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2 voûtées en demi arête, et celle du milieu en voûte
d’arête.
Le temple proprement dit se compose de 3 galeries :
une grande nef et 2 galeries latérales ; la nef est sé-
parée des bas-côtés par un système de 3 grandes ar-
catures geminées portées par des piliers en pierre bleue
(petit granit). La nef principale a 8m 20 entre piliers ;
les travées du milieu, celle au-dessus du porche et
celle dessinant le choeur sont arrêtées par des colonnes
engagées montant à 14 mètres de hauteur pour por-
ter la voûte.
Le sanctuaire, ou chœur est formé par une niche
demi-circulaire, en face de la grande nef ; cette niche
a 3m,65 de rayon.
Chacune des parois latérales de la grande nef se
trouve donc composée de trois arcades plein-cintre,
s appuyant sur des pieds droits sur lesquels se déta-
che le grand ordre portant la voûte ; ces 3 arcades
indiquent la hauteur des bas-côtés au-dessus desquels
règne une galerie qui occupe toutes les parties latérales
et communique avec la galerie au-dessus du porche
d’entrée.
Ce rez-de-chaussée est indiqué dans le sanctuaire ;
jusqu à cette hauteur les parois de l’hémicycle sont
pleines ; au-dessus, dans cette paroi, sont pratiquées
cinq fenêtres dont le cintre, porté par de forts tru-
meaux, est entouré d’un second arc concentrique
s appuyant sur des colonnettes engagées.
Le sanctuaire se termine par une demi-calotte sphé-
rique ayant pour formeret un plein-cintre concentrique
à celui appuyé sur le grand ordre portant les arcs qui
dessinent les pendentifs de la voûte.
De même qu il y a trois travées latérales, il y a
donc trois voûtes en pendentif; ces voûtes sont for-
mées d’un segment sphérique qui n’a que 1.70 de
flèche pour un plan circulaire d’environ 7 mètres de
diamètre.
La face vers la rue comprend donc trois arcs plein-
cintre indiquant le porche, encadrés par les colonnes
engagées du grand ordre qui monte, comme dans les
travées latérales et au chœur, jusqu’à la voûte. Au-
dessus de ces trois arcs règne la galerie formant donc
une large ouverture d’environ 7 mètres, protégée par
une balustrade, et laissant voir les 5 arcatures et la
belle rose de la façade principale. Si cette partie est
ornée de vitraux, l’effet sera réellement admirable.
A côté du temple se trouvent l’habitation du pasteur
et le consistoire ; une porte de service relie directe-
ment ces deux locaux à la synagogue. Ce deuxième
bâtiment se compose d’un rez-de-chaussée et d’un
étage ; il comprend : au rez-de-chaussée, salon de
réception, salon salle à manger et accessoires ; à l'Etage
se trouvent les salles de réunion et de mariage.
Le temple a des souterrains sur toute son étendue ;
ces souterrains présentent la même disposition que le
rez-de-chaussée, sauf que la galerie centrale est divi-
sée en deux par des piliers qui portent les retombées
des voûtes ; celles-ci sont en arête et il y en a 4 par
travée, soit 12 du porche; au chœur à l’entrée et près
du chœur sont installés, aux souterrains, les appareils
de chauffage
Tous les arcs sont en plein cintre, avec centre placé
au-dessus du niveau des naissances ; les parties qui
portent les grandes piles et subissent la pression des
retombées d’arc sont en pierre.
La façade est divisée en 3 parties (celle du milieu
plus large que les 2 autres) indiquant parfaitement la
disposition intérieure. Les deux parties latérales domi-
nent et montent en se terminant par une sorte de cou-
pole à arêtes. Dans la partie centrale se dessinent
les 3 arcades des porches; au dessus les 5 arcades
accolées de la galerie ; plus haut la grande rose en-
cadrée par les grands piliers et le membre rempant
qui dessine le gable. Ce membre est porté par une
série de petites arcatures s élevant successivement par
gradins et portées par de petites colonnettes trapues.
Le gable se termine par les tables de la loi
judaïque.
L'aspect général est d’un caractère de sévérité reli-
gieuse qui devait être l’idéal poursuivi par l’artiste •
à l’intérieur, bien que le temple soit relativement
assez restreint, l’on éprouve une impression de gran-
deur remarquable, obtenue par la simplicité des
éléments et la proportion des masses. La lumière,
abondante sans être trop éclatante, complète heureu-
sement l’ensemble des effets obtenus par les lignes.
La façade possède aussi ce caractère de grandeur,
mais modifié par une légère note élégante et gra-
cieuse qui, en amenant la diminution des détails,
accuse encore la sagesse et l’ampleur des grandes
lignes. La silhouette générale est bonne car elle
couronne habilement l’ensemble où domine la ver-
ticale ; la grande rose placée au centre de pondéra-
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tion des masses attire l’œil au point qui permet
d’embrasser également toutes les parties.
Nous regrettons seulement la disposition des
tables qui se trouvent à la pointe du gable ; cette
partie ne présente pas le même caractère tenu et
raisonné de l’ensemble qui plait surtout par ces
qualités. L’artiste a donné à son œuvre un caractère
roman qui ajoute encore à l’expression générale
des masses.
En somme c’est une œuvre de mérite dont nous
parlerons encore quand l’achèvement lui aura donné
tout son cachet ; nous terminerons en disant que
l'exécution fait honneur aux entrepreneurs, MM.
Dupont frères, d’Auvelais.
Le tracé des voies publiques.
Permettez-moi, Monsieur le Directeur, de présenter
quelques observations au sujet du discours de M. Beyaert
publié dans le nº 2 de l'Emulation (3e année) et traitant du
tracé des voies publiques. Certes la ligne courbe ou tout au
moins l’abstention des rues tirées au cordeau aiderait puis-
samment à rendre à nos voies cet effet pittoresque que nous
admirons tant dans les vieilles cités et dont Bruxelles est
aujourd’hui entièrement privé dans ses quartiers nouveaux.
Mais est-ce bien le seul moyen à employer pour arriver à ce
but ? Evidemment non ; l’œil demande aussi à ne pas voir se
succéder, même en ligne courbe, des façades plates, unifor-
mes, de grands murs percés de trous, enfin toute cette
ennuyeuse symétrie qui caractérise la plupart de nos rues
modernes. Ce sont les lignes mouvementées qui plaisent, les
profils hardis, inattendus, variés dans leurs découpures sur
le ciel, qui séduisent; ce pauvre ciel condamné aujourd’hui à
ne plus briller sur nos têtes qu’en une large bande qui se
déroule parallèlement au pavé des rues voudrait se montrer
par une déchirure de quelque toit, servir de fond à quelque
tourelle aiguë dont il ferait si bien valoir l’élégance.
Et pour ue parler que de Nurenberg, cité avec raison par
M. Beyaert, chaque maison n’a-t-elle pas son étage avançant
gracieusement sur la rue et donnant ainsi à la ville entière,
par la réunion de constructions souvent peu importantes, ce
cachet inimitable qui enthousiasme l’artiste et séduit même
le plus prosaïque voyageur.
Je me permets ici d’émettre une idée qui m’a été suggérée
par un homme fort compétent comme artiste et comme cons-
tructeur et que je crois utile de placer sous les yeux du
public, mais surtout des architectes. La voici donc dans toute
sa simplicité :
On choisirait un quartier de la ville, en construction, celui
de Notre-Dame aux Neiges, par exemple, pour notre expé-
rience ; une rue, même de peu de longueur, mais assez large
serait désignée et un arrêté communal ordonnerait aux pro-
priétaires des terrains bordant cette rue, de bâtir de telle
sorte que le premier étage des constructions surplombât le
trottoir. Il va de soi que la rue devrait être assez large pour
laisser un espace suffisant entre les constructions et qne l’ad-
ministration communale cèderait gratuitement le terrain que
couvrirait l’emprise. On laisserait toute latitude aux archi-
tectes d’appliquer cet étage en saillie à tous les genres de
styles; naturellement le gothique et le flamand, mais le vrai,
le pur, l’emporteront toujours sur les autres. De plus, l’idée
que préconise M. Beyaert trouverait ici parfaitement son ap-
plication ; je suis persuadé que cette expérience serait déci-
cive et que la ligne courbe alliée aux façades saillantes
remporterait une éclatante victoire. Fort peu partisan de la
protection officielle à accorder aux arts et des règlements res-
treignant la liberté individuelle des architectes, je préconise
cependant cet essai; ce serait une exception faite pour rame-
ner au bon goût un grand nombre de personnes.
Je livre cette idée aux lecteurs de l’Emulation, si vous
voulez bien, Monsieur le Directeur, accorder à ce bavardage
l’honneur de l’impression.
A. G. DE M.
Bibliographie.
Mathématiques élémentaires. — Sous ce litre se publie à
Paris, depuis le 1er janvier de celte année, un journal de mathé-
matiques très-intéressant. Il paraît le 1er et le 15 de chaque mois,
jusqu’au 15 juillet inclus ; chaque numéro se compose de
8 pages in-4º, donnant le texte aulographié de l’énoncé et de la
résolution entière de problèmes d’algèbre, de géométrie et de
trigonométrie.
L’année complète se composera donc de 14 numéros formant
un volume d’environ 120 pages in-4º ; le prix de l’abonnement
est de 3 fr. l’an, le port en sus. — Pour tout ce qui concerne le
journal, s’adresser à M. H. Vuibert, rue des Fossés St-Bernard,
à Paris.
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La 3e série des documents pratiques d’architecture, publiés
par M. J. Fonteyne, va paraître dans quelques jours; elle com-
prend une suite de motifs (ensembles et détails) de menuiserie et
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ne sera pas la partie la moins intéressante de cette utile publi-
cation.
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L’actualité, le journal hebdomaire si intéressant qui se publie
sous la direction de M. Camille Lemonnier, donne, dans son
numéro du 27 mai, divers articles qui font de ce fascicule l’un
des plus importants de ceux qui ont paru jusqu’ici; en voici le
sommaire :
Paris à travers les lettres et les arts. — I. Victor Hugo, L’Art d’être
grand-père ; Eugène Montrosier.
A travers livres et revues : Un liseur.
Exposition du Cercle artistique et littéraire de Bruxelles (suite) : E. V.
Hommes et artistes : Félix Dubuisson.
Une lettre de P. P. Rubens (suite) : Ch. Ruelens.
Histoire de quelques intelligences, par une bonne bête de leurs amis.
Les hirondelles du grand pré : Mie d'Aghonne.
Petite Gazette : Reporter.
Livres et Revues.
Théâtres et concerts.
Bulletin des Expositions.
Faits divers
Le Cercle artistique, littéraire et scientifique d’Anvers
organise, à l’occasion du 300e anniversaire de la naissance de
Rubens, et sous les auspices de l’Administration Communale
de notre Métropole Commerciale, un Congrès anquel il convie
les Artistes et les Savants de toutes nationalités.
Ce Congrès s’ouvrira le Dimanche 19 Août, et différentes
questions seront discutées par la savante assemblée ; en voici
le programme :
I. — Section de législation.
Recherche des bases d’une législation internationale destinée
à protéger les droits de propriété sur les œuvres d’art et à répri-
mer la fraude et la contrefaçon.
1° Quels sont les moyens légaux propres à assurer à l’artiste
la propriété de ses œuvres ?
2° Quelles seraient les mesures pratiques à prendre pour faci-
liter la preuve de la contrefaçon et de la fraude ?
3° Quelles sont les garanties légales à donner aux compositeurs
de musique pour leur assurer la part du produit de leurs œuvres
sur une base équitable.
4° De quelle manière pourra-t-on mettre à exécution les réso-
lutions du Congrès et en généraliser l’application ?
II. — Section d’esthétique et de philosophie.
1° Quelle est la signification de Rubens dans l’art et quelle in-
fluence a-t-il exercée sur noire école et sur les écoles étrangères ?
2° Quelle est l’influence de la démocratie dans l’art ?
III. — Section artistique et économique.
1° Comment pourrait-on donner un plus grand élan à la pein-
ture monumentale et lui rendre l’importance qu’elle avait jadis,
spécialement dans notre pays?
2° Les pouvoirs publics doivent-ils intervenir dans l’encourage-
ment des Beaux-Arts ?
3° La centralisation en matière d’art est-elle utile ou nuisible ?
4» N’est-il pas désirable, dans l’intérêt de l’art et des artistes
de rendre accessibles à tous les richesses artistiques disséminées
dans les divers établissements relevant des pouvoirs publics ?
IV. — Section d’architecture.
1° Chaque pays doit-il respecter, dans ses constructions, les
traditions de l’architecture nationale? Dans nos contrées ne con-
vient-il pas de revenir aux types du XIIIe au XVIIe siècle dans la
construction des monuments et édifices publics, en les appropriant
aux exigences modernes ?
2° Ne serait-il pas désirable que les pouvoirs publics eussent
un droit de contrôle sur le style architectural à donner aux con-
structions et spécialement à celles qui avoisinent les monuments,
afin qu’elles soient en harmonie avec le style de ceux-ci ?
V. — Section d’histoire.
1° De quels éléments dispose-t-on pour l’histoire des œuvres
de Rubens ?
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La Restauration de l’Eglise du Sablon, à Bruxelles, continue
a se faire avec une prudente lenteur ; deux ou trois ouvriers sont
occupés depuis huit jours à la pose des niches qui doivent orner
la partie supérieure des contreforts et qui forment la naissance
des pinacles. Déjà même l’on a posé les gargouilles (deux à
chaque contrefort) ; enfin tout fait espérer que dans un demi-
siècle, tout au plus, l’on aura terminé la restauration de cette re-
marquable église.
11 est vrai qu’alors on pourra recommencer.
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* *
Le Cercle artistique et littéraire, de Bruxelles, a disposé dans
ses locaux du Parc une Exposition de peinture, sculpture, gravure
et architecture. L’espace nous manque pour examiner en détail
cette exposition extrêmement intéressante ; nous dirons cepen-
dant qu’au milieu d’un certain nombre d’œuvres médiocres bril-
lent quelques œuvres fort belles.
Comme toujours l'architecture y est peu représentée, et encore
sont-ce des compositions qui nous sont déjà connues; un pont
monumental du concours de l’Académie de Belgique et un château
seigneurial, du concours ouvert par la Société d’encouragement
d’Anvers. |