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«84G. If. 358.
ON s'abonne :
A Anvers au bureau du Précur-
seur , Bourse Anglaise , N° 1040 ,
en Belgique et à l’étranger chez
tous les Directeurs des Postes.
(Douzième Aujttée.) | -Jt
MVERS. Jeudi 34 Décenilire,
ABONNEMENT PAR TR1MES'£K«
Pour Anvers, 15fr ;>qur laquée
vince 18 fr.; pour l’éUange‘f"2otr.
Insertions 25 centimes la ligne.
Réclames 50 » »
Maritime et Littéraire
Journal Politique, Commercial
liberté,
PROGRES,
ZI Décembre.
Ministère des travaux publics.
Achèvement «le I’E»trc|mt«IMnver».
L’honorable M. Lebeau accusait, il y a quelques jours, le
ministère des travaux publics d'avoir contracté des habitudes
somnolentes. On ne fait pas ce que l’on devrait faire, on dort,
disait-il, au ministère des travaux publics.
Si jamais reproche a été mérité, c’est bien assurément celui-
là. Il y a surabondance de griefs; on n’a que l'embarras du
choix.
Combien n’en avons-nous pas, à Anvers seulement ! Nous
avons parlé pour la vingtième fois peut-être, il y a trois jours,
de l’état misérable dans lequel se trouve notre station du che-
min de fer C’est quelque chose de honteux pour la liante ad-
ministration, et nous sommes certain que, si jamais M. le mi-
nistre des travaux publics était appelé à recevoir ou à accom-
pagner à Anvers un personnage de distinction, il ne pourrait,
sans rougir, avouer que c’est là, depuis dix ans, la station de la
métropole du commerce belge. Cet aveu coûterait trop à son
amour-propre, mais ce n’est pas là le seul point sur lequel il
n’aurait qu’à balbutier ou à demeurer muet : ce qui serait le
plus sage.
Supposons, en effet, que, demain, quelques-uns de ces étran-
gers auxquels les ministres doivent faire les honneurs du
pays, viennent à Anvers et visitent l’entrepôt royal. Le ministre
des travaux publics oserait-il leur faire voir cet établissement
jusques dans ses moindres détails ? Oserait-il même les accom-
pagner ? Nous en doutons, car qu’aurait-il à leur répondre,
lorsque, arrivés au centre des trois pavillons, ils verraient des
murs élevés depuis longtemps jusqu’à la hauteur des toits et
demeurés complètement découvertes ; puis, que, reculant, à
l’entrée de la galerie, devant deux pieds de neige et de boue,
qui, s'infiltrent et suintent dans les parties inférieures, ils de-
manderaient comment ou a pu pousser l’incurie jusqu’à laisser
ainsi exposés, à toutes les rigueurs de la mauvaise saison, des
travaux qui ont une si grande importance , seraient si utiles,
une fois terminés et ont coûté tant d'argent ? Quelle excuse
pourrait-il alléguer, s'ils lui disaient :
— Sans doute, ce n’est pas votre faute, si cet édifice manque
de toit, si ces travaux n'ont pas été poussés plus activement,
et sont condamnés à se dégrader, avant même d’être terminés.
Peut-être le zèle des ingénieurs et des entrepreneurs n’aura-
t-il pas répondu au vôtre? Peut-être l’argent vous aura-t-il
manqué ? Les Chambres sont si parcimonieuses ! Peut-être ne
vous a-t-on pas fourni assez de plans et de devis? Peut être vous
a t-on limité le temps d’une manière trop étroite et celui-ci
vous a-t-il manqué, malgré votre volonté et vos efforts ? Il faut
nécessairement qu’il y ait une cause de cette espèce, et force
majeure, pour que les choses se trouvent en un si triste état.
— Il n’aurait aucune excuse à alléguer. Derrière quel pré-
texte pourrait-il, en effet, chercher un abri ? Les ingénieurs
et les entrepreneurs ont fait leur devoir, de manière à ne mé-
riter que des éloges ; l’argent nécessaire a été alloué par la
Chambre, et, lorsque viendra la discussion du budget des tra-
vaux publics, nous espérons bien que l’on demandera compte
de l’emploi qui en a été fait. — Les plans et les devis? Il
y en a eu plus qu’il n'en fallait Le tems enfin ? Mais, d’après
les conditions du cahier des charges, ces travaux auraient dû
être terminés avant le Ir septembre 1846, et le commerce, à
qui les magasins manquent, pour placer ses marchandises ,
comptait bien qu’ils le seraient, comme ils pouvaient facile-
ment l’être, à l’époque indiquée. S’il n’en a pas été ainsi, la
faute , nous devons le dire hautement, et nous ne saurions
trop le répéter, la faute en est uniquement à la négligence et à
la torpeur du ministère des travaux publics. Combien de fois
ne l’a-t-on pas sollicité de montrer plus de zèle et plus d’ac-
tivité ? Combien de sages avertissements ne lui a-t-on pas don-
nés? Combien de remontrances et de réclamations ne lui a-t-on
pas adressées, de plus d’une part? Tout a été inutile, et aucune
considération n’a eu la puissance de le réveiller. Ce qui en est
résulté, c’est que les intérêts du commerce et ceux du trésor
ont été simultanément blessés, et qu'il y a, faute d’une toiture
quelconque, de la neige et de la boue, là oii il y aurait des
marchandises, si l’on eût agi, au lieu de dormir, au ministère
des travaux publics.
Bienfaisance publique.
Jamais un appel à la bienfaisance publique n’a été fait inu-
tilement à Anvers, en faveur des classes pauvres. Des secours
n'ont jamais été relusés aux familles qui en avaient besoin. Il
est donc hors de doute que ce ne sera pas eu vain que l’on in-
voquera aujourd’hui les sentiments charitables de ceux qui
sont assez heureux, pour pouvoir donner. La rigueur des tems
le commande; l’hiver est rude; les vivres sont d’un prix exces-
sif ; le pain coûte trop cher, pour que les ouvriers puissent en
manger à leur faim; la viande, nous n’en parlerons pas , car
une partie de la classe bourgeoise même est réduite à y renon-
cer ou à n’en faire qu’un usage exceptionnel. La gêne est
grande dans beaucoup de ménages, et il en est bon nombre où
la misère est profonde. En des circonstances pareilles , tous
ceux qui peuvent alléger la souffrance des pauvres, doivent
donc prendre généreusement part à toutes les bonnes œuvres
dont le but est de secourir les gens à qui des secours sont né-
cessaires. Leur pensée est la même que la nôtre, à cet égard,
nous en sommes convaincus ; aussi, ne croyons-nous pas avoir
besoin de leur recommander l’avis suivant que vient de publier
le bureau de bienfaisance :
« L'Administration du Bureau de Bienfaisance d’Anvers, vu tes rigueurs
précoces de la saison, la cherté des vivres, et le nombre croissant des
misères qu’elle a à soulager, a cru devoir ne rien négliger pour accroî-
tre ses ressources. Elle a résolu en conséquence d’organiser des quêtes
à domicile, en faveur des ménages, qui, par suite des circonstances ac-
tuelles, se trouvent dans la nécessité d’être extraordinairement secou-
rus; elle s’adjoindra, à cet effet, des personnes notables de la ville ; elle
espère que cette démarche sera favorablement accueillie et que ce nou-
vel appel, adressé à la charité bien connue de la population Anver-
soise. sera couronné d’un plein succès. »
il suffira, nous u’en doutons nullement, d’appeler leur atten-
tion sur cet avis, pour qu’ils s’empressent de seconder les ex-
cellentes intentions du bureau de bienfaisance.
Nous profiterons de cette occasion,pour recommanderde nou-
veau à la sollicitude du comité de VAssociation Commerciale et
Industrielle le sort de la classe ouvrière. Les secours que cette
société a distribués avec tant d’intelligence et de discerne-
ment, l’année dernière, ont été excessivement utiles ; ils ne se-
raient pas moins opportuns aujourd’hui, et il serait vivement à
désirer qu’on fit une seconde fois l’application des mêmes me-
sures. Ce serait un nouveau titre que ['Association Commerciale
et Industrielle acquerrait à la reconnaissance des ouvriers, et
un acte de charité dont l’opinion publique ne pourrait que lui
savoir beaucoup de gré.
En Gazette de. Spencr de Berlin parle d’un revirement qui se serait ma-
nifesté dans l’opinion publique de la capitale de la Prusse, en faveur
de la liberté des échanges. On aurait acquis la conviction que, ce qui
manquait à la situation, ce n’étaient pas les affaires, mais les capitaux,
ensuite, que la production des moyens d’existence n’était pas propor-
tionnée aux fabricats Ces deux maux ne pourraient que s’aggraver par
les entraves commerciales. Cela est surtout devenu visible par la nou-
velle élévation du droit sur te twist. L'union douanière en consomme
à peu près 600.000 quintaux par an, dont elle fabrique elle-même pour
un tiers et introduit les deux autres tiers de l’Angleterre Mais on avait
le projet de fournir le tout par la fabrication indigène et l’on deman-
dait un droit d’entrée de cinq écus pour le quintal. Mais il aurait fallu
posséder trente millions d’écus pour établir les fabriques nécessaires.
Ces trente millions d’écus, on ne les avait pas. En attendant, les filatu-
res doivent donner pour un million 800 000 écus de plus que si l’en-
trée était libre. Dès faits pareils se sont produits en grand nombre.
C’est pourquoi l’on commence à regarder comme un pitoyable escamo-
tage une théorie qui, sous le prétexte de protéger des fabricats indigè-
nes, ne fait que passer l’argent d’une poche indigène dans une aulre.
S’IKAKCE.
Paris. 22 décembre. — Depuis hier au soir on avait répandu à l'Opéra
le bruit que le roi était atteint d’une indisposition assez grave et que
les médecins ordinaires et consultants de S M. devaient se réunir aux
Tuileries en consultations extraordinaires.
Nous sommes heureux de pouvoir dire que Louis-Philippe jouit de
la meilleure santé, et qu’aujourd’hui même S. M. a présidé le conseil
des ministres.
— Le journal anglais. le Morning-Post. annonce que le roi et la reine
des Belges son! attendus à Londres pour les fêtes de Noël, qu’il doi-
vent passer, dit-il, dans la famille royale d’Angleterre. Cette nouvelle
doit être inexacte, car il n’est pas encore question ici du départ de
Leurs Majestés Belges; et d’après les informations qui m’ont été
données ce matin au château des Tuileries , ce voyage ne s’effec-
tuera qo’après leur retour en Belgique, qui aura lieu dans le commen-
cement de la semaine prochaine. Le roi et la reine des Belges occupent
aux Tuileries l’aile qui donne sur la rue de Hivoli, entre le pavillon
Marsan, habité par la duchesse d'Orléans et ses enfants, et les apparte-
ments où sont provisoirement installés le duc et la duchesse de Mont-
pénsier. Aujourd’hui à midi, le comte de Paris, sou frère, le duc de
CharLres, et le jeune prince de Wurtemberg, fils de l’infortunée prin-
cesse Marie d’Orléans.ont fait une longue visite au roi et à la reinedes
Belges.
— A la suite de la mesure prise par le gouvernement anglais pour
opérer la réduction des droits sur les sucres produits par le travail li-
bre, quelques grandes villes du département du Nord ont demandé au
ministre du commerce et de l'agriculture de pouvoir exporter en fran-
chise des sucres indigènes enlevés directement des fabriques.
Le ministre, faisant droit à cette demande, a décidé que les sucres
de betterave pourront être expédiés en franchise de droit à destination
de l'étranger.
— Le conseil général des ponts et chaussées, composé d’hommes
éminents, est appelé, on le sait, à donner son avis sur les questions
des travaux publics en général et des chemins de fer II arrive sou-
vent, en matière de chemins de fer que le conseil se trouve en dissi-
dence avec les compagnies ; plus d’une fois ces dernières sont obligées
d’en appeler à la justice du ministre. Ces conflits entre le conseil et
les compagnies produisent un fort mauvais effet, retardent l’expédi-
tion des affaires et portent atteinte aux intérêts généraux.
Afin de remédier à cet état de choses, le ministre des travaux pu-
blics va, assure-t-on, créer une commission suprême des chemins de
fer, à l’instar de celle de Londres, et qui sera appelée à contrôler les
avis du conseil général. Composée d’hommes étrangers à l’administra-
tion, et n’ayant à exercer qu’une juridiction purement morale dans
l’examen des affaires, cette commission modifierait, adopterait ou cas-
serait les décisions du conseil, et concilierait tous les intérêts, surtout,
dans les questions exceptionnelles et tout à fait en dehors de l’art, tel-
les que celles des tarifs, des réglements d’exploitation, etc., etc. ’
La réalisation de ce projet renconlre quelques difficultés. On com-
prend tout ce qu'il y a de délicai. dans le fait de cette création. Il im-
porte de ne pas blesser les justes susceptibilités du corps savant des
ponts et chaussées et de réunir, pour former cette commission, des
noms qui donnent une garantie certaine de l’impartialité qu’elle doit
apporter dans ses jugements.
— One personne inconnue vient de remettre à M. le préfet de la
Seine la somme de 25,770 fr , pour ètrp distribuée immédiatement aux
bureaux de bienfaisance du 12» arrondissement.
— Le mouvement de la caisse d’épargne de Paris n’avait pas pré-
senté depuis longtemps un résultat aussi défavorable.
Il a été versé, pendant la dernière semaine, 489,498 fr., et remboursé
1,528 211 fr. 21 c.
— M. Cobden, venant de Barcelone, est arrivé la semaine dernière à
Perpignan.
— Voici la nomenclature des villes de France qui ont envoyé leur
adhésion au comité central organisé à Paris pour la défense du travail
national. Ce sont : Amiens. Avesnes, Armenlières, Charleville, Caude-
bec-lès-Elbeuf,Cambray. Elbeuf, Lille, Louviers, Mulhouse, Nantes,
Rouen, Roubaix, Saint-Quentin, Turcoing, Troyes et Valenciennes.
— Il y a quelques mois, un jeune officier de la marine française,
M. Eugène Maizan, voyageant dans l’intérieur de l’Afrique, fut lâche-
ment assassiné par un chef de tribu nommé Pazzi; malgré les promes-
ses de l’iman de Maskate, dans les Etats duquel le crime a été commis,
la mort de notre infortuné compatriote est demeurée sans vengeance.
On a appris récemment, que le chef qui s’était rendu coupable du
meurtre de M. Maizan, venaitlui-même d’être massacré au milieu d’une
révolte. On a trouvé en sa possession les instruments de mathémali-
ques et tous les autres objets qui avaient appartenu à notre jeune et
infortuné compatriote. Ils ont été rachetés par le consul de France à
Zanzibar.
HOLLANDE.
La Haye, 22 décembre. — M. Adrien Van Bevervoorde, l’éditeur
responsable du journal satirique I’Asmodèe est sorti de prison, ven-
dredi dernier après avoir subi un emprisonnement de 2 mois, auquel
il avait été condamné par arrêt du 19 février dernier.
Hier, le même éditeur a comparu denouveau devant te tribunal d’ar-
rondisSement pour répondre à deux actions, qui lui ont été intentées
parM Box, le directeur du Journal de la Haye.qui se dit avoir été calom-
niédans le n» 51 de I ’ Asinodée et le ministère public pour un article quia
paru dans le n" 9 du Burger, autre feuille dont M. Van Bevervoorde est
également rédacteur. Celui-ci a présenté lui même sa défense. Le tri-
bunal a remis le prononcé du jugement à huitaine.
— Le gouvernement a prescrit aux autorités communales de lui
faire parvenir pour le 15 janvier prochain, un état précis des quanti-
tés de grains et autres produits agricoles par chaque commune.
— ISci 1S et i il de la bourse d’Amsterdam du t® décembre. — Dans
les fonds hollandais, on a fait peu ou point d’affaires ; ils n’ont pas
varié.
Les espagnols se maintiennent bien avec peu d’affaires.
Les portugais plus offerts.
Les mexicains plus demandés.
BELGIQUE
CHAMBRE DES REPRÉSENTANTS.
Séance du 25 décembre.
PRÉSIDENCE UE M. I.IEI1TS.
La séance est ouverte à 1 heure i/2 par l’appel nominal l’adoption du
procès-verbal de la séance précédente et l’analyse des pièces adressées
à la chambre.
Le conseil communal de Wouterghem prie la chambre de voler un
crédit pour subvenir aux besoins de la classe nécessiteuse. - Renvoi à
la commission des pétitions.
Le conseil communal de Grammont demande que le gouvernement
fasse commencer les travaux duclipmin de fer de la vallée de la Den-
dre. — Renvoi à la section centrale des travaux publies.
Plusieurs habitants deCachtem. prient la chambre de voter les fonds
nécessaires à la canalisation du Mandei. — Même renvoi.
Plusieurs négociants de toiles de Renaix demandent la prohibition
des étoupes à la sortie, un droit de 25 à 55 francs sur les lins bruts et
teillés, et la sortie des lins seroncés moyennant le droit eu vigueur. —
Dépôt sur le bureau.
m, zoude présente divers rapports de pétitions
Discussion du projet de loi ouvrant un crédit de 2,000,000 au départe-
ment des travaux publics.
m. i.e comte de BAiLi.ET. J’ai demandé la parole pour prier M. le
ministre des travaux publics de donner à la chambre quelques expli-
cations sur une técision qu’il a prise récemment.
J’ai déjà dans la dernière session, signalé à M. le ministre les incon-
vénients sérieux qui résultent de l’emploi des billes en sapin pour la
construction des chemins de fer. Plusieurs honorables membres de
cette chambre ont appuyé ces observations.
Cependant M. le ministre des travaux publics vient de faire mettre
en adjudication, le 9 décembre courant. 52.000 billes en chêne, 8,000
billes en hêtre et 10,000 billes en sapin gras du pays, bouleau, orme,
tremble, saule. Une deuxième adjudication de 50,000 billes en sapin du
nord est annoncée pour le 15 janvier prochain. ^
On prétend que c’est à titre d’essai que M. le ministre s’est décidé à
mettre ainsi en adjudication 68.000 billes en sapin du nord et bois-
blancs de diverses essences. C’est à ce sujet que je désirerais obtenir
quelques explications II me semble que pour faire un essai, 68 000 bil-
les, sont une quantité beaucoup trop considérable. D’après les rensei-
gnements que j’ai pris, M. le ministre peut difficilement avoir une idée
précise des prix auxquels il conviendra d’admettre les soumissions;
caries marchands d’Anvers ont été tellement pris à l’improviste, qu’ils
savent à peine eux-mômes à quel prix ils pourront livrer certaines
quantités de sapin du nord Cependant, on ne s’écartera pas beaucoup
de la vérité en évaluant de 4 à 5 fr. le prix des billes de sapin du nord.
Or. il me paraît impossible que M. le ministre puisse admettre des sou-
missions qui porteraient un prix aussi élevé, surtout, s’il ne perd pas
de vue que la moyenne du prix des billes en chêne à la dernière adjudi-
cation a été de 5 fr. 50 c. à 6 fr.. et encore les soumi-sionuaires, pré-
venus trop tard de la diminution adoptée dansles dimensions de ces
billes, n’ont pas pu prendre les mesures que facilitait celle diminution
et qui eussent permis de livrer les billes à un prix dont la moyenne
ri’eut pas dépassé 5 fr. 50 c
Les hommes spéciaux que j’ai consultés ont tons été d’avis que la
durée des billes en chêne sera toujours le double de celle des billes en
sapin, si l’on prend toutes les précautions nécessaires ; si par exemple
on s’ablient de couper le chêne en pleine sève, et si fou ne permet pas
que les billes soient détériorées comme il arrive souvent en les em-
ployant à la construction de voies provisoires, avant de les employer
définitivement.
Il est donc bien évident que même si le prix des billes en sapin ne
s’élevait qu’à 5 fr 50, et si celui des billes en chêne, s’élevait jusqu’à 6
fr., et je prends évidemment là. les deux extrêmes, je me place dans les
conditions les plus défavorables. Dans ce cas-là encore il y aurait pour
le trésor une perte considérable à prendre des billes de sapin au lieu
de billes de chêne.
Certes, on pourrait approuver lin essai lenlé dans des limites raison-
nables, 10,000 billes par exemple eussent été une quantité très suffi-
sante pour une expérience au moins douteuse, puisque les rapports sur
l’exploitation de nos chemins de fer n’ont encore fourni aucune donnée
à cet égard. Dans tous les cas, M. le ministre aurait dû se borner aux
billes en sapin du pays etautres essences de bois blancs du pays aussi.
Mais un essai tenu sur une aussi grande échelle, sur 50.000 billes de
bois étranger me parait un acte peu explicable. L’expérience a prouvés
que le chêne seul réunit des conditions de durée, et parlant d’écono-
mie que l’on ne rencontre pas dans les autres essences de bois ; et les
qualités seraient encore considérablement augmentées si l’on consen-
tait à employer les procédés reconnus si; efficaces pour la conservation
des bois; l’achat de 50,000billesdebois étrangers constitue donc une per-
te considérable pour l’Etat; de plus, cet essai porte un grave préjudice
aux intéréts des propriétaires du pays, enfin et c’est ce qui mérite une
sérieuse attention, il porte une atteinte profonde, fatale dans la crise
où nous nous trouvons, aux intérêts de la classe ouvrière dans les pro-
vinces boisées, l’achat de 50,000 billes en chêne eut donné du travail et
du pain à un grand nombre d’ouvriers ; celui de 50.000 billes de sapin
étranger n’aura pour résultat que de les en priver, de grever le trésor
d’une perte réelle, et de faire sortir du pays des capitaux considéra-
bles ; la sécurité des voyageurs elle-même, est gravement engagée
dans cette question.
Je désirerais savoir quels avantages M. le ministre peut faire valoir
en faveur de sa décision, et si ces avantages sont de nature à compen-
ser au moins en partie les désavantages nombreux et évidents que
j’ai signalés.
Puisque j’ai la parole, je saisis cette occasion pour appeler toute l’at-
tention de M. le ministre sur une question d’un grand intérêt pour la
province à laquelle j’appartiens ; je veux parler de la route de Charle-
roi à Florennes. CeLte route, qui devait avoir une longeur de quatre
lieues et devait être livrée à la circulation en 1845, a été commencée en
1841 ; mais le concessionnaire a fait exécuter à peine le quart des tra-
vaux. De nombreuses réclamations se sont élevées de toutes parts sur
lin retard aussi préjudiciable aux intérêts de l’agriculture, du com-
merce et de l’industrie ; des pétitions ont été adressées à cet égard à
la Chambre, et encore depuis peu à M le ministre des travaux publics,
rien n’y a fait, ces travaux sont toujours restés suspendus.
Enfin, le 25 septembre dernier, un arrêté royal supprima la section
de route de Germines à Loverval, section devenue inutile par suite de
la construction d’autres voies de communication, et appliqua au béné-
fice du concessionnaire de la roule de Cliarleroy à Florennes la partie
du subside allouée à la section supprimée; elle ne lui était accordé qu’à
la condition que la section de Morialme à Florennes, serait construite
et livrée à la circulation dans les neuf mois de la date du susdit arrêté.
Plus de trois mois se sont écoulés depuis lors, et rien ne prouve en-
core que le concessionnaire se dispose à exécuter les travaux Je prie
M. le ministre de vouloir bien me faire connaître quels sont à cet égard
les projets du concessionnaire, et quelles mesures le gouvernement
compte prendre pour le contraindre à remplir les conditions qui lui
sont imposées. Cette route est de la plus haute importance, elle servira
à l’exploitation des mines de fer de Florennes. Morialmé et de plusieurs
autres localités; enfin il est d’autaul plus urgent qu’elle soit construite
que celle de Philippeville à Charleroi devient impraticable, malgré les
travaux de réparation qu’on y exécute à litre d’essai, et qui ne pour-
ront pas résister plus longtemps aux nombreux transports des mine-
rais de fer et autres minières, se versant vers Charleroi.
J’insiste vivement pour que M. le ministre prenne des mesures effi-
caces pour assurer l’exécution de celte route Après avoir longtemps
souffert, l’industrie de la forgerie s’est relevée chez nous, mais le gou-
vernement doit contribuer a son accroissement et lui fournir tous les
moyens possibles d’acquérir un développement qui intéresse tout le
pays. D’ailleurs, dans le moment où nous sommes, on ne saurait saisir
avec trop d’empressement toutes les occasions de donner du Iravaii
aux classes malheureuses. On serait coupable de laisser échapper celle
que je signale à toute la sollicitude de M. le ministre des travaux publics.
m. osy pense que la chambre peut adopter le crédit provisoire de-
mandé. attendu que l’on pourra présenter les observations que l’on
désire faire, lors de la discussion du budget.
»i. dei.fhaye. M. le ministre des travaux publies devrait être présent
à la séancé.
une voix. Il est malade. |