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1879.
N° 4.
5eANNEE.
ABONNEMENTS
S’adresser rue de la Pompe, 5
BRUXELLES
L’ÉMULATION
ANNONCES & RÉCLAMES
A FORFAIT
S’adresser rue de la Pompe, 5
BRUXELLES
PUBLICATION MENSUELLE DE LA SOCIÉTÉ CENTRALE
ADMINISTRATION
Boulevard du Hainaut, 7-i
Bruxelles
D'ARCHITECTURE
DIRECTION—RÉDACTION
Rue des Quatre-Bras, 5
Bruxelles
DE BELGIQUE
-déposé- BUREAUX : RUE DE LA POMPE, 3, BRUXELLES - déposé-
— 19 —
Bruxelles, Avril 1879.
SOMMAIRE
Le cinquantième anniversaire de l'Indépenda,nc natio-
nale. E. A. — Les adjudications publiques. E. A. — Le
château de Bouchout. — Correspondance. — Faits
divers.
Cinquantième anniversaire de l'lndépendance nationale
Les fêtes par lesquelles la Belgique se propose
de fêter un demi-siècle d’indépendance, de paix et
de travail, occupent depuis quelque temps déjà,
non-seulement ceux qui, dans les sphères adminis-
tratives, sont appelés à les organiser, mais jusqu’au
plus modeste des citoyens belges.
Il importe en effet que ces fêtes aient un carac-
tère vraiment national, quelles soient dignes du
grand événement qui a rendu à la patrie belge son
rang distingué dans le concert des nations.
Ces fêtes doivent avoir pour but et pour résultat
de mettre en relief les progrès accomplis dans
toutes les sphères de l’activité nationale au cours du
demi-siècle qui se sera écoulé depuis 1830. Il faut
donc y comprendre une série de solennités desti-
nées à montrer dans un résumé vivant notre orga-
nisation politique et sociale, notre état militaire,
notre situation économique, et enfin notre dévelop-
pement artistique se manifestant dans les produc-
tions de la littérature, de la musique et des arts
plastiques.
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C’est le cadre des solennités qui peuvent mettre
en lumière l’état intellectuel et moral de la nation
qui, seul, touche directement à notre programme.
Et dans cette grande division, ce sont surtout les
fêtes de l’art dont l’étude doit nous être en quelque
sorte un devoir.
Et ces fêtes, pour être vraiment nationales, ne
doivent pas intéresser les artistes seuls ; il faut
quelles soient réellement populaires, que la masse
du public y prenne une large part et y puise, avec
ce sentiment d’orgueil du progrès accompli, cette
ardente émulation qui, seule, conduit aux grandes
choses et élève l’esprit du peuple.
A ce point de vue des solennités artistiques, nous
comptons déjà 1 inauguration des monuments qui
s élèvent sous nos yeux : le grandiose Palais de
Justice de Bruxelles, 1 œuvre splendide de M. l’ar-
chitecte Poelaert; le temple des arts, l’œuvre si
remarquable de M. A. Balat; le monument qui
s élève sous la savante direction de M. De Curte et
et qui promet dêtre lune des beautés de la capi-
tale.
Mais toutes ces fêtes n’auront-elles pas plutôt un
caractère purement administratif; les fonction-
naires et, seules, les autorités n’y prendront-elles
pas un intérêt puissant?
Certes, la Belgique entière, dans tout ce quelle
compte d’éléments travailleurs et intelligents, sera
attirée dans la capitale; tous ceux qu’intéressent
les choses de l’art seront amenés à donner une
attention inusitée à ces grandes productions de
notre école d’architecture.
Mais tous ne pourront pas prendre part aux
solennités, et nous croyons qu’il serait précieux de
faire suivre celles-ci de fêtes ou de cérémonies qui
permettent au peuple de voir ces édifices dans 1 un
de ces moments où ils ont réellement toute leur
grandeur, où ils produisent une profonde impres-
sion.
* Y
Les fêtes réellement artistiques et populaires à
la lois ont une influence plus directe. Le sentiment
artistique de la nation belge est généralement
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reconnu ; nous ne croyons pas devoir rappeler ici
les succès éclatants obtenus à l’étranger par les
artistes nos compatriotes.
Notre école d’art est et doit être l’une de nos plus
grandes gloires nationales ; nous croyons donc que
les solennités qui auront pour but d’en célébrer les
progrès depuis un demi-siècle doivent attirer tout
spécialement l’attention et la sollicitude du gou-
vernement.
Combien il serait précieux pour nous de com-
parer aux productions de notre école moderne les
œuvres des maîtres les plus illustres du xve au
xvme siècle!
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Les expositions sont des fêtes éminemment popu-
laires ; elles doivent donc avoir toutes les sympa-
thies; elles constituent un complément précieux de
l’enseignement, car c’est là que, par la compa-
raison , les artistes y puisent les leçons les plus
puissantes, qu’ils découvrent les grands principes
de leur art, qu’ils reconnaissent ce que leur talent
a d’incomplet, et la voie qu’ils doivent suivre, selon
leur tempérament, pour arriver à développer leurs
facultés propres.
Les expositions ont. en outre, cet avantage de
montrer à l’étranger appelé dans nos murs, et la
somme d’efforts tentés dans la voie du progrès, et
les résultats obtenus.
Les concours qui excitent, par Tardent désir des
succès, non-seulement les élèves de nos écoles d’art,
mais encore les professeurs eux-mêmes, qu’anime
cette louable rivalité d’écoles, doivent aussi faire
partie du programme des solennités artistiques.
Tout le monde se souvient du concours général
auquel ont pris part toutes les écoles d’art du pays
il y a environ douze ans, et de la remarquable
exposition qui en a formé la suite.
Bien mieux que tous les rapports, que toutes les
statistiques, cette exposition nous a montré le
niveau atteint par nos écoles d’art. Il ne s’agit
donc plus d’une innovai ion ; l’expérience a été faite;
les résultats, excellents, en sont connus. C’est donc
encore là un point du programme tout indiqué.
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Il y aura très-certainement, parmi les fêtes litté-
raires, une solennité publique des corps académi-
ques. Les poètes et les musiciens seront conviés à
produire une cantate destinée à célébrer les progrès
réalisés pendant ce demi-siècle d’existence natio-
nale.
Un congrès littéraire et scientifique sera orga-
nisé sous les auspices du gouvernement; on y dis-
cutera les grands intérêts des lettres et des sciences.
UnCongrès artistique nous paraît, au même titre,
devoir trouver place au programme.
Dans ces grandes assemblées auxquelles sont
appelés à prendre part tous ceux qui appartiennent
aux arts, il se fait un heureux échange d’idées.
C’est dans ces grandes discussions que la lumière
se fait sur l’utilité des travaux exécutés, des
méthodes employées; c’est par elles qu’apparaissent
les principes méconnus, les erreurs commises, les
progrès à réaliser.
Et, pour que ces travaux remplissent réellement,
complètement le but proposé, il faut que chacun,
dans sa sphère, apporte sa part de lumières; que
non-seulement les maîtres, ceux dont le talent est
mûr, y prennent part,mais encore que leurs émules,
en y assistant attentifs, reçoivent comme un dépôt
précieux les leçons du savoir et de l’expérience.
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Bien que nous ayons examiné jusqu’ici d’une
façon toute générale, les éléments qu’il nous paraît
désirable de voir compris dans le programme des
solennités artistiques, nous n’avons pas perdu de
vue le caractère tout spécial de notre publication.
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Ce qui, selon nous, peut être honorable et utile
aux architectes est compris tout entier dans cette
esquisse d’organisation. Ce qui intéresse les autres
arts, d’ailleurs, ne saurait manquer d’être utile à
l’art architectural, à ceux qui se sont voués à son
culte.
Nous nous résumerons donc en puisant dans cet
exposé et, d’une façon plus concise, nous développe-
rons le programme que nous voudrions voir adopter :
1° Un concours entre toutes les écoles d’art pos-
sédant un enseignement supérieur, avec subdivision
pour les diverses branches des beaux-arts ;
2° Un concours entre les écoles de dessin dont
le programme a plutôt pour but les arts industriels;
3° Une exposition générale à laquelle prendront
part toutes ces écoles et académies ;
4° L’inauguration du Palais des Beaux-Arts,
suivi d’une distribution solennelle de récompenses;
5° Séance solennelle de l'Académie de Belgique,
classe des beaux-arts ;
G0 Un congrès artistique auquel seraient conviés
les artistes belges et étrangers. Ce congrès serait
subdivisé en diverses sections, représentant chacune
Tune des branches des beaux-arts, et suivi d’une
assemblée générale qui aurait pour but’de réunir,
de condenser les travaux des sections ;
Ce congrès serait organisé par le gouvernement.
7° Des expositions des beaux-arts que nous vou-
drions voir comprendre : une exposition rétrospec-
tive nationale et une exposition nationale spéciale
pour l’architecture ; une autre pour la peinture; la
troisième pour la sculpture et la gravure.
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A ce programme nous ajouterons quelques consi-
dérations.
Quelques-unes des solennités auront lieu sur
Tune ou l’autre de nos places publiques ; peut-être
songera-t-on à donner dans le Parc des fêtes popu-
laires.
Il est évident que cela donnera lieu à l'installa-
tion d’objets décoratifs provisoires, et il importe
que tous aient un réel mérite artistique.
Et de même que la nation tout entière est appelée
à célébrer le grand événement, de même tous les
artistes doivent prendre une part quelconque à tout
ce qui peut rehausser Téclatde sesfètes solennelles.
Nous appelons donc tout spécialement l’attention
du gouvernement sur ce qu’il y a d’utile dans Tor-
ganisation de concours pour la décoration des
édifices et des places publiques.
C’est le seul moyen d’arriver au meilleur résultat;
dans l’ensemble des idées émises, des projets présen-
tés, le gouvernement trouvera sans aucun doute les
éléments qui lui permettent de donner aux fêtes de
1880 tout l’éclat qu’exige la glorification de ceux
dont le sang a payé notre indépendance, de nos
institutions basées sur la liberté et la justice, et
enfin, l’expression de notre reconnaissance pour un
demi-siècle de paix, de travail et de prospérité.
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Nous trouvons dans la Chronique des Jravaux
Publics, et nous reproduisons sous toutes réserves,
les renseignements suivants au sujet des fêtes
de 1880 :
« Au premier jour, le Moniteur publiera les
noms des personnes qui ont été appelées à faire
partie de la grande commission, laquelle, par suite
du changement de minislère, de démissions ou de
décès, a dû subir un remaniement assez notable.
« Une sous-commission sera formée à Bruxelles.
AL Rolin-Jacquemyns et M. Anspach en seront les
présidents.
« Le programme des fêtes à organiser à Bruxelles
comprendrait : Une grande fête politique avec
Te Demi sur l’ancienne plaine des Manœuvres,
l’Exposition nationale, une cavalcade, un cortège
aux lumières, une revue de la garde civique et de |