Full text |
ÏjC Précuïscnr
et travailler pour ainsi dire à comprimer, par des lois fiscales,
à l'abaissement continu du commerce et de l’industrie. » Voici
ce qu’il faut lire : «...et travailler pour ainsi dire, par des
lois fiscales, à l'abaissement, etc » C’est ce mot à comprimer
qu'à tort on a laissé subsister dans l’article. L’intelligence de
nos lecteurs aura dû, au reste, faire justice de cette légère
erreur.
n b-: p is f:s i:x tau ts- Fuxtrr jo.w ai k es.
Le Journal de Bruxelles avait accusé le Politique d’une révoltante par-
tialité, parce que ce dernier n’avait appliqué qu’à M. Malou les principes
d’unité dans l'administration invoqués à propos de la manière dont le
député d’Ypres remplit son mandat à la chambre des représentants.
Voici comment le Politique se justifie : il prend à partie M. de Brouc-
kere, en sa qualité de gouverneur d’Anvers, et il taxe la conduite de ce
liant fonctionnaire d’inconstitutionnalité flagrante, parce que, fonc-
tionnaire d’étal, il a néanmoins persévéré dans son opposition au mi-
nistère. Nous remarquons surtout le passage suivant de la feuille toute
dévouée à M. Nothomb : (y
« M. de Brouckere n'a pas moins complètement méconnu ses devoirs
» constitutionnels, quand il est resté en fonction à la chute du cabinet’
• qui l’avait appelé, en raison d’une sympathie mutuelle d’opinions, au
» gouvernement d’Anvers ; car si les principes que nous avons profes-
» séssur l’aititude des fonctionnaires vis-à-vis du ministère qui les a
» mis en place doivent être surtout inviolables, c'est quand il s’agit des
» gouverneurs, représentants dans les provinces de la politique rninis-
• lérielle, et qu’on peutappeler les premiers agents de l’administration
• générale. » *,
Nous n’avons jamais, jusqu’à ce jour, vu professer avec plus d’impu-”
deur la doctrine du servilismeenvers les ministres. Ainsi, d’après le Po- '
lilique, il n’est pas un fonctionnaire de l étal qui ne doive être le très
humble serviteur du ministre, dans quelque position qu’il se trouve ;
et les représentants de la politique ministérielle, non-seulement dans
leur gouvernement, mais encore à la chambre législative. Ainsi, le pays
doit se tenir pour dit que le mandat de représentant, qu’il confie à un
fonctionnaire de l’état, n’est pas le moins du monde l'équivalent du
droit et du devoir de contrôler les actes du gouvernement, mais bien
au contraire l’équivalent d’une obligation de plus d'approuver ces mê-
mes actes toujours et quand même.
S’il était possible d’admettre une pareille doctrine, avec VAnnonce de
Bruges nous dirions aux électeurs : Vous faites preuve d’une insigne
folie, ou vous trahissez le pays, toutes les fois que vous envoyez aux
chambres un homme investi par le gouvernement de quelques fonc-
tions que ce puisse être, puisque vous savez à l’avance que cet homme
n’est pas plus indépendant sur les bancs de la chambre, qu’il ne l’est
dans les bureaux du ministère.
ALLEMAGKE.
Les journaux s’occupent de la publication clandestine d’un document
qui révèle certaines résolutions prises à Vienne, en 1854, parles souve
rains allemands. Vendredi 5, écrit-on de Carlsruhe, un libraire de celte
ville.wembre de la chambre des députés, a reçu de F., franc de port
et sans indication du nom de l’expéditeur, un ballot de livres pesant
environ un demi quintal.En l’ouvrant, il l’a trouvé renfermé dans une
seconde enveloppe cachetée, et adressé à la secondechambre des états
de Bade. Il l’a donc envoyé immédiatement à la chambre sans en con-
naître le contenu.
En l’ouvrant à son tour, l’archiviste l’a trouvé composé d’autant de
petits paquets cachetés qu’il y a de membres dans la chambre. Ces pa-
quets composés de 2, 3 et jusqu’à 0 exemplaires de l’ouvrage portaient
chacun une adresse différente: il yen avait un pour chaque membre de
la chambre. Le secrétaire les leur a fait distribuer, et ces messieurs n’ont
pas été médiocrement surpris de trouver qu’ils se composaient d'un
écrit, qui, si l'on s’en rapporte à son titre, contient les résolutions se-
crètes de la conférence de Vienne du mois dejuin 1834.
Ce livre est prélenduement extrait des mémoires d’un diplomate dé-
cédé. La police poursuit cet écrit intitulé : « Résolutions secrètes de la
» conférence de Vienne, du 12 juin 1834, document authentique extrait
» des papiers d’un diplomate récemment décédé. Allemagne, 1813. »
Ce document porte le cachet de l’authenticité. Le gouvernement ba-
dois tâche d’empêcher qu’il ne parvienne à la connaissance du public ;
mais il est douteux que ses efforts soient couronnés de succès.
EUPACillE.
Madrid, I'S janvier.— Le général Narvaez insiste pour faire admettre
sa démission. On ignore le parti que le gouvernement croira devoir
adopter à cet égard.
Le comte de Reus (Prim) est attendu à chaque instant à Madrid.
— On écrit de Perpignan, 12 janvier :
Les conditions des insurgés du fort de Figuières ont été acceptées
par le gouvernement de Madrid. D’après une correspondance particu-
lière, il parait qu’Aroelller aurait demandé au gouvernement français
l’autorisation de résider dans le département du Gard. La diligence’ de
Figuières était remplie, hier à midi, d’ofliciers de tous grades faisant
partie des corps prononcés, et qui ont préféré venir chercher un refuge
en France,plutôt que des’en rapportera la clémence de Gonzalez Bravo
Grâce à l’intervention du consul français à Barcelone, M. Lesseps. le
gouvernement espagnol a reconnu la validité des réclamations de 51.
Lefèvre, compromis dans ses intérêts par la politique de Zurbano.
Le 12, les troupes de la reine sont entrées dans le fort de San-Fernando.
— M.de Lesseps, consul de France à Barcelone, va recevoir la croix
de Charles III, en récompense de sa noble conduite pendant l’insurrec-
tion de cette ville. (Impartial du 11 janvier.)
FRANCE.
Paris, 18 janvier. — On pense que la discussion du projet d’adresse
sera terminée après-demain, samedi.
Plusieurs membres de l’opposition du centre gauche, de la gauche et
de l’extrême gauche, parcouraient, à la séance d’aujourd’hui, plusieurs
bancs, pour obtenir que le mot condamne remplace le mot flétrit, dans
le dernier paragraphe relatif aux légitimistes.
— M. Billault a déposé aujourd’hui son amendement aux U 4 et 5 du
projet d’adresse au roi. Il est ainsi conçu :
<i § 4. A la suite de ces mots » s’est’enlouré des représentants de la
nation » et en remplacement de la fin de ce paragraphe :
« Puissent dans ces deux pays, amis naturels delà France, la royauté
et les libertés publiques tirer une nouvelle force de leur intime alliance !
La sincère amitié qui unit votre majesté à la reinede la Grande-Breta-
gne et l’accord que vous nous annoncez entre votre gouvernement et
le sien, vous confirment dans celle espérance.
• § 5. Cet accord, sire, ne pourra être complet et durable, que le jour
où des négociations,conduites avec persévérance.auront.en continuant
de poursuivre un trafic infâme, replacé la navigation française sous la
surveillance exclusive du pavillon national. »
— Les Mystères de Paris.de M. Eugène Sue, vont être publiés à Ma-
drid en langue espagnole, par les soins de M. Antonio Flores, jeune lit-
térateur.
faite à la volonté de Dieu. Au moment où on leur ôta leurs fers, on les
vit se prosterner à terre, et, dans un transport de reconnaissance, bai-
ser les pieds du prêtre qui était venu leur apporter la paix et la miséri-
corde !
Leur mort fit une vive impression surlesautres prisonniers. Pendant
les deux jours qui suivirent l’exécution, je leur adressai des instruc-
tions sur la tombe même de leurs malheureux compagnons. Le bâti-
ment qui m’avait amené ne devant repartir qu’au bout de huit jours,
je m’efforçai de mettre ce temps à profit, et j’eus le bonheur de conver-
tir 20 protestants et de faire faire 130 confessions générales. Avant de
quitter les prisonniers, je leur remis des livres et une formule de priè-
res pour le dimanche. — J’obtins que l’on désignerait parmi eux un
lecteur qui serait chargé de faire la lecture aux autres et qu’on leur don-
nerait des leçons dans l’intervalle des repas et du travail
A la fin de 1836, mon évêque me permit de faire an second voyage à
l’ile de Norfolk. Je n’avais rien tant à cœur que de m’acquitter de cette
tâche. Je fus reçus par mes pénitents avec de grands témoignages de
joie; presque tous avaient persévéré avec courage, malgré les railleries
et les persécutions deleurs compagnons : j’eus la satisfaction de les faire
approcher de la table sainte : 60 d’entre eux avaienL appris à lire leurs
livres de prières.
Le major Anderson , commandant de file, m'assura que les crimes
avaient considérablement diminué, et que les catholiques se faisaient
remarquer par l’exactitude avec laquelle ils remplissaient leurs devoirs
religieux. Ces heureux fruits furent dus, en grande partie, j’en suis cer-
tain, a la prudence et à la sollicitude du commandant lui-même, dont je
me rappellerai toujours le nom avec une bien vive reconnaissance. Sa
connaissance exacte du caractère des hommes confiés à sa surveillance,
son discernement à encouragera propos ceux qui se montraient bien
disposés, la terreur dont il sait frapper les mutins, avaient obtenu les
résultats les plus satisfaisants.— Pendant les quinze mois qui s’étaient
écoulés depuis ma dernière visite, aucun catholique n’avait été appelé à
comparaître devant le juge.
— Un individu, nommé M. Gire,vient de faire au gouvernement fran-
çais la proposition de lui indiquer un système de ballons avec lesquels
il pourra détruire ou asservir tous les Etats du globe.
— On sait que depuis le séjour à Londres du duc de Bordeaux,et le
refus de la Reine Victoria de le recevoir à la cour , les légitimistes du
faubourg St.-Germain refusaient de se rendre aux soirées de lord Cow-
ley, ambassadeur d’Angleterre à Paris. La paix est définitivement si-
gnée. Il parait que la querelle avait éclaté sur un propos extrêmement
vif, attribué à une duchesse d’un nom historique. La duchesse se serait
emportée en plein salon de l’ambassade anglaise jusqu’à dire que la
Reine Victoria est une folle et une grisette couronnée. Le propos vrai
ou faux circula , fit du bruit, courut les salons et les ministères , et eut
enfin un tel retentissement que lady Cowley pria la duchesse de s ex-
pliquer à ce sujet.
La duchesse déclara formellement qu’elle ne s’était pas servie des ex-
pressions qu’on lui attribuait; on lui demanda alors d’écrire cette déné-
gation dans une lettre qui devait passersous les yeux des incrédules et
rester aux archives comme note diplomatique. La duchesse écrivit :
« iMilady. je n’ai pas tenu le propos qu’on m’attribue; jesuis trop bien
élevée pour dire tout haut ce que je pense.» C’est celte lettre qui a
failli allumer la guerre Cependant on est convenu qu’on laisserait les
choses pour ce qu’elles valent, et que cedébat particulier n’irait pasau-
delà de ses conséquences naturelles, c'est que la duchesse seule devait
rompre avec l’ambassade. (Carres/,.)
— On annonce que, par ordre du conseil, en date du 15 décembre
dernier, les lords de la Irésorerie anglaise viennent de notifier aux ad-
ministrations de Newcastle et de Huit qu’elles aienlà exempter,à l’ave-
nir, de la taxe de pilotage tout navire français jaugeant moins de 60
tonneaux. Le résultat de cette concession sérail une économie qu’on
peut évaluer à 40,000 fr. par au, pour notre commerce de cabotage.
Mouvcllev de l’Algérie.
Il est arrivé aujourd'hui des nouvelles d’Alger jusqu’au 10. Le Moni-
teur Algérien rend compte des dernières razias exécutées par le général
Bedeau sur les Houlassas, et par le général Tempoure sur le parti récal-
citrant des Djaffra. Nous avons déjà mentionné ces opérations d’après
notre correspondance, elle ministre de la guerre fait publier ce soir les
rapports sur ces affaires qui lui sont adressés par le maréchal Bugeaud à
la suite d’une dépêche du 4 janvier.
Un fait nouveau mentionné dans ces rapports est la réapparition
d’Abd-el Kader.
Nous nous bornerons à rapporter la dépêche du maréchal Bugeaud.
Les rapports qui l’accompagnent sont fort longs et n’offrent que peu
d’intérêt. Ce sont toujours des Arabes tués, des villages détruits, des
femmes et des enfants faits prisonniers, des bestiaux pris, et surtout nos
auxiliaires se gorgeant d’uu butin payé trop souvenL du sang de nos
soldats.
Voici la lettre du gouverneur qui résume la situation :
' « Je m’attendais à la réapparition d’Abd-el Kader, mais je ne la croyais
pas si prochaine; elle n’a eu et ne pouvait avoir aucune portée, puisqu’il
n’a pas même pu piller une très faible tribu; il a été obligé de s’en re-
tourner honteusement.
» La razzia sur les Houlassas par le général Bedeau,et celle sur la par-
tie récalcitrante des Djaffra par le général Tempoure, sont pour l’ex-
émif un échec réel, parce qu’il avait conservé dans eesdeux tribus un
certain nombre de partisans très dévoués La destruction des ressour-
ces des Djaffra sera un obstacle au dessein qu’il pourrait avoir de re-
porter la guerre au sud de Mascara.Le châtiment infligé aux Houlassas
est un exemple qui inspirera delà crainte à toutes les tribus de cette
frontière. Les Houlassas étant des plus braves, des plus nombreux, et
leur pays étant très difficile, il est évident que nous pouvons faire aux
autres tribus kabyles ce que nous avons fait à celle-là. Cette entreprise
a été bien conduite; elle n’était pas sans difficulté.
» Vous remarquerez qu’Abd-el-Kader n’est venu attaquer les Beni-
Hydiel qu’avec une très faible troupe régulière, renforcée par quelques
cavaliers des Ouled-el-Nar, qui ne nous ont jamais fait leur soumission,
des Beni-Mâtres et des Maya, qui dépendent du Slaroc, et sont à l’extrê-
me frontière.
» Partout ailleurs, sur la lisière, au sud et à l’ouest de Tlemcen, nos
troupes et le pays sont dans une extrême tranquillité, c’est-à-dire que
toutes les contrées sur lesquelles Abd-el-Kader exerçait sa puissance
sont soumises et administrées, sauf quatre ou cinq tribus à l’extrémité
ouest, et à peu près autant sur le revers nord du Jiirjura.
» Les provinces de Milianah, Tittery, Sébaou , Alger, sont parfaite-
ment calmes, ainsi que l’arrondissement d'Orléansville.
» Le beau temps se maintenant, nos soldats continuent à défricher et
ensemencer les terres des colons, comme aussi d’ouvrir la route de Mi-
lianah à Cherchell. et s’occupent à réparer celle de Blidah à Medeah.
» Les travaux d'Orléansville et de Tenez marchent rapidement. Tous
les services sur ces deux points sont à l’abri de l’intempérie, ainsi que
les troupes. La première conduite d’eau à Orléansviile sera terminée
dans les mois de février; celle de Tenez, qui demande plus de travail,
ne le sera guère avant le mois de mai. On a lait sur les deux points cinq
ou six mille trous pour planter desarbres, et l’on a défoncé des terrains
assez vastes pour établir des pépinières.
» La population européenne d Orléansviile est d’environ 560 person-
nes; celle de Tenez en compte près de 1000.
» Agréez, monsieur le maréchal, etc.
i> Le gouverneur-général de l’Algérie.
» Maréchal BUGEAUD. »
Chambre des Députés.
Suite de la stance du 16 janvier. — Présidence de M. Sauzet.
DISCUSSION DU PROJET D’ADRESSE.
m. i.e ministre de l'intérieur, continuant. Il nous sera bien permis,
à nous, d’examiner, de considérer. Quel est donc le système qu’on op-
pose au nôtre? nous n’avons pas la prétention d’être des modèles, mais
nous avons la prétention d’avoir servi le pays, quand il en a eu besoin.
Voyons les faits ; quels sont les actes de nos adversaires ? c’est dans les
failsqu’il faut chercher la mesure des systèmes.Quels sont les reproches
que M. Thiers adresse |au cabinet ? Il a pris une position mauvaise ; sa
politique manque de force.
Mais, mon Dieu, qu’avons-nous fait pour réunir la majorité? Nous
avons pris la plus grande opinion avec une portion de l’opinion voisine...
(Oui! c’est cela ! c’est bien cela !)— Que voulez-vous faire? vous voulez-
vous placer.vous,dans votre opinion, et dire : Nous avons besoin d’une
grande majorité, forte,d’une majorité qui nous permette de gouverner
dignement, grandement, réunissez-vous à nous, et nous vous ferons
des concessions... Eh bien ! cela est-il digne ? — Vous voulez vous ser-
virdes petits moyens de conciliation,et nous disons, nous, que c’est une
mauvaise politique —, les petits moyens n’ont réussi à personne et ils
ne vous ont pas réussi plus qu’à d’autres. (Très bien ! c’est juste !)
Ce que vous voulez faire, vous, c’est de dire à certaine portion de la
chambre dans des conservations particulières : Nous réunirons une
forte majorité ; nous pouvons compter sur telles fractions à tel prix, à
telle condition; puis on dit à l’autre : Mon dieu, nous pouvons compter
sans nul doute sur telle autre fraction... le parti conservateur, mais
c’est le bagage de tous les ministères... (Vive approbation et longue
hilarité.)
Voilà votre système; nous vous avons dit le nôtre. Si la chambre a
préféré celui que vous lui avez ex posé,nous sommes tout disposés à vous
laisser renouveler vos tentatives.
J’entre maintenant dans les détails. M. Thiers a parlé de la nécessité
de plusieurs réformes; il a été question de la proposition de 51. Ganne-
ron, proposition que nous avons combattue, nous en convenons. Celle
proposition a été rejetée par la chambre; mais elle avait été adoptée
précédemment, ajoute-t-on... Voilà les faits qu’on meten opposition :
proposition Ganneron. adoptée sous le U mars, rejetée sous le 29 octo-
bre. Dites-nous si la politique de grandeur et d’éclat consiste dans l’a-
doption ou dans le rejet de la proposition de 51. Ganneron ? — Voilà
pourtant qe qu’on met en avant pour rapétisser notre politique,pour la
condamner ?
Maintenant, j’arrive au reproche de partialité qui nous a été adressé
par 51. Thiers... A quel fait a-l-on fait allusion ? A ce qui s’est passé à
Angers. — Je déclare pour ma part, que je respecte profondément les
libertés municipales; mais il faut aussi que les administrations munici-
pales respectent les actes de l’autorité centrale.... Or , qu’avait fait le
conseil municipal d’Angers ? Il s’était prononcé à l’avance sur l’admi-
ninislration que le roi voulait établir--(c’est juste ! c’est juste!) Et il
n’est pas dans les attributions des conseils municipaux, de désigner les
personnes à la Couronne.— On nous reproche encore notre non-suscep-
tibilité; ce ministère a été attaqué plus qu’aucun autre; dans la session
dernière, plusieurs questions de cabinet ont été soulevées; toujours la
majorité est restée fidèle au ministère. Pourquoi se serait-il retiré ?
(Très bien !)
Vous dites que vous avez été bien plus susceptible que nous; vous vous
êtes retiré, dites-vous, sur des projets d’intérêt matériel ... mais, à pro-
pos de quel projet vouliez-vous que le ministère se retirât ? Apropos du
projet de loi des monnaies? — Vous vous êtes retiré, vous, à cause du
rejet d’un projet important, celui de la conversion des rentes... mais je
ne sais trop comment vous pourriez vous prévaloir de ce moment de
susceptibilité... car, sorti du pouvoir, ministre de l’intérieur, vous y
êtes rentré président du conseil... (Longue et bruyante hilarité.)
On dit encore que le ministère a compromis les grands pouvoirs de
l’Etat, qu’il a compromis la chambre, qu’il a découvert la Couronne. —
Sur le premier point, on a parlé du droit de visite ; eh bien ! quelle a été
la politique du cabinet ? — La chambre a d’abord demandé la non-rati-
fication du traité de 1841; c’est là un point obtenu. — On a demandé en-
suite la non-ratification des traités anciens; c’est là une chose qui est
encore d’exécution. — Voilà pour le reproche d’avoir compromis la
chambre.
On dit que nous avons découvert la Couronne. —Pourquoi? parce que
plusieurs députés de la majorité se sont prononcés contre un projet de
dotation qui n’a été ni présenté ni même annoncé. — Mais comment le
ministère pourrait-il donc avoir compromis la Couronne? Il faudrait,
pour cela, qu’il eût présenté le projet et qu’il eût dit qu’il ne l’approu-
vait pas; alors il eût découvert la Couronne... Mais ce projet n’a pas été
présenté ; vous ne savez pas l’opinion du ministère ! il n’a pas parlé. Il
n’a rien dit.
Ah! soyez tranquille, si jamais ce projet vous est présenté par nous,
nous l’accepterons courageusement, nous lesou tiendrons avec vigueur.
Votre dernier reproche est donc aussi peu fondé que les autres.
Je termine : La confiance que la chambre a exprimée en nous à plu-
sieurs reprises, nous donne la conviction que nous avons bien fait, et
nous avons l’assurance de bien faire en persévérant dans la politique où
nous nous sommes engagés... (Vive adhésion.)
Après une réplique de M. Thiers, dans laquelle il reproduit les mê-
mes arguments, et quelques observations de M. Desmousseaux de Gi-
vré, la séance est levée.
Séance du 17 janvier.
A une heure et demie la séance est ouverte. L’affluence des specta-
teurs est toujours aussi considérable. La tribune diplomatique particu-
lièrement est remplie de dames et d’étrangers de marque.
m. le président. L’ordre du jour appelle la suite de la discussion du
projet d’adresse. La Chambre ayant fermé la discussion générale, nous
passons à la discussion des paragraphes.
« Sire, l’union des pouvoirs de l’Etat et le concours loyal que la Cham-
bre a prêté à votre gouvernement, ont entretenu et affermi le repos
public. L’ascendant des lois, aidé par l’intelligence et le bon sens du pays
a partout suffi pour maintenir l’ordre. Le commerce intérieur et l’in-
dustrie prennent chaque jour un plus rapide essor. L’agriculture, qui a
besoin d’être encouragée dans ses progrès et dans ses efforts, se confie
à la sollicitude de l’administration. L’instruction et le bien-être, répan-
dus plus également dans la société, améliorent et élèvent la condition
des citoyens. Voilà, Sire, la France telle que l’a faite, sous votre règne,
le développement régulier des institutions qu’elle s’est donnée, et nous
contemplons, avec une profonde reconnaissance envers la Providence,
la prospérité dont jouit notre patrie. »
m. décos combat ce paragraphe. Il soutient que la France n’est pas
aussi prospère que le dit l’adresse; que la marine marchande surtout est
en décadence, et que le commerce se fait de plus en plus sous pavillon
étranger.
m. le ministre du commerce prouve, au contraire, par le relevé du
mouvement des ports français en 1840, 1841,42 et 43, qu’il y a progrès
incessant et continu, dans les entrées et les sorties, les importations et
les exportations. Sans doute notre navigation réservée souffre; dans la
navigation de concurrence, l’étranger a conservé une trop grande part;
mais je crois avoir démontré que dans l’ensemble de la navigation gé-
nérale, il y a eu un progrès continu, incessant; progrès qui n’a pu être
interrompu qu’accidentellement et par des causes passagères.
m lestiboedois parle dans le même sens que M. Ducos. et prétend
qu’il n’y a de continu et d’incessant dans notre commerce extérieur que
l’affaiblissement du travail national.
m. FELCHiRON présente quelques chiffres contraires à ceux du préopi-
nant. Il pense quel’agriculturesouffre peut-être dans quelques endroits,
mais il ne croit pas que ces souffrances soient générales, comme MM.
Ducos et Lestiboudois l’ont dit.
m de tocqueville. Je ne conteste point l’importance des questions
qui viennent d’être débattues devant vous, mais il en est d’autres d’un
aussi haut intérêt qui préoccupent la Chambre et que j’aborderai. Ces
questions sont politiques. Je ne mets point en doute la majorité que le
cabinet a réunie dans celte Chambre:j’examinerai s’il a droit de compter
sur celte majorité.
Le ministère se décerne des félicitations au sujet du calme dont jouit
le pays. Il regarde comme assoupies toutes les mauvaises passions. Oui,
les mauvaises passions sontassoupies, mais les bonnes ne vous font-el-
les pas défaut ! Une indifférence, une apathie générale s’est substituée
aux sentiments généreux. (Bruit; murmures.) Vous dites que la nation
est tranquille; je dis qu’elle est endormie, je dis que vous devez redou-
ter son réveil. La guerre intestine n’a fait que changerdechamp de ba-
taille. Quelque chose de nouveau passe dans les esprits. Un corps puis-
sant, sous la protection même du gouvernement s’attaque aux idées,
aux libertés du pays ; sous le nom de liberté d’enseignement, la guerre
est déclarée à nos institutions. Le trouble est jeté au fond des conscien-
ces. Le pouvoir n’ose résister.
Les membres de celte chambre qui voudraient s’opposer au mal,
sontconlrainls de confesser leur impuissance.D’où vient cette faiblesse
du pouvoiret de l’opposition ? De ce qu’un parti peu nombreux, mais
mobile, se porte tantôt d’un côté, tantôt d’un autre, et fait alternative-
ment pencher la balance à droite et à gauche. (Bruit.)
Un gouvernement sage a naturellement un moyen de retirer les ar-
mes des mains des partis. Le gouvernement ne l’a pas su. Il semble s’ê-
tre appliqué, au contraire, à mettre en présence l’Eglise et l’Etat. Il n’a
point fait exécuter les lois qu’il avait à sa disposition.A mesure desem-
Lors de cette seconde visite, le ciel bénit mes travaux : 12 pécheurs
se convertirent, et j’entendis 300 confessions Je vis ces hommes, qui
paraissaient d'abord indomptables, accourir comme des enfants pour
recevoir les secours de la religion. Ces pénitents, destinés à finir leurs
jours dans les souffrances, etqui forment maintenant le plus grand nom-
bre des catholiques, ont demandé qu’on les séparât des autres prison- !
niers, afin de pouvoir, le matin et le soir, réciter leurs prières.
Il est un fait particulier que je ne puis m’empêcher de citer. Lors de l
ma dernière visite, en 1833, le commandant de l’ile me parla d’un con- j
damné qui, plus encore que tous ses camarades, montrait un caractère I
indomptable : sa vie n'était qu’une suite de crimes et de châtiments. Je
demandai à le visiter: il était alors emprisonné avec trois protestants,
et l’on venait de suspendre sa sentence de mort. Il fut sourd à toutes
mes paroles ; les témoignages d’intérêt que je lui prodiguai ne rencon-
trèrent chez lui qu’une froide indifférence (cette occasion est la seule,
peut-être, où j’aie trouvé le cœur de l’homme lout-à-fait endurci).
Voyant que tous mes efforts étaient inutiles, je me levai subitement, et
lui adressai en termes véhéments les vérités les plus sévères et les plus
terribles. Je me retirai enfin sans qu’il eut manifesté la moindre émo-
tion A mon retour, en 1836, la première nouvelle dont chacun s’em:
pressa de m'instruire, fut celle du merveilleux changement qui s’était
opéré dans cet homme Le lendemain de mon départ, il avait demandé
qu’on le séparât de ses compagnons, et qu’on le laissât seuldans sa pri-
son. Dès ce moment, il annonça hautement sa conversion,et fil tout ce
qui était en son pouvoir pour exprimer son repentir.Plus lard,sa peine
ayant été commuée, il est devenu pour moi une source de consolation ;
moralisé et converti, il a converti et moralisé les autres, il m’a a mené au
tribunal de la pénitence plusieurs deses compagnons les plus endurcis.
En terminant cet aperçu de notre mission et de nos travaux, il doit
m’être permis de dire un mot de nos besoins, qui sont extrêmes.
Dans cette vaste contrée, qui porte le nom de Nouvelle-Galles du Sud,
on ne compte encore qu’un nombre insuffisant de missionnaires.L’évê-
que, à Sidney, est souvent réduit à porter seul tout lepoids du ministè-
re. On voit des districts immenses, peuplés de catholiques, comme celui
de Barthurst, et qui n’ont pas un seul prêtre. La terre de Van-Diemen,
qui occuperait sept missionnaires au moins, n’en compte que deux. 11
en faudrait deux pour l'ile de Norfolk : en envoyer un seul, ce serait
l’obliger à parcourir 500 lieues lorsqu’il voudrait voir un confrère.
Les colonies du sud et de l’ouest, qui embrassent une étendue de
2.500 milles (830 lieues) n’ont jamais vu de prêtres. Toute la population
indigène.qui habite l’immenseterritoire de l’intérieur.est encore assise
à l’ouibre de la inort.Le gouvernement est disposé à rétribuer quelques
prêtres dans la Nouvelle-Galles du Sud ; mais le nombre sera fort au-
dessous du besoin. Il doit aussi fournir le traitement d’un prêtre pour
l’ile de Norfolk ; mais il n’a rien fait encore pour l’ile de Van-Diemen.
Quant aux femmes condamnées,on ne peut espérer des améliorations
importantes dans leur établissement, si l’on n’y envoie des sœurs de
charité. — Il serail de toute nécessité d’avoir un séminaire pour l’édu-
cation de la jeunesse,et pour former peu à peu un noyau de prêtres in-
digènes et de maîtres d’école ; mais nous manquons absolument des
ressources nécessaires. — Nous avons quatre églises dont les murs et
le toit sont achevés ; elles ne sont encore ni plafonnées, ni crépies.Plu-
sieurs autres sont commencées : nous n’avons, en ce moment, pour les
terminer, d’autre moyen que l’espérance...
Nos autels sont en bois, et tellement dépourvus d’ornements, que
quelques-uns n’ont pas un crucifix. Les prêtres qui viendront se join-
dre à nous ne trouveront ni habits sacerdotaux, ni calices. Nos livres
de prières et d’instructions ne peuvent suffire aux demandesqu’on nous
adresse chaque jour : tous les déportés qui savent lire en reçoivent un
au moment de leur arrivée. On ne saurait se figurera quel point le pri-
sonnier catholique tient au livre qui lui a été donné par le prêtre de
sa communion, combien il s’y attache fortement quand tout le reste lui
échappe, avec quelle ingénieuse sollicitude il sait le conserver au mi-
lieu de tous les accidents qui lui arrivent. Relégués à de grandes dis-
tances dans les pays sauvages et déserts, sans prêtre, sans autel, ce li-
vre est toute sa consolation, (Revue d'Orient.) |