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Le Précnrsenr
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un droit fixe sur les grains étrangers au lieu de l’échelle
flottante de droits maintenant en vigueur.
(iGreenock Advertiser.)
— Le bateauà vapeur British-Queen est arrivé le 28
à Gravesend, venant de New-York. 11 en a fait voile le
2 courant, et naturellement il n’apporte pas le message
du président.
Le Liverpool n’était pas encore arrivé à New-l'ork.
ht British-Queen apporte 800,000 dollars en espèces.
(Shipping-Gazette.)
— Nous regrettons d’apprendre qu’une nouvelle fail-
lite a été déclarée hier à Glasgow. Pendant la semaine
dernière, il y a eu à Glasgow des faillites pour une
somme de 300,000 livres.
Les souffrances des classes ouvrières, en Angleterre,
sont bien grandes, si nous en jugeons par les relevés
que publient les feuilles de Londres du nornhre des
ouvriers sans travail.
L’article suivant, extrait du Sun, peut donner une
idée des alarmes auxquels ce pays est en proie:
« Il règne une telle fermentation dans la ville de
Newport, que plusieurs (amilles ont jugé à propos de la
quitter. Nous craignons qu’une pareille démonstration
ne se borne pas au comté de Monmouth, car il y a des
chartisles en masse partout, et l’alarme pourrait s’étendre
des montagnes du pays de Galles au Lancashire, aux
mines de Cornouailles el aux vallons du comté de Kent.
II est impossible d’envisager la position du peuple mou-
rant presque de faim, grâce aux odieuses lois des
céréales, les taxes onéreuses dont il est grevé, son exclu-
sion de tout droit politique, el la domination qu’exerce
sur lui le clergé anglican, qui l’exploite, sans être con-
vaincu que le chartisme est le résultat de l’oppression
politique.
Les classes supérieures et les classes moyennes ne
peuvent se dissimuler que les classes inferieures sont
traitées injustement,et c’est cequi explique leur effroi de
se voir entourées d’une population prête à se venger des
mauvais traitements qu’elle a reçus. Un coup de canon
suffit pour répandre l’alarme dans tout un comté. Qu’un
gentleman célèbre, suivant un ancien usage, l’anniver-
saire de la naissance de son fils, et tous ses voisins vont
trembler. Quelles que soient les souffrances el les pri-
vations qu’éprouvent Frost et ses partisans, s’il est ani-
mé du désir de se venger il doit se regarder comme sa-
■ tisfait, car ses adversaires sont en proieà des maux con-
tinuels. Beaucoup de gens regardent Frost comme cou-
pable parce qu’ils ont eu peur. Les jurés se laisseront
dominer par ce sentiment au lieu de raisonner, et Frost
sera condamné parce que le clergé et la gentry redou-
tent les masses. Ils tremblent parce qu'ils sentent que
le peuple est foulé aux pieds ; il faudra donc que la po-
tence ait ses victimes, parce que le peuple est opprimé.»
ERAWCE. — Paris, 27 décembre•
Chronique et Bruilü «ïe salon,
petite chronique. — On dit les ministres très décou-
ragés. Us se voient partout entourés d’obstacles et d’i-
nimitiés, et ils sentent qu’ils ne peuvent parvenir à con-
quérir l’influence el l’autorité qui leur sont nécessaires.
Dans leurs bureaux mêmes, ils ne sont pas maîtres. Un
directeur, un chef de division sont souvent plus puis-
sants que le, ministre, surtout s’ils sont membres de
la chambre. MM. les députés solliciteurs (et le nombre
en devient de plus en plus considérable et exigeant) ont
bien le secret de celte situation, aussi envahissent-ils
de préférence le bureau du directeur ou du chef du
personnel. (L'Univers:)
— M. l’archevêque de Paris a été administré hier à
midi et demi, en présence de tout le chapitre, quoique
sa maladie ait beaucoup perdu de sa gravité. (On avait
annoncé à tort qu’il avait été administré dimanche.)
La cérémonie terminée, les assistants lui ayant deman-
dé sa bénédiction : « De tout mon cœur, a dit le prélat,
et dans vos personnes à toutes les paroisses et à toutes
les communautés de mon diocèse. »
Alors le chapitre s’étant retiré, et l’un des médecins
étant entré auprès du malade, et lui ayant demandé
comment il se trouvait, le prélat a répondu : « Cela ne
m’a fait que du bien. »
Ces détails sont extraits de la Gazette de France qui
annonce que le mieux continue.
— Le conseil-général de la Banque vient de fixer à
se sont vus et aimés en rêve ? Si le secret de ce genre de ren-
dez-vous vint à se répandre, c’en est fait pour toujours de la
surveillance paternelle. Je la mets bien au défi d’aller jusque-
là. Qu importe, au reste, ajouta-t-il, pourvu que vous vous
aimiez, puisque je ne souhaite pas autre chose ? Voilà ce que
nous saurons tous avant peu d'une manière plus positive, car
tu dîneras avec Cécile... demain.
Demain, m’écriai-je ! Et je ne tardai pas â regretter cette
cette expansion indiscrète : mais je m’étais flatté de l'espoir
de la voir plus tôt.
— Demain, dit-il en souriant. C’est plus tard que tu
ne voudrais, mais ce délai n’est pas assez long pour te causer
une véritable affliction. Ce demain, si redoutable pour les
amants,n’est l’éternité que pour les morts. Je n’avais pas voulu
prévenir Cécile de ton arrivée; je m’étais réservé le plaisir de
découvrir, à votre première entrevue, quand je te connaîtrais
déjà un peu, ce qu'il y a de réel dans votre symphathie, el j’ai
saisi volontiers l’occasion de tenir ma tille éloignée à l’instant
où je t'attendais. Une nombreuse famille catholique du pays,
dans laquelle Cécile ne compte pas moins de six amies toutes
sœurs, solennise aujourd'hui l'anniversaire de la nais-
sance d’une bonne aïeule, qui est ma vieille amie, à moi.
Comme les longues retraites de la Chandeleur sont finies
et que le temps qui nous reste à passer d'ici an carêm*
est consacré, par un usage immémorial, à des divertisse-
ments plus ou moins innocents, mais que la piété même
ne s’mterdtt pas, on dansera, on se réjouira, on se déguisera
ye crois mémo qu’on sera masqué. Ne t'effraye pas,mon gar-
çon : le programme de la fête n’admet que les femmes, et
aucun homme n'y sera reçu, mari, pèreourrére, avant l'heure
où il convient que les douces brébis rentrent au bercail. En
attendant, nous allons dîner tête à tête, car voilà Dorothée
qui nous appelle...
Notre petit repas fut aussi agréable et aussi gai qu’il pou-
vait I être sans Cécile, car M. Savernier était d'un caractère
cordial et enjoué, comme la plupart des hommes d’un certaio
âge dont la vie a été bonne et honnête. Lorsque nous fûmes
près de quitter la table :
Sais-tu, me dit-il tout à coup, qu'il me vient une idée
dont tu me sauras probablement quelque gré, car ton impa-
tience s est trahie tout à 1 heure par un mouvement sur lequel
je ne me suis pas mépris. Nous essayerons au moins de la
tromper jusqu’à demain, puisque demain te paraît si loin, et
soixante-treize francs le dividende du deuxième semes-
tre 1839.
— On dirait que la famille Nourrit est sous le coup
d’une déplorable fatalité. Le fils unique de ce célèbre
artiste, ne au mois de juillet dernier, vient de mourir.
chambre des DÉPUTÉS.—Dans sa séance du 27 décem-
bre, la chambre a procédé à l’élection de son 4e vice-
président. Le nombre des votants était de 287. Majorité
144.
M, Martin (du Nord) a obtenu 147 voix ; M. Vivien,
candidat du ministère, 137. — Le premier a été procla-
mé.
MM. Malleville, IIavin,Duhoiset Bignon ont été nom-
més secrétaires, après quoi la séance a été levée.
PAYS-BAS.
La Hâte, 28 décembre. — Le projet de loi tendant à
régler provisoirement les dépenses de l’état et les voies
et moyens pour le lr semestre de 1840, a été adopté en
séance de la seconde chambre des Etats-Généraux de
ce jour, à une majorité de 38 voix contre 14.
— V Avondbode pub\ie\e bulletin suivant de la bourse
d’Amsterdam du 28 décembre .-
« La bonne positioo dans laquelle s'est trouvé le marché des
fonds nationaux, ne s’est seulement pas soutenue, mais a
encore augmenté par suite d'une amélioration dans les prix.
Il s’est fait d’assez bonnes affaires en intégrales, qui sont
restées à 114 de hausse. En autres sortes les ventes n'ont pas
été nombreuses.mais les prix sont meilleurs; les actions de la
Société de Commerce ont obtenu une avance de 1|2 0|0.
On a fait peu d'affaires en fond étrangers ; les ardoios sont
un peu plus calmes. »
Esprit des journaux hollandais.
Udvoiulbode, journal ministériel d’Amsterdam, dont
la rédaction s’est prononcée avec force contre les der-
nières résolutions de la seconde chambre, contient au-
jourd’hui un article qui confirme indirectement tout ce
qu’on a dit touchant les bruits qui circulent en Hollan-
de, touchant les progrès que fait l’esprit d’opposition et
touchant la sourde fermentation qui règne dans ce pays.
Voici la traduction de l’article de 1 'Avondbode :
Tandis que les faits qui se passent aux états-généraux fixent
l’attention des nations étrangères el excitem à l'intérieur une
vive et douloureuse sensation, parce qu’ils dénotent la rup-
ture de l'accord qui avait subsisté jusqu’ici entre les grands
pouvoirs de l’état, on voit se manifester ailleurs des indices
plus affligeants encore et sur lesquels il est inutile de garder
le silence, puisque déjà ils fournissent à la rédaction des jour-
naux étrangers la matière de réflexions qui sont loin d'être à
notre honneur.
Ces malheureux indices ne se révèlent pas seulement dans
les lieux publics de nos villes et de nos villages, mais aussi
dans l'intérieur de chaque habitation particulière. C’est là
que le mensonge qui n’est combattu par personne, travaille
sans relâche el sans obstacle à affaiblir et à anéantir dans le
cœur des Néerlandais l’estime et l'amour qu'ils portent à leur
véoérabie et brave roi, ainsi qu’à tous les membres de son
auguste famille.
La légèreté avec laquelle la calomnie répand les bruits les
plus méchants et les plus extravagants, surtout depuis huit
jours, la rapidité avec laquelle cos bruits grandissent en pas-
sant de bouche en bouche, sans que la plupart du temps U
soit possible d'administrer la moindre preuve à l'appui de tels
on-dit, surpassent toute croyance.
Cette légèreté et cette rapidité s’accordent peu avec la mo-
dération et le sang-froid qui ont distingué de tout temps le
peuple néerlandais.
Cette légèreté et cette rapidité fournissent, hélas I une
preuve déplorable qu'en dépit de tristes expériences, le peu-
ple néerlandais, lui aussi, n’est pas préparé à tenir tête à une
pernicieuse propagande et à se soustraire à la fatale influence
de ces infernales machinations.
Que l’on se reporte aux moyens employés il y a dix ans par
une faction pour soulever les esprits en Belgique et pour
exciter la haine des populations contre le roi et sa famille, et
l'on reconnaîtra que les mêmes moyens sont mis en usage
aujourd’hui au milieu de nous.
De même qu’à cette époque, au moment où les vertus et
les qualités du roi auraient dû être portées aux nues, on tra-
vaillait à détruire l’amour et la reconnaissance des Belges par
des inventions pleines de méchanceté et de lâcheté, qui étaient
acceptées comme autaut de vérités, et qui, la plupart, con-
cernaient la vie privée du souverain.
Les habitants des provinces septentrionales accueillaient
alors ces inventions avec mépris; ils maudissaient les calom-
niateurs; ils se serraient de plus en plus autour du trône, et
Ils répondaient arec enthousiasme à l’appel de leur roi quand
celui-ci leur criait : aux armesl!
Nous ne savons quelles sont les sources des bruits nom-
breux et mal fondés qui depuis quelques jours font l’objet des
entretiens des personnes de tout âge et de toute qualité et qui
continuent de circuler.
en voici le moyen. J'ai dù te rassurer sur la composition de la
petite société dont ma fille fait aujourd'hui partie, en t'affir-
mant que les parents seuls y sont reçus, eteela est exactement
vrai; mais cette règle n’est pas si rigoureuse que je ne puisse la
faire fléchir en ta faveur. J'entrerais seul d'abord, eten quel-
ques mots d'entretien, j’aurais sans doute aplani toutes les
difficultés. Un domestique, aposté d’avance, attendrait de mol
le signal convenu pour t’introduire, et tu serais accueilli, sans
autre éclaircissement, en ami de la maison. Il est bien convenu
que nous jouerious notre rôle avec toute l'adresse dont nous
sommes capables, et que nous aurions soin de paraître entiè-
rement étrangers l’un à l’autre. De cette manière, je pourrai
apprécier ce qu'il y a de réel daDs ces merveilleuses sympa-
thies dont tu me parlais tantôt; car rien ne t’empêchera,
sinon de voir Cécile, au moins de l’entretenir avec liberté, et
j'espère que tu n’auras pas beaucoup de peine à la reconnaître
sous son déguisement de fiancée de Montbéliard.
— Elle est déguisée en fiancée de Montbéliard, dites-vous?
En fiancée de Montbéliard! serait-il possible!
— Eh bien ! oui, en fiancée de Montbéliard, continua-t-il
sans prendre garde à mon agitation dont il ne soupçonnait
pas le motif. Cela est de bon augure, o’est-il pas vrai? Mais
ce costume est si gracieux, il a tant d'attrait pour les jeunes
filles, que plus d'une de 6es compagnes pourrait l’avoir choisi
comme elle. Dans ce cas, tu la distingueras des autres à un
petit rameau de myrte, séparé de son bouquet, qu'il lui a pris
fantaisie d’attacher sur son sein, et auquel je dois la recon-
naître moi-même.
Cette seconde circonstance, qui me rappelait si vivement
une des particularités de mon songe, me causa une nouvelle
émotion; mais Je parvins à m’en rendre maître, et je ne ré-
pondis à la proposition de M. Savernier que par les témoi-
gnages de la plus tendre reconnaissance. Une heure après, il
avait eiécuté son projet dans tous ses points, et j’étais auprès
de Cécile. Je la distinguai aisément aux indices que son père
m’avait donnés. Il me sembla même que je l’aurais reconnue
sans cela. De son côté, elle avait manifesté quelque émotion
à mon approche; et quand j’eus obtenu la permission de
prendre une place qui était restée libre auprès d’elle, je crus
m’apercevoir qu’elle tremblait.
— Excusez, lui dis-je, une témérité que le masque et le dé-
guisement expliquent au moins un peu. Etranger ici à tout
le monde, je vous importune probablement du voisinage d’un
Ne croyant pas à l’existence d’ennemis extérieurs, nou3 ne
pouvons attribuer ces bruits qu’à des nationaux dont l’intérêt
et le but sont d’affaiblir la confiance du peuple dans les grands
pouvoirs de l’Etat, de semer la discorde et de détruire le bien-
être de la nation. .
Nous craignons qu’e le peuple De soit exposé à des calamités
incalculables, s’il ouvre les oreilles à ces viles calomnies et s’il
ajoute foi aux méchantes inventions que la perfidie et la tra-
hison se plaisent à répandre pour atteindre leur but.
Nous considérons comme un devoir sacré de prémunir nos
lecteurs contre les bruits qui courent, et nous n’hésitons pas
â déclarer que tout ce qui est parvenu à nos oreilles touchant
ces bruits pendant les derniers jours, est dénué de fondement
et a été mis en circulation dans de coupables intentions.
BELGIQUE.
Bruxelles, 29 décembre.
En annonçant la fin déplorable de M. Lesoinne>
trouvé mort dans son lit le26,à 7 heures 10 min.du ma-
tin,nous avons dit que la veille il avait dîné chez Dubos;
qu’étant rentré chez lui, d’où il devait ressortir pour al-
ler en soirée, il sentit un léger malaise, ce qui lui fit
préférer de se coucher au lieu de sortir, et que son
domestique lui offrit de rester auprès de lui, mais
qu’il refusa , disant que cette indisposition ne serait
rien. De nouvelles informations nous ont fait connaître
qu’en effet M. Lesoinne a diné chez M. Dubos, selon sa
coutume; mais qu’au lieu de devoir ressortir ce jour-là,
il a passé sa soirée en partie aux Mille-Colonnes et à
l’Epéron, d'où il est rentré chez lui à 10 heures et demie,
paraissant en fort bonne santé et n’ayant manifesté
aucune plainte ni douleur en rentrant ni en se couchant.
Il s’est même levé vers une heure, et il appela ensuite
son domestique en se plaignant du froid et lui disant de
raviver son feu qui était cependant en bon état. Il a
renvoyé ensuite son domestique se coucher. MM. les
docteurs Chantrain et Pierrard furent appelés, et ils
étaient déjà près du défunt à 7 heures et demie. Ils ont
reconnu que sa mort était le résultat d’une apoplexie
foudroyante. Cet honorable citoyen était membre de la
chambre des représentants, président de la Chambre de
commerce de Liège, et membre delacommission mixte
établie pour régler la navigation de la Meuse,ensuite du
traité des XXIV articles. Il était âgé de 68 ans 2 mois.
— La nommée Antoinette Dekens, demeurant rue
de la porte de Bruxelles, étant accouchée mardi dernier
d’un enfant du sexe masculin, est allée elle-même quel-
ques heures après à l’église , où le nouveau-né a été
tenu en sa présence sur les fonts baptismaux. Après la
cérémonie elle s’est rendue à i’Hôtel-de-Viile pour être
également présenté à la déclaration de naissance; mais
arrivée devant l’officier de l'état—civil, elle s’est aperçue
que son enfant était mort dans le trajet, et au lieu d’un
acte de naissance, le fonctionnaire adhoc s’est trouvé
dans la nécessité de dresser un acte de décès.
Une nouvelle accouchée assistant en peu d’instants à
deux cérémonies si essentiellement différentes, sont des
particularités qui assurément ne se reproduisent pas
souvent.
Chambre des Représentante.
Séance du 28 décembre.
PRÉSIDENCE DE M. FALLON.
La séance est ouverte à 1 heure et demie, de la manière
accoutumée.
L’analyse des pétitions est renvoyée à la commission char-
gée d’en faire le rapport.
m. de brouckere demande que la commission des pétitions
sait invitée à faire un prompt rapport sur une pétition du gé-
néral Van Kœkelberg, ayant pour but une augmentation de
pension.
L’ordre du jour appelle la suite de la discussion du budget
des travaux publics.
I.a séance est suspendue pendant quelque temps en atten-
dant la présence de M. le ministre.
La séance est reprise.
La parole est à M. de Mérode.
M. de mérode, dans un discours écrit, établit avec le plus
grand soin les avantages qui doivent résulter pour le Hainaut
de la concession du canal de l’Espierres. Il regrette queM. le
ministre n’ait pu obtenir ces avantages qu’au détriment du
commerce des Flandres. Abordant ensuite la question de
constitutionnalité qui se rattache au canal de Lespierre, l'o-
rateur déclare qu’il considère les explications données par
M. le ministre â cet égard comme entièrement satisfaisantes.
M. de Mérode termine en désapprouvant les vacances qui
doivent avoir lieu prochainement, et propose â la chambre
de ne se séparer qu’après le vole sur le budget.
inconnu; et je doute beaucoup que mes traits vous rappel-
lent un de ces souvenirs qui donnent matière aux entretiens
malicieux du bal masqué.
— Je ne comprends pas ce genre de plaisir, répondit-elle,
et je n’imagiue aucune circonstance qui puisse m’inspirer la
fantaisie de m’y livrer. Dans tous les cas, vous n’auriez pas
à redouter de moi ces petites contrariétés qui occupent ici
tout le monde, et qu’on paraît trouver amusantes; car je ne
crois pas, en effet, avoir jamais eu l'honneur de vous voir.
— Jamais, lui dis-je, en vérité i...
— Jamais, interrompit-elle avec un rire forcé, si ce n’est
peut-être en rêve, et vous pouvez croire à ma parole, car je
suis incapable de feindre; je n’ai pas même entrepris de dé-
guiser ma voix.
C’était sa voix, en effet, la voix que j’avais entendue plus
d’une année auparavant, mais qui n’avait cessé depuis de re-
tentir dans mon cœur,
— Permettez-moi donc, répliquai-je avec chaleur, de
chercher entre nous quelque motif de rapprochement qui
puisse suppléer aux douces habitudes d’une connaissance déjà
faite; mon nom, ou plutôt celui de mon père, a dû être pro-
noncé plus d’une fois devant vous par le vôtre, et je n’ignore
point que c’est à la fille de M. Savernier que je parle. Ce
nom serait-il assez malheureux pour n’éveiller dans votre âme
aucune espèce de sympathie ? Je m'appelle Maxime...
Et j'avais à peine prononcé deux syllabes de plus, que Cé-
cile tressaillit en tournant sur moi des regards qui semblaient
exprimer un mélange d'attendrissement et d’effroi.
— Oui. oui, s’écria-t-ello d’un son de voix altéré, votre
nom m'est bien connu. 11 est cher â mon père — et à moi
aussi — parce qu’il nous rappelle des souvenirs qui ne s'effa-
cent jamais d’un cœur honnête, ceux de la reconnaissance!...
— Il est donc vrai, continua Cécile en s’entretenant avec elle-
même, comme si elle avait subitement oublié ma présence,
mais de manière à ne pas me laisser perdre une de ses pa-
rolos —Ce n'était point une vision I Tout s'est accompli jus-
qu’ici; tout s'accomplira sans doute. — Que la volonté de
Dieu soit faite !
Et elle tomba dans un sombre abattement, où toutes ses
idées parurent s'anéantir.
Une de ses mains touchait presque â ma main. Je m’en
emparai sans qu’elle fit le moindre effort pour me la dérober.
Seulement elle me regarda d'uq œil plus attentif.
ni. de muelenaere déclare en commençant la lecture de
son discours, qu’il ne peut partager, sur la question qui oc-
cupe la chambre, l’opinion de ses anciens collègues) jadis ses
amis politiques. Il considère la concession du canal de l'Es-
pierres comme ayaDt été uniquement faite dans l’intérêt da
commerce français, et. pour le prouver, il passe en revu
tout ce qui a été dit en faveur de ce canal, par la presse fran-
çaise. Le gouvernement attaqué vivement sur ce point, a ré-
pondu par l’organe d’une feuille qui passe pour être déposi.
taire de sa pensée. Cette réponse prouvait jusqu’à l’évidence
que des négociations étaient entamées afin d’obtenir une con-
cession aussi importante. La France y est enfin parvenue.
Après avoir examiné toutes les questions commerciales qn
se rattachent à cette question, l'orateur déclare que si le ca-
nal de 1' Espierres n'avait poiDt été exclusif de celui de Bot-
suyt, il aurait donné son assentiment â la concession dont II
s'agit. De cette manière on n’aurait point sacrifié, comme on
l'a fait, le commerce des Flandres.
En terminant, M. de Muelenaere prie la chambre de vou-
loir bien prendre en considération qu’il n’a fait que remplit
un devoir pénible, tout-à-fait en-dehors des questions de pet-
sonne et d'intérêts particuliers. La fatigue l’empêche d'abor-
der en ce moment d'autres questions, et principalement celle
de constitutionnalité.
si. le ministre des TR avaux i>ublics. Je ne puis considé-
rer tout ce que vient de dire l’honorable préopinant, que
comme un blâme énergique de ce qu'a fait le gouvernement.
El quoiqu'on soit venu nous dire, que la question devait être
dégagée de toute personnalité, on ne s'eD est point fait faute.
Répondant ensuite aux principaux points du discours pro-
noncé par M. de Muelenaere, M. le ministre des travaux pu-
blics déclare qne le canal de Bossuyt ne pouvait remplir tout
ce qu’on attend du canal de l’Espierre ; qu'au moyen de ce
dernier on parviendra â exporter nos charbons à meilleur
compte que par celui de Bossuyt, s’il se fait jamais.
Je pourrais aussi soulever l’opinion contre la construction
de ce canal, et je démontrerais facilement qu'il est même
contraire à l'intérêt des deux Flandres, si je voulais révéler
l’idée qui y préside.
L’honorable préopinant s'est réservé de traiter la questiou
de constitutionnalité, qui a déjà été abordée dans la séance
d'hter. Je me réserve de répondre quelques mots à cet égard.
La loi du 19 juillet 1832 autorise le gouvernement à con-
struire des canaux en concédant la perception de péage Cette
loi n'établit point de différence entre les voies de communica-
tions vers la frontière ou dans l'intérieur du pays. Rappelant
ensuite quelques voies de communication ouvertes dans le
pays et analogues à celle du canal de l'Espierres, M. le minis-
tre fait observer qu’à leur égard on n’a jamais agité la ques-
tion de constitutionnalité.
Passantensuite â l’application que l’on a voulu faire an
gouvernement, de l’article 68 de la constitution, l’orateut
rappelle un grand nombre de conventions faites avee des
puissances étrangères qui, tout en grevant l’état, n’ont pu être
incriminées.
Messieurs, je crois avoir répondu à ce qu’a dit l’honorablt
préopinant, et j’espère également être parvenu à rétablir les
faits dans toute leur exactitude.
m. le président. La parole est à M...(A lundi ! â lundi !)
m. de brouckere. Je voudrais que la chambre décidât
aujourd’hui si nous aurons séance lundi ou bien mercredi; si
neus nous séparons sans prendre de décision, lachambre court
grand risque de ne pas se trouver en nombre à sa première
séance.
m. de mérode. Avec toutes ces propositions on ne fait que
retarder la discussion.
M. de smet appuie la proposition de M. de Brouckere.
m. rodbnbacb. Je me prononcerai également pour la pro-
position de M. de Brouckere, et je crois que les membres qui
travaillent constamment dans les sections, peuvent bienjouii
de quelques jours de repos. Ce sont toujours les mêmes figu-
res qu’on voit dans ces sections.
m. eloy de burdinnb. Il est étonnant qu’en présence d’une
question aussi importanteque celle du canal de l’Espierres,ou
vienne nous parler de vacances. Vous feriez preuve de patrio-
tisme autant que moi, si yous vouliez sacrifier vos plaisirs
aux intérêts du pays.
m. le ministre des travaux publics. Si la chambre re-
connaît l'impossibilité de discuter le budget avant les vacan-
ces, je ne pourrai que lui exprimer le regret que j'éprouve
des conséquences qui pourront en résulter pour le départe-
ment des travaux publics.
M. RODENBAcn. Je crois avoir donné autant de preuves de
patriotisme que l’honorable membre qui a parlé avant M. le
ministre. Mais je lui ferai observer que oe sont ceux qui de-
mandent des vacances qui ont constamment donné des preu-
ves de zèle.
m. duhortier propose de renvoyer la séance au mardFli
Janvier prochain.
Cette proposition est mise aux voix et adoptée.
La séance est levée à 4 heures et demie.
ANVERS, Ü9 DÉCEMRRE.
La présence du cadavre d’un inconnu trouvé sur le
Schoor, près de la Tète-des-Flandres, a été signalée hier
au bailli-maritime, qui s’est empressé de le faire retirer.
Procès-verbal portant le signalement de l’individu a été
dressé.
— C’est lui! dit-elle.
— Ohl ma vue ne doit pas vous causer d'alarmes, repris-
Je en pressant sa main dans les miennes. Le sentiment qui
m’a conduit auprès de vous est pur comme votre cœur, et il a
l’aveu d’un père dont votre bonheur est l’unique pensée. Vous
êtes libre, Cécile, et notre destinée à venir oe dépend que de
vous.
— Notre destinée à venir ne dépend que de Dieu, répondit-
elle en penchant sa tête avec un soupir profond. — Mais vous
avez parlé de mon père. Vous l’avez déjà vu sans doute. Il
sait qu’à cette heure de la nuit, j'éprouve depuis quelque
temps un mal inexprimable qui m'étouffe et qui me tue. Je
souhaitais si vivement d'en prévenir l'accès! Comment moo
père n’esl-it pas venu ?...
Quoique le colonel m’eût dit quelque chose de cet accident
qui n’inspirait aucune crainte, l'expression de souffrance qui
accompagnait ces paroles me glaça le sang. Le père de Cécile
s'était d'ailleurs arrêté devant dous au moment même où elle
paraissait le chercher dans la salle d’un regard inquiet. Je
m'étonnai qu’elle ne l’eût pas vu.
— Je suis près de toi, dit-il en l’enveloppant d’un bras qui
la soutint, car elle allait défaillir.
Elle s’appuya sur son sein et y passa un de ces instants
d’angoisse qui sont si longs pour la douleur. Une de ses mains
que je n'avais pas abandonnée,s’était d abord crispée sous mes
doigts, et puis elle s’était relâchée et refroidie, comme si elle
eût été gagnée par la mort. J e poussai un cri de terreur.
Les amies de Cécile s’étaient empressées autour d’elle; el,
dansles soins qu’elles lui prodiguaient, elles avaient dérangé
son masque. Hélas 1 tous mes doutes étaient dissipés, mais
une pâleur effrayante couvrait ces traits si chers à ma mé-
moire. Je sentais la vie prête à m’échapper aussi, quand Cé-
cile respira, releva son front et fixa ses regards sur les person-
nes qui l’entouraient.
— Ah 1 dit-elle, c’est bien: je suis mieux, je vis, je ne
souffre plus. Je vous demande pardon à tous, et je vous re-
mercie. Cette crise n’est jamais longue, mais j'aurais voulu
vous en épargner le souci. Il fallait ne pas venir ou partir
plus tôt.—Et cependant, ajouta-t-elle en se tournant à demi
de mon côté, — cependant, je regretterais de n’être pas va-
nne ou d’être trop tôt partie. Je n'interromps pas plus long-
temps vos plaisirs ; l’air et la marche vont achever ma guéri-
son. (La fin à demain.) |