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AWîîïlS BSdutindie 93 Janvier.
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ON S’ABONNE :
A Anvers au bureau du Précur-
seur , Bourse Anglaise , N° 10-40
en Belgique et à l’étranger dieu
tous les Directeursdes Postes.
Journal Politique, Coraercia!, Maritime eî Littéraire.
PAIX. — LIBERTÉ. — PROGRÈS
ABONNEMENT PAR TRIMESTRE
Pour Anvers, I5fr.;potirlapro-
vinee 18fr.; pour l’étranger 20 fr.
Insertions25centimes la ligne.
Réclames 50 » »
Séance sle 3a Chambre.
SSJuin 1er.
La discussion du budget de la justice a enfin été close hier et
le premier vote émis. Le second le sera demain sur l’ensemble.
Nous nous bornerions à signaler celait, parce que les débats,
en tant qu’ils se sont attachés au budget môme, n'ont pas pré-
senté grand intérêt, si, à propos de ce budget, de fort singu-
lières doctrines n’eussent été mises en avant par les chefs du
parti catholique.
Ainsi, méconnaissant l’esprit de la loi qui a placé la fortune
des pauvres en tutelle,et a voulu qu’elle fût confiée à des hommes
responsables, à qui compte en serait demandé, sous la sauve-
garde de l’Etat, MM. Malou, Dedecker, et d’autres, voudraient
que, revenant à l’ancien régime, on remit au clergé le soin
presque exclusif de distribuer des secours à ceux qui souf-
frent. «Sous le rapport du temporel du reste, comme pour
l’instruction, comme pour la bienfaisance, il faut, a dit le pre-
mier de ses orateurs, maintenir, non pas le système de la ré-
volution de 1789, mais bien le système historique belge, le sys-
tème qui existait en Belgique, pour la bienfaisance, pour l’in-
struction, bien longtemps avant celte révolution. » — Et
l’homme qui émet de telles idées trouve fort étonnant que son
système puisse paraître à qui que ce soit une aspiration vers
l’ancien régime ! c’est, selon lui, le seul vrai, le seul national, le
seul social.
C’est aussi la pensée de M. Dedecker : a L’aumône faite par
le prêtre, a-t-il dit, peut seule moraliser les classes inférieures
de la société, et tout système contraire est un système de réac-
tion contre le clergé. »
S’imaginerait-on jamais que l'homme qui a tenu bier un pa-
reil langage soit précisément celui qui, accusait, il y a deux ans
à peine, MM. de Thenx, Malou, Dechamps et consorts, de mé-
connaître l'esprit et les besoins de notre époque, de commettre
un anachronisme, de jeter un défi à l’opinion publique ? Non
certes, et cependant, c’est bien lui, le même M. Dedecker,
commettant un anachronisme bien aussi gros que celui qu’il re-
prochait à ses amis.
L’éloge des principes qui ont été posés en 1789,et dont nous
recueillons maintenant les fruits avec une sécurité que nous
ont faite les efforts courageux et les sacrifices de nos pères ;
leloge du grand acte auquel nous devons d’être ce que nous
sommes, lui a paru une espèce de monstruosité dans la bouche
d’un ministre du roi des Belges ? Mais y aurait-il une Belgique
indépendante, un roi des Belges sans cette révolution, et M.
Dedecker aurait-il l’insigne honneur de représenter son pays
dans une chambre élective ? — Non ! il y a donc ingratitude
en même temps qu'anachronisme, et M. le ministre des travaux
publics a trouvé des paroles éloquentes par leur vérité même
lorsqu’il s’est écrié : a quand nous avons reçu de père en fils,
avec le sang, le souvenir des ignominies qui ont pesé si long-
temps sur ie Tiers-Etat, nous devons dire que ç’a été une ma-
gnifique révolution que celle de -1789, et nous devons plaindre
les insensés qui renient cette mère qui, Parias nous a faits Ci-
toyens, et a mis en pratique de nouveau celte belle religion du
Christ, le principe de l égalité.»
Et, parce que l’on veut se tenir dans les bornes du système
social et gouvernemental qui a surgi de cette révolution, il se
trouve des gens qui prétendent qu’il y a réaction contre le
clergé, atteinte à la religion elle-même, menacée dans son culte
pour ne pas dire dans son existence ! C’est en vérité à n’y pas
croire, et cette prétention seule suffirait au besoin, pour nous
montrer quel sort nous réserverait la théocratie, dont lesaspi-
rations se rattachent par de séduisants souvenirs au système
historique de M. Malou, si l’on n’eût mis un frein salutaire à
ses tendances et à ses empiètements sur l’autorité civile.
La santé de Louis-Philippe.
On nous écrit de Paris, 22 janvier :
Pas plus tard qu’avant-hier, 20 janvier, Louis-Philippe, qui
n’ignore pas tous les bruits que les spéculateurs à la baisse ré-
pandent sur l’état de sa santé, appela l’un de ses ministressous
le prétexte de causer d’affaires, et pendant deux heures con-
sécutives il se promena avec ce ministre dans l’une des gran-
des galeries des Tuileries; il le fatigua au point qu’il fût obligé
de demander grâce au royal interlocuteur.
Qu’on juge d’après cela s’il existe une santé moins suscepti-
ble d’alarmer que celle d’un monarque qui sent le prix de sa
conservation, et qui est doué d’un tempérament des plus ro-
bustes,que le régime le plus régulier entretiendra encore long-
temps dans toute sa force, du moins nous aimons à l’espérer
comme tous les amis de la paix, de l’ordre et de la tranquillité.
C'est un bien grand hommage que les ennemis de ce monar-
que lui rendent en reconnaissant toute l’importance qu’on doit
attacher à la régularité plus ou moins grande de ses pulsations !
On lit dans le Moniteur :
Il résulte d’un rapport que le gouvernement a reçu de la légation de
Belgique à Rio de Janeiro, que. sous le régime établi par le décret im-
périal du 1' octobre 1847, les navires belges jouiront du traitement na-
tional au Brésil, soit qu’ils viennent directement de Belgique, soit
qu’ils viennent d’ailleurs.
ST A SLIK.
La Palria du 15, contient ce qui suit: Il a été communiqué aux offi-
ciers de l’armée sarde. un ordre souverain qui déclare finir brusque-
' jum les congés pour toute classe de soldats. Ceux-ci, doivent rejoin-
dre immédiatement leurs corps.
Be même journal contient l’article suivant, sous la rubrique de Flo-
rence|:
Cette nuit est arrivé ici le marquis de Ridoffi, ministre de l’intérieur.
Livourne est tranquille.
— On lit dans Vllalia, sous la rubrique de Turin :
Les choses commencent à prendre un aspect sérieux en Piémont,
une classe des provinciaux est appelée sous les armes. Deux compa-
Smes d’artillerie sont parties pour Alexandrie et Novare avec diverses
batteries Ce régiment Aosla-Cavaleria est parti pour Alexandrie. —
cenes se met sur le pied de guerre.
J’aprèstitip lettre de Civita-Vecchia du 12 la frégate à vapeur na-
po Haine Cliai 1rs III, est partie de Naples pour Syracuse, ce qui adonné
en au bruit qu’une insurrection avait éclaté dans cette ville.
trnn°|liS a,vons dit, d’après le Sémaphore de Marseille, qu’il y a eu des
suiva it MeSS*ne' ,je Nouvelliste du 18 donne à ce sujet, les détails
» Il y a eu à Messine, dit ce journal, dans la journée du 6 courant,
une manifestation de regrets en faveur du procureur du roi. 51 Vi-
gnule, transfér é dans une localité inférieure, oarce qu’il n’avait pas se-
condé le général Bandi dans ses rigueurs contre la population de Mes-
sine avec toute l’ardeur que celui-ci aurait désiré.
» Le matin de ce jour, on aperçut exposée sur la principale place
luie grande immage allégorique représentant la ville de Messine
en pleurs. Tous les habitants accoururent et donnèrent, sans que l’or-
dre fut troublé,les signes les moins équivoques de leur sympathie pour
cette muette mais éloquenteafiusion.
Dans le commencement, la police ne savait trop quelle contenance
tenir ; mais enfin, reprenant courage, elle se jela sur un groupe, et un
conflit partiel eut lieu, dans lequel trois soldats furent gravement mal-
traités ou tués, assure-t-on.
» Ceci avait lieu à trois heures de l’après midi Quelques heures
après, la population inondant la ville; hommes, femmes, enfants, par-
couraient les rues, suivant des drapeaux tricolores etdivers emblèmes
patriotiques, aux cris de vive l’indépendance italienne! vive la Consti-
tution. etc, etc.
» Celte démonstration, pendant laquelle les trouèps s'étaient reti-
rées, s’est prolongée jusqu’à dix heures du soir, et a été renouvelée au
théâtre sans que l’ordre ail été troublé.
» Dans la soirée, pendant que les groupes se retiraient, deux fac-
tionnaires, alarmés sans doute par ce mouvement inusité, ont fait feu
sur des personnes, dont deux ont été atteintes.
» Le lendemain, les choses avaient repris leur cours habituel ; il ne
faudrait pas pour cela, que le gouvernement se fiât aces apparences de
calme. L’irritation des Siciliens est au comble, et la moindre étincelle
peut faire éclater un terrible incendie.
» Une lettre particulière de Naples dit que les jeunes gens qui
avaient pris part à la démonstration de Naples du 14 décembre, et qui
ont été mis en liberté par le tribunal, ont reçu l’ordre de s’éloigner du
royaume, ce qui a indisposé contre le roi les famillles nobles auxquelles
ces personnes appartiennent. »
FKAHIUR.
Paris, 2! janvier.— La chambre des pairs s’est réunie aujourd’hui en
séance publique pourentendre une communication du gouvernement.
Mais le ministre dé l’instruction publique qui devait la faire, ayant (ait
Savoir qu’il ne serait prêt à présenter son projet de loi que lundi ou
mardi, la chambre s’est séparée en s’ajournant à ce dernier jour.
— Hier, trois énormes chariots à quatre roues, chargés d’énormes
et magnifiques blocs de marbre brut noir et veiné sont arrivés aux
Invalides C’étaient, disait-on, les blocs de porphyre donnés par l’Era-
reur de Russie, pour construire le cénotaphe du tombeau de l’empe-
reur Napoléon.,dont les constructions vont bien lentement.
La cour du Dôme est encombrée de matériaux et d’ateliers baraqués
dans lesquels quatorze ou quinze artistes sont à sculpter, les statues,
médaillons et bas-reliefs qui vont décorer la grande tombe dont le
gros œuvre est à peu près terminé.
— La Compagnie havraise des paquebots transatlantiques va subir
d’importantes modifications. Son capital va être porté de 2 à 5 millions,
et elle se constituera en société anonyme. M. Héroull se retirant, a
proposé pour sou successeur M. Boisgérard. maire d’Ingouville,autre-
fois chef et associé de la maison Bonuafé et Boisgérard.
Le service entre le Hâvre et New-York sera repris aussitôt la mise en
état des bateaux.
On sait que les paquebots du Hâvre étaient au nombre de 4 : l'Union,
le Missouri, le Philadelphie et le New-York, chacun de 450 chevaux et
de 2,ô00 tonnes.
Chambre des Députés.
Séance du 21 janvier.— (Présidence de m. saiizbt.)
A une heure et quart, la séance est ouverte.
Il est donné lecture du procès verbal sur lequel M. Bichon des Brus
demande la parole.
M. richon des brus. La chambre se rappelle le débat qui a eu lien à
la fin de la séance d’hier entre l’honorable M. Garnier Pagès et moi.
Une expression trop vive, que tous les journaux ont reproduite, lui est
échappée; j’attends de sa loyauté delà retirer. Je maintiens formelle-
ment l’exactitude de mon assertion, mais alors même que je me serais
trompé, mon honorable collègue, en m’accusant d’erreur, ne peut
m’accuser de mensonge.
u. le président Je n’ai pas entendu le mut dont on se plaint, et je
crois que les journaux ont pu dénaturer l’expression !
m. garnier-pagès. Jedemanue que le fait dont il est question soit
vérifié de bonne foi entre M. Bichon des Brus et moi; si je me suis
trompé, non-seulement je suis prêt à le confesser, mais à retirer mon
expression.
m richon des brus. J’insiste pour une réponse plus précise, eussé-
je commis une erreur, mon honorable collègue ne peut vouloir m’ac-
cuser de mensonge.
m. garnier pagés. Que le fait soit éclairci (Rumeurs, cris à l’ordre !).
M le président. Le débat ne peut s’établir sur ce terrain. L’hono-
rable M. Pagès reconnaîtra qu’en aucun cas. il est contre tous les usa-
ges parlementaires qu’un membre de cette chambre soit accusé publi-
quement de mensonge J’insiste pour que l’honorable membre retire
son expression.
m. garnier-pagès garde le silence.
M. richon des rrus. M. le président a fait entendre des paroles gra-
ves, mais jusqu’ici M. Garnier-Pagès n’a pas cru devoir les consacrer
par son adhésion ! son silence est une aggravation d’injures ! (Agita-
tion ! interruption.)
u. le président. Je prie M. Garnier-Pagès de ne pas le refuser.
(Bruit)
m. garnier pagès Je fais appel aux sentiments d’honneur que tout
homme porte dans son sein ! En présence de provocateurs.....(Non !
non ! exclamations, rumeurs.)
une voix a GAtXHE. Je demande l’ordre du jour ! (Non ! c’est à l’or-
dre !).
Après quelques mots de M Bethmont. M. le président se hâte de
clore l’incident, malgré d’assez nombreuses réclamations.
L’ordre du jour indique les interpellations de M. Barrot.
M. Barrot se dispose à prendre la parole, quand M. Chegarny ré-
clame l’ordre du jour, motivé sur l’mcident, comme une manifestation
de la chambre.
m. Oüii.ON barrot. Je croyais l’incident terminé, mais si l’on insiste.
(Oui ! oui !)
M. Barrot descend de la tribune.
u. nEi.AROCHEJAQCEi.iN En demandant un ordre du jour motivé on
ne ferait qu’envenimer le débat! cela ressemblerait à une provocation.
Après quelques mots de M. ie président la patole est rendue à M.
Barrot.
ai. ODit.i.ON barrot. Le projet de loi qui vous a été apporté n’a pas
désintéressé le débat, il n’a fait que l’aggaver et le compliquer ! Le re-
mède trahit le mal.
Le fait qui a éveillé la sollicitude de l’autre chambre a provoqué des
explications qui veulent un complément II n’y a eu jusqu'ici ni dis-
cours ni démenti. J’ai regret même de déclarer que les faits dont il est
question et dénoncés dans un mémoire que nous connaissons, sont
appuyés de pièces authentiques dont l'honorable M. Bethmont tn’a
donné communication.
Précisons les faits :
En 1841, M. B rtin de Vaux est venu dire à M. Petit : Je vous ferai
nommer référendaire de 2e classe à la cour des comptes, mais à la con-
dition que vous apporterez à M. Guizot une démission de référendaire
de lre classe.
M. Petit s'est mis en campagne et bientôt il a obtenu la démission
de M fieront, moyennant une somme de 50,000 fr. Mais cette démis-
sion fut retirée ensuite! M. Petit s’obstinait néanmoins ; de là quel-
ques débats qui se trahirent au dehors; et dont l’écho retentit jusque
dans celte enceinte et coupa court à la négociation.
Mais en 1846 elle fut reprise de nouveau : M. Génie, d’après l’auteur
dti Mémoire, aurait promis à 51 Petit de lui faire Obtenir la recette de
Corbeille à la condition de donner une démission de référendaire de i*
classe. La démission fut obtenue moyennant 15,000 fr. et le 12 décem-
bre les ordonnances étaient signés !
Maintenant le point précis sur lequel portent mes interpellations
c’est sur la part directe et personnelle qu’un ministre du roi aurait eu
dans ces honteux tripotages ? C’est là ce qu’il importe de savoir et je
ie dis à regret, comment excuser le ministre alors que c’est le secré-
taire lui-même qui provoque la négocia!ion? M Génie n-t-il abusé de
sa position, alors pourquoi justice n’a-t-elle pas été faite?
Messieurs, voici les faits, les seuls faits sur lesquels porte l’interpel-
lation.
En présence de ces faits je ne vois que deux partis à prendre ou
une éclatante réparation, ou une solennelle expiration. (Agitation )
Quant à moi, selon la réponse qui sera faite, je suis prêt à l’une et l’au-
tre. (Agitation )
M. I.E MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES. Le discours que VOUS
venez d’entendre semble me convier à deux lâchetés... (Mouvement )
Je ne les ferai pas.
Voici la première : on recueille de petits faits, des circonstances
accessoires ; ou les groupe ; on enaggrave le fait principal qui occupe
la chambre.
On attend de deux choses l’une : ou j’accepterai cette responsabilité
ainsi aggravée et dénaturée, ou que j’entrerai dans le débat, dans la
discussion des faits, des circonstance» ; que j’essaierai de justifier,
d’atténuer ainsi ma part de responsabilité... Je n’en ferai rien...
(Très-bien! très-bien !)
Parmi les faits et les circonstances qu’on rappelle, |es uns sont faux,
les antres sont insignifiants. Des explications qui seront données par
plusieurs personnes, par l’honorable M. Lacave-Laplagne, ne laisseront
aucun doute àcet égard.
Je ne dis pas cela à la chambre, on le voit, pour éluder la vraie ques-
tion (Ecoutez ! écoutez !) pour échapper au vrai combat; mais je ne
veux pas entrer dans ce dédale d'insinuations, de combinaisons.de
faits donL les uns, je le répète, sont faux, et les autres insignifiants. Je
ne veux que la vraie question. (Très bien !)
Voici la deuxième lâcheté : on semble croire que, pour couvrir un
scandale, j’en révélerai d’autres ; que je rappellerai et des noms pro-
pres et des actes, beaucoup de faits spéciaux, analogues; que j’essaierai
de couvrir les faits dont on parle derrière d’autres faits du même gen-
re ; je ne le ferai pas.
une voix. Je le crois bien !
ai le ministre des affaires étrangères. J’entends dire : Je le crois
bien ! Je ne le ferai pas, parce que je ne veux pas le faire. ..(Adhésion.)
Je ne le ferai pas pour la dignité de la chambre et pour la dignité du
pouvoir que j’ai l’honneur de représenter.
une voix. Vous n’avez pas cette dignité /
m. le président du conseil.Je ne voudrais jamais étaler, afficher
sur le front du pouvoir, le catalogue de ses erreurs et de toutes ses
mauvaises pratiques. (Bravo ! bravo! )
On voudrait peut-être établir des dialogues et circonscrire le débat
entre les interrupteurs et moi; mais je ne crois pas que cela convienne
à la dignité de la chambre et du débat. (Très bien !) J’arrive donc au
fait, à celui d'une démission donnée, moy en liant une somme, avec to-
lérance et à la connaissance de l’autorité, Je dis cela, ni plus ni moins.
Il n’y a ni plus ni moins.
Eli bien ! messieurs, je le dirai sans rien apprendre à personne, ce
fait a été souvent depuis longtemps pratiqué, toléré. D’autres peuvent
dire que quand il a été pratiqué ou toléré, ils l’ont complètement igno-
ré Libre à chacun de tenir ce langage; je nele tiendrai pas.La première
condition de ce débat, pour l'honneur de la chambre et du pouvoir,
c’est la sincérité ; et ce n’est pas lorsque je viens repousser des accu-
sations fausses, que j’éluderai moi-même de dire la vérité.
Le fait, il s’explique par d’anciennes traditions, par les habitudes on
les lois actuelles. Ainsi que M. le garde des-sceaux vous l’a dit hier : le
fait était publiquement débattu, discuté, toléré ou contesté. J’ai des
preuves que de pareilles transactions ont été tolérées dans tous les
temps, elles sont nombreuses et positives
La question est celle ci : est-il permis d’obtenir, à prix d’argent, des
démissions d’emplois de finances comme cela était permis autrefois
pour certains emplois de magistrature?
En 1835, la cour royale de Bordeaux a décidé qu'une pareille conven-
tion ne contenait rien de contraire aux lois ni à la morale.
Ne croyez pas, messieurs, que je vienne ici me prévaloir de cet arrêt,
pour soutenir que cette pratique doit être continuée ; je ne me paie
pas de susceptibilités ; je ne me plaindrai jamais de voir se relever le
susceptibilité morales de mon pays ; je ne [ine plaindrai jamais de voî
tomber devant l’élévation progressive de nos sentiments et de nos
mœurs des abus longtemps tolérés, non-seulement par le pouvoir,
mais encore par la conscience publique ; que la conscience publique
devienne chaque jour délicate, je ne m’en affligerai pas. (Très bien !)
Mais cela ne m’empêchera pas de repousser les reproches qui nous
sont adressés; quand le gouvernement a vu se développer des exigen-
ces nouvelles et chaque jour plus nombreuses , il a vu là un avertisse-
ment dont il fallait tenir grand compte. Aussi n’est-ce pas d'aujour-
d’hui , n’est-ce pas depuis trois mois . c’est depuis deux ans que tout
abus de ce genre a été interdit. Je le répète , toute sollicitation de ce
genre a été écartée depuis deux ans.
Hier même , messieurs , le cabinet est venu vous demander les
moyens de mettre fin à ces abus, jusqu’ici tolérés, de consacrer par la
législation , cette susceptibilité plus élevée , qui s’est manifestée dans
nos mœurs et qui doit passer dans nos lois Je désirerais savoir ce
qu’aujourd’hiii ou pourrait faire de plus. Nous discuterons la loi; si on
la trouve trop indulgente, on pourra la rendre plus sévère ; mais c’est
là tout ce qu’on peut faire.
Je pourrais considérer dès ce moment la discussion comme termi-
née, niais j’ajouterai encore quelques considérations.
Je sais que quand ou est ministre on n’a guère le droit de demander
de la justice à l’opposition ; les partis, de nos jours, ne se croient pas
obligés d’être justes ; mais ne pourraient-ils pas être moins sévères
quand ils sont en présence d'hommes qui se sont voués aux affaires de
leur pays sans avoir jamais eu une autre pensée que de faire triom-
pher leurs opinions, sans aucun autre intérêt que celui du pouvoir.
En présence de ces hommes, il me semble que ce qui se passe aujour-
d’hui dépasse la limite ordinaire des attaques. (Oui ! oui !)
Je veux me servir des termes les plus modérés ; je ne veux pas par-
ler de cette obstination de l’opposition de concentrer les attaques sur
un seul homme : je ne le veux pas ; mais je puis dire que cela dépassa
la mesure ordinaire des attaques de l’opposition, la mesure de la jus-
tice et de la vérité (Très bien !)
Ce n’est pas moi qui blâmerai mes honorables collègues de l’opposi-
tion d’être aussi rigoureux que possible dans les questions de moralité
publique, mais pour moi, qui n’ai pas. comme eux, la prétention d’être
le seul défenseur de celle morale, je dirai que le parti conservateur est
le plus exact et le plus vigilant gardien de la moralité publique. (Oui !
oui !)
Les hommes que ce parti honore de sa confiance en sont dignes,
mais nous avons recueilli après tant d’agitations politiques un héritage
bien lourd, c’est notre devoir de nous efforcer de réformer les abus qui
s'étaient continués.
Nous travaillons à épurer tous ces éléments; c’est dans ce sens que
notre politique se développe; si le parti conservateur n’a pas la con-
fiance que nous répondions surce pointé sa pensée, qu'il nous attaque,
qu’il nous renverse et qu’il cherche des hommes qoi le représentent
mieux.
Mais quel que soit son arrêt, nous avons besoin de n’étre pas un mo-
ment arrêtés dans notre lâche laborieuse, nous avons besoin que lu
parti conservateur nous soutienne de tonte sa force.
Si le moindre affaiblissement devait venir de lui dans la lâche diffi-
cile que nous poursuivons, je n’hésite pas à dire, pour mon compte et
pour celui de mes amis,que nous ne l’acceptons pas un seul instant...
(Vif assentiment.)
La séance est suspendue pendant plus d’une demi heure; la chambre
est en proie à une vive agitation.
ai. dufaure. Je demande pardon à la chambre d’interrompre un mo-
ment ce grave débat ; le nom de mon honorable ami M. Hippolyte Pas-
sy a été prononcé.
Il esldit dans ce mémoire que c'est pour rendre vacante line place
de référendaire de D'classeau profil de M. Féiix Passy, que la négocia-
tion dont on parle a eu lieu.
L’honorable orateur déclare que M. Félix Passy, référendaire de
deuxième classe depuis 1832. a été nommé à la première classe, en ver-
tu d’uue promesse faite par M. Humann. ministre des finances.
m. oim.ON barrot. Ce débat ne peut se prolonger ; il y a longtemps
qui je savais que dans les questions de politique nous ne nous com» |