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N" 17.
ANVERS, VENDREDI 1" JANVIER 1830.
PREMIERE ANXR&'.
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LE PKECMSEÜ
«rOTTBüTAXa POLITIQty^, OOMMSEOIAL, M&PJTHO HT LïTT^SR&IM.
PAIX.
LIBERTÉ.
PROGRÈS.
METEOROLOGIE.
Thermnméf re: : 2° glace.
Baromètre. l*«*nii-temn*.
Pleine mer.—91|2 h. du mat'n.
Lever du soleil, 7 h. 44. ni.»
Lever de la Inné. 11 h.‘50 m. s.
P. L. le 5 à 5 h. 45 in. matin.
N. L. le 19, à 9 h. 23 m. soir.
Vents. — E. calme.
Etat duciel.-'Nuageux.
Passe mer , 3 1;2 h. de Paprês-m.
Coucher du soleil. — 4 h.
Coucher de la lune. — 5 h. 10 m.
D. Q. le 13, à 4 lt. 55 m. matin.
P. Q. le 20, à 7h. 45 m. soir.
ON S’ABONNE
A Anvers, au bureau du Précurseur, rue Aigre, N*1 520, où se
trouve une boite aux lettres et où doivent s’adresser tous les avis.
En Belgique et à l’étranger, chez les directeurs des postes.
La quatrième page consacrée aux annonces, est affichée à la
bourse d’Anvers, et à la bourse des principales villes de commerce.
Le prix des annonces est de 23 centimes par ligne d’impression ;
Un soin tout particulier sera porté à les rendre exactes, claires et
très-visibles.
Portes dk i.a Ville.
Ouverture: 0 heures du matin. - Fermeture 9 du soir.
PBIX DE L’ABONNEMENT.
Pour Anvers.
A l’année. . .
Par semestre .
Par trimestre.
fr. 00
» 30
« 13
Pour la Belgique.
A l’année. . .
Par semestre.
Par trimestre
fr. 72
» 50
# 18
Pour l’étranger 20 frai es.
Le Journal paraît tous les Jours , et porte la date du
Jour de sa publication.
I,r Janvier.
A NOS ABONNÉS.
Nous appelons l’attention de nos lenteurs sur les tableaux
que nous leur offrons. Le premier qui forme un supplément
séparé, donne l’état de la Marine Belge et fait connaître le
nombre, le nom , le tonnage , les qualités , le séjour actuel
de tous les bâtiments , le nom des armateurs et des capi-
taines.
Le second indique l’état comparatif des arrivages au port
d’Anvers, depuis 1829 Jusque et y compris l'année 1835.
On remarquera sans doute avec plaisir , qu’eu exceptant
l'année 182.9, pendant laquelle le Commerce d’Anvers était
dans une position plus avantageuse par les débouchés dont .
elle jouissait, H y a depuis 1830 un mouvement ascendant, •
qui est d'un excellent augure pour l’avenir. Le port d’Anvers
est par sa position , appelé à se placer au premier rang des
villes maritimes, il s’y placera d’autant pins vite, que nos
armateurs sentiront mieux les avantages des expéditions
lointaines , et les feront concorder avec ceux que le com-
merce et le transit retireront de nos chemins de fer.
Nous apprenons avec une bien vive satisfaction que la
Banque d'Anvers , suivant le noble exemple de son aînée
île Bruxelles, a consacré une somme importante , à venir
au secours des indigents, pendant la saison rigouscuse de
l’année ; indis au lieu de la donner en nature, elle a pris le
sage parti Jie la mettre à la disposition de Messieurs les
Aumôniers distributeurs des différentes sections de la ville.
Honneur à ces administrateurs aussi éclairés que charitables
qui non seulement s'efforcent de favoriser l’industrie et le
commërée filais viennent encore apporter d'utiles secours à
l'indigence et au malheur et comprennent ainsi le véritable
but de leur institution celui d’être utile à tous.
Nous approuvons fortement celte manière d’exercer la
bienfaisance , car outré que lés distributions en nature, ont
l'inconvénient d’étre faites à des pauvres, souvent déjà
secourus, elles le sont par fois aussi à des mendiants, qui
par leur désœuvrement ét leurs importunités réitérées, ex-
torquent la part des véritables nécessiteux, et vendent ainsi
à vil prix , les cartes et marques , qu’ils savent se procurer
en double et en triply, pour en convertir le produit en ob-
jets , qui souvent leur sont plus nuisibles que salutaires ,
tandis que iés! J iriluitions, qui comme eelt. s r i se finit par
les bons soins de Messieurs les Aumôniers distributeurs ,
qui dans leurs sections respectives, sont pour ainsi dire
initiés dans les secrets et les misères des malheureux confiés
à leur tendre sollicitude , atteignent sûrement le but des
donataires : aussi espérons nous que ce mode si bien saisi
par l’Administration dé notre Banque , aura de l’écho et
sera suivi par les autres sociétés anonymes et personnes
charitables , qui sont accoutumées à destiner des sommes,
pour venir au secours de leurs malheureux concitoyens.
FEUILLETON DU PRÉCURSEUR.
SPECTACÏ.E.
Nous avons vanté les acteurs lilliputiens de la troupe de H7. Castelli,
une seconde représentation a justifié tous nos éloges; déclamation,
musique et danse, tout est bien , tout est extraordinaire; tous méri-
tent des louanges, tous ont obtenu de vifs applandissemens, nos en-
têtés et terribles chanteurs eux-mêmes sont restés bouche close. Citer
toutes ces dames et tous ces messieurs, ce serait par trop long ; nous
dirons seulement que la très petite grande-Duchesse est grande comé-
dienne, son frère de lait a toute la rondeur de Jlichaud, proportion
gardée , la prima-dona est, aussi proportion gardée , une Malibran en
herbe. Nous avons même admiré des danseurs microscopiques, parmi
lesquels brillait surtout une Taglioni fétus; nous étions étonnés qu’on
la laissât marcher sans lisières, quand elle nous a surpris par ses bonds
et ses grâces, au milieu des figures compliquées du ballet. M. Castelli
peut montrer àvec orgueil ses artistes, à ceux qui nient les progrès du
siècle ; ils seront forcés de convenir qu’il n’y a plus d’enfants , et que
pour peu que cette progression continue, ils naîtront bientôt avec de
la barbe au menton, et prêts à soutenir leurs thèses.
Eh bien! malgré tant de talens, la trompette de la Renommée n’a
pu réveiller les amateurs, ils sont restés sourds aux cris de la déesse
aux cent bouches; il faut avoir le sommeil bien dur! Cependant il y
avait de quoi amuser les enfans, intéresser les papas, et étonner
tout le monde.
MASCARA.
La prise et la destruction de Mascara par l’armée fran-
çaise ont appelé l'attention sur cette capitale de l’Emir AbA-
el-kadel, nous nous sommes procuré à cet égard des
détails qui ne peuvent qu'intéresser nos lecteurs et que nous
nous empressons de leur faire connaître.
Mascara, ci-devant résidence de l’émir Abdel-Kader e >n-
qtiise par l'armée française, contenait une population d'en-
viron quinze mille aines, ce qui en faisait une ville des plus
importantes de l'intérieur; elle est exposée au sud-est, sur
la pente de charmantes collines qui bordent la vaste plaine
de Xérès et vont se rattacher à la chaîne du Petit-Atlas. Sa
forme est celle d’un carré long; ses maisons sont petites, mais
commodes, et généralement terminées par des terasses sur
lesquelles la famille vient se réunir le soir pour jouir de
quelques moments de fraîcheur.
La ville proprement dite est entourée par de bonnes mu-
railles; mais il n’y a point de fossés, ce qui permet aux ver-
gers des maisons des faubourgs d’avancer presque sous les
remparts ; un petit chemin praticable pour les piétons se
trouve cependant ménagé tout le long de l’enceinte, et forme
une promenade très-agréable et très variée par les points
de vue qu'il a sur la.campagne.
La ville a deux portes principales, l'une de l’est ( Chery: )
et l’autre de l’ouest ( G.erb: ) Au côté dOran. Du coté du
sud, i! s'en trouve, à la vérité, une troisième; mais celle-ci
n’est, à proprement parler, qu'un guichet ou porte de se-
cours. .
Cinq vastes faubourgs, dont les maisons sont agréable-
ment entremêlées de jardins, ceignent la ville et en sont sé-
parés par nn ravin assez profond au fond duquel coule le
Ouènd-aîn-Sultan , dont les eaux alimentent Mascara. Afiu
de faire communiquer la ville' avec ses faubourgs, un pont
de pierre, d’une seule arche, a été jeté sur le ravin en face
de la porte de Gerb, qui se trouve, ainsi que nous venons
de le dire, du côté d’Oran. Le ravin, dans ses autres parties,
est beaucoup moins profond et facile à franchir, surtout
pendant les grandes chaleurs; à cette époque, les eaux sont
si basses, que les marchands arabes et les voyageurs traver-
sent le ravin sans plus se donner la peine de venir chercher
le pont de Garb.
Comme on voit, les moyens de défense de Mascara étaient
presque nuis, et les véritables difficultés que les troupes
françaises avaient à vaincre, ainsi que les dangers quelles
avaient à courir, se présentèrent tous dans le trajet quelles
ont eu à faire pour arriver devant la ville.
On compte environ vingt-cinq lieues d’Oran à Mascara;
et la route à suivre offre des aspects très-variés. Après Oran,
et avant le lac d’Aya, il n’y a qu’une vaste plaine où ne se
montrent pour végétation que quelques bouquets d’arbres.
Vient la vallée de Trélat oii l’eau et la verdure commencent
à reparaître et qui se termine au Sig. Après celte rivière et
au-delà de la plaine de Cérat, commence la chaîne du l’etit-
Atlas , et bientôt se présentent les bords escarpés d tor rent
MARIAGE A LA HUSSARDE.
D.... était, sous l’empire . le type du galant hussard. Jamais cavalier
ne posséda mieux que lui l’art d’impressionner les cœurs et de faire
tourner les têtes. Une jeune fille lui plut, elle était libre de son choix ,
elle était riche; D.,.. entreprit la conquête de son cœur et de sa main.
Il se montra doux, insinuant; il fut aimé, et l’hymen s’on suivit. Mais
eu abdiquant la sabredaehe et le dolman pour se ranger sous les lois
sévères du mariage , il n’avait pas abdiqué sa légèreté, son inconstance
et.les goûts du régiment; il continua donc la vie de hussard sous l’ha-
bit bourgeois. Le jeu, le vin, les femmes devinrent ses passe-tems ha-
bituels; bientôt le désordre se mit dans le ménage ; l’épouse délaissée
se vit plusieurs fois obligée de faire le siège en règle de sa propre mai-
son pour y trouver un abri. Enfin , fatiguée des folies et des infidélités
de son mari, et voulant d’ailleurs conserver «à sa fille une petite fortune
que les désordres du père ne pouvaient tarder d’épuiser, elle provoqua
er obtint sa sépartion de corps.
Aujourd’hui D... demande à sa femme une pension alimentaire de
1.200 fr,, somme à peu près égale au revenu qu’elle partage avec sa
fille. Les premiers juges out fixé cette pension à 200 fr,, au grand
mécontement du mari, qui a interjeté appel.
Devant la cour , nouvelle insistance du mari ; mais sur la plaidoirie,
pleine de traits piquans de D. Benoist, de Versailles, et après la lec-
tnre d’une lettre qui 4 plus d’une fois égayé l’auditoire , la cour (2me
chambre) a confirmé la sentence.
Nous avons recueilli le texte de cette lettre , dans laquelle D,., rend
de Cliaroud, qui précède de peîi celui d’Oued-Mella. Le pas-
sage le pips difficile dé celte route si accidentée était, pour
les troupes françaises, la montée de Mellaha , que l’on ren-
contre après le torrent d’Oued-Mella; celte montée est exces-
sivement rapide et dominée dans toute sa longueur , qui
exige une heure de marche. Si la montée de Mellaha était la
difficulté la plus grande du trajet, c’était aussi la dernière;
car, du versant opposé, on découvre la belle plaine de Xé-
rès . les maisons ei les jardins des faubourgs de Mascara ,
et Mascara ellç-mème , qu’on reconnaît à un fort assez élevé
qui touche à sa muraille d enceinte , du côté du couchant.
DÉPÔTS DE BOIS
SUR E.ES QUAIS.
Un journal spécialcmeiitlesconsacréau commerce doit aussi
signaler lè,s abus qui existent, aux quels il importe de met-
tre un terme, surtout quand ces abus nuisent à ce même
commerce, l’eutravënt ou le gênent. Nous voulons parler dek
permissions que l’on accorde, pour un teffips indéterminé
de déposer sur les quais de nos bassins des cargaisons entiè-
res de bois de constructions, et même dé bois plus précieux,
ces dépôts , qui dans certains endroits obstruent la volé pué
bliqtie, facilitent les vols qui ont lieu même en plein jour à
bord des navires, vols qu'on ne pourra empêcher, tant que
cesamasde bois offriront à ceux quilescommettent ,’tinmoyen
d éluder la vigilence et d échapper aux regards.
Ce ne sont plus seulement des poutres, aux quels on peiÇ
met de stationner ainsi dans des lieux qui devraient toujours
être libres de tout embarras, on y laisse aussi séjourner dés
cargaisons entières de bois de teinture, coniine s’il u’existàit
pas eu ville des magasins ou des caves pour les y enfermer.
Il y a plus : ces dépôts placés devant des propriétés bâties ,
empêchent d’en approcher aussi bien que des navires et par
la place qu ils occupent et par celle qu'occupent lés poids
nécessaires ; ce qui prive les propriétaires des lpyers qu’ils
recevraient s’il en était autrement. Aussi est-il incontestable
(pie depuis que ces dépôts sur la voie publique sont tolérés
ou autorisés,ces propriétés ne rapportent pas un tiersdeleurs
anciens revenus , et que pendant lés trois premières années
de la révolution , les 3]4 sont restées entièrement vides.
Si la ville y trouvait un avantage ou le commerce une éco-
nomie, on concevrait un tel état de choses; mais il n’a d’autre
résultat, outre les inconvénients déjà signalés, que de priver
une classe laborieuse de la main d'œuVre des transports ét
de l’emmagasinage, eoimné les propriétaires de revenus,
sans bénéfice pour les expéditeurs ni les consommateurs, car
le commissionnaire, neri porte pas moins dans son compte
de frais, çciixdetransports,de porte faix’ et de magasins,
s’appropriant illégalement ainsi, des dépenses qu’il n'a
pas fajles, ,
Si la régence donnait les ordres d'apprOjarier convenable-
ment le terrain, au côté nord du grand Bassin , en le nivel-
lant parties remblais,en les debarrassant dé barraque en bois
elle pourrait créer pour la ville un reyenuu annuel de 50 à
00,000 francs au moyen de droits de places, calculés à des
compte à sa femme de sa conduite pendant une absence de 48 heures ;
c’est en qn dqne sorte un roman tout euti r , où les événemens sont
racontés avec une franchise uii peu soldatesque ; la voidi :
« Jlon amie ,
» La journée de samedi est bien malheureuse pour moi : les deux
mille francs que j’ai reçus . je les ai joués avec ma montre. Je suis
parti du Palais-Royal à 11 heures et 1|2; je me suisrmduà la place
de Louis XV. comme j’ai pu, sou comme le vin ; j’ai heureusement
trouvé une voiture qui m’a emmené à deux heures du matin ; je suis
rentré chez moi. J’ai trouvé un M, de Versailles ; nous nous sommes
pris de mots ensemble ; nous avons été près de nous coupf r la gorg ï j
m’ètairt rendu à Versailles le lendemain pour lui brûler la cervelle ou
qu’il me la brûle, j’ai exigé qu’il me conduise chez moi, pour qu’il
sache mieux mon adresse : nous avons bu jusqu’au grand jour.
» J’ai donne congé au propriétaire; je cherche à louer là matsou,
à vendre mes meubles pour passer en pays étranger où j’espère réussir.
Je compte passer en Amérique, Quand je serai prêt à embarquer , je
t’enverrai une procuration de vendre, de faire tout ce qui te fera
plaisir. Ce sont des peines amères pour moi de laisser un enfant qui
m’est si cher. Si tu veux me l’envoyer d’ici à quelques jours, que j’aie
le plaisir de l’embrasser encore une fois.
« Adieu, pour la vie. Je viens de mettre mon dernier habit en gaga
pour déjeuner. »
Comme on le voit, les mariages à la hussarde ne sont pas touj ur»
heureux. |