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Le Précurseur
»i. dei.ehate. Je regrette que ce soit un pareil motif qui tienne M. le
ministre éloigné, mais il aurait dû se faire représenter par un com-
missaire. Des interpellations importantes ont déjà été adressées et
restent sans réponse. Moi-même j’avais une interpellation importante
à faire. Je voulais prouver qu’avec les fonds dont il dispose, M. le mi-
nistre pouvait faire commencer des travaux d’une grande utilité et
qui restent sans même un commencement d’exécution.
m. de thecx, ministre de l’intérieur, pense qu’il était impossible de
faire remplacer M. le ministre et que l’on pourra faire les interpella-
tions annoncées, lors delà discussion du budget des travaux publics.
Le crédit est adopté à l'unanimité des 60 membres présents.
m. dei,fosse. Nous allons avoir quelques jours de vacances; MM. les
ministres auront plus de temps pour diriger le travail des bureaux. Je
me permettrai donc de leur demander quelques renseignements que
je crois utiles pour la discussion du budget de la justice et pour l’exa-
men des faits relatifs à l’enseignement primaire; il est possible que
quelques-uns de ces renseignements se trouvent dans le rapport sur
l’instruction primaire qui doit nous être distribué après les vacances.
Dans ce cas, MM. les ministres n’auraient qu’à compléter le travail.Les
renseignements que je demande se résument dans tes questions sui-
vantes :
Combien y a-t-il, dans le pays, de maisons de congrégations reli-
gieuses ?
Combien d’hommes, combien de femmes?
Quel est le titre ou le nom de ces maisons?
Quelleest leur population?
Combien s’y trouve-t-il de prêtres ? combien de frères ? combien de
religieuses ? combien de sœurs converses ? combien de novices ?
Lesquelles de ces maisons sont des maisons principales ou maisons
mères ?
Dans quelle commune chacun de ces établissements est-il situé ?
Combien d’écoles ces congrégations tiennent-elles ?
Comment ces écoles se subdivisent-elles? c’est à dire, combien y
a-t-il :
D’écoles communales de garçons ?
D’écoles privées de garçons ?
De pensionnats de garçons?
D’écoles communales de filles ?
D’écoles privées de filles ?
De pensionnats de filles ?
D’écoles de manufactures ?
D’écoles de travail ?
D’écoles gardiennes ?
D’ouvriers ?
Dans quelle commune chacune de ces écoles est-elle située ?
Quel est le personnel enseignant et le nombre d’élèves de chaque école?
Quelles sont les subventions qu’elle reçoit 1° de l’Etat, 2» de la pro-
vince, 3» de la commune. 4° des bureaux de bienfaisance ?
Quelles sont les fondations de bourses dont elle jouit ?
Quelles sont les rétributions payées parles élèves ?
Combien y a-t il de ces écoles adoptées par les communes ?
Je prie MM. les ministres de l’intérieur et de la justice de vouloir bien
répondre à ces questions le plus tôt possible. (Signe d’assentiment au
banc des ministres )
L’ordre du jour appelle la suite de la discussion du budget de l’in-
térieur
La discussion continue sur la partie du chap. XVII relative à l’in-
struction primaire.
m. eogier fait remarquer de nouveau qu’en l’absence du rapport sur
l’instruction primaire, la discussion devra être moins approfondie
qu’elle n’aurait dû l’être. Il puisera, dit-il, les observations qu’il va
soumettre à la chambre dans les fragements du rapport que M. le mi-
nistre a détachés de son travail d’ensemble. L’orateur rappelle que plu-
sieurs réglements organiques de la loi sur l’instruction primaire ont
bien été pris en considération par le ministère, mais qu’en revanche,
il a laissé beaucoup de lacunes à combler. C’est ainsi qu’on ne s’est pas
occupé des concours entre les écoles primaires, malgré la volonté de
la chambre qui à cet égard avait voté les dispositions expresses.
M. Rogier se déclare très partisan des concours qu’il considère com-
me une source utile d’émulation, il dit la province d’Anvers, par exem-
ple, en a obtenu les meilleurs résultats; mais aujourd’hui les provinces
du Limbourg, du Brabant et d’Anvers, qui n’ont jamais reçu que de
faibles subsides n’en reçoivent plus pour l’exécution de ces’concours.
Le gouvernement ne s’en est nullement occupé, et c'est, dit l’orateur,
une coupable indifférence qui doit enfin cesser.
On a aussi oublié d’organiser les conférences trimestrielles entre les
institutions ; si bien que les provinces, les communes, l’Etat n’ont al-
loué rien ou presque rien pour cet important objet. Et pourtant, en
s’occupant de l'instrucion primaire, on travaille au bien-être des popu-
lations, car l’instruction est aussi utile à donner, plus utile même dans
l’ordre moral que les subsides que l’on a accordés comme secours ma-
tériels dans ces derniers temps. La négligence du gouvernement mé-
rite donc des reproches sévères.
Passant aux écoles primaires supérieures, l’orateur rappelle que ces
institutions devaient tenir lieu de collège aux enfants de la bourgeoisie
et à ceux des artisans. Eh bien ! elles ne sont pas eucore organisées, et
celles qui existent ne peuvent être considérées que comme des écoles
tout à fait élémentaires où l’on enseigne à lire et à réciter des prières.
Les écoles normales n’ont pas non plus attiré l’attention du gouverne-
ment. Le clergé a 7 écoles normales, l’Etat n’en a que 2 ! Les cours nor-
maux auprès des écoles primaires supérieures ne sont pas encore éta-
blies ; ce qu’on a dépensé pour cet objet ne s’élève qu’à 230 fr. C’est en
vérité une amère dérision ! On a bien dépensé une somme de 17.000
fr. pour des bourses destinées à des élèves normaux ; mais ces élèves
ont-ils été envoyés aux écoles normales du clergé, ou à celles de l’Etat?
Là est la question.
Ainsi pour les concours entre les établissements d’instruction pri-
maire. néant ! pour les conférences trimestrielles entre les instituteurs
communaux, rien ou presque rien; les écoles primaires supérieures ne
remplissent nullement leur mission. Pour les cours normaux rien ou
presque rien Voilà donc les dispositions fondamentales de la loi, celles
que le gouvernement devrait'avoir le plus à cœur de mettre à exécu-
tion, qui restent en oubli. Il me semble qu’en quatre ans, on aurait du
se mettre en mesure de donner à la loi une exécution complète.
On a accordé aux écoles normales de l’Etat, 21.000 fr , et aux écoles
normales du cle. gé 21,000 francs aussi. Je n’ai rien à dire de celle éga-
lité, mais j’espère que le gouvernement ne s’est pas borné à accorder
des subsides, et qu’il aura tenu la main à l’exécution de la loi relative- i
ment aux établissements subsidiés. La loi oblige l’établissement sub-
sidié à se soumettre à l’inspection de l’Etat. J’aime à croire que l'inspec-
tion civile s’est faite dans les établissements subsidiés du clergé.
L’orateur demande aussi si l’inspection civile porte sur les livres don-
nés aux élèves et fait ressortir l’utilité de celte inspection.
Si le gouvernement, reprend l’orateur, n’a pas fait assez d’un côté
pour l’exécution de la loi, de l’autre il a outrepassé ses droits. Ainsi, il
outrepasse ses droits en ce qui concerne le réglement des écoles pri-
maires.
Sans doute, il faut introduire dans l’enseignement primaire de la ré-
gularité, de l’unité, mais avant tout il faut respecter la légalité.
Un arrêté royal du 15 août 1846, arrêté qui a paru dans le Moniteur,
a attribué au gouvernement le droit de régler certaines matières d’in-
struction primaire que la loi sur l’instruction primaire et la loi commu-
nale ont réservées aux conseils communaux. Je ne veux pas entrer à
ce sujet dans un long examen ; je me bornerai à citer un seul point sur
lequel le gouvernementa violé la loi.
La loi confie au conseil communal le soin de déterminer la rétribu-
tion des élèves, le mode de recouvrement, les jours et les heures de tra-
vail, le mode de punition et de récompense, la durée et l’époque des
vacances.
Les évêques ont proposé de fixer certaines heures pour donner l’in-
struction religieuse aux éleves. Ce qui constitue un véritable empiéte-
ment.sur les droits delà commune. Aussi, dans plusieurs grandes vil-
les, s’est-on formellement refusé à se soumettre à l’arrêté royal du 15
août. Il me semble qu’il est du devoir du gouvernement défaire cesser
ces conflits.
En terminant, messieurs, je crois devoir vous présenter une obser-
vation qui sera sans doute mal interprétée, malgré la modération que
j’y mettrai.
L’arrêté royal du 15 août est accompagné d’une circulaire des évê-
ques aux curés. Cette circulaire est l’annexe, le commentaire légal de
l’arrêté; elle est obligatoire comme loi.
Dans cette circulaire on donne des conseils dont je reconnais toute
la sagesse, mais on y a inséré des dispositions qui vont beaucoup trop
loin.
11 est bien certain que la loi en laissant au clergé la direction de l’en-
seignement moral et religieux n’a pas voulu pour cela livrer l’institu-
teur au clergé, livrer sa vie intérieure et sa vie extérieure. C’est ce qui
arriverait cependant si l’on prenait à la lettre certaines dispositions de
la circulaire. Je n’en citerai qu’une. On dit: a Art. 4. L’instituteur ne
fréquentera pas les personnes d’une réputation suspecte, il évitera les
sociétés bruyantes. » (Rires.)
Qu’entend-on par ces personnes d'une réputation suspecte? Ces
personnes sont désignées au prône le dimanche, surtout dans le temps
des élections, ces personnes sont les libéraux. Si l’instituteur fré-
quente ces personnes, demandera-t-on son changement ? En voyant
de semblables tendances nous devons nous féliciter de cette disposi-
tion que nous avons fait insérer dans la loi malgré M de Theux et ses
amis. Ils voulaient que le refus de concours du clergé entraînât la fer-
meture de l’école. La loi veut que l’école subsiste malgré le refus de
concours du clergé.
Qu’entend la circulaire par les mots : les sociétés bruyantes. Sans doute
les sociétés musicales, celles où l’on danse. _ _
Certes, messieurs, je suis d’avis, autant que personne, que l’institu-
teur doit avoir une conduite réglée, un maintien modeste; mais est-ce
une raison pour le transformer en une sorte de cénobite, pour le sou-
mettre à une règle monaeale ! .
L’orateur récapitule les diverses parties de son discours et termine
en priant M. le ministre de faire ajouter dans le rapport sur l’instruc-
tion primaire, les réponses à celles de ces questions que le rapport
n’aurait pas déjà prévues. ,
h. de thecx annonce que le rapport répondra aux observations de
M. Rogier, il est donc inutile d’entrer dans la discussion aujourd’hui.
M. le ministre déclare que M. Rogier a mal entendu la circulaire des
évêques ; en interdisant la fréquentation des personnes mal famées il
n’est pas question d’opinions, mais de mœurs Le mol société bruyan-
te ne peut s’entendre des sociétés de musique ; mais il est peu conve-
nable qu’un instituteur se permette le plaisir de la danse.
Relativement aux heures pour l’enseignement religieux, M le minis-
tre pense que cette disposition est nécessaire pour maintenir la liberté
des cultes. AI. le ministre s’attache ensuite à répondre aux diverses
observations de M. Rogier ; il assure que les conférences trimestrielles
ont été organisées en partie et le seront bientôt entièrement. L’utilité
des concours est. selon M le ministre, fortcontestable. L’orateur ter-
mine en renouvelant la promesse que le rapport sera distribué dans
quelques jours.
.ai. i.vs présente des observations pour démontrer que le but du lé-
gislateur n’a pas été de forcer les provinces et l'état à venir au secours
des communes riches. Ces communes doivent seules supporter les
frais de leurs établissements d’instruction. Ce n’est que lorsque les
ressources des communes sont insuffisantes que l’ËLat et la province
peuvent être tenus de subsidier leurs écoles.
m. de EAXBiOY déclare que la section centrale est de l’avis que l’on doit
subsidier les communes dont les ressources sont insuffisantes. Il trou-
ve donc que l’allocation demandée parle gouvernementest insuffisante;
et il volera pour cette allocation à cause de la situation du pays.
m. de h.aerne pense aussi que le nombre des bourses n’est pas assez
considérable.
m. orts répond quelques mots au discours de M. le ministre de l’in-
térieur. Il insiste principalement sur la nécessité d’adjoindre des cours
normaux aux écoles primaires supérieures pour les filles.
M. nOtiiomb déclare qu’il ne prolongera pas celte discussion qui doit
se reproduire prochainement, à l’occasion du projet de loi tendant à
accorder au gouvernement un crédit supplémentaire pour l’instruc-
tion primaire. Il se bornera donc à répondre à quelques-unes des ob-
servations qui ont été présentées.
En ce qui conserne les cours normaux à annexer aux écoles primai-
res supérieures, l’honorable membre fait remarquer d’abord que la loi
se borne à donner à cet égard une simple faculté au gouvernement.
Il ajoute que des cours normaux sont établis auprès de quatre écoles
primaires supérieures, des tentatives ont été faites pour en établir au-
près d’une cinquième école à Bruxelles, mais on n’a pas réussi jusqu’à
présent, parce que l’administration communale refuse de fournir les
locaux nécessaires pour l'internat qui, aux yeux du gouvernement,
est indispensable.
En ce qui concerne les conférences entre les instituteurs, l’honora-
ble membre pense qu’en cette matière on ne peut procéder que par
voie d’essai et c'est ce qui a été fait.
Quant aux concours, l’orateur pense que c’est là une question extrê-
mement délicate. Le gouvernement a commencé à cet égard une in-
struction dont il est rendu compte dans le rapport et la chambre verra
alors combien so.it graves les difficultés qui s’attachent à celte ques-
tion. Il déclare toutefois qu’il verrait avec peine les concours totale-
ment abandonnés.
La clôture est réclamée. ■ -
m. i.e ministre de l'intérieur déclare qu’il renonce à la parole. Il
propose toutefois une augmentation de 10.000 fr. réclamée par les be-
soins de l’enseignement primaire dans le Luxembourg.
L’art, est mis aux voix et adopté avec cette augmentation.
L’art. 8 relatif à l’enseignement des sourds-muets est adopté sans
discussion.
M le ministre de l’intérieur propose à la chambre de se réunir de-
main à H heures et de s’occuper à la suite du budget de l’intérieur,
des projets de lois relatifs aux étoupes et aux cuirs.
Cette proposition est adoptée.
La séance est levée à 4 heures 1J2. — Demain séance publique à 11
heures. — Ordre du jour : Suite de la discussion du budget de l’inté-
rieur; discussion des projets de loi relatifs aux éloupesel aux cuirs et
peaux.
SÉNAT.
Dans la séance d’hier, le sénat, après une discussion assez vive, sou-
levée par M Dumon-Dumortier, dans l’intérêt des producteurs de sucre
de betterave, sur la manière dont s’exécute la nouvelle loi sur les sucres,
a adopté le budget des finances, et commencé à voter les articles du
budget des affaires étrangères.
M. le ministre des affaires étrangères a’annoncé que demain il pré-
sentera, à la chambre des représentants le projet de loi sur la sociéLé
d’exportation.
ANVERS , *4 DECEMBRE.
A cause de la fête de NOËL le Précurseur ne paraîtra pas
demain.
C’est à dater de demain que la gravure de ’M.iVerswyvel sera expo-
sée au Musée, entrée par la rue de Venus. L’exposition sera ouverte
durant huit jours, de 10 heures du matin à 3 heures de relevée.
— Ce matin on a retiré de l’Escaut près de l’embarcadère, le cadavre
d’un individuque l’on a reconnu être un cordonnier, natif de Lokeren
et demeurant en celte ville. On croit que ce malheureux s’est jeté vo-
lontairement dans la rivière.
— La chaloupe de pêche lloop est arrivée ce matin avec une assez
bonne quantité de poisson frais D’un autre côté du poisson étant arri-
vé d’Ostende. le marché se trouvait assez bien pourvu.
— Le brick danois Fides, est sorti ce matin de nos bassins en par-
tance pour Rio-Janeiro avec 63 émigrants.
— Il n’est bruit à Liège que de la révocation de M. Bremans de sa
qualité de secrétaire de l’évêché. M. Bremans cesse pareillement d’être
chanoine honoraire de la cathédrale.
— Nous apprenons que l’état de M. Verwitghem. député de St-Nico-
las, qui avait inspiré de sérieuses inquiétudes.s'est amélioré.
— M. Edouard Biolley ainsi que la famille de M. le vicomte de Biolley,
viennent de mettre à la disposition delà société royale de philanthropie
de Verviers. 15 balles de riz pour être distribué à la classe indigente.
— Mercredi passé, au marché deThonrout, il y avait au-delà de 150
lièvres ; onjles a vendus à 14 sous la pièce.
— On lit dans la Gazette de Mons :
La fièvre typhoïde règne avec une telle intensité dans le hameau de
Lignette. les communes de Pipaix et de Gaillaix, qu’un petit nombre
de ceux qui en sont at laqués échappent à ses cruels ravages Et, chose
déplorable, c’est parmi la belle et robuste jeunesse qu’elle choisit pres-
que exclusivement ses victimes.
— Il existe, à la maison des missions étrangères, à Paris, un vieillard
âgé de 98 ans. né à Nuncq. canton de St -Pot. Quand il quitta le pays,
il était à peine âgé de dix à douze ans. Il se rendit alors à Paris, entra
dans les ordres et partit quelques années après pour la Chine, en qua-
lité de missionnaire. Il séjourna en Chine et aux Indes pendant l’espace
d’environ trois quarts de siècle. Il y a deux ans, l’état de sa santé le
força à rentrer en France ; et à 96 ans. il entreprit et supporta une tra-
versée de six mille lieues Ce digne vieillard se nomme Billet, et doit
appartenir à la même famille que M Billet, avocat à Arras, et membre
du conseil général pour le canton d’Avesnes-le-Comte. Il manifestait,
il y a peu de temps, à une personne du Pas-de-Calais, de qui nous te-
nons ces détails, le désir de revoir son village, dont il est absent depuis
plus de quatre-vingts ans.
— VAbeille cauchoise raconte l’anecdote suivante : « Un jeune villa-
geois, dévoré d’une honnête passion pour une grosse et gaillarde Cau-
choise, voit enfin arriver le momenlheureux où l’hymen va couronner
sonjamour. Tout est parfaitement d’accord entre le futur et sa dulci-
née. Les cadeaux réciproques ont eu lieu, et les invitations ont été
faites.'
» Mardi dernier, l’amoureux va lui-même à la mairie de sa commune
pour lever l’acte de naissance de l’objet adoré. — On lui donne lecl lire
de cet acte sur la minute, et il trouve que l’objet adoré est inscrit com-
me étant... du sexe masculin.
» Oh ! là ! là ! je m’en avais doutai, s’écrie aussitôt le villageois, rien
» qu’aux claques qu’a m’baillait quand nous jouions à la main chaude!»
» Malgré tout ce qu’on a pu dire, le pauvre garçon a quitté la mai-
rie en jurant qu’à l’avenir il ne deviendrait jamais l’amoureux d’une
fille dont il n’aurait pas vu au moins l’acte de naissance, »
— Il y a. un peu plus de onze ans, vers la fin de l’année 1835. au nom-
bre des affaires criminelles portées devant la cour d’assises de la Seine
à Paris, il s’en trouvait une qui excita un vif intérêt, tant à cause de
la singularité des faits qui avaient motivé l’accusation, qu’à raison du
nom et de la position honorable de l’accusé.
Cet accusé, jeune encore, beau, spirituel, issu d’une honorable fa-
mille, s’était lié avec une riche famille anglaise dont le baronnet L...
était le chef Ses relations, qui n’avaient d’abord été que celles d’un
agréable voisinage de campagne, n’avaient pas tardé à devenir plus
étroites, si bien qu’il avait fini par s’imiscer dans les affaires du baron-
net, dont il était devenu en quelque sorte le factotum
Quelques mois s’écoulèrent dans ces rapports d’intimité et de con-
fiance, mais un beau jour il arriva que l’on reconnut que M. C . avait
détourné des sommes considérables au préjudice de la famille L...,
et que ces détournements n’avaient pu être opérés qu’à l’aide de faux.
Un procès s’instruisit, par suite duquel M. C... fut traduit en cour
d’assises.
Les faits qui se déroulèrent aux débats vinrent fournir une nouvelle
preuveà l'appui de cette triste vérité.qu’il est des individus chez lesquels
le penchant au vol est une prédisposition innée,impérieuse.irrésistible,
et que ni les bons exemples ni l’éducation ne peuvent surmonter et
vaincre. C’est ainsi que. tout jeune.C.. avait commis des soustractions
de toute nature, soit chez sa famille, soit au collége. Admis plus tard
dans une maison de banque, il y avait dérobé différons objets, entre
autre une lampe. A Paris, au millieu deson existence brillante le même
penchant s’était trahi ; et. enfin, il se trouvait accusé de détourne-
mens frauduleux commis à l’aide de faux. C... fut condamné à sept an-
nées de réclusion, peine qu’il a subie dans une maison centrale.
Une fois rendu à la liberté, il comprit qu’il ne pourrait que bien dif-
ficilement reconquérir une position supportable en France, aussi prit-
il le parti de s'expatrier. Durant sa captivité, il avait perdu sa mère,
dont la succession, bien qu’amoindrie par des prélèvements anticipés,
lui permit de fonder à Londres une maison de commerce qui ne tarda
pas à prospérer Plusieurs années s’écoulèrent C... s’était marié, et il
venait une fois ou deux par année à Paris, dans l’intérêt de son com-
merce, qui demandait à être constamment approvisionné d’articles
nouveaux, surtout à l’approche du renouvellement de l’année.
Il y a quelques jours. C... arriva à Paris, et il se mit aussitôt en rap-
port avec les commissionnaires en marchandises et les fabricans chez
lesquels il est dans l’habitude de s’approvisionner.
Au nombre de ces derniers se trouve le sieur Véry, fabricant d’ob-
jets de tabletterie et d’ivoire, rue Lacroix, 10. Aux précédents voyages
de C..., le sieur Véry avait cru remarquer que lorsque ce négociant
venait faire chez lui quelque achat, des marchandises disparaissaient
sans qu’on pût s’en rendre compte. Il s’était proposé en conséquence
de l’observer. A la première visite que lui fit, mercredi dernier, celui-
ci. qui arrivait d’Angleterre, il lui sembla que plusieurs agendas, re-
présentant une valeur de 160 fr., avaient manqué ; il crut en outre que
C... lui avaient donné en paiement une pièce fausse de cinq francs. Il
était dans l’erreur sous ce dernier rapport, à ce qui a été constaté de-
puis, mais il n’en résolut pas moins de l’épier à sa prochaine venue.
Hier, dimanche, C. de M ... se présenta chpz le sieur Véry pour y
faire quelques achats. Ce fut la femme du fabricant qui le reçut. Elle
lui dit que son mari était absent, tandis qu’en réalité il était caché dans
un cabinet d’où il pouvait voir tout ce qui allait se passer Le sieur
C..., qui était vêtu d’un paletot, se fit montrer des marchandises ; il
fit divers choix, mais le sieur Véry crut remarquer que, profitant de
l’inattention de sa femme, il dérobait adroitement de menus objets
qu’il fourrait furtivement dans les poches de son paletot. Une fois sûr
de son fait.il sortit par une porte de derrière,alla requérir deux gardes
municipaux, et revint avec eux s’assurer de la personne du sieur C...
Au moment de son arrestation, il était nanti d’un certain nombre
d’objets que le sieur Véry avait déclaré d’avance lui avoir vu sous-
traire, mais il a prétendu avoir eu l’intention de les faire ajouter à sa
facture et de les payer avant de se retirer. Il avait sur lui de l’argent
et deux banknotes.
Dans une perquisition opérée à son domicile, on a saisi des objets
soustraits mercredi dernier au sieur Véry. et un autre jour de la se-
maine à un fabricant de la rue Saint-Martin, 229.
C. a été mis immédiatement à la disposition de la justice. (G. des T.)
— On lit dans le Sun. de Londres : Hier, à Twylord, s’est livré un
assaut au pugilat entre W. Cain, de Leicester, et le jeune Keene, de
Londres. L’enjeu était de 25 souverains. Dès la 6« reprise, la supério-
rilé de Keene était démontrée. Néanmoins, Cain a soutenu les vives
attaques de ce rude jouteur, recevant des coups bien assénés sur la
face, jusqu’à la 59» reprise. A ce moment, il s’est laissé choir. L’affaire
a duré 61 minntes. Keene en a été quitte pour une lèvre déchirée, une
contusion à la joue et quelques horions. Une autre rencontre de même
nature a eu lieu entre Coles et Gale, l’un de Swindon et l’autre de Ci-
rencester. Ces deux experts en pugilat.se sont mesurés à Shrivenha-
me L’avantage de la lutte, dès son début, a été à Coles. L’affaire a
duré 61 minutes. Coles a été proclamé vainqueur.
— Le New-York Américan-Sun, cité par le Morning-Post, dit qu’un
riche meunier des Etats-Unis a expédié six barriques de farine de pre-
mier choix pour la reine Victoria « Il a reçu de S. M. pour cet envoi,
dit le journal américain, 3,000 dollars. La ' farine était enfermée dans
d’élégantes barriques, proprement vernies ; elle était adressée à la
reine à Londres. Le palais de S. M. s’est parfaitement trouvé de cette
délicieuse farine. Le même meunier a reçu de Londres une nouvelle
commande. »
— Une fraude qui s’exercait sur une grande échelle vient d’être dé-
couverte au dock de Sainte-Catherine, à Londres. Par suite d’une con-
nivence avec un employé de la douane, des sucres sortaient des ma-
gasins dn dock sans avoir payé de droits. On porte à 20 ou 30.000 £
(5 à 700.000 fr.) le montant des droits ainsi fraudés. L’employé infidèle
s’est enfui, emportant, dit-on, environ la moitié de cette somme, qui
formait sa part dans ces transactions.
Théâtre Royal.
Un public nombreux assistait hier à la première représentation de
l’opéra des Mousquetaires de la Heine. Cette pièce a été universellement
applaudie. L’ouverture, en ré majeur, est d’une allure vive et le tam-
bour y figure comme partie principale, tel qu’il convient à un ouvrage
du genre de celui-ci L’air le cerf agile fort bien chanté par Bourdais;
l’air de M11» de Simiane. qui le suit, ia distribution des écharpes, la mar-
che qui finit le 1» acte, l’air du capitaine Roland ah quel plaisir ! le duo
comme un bon ange et le final du 2e acte en so! majeur, suivi d’une chan-
sonnette en mi bémol, et que termine une slrella pleine d’éclat, les cou-
plets du 3» acte, le duo qui commence le 3» acte et la romance un jour
nouveau, tous ces morceaux pleins de verve etde sentiment ont été
constamment accueillis par des applaudissements prolongés.
L’action a également intéressé les spectateurs. La pièce est riche-
ment montée quant aux costumes et aux décors. Bourdais, Belval et
M»>« Jacobyse sont attiré de nombreuses marques de satisfaction de la
part du public Ils ont été bien secondés par Verneuil, M™ Théodore et
des chœurs bien exercés
Belval a été vivement applaudi à son entrée. Cette représentation se
donnait à son bénéfice. L’opéra des Mousquetaires est de nature à atti-
rer, pour quelque temps, le public à notre théâtre.
AgRiiraneeg contre incendie. — Securitai,
Informés que quelques lecteurs ont mal interprété la nouvelle som-
maire par laquelle. pour ne pas entrer dans tous les détails du dernier
compte-rendu de la compagnie Securitas, nous nous sommes bornés à
faire savoir que ce compte, arrêté au 14 novembre 1846, avait été soldé
par un déficit de fr. 22.396 ; nous croyons devoir ajouter maintenant
que cette perte — insignifiante pour une société dont le fonds capital
est de trois millions de florins des P.-B., et qui perçoit annuellement
pour plus de 200 mille francs de primes — a pu être facilement imputée
sur son seul fonds de réserve, sans même que celui-ci en soit affecté
d’une manière sensible, vu qu’il laisse encore après ce faible prélève-
ment un solde actif de près de 300 mille francs.
Nous prions ceux de nos confrères qui ont reproduit notre article,
de vouloir bien, dans l’intérêt de la vérité, donner la même publicité à
la présente rectification, que nous croyons utile pour rendre justice à
l’égard d’un établissement qui jouit à juste titre de la confiance uni-
verselle.
Chronique judiciaire.
Le tribunal de police correctionnelle de Bruxelles a entendu hier les
dernières plaidoiries dans l’affaire du Tribun du peuple ; le prononcé
du jugement a été renvoyé à demain.
— Mardi la police de Bruxelles, par suite d’ordre émanés du parquet,
a saisi dans le local occupé par la Société Agneessens, des écrits publiés
sans noms d’auteur ni d’imprimeur ; ces écrits contenaient une con-
vocation des membres de l’association et de la classe ouvrière à une
réunion qui devait avoir lieu hier au soir.
DERNIER COURRIER DF. PARIS.
Paris, le 23 décembre.
Une lettre de Londres assure que le comte de Montemolin est loin
d’avoir trouvé l’appui sur lequel il comptait en Angleterre Lord Pal-
merston lui a donné quelques marques de sympathie, dans le but uni-
que de Taire une manifestation contre les gouvernements de France
et d’Espagne; mais il n’a obtenu jusqu’à présent aucun subside, à l’aide
duquel il puisse faire aucune entreprise sérieuse contre le gouverne-
ment de Madrid.
— Les nouvelles des marchés les plus voisins de Paris, annoncent
aujourd’hui une hausse importante dans les prix des blés. La hausse a
été de 8 francs, samedi dernier, sur le marché de Soissons ; ce qui rc- |