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MM. Besme, Janlet, Maquet et Van Ysendyck
furent désignés à cet effet ; cependant ces Messieurs
ne crurent pas devoir accepter la proposition du Con-
seil communal de St-Gilles ; des pourparlers eurent
lieu ; Messieurs Janlet, Van Ysendyck et Maquet,
dans le but de gagner du temps, décidèrent de pré-
senter collectivement un projet unique qui eût eu le
mérite important d’être bien étudié puisqu’il devait
être inspiré de leurs connaissances techniques et ar-
tistiques respectives.
Monsieur Besme avait, dès les débuts et défini-
tivement, refusé de prendre part à ce concours.
Peu de temps après, deux projets se trouvaient en
présence : l’un présenté par M. Maquet, et l’autre
par MM. Janlet et Van Ysendyck.
L’Administration communale de St-Gilles s’adressa
de nouveau à la Commission royale des monuments,
conformément aux stipulations du programme, en l’in-
vitant à désigner quelques-uns de ses membres pour
examiner ces projets et prononcer lequel des deux
était supérieur à l’autre.
La Commission décida que le projet de MM. Van-
Ysendyck et Janlet l’emportait, et dans le rapport
adressé au Conseil Communal, ce jugement est par-
faitement motivé.
Il ny avait donc pas de doute quant au projet dont
l'exécution allait être décidée et leurs auteurs atten-
daient avec confiance l’avis officiel de l’Administra-
tion Communale. Cet avis arriva, mais, au lieu d’in-
viter MM. Janlet et VanYsendyck a entamer les
études pour l'exécution, cet avis leur annonça que le
Conseil Communal, par 7 voix contre 2 croyons-nous,
avait annulé la décision de la Commission et désigné
le projet de M. Maquet pour être exécuté.
Ce vote du Conseil Communal est digne de l’atten-
tion de tous, tant par les circonstances dans lesquelles
il a eu lieu que par ses conséquences.
En effet, dans les pourparlers des concurrents avec
l'Administration Communale, il avait été bien entendu
et le programme du Concours le disait formellement,
que les projets seraient soumis à l'appréciation d'hom-
mes compétents ; nul ne pouvait douter dès lors que
le projet désigné comme le meilleur par la Commis-
sion serait désigné pour l’exécution.
Et un vote du Conseil Communal vient détruire
toutes ces conventions sans lesquelles le second
concours n'eût pas rencontré d'adhéren ts ; — et ce
vote du Conseil Communal, réformant le jugement de
Messieurs les membres de la Commission est une né-
gation évidente de leur compétence.
Il me semble que MM. les Conseillers Communaux
de St-Gilles connaissent bien peu les attributions des
administrations supérieures qui concourent, chacune
dans sa sphère, à l’administration du pays. Nous
nous permettrons de leur dire, en quelques mots, pour
leur édification, quel est le rôle de ces Messieurs
à qui ils ont confié, à deux reprises, ces fonctions si
délicates, de membre du jury.
La Commission des monuments reçoit tous les pro-
jets de constructions importantes à élever dans le
pays ; elle doit en apprécier non seulement le mérite
artistique, mais encore la technique, c’est-à-dire,
qu'elle doit examiner ces projets minutieusement, de
façon à pouvoir signaler les erreurs ou les fautes de
construction, les défectuosités du plan tant au point
de vue des communications et de l’éclairage qu’à celui
de l'hygiène et de l'application des-règlements et des
principes reconnus par l’expérience.
La Commission des monuments examine encore,
par l'examen des devis et cahier des charges,si l’exécu-
tion du projet qui lui est soumis est possible pour les
sommes renseignées au détail estimatif.
Les membres architectes de la Commission des mo-
numents sont donc d une compétence évidente puisque
le Gouvernement fait appel à leurs lumières.
*
* *
Or, au Conseil Communal de St-Gilles il est seule-
ment deux membres dont la compétence nous soit
démontrée et si nos renseignements sont exacts, ces
deux membres sont précisément ceux qui se sont ralliés
à l'avis de la Commission des monuments.
Le vote condamnant l’avis du jury et désignant pour
l’exécution le projet de M. Maquet a donc été enlevé
par 7 membres qui n ont pas les connaissances requises
pour apprécier une conception architecturale (ils
n ont, pas plus que personne, la science universelle,
je pense) ; et pour nous tous, hommes du métier, le
vote du Conseil Communal ne devait être que la
sanction de celui des membres du jury et la discussion
en séance du Conseil ne devait porter que sur les
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questions d’administration : Surveillance et finances,
inhérentes à l’exécution de l’Ecole.
*
* *
Enfin, de deux choses l’une, ou le jury était com-
pétent, et le Conseil Communal devait accepter ses
décisions ; ou il ne l’était pas et alors le Conseil en
votant dans le sens contraire a parfaitement et régu-
lièrement agi.
Mais si le jury n’était pas compétent, pourquoi, à
deux reprises, le prier de vouloir bien examiner les
projets et indiquer au Conseil Communal celui qui
était le mieux conçu ?
* *
*
Mais ce qui nous dépasse le plus, c’est l’étrange
oubli des données du programme imposé par l'Ad-
ministration Communale ; c’est la facilité même avec
laquelle, après le concours, il n’est plus tenu compte
du terrain indiqué par la superficie et sa forme géo-
métrique aux concurrents.
Dans le second concours, celui dont nous nous
occupons aujourd’hui, le Conseil Communal, par le
Collége, écrivait aux concurrents, que le coût total
de la construction, y compris 3000 francs de primes
accordées aux projets primés du 1er concours, ne
pouvait dépasser 255,000 francs.
MM. Janlet et Van Ysendyck se sont strictement
renfermés dans les données de l’Administration Com-
munale ; non seulement ils ont utilisé le terrain tel
qu'il était renseigné, mais encore ils ont assez étudié
leur projet pour arriver à ne dépenser que la somme
donnée de 255,000 francs.
Le projet de M. Maquet, pour être exécuté, exige
d abord l'expropriation d'une partie du terrain appar-
tenant au propriétaire voisin ; il est vrai, comme le
disait en séance le Conseiller D., que cela aura pour
avantage de rétablir, d’équerre à la rue de la Croix de
pierre, les terrains du voisin M. F... L’exécution du
projet de M. Maquet entraînera en outre une dépense,
non plus de 255,000 francs mais bien de 322,000 fr.,
soit une majoration de 07,000 francs ou fr. 20-27
pour cent (1).
*
* *
Nous nous rappelons, à ce propos, que l'un des
membres du Conseil, faisant ressortir la baisse con-
sidérable qui existe en ce moment sur les matériaux
de construction et la mise en œuvre, disait qu’il était
certain qu'il y aurait un rabais au moins égal à la
majoration.
Monsieur le Conseiller n’a pas réfléchi qu’en adop-
tant le projet classé premier par la Commission, l’Ad-
ministration Communale aurait trouvé dans le rabais
de quoi payer deux fois le mobilier d’École.
Au point de vue financier c’est donc une très-mau-
vaise opération ; au point de vue du concours, tout le
monde qualifiera comme il convient cette façon d’im-
poser des conditions sine qua non aux concurrents et
d’en faire abstraction, après concours, pour l’un ou
l’autre projet.
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* *
Dans une séance du Conseil, j’ai entendu lire la
protestation, aussi ferme que convenable, de MM. Jan-
let et Van Ysendyck; j’ai entendu répondre par l’un
des Conseillers, que le projet de M. Maquet présen-
tait à l’Administration Communale, selon les sections,
des avantages plus importants que ceux reconnus par
le jury, au projet de M. Van Ysendyck et Janlet.
Et, dans la même séance, on empruntait à ce der-
nier projet, pour l’introduire dans le projet de
M. Maquet, la disposition de galeries couvertes reliant
toutes les classes.
*
* *
Le Conseil Communal aurait dû aussi, demander à
M. Maquet, detenir un peu plus sérieusement compte
du programme de l’État pour la construction des
Ecoles, surtout pour ce qui concerne l’aérage ; dans
ce projet l'espace d’air est divisé en 6 parties donnant
des petites cours de 35 à 40 mètres carrés ; tandis
que cette masse d’air était réunie en une seule vaste
cour dans le projet désigné par la Commission.
Que le Conseil Communal fasse sa demande de
subside ; qu’il y joigne les projets et il pourra s’assurer
que nous ne sommes pas seuls à penser ainsi : le
projet de MM. Van Ysendyck et Janlet l’emportait
sur celui de M. Maquet.
E. A.
(1) Programme du concours : Art. Il. — L’architecte qui aura fait
un devis estimatif inexact quant aux quantités ou aux prix, ou qui dé-
passerait la somme fixée de frs. 255,000 pourra être mis hors concours
«ans qu'il puisse élever, de ce chef, aucune réclamation.
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ŒUVRES PUBLIÉES
■ Ecole moyenne construite à Soignies. Architecte Henri
Beyaert. — Pl. 1 et 2. — Le mérite de ce travail ne consiste pas
dans les qualités du plan au point de vue de la bonne distribution
et des conditions d’hygiène indispensables dans les établissements
d’éducation; il ne s’agissait que de prolonger, jusqu’à front d’une
rue, une école déjà existante.
Ce travail n’offrait donc qu’une importance secondaire et il ne
s’agissait point de donner à cette construction un caractère monu-
mental. L’artiste ne pouvait donc prendre ses coudées franches ;
aussi a-t-il conçu la façade de cette école dans une gamme assez
sobre. Cela n’empêche point qu’elle n’ait du caractère et qu’elle ne
soit intéressante tant au point de vue du parti-pris d’indiquer fran-
chement toute la disposition intérieure, qu’à celui des masses ; la
silhouette générale, très-pittoresque, plaît par l’ampleur des lignes
et des éléments.
L’emploi de la brique appareillée recoupée de bandeaux de
pierre contribue beaucoup au charme de la physionomie de cette
conception.
Maison rue Galilée à St-Josse-ten-Noode. — Architecte
G. Bordiau. — Le plan de la distribution intérieure est celui de
l’immense majorité de nos habitations contemporaines ; la façade
est très-intéressante par la recherche de la régularité et surtout
par la disposition du premier étage dont nous aimons la combinai-
son des lignes. — La façade de cette maison a tout à fait grand air.
Maison rue de la Loi. — Architecte M. Félix Pauwels. ______
Pl. 30 et 31. —Le style ou plutôt le genre d’architecture éclos
vers le milieu du 18e siècle et auquel Louis XV a donné son nom,
ne jouit pas d’une vogue remarquable; bien plus, il est souverai-
nement dédaigné parles artistes comme par le bourgeois d’ailleurs,
et il n’est employé que pour la décoration des boudoirs.
Faire une maison dont le caractère fût emprunté à ce genre
Louis XV que l’on appela aussi rococo, semblait une hardiesse ou
une erreur; c’était donc faire preuve d’un beau talent et d’une
connaissance approfondie de ce genre d’architecture qu’en tirer
une composition admissible et dont l’ensemble eût assez de carac-
tère pour exciter l’intérêt.
C’est cependant à cela qu’est arrivé M. F. Pauwels ; et malgré
. notre cordiale antipathie pour ce genre, guindé et maniéré autant
que les gentilshommes de la cour de Louis XV, nous trouvons des
qualités à cette composition.
Anvers. — Porte de Boom, — Front 10-11. «=» Architecte
F. Pauwels.— PI. 32. — Celle planche fait suite à celles que nous
avons publiées déjà relativement à l’enceinte fortifiée d’Anvers • co
n’est pas la moins remarquable. — Dans cette composition, l’ar-
tiste a employé certaines formes de l’architecture militaire au
moyen-âge et lui a donné le caractère sévère et fort qui convient
à ce genre de construction.
Bruxelles. — Cercle du Sport à établir au Bois de la Cam-
bre. — Projet de M. l'architecte Van Ysendyck. — Pl. 35, 36,
37. — L’œuvre que nous plaçons sous les yeux de nos lecteurs
présente de belles qualités d’ordonnance, de pittoresque et d’ex-
pression. Elle appartient, par le caractère, à l’architecture fla-
mande ; elle en a la richesse d’imagination jointe à l’ampleur et à
l'harmonie des lignes. Au point de vue esthétique, le caractère de
cette composition s’affirme par l’unité et l’élégance tant de l’en-
semble que des grands éléments.
Nos lecteurs remarqueront surtout l’heureux dessin des pignons
et du petit étage attique, la richesse et l’élégance de la galerie en
bois sculpté et découpé et l’originalité du garde corps qui accuse
la terrasse.
FAITS DIVERS.
Concours de la Société centrale d’architecture. — Nous
rappelons à Messieurs les concurrents que leurs dessins
doivent être rendus chez M. le Président Hellemans, Rue
de la Concorde, 27, à Ixelles, avant le 31 août, à 8 heures du
soir; aucun retard n’est admis.
Liége.— Palais des princes évêques. — Les travaux de
restauration de la partie du palais occupée par la Cour d’as-
sises a été confiée à Messieurs les architectes Félix Pauwels
et Noppius. — Ces parties ont subi, au commencement de ce
siècle, des modifications assez regrettables ; les auteurs des
projets nouveaux ont eu l’heureuse idée de restituer à ces
façades le magnifique caractère de leur dessin historique.
Anvers. — Congrès artistique. — Les membres du Congrès
se réuniront le samedi 18 août, à 6 1/2 heures, au local du
Cercle artistique et littéraire, rue d’Aremberg, 26. Le Comité
central et les sections se joindront à eux pour se rendre en
corps à l’Hôtel-de-Ville et assister à la réception officielle
faite par M. le Bourgmestre De Wael, à 7 1/4 heures.
Le lendemain dimanche, à 1 heure, au local du Cercle
artistique, ouverture du Congrès; les travaux se continueront
le lundi et le mardi suivants. |