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1841. — M.° «O.
AMVËÜS, Mercredi «O Janvier.
Sixième Année.
-*at
LE PRECLRS
H
On s’abonne : à Anvers au bureau
du PRÉCURSEUR , Bourse Anglaise,
N.» 1040 ; en Belgiqne et à l’étranger
chez tous les Directeurs des Postes.
JOURNAL POLITIQUE, COMMERCIAL, MARITIME ET LITTÉRAIRE.
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Poür Anvers, 15 francs; pour la pro-
vince, 18 frs. ; pour l’étranger,20 frs.
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PAIX. — LIBERTÉ. — PROGRÈS.
30 janvier.
QUESTION DES SUCRES.
Il résulte des chiffres fournis par Monsieur le ministre des finances
(réponse aux demandes de la section) que la mise en fabrication du
sucre brut exotique a été en 1838 de 16,098,280 kilogrammes.
en 1839 » 19,410,719 »
Que le 10me de ces quantités dont les droits sont réservés au trésor
a donné lieu à un paiement en droit, en principal et additionnels de
fr. 597,564-98 pour la moyenne des deux années (le ministre omet
les 10 p. c du timbre collectif) et que pour 1840 la recette en princi-
pal doit être évaluée à fr. 640.367, ce qui constate une mise en fabri-
cation de 23,973,008 kil. (discours à l’appui des voies et moyens).
Quand Monsieur d’Huart, en 1838. a dit qu’il présumait que l’im-
pôt rapporterait 800,000 francs, il a basé ses calculs sur une fabri-
cation de 16 millions, ce qui prouve qu’il tenait compte au sucre de
3-70 du chef du dixième exigible et de 1-10 du chef de droits de doua-
nes (16,000,000kil. à 4-80 font fr. 768.000).
Car antérieurement à cette époque, la totalité des droits étant apu-
rable par exportation, avait été apurée à 120.000 francs près, et il
n’est pas admissible qu’en présence de ce fait on ait pu compter sur
une perception partielle des 9| 10 de l’accise, laissés susceptibles d’a-
purement par exportation.
Le dixième fut rendu exigible pour assurer les recettes du trésor, et
comme personne, pas môme Monsieur le ministre, ne conteste la per-
ception de ce dixième ni celle du droit de douanes, il s'en suit qu’aucune
accusation de fraude du chef de l’apurement des 9|10 ne peut être in-
tentée, puisque cet apurement est légal.
Quoiqu’il en soit, voici le tableau des quantités mises en fabrication
depuis 1838, et des récettes normales auxquelles elles ont donné lieu,
d’après les chiffrés ministériels régularisés :
i , Quantités Recette diu/io R. coiït. du dr. Total des
Années. employées. à 5-70 o/o kil. deD.^à l-10o/ok. recettes.
1858 16,098,280 kil. 595,655-40 177,080-20 772,715-60
1859 19,410,729 » 718,195-90 215,517-70 931,715-60
1840 23,975,008 » 887,001 265,705 1,150,704
Si en dehors de ces recettes,il a été reçu en 1838 une parlie des 9| 10,
on peut l’attribuer aux motifs indiqués par Monsieur le ministre; mais
administrativement,il n’était pas rationnel d’y compter.
Ainsi, dès 1838, les prévisions de M. d’Huart furent réalisées d’après
les bases qu’il avait établies, et si elles furent dépassées depuis, on ne
Seul l’attribuer qu’au salutaire stimulant que la loi imprime à la fa-
ricalion du sucre exotique.
En présence d’une augmentation de recettes aussi positive, résultat
de conditions normales, et non de causes tout exceptionnelles, on
s’expliquera difficilement les arguments par lesquels dans la suite de
son discours à l’appui des voies et moyens, monsieur le ministre cher-
che à prouver qu'une diminution de recette est non-seulement à crain-
dre, maisquedéjà elleaeu iieu. Car le chiffre de 24 millions mentionné
ei-dessus lui était connu et il parle seulement de 14 millions, tout en
faisant allusion à de prétendus vices dans la loi, et à des bénéfices ima-
ginaires et frauduleux attribués au commerce du sucre exotique.
Comme ces allégations sont on ne peut moins fondées, il est vraiment
peu charitable de la part de monsieur le ministredelesavoirarticulées
à la charge de ce commerce, alors précisément qu’il lui était aisé de se
convaincre qu’il apportait bien légalement à 1 Etat sa contribution et
une contribution toujours croissante encore.
Si à propos de diminution de recette probable, monsieur le minis-
tre s’était attaché à démontrer comme il l’a fait depuis, qu’il fallait
s’en prendre uniquement aux empiétements du sucre de betteraves, il
serait resté non-seulement dans le juste, mais aussi dans le vrai.
L’on trouve, en effet,danssa réponseaux demandes de ia2mo section:
que 4 millions de sucre indigène supposés être entrés dans la consom-
maiion ont empêché l’emploi de 8.877,252 kil. sucre exotique, l’ex-
portation de 4,655.845 kil. de sucre raffiné et de pins une recette de:
fr. 298,782 49 c. (Ici le ministre omet de nouveau dans son calcul
les 10 p. c. de timbre collectif).
Ainsi, 4 millions de sucre de betteraves ont fait perdre au trésor sur
8,877,252 kil. de sucre exotique non-employé à cause d'eux :
1“ Le lO™ à 3-70 ) , 8n fr. 328,458-32
ƒ 4"eu 97,649-77
FEUILLETON.
A NOS UEUTKICES.
Voilà le carnaval, ou du moins il approche. Que le plaisir vous fasse
un hiver tout de joie et de fêtes ou qu’il vous donne de ces tièdes et
douces soirées toutes de causeries et de bonheur... Nous redoublons
d’efforts pour que le choix des articles qui sont plus particulièrement
de votre ressort puisse mériter vos suffrages. Tous les jours, nous nous
créons dé nouvelles relations, et nous travaillons à ce que notre journal
devienne une collection que l’on puisse relire, même lorsque le temps
aura ôté quelque charmeà la collaboration denos spirituels rédacteurs.
Les livres qui ne vivent qu’un jour ressemblent aux fleurs sans par-
fum, que l’on aime seulement pour leur fraîcheur, tandis que la rose
oubliée dans un coffret, le parfume de longs jours.
Faites à notre journal un petit coin dans votre famille, elle n’y trou-
vera jamais ni des couleurs trop vives, ni de dangereux conseils; aidez-
nous de Vos avis, apprehez-nous à vous piaire, vous nous trouverez do-
ciles et reconnaissants. .
A nos feuilletons, à nos causeries parisiennes qu’il ne faut pas confon-
dre avec nos lettres parisiennes trop sérieuses pour vous plaire, nous
aurons toujours soin de joindredes articles d’à-propos,et nous commen-
cerons aujourd’hui par vOus parler de la danse, cet exercice salutataire
flue vous ne pouvez pas trop aimer. Honny soit qui mal y pense, prenez
cela pour devise, et lisez ce qui va suivre :
DÉ LA DANS 13.
Chers enfants, dansez, dansez.
Votre âge
Echappe à l'orage :
Par l'espoir gaiment bercés,
Pansez, chantez, dansez.
De Béraxgër.
Je,s érudits, gens entêtés et querelleurs. Si jamais il en fut, ne sont
ï ,'nt encore d accord entre eux sur lé nom de l’inventeur de la danse,
sniv Uennent P°ur Castor et Pollux, les autres pour Minerve qui,
dl. rl .CP“ïC',flL()cs saills cadencés pour marquer sa joie de la chute
danoJ J ’ l0ut 1 0|ymPe’ a l’exemple de la chaste déesse, se mit à
nser dans un galop général, et de là sans doute l’origine du bal.
*ous les peuples heureux.dansent, car la danse est presqu’en tous
2- Le droit de douane à 1-10
francs 426,108-09
Ceci est pour 1839, et basé sur une quantiléque Monsieur le minis-
tre dit être inférieure à la réalité.
Nous croyons ne pas exagérer, en portant celle de la 'production de
1840 à 6 millions, de sorte que pour cet exercice ces 6 millions auront
empêché ou empêcheront l’emploi de 13,300,000 kil desuc.br.exotiq.,
l’exportation de 7,000,000 » » raffiné;
enlèveront ainsi au commerce 20,000,000 » à vendreetjlransp.
et au trésor une recette de francs 639,162-13 !
Mais ici est venu surgir la crise dont se plaignent les raffineurs de
sucre en général et particulièrement ceux d'Anvers ; car d’une part la
production croissante du sucre indigène, d’une autre part i'emploi as-
cendant du sucre decannes, ont déterminé la perturbation actuelle, et
l’exclusion de ce dernier ne saurait plus être une question pour per-
sonne, en présence de l’immunité complète dont jouit son rival, puis-
qu’il est notoire et par l’enquête faite dès 1838 en France, et par les
propres aveux des fabricants, qu’il peut être produit et vendu à aussi
bon compte que le sucre exotique en entrepôt.
Cependant,il ne faut pas croire que l’exclusion du sucre exotique ne
fera subir au commerce et au trésor que la perte des quantités et des
recettes ci-dessus ; le sucre exotique était une source de prospérité
bien plus grande, sans les funestes avantages accordés à son rival.
Pour preuve, nous citerons les quantités qui ont été employées en Hol-
lande en 1840, sous une législation à peu près équivalente, et qui se
sont élevées à 55 millions pour la mise en fabrication,et à 75 millions
pour la totalité des importations. On peut donc admettre que depuis 3
ans nous aurions atteint ce chiffre en Belgique avec une population de
4 millions d'âmes contre 8, si depuis triois ans la betterave n’avait pas
fourni à peu près la moitié de la consommation.
Ainsi, sans cet obstacle et dans la supposition où en raison des
différences législatives des deux pays, il ne serait mis en fabrication
en Belgique que 50 millions, il en serait résulté une recette de, à 480
par 100 kil. pour le 10me et le droit de douane de francs 2,400(000*
et un mouvement commercial immense.
Voilà quel était l’aVenir des sucres exotiques ! Il est incontestable,
la recette ascendante de 1888 à 1840 est là sous dos yeux; la Hollande
n’est qu’a deux pas, chacun peut s’enquérir de la vérité de ceque nous
avançons.
Voilà quels sont et quels seraient les résultats de la loi actuellement
eb vigueur.
Etablis comme ils le sont sur des données irrécusables, il n’est plus
permis à personne de les méconnaître ni de prélexter cause d’ignoran-
ce ; ils doivent suffire pour démontrer que la loi qui les amène ne sau-
rait être vicieuse, et avant de les juger par ses détails comme on le
fait presque généralement, on devrait bien se donner la peine de les
étudier el surtout de les comprendre.
Du reste, sur les détails comme sur les résultats nous serions en
mesure de défendre la loi sur toutes les accusations que ses détracteurs
articulent contre elle; mais comme cela n’est pasesseuliel ici, nous nous
contenterons de prier messieurs les membres de la Chambre des re-
présentants qui bientôt auront à s’occuper de la question, el qui
pourraient désirer quelques explications sur ces détails, de recourir
au mémoire que les raffineurs de sucre à Gaud ont publié sur la ma-
tière.
Nous ne dirons qu’une chose qui est de notoriété publique, c’est que
le sucre raffiné est depuis long-temps à très bon compte* à si bon
compte que les fabricants de sucre de betteraves vont jusqu’à dire
que le sucre de cannes se vend sans aucuneaugmentation de droits dans
le pays ; mais si c’est là une exagération, nous pouvons au moins en
tirer cette conséquence que la loi n’est pas vicieuse sous le rapport le
plus importantjCelui qui mettrait le raffinage de sucre exotique à char-
ge du consommateur.
Ainsi pour nous résumer, voilà ce qui est bien constaté : Le sucre
exotique payera cette année au trésor :
1,150,704 francs et il pourrait payer 2,400,000 francs. Il a fourni
au commerce et à la navigation une quantité de 38 millions en sucre
brut el raffiné et il pourrait en fournir 80, en outre sa fabrication est
d’autant plus productive quelle devient plus étendue, et par cette éten-
due même qui la soumet aux effets de la concurrence, elle diminue
d’autant plus efficacement les légers sacrifices que la loi a institués eu
sa faveur, quelle les compense des avantages commerciaux toujours
plus nombreux.
En regard de ces faits, il deviendra, ce nous semble, difficile pour
les protecteurs de la betterave de justifier leurs récriminations.
Il ressort, en effet, des calculs de M. le ministre des finances comme
nous venons de le faire voir, que la production de 4 millions de sucre
indigène a privé le trésor d’une recettede 426,108-09 francs el comme
M. le ministre déclare en outre que ce chiffre de 4 millions est inférieur
à la réalité, que celui de la production de 1840 doit s’évaluer à 6 mil-
lions an moins, il est de la dernièreévidence que le sucre de betteraves
marche à pas de géant vers l’expulsion de son rival et qu’alôrs il aura
privé le trésor des 1,150,000 francs de l’exercice de 1840 ou plutôt des
francs 2,400,000 de la recette dont nous avons indiqué les éléments.
Mais indépendamaient de cette privation de recette pour le trésor,la
prédominance du sucre indigène fera disparaître les bas prix que la
loi actuelle imprime au sucre exotique et il en résultera pour le con-
sommateur un impôt payé aux fabricants égal à peu près à celui de
l'intégralité du droit actuel.
Ou ne dira pas que nous exagérons en l’évaluant à 35 francs pour
100 kil. ou à 4,200,000 sur les 12 millions auxquels on porte la con-
sommation.
C’est cependant vers ces désastrueuses conséquences que rloiis mène
le statu quo, car rien n’empèche qu'en 1841 la production du sucré
de betteraves ne soit de 7 à 8 millions,et l’on conviendra qu il faut une
bien grande soif de bénéfices, une bien grande confiance dans l’aveu-
glement où le gouvernement est resté plongé jusqu’à ce jour, pour
oser demander à la législature des dispositions plus hâtives !
Cette âpreté à la curée donne la mesura exacte de la sincérité dé
leurs plaintes, de l’empressement qu’ils mettraient un jour à se sou-
mettre bénévolement à un impôt comme ils en prennent l’engagement
dans leur mémoire.
En première ligne, les Chambres conlprendront qu’il rie peut être
apporté aucun changement à la législation actuelle en ce qui concerne
le rendement; car hausser le rendement c'est donner un stimulant à la
betterave, parce que c'est évidemment augmenter la valeur dri sucre
exotique qui se consomme dans le pays, par la raison bien simple que
la fraction par 100 kil. destinée à y rester après apurement des 9jl0
deviendrait plus petite et que c’est sur cette fraction qu’incombe tout
ce qui se paie sur 100 kil. à l’entrée.
Mais nous ne pouvons croire que les Chambres et le minisire sé
borneront à celte mesure d’inertie, et qu’ils resteront sourds aux puis-
santes raisons d'équité, de bonne économie politique qui exigent im-
périeusement que le sucre de betteraves soit comme en Hollande assu-
jetti à la loi commune sur la matière. C’est le seul moyen de maintenir
notre rivalité commerciale avec ce pays et c'est le moins que l’on puisse
faire; car il est probable que le sucre de betteraves, produit du sol et
par cette raison difficile à atteindre par le fisc, ne payera pas de cettë
manière la moitié Je l'impôt.
Nous le répétons ici, avec l’exposé qui précède il n'est plus permis à
personne de prétexter cause d’ignorance et dedire:je ne comprends pas;
ce sont les faits qui parlent. Qu'on y songe donc sérieusement; car
c'est une question de vie ou de mort pour le commerce et la navi-
gation.
Si le gouvernement ne prend pas des mesures de conservation, on
peut considérer comme nulles toutes les tentatives pour entreteüir nos
relations avec les colonies ; on peut supprimer la prime pour les con=
slructions des navires; on doit renoncer au commerce de transit avec
l’Allemagne, but principal du chemin de fer; on peut en un mot dire
uu éternel adieu aux éléments de prospérité commerciale qui nous
restent.
Mais nous avons foi dans les lumières des deux Chambrés, ridus
avons foi dans le patriotisme bien reconnu du ministère; ils ne vou-
dront pas laisser plus long-temps le pays exposé aux malheurs dont il
lieux l’expression vive et animée du bonheur. C’est par la danse qu’ils
signalent leur allégresse. C’est elle qui apparaît dans toutes leurs fêtes
triomphales, qui tient le premier rang entre toutes leurs réjouissances.
Cependant, au dire du père Pelleprat, quelques hordes de l’Amérique
font parler leur deuil et leur désespoir dans des danses extrêmement
caractéristiques; mais un exemple ne fait point exception à la règle.
Les Spartiates et les Crélois allaient en dansant à l’assaut, et c’est de
là que vient sans doute ce dicton populaire, commencer la danse, entrer
endanse, que pendant vingt ans de triomphes ont répété nos braves
légions en courant à Berlin ou à Vienne. — Les plus jeunes moustaches
voulaient entrer endanse, mais les plus vieillesse réservaient l'honneur
de la commencer ! Il était juste que les usages des peuples belliqueux
devinssent notre héritage, et nous avons encore aujourd’hui la préten-
tion de le garder quand même ! !
Cependant, toutes les nations de l’antiquité n'honoraient pas égale-
ment la danse. Elle n’était permise qu’au théâtre chez les Romains, ou
seulement durant les saturnales où toutes les folies étaient tolérées. —
On assure que Tibère chassa de Rome tous les danseurs ; que Domitieit
dépouilla de la toge des sénateurs pour avoir dansé. — A notre avis,
cela ne prouverait qu’une chose : c’est que les méchants princes sont
les ennemis de la joie.
Quand on examine la danse en elle-même, quand on réfléchit à l’in-
nocence de ce plaisir du jeune âge, on ne comprend pas qu’elle ait pu
éveiller les colères d'un si grand nombre de docteurs. — On comprend
encore moins l’anathème dont l’ont frappée des sages, des esprits élevés
parmi lesquels on regrette d’avoir à nommer Addisson. Les ministres
de la religion réformée, les sectateurs de Luther et de Calvin, se décla-
rèrent ses plus ardents antagonistes. Genève, cette ville de l’industrie,
de la philosophie et de la liberté, aurait puni, à une époque qui n’est
pas encore fort éloignée de nous, l’imprudent mênestrier dont le violon
serait venu, un jour de noces, inviter les jeunes filles à danser.
« Les papistes ne voulurent point laisser aux protestants seuls l’hon-
neur de fulminer contre la danse. Ils oubliaient les uns et les autres que
dans la Bible leur Livre Sacré, 11 est écrit : Il y a Un temps pour danser;
quelquefois même on en fait un acte de religion. Et n’est-ce pas ainsi que
pour marquersa pieuse allégresse du retour de l’arche sainte dans Sion.
David dansa devant elle?
Le cardinal Palavicini dit quelque part que, pour faire une plus bril-
lante réception au roi d’Espagne. Philippe II, le Concile de Trente lui
donna un bal, et que le cardinal de Mantoue, l’ayant ouvert, en sa qua-
lité de président de l’auguste concile, les pères dansèrent avec autant dé
modestie que de dignité.
Plaisir connu du monde entier, la danse sembla long-temps plus ai-
mable, plus gracieuse chez nous que chez aucun peuple de l’ùnivërs..:
A la ville, aux champs el à la cour, la danse était le divertissemant fa-
vori de la bourgeoisie, de la plèbe et des grands ; l’on peut remonter
jusqu’aux anciens jours de ces valeureux Gaulois, dont nous réclamons
la paternité, sans perdre la trace de cet amour pour la danse qui est
propre à notre pays.
L’un des plus grands monarques, le majestueux et galant Louis
XXV, ne dédaigna point, dans des occasions solennelles, de se mêler aux
danses des seigneurs de sa cour, et même à celle des artistes chargés
du soin de l’amuser. Avant lui, Marguerite de Valois, cette princesse
qui, avec un cœur Si tendre, possédait une tête si folle, aimait passion-
nément la danse, et les vieilles chroniques de N érac en ont gardé lé
souvenir.— Une autre princesse, une fille de la flegmatique Angleterre,
Mathilde, reine de Danemark, montra également Sa prédilection pour
la danse.
La Terreur, — rouge encore du sang dont elle avait inondé leS pla-
ces; la Terreur avait à peine reployé ses terribles bannières, que déjà
I on dansait à Paris, à Bordeaux, à Lyon, à Nantes, à Rennes; partout.
— A Paris, — une réunion dansante avait pris le titre de bal des victi-
mes. Tous ceux qui dansaient là, portaient des vêtements de deuil.
Les jours de l’empire ne furent pas moins favorables à la danse, et hôS
jeunes officiers, après avoir battu pendant huit ou dix mois de l’année
les phalanges autrichiennes et russes, revenaient attendre le réveil du
printemps uu milieu des bal9 riants que préparaient toutes les villes dé
France, comme pour se réjouir du retour de leurs enfants bién-aimés.
Ces vaillants officiers, ces capitaines souvent imberbes dansaient aus-
si bien qu’ils se battaient. Us étaient aussi habiles à faire un entrechat
et une pirouette qu’à manier la lance ou l’épée.
Maintenant il n’en est plus ainsi, et quand la danse théâtrale fait cha-
que jour des progrès plus merveilleux,/» danse intime,la danse de socié-
té, de bonne compagnie s’annihile el ne garde plus aucun charme. Les
joyeuses contredanses où les femmes et les hommes mêmes déployaient
naguère tant de légèreté el degrâees dans des pas élégants et cadencés
nos contredanses ne sdut plus qu’un assemblage symétrique de couples
d’individus des deux sexes qui marchent et glissent Sur le parquet com-
me des automàtes, qu’aucune passion n’anime, qu’aucun sentiment n’é-
meut. . . . ,
La charmante gavotte, de madame Garder et de Vestris, Si pleine de
décence et d’attrayantes poses, n’a point été remplacée ; il n'est pas à
présumer que pour la faire oublier, les mères de famille soient fort dis-
posées à recevoir la cachuclia dans leurs salons. Quoique lé cancan ait
franchi l’espace qui éxistait entre lagrande Chaumière et legrand O périt;
quoiqu’il s épanouisse maintenant sous l’archet de Musafd; à l’Acadê- |