urna.,
vers Sophie, il la regarde tristement, les yeux mouilles
larmes...
Le curé grave et impassible continua à voix haule : 0 *
demoiselle Sophie de Beaumanoir, consentez-vous à pren
pour mari M. Jules de Maisoncelle?
— Oui ! oui !» dit en sanglotant Sophie...
Pauvre femme! ce n’était point une erreur de sa pe
ou l’effet de son trouble : ce n’était pas non plus une rép^
lion qu’elle voulait, elle ; c’était bien son honneur, son av- <
sa vie qu’elle donnait à Jules... iMais elle l’aimait t ,
Celui-ci, oubliant où il est, se précipite à ses pieds e
criant :
« Oui. Sophie, oui, à la vie, à la mort ! » ,n(
Comment décrire maintenant une de ces joies pures ^
la douceur énivre l’ame, comment peindre les émotions e
bonheur de ces deux familles, surtout quand on songer
Jules et Sophie vécurent sous le charme d’une tendresse h
tes suivit jusqu’au tombeau !
Le baron DE MORTEMAUT- |