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bas supportant une énorme colonnade gréco-romaine ; coupe
mauvaise.
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Persévérance. Plan se rapprochant beaucoup de celui ayant
obtenu le premier accessit; mais la salle encombrée par les
loges est défectueuse, les couloirs sont mal éclairés, la façade
est mal proportionnée, le rez-de-chaussée est banal, l’étage
manque d’ampleur et est écrasé par l’attique, les petites dimen-
sions des ouvertures augmentent encore la lourdeur de cette
composition.
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Leeren is zich herinneren. Projet étudié auquel Fauteur a
donné une grande importance. Plan de données classiques;
seulement, l’on demandait une salle de concerts et non un
théâtre; la façade, trop travaillée et montée sur un énorme
soubassement, a grande allure, mais est illogique; elle ne
cache que des locaux accessoires; ce sera tout ce que vous
voudrez, sauf une école de musique ; la coupe présente les
mêmes défauts; quant au rendu, il est satisfaisant.
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Une clef de sol. Bel ensemble de plan, mais les classes sont
trop petites; les façade et coupe sont décousues, surchargées
d’ornements et de motifs; n’oublions pas qu’aux meilleures
époques de l’art, les monuments les plus beaux, ceux à qui
l’on a donné la qualification de chefs-d’œuvre, étaient les plus
simples.
Le concours d’architecture ogivale, s’il n’a pas eu le succès
du nombre comme le précédent, l’emporte un peu par la qua-
lité des envois : un bon projet, deux passables, plus... une ma-
chine du monsieur de tantôt; tel est le résultat.
Un mot d’abord du programme. On demandait un dépôt
d'archives renfermant deux salles pour les documents anciens
et les modernes, une bibliothèque pour 5,000 volumes, une
salle de lecture, une petite salle d’exposition, l’habitation avec
cabinet de l’archiviste, l’habitation du concierge et quelques
petits locaux accessoires; ce monument devait être supposé
construit en matériaux incombustibles.
Il pouvait y avoir là matière à une étude sérieuse, intéressante
d’art rationnel; il fallait faire emploi des matériaux caractéris-
tiques de notre époque : le fer et la fonte ; les mettre en œuvre
avec discernement, en former la base d’un principe comme la
voûte plein cintre l’a été pour les architectes romains et l’ogive
pour nos maîtres d’œuvres du moyen âge. Pourquoi alors
demander de l’architecture ogivale, obligeant ainsi les concur-
rents à faire une œuvre plutôt archéologique que rationnelle.
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Le premier prix du concours qui nous occupe a été accordé
sans difficultés à M. Ed. Célis, à Borgerhout; devise : Ars
longa vita brevis. Le plan est très-heureux, très-pittoresque,
bien lié; c’est simple et pratique; un porche donne accès au
rez-de-chaussée, à la salle d’exposition placée à droite; au
fond, un vaste vestibule avec galeries à l’étage sépare la salle
des archives anciennes de celle des archives modernes ; ces
deux salles bien comprises de forme rectangulaire avec galeries
sur piliers sont placées, la première, le grand axe, normale-
ment; la seconde, perpendiculairement à la façade. Au fond,
l’habitation et le cabinet de l’archiviste; à gauche du porche
un grand escalier circulaire, au pied duquel se trouve la de-
meure du concierge, conduit à l’étage renfermant une salle de
lecture au-dessus de la salle d’exposition et la bibliothèque
placée au-dessus de la salle des archives anciennes. La façade
peut-être un peu sobre, est très-bien traitée; elle offre du pit-
toresque sans recherche; les différents locaux sont bien accusés,
c’est de l’architecture logique; nous regrettons seulement
que l’auteur de ce projet n’ait pas donné plus d’importance
aux fenêtres de l’escalier principal. La coupe sobre, bien
étudiée, est de bonnes proportions. Dessins bien rendus. Con-
statons en passant que M. Célis a légèrement grisé les fenêtres
des façades, afin de faire vivre un peu sa composition sans
trop heurter les prescriptions du jury.
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L'art de nos ancêtres. Plan diffus d’une irrégularité sentant
la recherche, mais qu’il nous a été impossible d’étudier en dé-
tail à cause de la hauteur à laquelle le jury l’a fait placer.
Façades tourmentées sans caractère; pourquoi ce beffroi qui
branle sur sa base?
A cœurs vaillants, rien impossible. Devise un peu préten-
tieuse, surtout en présence de l’œuvre; aussi lorsque nous
aurons dit à Fauteur de l’une et de l’autre que sa bibliothèque
est trop petite, sa salle de lecture trop grande, l’entrée de ces
salles toutes placées à l’étage, incommodes, qu’il a eu tort
d’employer le style de la décadence ogivale et que ses dessins
auraient pu être mieux soignés, nous espérons qu’il reconnaîtra
qu’il est possible de faire mieux.
(A continuer.) C. N.
ŒUVRES PUBLÉES
PI. 9. — Monument funéraire à Merxem, lez-Anvers, par
M. Rompus, d’Anvers. Ce petit monument, présentant un simu-
lacre de sarcophage tronqué portant un obélisque surmonté
d’une étoile, est conçu dans le style de la renaissance et nous
paraît un peu tourmenté pour un tombeau. 11 y a de l’élégance,
les détails et profils sont étudiés, l’ornementation est sobre;
nous aurions préféré plus de simplicité, de tranquillité dans la
forme d’un monument qui doit faire naître l’idée du repos éternel.
PI. 10 à 14. — Concours triennal d’architecture de l’Aca-
démie de Bruxelles (1881). Premier prix, J. Raü. Ce concours,
exclusivement d’architecture classique, a lieu tous les trois
ans; le prix unique est de 1,000 francs; il est ouvert entre tous
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les élèves et anciens élèves de l’Académie de Bruxelles, qui ont
obtenu une distinction dans la classe supérieure et qui sont
âgés de moins de trente ans.
Les esquisses se font en loge; cette réclusion sévère des
concurrents dure six, sept ou huit jours et nuits, suivant
l’importance du sujet. Le jugement a lieu immédiatement
après; le lauréat est tenu de faire dans le courant de l’année,
un rendu complet de son projet à plus grande échelle ; ces
dessins deviennent la propriété de l’Académie.
Neuf concurrents se présentèrent l’année dernière à cette
joute artitisque.
Le programme, imposé par un tirage au sort qui se fait
toujours au moment de l’entrée en loge, demandait le projet
d’une université pour les facultés du droit et de la médecine :
l’édifice, sans étage, devait comprendre, pour chaque faculté,
quatre classes de quarante élèves chacune, quatre cabinets
de professeurs, un amphithéâtre, une bibliothèque,un vestiaire,
et une salie pour les appariteurs; enfin, une grande salle
académique pour conférences, solennités, etc., des facultés
réunies et deux salles pour les jurys d’examen, un grand ves-
tibule précédant la salle académique, des galeries, un logement
de concierge; ces derniers locaux,communs aux deux facultés,
devaient avoir, à la façade postérieure, une entrée spéciale pour
le public.
Le travail en loge dura cinq jours et quatre nuits; on devait
fournir comme esquisse un plan, une façade et une coupe à
l’échelle de 0,002 par mètre (t).
Comme cela arrive d’ailleurs dans presque tous les concours
académiques, les projets des neuf concurrents pouvaient se
diviser en deux groupes, d’après la disposition générale du plan:
Trois d’entre eux plaçaient la grande salle, précédée d’un large
vestibule, dans Faxe du monument au fond d’une cour d’hon-
neur; à droite et à gauche, les locaux groupés pour chacune des
deux facultés se développaient en ailes reliées au bâtiment du fond
par les salles des jurys, des galeries, etc. Les six autres avaient
à front de rue une grande salle des pas perdus, placée en lon-
gueur sur Faxe de l’édifice et donnant accès, au fond, à la salle
académique et sur les côtés, à droite et à gauche, aux locaux de
chaque faculté. Il y eut cependant une variante; certains mirent
la salle académique au milieu de la salle des pas perdus qui
formait, dans ce cas, galerie autour de la première.
Beaucoup de concurrents s’inquiétèrent peu de la proportion
à établir entre la grande salle et les amphithéâtres spéciaux,
les uns firent ceux-ci trop grands et celle là trop petite; les
autres avaientle défaut contraire. C’était là un point important
dont le jury tint bien compte en accordant la prime au projet de
M. J. Rau, dont le plan, bien proportionné, bien pondéré, s’in-
diquait facilement comme le meilleur; ce jugement fut unani-
mement approuvé.
Nous publions pl. 10 à 14 les plan, façade et coupe de ce
projet auquel nous reprocherons cependant quelques erreurs de
niveau regrettables qu’il eût été aisé de faire disparaître dans
le rendu. Cette légère critique n’ôte rien au mérite de cette
œuvre qui présente de bonnes dispositions, des façades heureu-
sement proportionnées, ayant du caractère dans leur grande
simplicité. Nous félicitons sincèrement notre confrère J. Rau
pour ses fréquents succès.
Pl. 15 et 16. — Fabrique de M. Pauwels, à Anvers, par
M. J.-J. Winders, d’Anvers. Cette modeste construction se
compose d’un magasin à front de rue et de deux ou trois salles
d’ateliers; la façade traitée dans un style néo-roman, néo-
gothique, presque entièrement en briques apparentes, rehaussée
de quelques pierres judicieusement placées, présente un
cachet de simplicité auquel on pourrait difficilement se tromper.
C’est bien une fabrique. V. D.
Société centrale d’Architecture
Dans sa dernière assemblée générale, la Société, après avoir
entendu le rapport présenté par la Commission chargée de
l’étude des droits et devoirs de l’architecte, a adopté, en pre-
mière lecture, à l’unanimité, les conclusions de ce rapport :
« La Commission a étudié les questions suivantes :
« 1° Définir la profession d’architecte, ses devoirs et ses droits.
« Les mêmes définitions pour la profession d’entrepreneur.
« 2° Quels sont ceux qui peuvent exercer la profession d’ar-
« chitecte, quelles sont les restrictions à apporter à l’exercice
« de la profession?
« Elle soumet à votre appréciation les solutions ci-dessous :
« l" A. L’architecte est celui qui, après en avoir reçu man-
« dat, est appelé à dresser les plans, devis et cahier des char-
« ges, à diriger les travaux, à vérifier les mémoires d’une
« construction, le tout pour le compte de son mandant. Pour
« toute construction ou toute modification à une construction,
» un exemplaire de tous les plans, devis et contrats signés par
« l’architecte et par son mandant, sera déposé au greffe du tri-
« bunal civil.
« L’architecte est seul maître de l’observation des règles de
« la bonne construction, des lois relatives à la propriété immo-
« bilière et des règlements locaux sur la bâtisse. 11 est respon-
« sable de la ruine générale ou partielle des bâtiments, si
« celle-ci provient de vice naturel du sol ou de la mauvaise
« ordonnance des plans; il est responsable de l’emploi judi-
« cieux des matériaux, de la stricte observance des lois et
« règlements sur la bâtisse et des obligations envers les voi-
« sins et la voie publique.
« B. L’entrcpreneurest celui qui,dans une construction, four-
« nit les ouvriers et les matériaux ou la main-d’œuvre seulement.
« L’entrepreneur est responsable de tout dommage causé
« par l’inexécution des plans, devis et cahier des charges, ou
« des ordres de l’architecte; il est responsable de toute fraude,
« de la mauvaise qualité des matériaux, de toute exécution des
« travaux contraire aux règles de la bonne construction et de
« toute contravention de police de la voirie, comme aussi de
« tous accidents causés par la négligence ou l’ignorance de
« ceux qu’il emploie.
« 2° Nul ne peut exercer la profession d’architecte, s’il
« n’est porteur du diplôme institué à cet effet par le gouverne-
« ment. »
La Commission continue ses travaux par l’étude des ques-
tions suivantes, se rattachant directement aux conclusions
ci-dessus; elle compte déposer son rapport complet dans
trois mois au plus.
(i) Il est absurde, à notre avis, d’employer une échelle si petite, cela
permet trop de différence entre l’esquisse et le rendu. (Note de la rédaction).
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\n question : « Quelles sont les connaissances requises pour
« l’obtention du diplôme d’architecte ? »
2" question : « Rédiger un tarif d’honoraires, divisé par
« classes, suivant l’importance des constructions, et établissant
« le. sous-détail pour chaque partie du travail de l’architecte. »
3e question : « Quels sont les moyens d’arriver à la prise en
« considération, par nos Chambres législatives, d’une demande
« de révision des articles 1792 et suivants du code civil, et
« d’obtenir, pour cette requête, la signature de tous les archi-
« tectes belges. »
On constatera que cette Commission ne reste pas oisive, et
que ce n’est pas à la Société centrale d’architecture qu’on a
l’habitude, pour enterrer certaines questions difficiles, de char-
ger une commission de leur examen.
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Dans sa dernière séance, la Commission administrative a
admis en qualité de membres effectifs, MM. Louis Derycker,
Joseph Devestel, Alexandre Deneef et Paul Saintenoy, archi-
tectes à Bruxelles.
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La Société a visité dimanche dernier le Palais du Roi et a
admiré le magnifique escalier et la salle à manger, ainsi que
les nombreux et intéressants objets d’art, peintures, porce-
laines de Chine et du Japon, objets indiens, armes orien-
tales, etc., que notre souverain a réunis dans ses appartements.
Au Palais de la Nation, les peintures historiques du Sénat par
Louis Gallait ont appelé unanimement l’attention des visiteurs.
Contrairement à ce que disait, il y a quelques jours, l’Etoile
belge, de vives critiques ont été faites sur les dispositions peu
heureuses, parfois mauvaises même, des nouvelles constructions
vers la rue de Louvain. Il y a là des couloirs tellement som-
bres, des locaux si mal éclairés qu’on est obligé d’y allumer le
gaz pendant le jour. Nous pourrions ajouter que c’est là le
défaut général de tous les bâtiments élevés récemment pour
l’agrandissement des divers ministères.
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Le Moniteur vient de publier les noms des membres du jury
d’admission et de placement des œuvres d’art belges envoyées
à l’exposition d’Amsterdam. Ce jury se compose de MM. Baes,
architecte à Bruxelles, président de la Société centrale d’archi-
tecture; Delperée, artiste peintre, à Liège ; Lagye, artiste pein-
tre, à Anvers; Leclercq, inspecteur des beaux-arts, à Bruxelles;
Portaels, membre de l’académie royale de Belgique, directeur
de l’académie royale des beaux-arts de Bruxelles; Tytgadt,
artiste peintre, à Gand; Vanderslappen, statuaire, à Bruxelles;
Verhas, artiste peintre, à Bruxelles.—M. Portaels est nommé
président du jury. —- M. Van Brée, employé au ministère de
l’intérieur, est attaché au même jury en qualité de secrétaire.
Nous sommes heureux de féliciter notre vaillant et infatigable
président qui ne s’épargne aucune démarche, ne perd aucune
occasion d’appeler l’attention des autorités supérieures sur notre
cercle; celte marque de faveur dont Fiionneur rejaillit naturel-
lement sur notre association est une nouvelle preuve qu’elles
tiennent en haute estime la Société centrale d’Architecture.
FAITS DIVERS
Le service des bâtiments civils vient d’être complété par la
nomination de M. Hanicq, architecte, aux fonctions d’architecte,
et de MM. Vander Aa et Delcorde, ingénieurs, aux fonctions
de sous-architectes. Le personnel des bâtiments civils devient
de plus en plus artiste.
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I! y a un mois, les ingénieurs de la construction du chemin
de fer d’Orléans furent avertis que la pioche de leurs ouvriers
s’était heurtée à des pierres cimentées.
Aussitôt appelé, M. Lisch, inspecteur des monuments his-
toriques, releva la présence :
1° D’un temple de soixante-dix mètres de façade sur cent
quatorze de longueur ;
2° D’un établissement thermal qui couvre deux hectares,
et dont les piscines, les hypocaustes, les canaux, les dallages
existent encore ;
3° D’un théâtre pourvu de gradins et de vomitoires, dont la
scène a quatre-vingt-dix mètres de large;
4° Des maisons, des hôtelleries, des rues entières.
Dans les maisons ornées de sculptures, on a trouvé une
quantité d’objets usuels en fer, en pierre, des poteries.
Les fouilles continuent, sous la surveillance des agents du
gouvernement. U faut espérer que le ministère des beaux-arts
saura prendre des mesures pour conserver intacte cette vieille
ville de nos pères, si subitement exhumée. On changera l’iti-
néraire du chemin de fer, si la conservation du Pompéi fran-
çais est à ce prix. (Echo du Parlement.)
L'Opinion, d’Anvers, rappelle aujourd’hui que, le jour même
de son installation, l’administration libérale décidait qu’un
monument commémoratif de l’affranchissement de l’Escaut
serait érigé à Anvers, et elle donne les renseignements qui
suivent sur ce que sera ce monument :
« On y travaille, dit-elle, en ce moment de la manière la
plus active, et il sera inauguré le 1e1' août 1883. Il n’aura pas
moins de vingt-cinq mètres de hauteur et dépassera les plus
hautes cheminées de nos usines. Il consistera en une colonne
rostrale semblable à celle que les anciens érigeaient en com-
mémoration de leurs victoires navales. Cette colonne reposera
sur un soubassement formé de quatre arcades sous chacune
desquelles une tête colossale, en stalactites, vomira des Ilots
d’eau. Sur une des faces du piédestal, une Renommée, la main
gauche appuyée sur un médaillon contenant le profil de Léo-
pold Ier, inscrira la date de l’affranchissement du fleuve, avec
ces mots : l’Escaut est libre. La face postérieure du piédestal
est consacrée à Marnix de Sainte-Aldegonde.
« Les deux autres faces sont consacrées à MM. Rogier,
Fauteur, et Lambermont, le promoteur de l’acte diplomatique
de 1863.
« Au-dessus du piédestal, enfin et au pied de la colonne,
est un groupe représentant l’Escaut ayant rompu ses chaînes
et foulant aux pieds le traité de Munster. Il s’appuie sur la
ville d’Anvers qui tient des palmes à la main. Assis sur l’urne
fluviale, est un petit Mercure et derrière un génie qui laisse
tomber des couronnes sur le médaillon de Sainte-Aldegonde.
« Ce beau monument, œuvre de M. J.-J. Winders, sera de
style renaissance flamande; tous les travaux seront exécutés
par des artistes flamands. » (Echo du Parlement.) |