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1884.
N° 4.
9e ANNEE.
ABONNEMENTS
S’adresser à M. Ch. CLAESEN, éditeur
Rue du Jardin Botanique, 26
LIÉGE
L’ÉMULATION
PUBLICATION MENSUELLE DE LA SOCIÉTÉ CENTRALE
ANNONCES & RÉCLAMES
A FORFAIT
S’adresser à M. Ch. CLAESEN, édileur
Rue du Jardin Botanique, 26
liège:
ADMINISTRATION
Boulevard du Hainaut, 139
Bruxelles
D'ARCHITECTURE
DE BELGIQUE
DIRECTION —RÉDACTION
Rue des Quatre - Bras, 5
Bruxelles
-déposé- BUREAUX : BOULEVARD DU HAINAUT, 139, BRUXELLES —- DÉPOSÉ —
— 37 —
SOMMAIRE
Exposition nationale d’Architecture (suite). E. Allard.
Société Centrale d'Architecture de Belgique. — Le
nouvel hôtel communal de Schaerbeek. Ernai.. — La
nomination d’un professeur d'architecture! Ernal.
Concours de Verviers — Archéologie. —■ Faits
divers.
L’Exposition nationale d’Architecture
(suite.)
Ue mouvement de la fin du xvme siècle, ce retour
vers l’art des Grecs s'éteignit bientôt ; mais il avait
ramené 1 attention vers 1 étude approfondie des
monuments de Rome et d’Athènes.
L’effroyable désordre qui a marqué la fin du
siècle dernier fait place à une organisation sociale
paissante ; l’architecte réapparaît, et, prévoyant une
ère de grands travaux, le législateur lui-même se
préoccupe, dans 1 élaboration du code civil, de l’ar-
chitecte et de l'entrepreneur.
, Napoléon n’ignorait pas que la plus durable con-
sécration de sa gloire serait dans la construction
d édifices dignes de la fortune de ses armées.
Mais cependant il n’existait rien de préparé
pour cela. La fondation de 1 ecole des Beaux-Arts
vint remettre en honneur des études auxquelles,
seuls alors, se consacraient les ingénieurs.
Et l’institution des concours de Rome vint com-
pléter cet enseignement artistique qui devait rendre
a l'architecture le rang élevé qui fui revient dans
la société.
L’empire tombe, mais heureusement ses institu-
tions dans-l’intérêt de l’art architectural sont res-
pectées par la Restauration ; c’est même celle-ci qui
termine l’Arc-de-Triomphe destiné à glorifier les
victoires des aigles impériales.
C’est l’époque de cette génération de 1830 qui eut
des faiblesses, sans doute, que l’on a pu accuser de
réaction, même dans le domaine de la pensée, mais
qui remit les arts en honneur et nous donna les
maîtres qui sortirent définitivement l’art architec-
tural du chaos dans lequel il se.débattait vaine-
ment.
C est à cette génération qu’appartiennent directe-
ment ou par filiation, chez nous, les Balat, les De
Oraen, les Deman, les Poelaert et les Suys.
★
* *
A cette époque, le génie de l’homme qui s était
emparé de la vapeur venait de trouver le moyen
d’en utiliser la puissance comme force motrice,
comme véhicule; l’établissement des chemins de
fer allait donner lieu à des constructions impor-
tantes : les gares.
Le grand courant philanthropique et philoso-
phique des esprits du commencement de ce siècle
vint appeler l’architecte à la construction d’édifices
nouveaux : les hospices et les écoles.
En sorte que, dans l’histoire de l’art, notre époque
semble devoir porter surtout le nom d’architecture
civile. Aussi, à l’Exposition nationale, dix classes
lui avaient été réservées.
A côté des projets d’hôtel de ville et de maisons
communales, dont nous avons dit tout le bien qu’ils
méritent, nous remarquons le projet de palais de
justice de M. E. Acker, 1 intéressante maison com-
munale de Berlaer, que nous publions, par M. L.
Blomme ; un projet de théâtre à construire à
Francfort, par M. G. Bordiau; un projet de tri-
bunal de première instance, par M. De Larabrie,
et les dessins des diverses prisons construites par
feu J.-J. Dumont (1811-1859). — Les dessins du
Palais de Justice de Gand du regretté L.-J. Roe-
landt, l’éminent architecte gantois (1786-1864).
Nous citerons encore le projet de théâtre (2e prix
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au concours ouvert par la ville de Vendôme) de
M. P. Stevens.
Nous citerons pour mémoire les dessins de
M. Suys; la meilleure des trois oeuvres exposées est
sans contredit le Palais des Beaux-Arts (encore le
plan pourrait être discuté).
Dans la classe A architecture scolaire, nous notons
les écoles construites à Anvers par M. P. Dens,
parmi lesquelles il ‘en est d’intéressantes ; l’école
moyenne pour demoiselles construites à Verviers
sur les dessins de MM. Benoit et Vanderstraeten,
que nous avons publiée, et lecole de dessin de
Molenbeek-Saint-Jean, oeuvre remarquable de
M. J. Benoit.
Puis 1 'Ecole normale deMons, par M. J. Hubert,
et une école communale en construction à Bruxelles
due à M. V. Dumortier.
A propos de cette dernière oeuvre, nous consta-
terons que l’on semble avoir compris enfin qu’il ne
suffit pas de faire des bâtiments scolaires aux
allures monumentales.
Il faut surtout, dans lecole, une distribution
simple et commode; des dispositions appelant en
abondance l’air et la lumière dans les locaux desti-
nés à recevoir un grand nombre d’enfants.
C’est, à notre sens, une erreur que de donner des
allures de palais à des établissements d’éducation
populaire. (Je n’est pas de luxe qu’il faut parler aux
yeux et à l’imagination des enfants des classes
pauvres, mais bien de santé, de liberté et de sim-
plicité. Nous voudrions voir mieux compris ce vieux
principe : Mens sana in cor pore sano.
★
* *
Dans la classe d’architecture scolaire, nous trou-
vons le Conservatoire de Bruxelles, la dernière
oeuvre du regretté J.-P. Cluysenaer.
Enfin, nous aimons à citer le projet d’athénée
par M. L. De la Censerie, oeuvre pleine de verve
et de pittoresque, peut-être un peu décousue dans
sa silhouette générale. Et le projet d’université qui
a valu à son auteur, M. E. Dieltjens, le prix de
Rome de 1871.
Notons pour mémoire les écoles de Saint-Gilles
lez-Bruxelles, dont la vue perspective séduit, alors
que les détails n’ofirent rien d’intéressant, ni de
remarquable.
Pour en finir avec cette classe, nous rappelle-
rons le beau projet d’université de M. J. Rau, cou-
ronné au concours triennal de 1881, à l’Académie
royale des Beaux-Arts de Bruxelles.
-k
* *
Dans la classe d’architecture hospitalière, nous
retrouvons quelques anciennes connaissances ; nous
citerons cependant l’hôpital civil de Mons, par
J. Hubert; l’orphelinat pour filles, construit à
Anvers, par MM. L. et II. Blomme, à la suite d’un
concours; l'hôpital militaire de L. Baeckelmans;
un projet d’hospice de M. L.De la Censerie; l’hos-
pice des vieillards, à Soignies, de A. Capronnier.
MM. E. Serrure a envoyé les dessins de sa mo-
nographie de l'hôpital de la Biloque à Gand si inté-
ressant de style, dont M. Pauli, professeur à
l’Université et à l’Académie de Gand, a fait une
habile restauration.
Citons pour finir le projet d'Hôtel royal des Inva-
lides, de M. L. Ombrechts (prix de Rome).
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* *
Les classes A architecture domestique sont, sans
contredit, avec la section rétrospective et la section
religieuse, à compter parmi les plus remarquables.
Si cette étude ne s était déjà étendue outre me-
sure, ce serait le moment de disserter quelque peu
sur les conditions que doit remplir l’habitation
moderne ; nous ferons cette étude dans un article
qui y sera spécialement consacré dans notre pro-
chaine livraison.
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Constatons qu’il y a une tendance nouvelle ; il
semble que l’on veuille abandonner le caprice des
enroulements des pignons tourmentés, que la mode
nous imposait, en quelque sorte, depuis bientôt une
dizaine d’années.
On cherche la note sobre, élégante et gracieuse
qui est le fond de la société actuelle, et, ma foi, on
y arrive assez souvent.
La façade de maison d’habitation, construite à
l’avenue Louise, par M. J. Benoit est un beau
morceau d’architecture sobre, sérieux, élégant et
très étudié.
Nous aimons beaucoup les projets d’hôtel et de
maison de M. E. Acker. Traitées dans un style
emprunté à la Renaissance italienne, ces deux
œuvres sont heureuses de composition. On y voit
la préoccupation d’un art rationnel, sain et élégant.
Nous citerons encore deux façades de M. J. Brun-
faut. Très étudiées aussi, bien que cependant cer-
tains détails nous paraissent un peu maigres.
De U.-II. Blomme, nous citerons le dépôt con-
struit au quai Flamand, à Anvers, et la maison du
Meibloem au Meir; œuvres très intéressantes et
très neuves; à notre avis, M. Blomme cherche à
rendre la Renaissance flamande possible ou ration-
nelle.
Enfin, MM. Bosmans et Vandevelde ont envoyé
les façades de deux maisons construites à Bruxelles ;
traitées toutes deux avec talent ; la seconde de ces
compositions est peut-être un peu fantaisiste (nous
parlons de celle rue du Gouvernemént Provisoire).
M. J. Dewaele a exposé divers relevés d’an-
ciennes maisons de Gand dont le choix heureux
dénote le goût sûr d’un érudit et d'un artiste. Le
même artiste a envoyé des projets de maisons de
différents types.
M. A. Dujardin a envoyé les dessins et photo-
graphies de l’hôtel continental d’Ostende, construit,
nous copions le texte, en 207 jours.
Au point de vue pratique, cela peut être un mé-
rite ; mais à celui de l’art, nous engageons vive-
ment l’auteur à se souvenir que « cm va piano va
SANO. «
De M. A. Dumont, nous citerons l’hôtel des
ventes et les façades de deux maisons, dont l’une
est une tentative de style François Ier.
MM. J. Fonteyne, Bosmans et Vandevelde ont
envoyé le projet de Casino pour Blankenberghe.
C’est une œuvre très travaillée qui possède des
qualités, notamment l’originalité qui se reconnaît
jusque dans certains détails accessoires, notamment
dans les escaliers de la salle.
Saluons en passant un architecte luxembourgeois,
M. J. Knepper-Gloesener, membre correspondant
de la Société, qui a envoyé le dessin d’une maison
de commerce à Ettelbrück, dans laquelle on sent les
traditions allemandes. C’est du classique mêlé à
toutes les fantaisies connues. Art maigre.
(A continuer.) E. Allard.
Société Centrale d’Architecture
Dans sa dernière séance, la Société a admis en qualité de
membre effectif, M. Decubber, architecte à Bruxelles.
Elle a chargé une commission de 6 membres : MM. Acker,
Baes, Brunfaut, Devestel.NeuteetSaintenoy, auxquels se joindra
le Président, d’étudier l’organisation des expositions spéciales
et périodiques d’architecture, pour en faire la proposition au
gouvernement.
Elle a arrêté ainsi qu’il suit le tableau des excursions pour
l’année 1884 :
Dimanche 9 mars. Visite du Palais de Justice de Bruxelles.
Réunion place Poelaert, à 9 1/2 heures.
Dimanche 20 avril. Excursion pédestre au château de
M. Charles Albert, à Boitsfort. Réunion place du Luxembourg,
à 8 1/4 heures. Départ à 8 1/2 heures; retour à 2 heures. |