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1878.
N° 11.
4e ANNÉE.
ABONNEMENTS
S’adresser rue de la Pompe, 5
BRUXELLES
ADMINISTRATION
Boulevard du Hainaut, 74
Bruxelles
L’ÉMULATION
PUBLICATION MENSUELLE DE LA SOCIÉTÉ CENTRALE
D’ ARCHITECTURE
DE BELGIQUE
— DÉPOSÉ —
BUREAUX : RUE DE LA POMPE, 3, BRUXELLES
— DÉPOSÉ —
ANNONCES & RÉCLAMES
A FORFAIT
S’adresser rue de la Pompe, 5
BRUXELLES
DIRECTION —RÉDACTION
Rue des Quatre-Bras, 5
Bruxelles
— 67 —
Bruxelles, Novembre 1878.
— 68 —
— 69 —
SOMMAIRE
L’Exposition universelle de Paris. IV : Architecture.
E. A. — Concours de Rome. — Les lauréats. — Œu-
vres publiées.
L’Exposition universelle de Paris.
IV
ARCHITECTURE
Un grand nombre d’architectes français et étran-
gers ont pris part à cette exposition et, dans le
salon des beaux-arts, comme dans les diverses sec-
tions de l’enseignement ou des gouvernements, se
trouvent exposés un grand nombre de dessins parmi,
lesquels des œuvres extrêmement remarquables.
Malheureusement, les œuvres des artistes-archi-
tectes sont, comme toujours, éparpillées en diffé-
rentes petites salles reléguées pour la plupart dans
des coins perdus que l’on ne savait probablement
utiliser à autre chose.
C’est à cette circonstance qu’il faut attribuer
l’extrême difficulté de faire ce travail de comparai-
son, indispensable et si intéressant, entre les écoles
d architecture des 19 nations qui sont représentées
à l’exposition par les œuvres de leurs artistes les
plus connus.
Pour la France seule nous comptons près de
400 oeuvres ; l’Angleterre 170 ; la Suisse plus de 100 ;
l’Italie et la Hongrie 30 ; l’Éspagne 14 ; la Rus-
sie 11; là Belgique et le Portugal 15; la Grèce,
les Pays-Bas, le Danemark, la République argen-
tine, l’Uruguay, la Tunisie et le Luxembourg
viennent ensuite, ne comptant que quelques œuvres.
-*
* *
L’école française d’architecture est représentée
non-seulement par des études, projets et dessins
d’édifices exécutés depuis peu, mais encore par un
grand nombre de relevés et de projets de restau-
ration, œuvres de pensionnaires à Rome.
Ces dessins sont généralement traités avec un
soin et une habileté extrêmes ; le trait net et arrêté,
les masses architecturales rehaussées par un coloris
brillant, indiquant les diverses tonalités des maté-
riaux.
Nous citerons notamment un plan superbe du
Forum sous les Antonins et l’élévation des Ther-
mes de Titus agrandis sous Dioclétien (Mont Esqui-
lin à Rome) le premier par M. C. Dutert, le se-
cond par M. C. Leclerc. Ces œuvres comprennent
respectivement 20 et 6 châssis. Nous citerons encore
les relevés et le projet de restauration de la Villa
Madame, à Rome, accompagnés d’une belle vue
perspective (14 châssis) par Bénard.
Nous remarquons encore une savante restaura-
tion du tombeau de Mausole, à Halicarnasse, par
Bernier : treize châssis; dessins au trait rehaus-
sés d un lavis coloré. C’est une très-belle étude.
*
* *
Ces travaux des pensionnaires de France sont
généralement très-beaux; ils prouvent une con-
naissance parfaite de l’art classique, une remar-
quable intelligence de l’art monumental et une
grande habileté de dessin.
Nous regrettons de n’avoir pu comparer à ces
travaux ceux des pensionnaires belges : le gouver-
nement aurait du envoyer ces études, généralement
inconnues et reléguées dans les coins les plus obs-
curs, les cartons les moins consultés où ils jaunis-
sent et se détruisent peu à peu.
Pourquoi, dans notre musée moderne, n’a-t-on
pas encore consacré une salle à l’exposition de ces
précieux documents?
Nous ferons la même réflexion à propos des
magnifiques envois de la Commission des monu-
ments historiques de France, parmi lesquels nous
remarquons surtout les splendides travaux de
M. Viollet le Duc.
La France conserve avec un soin qui lui fait
honneur les documents relatifs aux monuments
anciens dont elle est si riche et qui appartiennent
au moyen âge et à la renaissance.
Sous les auspices du gouvernement, tous ces
documents, classés avec méthodes sont publiés et
forment un magnifique recueil.
La Belgique devrait aussi publier ses monu-
ments historiques-, il existe dans les cartons des
ministères et de la Commission royale des monu-
ments, un grand nombre de dessins qui, repro-
duits, formeraient un magnifique recueil.
Nous examinerons cette idée, dans un prochain
article.
*
* *
Outre les études dont nous avons parlé ci-dessus,
l’école française est représentée par un grand nom-
bre d’œuvres exécutées pendant ces dernières an-
nées, de relevés et de projets de restauration de
monuments historiques de France.
Nous citerons, dans l’ordre où nous les avons
inscrits :
De Ballu fils : L’église de la Ferté-Allais ; beau
dessin à l’encre de chine, remarquables détails.
— L’église d’Esnandes (projet de reconstruction).
De L. Brigerre : L’église de Nectaire et celle
d’Orcival; très-beaux dessins, dont une aquarelle
très-habile et qui doit être très-fidèle.
De J. Bourdais : Les dessins du palais de justice
du Havre (rappelle celui de Paris).
De A. Boudikr : Le château de Châteaudun
(dessin au lavis coloré, très-habile).
De C. Cazaux : Un projet d’école normale à
construire à Versailles (3 chassis) plan très-simple,
ingénieux. Façade de beaucoup de caractère, bon
style.
De J. de Baudot: L’église de Rambouillet (exécu-
tée), œuvre très-remarquable; dessins très-habiles,
mais d’un aspect assez singulier parle choix des tons.
Encore une œuvre de M. C. Cazaux : Projet
pour l’église du Sacré-Cœur, à Montmartre ; grand
caractère; genre roman, fantaisie; composition
remarquable par l’ampleur, la grandeur et la
sobriété. Le plan est très-beau.
De A. Caisel : L’église Saint-Michel, à Lille;
plan de forme un peu trop allongée, élévation
froide, coupes magnifiques. Du même, un projet
pour l’église du Sacré-Cœur, de Montmartre, plan
très-travaillé ;la façade a beaucoup d’analogie avec
le projet de M. C. Cazaux.
Citons encore des œuvres de l’architecte Davioud,
parmi lesquelles la mairie du 19e arrondissement,
les théâtres Lyrique et du Châtelet, etc.
Passons ensuite en Grande-Bretagne et en
Irlande.
*
* *
Les œuvres envoyées par les architectes anglais
sont nombreuses, et il en est de réellement remar-
quables ; une tendance à peu près générale c’est la
continuation ou plutôt une rénovation des tradi-
tions architecturales du moyen âge. On constate
aussi dans les œuvres exposées une sorte de com-
promis architectural qui donne au gothique anglais
moderne plus de grâce et de mouvement. Les for-
mes un peu froides, un peu trop mathématiques du
style Tudor sont combinées avec les formes plus
élégantes, plus sveltes du gothique de Belgique et
de France.
Ce qui frappe surtout, c’est l'intelligence avec
laquelle les artistes anglais combinent ces formes
si différentes ; ils obtiennent toujours l’aspect gran-
diose et monumental que donnent l’unité et l’har-
monie des proportions.
Cela est surtout frappant dans les œuvres de
MM. E. et C. Barry. Le dernier, président de l’In-
stitut royal des architectes britanniques, a exposé,
entre autres, les dessins très-savants du collége
fondé par Alleyne à Dulwich ; le second est repré-
senté par les dessins de la Galerie nationale à Lon-
dres et ceux de Crewe-Hall reconstruit et agrandi.
R.-IL Carpexter a envoyé les dessins de la cha-
pelle Sainte-Marie et Saint-Nicolas au collége
Lancing (Sussex). J. Brooks, les dessins très-com-
plets et rendus avec habileté de cinq églises d’Angle-
terre. MM. Clarke et Somers, une maison anglaise
extrêmement intéressante tant par le caractère
architectural que par les combinaisons ingénieuses
de la distribution intérieure. MM. Hansom et fils,
l’église Saint-Philippe, à Arundeel, et celle du
Saint-Nom, à Manchester; très-beaux dessins au
trait avec de légères teintes. Au point de vue des
applications de l’hygiène et du comfort, l’hôpital
Saint-Thomas, à Londres, est une œuvre très-
remarquable de l’architecte H. Currey. De M. Gib-
son, il faut citer la National provincial Bank,à
Sunderland et celle de Newcastle-on-Tyne.
La Maison sur le quai de la Tamise à Chelsea et
Dromore Castle, par l’architecte E. Godwin, de
Londres, sont encore des œuvres très-étudiées.
(A continuer.)
CONCOURS DE ROME
L’année prochaine, s’ouvrira le Grand Concours
d’Architecture pour le prix de Rome.
Quelques modifications ayant été apportées au
règlement, nous le donnons ci-après :
CONCOURS EN ARCHITECTURE.
A. EXAMEN D’ADMISSION.
Nul n’est admis à prendre part au grand con-
cours d’architecture, dit concours de Rome, s’il ne
fournit la preuve qu’il a subi avec succès l’examen
scientifique et littéraire dont le programme a été
inséré dans l’arrêté ministériel du 19 avril 1852.
Un jury de cinq membres, nommé et convoqué
par le ministre de l’intérieur, procède à cet exa-
men, qui doit avoir lieu trois mois au moins avant
l’époque fixée pour les inscriptions au grand
concours.
Les certificats délivrés par ce jury sont valables
pour tous les concours auxquels le candidat croira
devoir prendre part, jusqu’à l’époque de trente ans.
Arrêté ministeriel du 19 avril 1852.
PROGRAMME :
1° Arithmétique ;
2° Géométrie élémentaire ;
3° Trigonométrie rectiligne;
4° Usage des tables de logarithmes;
5° Algèbre élémentaire ;
6° Géométrie descriptive, y compris la perspec-
tive, les ombres, la coupe des pierres et la
charpente ;
7° Mécanique élémentaire et principes généraux
de la dynamique ;
8° Physique élémentaire ;
9° Architecture civile ;
10° Principes de la langue française ou flamande ;
11° Notions générales de l’histoire ancienne et de
l’histoire moderne dans ses rapports avec les
provinces belgiques. |