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Programme détaillé des matières de l'examen.
(ARRÊTÉ PAR L’ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE ET
APPROUVÉ PAR DÉCISION MINISTÉRIELLE EN DATE
DU 12 MARS 1858.)
1° Arithmétique;
2° Géométrie élémentaire ;
3° Trigonométrie rectiligne.
Division de la circonférence du cercle. Définition des lignes
trigonométriques : sinus, cosinus, tangentes, co-tangentes,
sécantes, co-sécantes, etc.
Usages des formules et des tables trigonométriques, pour
la résolution des triangles. On donnera les formules au can-
didat et il devra faire l'application aux divers cas qui lui
seront posés.
4° Usage des tables de logarithmes.
Aucune démonstration n’est exigée. On demande seulement
du candidat de savoir faire, au moyen de ces tables, des mul-
tiplications, divisions, élévations aux puissances et extrac-
tion de racines de nombres entiers ou fractionnaires.
5° Algèbre élémentaire.
Explication des signes algébriques. Définition : coefficients,
exposants, puissances racines d’une quantité monôme, binôme,
polynôme. Les quatre règles.
Expression du produit de la somme de deux quantités par
leur différence. — Du carré et du cube du binôme. Ce que
c’est qu’une équation, un de ses membres, un terme.
Résolution des équations du premier degré à une ou plu-
sieurs inconnues.
Résolution d’une équation du second degré à une inconnue.
, Aucune démonstration n’est exigée.
6° Géométrie descriptive.
Objet de la géométrie descriptive. Moyens de représenter
graphiquement les points et les lignes. Moyens de trouver les
traces d’une droite.
Problèmes sur les droites et les plans ; génération des sur-
faces coniques, cylindriques et de révolution. Représentation
d’une surface, définition du plan tangent. Règle générale pour
construire le plan tangent d’une surface, ainsi que sa nor-
male. Détermination du contour apparent d’une surface.
Problèmes sur les plans tangents aux cônes, aux cylindres et
à la surface de révolution. Intersection des surfaces. Moyens
généraux de trouver l’intersection de deux surfaces. Méthode
pour construire la tangente à l’intersection. Problèmes sur
les sections du cylindre et du cône par un plan. Intersection
de deux surfaces cylindriques à bases circulaires.
Application à la perspective, aux ombres, à la coupe des
pierres et à la charpente.
Aucune démonstration théorique n’est exigée ; on ne
demande que des procédés et leurs applications aux divers
cas qui se présentent le plus fréquemment dans les concep-
tions architecturales.
7° Mécanique élémentaire.
Représentation, composition et décomposition des forces.
Définition du centre de gravité.
Règle pratique pour déterminer la position du centre de
gravité dans l’intérieur d’un corps solide. Position du centre
de gravité d’une droite, d’un arc de cercle, d’un triangle,
d’un parallélogramme, d’un trapèze, d’un segment de cercle,
d’un prisme à bases régulières, d’une pyramide triangulaire,
d’un cylindre, d’un cône, d’un carré tronqué, d’une sphère,
d’un segment sphérique et de leurs surfaces.
Description du plan incliné, du coin, de la vis, du levier,
du treuil, du cabestan, du cric, de la poulie et des moufïles.
Connaître le rapport de la puissance à la résistance dans
chacune de ces machines.
8° Physique élémentaire.
Corps pondérables. Définition : indiquer les trois états des
corps et leurs propriétés générales.
Pesanteur. Donner la définition du poids spécifique d’un
corps. Calculer, au moyen du poids spécifique, le poids des
divers solides dont les dimensions sont données.
Description et usage du baromètre à mercure.
Qu’entend-on par calorique, chaleur, température ? Des-
cription et usage du thermomètre à mercure ou à l’alcool.
Connaître les lois de la réflexion de la chaleur. Qu’entend-on
par dilatation, contraction? Connaître les dilatations spéci-
fiques du fer, de la fonte, du cuivre, du plomb, du zinc, et
savoir calculer les allongements ou raccourcissements que
subiront des pièces de dimensions données en passant d’une
température à une autre.
Indiquer les principales sources de la lumière, donner les
lois de la réflexion de la lumière et leur application aux
miroirs, plans et courbes.
Indiquer la composition et la décomposition de la lumière
par le prisme.
9° Architecture civile.
10° Principes de la langue française ou flamande.
11° Notions générales de l’histoire ancienne. His-
toire moderne, dans ses rapports avec les pro-
vinces belges.
(A continuer.)
LES LAUREATS
La Belgique a lieu d’être hère du nombre relati-
vement considérable de récompenses accordées à
ses exposants ; pour l’architecture seule nous comp-
tons : Médailles d'or, MM. E. Janlet, architecte
de la façade belge à l’Exposition, et Poelaert, ar-
chitecte du nouveau palais de justice de Bruxelles.
Médailles d’argent, M. H. Beyaert, architecte à
Bruxelles, et aussi M. Roussél, que le gouverne-
ment a chargé d’élever le nouvel hôtel des Mon-
naies, en construction à Saint-Gilles lez-Bruxelles.
Dans l’enseignement, M. l’architecte Hubert,
de la ville de Mons, a obtenu la médaille d’or, et
enfin, dans la classe de l’imprimerie et librairie,
l’Emulation, qui doit s’être présentée toute seule
au jury, puisque nous n’avons pas été prévenus de
la visite de ces messieurs, a obtenu une mention
honorable.
ŒUVRES PUBLIÉES
Projets d’école gardienne. — Concours organisé par
la Société centrale d’architecture en 1877. — Planches 1
à 5. — Nous avons donné dans le n° 8 de notre 3e année de
publication un compte rendu de ce concours. Les trois pro-
jets que nous publions ont obtenu les trois primes.
Le projet de M. O. Raquez (1er prix) est remarquable par
la simplicité du plan dont les dispositions générales, bien
raisonnées, donnent une bonne distribution. — Nous regret-
tons cependant la disposition et l’emplacement du parloir,
qui est fort éloigné, et du lavoir commun absolument insuffi-
sant. Il eût été préférable de le disposer dans l’axe du préau
et eu saillie sur la grande cour.
Le plan conçu par M. E. Acker (2e prime) a beaucoup plus
d’aspect ; il présente plus de salles d’études que le premier,
ce qui est désirable au point de vue de l’hygiène, puisque
cette disposition ne rend pas nécessaire la réunion d’un grand
nombre d’élèves dans une même salle. — L’auteur a visé aux
grandes lignes qui donnent la liaison et la simplicité des dis-
tributions; aussi ce plan est-il, des trois, celui qui a l’aspect
le plus travaillé.
Il est regrettable cependant que, dans le plan, les habi-
tations de l’institutrice et du concierge aient la même impor-
tance ; que le préau ait été divisé en deux parties égales par
le lavoir qui occupe le centre et que précède la salle d’at-
tente.
Une disposition qui nous aurait paru préférable, eût con-
sisté en l’installation, au centre, d’un vaste lavabo, de plan
circulaire, auquel on aurait pu donner beaucoup de caractère
en le traitant dans la forme d’une fontaine avec large
vasque.
Le plan du projet de M. E. Hellemans (3e prime) se rap-
proche du précédent par l’aspect classique du plan. — Les
locaux, notamment les salles d’études, y sont moins nom-
breux ; ils sont même insuffisants, étant donnée l’importance
du terrain.
La combinaison de la salle d’attente, du préau et du lavoir
est bonne, mais comme dans le projet de M. E. Acker, les
habitations du concierge et de l’institutrice ont trop d’ana-
logie.
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* *
Nos lecteurs se souviennent que, pour les façades, le style
imposé était la renaissance flamande.
Il n’est pas aisé d’employer habilement ce style lorsqu’on
veut n’employer que des formes vraiment architecturales,
et qu’on se propose d’éviter les lourdeurs et les non-sens
dont l’existence est incontestable dans les monuments élevés
à la fin du xvIe et pendant une partie du xvIIe siècle, dans
nos provinces.
Il n’est pas aisé, en un mot, d’épurer en le ramenant autant
que possible au goût élégant de notre époque, à son. esprit
rationnel, un style quelque peu rude, dont les combinaisons et
les motifs étaient inspirés bien plutôt par la fantaisie que par
la logique.
Aussi, parmi les projets que nous plaçons sous les yeux de
nos lecteurs, se reconnaissent des expressions esthétiques
intimement opposées et que nous allons nous efforcer de faire
ressortir.
Mais, avant cela, ne négligeons pas de citer cette précieuse
qualité de la renaissance dans nos contrées : le pittoresque.
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* *
La façade conçue par M. Raquez est d’une venue; c’est un
grand bâtiment rectangulaire, brisé en deux ailes par un
avant-corps, et arrêté à droite et à gauche par des pavillons
d’égale importance et dont l’élévation est la même.
C’est par conséquent une composition symétrique; le pitto-
resque n’est appliqué qu’aux détails, qu’à certains éléments
dont les formes sont diversifiées dans les avant-corps.
L’ensemble a du caractère, le style a bien le sentiment de
la “ renaissance flamande ”, mais la composition dans la plu-
part des éléments nous rappelle trop les monuments de
l’époque : c’est de la renaissance historique, et les mérites de
cette œuvre tiennent plutôt de l’archéologie que de l’esthé-
tique.
Il est fâcheux que l’auteur de ce projet, après avoir observé
si logiquement dans le plan la valeur relative dans la dispo-
sition de la conciergerie et de l’habitation de l’institutrice,
n’ait pas observé la même relation logique dans la composi-
tion de la façade. Il en est de même du pavillon central qui
accuse le lavoir commun dont nous avons signalé l’insuffi-
sance. Ces trois pavillons sont les mêmes, c’est-à-dire qu’ils
ont la même valeur.
Dans ce genre de renaissance, il y a des éléments qui nous
paraissent être des hérésies architecturales ; ce sont ces
motifs de forme ronde et molle, comme les volumes immenses
qui forment les pieds des pignons et sur lesquelles s’appuie la
masse considérable de ceux-ci.
Ces formes laissent dans l’esprit une sorte d’appréhension
d’écrasement probable que la plupart des artistes, même ceux
qui emploient ces formes, ont éprouvée sans peut être s’y
arrêter beaucoup.
Il est remarquable cependant que, toujours, dans les parties
de l’œuvre où ils ont appliqué ces éléments, ils ont été amenés,
d’instinct, à placer tout un système de lignes horizontales
qui ne sont là, semble-t-il, que pour empêcher l’écartement
des points d’appui.
Quoi qu’il en soit de ces observations, de ces critiques,
l’œuvre de M. Raquez a du mérite; c’est l’œuvre d’un archi-
tecte instruit, qui possède complétement ce qu’on appelle
généralement « notre architecture nationale ”.
L’œuvre de M. E. Acker présente une élévation d’un sen-
timent beaucoup plus calme ; cette composition se distingue
par la sobriété et le rationalisme des éléments et des combi-
sons, l’élégance des masses et des motifs.
La silhouette est beaucoup plus pittoresque que celle du
projet précédent, et cependant il y a de la symétrie dans la
composition. Les pavillons qui contiennent l’habitation de
l’institutrice et celle du concierge forment encore les pavil-
lons extrêmes, mais ils ont cette valeur relative indispen-
sable. Les masses du bâtiment central qui contient les préaux
et la salle d’attente, sont arrêtées par de petits pavillons,
très-heureux, qui accusent les deux entrées des élèves. Une
tourelle, d’un dessin original et très-élégant, complète l’aile
droite et donne de l’équilibre à l’ensemble.
En somme, c’est une excellente composition, et nous ne
pouvons que regretter une interprétation erronée du pro-
gramme.
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La façade du projet de M. E. Hellemans est aussi très-pit-
toresque; la partie centrale est vraie d’expression, et les
pavillons latéraux ne manquent pas de caractère ; mais quel-
ques détails sont un peu lourds et manquent de pureté.
Il est à regretter encore que le pavillon de l’institutrice et
l’habitation du concierge aient à peu près la même impor-
tance.
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Les planches 6, 7 et 8 ont pour objet le Chauffage et la
Ventilation du Théâtre Royal de la Monnaie, à Bruxelles,
dont l’installation est l’œuvre de l’architecte G. Bordiaux.
On sait que les dessins et la théorie de ce travail important
ont été envoyés à l’Exposition universelle de Paris et que
leur auteur a obtenu la médaille d’or.
Nous nous occuperons spécialement de ce travail dans
notro prochain n°, auquel nous renvoyons nos lecteurs.
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Hôtel Avenue de la Toison d'Or, à Bruxelles. — Archi-
tecte W. Janssens. — PL 9, 10, 11 et 12.
Les constructions importantes qui font l’objet de ces plan-
ches consistent en deux 'hôtels en tout semblables. Nous
donnons le plan de l’un d’eux et les façades que l’architecte a
conçues de façon à en faire un ensemble.
Le plan, relativement simple de composition, offre quelques
combinaisons très-heureuses et qui doivent se prêter à la
décoration. La façade est longue, dans un beau style
Louis XVI ; elle a à la fois le mérite du style et celui de la
composition ; les lignes ont de l’ampleur et le sentiment géné-
ral de cette œuvre est la grandeur, la richesse et l’élé-
gance.
C’est l’une des plus belles œuvres architecturales que nous
possédions en tant que constructions particulières; c’est
aussi, croyons-nous, l’une des compositions les plus réussies
de l’artiste M. W. Janssens.
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Hôtel Boulevard du Nord, à Bruxelles. — Architecte
M. G. Bordiaux. — PL 13, 14,15 et 16.
Le programme que l’architecte avait à remplir dans la
conception de cette construction importante présentait des
difficultés incontestables ; les terrains des nouveaux boule-
vards de Bruxelles étant d’un prix très-élevé, il fallait en
tirer le meilleur parti possible au point de vue du rap-
port.
Le programme comprenait, en outre de magasins à établir
au rez-de-chaussée, les chambres à annexer à ces locaux, et
aux étages, l’installation d’appartements spacieux et riches,
présentant tout le comfort que peuvent désirer les familles
fortunées.
Le plan que nous plaçons sous les yeux de nos lecteurs
résout le problême d’une façon très-ingénieuse, comme ils
le verront.
La façade, conçue dans un style assez décoratif, ne rappelle
d’une façon bien tranchée aucune des époques de l’art archi-
tectural dont le caractère et les éléments sont d’un principe
en quelque sorte absolu. C’est de l’architecture quelque peu
fantaisiste mais à laquelle nous n’avons à reprocher aucune
de ces erreurs si fréquentes dans les conceptions architectu-
rales appliquées aux habitations modernes et notamment dans
le néo-grec.
L œuvre de M. Bordiaux est très-largement conçue; elle
a même, dans certains éléments, une allure monumentale,
et revêt un caractère de grandeur et de richesse très-
remarquable. Quelques éléments sont peut-être un peu
lourds (colonnes doriques du premier étage) et les consoles
aux supports sont peut-être trop multipliées.
C’est une composition réellement artistique. Elle a valu à
son auteur la 13e prime au concours ouvert par l’adminis-
tration communale de 1872.
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Projet d’édifice pour les conférences littéraires et scien-
tifiques. — Concours pour le prix de Mille francs à l’Acadé-
mie royale des Beaux-Arts de Bruxelles, 1869. — Lauréat
M. Van Bambeck. — PL 17, 18, 19 et 20.
Plan habilement composé, d’un bel aspect; donnée ultra-
classique des axes continus et des longues lignes. Façade
principale, très-monumentale ; portique-péristyle, trop large ;
coupole de tradition académique d’un singulier effet. — Beau
de proportion mais peu de caractère.
Il est décidément bien difficile de mettre du sentiment dans
une composition académique; il est aussi difficile, paraît-il,
d’arriver à Y expression.
Ces difficultés, la froideur d’une composition classique
absolue est généralement admise ; nous n’avons plus à insister
quant à ce principe. Nous trouvons cependant des qualités
(relatives naturellement) à cette œuvre de M. l’architecte
Van Bambeck; les coupes mêmes sont intéressantes et si
l’on tient compte de cette contrainte qui refroidit l’imagina-
tion, contrainte produite par cette nécessité d’adaptation de
motifs et d’éléments d’une précision mathématique et aussi
absolus qu’une règle de syntaxe, on reconnaîtra même à cette
œuvre le mérite de la composition. |