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ANVERS, DIMANCHE 22 JANVIER 1837.
(2™' ANNSC;
OKT S'ABONNE
A Anvers, du l)ureau du
Pri-u rsitür, rue’Jes Fagot»,
i *a» 9» , où se trouve une
botte aux lettres et où doi-
vent «'adresser tonales avis*
K11 Belgique et à l'etran-
f rfr, chez tous les directeurs
des postes.
Pour toute la Hollande
chez Th. Lejeune Libraire.
Milite r à laHaye.
-> Paris, , A l'Office-Cor-
rcspoudance de Lepelletier-
Vburgoin et compag-, me
Notre-Dame des Victoires,
b. 18 ,ouon seijoit aussi les
■annonce.».
PAIS.
JOURNAL POLITIQUE, COMMERCIAL, MARITIME ET LITTÉRAIRE.
IiIBEBTÉ. PBOOKÊ*.
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ABONNEME KTT.
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POUR LA BELGIQUE-
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25 centimes la ligne.
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et à la Ij.jUi-e des . ■ m • -
pales Ville» de ci-mii'Ciro**»
22 ÎAKVIER.
Bailliage maritime.
Par un arrêté royal du 2 février 1816, un bailliage maritime fut
‘établi à Anvers. Les attributions du bailli maritime étaient celles-ci :
1° la visite des navires de commerce à l’entrée ; 2° la rédaction des
actes constatant la perte de tout, ou partie d’un équipage et l’enga-
gement des matelots pendant le séjour d’un bâtiment étranger dans
le port; 3° ia formation des rôles d equipages, lorsqu’un bâtiment
armait dans le port, et la revue de l’équipage de tout bâtiment de
commerce à la sortie du port ; 4° l’arrestation des matelots déser-
teurs ou réfractaires ; 5° la surveillance des eaux ; 6° les incendies
éclatant à bord des navires ; 7° la surveillance du charge-
ment du lest; 8° la mise des navires à la chaîne; 9° la police du port
et des bâtiments qui s’y trouvaient ; 10° la surveillance des maisons
de logeurs destinées au logement des marins; 11° la surveillance
des lieux publics, en tant quelle regarde les marins; 12° l’interven-
tion au licenciement et au paiement des équipages, et à la vente des
navires, sur la réquisition des parties intéressées.
A la plupart de ces attributions était attaché un salaire spécial,
tant pour le bailli maritime, que pour ses agents. Ainsi il était al-
loué au bailli trois florins huit sols par chaque navire etranger, ar-
rivant au port, plus huit sols par chaque homme d’équipage ; au
départ du navire, il lui était dû un florin dix sols ; il était payé en
sus aux agents quinze sols à l’entrée, et autant à la sortie. Le capi-
taine d’un navire étranger, enrôlant un ou plusieurs marins dans le
port, était astreint à payer au bailli trois florins, trois sols, pour
chaque acte d’enrôlement : s’il réquérait l’arrestation d’un matelot
déserteur ou réfractaire, il devait payer 1° quatre florins, dix sols,
pour le bailli; 2° quatre florins, dix sols, pour les agents; 3° un
liorin, deux sols, pour les rameurs; 4° autant pour le transport
à bord, etc., etc.
Ces charges, et vingt autres du même genre, imposées aux capi-
taines de navires et aux armateurs, retombaient en définitive sur le
commerce de notre place. Aussi furentelles de sa partl’objetdeplain-
tes fréquenles.Cet état de choses dura jusqu’en 1832. A cette époque
<»n songea enfin à le modifier , à rendre en quelque sorte communale
une agence de police qui jusques là avait été sous la dépendance di-
recte du gouvernement. Un règlement plus libéral et moins contraire
nux intérêts du commerce fut proposé par la régence à l’approbation
du gouvernement. Le ministre, qui alors était au département de
l’intérieur, fit demander à la régence une liste de trois candidats
parmi lesquels serait choisi un bailli maritime. Laliste fut présentée,
mais les noms quelle contenait n’ayant pas obtenu l’approbation du
gouvernement, une seconde liste de candidats fut demandée et en-
voyée. Il y a cinq ans dece!a,et rien à cet égard n’est encore terminé.
Ce retard cependant porte préjudice au commerce qui continue
de supporter des frais dont une partie pourrait lui être enlevée, et
à la ville qui ne retire rien d'un objet dont tout le bénéfice est depuis
cinq ans abandonné à un seul individu, par suite d'une disposition
prise par la régence. N’ayant peut-être pas assez pris soin de calculer
ies produits du bailliage maritim e, elle les a cédés pendant l’intérim,
à un particulier, à la seule condition qu’il se chargerait de toutes les
dépenses relatives à cet objet. Or , voici quelles ont été les recettes
et quelles ont été les dépenses à cet égard, en les évaluant les plus
baspossible.En 1882, il a reçu..........fr. 1 fi,700
1838............................ 17,000
1834 ............................ lfÿlOO
1835 ..............% . . . • 17,000
1836 ..................... 1 (1,500
Total fr. 84,100
FEUILLETON.
MODE, S.
On Fait aujourd'hui des châles do veloirrs garnis de franges de peluche; des
,*àmforts aussi en velours et en cachemire uni gros bleu ou orange ; des châles
de satin ouaté, garnis de chenille, des petites pélerines, des petits fichus en
satin rose ou blanc, ouatés et garnis de cygne. Quant aux boas, c’est la martre
«t l’hermine qu’on préfère. La forme des manchons varie beaucoup; on en voit
brodés en or canetille avec les dessins les plus riches ; au bord so trouve une
bande de fourrure assez large : un gland d’or s’échappe des deux extrémités.
Les gants manchons, qui ont paru depuh; peu , sont en martre : ils se fixent
au-dessus de la main par des poignets élastiques, et se rabattent en la couvrant.
Voilà, j’espère, de quoi se garantir du froid. Par la neige, la glace, la grêle et
le vent du nord, la mode doit s’occuper e;n première ligne des fourrures et des
ajustemens bien chauds. Trop long-tetns nous avons eu la simplicité , nous
autres femmes, d’aller les bras nus, la poitrine découverte, la tête parée de
notre seule chevelure, la robe de crêpe <€>u d’organdie, sans même oser cacher
dessous, quelque rigoureux que fût l’hivwr, une jupe de tricot cachemire ; sans
même nous permettre une pelisse ou un manteau sur les épaules, dans la crainte
que la jupe la plus mince ne nous laissât pas paraître assez élancées, assez lé-
gères, ou pour épargner à notre parure le dommage que pourrait lui causer le
manteau le moins lourd. Nous y avons mis bon ordre : nous sommes devenues
sages. Les vers de M. Victor Hugo noua ont servi de salutaire leçon ; grâce au
ciel, il ne pourrait plus dire aujourd’hui :
« Que j’en ai vu mourir de jetines filles ! *
car le* jeunes filles, en sortant du bal», ne grelottent plus. Pour ma part, je
suis tout-à-fait de l'opinion de ce conservateur de la Bibliothèque royale, au-
quel on demandait un soir, dans un salon où la conversation était montée à
tont cc que la métaphysique a de plus élevé , pourquoi l’homme était venu sur
la terre , et qui répondit avec un admirable séiieux: « Pour avoir les pieds
chauds. •>
Comme complément des manchons €;t des comforts , nous avons aussi la pâte
de Régnault. Si malgré toutes no9 précautions pour nous garantir du froid, il
trouve moyen de nous tromper et de se glisser jusqu’à nous , cette pâte vient
à notre aide et chasse le rhume La pote de Régnault est un véritable bienfait
pour l’humanité , et, à ce titre, elle méritait bien la croix d’honneur. Je
crains seulement que la réglisse n’en soit un peu jalouse, il est fâcheux qu’on
oit supprimé la croixde Saint-Louis: on la lui donnerait.
Au coin du feu, le matin, on reçoit ses visites en douillette de marceline
puce doublée de rose. La pélerine doit être plate, croisée, bordée d’un passe-
poil fendu ; les manches larges du haut et justes du bas. Pour varier, on peut
substituer à la marceline le cachemire anglais fond noir à palmes, ou la mous-
seline-laine fond noir à ramages cadhemire, doublée en fiorence uni bleu-tur-
quoise. L’usage paraît s’établir de recevoir le matin une fois par semaine. Cet
usage est fort commode et de bon ton ; cela dispense la maîtresse de la maison
En outre il a perçu annuellement de 6,500 à 7,000 fr., qui sont
dós aux inspecteurs du baillagemaritine; sur cette somme il en a
perçu , jusqu’en 1836 , environ 4,500, attendu qu’il allouait lui-
même un traitement fixe de 2,500 francs au second inspecteur ma-
ritime. Voici donc en cinq années une somme qui excède cent mille
francs, sans compter les accessoires qui sont en dehors du régle-
ment. Mais ce n’est pas le tout ; il est à la connaissance publique
qu’il est entré pendant l’année 1836, dans le port d’Anvers 1250
navires , savoir : 960 étrangers, 290 Belges. Les 960 navires étran-
gers ont dû payer au moins 11,000 florins, et les navires Belges au
moins 4,000. Ce quiau lieu d’une somme de 16,500 fr. que nous avons
marquée pour 1836, en présenterait une à peu près double. En
suivant la même proportion pour les années antérieures, on peut
calculer que la personne à qui ont été abandonnés tous les produits
du bailliage maritime a reçu près de cent-cinquante mille francs
depuis 1832. Voici quels ont été les frais,établis par elle-même d’une
manière fixe :
A un inspecteur................fr. 1,200.
A un autre inspecteur .... » 600.
A trois canotiers................» 1,904.
Total. . . . fr. 3,704.
Ce qui, pour les cinq années donne une somme de 18,520 francs.
On voit quels sont les énormes émoluments attachés à une place
certes mieux rétribuée que celle des fonctionnaires les plus impor-
tants de l’état. Ce qu’il y a de pis dans cet abus, c’est qu'il a lieu au
préjudice du commerce et au détriment de la ville.
Au reste il a été signalé à l’attention du collègeet du conseil com-
munal. Une commission , composée de MM.Legrelle, Vande-Wiel,
Liedts et Caltcaux-Wattel a été nommée pour aviser aux moyens de
le réformer, et surtout d’obtenir enfin du gouvernement ce qui lui
est depuis si longtemps demandé. Il esta espérer que la réponse ne
se fera plus atteudre.
ESPAGNE. — MADRID, 1$ janvier.
Le disconrs du roi des Français n produit un effet salutaire. L’abandon
formol de ia France a fait sentir la nécessité de se rallier autour de la constitu-
tion ; les officiers de la garde qui, lors des événemens de la Granja , avaient
donné leur démission, se sont présentés au ministère de la guerre, demandant
à être employés activement , dans des grades inférieurs s’il ne pouvait en être
autrement. La division d’Alaix va être envoyée en Aragon. On ne sait pas s’il
consentira à obéir. Navarez sera chargé du commandement de l’armée du cen-
tre, sous les ordres du général Espurtero.
— On sait que M. Caballero avait proposé d’ajouter à la loi qui prononce
l’exclusion de don Carlos du trône d’Espagne, une disposition portant peine do
mort contre ce prince. La commission à laquelle avait été renvoyé l’examen de
cotte disposition additionnelle, a conclu au rejet, et déclaré dans son rapport
qu’il fallait un loi spéciale pour rendre l’înfunt don Carlos passible des peines
de liante trahison. Malgré les efforts de M. Caballero, les corlès ont adopté les
conclusions de ce rapport , dans leur séance du 11 janvier.
On attend toujours avec une impatience mêlée d’anxiété le détail officiel
de la terrible mêlée de Luchana. Un grand nombre de familles qui tremblent
pour leurs membre*, objets de leur affection , voudraient au moins connaître
l’étendue de leurs pertes. Il est certain que l’on a à déplorer la mort d’une
foule d’officiers. Le Ie* régiment de la garde, surtout, a, dit-on, perdu presque
tous les siens. Aux noms connus d’Airnerich. Flore, Audriani, sans doute une
liste trop longue devra être ajoutée et elle viendra augmenter le deuil de la
patrie. L.e gouvernement déjà maître des détails , recule devant le moment où
il les livrera à la publicité : ce long silence ne peut S’expliquer autrement. Ou
désirerait savoir aussi dan* quelle position se trouve réellement Espartero et
si ce général est bloqué par ses ennemis vaincus.
NOUVELLES DE LA FRONTIÈRE.
Le quartier-général carliste était encore le 13 à Galdaeano , avec le général
en chef don Sébastien. Don Carlos reste à Durango.
Le comte de Luchana (Espartero) est toujours à Durango.
Nous avons rapporté une version d’après laquelle Gômez aurait été nommé
comte d’Almaden , en récompense de ses hauts faits; mais il en court une
des apprêts d’une soirée invitée, et cela épargne aux amis, aux connaissances
les ennuis d’une course qui. lorsqu’il* viennent au hasard dans la journée, n’a-
boutit souvent qu’à trouver la porte défendue, ou, ce qui est pis encore , à en-
tendre le valet de chambre dire : Madame n’y est pas. Ces soirées du matin
Ont été assez nombreuses pendant la première quinzaine du mois. Dans quel-
ques-unes , on a fait venir l’homme à la poupée. Mm« de ***, si renommée par
•on bon goût et par sa manière exquise de recevoir, en a eu de fort brillantes.
Cette dame a fait distribuer à tout son cercle des bonbons en profusion. C’était
une suite naturelle du jour de l’an. Désormais qu’offrira-t-elle ? Je l’ignore: je
suis persuadée que son esprit est en travail à ce sujet. En Espagne on offre du
chocolat; en Turquie du café; a Londres du thé; mai* à Paris? Je lui conseille
les gâteaux de Félix et le vin de Tokai dans de. jolis petits verres mousseline.
Je ne lui citerai pas l’exemple de cette femme d’un secrétaire-général qui, l’hi-
ver pa*sé et pour une soirée de petit comité, avait mis par post-scriptum à ses
billets d’invitation: On fumera.
Quelques toilettes très négligées, mais fort élégantes, se sont montrées cette
semaine dans nos théâtres. Des redingottes en velouté noisette et noir, fermées
par des nœuds en cocardes à pans, velours noir et 6alin noisette ; en foulard
satiné noir garni d’une ruche découpée tout autour ; en velouté bleu et noir ,
pélerine à la paysanne de taffetas noir garnie de dentelle. Une jeune femme
dans une loge , à la première représentation de Malek- Adel, portait une robe
en satin velouté rose. Sa tête était fiére sous un turban formé d’une écharpe de
mousseline de l’Inde à chef d’or , et dont l’un des bouts venait flotter jusque
sur sa poitrine. A cette coiffure, Malek-Adel aurait pu s’y tromper et la croire
née comme lui sous le ciel de l’Orient. Ainsi devait être la belle Arabe chantée
par Lamartine. Il y avait de beaux vers dans ses grands yeux. Je suis sûre que
le regard d’une femme fit le premier poète.
Dans les grandes cérémonies , dans les salons à mille bougies el à riches
portières , car maintenant toutes lus portes sont cachées sous de brillantes
étoffes , la toilette des dames semble avoir touché au dernier degré de luxe et
d’élégance. Les robes en velours vert-emir bordées d’un ourlet fendu en satin
blanc avec des manches à cinq bouillons alternés de velours et satin; les corsages
plats à draperies de satin blanc bordés d’une dentelle de soie tombant sur le
velours ; les robes en satin Duguesclin , brochées à dessins gothiques violet
sur jaune d’or , garnies de trois grosses torsades eu satin violet , à manches
courtes , demi-plates et ornées de petites torsades violettes ; dans les cheveux,
line guirlande de violettes de Parme ; des réseaux h filets de diamans, ou ornés
de riches bracelets ou de pierres précieuses ; des turbans à la juive en étoffes
brodées d’or, de jolis petits bords polonais Marie-Stuart, suédois , relevé# sur
le côté par des aigrette» de fleurs ou de plumes ; les uns garnis autour d’une
ganse ou d’un filet de perles; avec ces chapeaux, des nattes entremêlées de
perles , ou les cheveux plats avec un bandeau d’or ; des toques en velours vert
ornées sur le côté d’un faisceau de petites plumes roses retombant sur le cou
comme les branches d’un saule ; ce sont là les parures , non de quelques pri-
vilégiées , mais de toutes les femmes. La cour de Versnillles , au tems de Louis
XIV , n’offrait pas plus de magnificence. Vfl tel spectacle rend muet de sur-
autre; on le dit tout à fait tombé en disgrâce pour n’avoir pas été heureux
jusqu’au bout; et il est menacé de passer devant le conseil de guerre, ainsi
que Villaréal.
— Le 9 , le brigadier Conrad a adressé un ordre du jour à la légion étran-
gère , à l’occasion de la désertion qui fait des progrès dan» ses rangs ; il lui fait
beaucoup de promesses, quelqnes menaces . et lui représente que plusieurs
déserteurs ont péri dans la neige , que d’autres sont revenus les pieds gelés ;
que 37 enfin ont été repris et seront punis.
En même tems qu’il publie celle pièce , le Phare dit que le brigadier Con-
rad lui-même a décidément offert sa démission.
— Les quatre» officiers anglais ou service de don Carlos qui sont rentrés ett
Fronce avec M. Delalnnde sont : lord Ranolagh , M. Stephens f M. Frédéric
Bourges et M. John Stamphret.
— On écrit de Pampelune, 12 janvier :
« Un bataillon du régiment de Malaga a refusé, le 11, de quitter Parapeluiïô
«vaut d’avoir reçu sa solde et des effet* de linge et de chaussure { il est entré
en pleine révolte contre ses officiers. On a satisfait tant bien que mal à »es rfr-
clamation* et le lendemain il s’est déterminé à obéir. Le régiment de la garde
qui est à Pampelune est fort mal avec les autres corps qui prétendent qu’il est
mieux traité qu’eux ; 11 en est venu aux mains avec le régiment d’Orensô , et
dans ce combat il y a eu quelques tués et quelques blessés, ce n’est qu’à grand
peine que l’ordre a été rétabli. Le» troupes sont réduites à la ration de riz et
de lard depuis quinze jours.
» Le Mochuelo, officier des tiratîores, homme fort entreprenant et natif de
Pampelune , a été surprendre , dans la nuit d’avantdiier, près d’Irarzun , un
colonel carliste chargé de la comptabilité des troupes insurgées et l’a amené
ici. On appelle cet officier Mochuelo (Hibou), parce qu’il fait toutes ses expé-
ditions pendant la nuit. »
Les divisions continuent au sein du parti carliste. Villaréal est exilé à Aran-
coyana, province d'Alava, et sa nomination, comme aide-de-camp du généra-
lissime est révoquée. Gomez également, est en disgrâce, une réquête a même
été ordonnée sur sa conduite. En attendant il est tenu à Une résidence forcée
dans une petite ville. Voici comment le nouveau conseil du prétendant est
composée : L’évêque de Léon, président et ministre de la justice; Sierra, mi-
nistre de l’intérieur , Lavandero ministre des finances ; Cabanas , ministre de
la guerre. (Test le parti Castillan qui l’emporte sur le parti provincial, au grand
mécontentement des pays insurgés, le moment seiait favorable pour agir du.
ôôté des constitutionnels, mais le désordre règne dans leur armée, qui outr«JI«
manque de vêtement et de vivres, n’a pour chefs que des généraux sans accord
entr’eux e( «ans capacité pour la plupart,
SUISSE. — Berne.
Le chef a et n cl de la légation russe en Suisse * M. de Violier ,
s’est rendu à Baie, où l’on attend le grand-duc Michel, qui doit
traverser la Suissse pour se rendre en Italie. On croit que ee
prince passera par Berne, «à moins que certains souvenirs n’aient
sur lui trop d’influence. On sait que la grande-duchesse Anne ,
belle-sœur du grand-duc, à sa résidence à Elfenau, dans les en-
virons de Berne. Ce qui a transpiré sur les causes du séjour du
grande-duc Michel à l’étranger se réduit à des bruits vagues. Le*
uns veulent voir dans cette absence quelque mésintelligence de
famille ; d’autres, qui se donnent l’air mieux informés, font en-
tendre que ce voyage se rattache «à des motifs politiques. Le
prince Michel est un bel homme , à la fleur de l’âge (environ
trente-neuf ans), militaire instruit , s’exprimant avec facilité et
élégance dans plusieurs idiomes. Par son caractère et ses mœurs,
il se rapprochait du grand-duc Constantin, qui, comme on sait,
était l’idole de l’armée, où sa présence a plus d’une fois prévenu
une catastrophe. Son jeune frère doit avoir hérité de son influenco,
et c’est peut-être là qu’il faut chercher le secret de son éloigne-
ment de St-Péterboiii’g.
— Le directoire fédéral a communiqué aux états une demande
de l’ambassade françasre , réclamant Pcxtradition d’un certain
Jules Dubiez, prévenu d’avoir commis une tentative de vol avec
effraction à la Banque de France.
IRLANDE* — Dublin, 15 janvier.
Les résultats de l’inscription des électeurs dans presque tout
le pays promettent d’être en faveur du peuple. Le système des
prise et d’admiration , et M. Gasparin ne trouvant par un mot à dire , serait là
mieux dans son rôle qu’à la tribune des députes.
C’était aussi un charmant coup-d’œil que le bal donné samedi dernier che&
le général commandantjde l’Ecole polytechnique. Dix élèves formaient l’orches-
tre. Les toilettes n’y étaient pas d’une tichesse royale , mais elles étaient re-
marquables par leur élégance. On y voyait quelques robes de velours épinglé
bleu , garnies d’un haut volant de point de Bruxelles légèrement relevé sou»
une branche de pommier formant agraffe. Unerobe assez distinguée était en
velours noir, le bas découpé à dents , de la hauteur d’nn demi-pied , une jupe
de satin citron , sur laquelle étaient dessinées des dents de velours, se laissait
voir dessous. Les manches étaient longues, tailladées, et, comme sous la robe,
on apercevait un dessous de satin citron. Le corsage drapé en velotirs noir était
orné de nœuds couleur citron à la poitrine et sur les épaules seulement. Les
danseuses étaient presque toutes en robe* de crêpe blanc brodées en soie plate
blanche au plumetis. Parmi elles, les regards suivaient avec intérêt une jeune
demoiselle de dix-sept ans qui était vêtue eti rose ; elle danse avec une grâce-
parfaite ; on m’a dit qu’elle possède un beau talent »ur le piano ; mais ce qui
charme surtout dans toute sa personne , c’est la modestie avec laquelle elle
porte un nom célèbre. On *’est fort diverti, la plus franche Cordialité a régné
dans ce inonde où Cependant l’on se connaissait à peine. Quand un général
dénué des fêtes,elles ont toujours quelque chose du caractère militaire. A traver*
la politesse perce l’épaulette, et la politesse y gagne : elle est plus loyale.
Quant à la toilette des hommes , c’est à a*y perdre. Elle est livrée à l’anar-
chie. Le goût est détrôné , et chacun est à lui seul son conseil et son guide. Au
tant de gilets, autant de couleurs différentes. Si pour les habits le noir domine
il en est beaucoup qui sont bleu, bronze ou marron. Lorsqu’un groupe de jeu-
nes gens se Forme dan* urt salon , on dirait un gros arlequin «à cinquante têtes.
L’autre soir, chez M. Guizot, M. Sai.nt-Marc-Giràtdin est entré avec un habit
vert, le gilet jaune, le pantalon bleu de ciel et un large ruban rouge à la bou-
tonnière de l’habit. En le voyant, M. Duvergier dé Hauranne s'est écrié : «Tien*
Saint-Marc est habillé en perroquet ! r> Ce nouveau Vert-Vert, gâté par le» dra,
gées du Trésor, s’étant trouvé par hasard derrière mon fauteuil, je lui ai ciit .
« Monsieur, j’ai lu avec uno-vive satisfaction votre adresse d’une éloquence si
grande »; il m’a répondu ; « Madame . vous avez lu avec une rive satisfaction
mon adresse d’une éloquence si grande. «
Le deuil des légitimiste* commence à s’effaopr. Ils ont eu tort de se distin-
guer ainsi. Quand ils étaient perdus dans la foule, on les croyait partout ; mais,
du moment qu’ils ont pris un vêtement particulier , (on ne les a plus vus nulle
part.
On raconte que M™"» de R........ la bannière blanche du parti, foute vêtue do
noir de la têce aux pieds, a rencontré dernièrement une dame qu’elle n’avnit
pas vue depuis quelques mois. Celle-ci , la croyant veuve, a pris un air de cir-
constance, et hu n dit : Ah ! mon Dieu 1 est-ce que vous auriez perdu?. .. M,n*
de K...., devir ant la pensée de cette dame, a vite répondu d’nn air riant, et
pour la rassurer : Ce n’est pas mon mari, ce n’est que Charles X.
\ Journal dtH Cooiuterve d* Paris.) M‘“« Am... L .. |