Full text |
mercredi » Janvier
18M. — Quarante-troisième année. — N” 9.
mercredi 9 Janvier.
ABONNEMENTS
nan* no* baroaox et çiiez toas ie* fastâénn
4e-po*te* (franco de port), pour :
» semestre, * 30.—
* an, » 58.-r
6 ffîmestfe, fl. ?:8C
- , ; NT*- ; I-
u ?<•«»...................... »■ t-
Li .
k* HCilsfitte-
Lâ France...-
V Angleterre..
aœsSa:""-:
Brésil et Indes.
19.
31.-
31.-
LE PRECURSEUR
Journal Politique, Commercial, Maritime, Littéraire et Artistique.
AGENTS !
1IN DE FER DE D’ETAT. — D'Anvkrs peur Matinéi et Proseliet a 5.25,
i «f, 5,so, 6.50 B., ~
KWMÉnO 9* BBNTIMB*.
PAIEMENT PAB ANTICIPATION.
. . _______ ______________ ___________ > u.eK.u.ou, 7.40 JL,
, .„J-J?., 9.50,10.80 a., 12.15,1.15 £., 3.15 B., 3.33, 4.4(f, 5.50, 6.50 8.25 U., 8.56,10.15 B. - Lierre
>6.30, 7.12, 9.33, 11,1.50, 5.21, 8.28. - Termonde et Gland 5.2o B.,5.30, 9.50, ÎY15, 3.33,4.45 B' 8.55. -
A lest (par Têrmonie) 5.30, 960,12.15, 3.33, 8.55 : (par Bruxelles) 5.30, 9.15 E., 10.50 B., 12.1$,
3 33, 8.50 B. — Lekeron (par Târmonde) 5.30, 9.50, 12.15,4.45 B. — Ninove, «rammont, Lessine*.
Ath (par Bruxelles-Nord) 5.25, 1060 E., 12.15, 3,311, 6.50 B. — Bruges, Ostende (par Maline;)
8.39,9:88, M.iftfi.», 448 ; (par Bruxelles) 5>,25 6.50, 9.50,10.50 B., 12.15,3.15 B., 3.33, 4.45 E. -
Courtrai, MoUscron, Tournai, LiUe 5.25, 9.50, 12.15, 3.33. 4.45.-Calais 5.40, 12.15,4.43 g. 1* et S» cl.
— Louvain, Tirlemont, Liège et Vorviers 5.25, 9.15 E., 9.50,12.15, 4.45, 6.50, 8.55 (jusqu’à Louvain)
10 B. - Landen 5.30, 9.50,12.15, 4.45, 6.50. - Spa 5.30, 9.15 E.. 9.50, 12.15. - Allemagne 5.25
(lovée de la boite 1.4o m.), 9.15 (boite 8.30), 1.50 (boîte 1.(85), 4.45 (boite 4.10), 10.15 (boite 9.30. — De
feRUiJLLES pour Anvars 4 5.27, 6.17, 7.18, 8.03 B., 9.16 E., 9.51, 10.50, 12.43, 2.30 B., 3.45, 4.134,
De Boom pour
P. A. DELA MONTAGNE.
i-tfutOTKüH-a *vu n r
CHEMIN DE FER GRAND CENTRAL BELGE.
D'Anvkrs pour Lierre 5.30, 7.12, 9.33, 11.00, 160, 5.15, 868. — AsrMbet, Loavaln, Dlett,
Hasselt 7.12, 9.33,1.50,5.15. — Maestrieht et Aix-U-Chapell* 7.12, 9.33,160, 5.15. - Roosendaal,
Breda, Dordrecht, RotterdamA720 9.05 B., 10.25, 26Ó (jusqu’à Roosendaal), 3.41 g., 6.45. — Ottig-
4 A’B^OM30- D'A>:vkrs pour Boom6.45, 11.10, 5.10,1060.
Afivers 5.20, 9.20, 3.10, 8/'
BURBAUX t rue de PAuuhu 1,
Place du Mvséci Anvers.
nrwuo, L/or'Ji wui,, iwvwji u«ui, i ü.» ijluscju a nOTBPUUEti;, o.*u v.tit. —
Oies, Ledelinsart, Charleroi, Berzèe, Walcourt, Mari en bourg. Viraux et atvdelà 7.12, 963 (
Waleourt), L^ 5.13 (jusqu à Lodelinsart). — Hérenthals, Turnhout et Tilbaurg 560, U {
CHEMIN DE FER DU PAYS DB WAAS.
or «and (Têtç de Flandre) 7.15, 8.50 B., 1065, 2.05, 3.50 *.,7.15. - De (Us» pour
Turnhout),
8 pour «and (Tête de Flandre) 7.15, 8.50
Anvers 46Q, <.05, 9.25 B., 1060,2.20J565 B.. 7.05.
jmmtUM, Office de Publient, rts a* is.
Madeleine.
■OUAHBB, M H. Nijob ET Vak Dîtmab,
a Rotterdam, et tous les dtreatears de oostf*
en royaume.
taris, Havas, Laki tb, Bullirs «t O
Pl*«e de U Bourse, 8.
Mwdris, DelbT, Davos rt O, 1, ceeil
^Æâ’arden4-^^0*-
1.V8ËRTI01VR »
Aanonaw U petite ligne. pT n 25
pK^^uugne.... . j:S
Rabrlqae Anvers, la llgu».. *;*)
PW lu azmanesa de la Frans* s'adresse, à
MM. Havas Livrrm A f>. Place rf* U Boarie
s. Paris et à MM. G. L. Dacbb & C«, 31, rue du
Faubourg Montmartre, Paris.
BATEAUX A VAPEUR.
D Anvers (départ* du Vsardam) pour Tamise 8.30, matin, 3.15 h. soir. — D'Anvers poar
Boom 1 et 3 h. soir. — D* Tamise pour Anvers 7.30 et 10.30 h. matin. — D* Boom pour
Anvore 6.30 h. matin.
Les annonces tont mesurée t au liancl
re. — Les titres te paient Xaprit l'espace
tu Us occupent. On K» newi garantir les dates
(Tinteriiont.
nétrs.
LISTES ÉLECTORALES.
RÉCLAMATIONS des cléricaux.
Las électeurs qui auraient reçu de la part
des eléricaux une demande de radiation de
leur nom des listes électorales, sont Instam-
ment priés de faire remettre cette pièce au
bureau de l'Association Libérale et Gonsti*
{ütiônnélle d’Anvers, flace Verte, 31, an
premier.
RÉSUMÉ POLITIQUE
France. — là séance des deux Chambres. —
LA session ordinaire de 1878 s’.est ouverte hier à
Versailles ■ les deux Chambresli ont fait que se réu-
nir et se sont ajournées à jeudi pour constituer
leurs bureaux. . , , ., , . , ,
Au Sénat, pas le moindre incident, mais a la
Chambre, les bonapartistes ont repris leur ancien
jeu. M. Desseaux, le président d’âge, n avait encore
prononcé que quelques paroles et rappelé la lutte
nue la République venait de soutenir contre ses
Ennemis coalisés* qu’il ft étô interrompu par M,
Paul de Cassagnac : - Ce n’est pas un discours d en-
terrement, s’écrie-t-il avec vivacité; nous ne som-
mes pas des partis coalisés ! «
Quelques .instants après, nouvelle interruption
du même député ; apostrophant les gauches, il les
accusait d’avoir ruiné et abaissé le pays. Le pré-
sident, cette fois, n’y tient plus, etM. de Cassagnac
est rappelé à l'orafe.
La lecture d
__________d’une lettre annonçant la mort de M.
Raspail donne lieu à un nouvel incident.
Une allusion faite au crime du 2 décembre dont
M Raspail a été victime a mis le feu aux poudres.
. » C’est vous qui avez perdu la France ! » s’écrie
derechef M. Paul de Cassagnac. A l’ordre! La cen-
sure ! s'écrient plusieurs membres de la gauche.
M Paul de Cassagnac réplique avec vivacité. L’agi-
tation est extrême. Qui se fut attendu à cette série
d’inconduites? Le calme ne se rétablit qu’au bout
dô quelques instants et le président parvient enfin
à achever en silence la lecture de la lettre. "
Mais tout n’est point fini. M. Paul de Cassagnac,
en effet, a demandé la parole pour s’expliquer sur
le rappel à l’ordre qui lui a été infligé. Il va sans
dire que son langage provoque à gauche de nou-
velles protestations. Peu s’en faut que la censure ne
vienne aggraver le rappel à l’ordre. Mais le prési-
dent s’abstient de recourir à cette mesure extrême.
La Chambre a le devoir de se protéger contre une
conduite aussi inconvenante eide mater les gens
mal élevés qui font de la politique obstructionniste.
On se rappelle qu’avant le 16 mai, la Chambre avait
l’intention de remettre en vigueur un ancien régle-
ment de 1848 et 49 ; la peine de la censure, très-
efficace pour les hommes d’honneur est complète-
ment impuissante sur des consciences tarées ; le
réglement de 48 mettait à la disposition du prési-
dent des arguments plus concluants ; l’exclusion
temporaire et l’affichage du vote de censure dans
toutes les communes de l’arrondissement, aux
frais du député coupable. On peut s'attendre à
voir la Chambre discuter immédiatement l’adoption
d’un réglement analogue.
Les partis au Sénat. — Les difilcultés que ren-
contrait la réélection de M. le duc d’Audiffret-
Pasquier à la présidence du Sénat, paraissent
levées ; quelques journaux de l’ordre moral conti-
nuent bien à dire que les droites ne peuvent pas
voter pour un traître qui les a abandonnés, en me-
naçant M. de Mac Mahon de se mettre du côté des
radicaux s’il réalisait les projets de coup d’Etat
nourris par son entourage,mais ce sont là de vaines
menaces. M. d’Audiffret-Pasquier étant assuré des
votes des gauches et des constitutionnels, aura une
très-belle majorité, parce que ses adversaires n’ose-
ront meme pas se compter par des bulletins blapos.
M de Kerdrel, sur lequel ils avaient jeté leur' dé-
volu pour remplacer M. d’Audifïret et qui risquait
d’y perdre sa vice-présidence, a prudemment refusé
de faire leur jeu.
Le comité des dix-huit. — La France, qui
s’était énergiquement prononcée pour le maintien
du comité des Dix-Huit, publie aujourd’hui les in-
formations suivantes :
- Le comité des Dix-Huit se compose, on le sait,
de quatre membres de chacun des quatre groupes
de gauche, auxquels deux membres supplémen-
taires avaient été adjoints, en raison de la gravité
des circonstances.
» S'il était démontré aujourd’hui que les néces-
sités fussent réellement moins impérieuses, et que
la vigilance de la Chambre, sans se relâcher, pût
cependant se détendre, les Dix-Huit se scinderaient
en quatre sous-comités de quatre membres, dont
chacun formerait le bureau de Son groupe.
E” De cette façon, le comité, sans être en perma-
nence, se trouverait reconstitué à la première
alerte, par le seul fait que les bureaux des quatre
groupes auraient décidé de délibérer en commun.
- Cette mesure sera proposée, et il est vraisem-
blable qu’elle sera adoptée. »
(30)1 Feuilleton du Précursbur.
SONIA
OBMRY GRÉVILLE.
XX
(Suite).
Le samedi qui suivit, Sonia tut tout étonnée du
soin que son maître mit à sa toilette; elle ne
l’avait jamais vu si méticuleux. Sans rien dire,
elle fit a part soi ses petites réflexions, qui ne l’égayè-
rent pas beaucoup, parait-il, car elle garda un si-
lence absolu pendant les préparatifs de Boris, qui
ne s’en aperçut pas le moins du monde.
Lorsqu’elle lui eut présenté sa pelisse et son cha-
peau et qu’elle eut refermé la porte sur lui,elles
resta un instant pensive dans 1 antichambre ; elle
regardait cette porte comme pour lui demander
la solution d’un problème. Le froid la saisissant,
elle frissonna, passa le revers de sa main sur ses
yeux brûlants et revint dans la chambre de Boris.
Tout y était encore en désordre. Lentement et
sans bruit elle rangea les objets les uns après les
autres, plia les vêtements du lendemain et les
posa sur une chaise,puis, tirant d’une vieille malle
quelle s’était appropriée un cahier de gros papier
gris et un alphabet déchiré, elle se mit à copier
assidûment les lettres d’imprimerie, non sans se
mettre de l’encre jusqu’au poignet.
Le travail était ardu ; de temps en temps elle
poussait un gros soupir et regardait une feuille
couverte de l’écriture coulante et rapide de Boris :
les deux choses ne se ressemblaient guère ; — mais
pourquoi? Soupirant encore, elle reprenait sa tâche,
et peu à peu la page se remplissait de lettres dif-
formes...
Le coucou faisait enlendreson tic-tac régulier, la
lampe baissée à demi laissait flotter une clarté
Si les renseignements de la France sont exacts,le
comité des Dix-Huit serait donc dissous. Nous
regrettons vivement cette décision et nous ne com-
prenons pas comment un journal comme le Temps
peut dire à ce sujet : « C’est ce que nous avons
demandé. » Nous partageons Complètement l’opi-
nion du Journal des Débats quand il dit :
» Pourquoi abandonner le Comité des Dix-Huit,
ce lien vigoureux qui donnait tant de cohésion et
d'unité à la majorité ! Question imprudente que les
ennemis de la république se sont empressés de re-
cueillir, de commenter, de grossir outre mesure.
S'il restait encore des doutes à certains esprits sur
les avantages de la disparition du Comité des Dix-
Huit, il suffirait, pour les dissiper, de remarquer
avec quel soin les journaux réactionnaires s’ef-
forcent de faire croire au public que ce Co-
mité, qui né s’est pas réuni depuis le 14 octobre,
qui s'est effacé modestement dès que son mandat a
été'épuisé, a pris telle et telle résolution, s’est pro-
noncé contre telle ou telle mesure ministérielle, à
décidé telle ou telle enquête. Le Français ne se
contente pas d’attendre les fautes des républicains
pour les exploiter, il les provoque ; il fait mieux, il
les invente. La manœuvre peut être habile, mais
elle confient heureusement une leçon dont nous
devons et dont nous saurons profiter. »
Comme le disait encore hier soir M. Naquet dans
la conférence qu’il a donnée à Anvers, le comité
des Dix-Huit a mérité les éloges de tous lés
groupes de la gauche ; tous ses membres étaient
pénétrès,de la nécèssité d'une action vigoureuse et
pendant qu’à l’Elysée les Batbie, les Rochebouët
les Dupanloup et d'autres encore machinaient nn
coup d Etat, les Dix-Huit préparaient la résistance
armée.
Ce comité, au courant de3 dernières affaires,
peut encore rendre d’immenses services, -ne fût-ce
qu’en talonnant M. Dufaure, dont la lenteur à
épurer son administration, tranche si défavorable-
ment sur l’activité déployée par ses collègues de
l’intérieur et de l'instruction publique. En outre,
nous ne voyons pas pourquoi on désarmerait tant
que tout l’arsenal de lois réactionnaires et restric-
lives de la liberté n’aura pas été remplacé par
une législation plus conforme aux principes ré-
publicains.
L'enquête sur la candidature officielle— Nous
avons déjà parlé hier de là séance qu’a tenue lundi
cette commission. Outre les affaires mentionnées,
elle a réglé la procédure à suivre pour continuer
l'enquête en province sur les points principaux où
il sera nécessaire d’aller faire directement des in-
vestigations. Dans sa prochaine séance, elle dési-
gnera les membres qui seront délégués dansles
départements. Elle a également entendu le rapport
de ses sous-commissions et examiné les différents
actes qui, à raison (de leur caractère délictueux,
devront être signalés au garde des sceaux pourque
les parquets puissent faire les actes interruptifs de la
prescription avant le 18 janvier prochain, date
après laquelle il serait impossible de poursuivre
les délits électoraux.
Le Journal des Débats demande avec raison,
qu’on ne s’attarde pas, dans la Chambre, à de
longues discussions au sujet des élections contes-
tées ; il veut bonne et prompte justice. « La Chambre
peut choisir un certain nombre d’élections mani-
festement viciées par la candidature officielle afin
de les casser sans pitié et sans phrases. Il sera aisé
de passer rapidement sur tous les détails, qui re-
viéndront devant la Chambre lorsque la commission
d’enquête aura fini son travail; u est inutile de
plaider par lambeaux le procès de la candidature
officielle, puisqu’il doit être discuté dans un débat
d’ensemble qui sera d’autant plus grave, d’autant
plus important, d’autant plus décisif, et qui pro-
duira sur l’opinion un effet d’autant plus, grand
qu’il aura moins été défloré. »
Affaires D’Orient. — Les négociations. —
L’Angleterre, après avoir transmis à la Porte la
réponse de la Russie, a annoncé dimanche à St-
Pétersbourg qu’elle n’était pas opposée à une en-
tente directe et préliminaire entre les belligérants.
Elle se réserve toutefois le droit de discuter les
conditions de la paix définitive et d’intervenir éven-
tuellement au sujet dés intérêts européens et an-
glais. En d’autres termes, Londres prendrait dans
la question exactement la même position que
Vienne.
Ces informations, que nous empruntons à une
dépêche adressée au Temps par son correspondant
de Vienne, sont confirmées et complétées par le
Mormng Post et. le Daily Telegraph. Après
avoir fait part de ses appréciations a Saint-Péters-
bourg, le cabinet anglais aurait encore conseillé à
la Porte d’entrer dans la voie des négociations di-
rectes, afin dé connaître les vues de la Russie. En-
fin, un télégramme, que l’Agence Havas a reçu de
Constantinople, ajoute que la réponse de la Russie
indiquant ses conditions pour la conclusion de l'ar-
mistice est attendue aujourd’hui dans cette ville,
et qu’on s’attend à une suspension des hostilités
pour le terme d’un mois.
Pas de nouvelles de la guerre.
Italie. — La maladie du roi. — Il y a une lé-
gère amélioration dans l’état du roi Victor-Emma-
nuel. Du moins, il se disait hier, à Londres, que la
reine Victoria ayant demandé, par dépêche, des
nouvelles au prince Humbert, ce dernier aurait'
répondu que son père avait passé une meilleure
journée et que son état, quoique grave, n’était pas
encore absolumentinquiétant. La presse italienne
est unanime à exprimer la douleur et les préoccu-
pations que cause à la Péninsule la maladie du Roi.
Le bulletin daté d’hier, six heures du soir, dit
que la fièvre est plus accentuée que dans la mati-
née. La douleur pleurétique a presque cessé, le
pouls est irrégulier.
La guerre d’Orient.
Midhat pacha.
On télégraphie de Pesth, 7 janvier, que des délé-
fués delà Chambre ottomane ont fait une démarche
la Porte pour obtenir le rappel de Midhat Pacha.
M. Layard aurait parlé dans un sens favorable à
Midhat.
Tous les ministres ont retiré leur démission et
gardent leur poste. Le rappel de Midhat pacha est
donc de nouveau remis, à moins- d’évènements
imprévus.
Les négociations.
Pesth, 7 janvier.
Les avis de St-Pétersbourg semblent indiquer
une certaine indécision dans les régions officielles
sur la question de l’ouverture des détroits. Le
prince Gortschakoff veut que l’on fasse de cette
ouverture une condition sine quâ non de la paix.
D’autres ministres pensent que, si cela devait ame-
ner un conflit avec l'Angleterre, il vaudrait mieux
ne pas soulever cette question.
, Londres, 7 janvier.
Le Times reçoit les nouvelles suivantes de Con-
stantinople par la voie de Syra :
« Le gouvernement turc a résolu de déterminer
sa politique suivant celle de l’Angleterre.
» Le ton des députés turcs est généralement pa-
cifique, pourvu toutefois que la Russie accepte des
conditions raisonnables de paix. Os conditions
n’ont pas encore été officiellement discutées par la
Sublime-Porte; mais on pense généralement qu’elle
ne refuserait pas d’accorder les suivantes : cession
de Batoum; passage libre des Dardanelles; réunion
d'une Conférence pour fixer le sort des provinces
slaves; indépendance de la Roumanie et ae la Ser-
bie; enfin, rectification de la frontière en faveur
du Monténégro,
« Le recrutement des chrétiens pour leur incor-
poration dans la garde civique a complètement
échoué. «
Saint-Pétersbourg, le 7 janvier.
L’Agence russe dément la nouvelle donnée par
deux journaux russes, et d’après laquelle des délé-
gués auraient été désignés par les deux gouverne-
ments, turc et russe, pour négocier un armistice.
L’achat de l'Egypte.
Le Times consacre un leader à cette question.
Si l'Egypte appartenait à l’Angleterre, l’alliance
dès puissances occidentales serait rompue à jamais.
Toulon deviendrait pour-l’Angleterre une position
bien plus redoutable que Constantinople. Si les
transformations qui se préparent en Orient doivent
donner à la marine russe un libre accès sur l’Ooéan
à travers le Bosphore, les Dardanelles et le détroit
de Gibraltar, il importe beaucoup plus à l’Angle-
terre de placer la liberté de ses communications
avec l’Inde sous la protection de l’amitié des peuples
qui peuvent, dans la Méditerranée, balancer sa
puissance maritime et de laisser subsister le statu
quo à Constantinople et au Caire que d’étendre
son autorité dans ces parages avec la complicité
de la Russie et au risque de l’y retrouver un jour
coalisée avec tous ceux dont elle aurait froissé ou
alarmé les justes intérêts.
“ Nous n'annexerons pas et nous n’occuperons
pas l'Egypte, mais nous ne permettrons pas non
plus à une autre nation de le faire. L’Angleterre
résisterait de toute sa puissance à toutes tentatives
de saisir une des extrémités du canal de Suez ou
un point quelconque de l’Egypte. Il sera temps de
songer à la conquête quand l’indépendance de la
vice-royauté d’Egypte sera menacée. »
adoucie, la chambre était chaude et bien close, peu
à peu les mouvements de Sonia devinrent plus
somnolents, la plume lui échappa, elle inclina la
tête et s’endormit sixr son cahier.
XXI
En entrant dans le salon du professeur B.., Gré-
bof s’assura d’un coup d'œil rapide que Lydie ne s'y
trouvait pas.
Il était venu de bonne heure, du reste, comme il
convient pour une première fois, afin de pouvoir
causer quelques instants avec la maîtresse de la
maison. Peu à peu, visiteurs et visiteuses se multi-
plièrent; neuf heures étaient sonnées, on servait le
thé; Boris désespérait du succès desa tentative,
lorsqu’un mouvement se fit dans le groupe le plus
rapproché de la porte; on s’écarta, et Lydie parui
Elle avait grandi d'un pouce au moins ; une robe
de soie, d’un gris très pâle, presque blanc, moulait
son buste admirable : de légers rubans cerise flot-
taient çà et là à ses manches, à son cou, dans ses
cheveux lourds et magnifiques, Son. front de reine
se redressait fièrement sous les tresses qui la cou-
ronnaient..
Elle entra froide et sereine, sûre de sa beauté, dé-
daigneuse des hommages, passa devant Boris sans
le voir et s’arrêta devant la maîtresse du logis avec
un aimable sourire qui laissa voir des dents légère-
ment défraichies. Sa robe argentée faisait sur le
tapis, derrière elle, une traînée semblable à celle de
la lune dans l’eau, et, quand elle s’assit, un remous
gracieux de soie accompagna son mouvement : elle
était faite pour le velours et les dentelles.
Son père, plus petit et plus maigre que jamais, la
suivit et faillit se prendre les pieds dans le flot, ce
qui lui attira un regard irrité de sa fille.
— Quelle est belle! pensait Boris, qui ne vivait
plus quo par ses yeux ; elle est plus belle que ja-
mais ; mais quelle indifférence hautaine !
Les jeunes. gens s’approchèrent de Lydie, qui
accordait à celui-ci un salut, à cet autre un sourire,
à quelques-uns un regard dédaigneux accompagné
d'un imperceptible signe de tète.
Hautaine et indifférente, en effet, eût pensé un
spectateur désintéressé. Boris se dit ; — Si cette
indifférence venait de ce quelle ne vit pas de cette
vie mondaine? si c’était parce qu’elle m aime ?
Ses ivresses, ses folles espérances, ses. accès de
désespoir, la joie de l’aveu près delà source, les
tortures de l’adieu, toutes les bonnes heures de son
amour enfin, se dressèrent brusquement devant
lui ; il revit Lydie assise sur le gazon, lui parlant
La presse belge a signalé et condamné plus
d’une fois ce genre de morale propre à l’Etat
qui lui permet de revendiquer certains droits
tout en déclinant la responsabilité qui résulte
de l’application de ces droits. C’est ainsi que
l’administration a introduit en matière de
transport des règles spéciales doBt soutfrent
énormément les intérêts des citoyens belges.
C’est encore ainsi que règne en matière de pi-
lotage un abusqui répugneaubon sens comme
à l’esprit de justice. L’Etat impose un pilote à
tout navire entrant dans un port belge ; une
fois à bord,- le pilote a seul la direction |du na-
vire, et le capitaine aurait beau prétendre
qu’il n’a pas confiance dans le pilote qu’on
lui envoie, et que lui-même connaît la
navigation intérieure de la Belgique mieux
que personne, l’Etat lui répond ; « Vous pren-
drez le pilote qu’il me plaît de vous envoyer,
Vous paierez la taxe de pilotage, et vous aban-
donnerez au pilote désigné par moi le com-
mandement de votre navire, jusqu’à l’arrivée
à destination ». Cette réponse, le gouverne-
ment la fait au capitaine qui, depuis vingt ou
trente ans par exemple, fait deux fois par se-
maine la navigation de l’Escaut, comme il la
fait an capitaine arrivant pour la première fois
à Anvers. Et cependant le capitaine qui passe
sa vie à voyager entre Londres et Anvers, qui
connaît à fond son navire, qui est habitué à
manier son équipage, est plus à même dirait-
on .que personne de faire la navigation de
l’Escaut. Ajoutons que tout en se passant
du concours d’un pilote, il pourrait n’en
être pas moins tenu à payer la taxe de pilo-
tage. , ,
Eh bien ! malgré toutes ces circonstances,
l’Etat impose son pilote. Soit ! admettons que
ce soit un excès de prudence. Mais voici où
l’immoralité commence : que le navire, sous,
la direction du pilote officiel, fasse une fausse
manœuvre, l’Etat retire aussitôt son épingle
du jeu et soutient que le navire est responsa-
ble non-seulement vis-à-vis dés tiers mais
vis-à-vis de lui-même. Etat. C’est le renver-
sement de toute morale, de toute justice. Il
dit aux armateurs du navire : « Attaquez le
S ilote personnellement. » Mais c’est là une
érision ajoutée à une injustice; c’est comme
s’il disait au voyageur victime d’un accident
de chemin de fer : « Adressez-vous au machi-
niste. »
Des exemples bien regrettables ont déjà
signalé cette triste attitude de l’Etat belge.
La presse d’Ostende proteste contre un nou-
veau cas très-frappant. Nos lecteurs con-
naissent par notre partie maritime le sinistre
survenu au navire Glannibanta à l’entrée du
port d’Ostende, sous la direction du pilote
officiel. Ce n’est pas assez, paraît-il, que le
navire soit gravement endommagé et la car-
gaison perdue, le gouvernement voudrait en-
core rendre les armateurs responsables des
dégâts causés à l’estacade ! ! !
L 'Echo d'Ostende se fait l’organe des justes
plaintes que suscite un pareil système et il
nous apporte les observations suivantes qui
méritent de rencontrer l’appui de la presse
belge et de faire leur chemin dans l’opinion
prblique :
L’accident dont le Glannibanta,de Newcastle, vient
d’être vict ime à l’entrée du radier des écluses Léopold
nous a décidés à examiner à fond les questions ayant
rapport au pilotage. Nous traiterons dans notre pro-
chain numéro la question de l'obligation et celle do la
responsabilité pécuniaire de l’Etat.
Contentons-nous de dire pour aujourd'hui qu’en
équité comme en droit toute administration publique
ou privée est responsable des actes de ses agents.
Cette responsabilité est d’autant plus grande pour
l’Etat en ce qui concerne ses pilotes, que les capitaines
de navires ne sont pas libres de refuser leur con-
cours.
Rien de plus juste, puisque le droit de pilotage est
obligatoire, puisque l’autorité des pilotes prime et
supprime abord celle du capitaine, que l’Etat supporte
toutes les conséquences de l’impéritie ou de la mal-
chance de ses employés.
. Si, aux termes,d’une ordonnance royale, le Glannü
banta sérieusement avarié et dont la cargaison est
perdue,doit encore payer les dégâts faits par son piloté
à l’estaeade, c’est que cette ordonnance royale est mal
faite.
Il appartient à la presse d’en signaler l’injustice ; et
à la Chambre de commerce de s’entendre avec le re-
présentant d'Ostende pour en provoquer l’annulation.
Les mesures vexatoires auxquelles sont soumis les
navires qui viennent dans notre port ne larderaient
pas à les en détourner atout jamais. Il est déjà question
dans certaines compagnies maritimes d'assurances
mutuelles anglaises de déclarer le port d’Ostende
« dangereux », et d’élever le taux de l'assurance en
raison des risques à courir.
Il est plus que temps que l’Etat apprenne à
accepter.dignement les conséquences des res-
ponsabilités qu’il assume, et nous le disons en
dehors de tout esprit de parti et sans faire au
gouvernement actuel aucun grief particulier
au sujet d’un système détestable qui n’a que
trop vécu.
avec confiance, répondant à l’expansion de sa ten-
dresse par un sourire, combien différent de celui
qui effleurait maintenant ses lèvres !
— Elle ne peut pas être pour les autres ce qu’elle
a été pour moi-^se dit-il ; je suis ingrat.
En ce moment, un nouvel adorateur vint s’asseoir
près de Lydie ; c’était un général approchant de la
cinquantaine, une brochette de décorations sur la
poitrine, peu de cheveux, un air aimable et vain-
queur. — célibataire, on le voyait dès le premier
coup d’œil.
A son approche, la physionomie de la jeune fille
s’éclaira; elle rangea un peu plus de sa robe pour
lui faire place, et mit en souriant sa main dans
celle qu’il lui tendait. Ils causaient, et, tout en
teignant de prendre le plus vif intérêt à une dis-
cussion littéraire, Boris ne les quittait pas des yeux.
Il ne pouvait rien entendre de leurs discours, mais
leurs visages pariaient clairement.Le général était
galant; Lvdie était coquette; les pointes acérées de
ses réponses provocantes chatouillaient le céliba-
taire au plus vif de son amour-propre.
— C'est ainsi qu’on pèche les maris à la ligne ;
mais cala ne réussit pas toujours, dit une dame
âgée derrière Boris, qui se retourna brusquement.
Etait-ce à Lydie qu’elle avait fait allusion, ou bien
le hasard de la conversation avait-il seul amené
cette phrase sur les lèvres de la causeuse ? Elle
pariait déjà d'autre chose, et Boris en fut pour sa
peine.
Après une demi-heure environ de cette conver-
sation familière, qui ressemblait beaucoup à un
tête-à-tète, grâce àr l'isolement qui s’était fait
autour d'eux, Lydie se leva doucement, et adres-
sant au vœux galant un sourire à demi railleur,
véritable flèche du Parthe, elle dit quelques mots
à deux ou trois jeunes filles, puis passa lentement
dans la pièce voisine. Après avoir réfléchi un
instant, le général l'y suivit d’un pas résolu.
La physionomie de Boris ne devait pas indiquer
une joie extrême, car la maîtresse de la maison
s’approcha de lui pour lui. tenir compagnie. _
— Vous avez remarqué la belle personne qui est
entrée la dernière, dit-elle après quelques instants
de conversation ; c’est la beauté de Moscou. La der-
nière fois que nous avons eu un grand bal , le géné-
ral gouverneur a dansé deux fois avec elle.
— Elle est fort belle, en effet, répondit Boris de
son mieux.
— Voulez-vous que je vous présente ? fit la dame
avec empressement.,
i — J’en serai charmé;- .
j II la suivit dans le salon voisin, où Lydie avait
{ pris possession d'un petit canapé à deux places,
protégé par un grillage couvert de lierre. Elle était
seule en ce moment et feuilletait un album ; le
général, mordant sa moustache d’un air triom-
phant, se tenait à quelque distance ; on voyait à
sa tenue qu’il venait de remporter une victoire.
Madame B... s’approcha de la jeune fille. Boris
était resté un pas en arrière.
— Ma chère Lydie, je vous présente un jeune
savant, dit l’hôtesse, M. Grébof, nouvellement ar-
rivé de l’étranger...
On l’appelait. . ,
— Pardon, dit-elle; et elle les laissa ensemble.
Lydie, frappée de stupeur, avait levé les yeux.
Qu’elle l’avait bien oublié ! si bien, qu’elle avait
peut-être fini par penser qu’il ne reviendrait pas !
Et il était là, devant elle, son chapeau à la main,
irréprochablement mis, incliné comme le plus élé-
gant gentlemau do Moscou, — mais les yeux pleins
de choses indicibles, et le teint d’une pâleur livide.
La jeune fille reprît bien vite son sang-froid,
jeta un rapide coup d’œil autour d’elle, s’assura
qu’on ne faisait pas attention à eux, et lui dit :
Assoyez-vous là.
Boris s’assit ; les jambes lui manquaient,
— Lydie 1 murmura-t-il, après trois années !...
Et j’ai perdu ma mère. Oh ! Lydie !...
— Faites attention, dit-elle, on nous regarde.
Boris fit un violent effort, prit un air plus dégagé,
et, sans la regarder, lui dit ;
— Vous souvenez-vous de moi ?
— Certainement ! répondit-elle.
Malgré sa présence d'esprit, elle sentait l'émo-
tion la gagner ; l ’ombre de sa jeunesse venait peut-
être aussi de passer devant elle”.
— Lydie, voilà trois mois que je cherche à vous
voir.
— Vous habitez Moscou?
' — Oui.
— Où demeurez-vous?
Boris stupéfait la regarda. Elle attendait sa ré-
ponse avec une impatience visible. 11 nomma la
rue et le numéro.
— Bien, fit-elle. Que me disiez-vous ?
— Je disais que... que depuis trois ans je n’ai
cessé de penser à vous, que j’ai perdu ma mère,
que je suis seul au monde, — et que, si je ne suis pas
devenu riche, au moins j’ai un avenir sérieux de-
vant moi. Lydie, regardez-moi !
Elle tourna la tète vers lui, et un regard plein
de souvenirs jaillit de ses yeux malgré elle. Elle
baissa les paupières ; son visage était couvert de
rougeur.
— Nous en reparlerons, dit-elle; voyez, on nous
observe.
La Tour Bleue.
L’auteur de la première des lettres uue nous
avons insérées en faveur de la démolition de
la Tour Bleue, nous adresse encore la lettre
suivante :
4 Anvers, le 7 janvier 1878.
Monsieur le Rédacteur,
La lettre qu’nn membre du Cercle artistique vous a
adressée hier, relativement au maintien de la Tour
Bleue simplifia le débat.
Du moment que l’on prétend que la laideur d’un
édifice n’est pas un argument en faveur de sa suppres-
sion, qu’il suffit qu’il ait du caractère pour le conser-
ver la discussion devient presque superflue. A enten-
dre les nombreuses personnes consultées là-dessus je
doute fort que le public partage et cette manière de
voir et l’enthousiasme de votre correspondant pour la
construction dont il s’agit. On veut bien convenir ce-
pendant qu’on ne peut la laisser dans l’état où elle sa
trouve, mais que propose-t-on, pour l’embellir avec
l’idée de lui conserver son cachet? Rétablir les fer-
railles qui ornaient les pignons, le paratonnerre, un
perron avec rampe en fer devant la porte et la réou-
verture des lucarnes. On ajoute que des plants de lierre
menés avec sobriété le long de la toup contribueraient
à charmer l’oeil.
Je ne m’attendais pas à voir proposer en guise d’or-
nement, le rétablissement d’un paratonnerre, inven-
tion du siècle dernier, sur une construction du 14*
siècle dont on veut conserver le caractère primitif.
L’architecte,s’il ressuscitait, en serait sans doute éton-
né mais passons là dessus et représentons nous l’aspect
du monument modifié ainsi qu’on le propose. Il serait
un peu moins laid, je le veux bien, mais en somme
il ne serait pas sensiblement changé et il continue-
rait à faire tâche dans l’ensemble des construc-
tions avoisinantes. — On Veut, bon gré mal gré, trou-
ver toutes sortes de grâces à cette fameuse Tour
bleue, on s’évertue à lui reconnaître un mérite et des
qualités architecturales que l’auteur n’a probable-
ment jamais eu en vue parce que la destination pre-
mière du bâtiment ne le comportait pas, mais on aura
beau faire, à moins de tout changer on ne parviendra
pas à rendre acceptable ce qui est véritablement laid.
J’espère que l’administration communale n’adoptera
pas ce travers mais s’il en était autrement et qu’elle se
prononçât pour le maintien de ladite Tour, je deman-
derais qu’on voulût bien laisser croître en toute liberté
le lierre qu’on propose dé planter, afin que les murs
en soient bien vite couverts et que la vue en soit com-
plètement masquée. Ce serait peut-être le moyen de
mettre tout le monde d’accord.
En vous priant de vouloir bien accueillir ces der-
nières observations, je vous présente, Monsieur le
Rédacteur, mes civilités empressées.
Un de vos abonnés.
M. Orts, qui occupait, depuis quelque temps déjà,
à titre provisoire, les fonctions d’échevin de
Bruxelles, vient d’accepter définitivement ces
fonctions. .
Commerce, marine, etc.
LES RÈGLES D’YORK ET D’ANVERS.
Lors du Congrès tenu à Anvers dans les der-
niers jour s du mois d’août dernier et les pre-
miers jours du mois de septembre par l'Asso-
ciation pour la réforme et la codification du
droit des gens, nous avons prêté une sérieuse
attention aux débats du Comité général char-
gé par le Congrès de discuter spécialement la
question, si importante au point de vue dù
commerce maritime, de l’avarie grosse.
Comme ces débats portaient sur des textes
précis rédigés en anglais, nous nous sommes
souvent borné dans nos comptes rendus à ne
reproduire que ces textes anglais, l’expérience
nous ayant prouvé dès la première séance que
les meilleurs esprits du Congrès hésitaient
Sarfois sur la portée à donner dans une tra-
üction à tel ou tel anglicisme. Plusieurs per-
sonnes, à l’issue du Congrès, nous deman-
dèrent dè publier une traduction de ces fa-
meuses York Rules ou Règles d'York deve-
nues, avec les modifications votées par le Con-
grès, les Règles d'York et d'Anvers.
Sachant que l'Association avait chargé les
comités locaux du soin d’arrêter les termes
des traductions officielles,nous avons attendu,
pour revenir sur cette question, que le résul-
tat de ce travail nous fût communiqué.
Il y a quelque temps déjà le comité local
anversois nous a fait parvenir des exem-
plaires de la traduction française. Nous avons
— Quand?
— Bientôt.
— Lydie, je ne peux plus attendre.
On s'approchait d’eux, et le général vainqueur
jetait déjà des regards farouches sur le jeune
nomme.
— Qui vous sert ? demanda-irelle rapidement, à
voix basse.
— Sonia, vous savez, la petite que j’ai emmenée.
On était tout près d’eux.
— Attendez-moi chez vous demain à onze heures,
dit-elle tout bas, mais très nettement. La patience
est une grande vertu! ajouta-t-elle à haute voix.
Ils n’étaient plus seuls. Boris éperdu la quitta
presque aussitôt; il était loin de posséder ce talent
de dissimulation, et la parole lui manquait com-
plétement.Il se sentait presque effrayé ae l’empiré
ae Lydie sur elle-même, en même temps que le
mot - demain » lui tintait aux oreilles et lui donnait
le vertige.
La soirée n’était pas assez avancée pour qu’il pût
se retirer sans affectation; il s’approcha dun
groupe d’hommes âgés où le maître au logis soute-
nait une discussion très-animée : la voix de l’inter-
locuteur principal était souvent étouffée par les
exclamations des autres assistants.
— Touché ! hein! dit tout à coup la voix avec un
retentissant éclat de rire.
Cet accent évoqua soudain devant Boris toutes
les pipes du général Goréline appuyées par rang
de taule le long du mur de la terrasse, ces pipes
soigneusement rassemblées tous les matins par
Sonia, et qui, tous les soirs, pendant les longues
dissertations de l’inflammable artilleur, se disper-
saient dans le monde, à l’instar des tribus d'Israël.
— Monsieur Grébof! s’écria Goréline. en aperce-
vant le jeune homme à deux pas devant lui ; et il
tourna brusquement le dos aux protestations de
celui qu’il avait déclaré « touché ».
— Voilà un plaisir que je n’attendais pas ! Com-
ment allez-vous ? Et Sonia, qu’est-elle devenue?
La grosse main rougeaude du général avait saisi
celle de Boris. Celui-ci répondit de son mieux aux
questions que le brave homme faisait pleuvoir sur
lui; puis il questionna à son tour.
— Ma femme est malade depuis plus de six mois
répondit Goréline d’un air radieux; et c’est moi
qui mène ma fille dans le monde, hé ! hé !
— Madame Goréline ne peut-elle pas sortir du
tout? demanda Boris, qui avait son petit intérêt
dans la question. , „ ‘
— Mais non ! fit joyeusement le général ; elle a
un rhumatisme dans le genou, elle ne peut pas
reçu également communication du texte alle-
mand. Nous ignorons si la traduction hol-
landaise est déjà faite, mais nous voyons par
un très remarquable rapport du délégué
d Amsterdam, M. E. Ni Rahusen, que nos
voisins du Nord ne sont pas restés inactifs.
Dans ce rapport adressé à la Direction de
Société de Commerce néerlandaise et à la Com-
mission permanente des armateurs néerlan-
dais, M. Rahusen présente un exposé complet
et concis de tous les-travaux’du Congrès; il
fait ressortir en quelques mots, avec une rare
«agacité, les points forts et les points fai blen-
de l’œuvre de réforme telle qu’elle a été préco-
nisée à Anvers; et il examine quelles sont ses
chances d’avenir vis-à-vis de la législation de
son pays et vis-à-visdu-droitinternational.
Nous songions à faire usage de ces divers
matériaux lorsque nous avons reçu de M. Jean
Lambrechts un travail raisonné sur les prin-
cipes et les conséquences du système voté par
le Congrès dlAnvers.
M. Lambrechts, nos lecteurs se le rappelle-
ront, est l’auteur d’une brochure surles règles
d’York et les articles nouvellement adoptés du
Code de commerce ■ belge, parue pendant le
Congrès, trop tard pour que nous avons pu
faire autre chose que la mentionner à la fin de
notre compte rendu. Dans son travail d’aujour-
d’hui le cadre s’est élargi et M. Lambrechts
sait à la fois discuter le présent et interroger
l’avenir. Comme il -s’agit de questions qui inté-
ressent à un haut degré armateurs, négociants
et assureurs et que, d’autre part, le travail de
M. Lambrechts contient la traduction française
des Règles d’York et d’Anvers, nous le publions
volontiers ci-après, tout disposé d’ailleurs à
admettre la controverse :
Les modifications apportées aux résolutions d’York
dans le Congrès d’Anvers, viennent de paraître par les
soins du comité local de l’Association pour la reforme
et la Codification des Lois.
Avant de faire l’examen de ces résolutions, nous
nous permettrons de nous arrêter à la lettre du Lloyd
de Londres, qui a produit une si profonde sensation
parmi les membres du Congrès.
_ Cette lettre demande l’examen d’une question grave;
l’abolition de toute espèce d’avarie commua», en fai-
sant supporter les avaries, frais et dépenses par l’ob-
jet qui les a occasionnés.
Cette demande d’un cerps d’assureurs aussi considé-
rable que le Lloyd de Londres, ne .pouvaitjprovoquer
qu’uûe opposition formidable des délégués des divers
centres commerciaux. Elle avait surgi à i’improviste,
personne n’avait pu se pénétrer du mobile qui avait;
poussé le Lloyd à recourir à cette mesure extrême .
elle fut combattue et après bien des observations, relé-
guée parmi les archives du Congrès.
Ecartons-nou3 un instant du Congrès.
En l’an 183., s’établissait à'Anvers une compagnie
d’assurances maritimes souscrivant des risques à des
conditions bien plus favorables que celles qui exis-
taient alors. Les courtiers et les compagnies d’assu-
ranceâ craignant cette concurrence redoutable, Ir.:
firent une guerre opiniâtre. Mais, si la diminution des
primes et du taux des franchises faisait jeter de haute
eris aux concurrents, le commerce au contraire profi-
tait très largement de eette aubaine.
D’après les explications données par le créateur do
eette compagnie, les franchises devaient disparaître
complètement, dans un avenir prochain et le rembour-
sement de l’assureur à l’assure deviendrait intégrât.
Nous ne démontrerons pas quel pas immense vers
cette perfection les assurances ont fait depuis cette
époque. Constatons seulement que lors de la création
du Bureau Central, ce fat un toile général parmi les
courtiers et les compagnies d’assurances, tandis qu’an-
jonrd’hui, même sans s’en apercevoir, entraîné par 1»
courant irrésistible du progrès, on est parvenu au.
même niveau et on a même dépassé sur certains pointe
les conditions posées par cette compagnie.
Quoi que Ton soit encore loin du but que les assuran-
ces doivent indubitablement atteindre un jour, e’est-à-
dire, tenir l’assuré indemne de'toute perte qnï peut
survenir aux marchandises par fortune de mer en
cours de voyage, déjà certaines marchandises s’assu-
rent sans franchises ni séries, d’après des conditions
qui sont parvenues de Londres.
Avant ae voir se réaliser ce système pour la généra-
lité des facultés, nn siècle se sera peut-être écoulé de-
puis le jour où cet homme d’une capacité incontesté»
et incontestable en avaiteonçu le projet.
L'exemple que nous venons de citer rient à l’appui
de la première impression produite sur les délégués
du congrès par la production de la lettre du Lloyd ;
ce ne fut pas un toile général, mais une sortede stupé-
faction.
Que propose donc le Lloyd de si étrange ; que les
avaries, pertes et dépenses occasionnées durant le
voyage par le navire, soient supportées par les arma-
teurs et que celles subies par les marchandises le
soient par leurs propriétaires, sauf recours contre
leurs assureurs respectifs, qui,par suitejdes conditions
d’assurances en seraient rendus responsables.
N’y a-t-il pas connexité entre cette proposition et
le remboursement intégral ?
Nous ne connaissons malheureusement pas la teneur
exacte et le développementde la proposition du Lloyd,
mais d'après nous, l’adoption de ses principes exige-
rait comme complément, l’intégralité du rembourse-
ment de toute perte survenant par fortune de mer.
quitter la chambre ; c’est moi qui reçois les visites
et qui les rends, à présent.
Il se frottait discrètement les mains, en signe de
joie, lorsqu’il se rappela ses devoirs, et ajouta d'un
air affligé, en hochant douloureusement la tète ;
— C’est bien triste,Boris Ivanovitch, bien triste !
— Bien triste, en effet, répondit Boris en s’effor-
çant d’avoir l’air sérieux, -- surtout pour madame
Goréline.
— Oh! oui, surtout pour elle, répondit incon-
sciemment le mari. Et vous dites que Sonia va
bien?
— Mais oui. Elle a soigné ma mère durant ses
dernières années, *t depuis... depuis elle demeure
avec moi, et je suis très content de ses serrices.
— Vous habitez Moscou ?
— Oui.
— Pour toujours?
— Je n’en sais rien.
— J’irai voir Sonia un de cesjours; je l’aimais
bien, c’était une bonne enfant, vous permettez !
— Je serai très heureux de vous voir chez moi,
général, répondit Boris en s’inclinant.
Goréline prit l’adresse du jeune homme.
— Vous comprenez bien que je ne sais pas au
juste quand je pourrai vous rendre visite, dit-il
ensuite : je suis très occupé, maintenant ; tout 18
soin de la maison repose sur moi, et c’est une
grande responsabilité, monsieur, bien grande,
ajouta-t-il avec un soupir ; tout est si cher, mainte-
nant!... Mais vous ne partez pas avant le prin-
temps ?
— Non, bien certainement.
— Eh bien, nous nous verrons dlcî là, peut-être
bientôt. Vous savez que je vous aime beaucoup,
moi ; je n’ai pas le caractère de ma femme. Vous
avez une belle position, à présent?
Après un quart d’heure de conversation, Boris so
retira.
En revenant chez lui, il sentait mille choses
tourbillonner dans son esprit ; la visite promise
de Goréline ne laissait pas que de l'inquiéter un
peu.
— S’il allait venir demain ! pensait-il t j’aurais
dû lui dire que je serais absent toute la journée.
Bah! il ne sera pas si pressé de voir un pauvre
diable comme moi !
L’image de la fille effaça bientôt celle du père.
Lydie était admirablement belle, mais sa physio-
nomie avait perdu la douceur arrondie de la sei-
zième année ; sa voix avait pris un timbre dur et
métallique ; et ce qu’elle avait dit, était-ce bien ce
que Bons attendait? N’avait-il pas espéré un autre
accueil ? Son cœur, à lui, débordait d’êmotJon eu
par trimestre, Fr. 13.50
m » » 16.--
\nver»
»i
PAS |