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1877
Nº 6.
3°ANNÉE.
ABONNEMENTS
Belgique: fr. 25-00.—Etranger: fr. 28-00 (Port en sus.)
L’Année parue:
Belgique: fr. 30-00.—Etranger: fr. 33-00(Port en sus.)
L'EMULATION
PUBLICATION MENSUELLE DE LA SOCIÉTÉ CENTRALE
ANNONCES & RÉCLAMES
A FORFAIT.
S’adresser rue Cans, 22,
IXELLES.
D’ARCHITECTURE
DIRECTION-ADMINISTRATION :
Rue Cans, 22, Ixelles.
■— DÉPOSÉ —
DE BELGIQUE
— DÉPOSÉ —
DIRECTION - RÉDACTION :
Rue des Quatre-Bras, 5, Bruxelles.
— 37 —
Bruxelles, Juin 1877.
SOMMAIRE:
La maison des Chats. — Les concours en Belgigue. — OEu-
vres publiées, — Faits divers.
La maison des chats.
La Revue nouvelle de l'Industrie et des travaux pu-
blics n’est, paraît-il, pas satisfaite de notre réponse à sa
critique de l’œuvre qui a obtenu la lre des primes ac-
cordées par l’Administration communale de Bruxelles
aux constructions les plus remarquables élevées à front
des nouveaux boulevards.
Et même la Revue nouvelle de l'Industrie et des
travaux publics se fâche (ce à quoi nous ne nous at-
tendions guère de gens d’esprit) et elle revient à la
charge en disant :
Nous renvoyons nos lecteurs à notre numéro du 9 mai, parce
que dans ce numéro nous avons publié la façade d’un bâton scul-
pté d’après les dessins de M. Beyaert, architecte à Bruxelles ;
cette construction ne ressemble ni à une maison... ni à une tour,
c’est une invention faite seulement dans le but d’obtenir un prix
de 20,000 fr!...
Et, il a été accordé !
Aussi, tout le monde en fut... étonné... même bon nombre do
nos lecteurs qui, depuis que nous avons publié celte lame de cou-
teau, vue do chan, nous ont débordé de leurs critiques, auxquelles
nous n’avons pas cru devoir donner suite parce que nous croyions
en avoir assez dit, et nous espérions l’incident clos.
Mais nous avions compté sans l'Emulation (l’Emulation c’est un
journal, copié sur une vertu) qui nous aiguillonne!...
*
* *
Nous devons d’abord répondre à un grief de notre... consœur,
comme elle nous appelle (le mot est peut-être français, logique
surtout, mais il est bien drôle?...)
Or, notre consœur (ce qualificatif nous fera toujours rire) nous
reproche d’avoir reproduit son document par la photolithographie,
sans remplir cette simple formalité polie de lui demander si cela
lui plaisait.
Nous répondrons à cela deux choses :
La première, c’est que généralement un petit journal est honoré
quand il est reproduit par un grand, car il bénéficie ainsi, par la
citation que l’on fait de lui (nous citons toujours), d’une publicité à
6,000 exemplaires.
Nous croyions être agréable à l'Emulation et nous attendions
ses remerciements, dès l’instant que cela lui déplaît nous ne par-
lerons plus d’elle, et nous lui faisons des excuses... écrites.
Ensuite, il nous était difficile de combattre les argumentations
de l’Emulation sans reproduire exactement le même dessin... au-
trement on aurait pu accuser notre dessinateur d’avoir travesti la
ficelle sculptée de M. Beyaert.
* *'
Ceci dit, revenons à l’œuvre de cet honnête architecte, qui est
très-probablement l’auteur de l’article qui nous prend à parti (voir
l'Emulation n°4)... s’il n’en est pas l’auteur il doit bien en être l’ins-
tigateur ; l’article qui nous écrase contient près de deux grandes
colonnes plus longues et plus larges que les nôtres : le style est
leger, trop léger même, badin à l’excès, humoristique au possible,
mais jovial et pas serré, il ressemble à une gageure de café !
On nous reproche d’avoir dit :
« Il est incontestable que le style de cette architecture a été
composé par M. Beyaert, mais il est incontestable aussi qu’il a fait
une œuvre bâtarde ; ni flamande, ni renaissance, ni classique, ni
même néo-flamande. »
Et notre joviale consœur ajoute :
Voyez-vous ce M. Beyaert qui, à lui tout seul, et sans façon
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compose un style d’architecture et qui promène si bien son crayon
et son tire-ligne sur le papier qu’il crée une œuvre qui n’est ni
flamande, ni ete...
(Voir ci- dessus)...!!!
Mais chère et honorée Revue, faites-nous, je vous prie, la cha-
rité de nous dire ce qu’elle est alors...
*
* *
Ce qu’elle est?... mais, nous vous l’avons dit : Elle est bâ-
tarde!... Et un batard N’A PAS DE NOM !...
Si !.... Elle s'appelle vingt mille francs contestés.
Avant de nous remettre en garde et de nous pré-
parer à la riposte, nous nous permettrons deux ré-
flexions, utiles à la bonne intelligence du débat.
Nos lecteurs auront constaté que, avant de ré-
pondre aux arguments (?) de la Revue, nous avions
soin de les reproduire, ce qui permettait à ceux de nos
abonnés qui ne lisent pas la Revue nouvelle (ils sont
nombreux), d’être placés cependant dans des conditions
parfaites d’impartialité en présence de l’article de ce
journal et notre réponse.
Non seulement notre consœur (je ne veux pas faire
perdre à mon estimable confrère cette occasion de
fou rire), non seulement, dis-je, elle ne reproduit pas
nos arguments, mais elle escamote ceux qui l'embar-
rassent.
Quant à ce mot « consœur » qui lui paraît si drôle, je
dirai à mon honorable confrère qu’il m’avait paru cour-
tois de nepas donner àcette polémique un caractère de
personnalité quelle ne devait pas avoir et qu’à mon
avis ce devait être l'Emulation qui répondît à la Revue
nouvelle.
*
* *
Mais ce que je n’admets pas, ô irascible confrère,
c’est le ton agressif de votre dernière riposte ; et si
vous vous êtes relu, ce dont je doute, vous avez dû
hésiter avant de confier votre copie au compositeur et
le prote lui-même a dû tressaillir en la lisant.
Je pourrais vous dire : qui se fâche a toujours tort ;
il me serait facile de répondre à cette méchanceté :
un petit journal est honoré quand il est reproduit par
un grand (la Revue) car il bénéficie ainsi par la cita-
tion que l'on fait de lui, d'une publicité à 6000 exem-
plaires. Oh, oui ! cela me serait bien facile, et pour
n’être pas moins méchant que vous, je vous dirais
qu’être reproduit et cité par un journal d'annonces in-
dustrielles et d'adjudications publiques ne saurait nulle -
ment nous flatter, car ce tirage à 6000 de votre grand
journal ne s’adresse qu’aux industriels et aux entre-
preneurs, alors que l'Emulation ne s’adresse qu'aux
architectes en général et, parmi ceux-ci, particulière-
ment aux artistes.
Toutefois nous ferons exception pour cette fois,
puisque vous aviez la conviction de nous être agréable,
aimable confrère, et de même que nous acceptons vos
excuses écrites, nous vous prions d’agréer, avec l’ex-
pression de notre bien sincère estime, ces remercî-
ments les plus chaleureux que vous attendiez de nous.
*
* *
Mais ce que je ne puis laisser passer c est ce 3e pa-
ragraphe, dans lequel vous dites (voir ci-dessus), que
M. Beyaert est très-probablement l’auteur de l’article
qui vous prend à parti, ou que tout au moins cet ar-
ticle qui vous écrase (?) doit avoir été inspiré par lui.
Si je vous accusais de dénigrer, par parti-pris,
l’œuvre de M. Beyaert ; si je montrais votre critique
inspirée par un architecte évincé et mécontent, si j al-
lais même jusqu’à insinuer que votre critique a été
rédigée par un concurrent malheureux et irascible,
que me répondriez-vous, confrère?
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Vous m’accuseriez de calomnie et, si j’avais tort,
si mon insinuation tombait à faux, vous auriez raison,
cent fois raison ! —Vous me diriez, honoré confrère,
que mon article est un tissu de méchancetés gratuites,
n’est-ce pas ? Eh bien ! vous me donnez le droit de vous
adresser cette affirmation, et j’ajouterai : le procédé
n’est pas digne de vous et mieux eût valu n’employer
même que des arguties.
*
* *
Ainsi se terminera cette polémique qui n’aurait pas
dû cesser d’être courtoise, confrère; je vous aban-
donne le terrain sur lequel vous vous êtes placé et sur
lequel il ne nous convient pas de vous suivre : l'Emula-
tion et votre très-humble serviteur
- E. Allard. ,,
LES CONCOURS EN BELGIQUE.
LE CONCOURS DE ST-GILLES-LEZ BRUXELLES , POUR LA
CONSTRUCTION d’UNE ÉCOLE.
Déjà, à différentes reprises, nous avons dit que
l’organisation des concours publics était, en Belgique,
parfaitement défectueuse en ce sens qu’elle n’offre pas
aux concurrents toutes les garanties désirables d’un
jugement éclairé et impartial.
Cela a été clairement établi et il n’est plus de doute
à ce sujet : les concours publics ne sont généralement
qu’un leurre, parfois préparé avec intention, pour dis-
simuler le favoritisme, souvent, presque toujours,
permettant tous les abus qui y conduisent.
Eh bien, tout n’a pas été dit, et il vient de se pré-
senter un concours dont les résultats viennent ajouter
encore à toutes les défectuosités que nous avons
signalées.
¥ ¥
Au commencement d’octobre 1876, croyons-nous,
l’administration communale de St-Gilles-lez-Bruxelles
mit au concours la rédaction de plans, devis et cahier
des charges pour la construction d’un bâtiment d’école,
rue de la Croix de pierre. A ce propos nous écrivîmes
à l’administration communale qui nous répondit que
le concours n’était ouvert que pour les architectes
patentés habitant la commune et pour ceux qui, n’ha-
bitant pas St-Gilles, avaient été désignés par l’admi-
nistration communale (Voir le n° 11, 2e année.)
Nous ne nous sommes plus, dès lors, occupés de ce
concours parce qu’à notre avis cet exclusivisme avait
un caractère d’esprit de clocher inadmissible quand
il s’agit d’une question d’art.
Un certain nombre (une dizaine environ) de projets
furent présentés et parmi ceux-ci il y en avait de très
intéressants. Le projet classé premier, entr'autres,
présentait une façade principale de beaucoup de
caractère.
Un jury fut donc appelé à juger ces œuvres et trois
projets furent désignés par le rapport de Messieurs les
membres de ce jury, comme étant ceux qui méritaient
les sommes promises aux lauréats.
Le Conseil Communal examina à nouveau les pro -
jets présentés et décida que les primes inférieures
seules seraient distribuées ; la première fut réservée.
Cependant le Conseil Communal ne s’arrêta, pour
l’exécution, à aucun des projets présentés ; dans l’une
de ses séances il décida qu’un appel serait fait à quel-
ques architectes en renom et que le Collége leur de-
manderait des projets dont le meilleur serait exécuté. |