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Nou» n’axamiuerons pas si le système du Lloyd peut
Acre préjudiciable pour l’une où l’autre des parties
intéressées ; sa mise en pratique aurait certainement
pour but de généraliser davantage les assurances et
a'extvrper des abus multiples qui se présentent jour-
nellement dans les réclamations des avaries communes.
Citons un exemple qui se reproduit trop de fois,
pour que la sincérité de la réclamation ne soit pas",
sujette à caut ion et dont on a en l’expérience dans tous -
les pays.
Les navires assurés contre perte totale seulement-,
sont ceux qui le plus fréquemment font des sacrifices
soi-disant pour le salut commun, d'où la conséquence,
qu’ils sont le moins sujets aux pertes particulières.
Il est inutile de signifier d’où peut provenir ce résul-
tat, constatons seulement le l'ait.
Quoi serait le moyen radical de prévenir ces abus ü
La réponse à cette demande est irréfragable : le
moyen, c’est l'adoption de la proposition du Lloyd.
D’autres modifications seraient certainement pro-
voquées par cette mesuro.ot l’une des principales con-
séquences serait de soustraire la cargaison à la soli-
darité des emprunts à la grosse.
En effet, au moment de la clôture des comptes dans
un port de relâche, les frais et dépenses tombant à
la charge dn navire et ceux restant à la charge de la
cargaison seraient connus.
Les emprunts ne devraient donc plus se taire sur
l'ensemble du navire, du fret et des marchandises,
mais le capitaine aurait, pour chacun de ces éléments
intéressés à prélever le montant des dépenses qui lu:
incombe.
La solidarité qui existe dans presque tous tes pays,à
l’exception de 1 Angleterre, où l’armateur n’est‘pas
libéré par l’abandon du navire et du fret, cesserait
d’exister et les marchandises seraient ainsi affranchies
îles folles dépenses qui sont faites dans les ports de
relâche pour la réparation du navire, - dans un but qui
n est pas toujours avouable, et qui ont'finalement pour
résultat de mettre à la charge de ia cargaison un défi-
cit souvent considérable. f A suimè.) :
Postes, - Avis,
Le départ du steamer Nederland, de la ligne
directe d’Anvers à Philadelphie, est fixé au 13
janvier,'à 10 heures du matin.
La dernière levée de la botte au bureau central.
Place Verte, aura lieu à 8 heures 45 m. du matin.
NOUVELLES ÉTRANGÈRES.
PORTUGAL
Leroi Louis a ouvert en personne, le S janvier,
la séance des Chambres. Voici le discouis qu’il a
prononcé à cette occasion :
« Dignes pairs du royaume,
•’ MM. les députés de la nation portugaise,;
- Pour accomplir un des plus chers devoirs d’un
« Roi constitutionnel, je viens aujourd'hui inau-
•> garer les travaux de la dernière session annuelle
- de la période législative actuelle. J’ai la satisfac-
* tion de vous annoncer que nos bonnes relations
■ avec les puissances étrangères n’ont pas été alté-
" rées. La lutte qui a été engagée entre deux
" grandes nations, et qui, nous l’espérons,-n'est
« pas loin de se terminer, ne peut, heureusement,
•> compromettre nos intérêts, ni troubler la paix
-■ durable dont nous jouissons.
- La visite de l’empereur du Brésil a donné lieu’
" à des démonstrations non équivoques qui prou-
- vent le respect de la nation portugaise pourl’il-
• lustre monarque qui préside aux destinées de
■ la. grande nation brésilienne. Dans l’intérieur du
•* royaume et dansles provinces d’outro-mer, la
■ tranquillité s’est maintenue, et, grâce à sa salu-
« taire influence, ona vu fonctionner d’une manière
•> normale les institutions politiques et augmenter
>■ lo bien-être national.
" A» mois de novembre dernier ont eu lieu dans
-* Tout le royaume et dans les îles voisines les élec-
>• lions des conseils municipaux. Ces élections ont
- eu lieu d'un manière régulière, sauf un pende
•> surexcitation sur quelques points.
v L’état des finances publiques a continué d’étre
« l’objet de la sérieuse attention de inou gouverne*
<* ment,
■> Usant des moyens qui lui ont,été accordes dans
-- la dernière session legislative en vue de l’ext-inc*
» tion de la dette flottante, le gouvernement a
•- réalisé une grande partie de l’emprunt contracté
« dans ce but. La partie non encore réalisée sera
. émise quand on pourra le faire d’unie façon à-van*
•' tageuso pour le trésor. La situation économique
» du pays, quelque peu troublée par les effets de
" la crise financière ae 1876, s’améliore petit à pe-
- tit, et nous avons lieu d’espérer qu’elle redevien-
<> dra bientôt normale. ,
On continue à donner tme vive impulsion aux
•< améliorations entreprises dans les provinces
- d’outre-mer. Le passage du travail servile au
•> travail libre s’est opéré sous la surveillance de
•• l'autorité,sans les conflits ni les désordres lamen*
- tables qui ont signalé dans d’autres pays cette
- conquête grandiose du christianisme et de la phi-
■■ losophie.
•• Le ministre des travaux publics, du commerce
et de l’industrie vous présentera un rapport sur
« les travaux exécutés jusqu’au 30 juin. Vous y
•> verrez que les sommes versées au Trésor par
suite des emprunts contractés dans les vingt-cmq
« dernières années ont toutes été employées à ob-
- tenir les améliorations qui augmentent sa ri*
*• chesse et la prospérité du pays. Vous constaterez
« qu’il reste peu ae chose a faire pour tirèr des
» améliorations réalisées le résultat économique et
- financier que la nation a le drpit d’espérer
” comme une juste compensation de ses sacrifices.
" Le dernier jour de l’année dernière, on apro*
•’ cédé au recensement général de la population, et
~ ce travail a produit un résultat plus favorable que
le précédent.
» Parmi les projets de lois qui vous, ont été pré-
« sentés, celui qui concerne la réforme de l’instruc-
•' tion primaire se recommande surtout à votre at-
•• tention, comme à la sollicitude de tous ceux qui
” sont chargés de travailler au progrès moral etm-
« tellectuel de la nation.
v Vous serez saisis d'un projet de loi tendant à
-■ perfectionnernotre législation électorale en don-
" nant une meilleure organisation aux circonscrip-
*• fions et en accordant le droit .électoral à un grand
» nombre de citoyens auxquels la Constitution ne
v permet plus de le refuser. Différents projets de
■> lois ayant pour but de compléter les lignes de
” chemins de 1er et les lignes télégraphiques vous
- seront également présentés. Mon gouvernement
» compte vous présenter, dans cette session lègis-
» lative, une proposition tendante à réorganiser
- l’instruction secondaire, . .
« Dignes, pairs du royaume.
la revoyant à ses côtés, comme autrefoissur l'herbe,
auprès de la source, et elle... .
Mais il n’était qu’un sauvage habitué à la société
de ses livres et do ses manuscrits, tandis que Lv-
die était une femme du monde, et, comme telle,
obligée à laprudencepar habitude ot à la contrainte
par devoir.
Mais ce gros, général aux «dra ikiflarons 1 Elle
était coquette ï Hélas î elle l’avait toujours été,
Boris se sentait pris d'une insurmontable tris-
tesse. _
— Demain, je saurai tout, se ...disait-il : mais il
n’éprouvait pas la joie qu'il avait rêvée après trois
ans et demi de séparation ; ce mot >-• demain --. lui
semblait plutôt un glas de funérailles qu’un appel
de fete pour son cœur. En arrivant devant sa porte,
il (ira sa montre et regarda l’heure.
— Minuit et demi. Dans douze heures, tout aéra
décidé, se dit-il : d ici là, je ne veux plus y penser.
Il monta doucement l'escalier de service, et
ouvrit la porte de la cuisine avec une clef qu’il
avait toujours sur lui pour ne point troubler le
sommeil de Sonia quand il rentrait tard. La lampe
brûlait devant l’image dans, le coin. Il ouvrit la
porté de sa chambre : la petite dormait si profondé-
ment qu’elle ne bougea pas.
Sa tète reposait de côté sur ses deux bras repliés
. au bord de son cahier ouvert. La lumière adoucie
delà lampe faisait le contour un peu maigre desa
joue enfantinej unsouffle égal et insensible ent’rou-
vrait ses lèvres ; elleavait l’air sévère et triste, même
en dormant ; elle rêvait peut-être encore que les
lettres rétives refusaient dé ’se former sous ses
doigts malhabiles.
Curieux de voir ce qui lui avait procuré ce pro-
fond sommeil, Boris s approcha sans bruit et se
pencha sur elle : aussitôt Sonia fut sur pied, avec
tiu tremblement d’oiseau surpris au nid.
— Excusez-moi, Boris Ivanovitch, haibutia-t-elle
on sé frottant les yeux du revers de la main ; je ne
vous avais pas entendu rentrer.
Le jeune homme avait saisi le cahier et l’alphabet,
et les tournait de..tous eôtés avec étonnement.
— Comment! tu apprends seule à lire et à écrire?
lui dit-il d’un ton d'incrédulité. ‘
— Je n’apprends pas, maître, j'essayais seule-
ment, répondit Sonia d’unair effrayé; mais si vous
me le défendez, je ne le ferai pi us.
— Si je te le défends ? me ;.-rends-tu pour un im-
bécile ? répondit Boris, moitié riant, moitié fâché.
Pourquoi ne m’as-tu pas dit que tuavais envie d’ap-
prendre ? Je t’aurais montré. Tu as pris toutes les
• Messieurs les députés de la nation portugaise,
« Je suis; convaincu que la divine Providence
•< continuera à vous inspirer afin que vous donniez,
- dans l’examen de toutes les affaires qui seront
« soumises à vos délibérations, de nouvelles preuves
- de vos hantes capacités et do votre patriotisme,
- et que vous tassiez tous vos efforts pour tirer le
•• plus grand profit possible des riches ressources
du pays; De cette façon, nous équilibrerons le
•• budget de l’Etat et nous obtiendrons les amélio-
- rations auxquelles nous aspirons encore, et dont
•- la réalisation nous mettra au rang des nations les
« plus civilisées.
- .Te déclare la session ouverte. -
ESPAGNE
(Jen'espondance particulière du Prkouh&euh)
santander, c janvier.
L’émotion est toujours grande dans le camp
Alphonsiste. Les hommes de la situation ne savent
où donner de la tète pour atténuer l'effet de la
bombe jetée si inopinément par l’ex-reine, dans
les jambes de soü iils bien-aimé.
Après des déclarations aussi nettes, aussi pré-
cises, que celles contenues dans la lettre publiée
par le Figo.ro, il n’est pas possible de douter que
l’entente ne soit parfaite entre l’ex-reine constifu
tionnelle et le représentant du droit divin.
Cette Circonstance politique s’aggrave au point
de vue moral des marques de chaleureuse amitié
dont la mère du roi comble ostensiblement
l’homme qui, les ai mes à la main, a disputé la cou-
ronne â Alphonse XII et qui n’a rien abdiqué de
ses prétentions.
De plus, c’est un fait assez rare de voir unè
ex-reine descendre des hautes sphères où la tient
le souvenir du passé, pour abonîer le terrain brù
iant de la publicité. La reine a dû céder à des con-
sidérations bien puissantes pour agir ainsi. Car si
le fait est nouveau, il a aussi une importance poli-
tique considérable qu’on est impuissant à dissi-
muler sous les récriminations toutes secondaires
fournies par l’expulsion de don Carlos du territoire
français.
Déjà la jeune monarchie rencontrait de nom
breux obstacles chez les partis rebelles ou réfrac-
taires à la légalité du 3 janvier ; et maintenant.
Mais le pire n’est pas là.Les visites de don Carlos
et de dona Margarita à Isabelle, le document publié
par le Figaro sont choses graves surtout, savou-
reusement commentées par les feuilles officieuses ;
mais il existe d'autres documents ayant la même
provenance qui n’ont pas encore vu le jour et qui
cependant sont appelés à feire sensation par leur
importance et leurs conséquences probable^.
Depuis l’incident de Paris on prononce avec beau-
coup d’insistance dans certain milieu le mot de
“ fusion ». Ce mot ayant été déjà prononcé à l’oc-
casion du eonvenio de Cabrera, il serait peut-être
mieux de dire » l'infusion Carlo-Isabelliste.
On a dit, aussi que certains oi'dres, envoyés de
Madrid à l’ambassadeur d’Espagne à Paris, étaient
restés sans effet. De là une position plus que déli-
cate Créée à M. le marquis de Molins dont la dé-
mission est acceptée.
Vous savez combien ce diplomate s’était depuis
longtemps mêlé sans discernement aux rancunes
des hommes du 16 mai. Cet attachement pour le
régime du duc Decazes s'explique ici par les in-
trigués et les services prêtés par les conservateurs
fraiiçais aux fauteurs du coup d’Etat.
A ce titre M. de Molins était un homme devenu
impossible à Paris. Et si le gouvernement espagnol
eût été sainement inspiré, il pouvait, en changeant
son ambassadeur, éviter l’éclat d’une démission dont
on veut connaître les motiri.
Les journaux libéraux se montrent très réservés
à commenter l’attitude d’Isabelle II ; ils sont con-
damnés à des réticences bien justifiées par les
rigueurs imposées à la pressé; mais les cléricaux se
sentant chez eux. sont presque audacieux. Ainsi on
trôuvédahs la fertille cârlistc'La Lealtad la phrase
suivante èn allusion à Topinion exprimée par le
jeune roi à la leeturefiu fameux document : -< Le
fils qui ne vénère pas son père et-sa mère vivre
peu et màl sur la terre. ■■■
En attendant et si on prend au pied de la lettre
les saintes paroles,fia prophétie - de vivre mal » ne
petit s'appliquer au mois actuel, car on dit des mer-
veilles des préparatifs culinaires de la noce.
On a remarqué encore à propos de l’attitude de
la secte noire, que Ja feuille des Jésuites El Siglo
Futuro, eu publiant Hier les noms et l’âge de tous
les souverains de l’Europe, a supprimé malicieuse
ment Alphonse XII.
C’est aller Un peu vite en besogne.
Quant à Los Debates ils n’acceptent pas que l’on
puisse donner un caractère privé à la lettre dé
l’ex-reine, aussi, longtemps qu’elle émargera au
budget une rente annuelle de 750 mille francs. Ce
fait lui donnq un caractère officiel de membre de
la famille régnante d’Espagne et augmente l’im-
portance politique de sa démarche.
Le télégraphe nous a surpris aujourd’hui en an-
nonçant que M. le ministre des affaires étrangères
de la République française allait envoyer à Ma-
drid, M. d’Audifi’ret Pasquier pour complimenter le
roi sur son mariage. Je doute qu’aucune autre
puissance ait eu cette singulière idée. Faut-il voir
dans ce fait une condescendance pour les Mont-
pensier et la révélation des tendances orléanistes
au cabinet 1
Si la diplomatie a ses exigences il convient de ne
pas les exagérer et de se souvenir de l’origine d’un
pouvoir qui a foulé aux pieds les droits du pays et
comprime les libertés à 1 aide des baïonnettes.'
Ce n’èst pas la seule mauvaise nouvelle qui nous
vient de France.
11 serait question de demander aux Chambres le
vote total du budget parce que, dit-on, le Sénat
refuserait dô voter une fraction. C’est le désarme-
ment que l’on demande aux mandataires du pays
mais il faut espérer,malgré toutes les bonnes inten-
tions qu’on suppose au ministère Dufaure, que nos
députés ne donneront pas dans le piège.
Ici la situation est la même que sous l’adminis-
tration de l’ordro moral.
Que ce bon M. de Fourtou revienne aux affaires
et demain il n’aura qu’.à féliciter M. Waddington
de lui avoir conservé un personnel tout dévoué à
l’ordre moral ; à l’aide duquel il pourra recommen-
cer les collêctes et les souscriptions pour soutenir
les candidats conservateur.
Quant à nous, convaincus depuis longtemps, que
nos agents en Espagne sont tous ou presque tous
ennemis acharnés de nos institutions dont ils sou-
haitent la ruine, nous ne cesserons de demander
jusqu’à ce que justice soit faite, les modifications
rationnelles que le pays est en droit d’exiger.
peines du monde pour faire dé bien drôles de - grif-
tonnages !
U examinait le cahier eu souriant. La petite vit
bien qu’il né se moquait pas délie, malgré son air
railleur, et reprit confiance.
— Est-ce que vous me montrerez, maître ï dit-
elle dune voix câline, si douce et si lêminiue que
Boris en fut surpris.
— Certainement ! Mais va donc té coucher ; il
y a deux ou trois heures que tu devrais être au lit.
— Oh! j’ai bien dormi, répondit-elle en riant de
bon cœur. ........... .
La paie te lui était revenue lont d’un coup.
— Je n’ai lias dormi, moi, fit gravement Boris ;
va-t’en bien vite.
— Vous n’avez besoin.de rien?
— Non, merci. Bonsoir.
— Bonsoir, maître..
Sonia s’en allait tout heureuse; elle était à mi-
chemin de la porte quand une explosion de joie
reconnaissante la ramena d’un bond vers son maître
qui venait de déposer sa pelisse sur une chaise.
Elle plongea son visage dans la lourde fourrure,
qu’elle couvrit de baisers, en riant.
— Quel bon maître vous êtes, Boris Ivanovitch?
Que Dieu vous protège !
Puis, saisissant à bras-le-corps la pelisse beau-
coup plus longue que toute sa frêle personne, elle
disparut sans faire de bruit.
Boris riait, d’un bon rire attendri, que cette fille
amenait parfois sur ses lèvres.
Depuis qu’il avait perdu sa mère, il s’était atta-
ché déplus en plus à l’orpheline ; il retrouvait en
elle quelque chose de la chère absente; Sonia avait
pris de sa bienfaitrice certains gestes, et même
certains sons de voix qui rappelaient vivement
madame Grébofau cœur de son fi ls. Du moins était-ce
la raison qu’il se donnait à lui-même de l’affection
profonde qu’il éprouvait pour l’enfant.
— Elle apprendra tout ce qu’elle voudra savoir,
se dit-il pendant qu’elle s’en allait : j’aurais dû y
penser plus tôt, mais je réparerai ma négligence.
Il s’assit devant son bureau à la place que Sonia
venait de quitter ; l’image de Lydie dans sa robe
argentine, avec ses rubans de feu, son visage hau-
tain et ses yeux railleurs, lui apparut un instant.
— Je me suis promis de n’y plus penser,se dit-il,
et je tiendrai ma parole.
Attirant à lui ses papiers, il reprit son travail
interrompu le matin et ne le quitta que les yeux
gros de sommeil, au moment où les cloches son-
naient matines. (A continue)').
Ce n’est pas la première fois que nous nous fai-
sons l’écho des plaintes denos compatriotes sur ce
sujet et nous reviendrons aussi souvent que cela
sera nécessaire pour obtenir un personnel dévoué
à la République.
N’est-ce pas étrange que l’on juge utile de pur-
ger les administrations de la métropole et (pi on
laisse subsister à l’étranger les officines bonapar-
tistes.
Singulière logiqueque celle du ministère Dufaure.
Au surplus il faut bien l’avouer, le cabinet ré-
publicain ne semble pas disposé à agir aussi vigou-
reusement que les circonstances lui en font un
devoir. L’opinion s’en est déjà aperçue par le choix
des sous-préfets. Il y a eu des défaillances que les
nouvelles apportées aujourd’hui par le télégraphe
ne sont pas ue nature à' faire pardonner.
Après tout ou a agi en France, sans doute parce
que l’opinion publique ne tolérait pas de délais :
mais ici on compte sur l’éloignement de la métro-
pole et on temporise de façon à laisser croire les
agents de l’ordre moral invulnérables.
Et que l’on ne vienne pas,pour éluder les devoirs
envers le pays, balbutier encore les mots de droits
acquis, qui n - furent jamais qu’un expédient réac-
tionnaire à l'usage des commissions mixtes.
Au surplus qui done oserait soutenir que l'on
acquiert des droits en palpant des émoluments d'un
gouvernement dont on est l’ennemi ’< Que l’ordre!
moral conserve son langage; nous dirons, nous :
- C’est Tin abus de confiance. »
Depuis hier le t élégraphe est très actif entre Pa-
ris et Madrid. L’ambassadeur d'Espagne aurait eu
une longue conférence avec M. Dufaure et on es-
père dans les centres réactionnaires que M. de Mo--
lins restera à son poste.
Il est encore des hommesdebon sens sur la terre :
le général Villegas auquel on avait concédé un
titre de marquis, a préféré renoncer à cette sotte
dignité qui devait lui coûter dix mille francs de
droits de chancellerie.
Il est probable que le général français Pourcet,
que le gouvernement espagnol a fait marquis d’un
nom basque que l’on ne saurait prononcer sans
éternuer, en eût fait autant si le titre n’avait été
donné libre de gastos.
Décidément ces vieilles défroques autoritaires
s’en vont en fumée devant le bon sens et la raison.
H. V.
FRANCE.
Chambre «les Députés.
Séance du mardi S janvier.
mtSIDEXCE DE M. DESSAUX, DOYEN D’AGE.
La séance est ouverte à deux heures et demie.
m. le président déclare ouverte la Session ordi-
naire de 1878 et appelle les six membres les plus
jeunes à prendre place au bureau comme secrétaires.
DISCOURS DE M. DESSART.
m. le président dit que dans la dernière session la
République a été soumise à une redoutable épreuve,
mais qu’heureusement elle avait jeté dans le pays des
racines assez profondes pour résister à l’effort des
partis coalisés. (Brüit).
Les tentatives faites pour reconstituer un Gouver-
nement monarchique ou dictatorial ont échoué; le
Gouvernement a du rentrer dans les voies parlemen-
taires, grâce à la fermeté de la Chambre. (Très bien !)
Ce n’est pas assez, la République est un Gouvernement
de progrès. Des projets économiques et financiers sont
à l’étude et devront être menés à bonne fin.
Les circonstances sont favorables. Le crédit s’est
raffermi; les peuples amis, qui viendront assister à
l’Exposition, verront un peuple, qui, abaissé par un
pouvoir autocratique (interruption à droite), a su se
relever et n’a d’autre but que de reconquérir son in-
fluence et sa prospérité par l’instruction et le travail.
(Applaudissements).
La Chambre puisera dans son patriotisme l’énergie
nécessaire pouraccomplir sa tâche. (Nouveaux applau-
dissements).
m. le président annonce que la Chambre a perdu
M. Ducamp qui, transporté en 1858 à la suite de la loi
de sûreté générale, était rentré eu France en 1862, Il
avait été un des -victimes de ce régime détestable.
m, paix de cassagnac. C’est votre République qui
est ignoble.
m. le président rappelle M. l’aul de C'assagnac à
l’ordre. (Bruit.)
m. le président annonce que la Chambre a perdu
encore M. François Raspail qui viëht de terminer uue
longue carrière et a marqué honorablement sa place
dans l’histoire contemporaine. 11 s’est élevé, d’une
situation modeste, à un rang élevé dans la scieuce et,
comme citoyen, s’est montré ami de l’humanité et dé-
fenseur intrépide des libertés publiques. (Applaudisse
méats.)
Il est procédé au tirage au sort des bureaux.
». rm de cassagnac a la parole pour s’expliquer
sur le rappel à l’ordre : — Quand un député préside
par le privilège de l’âge !...
m. pi.EssiER. Justifiez-vous, n’accusez pas;
m. p ael de cassagnac. Si je n’avais aine justifier
que devant vous je n’en prendrais pas la peine. Mais
c’est pour l’opinion publique que je veux présen-
ter mes explications. — Quand le président a pro-
noneé un discours , dans loquel la minorité de la
Chambre était gratuitement insultée, on avait le droit
de protester et. je suis décidé âne supporter aucune
insulte.
m. LF.BLOiyn demande la remise à jeudi de la nomi-
nation du bui-eau définitif, beaucoup de membres étant
retenus dans leurs départements par suite des élec-
tions municipales.
Le renvoi à jeudi est adopté.
m. I.ENGLÉ a la parole pour un rappel au règlement
et dit que la décision qui vient d’être prise est une vio-
lation de l’article 2 du réglement, aux termes duquel
il devrait être procédé, dés la première séance, a la
nomination du bureau.
m. lerlond répond que l’article 2 ne vise que la
première session législative, or la session actuelle est
la seconde. L’article 10 qui règle la situation actuelle
dit seulement que les membres du bureau définitif sont
élus au commencement de chaque session ordinaire.
La nomination du bureau pourra donc être faite jeudi
au commencement des travaux de la Chambre. (Rires
à droite.) C’est ainsi, d’ailleurs, que le Sénat entend
l’interprétation du règlement. Le renvoi à jeudi est
donc parfaitement régulier. (Très bien à gauche.)
m. le président dit quepour éviter tout malentendu
il va consulter de nouveau la Chambre.
La Chambre consultée renvoie à jeudi la nomination
du bureau.
Il est procédé au tirage au sort de la députation qui
devra assister aux obsèques de M. Raspail.
La séance est levée à 3 b. 25.
La lettre de M. Batbie.
L’Estaffette à publié hier soir la lettre deM. Bat-
bie, au sujet de laquelle elle fait les réflexions sui-
vantes :
« M, Batbie--lui-même doit comprendre que, pour
taxer publiquement d’inexactitude un récit de l’impor-
tance de celui que nous avons publié, de simples dé-
négations ne suffisent pas. Il faut des preuves à l’ap-
pui, et, sans vouloir lui indiquer ce qu’il a à faire en
semblable oceurenee,- nous nous permettrons de lui
dire que, dans un débat aussi grave, ces preuves ma-
térielles n’auraieiit pas été superflues.
» M. Batbie s’en convaincra d’autant plus facilement
lui-même, lorsque nous lui aurons déclaré, de la façon
la plus catégorique, que ce récit n’a pas été, comme il
le suppose, - composé au moyen de confidences par-
» tielles, quelquefois mal comprises, émanant de
» sources {diverses et reliées par un travail trop per-
» sonnel. ».
» Ce récif, nous le tenons d’une seule personne, —
non de confidences partielles mal comprises, — d'une
seule personne, mêlée directement aux négociations
qui ont précédé la constitution du cabinet Dufaure
qui a assisté aux délibérations que nous avons rap-
portées, qui a été témoin auriculaire de tout eequ’elle
nous a raconté, directement sans intermédiaire, dont
nous n’avons nullement travesti le langage et dont
nous avons d’autant moius raison de mettre en doute
et la mémoire et la bonne loi, que nous avions déjà
reçu de différentes sources des détails identiques à
ceux qu’elle nous a fournis. ■
Notre travail n’est donc point,à proprement parler,
une œuvre qui nons soit personnelle, comme le prê-
tent notre contradicteur, mais bien une œuvre per-
sonnelle, à ce témoin actif et auriculaire. *
Les élections municipales
Bien que les résultats des élections municipales
ne puissent encore être connus dans leur généralité,
on sait cependant dès aujourd'hui qu’ils donnent
encore une belle journée à l’actif de la République.
Dès à présent il est acquis que trois départements
faisant partie de la série B qui ont leur sénateur
à élire en 1879 et qui ont nommé en 1876 des disso-
lutionnistes, les rendront à la vie privée pour leur
préférer des républicains.
Dans l’Indre-et-Loire notamment la majorité de
3 voix en faveur de la réaction devient une majo-
rité de 18 voix en faveur de la république. Dans le
Nord, cinq sénateurs de droite verront leurs sièges
passer aux gauches, ce qui fait un déplacement de
dix voix.
Mort, de M. de Palikao.
Un des plus tristes personnages qu’aient mis en
relief les dernières convulsions du second'empire,
M. le général Cousin-Montauban, comte de Pali-
kao, vient de mourir. C’est lui qui, pendant quiDze
jours, Jut à la tribune du Corps législatif et fit pu-
blier dans Paris toutes ces fausses dépêches télé-
graphiques du théâtre de la guerre qui entretinrent
la France, jusqu’au 2 septembre, dans dés illusions
patriotiques dont le monde entier eut peine à se
rendre compte alors et qu’on a peine encore à
s’expliquer à sept ans de distance.
La France lui doit la gloire douteuse de l’expédi-
tion de Chine, couronnée par l’incendie du palais
d’été ; elle lui doit malheureusement aussi la concep-
tion du plan stratégique qui devait conduire M. le
maréchal de Mac Manon sous les murs de Metz et
qui le précipita dans l’entonnoir de Sedan.
François-Vincent Raspail, le célèbre chimiste et
doyen de la Chambre des députés de France, vient de
mourir à Arcueil d’une fluxion de poitrine qu’il avait
contractée il y a quelques jours seulement.
C’est une perte sérieuse autant pour la science que
pour la démocratie française. Comme savant, il s’est
distingué un des premiers par ses recherches au mi-
croscope sur les êtres organisés, et à ce titre il occupe
une place éminente parmi les initiateurs de la chimie
et de la physiologie. Comme homme politique, il a tou-
jours été au premier rang parmi les plus ardents ad-
versaii-es de ion.- les »ouventeni..nfsul<fSpo'tqites<(iii .-<■
sont succédé en France.
Il f ut. un des combattants de juillet et reçut un coup
de leu à la prise de la caserne de la rue de Babylone.
Quoiqu’il eût refusé de prêter sorment au roi Louis-
Philippe comme décore de juillet et qu’il comptât
parmi les chefs du parti républicain, sa grande science
lui lit offrir, au Muséum, la place qu il voudrait ; il re-
fusa et se réunit au comité de rédaction des Amis du
peuple. Devenu président de cette société, il collabora
activement à son .journal. Ses articles et ses nombreux
écrits de propagande révolutionnaire lui valurent
coup sur coup six ou sept années d’emprisonnement.
En 1831, le Réformateur, dont il Ait, rédacteur en chef,
eut, eu quinze mois, vingt condamnations et cent
mille francs d’amende.
- C’est de cette époque si troublée desa vie que datent
ses principaux travaux scientifiques dont quelques
uns ont exercé une réelle influence, nofamment sa
prétendue découverte des parasites internes qui l'a-
mena à recommander l’usage du camphre comme une
sorte de panacée universelle. Condamné plusieurs
fois pour exorcice illégal de la médecine, il n’en con-
tinua pas moins ses consultations gratuites qui aug-
mantèrent sa popularité.
Il était désigné ainsi pour jouer un rôle dans la
l'évolution de 1848. Au 24 mai, il fût le premier à
l’hôtel de ville et proclama la république avant même
l’arrivée du gouvernement provisoire. Aux élections
pour l’Assemblée nationale, il fut nommé par 36,000
voix représentant de la Seine, mais.ne put prendre
possession du siège à la suite d’une condamnation à
cinq ans de détention prononcée contre lui par la
haute-cour de Bourges pour participation à la mani-
festation en faveur de la Pologne. A l’expiration de sa
peine il vint se réfligier en Belgique, à Boitsfort.
Lorsqu’il fût question de l’expulser, M. Vilain XIIII,
qui devait peu après devenir ministre des affaires
étrangères, et prononcer le » jamais » devenu célèbre,
avait offert un asile à M. Raspail dans son hôtel.
En 1869, il rentra en France. Porté par les électeurs
de Lyon comme député au Corps-Législatif, il fût élu à
une très-forte majorité et vint siéger à l’extrême
gauche avec Henri Rochefort.
On se souvient du rôle qu’il a joué après 1870. Con
damné à la prison, malgré son âge, il fit sa peine. Sorti
de prison il fut aux élections du 24 février 1876, élu dé
puté par les électeurs de Carpentras, sa ville natale.
C’est lui qui, en qualité de doyen d’âge, présida la pre
miére séance de la Chambre des députes, et la repré-
senta au Sénat lors de la transmission des pouvoirs.
François-Vincent Raspail était né à Carpentras le
29 janvier 1794. Il avait donc quatre vingt quatre ans
moins quelques jours.
JlriWERfe, Junviei*.
Un mot sur la question de l'eau. - Dans
plusieurs parties de la ville, l’eau fournie par les
puits ordinaires est insalubre ; elle est générale-
ment polluée par des matières organiques dues
aux infiltrations, soit des eaux pluviales, qui ont
traversé les couches supérieures du sol, formées
de débris de tous genres ; soit des égoux , des fosses
d’aisance ou des anciens fossés des fortifications
Plusieurs sondages faits sur différents points
de la ville ont démontré qu'en moyenne 23 mètres
de sables plus ou moins perméables, reposent sur
legrand banc d'argile plastique, bien connu sous
le nom d'argile de Boom.
Les puits ordinaires les plus profonds plongent à
peine à deux ou trois mètres dans ce banc de sable,
qui est imprégné d’eau sur 18 ou 20 mètres environ
et dont la partie supérieure seule est influencée
par les infiltrations délétères.
Pour éviter ces inconvénients et puiser les eaux
pures de ia partie inférieure de la nappe aquifère,
il serait facile de descendre un tube de 15 à b’O cen-
tirriètreS de diamètre et de fixer sa base dans Car
file imperméable. Ce tube serait parfaitement
tanche sur toute sa hauteur, la partie inférieure
seule serait percée de petits trous donnant accès
à l’eau.
A l’aide de ce système, on ne puiserait que les
eaux de la base du banc de sable, vers 25 m. de
profondeur et qui ne sont point influencées par les
infiltrations de la surface. Par l’effet de sa pres-
si*n naturelle l’eau prendrait dans le tube le
meme niveau que celui des puits ordinaires et elle
serait ramenée à la surface par une pompe.
Un travail de ce genre serait peu coûteux et
pourrait être achevé en une semaine.
A Bruxelles, avant les travaux qui l’ont modifié,
le bas de la ville n’avait généralement que des eaux
fort mauvaises à cause des infiltrations delà Seune;
pour obvier à cet inconvénient on a eu souvent re-
cours à ce moyen et ces puits, appelés fort impro
prement demi artésien, ont rendu de grands ser-
vices en permettant de puiser les eaux pures de la
base de la couche perméable.
Banquet des Travailleurs Wallons réunis.
— La société de secours mutuels les Travailleurs
Wallons réunis, a célébré dignement samedi soir,
le P anniversaire de son existence, par un ban
quet donné dans les nouveaux salons fie l'Hôtel du
Temple.
Comme il était matériellement impossible de
réunir à une même table tous les sociétaires dont
le nombre est déjà très considérable, la société
était représentée par une centaine de convives dé-
légués.
Parmi les invités, nous avons remarqué des mem-
bres d’honneur de la société, des représentants de
la presse, des conférenciers et beaucoup d’artistes.
Différents toasts ont été portés ; et en premier
lieu, celui au Roi, présenté avec chaleur et élo-
quence par M. A. Chaudoir, président d’honneur
ae la société qui présidait aussi le banquet, a été
accueilli avec un véritable enthousiasme.
Ce toast ayant été transmis immédiatement à Sa
Majesté, Elle a daigné y répondre de la manière la
plus gracieuse, en remerciant la réunion et son
interprète et en formant les meilleurs vœux pour la
prospérité de la société.
La santé-du président effectif, M. J. Dupont*
la cheville ouvrière et lame de la Société des
travailleurs Wallons, n’a pas été moins acclamée
En somme, fête charmante et des plus réussies,
qui s’est prolongée tard dans la nuit, au milieu de
la gaieté la plus expansive et de la cordialité la
plus franche, caractères distinctifs, du reste, de
nos frères Wallons.
Mesdames Maugé et Rodier ont apporté à la
partie musicale qui a suivi je banquet un éclat tout
particulier en taisant preuve respectivement d’un
talent de pianiste et de cantatrice quenous n’avions
pas encore eu l’oçcasion d’entendre ni d’applaudi
Messieurs Rodier et Maugé, artistes de notre
opéra, ainsi que divers amateurs ont aussi contri-
bué largement au succès de la soirée.
Le souvenir de cette belle fête ne sera pas vite
oublié de ceux qui ont eu la bonne fortune d’y
assister.
Ajoutons que le menu a fait le plus grand hon-
neurs aux cuisines de Xhôtel du Temple.
Conférence de M. Alfred Naquet.
Malgré le.teinps détestable qu’il faisait hier soir,
un public nombreux était venu entendre M. Naquet
qui avait annoncé pour sujet de sa conférence
Militarisme et Cléricalisme. Ce n’a pas été une
discussion philosophique abstraite sur les liens in-
dissolubles qui unissent ces deux phénomènes so-
ciaux; l’orateur a retracé l’histoire de la France
dos dernières années et il a montré, par les faits,
que toutes les formes de césarisme, les Bourbons,
Napoléon III et tout récemment l’ordre moral, ont
toujours cherché leur appui dans une armée pré-
torienne.
Nous ne pouvons suivre l’orateur dans le déve-
loppement ae cétte idée ; il a donné des détails très
instructifs sur l’érafrfies partis en France. C’est une
erreur de croire quë 'Ie pays est divisé en répu-
blicains, bonapartistes, légitimistes, orléanistes;
il n’y a en présence que les partisans de la liberté
et des réformes justes ; les républicains, et les
alorateurs d’un passé impossible aujourd’hui :
les cléricaux. Dans les hautes sphères dirigeantes,
les intérêts personnels ont amené une divi-
sion, une compétition entre légiti- mistes, bona-
partistes et orléanistes; mais cette division s’ar-
rêteà la bourgeoisie et n’atteint pas le peuple.
Ces compétitions d’intérêts ont néanmoins eu un
résultat heureux : c’est d’empêcher le renverse
ment de la République. L’orateur remercie les
anversois “ d’avoir si bienehassé le comte de Cham-
bord, » et exprime sa satisfaction que « le roy » n’ait
pas couru de plus grands dangers. Sa vie a été pré-
cieuse pour la République, car elleaempèché la fu-
sion des orléanistes et des légitimistes. » Ne croyez
pas que ce soit là ma seule opinion personnelle; il ÿ a
quelques mois, un des meneurs orléanistes, ancien
collègue à la Chambre, me ramenant dans son
équipage de la gare St-Lazare, me disait à pro-
pos au comte de Chambord : » Mais cet homme là
ne voudra donc jamais... mourir I L’expression
était plus énergique mais moins parlementaire. »
L’orateur s’est attaché à justifier deux fautes que
l’on reproche au suffrage universel, notamment
d’avoir élu des cléricaux en 1848 et en 1871 et
d’avoir soutenu l’empire. Les deux chambres de 48
et 71 n’ont pas été élues parce que cléricales ; les
cléricaux se sont fait élire par un subterfuge, la
première fois en agitant le spectre rouge et parta-
geux, la deuxième fois en se posant en candidats
de la paix tandis que l'acharnement de Gambetta
rendait les républicains |#uspects aux populations
qui voulaient avant tout mettre un terme ii la
guerre. Aussitôt queeesdeux assemblées se furent
démasquées et traduisirent en lois leurs tendances
cléricales, elles devinrentprodigieusemeni impopu-
laires.
Si donc les faits démontrent de la manière la pl us
irréfragable que le suffrage universel n'est pas clé-
rical. il faut malheureusement reconnaître qu’il a
été longtemps impérialiste. C'est la haine pour l’as-
semblée cléricale de 1849 qui a rendu possible
le coup d’Etat de 1852; l'empire exploitant avec
une. perfidie consommée la peur qu’avait le
peuple des campagnes du socialisme d'une part et j
du cléricalisme d’autre part; réussit à se procurer
des majorités formidables et réelles. Il avait dùson
existence à l’armée prétorienne fie 52; pour occu-
per cette armée, pour détourner les esprits des
affaires intérieures, il fallut se lancer dans cette
série de campagnes qui nous mena de Crimée et
d’Italie au Mexique et a Sedan.
M. Naquet a reconnu avec franchise que le chau-
vinisme et la légende napoléonienneont amené sur
son pays de terribles châtiments. Mais il estimeque
ce n est pas payer trop cher la liberté et le débarras
fie la pourriture de l'Empire. Encore quelques
années de ce régime ce n’aurait plus été l’Alsace et
la Lorraine, c'aurait été la France tout entière
qui aurait été tellement abâtardie que tout réveil
eût été impossible.
Drame de la rue de la Nacelle. — Les fouilles
au cimetière du Kiel ordonnées par le parquet ont
commencé hier et ont duré jusqu’à 5 heures du soir
sans amener le moindre résultat.
Cette besogne se faisait avec six ouvriers sous la
surveillance de la police.
Les fouilles ont recommencé aujourd'hui et le
commissaire de police a sollicité un plus grand
nombre d’ouvriers.
Beaucoup de morceaux de chair ont été mis dans
un bocal rempli d’alcool et envoyés au parquet.
Mestdagh persiste toujours à nier qu’il a tué sa
femme.
Accident sur l'Escaut. — Hier, vers huit
heures du soir, pendant qu’un vent très violent
soufflait du Nord-Ouest, un oateau pécheur, appar-
tenant au sieur Van Baelen, est venu aborder le
bateau d’intérieur le Jeune Ilias, patron Hartog,
amarré à côté du steamer Wahefield, de Grimsby,
à hord duquel il avait transbordé du lest.
Le choc a été tellement violent qu’une forte voie
d’eau s’est déclarée immédiatement au bateau d’in-
térieur et que les ouvriers occupés au décharge-
ment du Wahefield, n’ont eu que le temps de sau-
ver à la hâte la femme et un jeune enfant du batelier,
pendant que celui-ci était absent .
Le bateau a été conduit près du musoir du canal
aux Charbons, où on l’a amarré.
La police locale a dressé procès-verbal à charge
d’un individu pour vol d’une somme fie fr. 200,
commis au détriment de la veuve Van den Bosch,
demeurant dans la rue de la Monnaie.
Au moment de son arrestation il avait encore en
sa possession une somme de fr. 54.
Elle a également verbalisé à charge d’une femme
prise en flagrant délit de vol d’une pièce d’étoffe de
la valeur de fr. 35 au préjudice du sieur B., bouti-
quier, demeurant Plaine Falcon.
Perdu. — On a perdu un grand chien noir à
longs poils, au rempart St-Cathérine, prière de le
rapporter Chaussée de Malines, 178.
Bonne récompense.
Vol et pillage. - On nous écrit de Warre-
Notre-Dame :
Dimanche dernier, vers onze heures du soir, deux
individus, garçons de ferme, se sont introduits dans
la demeure du nommé J. Heynderickx, cabaretier,
pendant que celui-ci était au lit.
Une fois dans la place en brisant une fenêtre, ils ont
mis à sac toute la maison et causé des dommages pour
une somme de fri 300.
La justice s’occupe de cette grave affaire.
CONVOCATIONS.
Association libérale et constitutionnelle.
Sous-comité de la 1nsection. — Vendredi 11 courant,
à 9 heures dusoir, au local l'Etoile, rue du Chaperon.
Libéraux réunis. — Sous-Comitb ds la 5* section.
— Vendredi 11 c*, à 9 heures du soir, réunion pour les
membres chez le sieur C. Stroobants, rue St-Amand, 5.
Liberale StHjdersbond de la 2° section. — Vendredi
11 courant, assemblée générale à 9 heures du soir chez
le sieur De Raedt, au coin des rues Richard et Dam-
bLfîS
Le tendi, 21 courant, inauguration du Bond qui don-
nera alors sa première fête a l’Eldorado.
Société philanthropique. — Réunion de la commis-
sion administrative, mercredi 9 courant, à 81/2 h* du
soir, au local de la Société, Rempart Ste-Catherine, 69
Ordre du jour : Demandes de secours.
Van Maerlant’s Kring. - Mercredi 9 janvier, à
81/2 heures du soir, au local ordinaire : Cercle artis-
tique, assemblée ordinaire.
Ordre du jour : Communications.
Volksbelang. — Jeudi 10 janvier, 9 h. soir, assem-
blée générale des membres de toutes les sections de la
ville, au local De 3 Kauioen, chez M. Van Eggelpoel,
rue des Aveugles.
Ordre du jour : Anniversaire de la société; disposi-
tion pour le banquet, le concert et le bal,
INFORMATIONS.
Cercle artistique. — Nous rappelons que ce soir a
lieu une conférence très intéressante donnée par M.
Henri de La Pommeraye, critique littéraire à Paris,
qui a pris pour sujet : Le Théâtre de Théodore Bar-
rière, auteur des Filles de marbre, des Faux Bons-
hommes, etc.
M. de La Pommeraye retrouvera au Cercle d’Anvers,
nous n’en doutons pas, le brillant succès qu’il a obtenu
à Bruxelles. .
Société de Géographie. — Aux concours ouverts
par la société, ont été envoyés quatre mémoires ayant
pour devises : . .
Ia Illi robur etaes triplex, etc. (Horatius).
2’ Jetons les yeux sur cette terre qui nous porte.
(Fénelon).
3° Rien n’est, beau que le vrai,
4° Parvis ad majora.
FAITS DIVERS.
Santé publique. — Pendant le semaine finissant le
22 décembre, le nombre des naissances constatées
dans la population bruxelloiso s’cst élevée 122 (70 mas-
eulines, 52 féminines); celui des décès a 81 (36 mascu-
lins, 45 féminins). L’écart qui existe entre ces deux
chi(1res indique que la situatiën sanitaire de la ville
continue à être très satisfaisante dans son ensemble.
Les six divisions administratives de la ville ont donné
respectivement uu total de 10, 23, 26, 8,4 et 1 décès.
Les maladies zymoliques et infectieuses ont prélevé
un contingent do 5 décès (rougeole, 4). Les huit com-
munes suburbaines ont donné tin total de 107 nais-
sances.et de 95 décès ; dix d’entre ceux-ci sont dûs à
des maladies infectieuses (affections puerpérales, 3 ;
rougeole, fièvre typhoïde et croup, de chaque 2 décès;
diplithérie, l). .
Les maladies saisonnières out prélevé un tribut
mortuaire de 63 décès, dans l'agglomération bruxel-
loise (bronchite et pneumonie, 34 ; maladiès organi-
ques du cœur, 12 ; diarrhée et entérite, 10 ; apoplexie
cérébrale, 7 ) .
Voici pour la 51* semaine de l’année le taux moyen
de mortalité annuelle calculé sur une proportion uni-
forme do 1,000 habitants, dans les grands centres de
population en Belgique ;
Bruxelles, 24.3 ; ses huit faubourgs, 24.3 ; l'agglomé-
ration bruxelloise, 24.3: Anvers, ’22.9; Gana 29.4;
Liège, 22.1. Les vingt-deux autres villes qui comp-
tent chacune pfüs fie 10,000 habitants, ont donné
collectivement un total de 241 naissances et de 179
décès, avec un taux annuel moyen de 24 3 sur 1,000
habitants ; tandis que vingt-six autres villes et com-
munes de moins ae 10.000 habitants ont fourni 114
naissances ot 80 décès, soit une mortalité annuelle de
15.7 sur 1,000.
Aucune maladie épidémique ou infectieuse ne sévit
actuellement en Belgique : la rougeole se manifeste
dans toutes les provinces, mais jusqu’à présent le
nombre de ses victimes est très-peu considérable.
On signale bien trois décôs causés par la variole à
Gand, et des cas isolés de cette maladie dans quel-
ques villes et communes populeuses.
A l’étranger, la maladie zymotique la plus répan-
due est sans contredit la diphtérie (croup et angine) :
les derniers bulletins reçus au bureau d’hygiène ac-
cusent une recrudescence de l’épidémie qui sévit à
Paris (44 décès) ; uu nombre de décès relativement
élevé est encore signale à Berlin (35), à Bude-
Pesth (21), à Vienne (14), à Dresde (12), à Dantzig
(9), à Edimbourg (10), comme aussi aux Etats-Unis,
où la diphthérie s’accompagne de scarlatine. La
rougeole s’est étendue à Londres (92) et à Liverpool
(15), où l’on constate, en outre, bon nombre de cas
de coqueluche <17 décès) ; cette dernière affection
figure au premier rang des maladies zymotiques dans
d autres villes placées sous des climats bien différents,
telles que Hambourg, Alexandrie d’Egypte , Rio-de-
Janeiro, etc.— La fièvre typhoïde reste cantonnée dan»
les centres populeux où son apparition a été men-
tionnée il y a plusieurs semaines , et notamment à
Saint-Pétersbourg (53). à Bucharcst, (13), à Bude-Pestk
(11), à Barcelone (9).
Le choléra endémique ue l’ait plus qu’un très-petit
nombre de victimes aux Indes anglaises : il en e«[
résulté seulement 8décès à Bombay pendant la semaine
comprise du 14 au 20 novembre.
La cathastrophe de Quaregnon. - Comme nous
l’avons dit, c’est samedi vers 6 h. du soir que la ca-
tastrophe a ou lieu à la houillère Gaillet de Belle-e!*
Bonne, Quaregnon ; mais c’est seulement plus tard,
dans la nuit, que l’étendue du malheur à été connue.
I.a direction avait voulu s’assurer, auparavant, si la
cage n’avait pas été retenue par les parachutes, ou si
ceux-ci n avaient pas fonctionné de manière à. assour-
dir la chute, il n en était rien, malheureusement, et
tous les ouvriers que l’on remontait avaient péri. —
sans souffrance sans doute, ear leur mort avait dû être
instantanée.
Quo l’on se figure, en effet, un poids de plttsiers mil-
liers do kilogrammes retombant d’une hauteur de 150
mètres, allant s’engouffrer au fond d’un puits, et l’eu
comprendra qu’aucune créature ne puisse résister â
pareille secousse.
La nuit de samedi a été consacrée aux préparatifs,
et le dimanche vers midi oa a commencé à retirer le»
cadavres, ,11s ôtaient douze, alignés dans la même
place, et leurs traits u’indiquaient pas la souffrance.
Trois autres affreusement mutilés avaient été déposés
à part, et il n’était pas permis de les voir.
Naturellement, il circule force commentaires au sujet
des causes qui ont amené ce terrible accident, mais
nous pensons que les résultats de l’enquête établissent
qu’il ne pouvait être prévu; il doit être mis au compte
ae ces causes multiples qui menacent constamment la
vie du charbonnier. Nous avons entendu dire, il es*.
vrai, quo le nombre d’ouvriers remontés était plus
grand que le chiffre réglementaire qui est de 12, pen-
sons-nous.
En voyant la puissante machine que l’on appelle
cageot la force des chaînes et des câbles qui la sup-
portent, on comprend néanmoins que le poids supplé-
mentaire de trois hommes ne pouvait amener une
rupture. — Constatons seulement, que l’on fait descen-
dre dans les houillères des enfants bien jeunes.
C’est une énergique race que celle du Borinage,
aguerrie et habituée au danger. On a trouvé, aussitôt
après l’accident, des hommes pour descendre dans le
puits par le moyen qui venait d’occasionner la perte
île leurs camarades. La population était morne, abat-
tue, mais l’on n’entendait ni cris, ni lamentations. Ou
sont quo ces gens se considèrent comme sur un champ
de bataille, où la mort moissonne chaque jour. Ils sont
héroïques quand d’aucuns les taxent d’indifférence.
La Société de Belle et Bonne fait son devoir, noua
l’avons dit, et nous espérons qu’elle continuera à l’ac-
complir généreusement. Il y a bien des misères à sou-
lager, puisque ce malheur atteint une population rude-
ment éprouvée depuis quelque temps par l’épidémie do
la variole.
On a inhumé hier cinq victimes, les autres le seroiq
aujourd’hui. (Organe de Mons).
Encore un caissier.... — Au n* 16 de la rue Louis-
le-Grand, àParis, se trouve lo siège d’une Compagnie
d’assurances connue sous le nom delà Préservatrice.
Depuis quelque temps, les directeurs de cette Société
s’apercevaient que certaines sommes disparaissaient
chaque jour d’un tiroir qui leur était spécialement
réservé.
Leurs soupçons tombèrent sur deux employés, MM.
Adolphe ef Paul. Plainte fut portée contre eux, et ils
furent arrêtés. ■
Pendant quelques jours, les vols cessèrent. Mais un
beau matin les airècteurs constatèrent qu’une somme
de 300 fr. a/ait été volée. Les doux employés n’étaient
donc pas coupables.
M. B..., l’un des directeurs, alla trouver le juge d’in-
struction qui s’occupait de la première affaire et lui fit
part île ce qui se passait.
» — J’allais justement me rendre chez vous, lui dit
le juge d’instruction. J’ai appris quelque chose qui
pourrait bien nous mettre sur la trace du vrai voleur.
Votre caissier joue à la Bourse et y perd même beau-
coup d’argent. C’est lui le coupable.
- — Ah ! vous n’y songez pas ! répondit M. B..
M. Prat, mon caissier, est l homme le plus intègre que
je connaisse.
» — Voulez-vous faire une expérience ?
’ » — Volontiers.
» — Perdez auprès de la caisse un billet de mille
francs, et surveillez. »
M. B... s’en alla chez lui et fit ce quo lui avait dit le
juge d'instruction. Il laissa tomber nn billet, de mil)»
francs de son portefeuille et sortit. 11 revint au bout
de cinq minutes ; personne n’était, entré dans le bu-
reau, le caissier y était seul et le billet avait disparu.
M. B... ne douta plus ; mais, pour la famille de son
caissier, qu’il connaissait depuis longtemps, il résolut
de le remercier sans le faire arrêter. Il prévint seu-
lement le juge d’instruction qui mit en liberté les deux
premiers accusés.
Hier matin, quand M. Prat arriva à son bureau, il y
trouva un inconnu et le directeur de la Société.
« — Monsieur Prat, luidit.M. B.. ..je vous présente
votre successeur. Pour des raisons que vous connais-
sez sans doute, je dois me séparer de voué. Donnez
moi les clefs de votre caisse;
» — Mais, monsieur, répondit Prat, je ne puis ainsi
m'en aller sans avoir lait l’inventaire de tin d’année.
» — Votre remplaçant le fera, monsieur, rendez-raoi
compte de votre caisse, c’est tout ce que je vous de-
mande,
» — Vous êtes dur pour moi, monsieur B., continua
Prat ; au moius veuillez me donner un certificat con-
statant que je quitte votre maison dans des conditions
honorables.
« — Quand j’aurai vérifié votre caisse. »
Alors M. Prat se troHbla et déclara qu’il avait dû
emprunter à la caisse une somme de 17,000 fr., mais
que pour combler le déficit,il allait vendre fout ce qu'il
possédait.
— Et d’ailleurs, continua-t-il, puisqu’il en est ainsi,
mieux vaut en finir tout de suite!...
Et il sortit de sa poche un revolver en disant qu’il
allait se tuer.
M. B... se jeta sur lui pour le désarmer. Alors eut
lieu une lutte qui dura plusieurs minutes, Prat es-
sayant toujours de se tuer, M. B., tentant do le désar-
mer. Tout à coup l’arme partit et M. B... fut atteint à
l’aine. La blessure est fort heureusement sans gravité.
On réussit enfin à désarmer M. Prat et à se rendre
maître de lui, et M. B... ordonna de le conduire chez
le commissaire de police.
Mais, dans l'escalier, on ne le surveillait pas d'assez
près. Il réussit à tirer de sa poche un couteau-poignard
et s’en porta précipitamment plusieurs coups.
Ses blessures sont très graves et mettent sa vie en
danger.
Il a été transporté à l’Hôtel-Dieu dans un état déses-
péré.
Marseille et le commerce des oranges. -- Le port
de Marseille, voisin de l’Espagne, a eu (le tout temps
le privilège de recevoir de grandes quantités d'oranges.
LTtâlie, Malte, et .plus tard l’Algérie, ont â leur tour
apporte leur contingent dans l’importation de ce fruit
délicieux, dont Paris surtout fhit une si grande con-
sommation à l’époque du jour de l’An.
Aussi le commerce des oranges a toujours été con-
sidéré à Marseille comme très fructueux, ot il n’a
jamais cessé de donner lieu, principalement à cette
époque de l’année, à de nombreuses transactions.
Lorsque le réseau des chemins de 1er espagnols fût
achevé, on put craindre un instant que le commerça
des oranges ne se déplaçât et n’abandonnât la place
de Marseille. En effet, des- expéditions directes
d’oranges de l’Espagne sur Paris et dans le nord de la
France semblèrent tout d’abord justifier ces craintes ;
mais, s’il est vrai de dire qu’un nouveau courant s’est
établi de ce côté, Marseille n’en a pas moins continué
à voir sinon accroître ses importations d’oranges, du
moins maintenir depuis plusieurs années son même
chiffre d’arrivages.
L’importation des oranges par Marseille s’est élevée,
en moyenue, pendant ces dernières années, à 10 mil-
lions de kilogrammes,-ce qui représente à pou près le
tiers de l’importation génerale de ce fruit en France
et accuse une valeur fie 4 millions de francs.
Si-nous prenons le chiffre de l’importation des
oranges à Marseille en 1876, nous voyons que, dans los
10 millions de kilogrammes d’oranges reçues, près de
7 millions proviennent de l’Espagne, plus de 2 millions
de l’Algérie et 700,000 de l’Itahe.Cette année, par suite
de la guerre d’Orient, les oranges du Levant, et no-
tamment de Jafla, qui prenaient d’habitude le chemin
de la Russie par les voies ferrées qui aboutissent à
Odessa, ont eu leurs débouchés ordinaires fermés et
ont fait leur première apparition sur la place de Mar-
seille. On cite une maison de cette ville qui a reçu de
nombreux envois d’oranges de Jaïïa,otl’on sait qu’elles
sont très appréciées dans le commerce et d’une qualité
vraiment supérieure.
Si' la consommation de l’intérieur de la France et
surtout celle de Paris prenaient goût à ces qualités
d’oranges, Marseille verrait s'accroître, parles prove-
nances du Levant, son importation, qui est demeurée
stationnaire par suite de la concurrence des chemins
de fer espagnols.
Unaccident s’est produit pendant un laisser-courre
de 038 jours derniers en Angleterre.
Un renard avait été lancé et la chasse allait à mer-
veille, jusqu’au moment où elle s’engagea sur le talus
d'un chemin de fer et se continua sur une longue
distance entre les rails. La meute y monta d’ensem-
ble, et les chasseurs suivirent à cheval en bas, quîTid
subitement un train de voyageurs fut aperçu, venant
directement sur les chiens.
Les chasseurs firent des signes désespérés au méca-
nicien d’arrêter en agitant leurs chapeaux; mais
l'homme semblait ne pas être plus conscient du danger
que les chiens et continua son chemin. Le train était
maintenant à quelques mètres de la meute, et la pente
du talus était beaucoup trop rapide et Je train Deau-
coup trop près pour permettre aux piqueurs d’inter-
venir.
Il y eut alors un moment terrible, et tout le monde
eroyait à la destruction complète de la meute, quand,
à la dernière minute et comme par miracle, les chiens
firent place à la locomotive, et, bien que le train n’eût
pas ralenti sa marche, il n’y eut que quelques chiens
atteints et un seul broyé sur les rails.
Cet incident a fort mécontenté les chasseurs, à la
tète desquels se trouvait le marquis de Huntley, car
les mécaniciens ont pris l’habitude, dit le Sportsman,
d’arrêter ou au moins de ralentir en pareil cas, sans |