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mû\ J uvier
187 . - Ouîiî*a»te deuxième année. - N° 4
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.' •• ! '1 Vtc - i’ monde et Gand 5.80. 030. 12 15. 3.83, 4. G h!.; 8 55. —
< • V .. •!. j 2.15, 3.33. 8.55 ; (par lin'.relies) 5.:ij. 0.15 B... K» 50 B..
i *. ii... i'.-'i t par "le,-inonde) 5.00,0.50, 12.15.4.45 li. — N'il.ove, Graintuont,
! ii-nr, Mord) 5.30. 10 30 12.15 3.33, CDD K. — Brog.-j. Oetende
(par ili'Jh. ■.<) 5.3 >. v 12.1:». 4.45 : [par Bruxelles) 5.30, 6.50, 9.5‘>. 10.50 F., 13.15. 3.15 K .
0.33. 4.45 F. — (V.mrai, Mouscron. Tournai. Lille 5.00, 9.50,12.45, 3.33, 4.45. — Calais 5.4o,
12.15, 4.45 li. h et 2« cl. — Louvaiq, Tirlemont. Liège et Vervier» 5.15, 9.15 F... 9.50, 12.15.4.45,
6.50, 8.55 (jusqu'à Louvain) 10 E. — Landen 5.30, 9.50, 12.15. 4.45. 6.5 '. — Spa 5.30. 0.15 £., 9.50,
12.15. — Allemagne 5.30 (levée de la boite 4.45', 9.15 (boite 8.30', 1.50 (hotte 1.05', 4.45 (boîte 4.00),
".15 (boîte9.30). — De Bruxelles pour Anvers a 5.32, 6.38 A'.. 7.27, 9.16 B., 9.51, 10.50 Ë., 12.43,
- * - ----------------- ' ' " - 9, 11.30 B. .
- D’Anvers pour Boom 6.40, 11.10, 5.10, 10.20. - Da Boom
I». A. DELA MONTAGNE,
DIRECTEUR-GÉRA NT.
Aix-U-i'ir.oeli» 7.12, Ü Zi. I
2.30 (jusqu’à Broda;, 3 41
Marienhouig. Vireux et ?
- Hérenlbals, Turnhout et ’
l**JîïiEA.IlJX : rue de 1 Amman ï
du Musée, Anvrr».
jlu.io luoite y.riu;. — ijv
pour Anvers 5 20, 9.20, 3.10, 8.45
i pour Anvers
Jeudi 4 Janvier,
i-l-ial.
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CHEMIN DM FSft GH A NI) CM NM MAL l;
D'Anvers pour Lierre 5.30. 7.13, y33, U ou. 1.50, -,••?• x .....
Hasselt 7.12.9.31, 1.50, 5.21. — Maewrioui et
Broda, Dordreclit, Rotterdam 7.38 K.. 10.25,
Lodoliusart, Charleroi, Berzèe, Walcourt.
Walcourt;, 1.50, 5.45 (jusqu’à Lodelinsart;. — Hérenthals, Turnhout et ï'iür ,.g ü
Turnhout), 5.21.
CHEMIN DE FER DU PAYS DE WAAS.
925 E^kTIo^Ïs^M El57 0550 E ’ 10-55’ ~'°3, 3-45 E'’ 7'13' ~ 30 Gand pour Anvers 4.»*, 7.10,
’ " BATEAUX A VAPEUR.
D’Anvers (départs du Veer dam) pour Tamise 7.45 matin, et 3 h. soir. — D'Anvers pour Boom
££». - H’Anve» g<mrJamn» 2.39 aoir. - De Tamise pour Anvers 7.30 et li matin.-
agents:
HOLLANDE, M. H. NUGH ET VaN DiTMAR,
a Rotterdam, et tous les directeurs de postes
du royaume.
paris, Havas, Lafitte, Bdllier et C«,
Plaee de la Bourse, 8.
LONDRES, DeLIZY DAVIES ET CM, CeCil
Street, Strand, et. A. Maurice, 13, Ta via tn ci
Row, Covent Garden.
—o—
insertions: „
Aunonees la petite ligne.....pr. o.25
Réclames (fin du journal) la ligne... • 0.75
Faits divers, la ligne....... » 2.—
Rubrique Anvers, la ligne.... » 2.50
Pour les annonces de la France s’adresser à
MM. Havas Lafitte & C«,Place delà Bourse.
8, et à MM. G. L. Daube <6 C», 3liw, rue du
Faubourg Montmartre, Paris.
Les annonces sont mesurées au ligno-
— Les titres se paient d’après l’espace
SS
RÉSUMÉ POLITIQUE.
La situation est toujours également critique à
Constantinople. Aujourd’hui se tient une nouvelle
séance de la Conférence et les choses paraissent
assez désespérées pour qu’on mande déjà que cette
séance sera la dernière et que la rupture des né-
gociations avec la Porte y sera officiellement con-
statée. Ce qui permet cependant de croire que ces
craintes sont exagérées, c’est que l’accord des
puissances continue à être aussi parfait que possi-
ble et que d’un autre coté, il s’est constitué au sein
môme du conseil des ministres du Sultan, un parti
qui penche vers la conciliation et qui est prêt, à
faire de3 concessions. La Correspondance poli-
tique donne même à ce sujet des renseignements
qui font entrevoir ia possibilité de la retraite de
Midhat Pacha.
L8S nouvelles de France continuent à faire dé-
faut. Hier le conseil des ministres s’est réuni pour
examiner les affaires courantes, et a décidé qu’il
n’y aura pas de message présidentiel à la rentrée
des Chambras. L'épuration du personnel admi
nistcauf a également fait l’objet, d’une communi-
cation an Conseil. M Jules S mon a déclaré qu’il
présenterait incessamment ses prémières proposi-
tions.
Plusieurs journaux cléricaux ont annoncé ! v a
quelques semaines q e la Curie se préparait à cè-
1 boer Se huit centième a uni versai r de Sa soumi •-
mission do Henri IV à Canota. O i a pu ci' ire
pendant quelque ternis que ce projet était ab n
mais U fau* supposer qw« laP uiau c e t
décidée A jeter un nouveau défi ail pouvoir civil,
car on mande de Rome que trois. Te Deum y se-
roef. prochainement chantés; m premier pour rap-
peler l’humiliation deHemi IV, le second pour
rélohrer la sonm-s- iou de l'Empereur Frédéric au
Pape Alexandre III et l« troisième enfin en com-
mémoration do transfert du siège pontifical d’Avi-
gnon à Rome.
On se souvient du bruit que firent dernièrement
les révélations du prince Napoléon au - ujet d’un
traité d’alliance franco-italien qui aurait, échoué,
en 1870. par le f ût des cléricaux. Les détails pu-
bliés par le Temps et par d’au très journaux étaient
de nature à faire croire à l’exactitude des faits
exposés par le prince Napoléon, mais aujourd’hui
le Diritto vient opposer aux allégations du prince
un démenti formel.
Correspondance particulière du Précurseur.)
Bruxelles, 3 janvier.
L’attention publique est toujours fixée vers les
Bassins Houillers. Echapperont-ils à la faillite,
pourront-ils liquider à. l’amiable ? La question se
discute à la fois à la Bourse et au Palais. Ce ma-
tin le bruit s’est répandu de la mise en faillite à
Paris de la Franco-Hollandaise, une des Sociétés
qui doit sa déconfiture au passage dans son con-
seil d’administration de M. Philippart et de ses
acolytes. On en concluait que la faillite desBassins
Houillers suivrait, de très près, tou3 les établisse-
ments à la prospérité desquels M. Philippart a
travaillé, devant s’écrouler comme des châteaux
de cartes. La journée s’est passée toutefois sans
que la faillite des Bassins Houillers ait éciaté. On
disait même que le défaut prononcé à charge de
la Société de Bruges-Blankenberglie a été ra-
battu et l’affaire remise à mardi prochain pour
être plaidée.
Pour ne pas sortir du monde de la finance j’ap-
prands que la Banque de Belgique s’est désistée
des actions en revendication qu’elle avait intro-
duites contre un certain nombre d’agentsdechange
ayant fait des opérations avec T'Kindt. Les titres
saisis chez ces agents de change à la requête du
juge d’instruction vont leur être restitués; la sai-
sie n’a plus de raison d’être, puisque la Banque de
Belgique reconnaît qu’elle n’a aucun droit à pré-
tendre sur les valeurs dont la justice s’est em-
parée.
T'Kint a comparu aujourd’hui devant l’une des
chambres du conseil en vertu de ia loi sur la dé-
tention préventive ; tous les trois mois le mandat
eu vertu duquel il est incarcéré doit être confirmé;
c’est ce que l’une des chambres du conseil a fait
ce ma in. Z.
A '••cca ion du joui de Tan le pri- minier du
Vab.uaû ar <?•.!• vN.te delà noblesnvti.-ûue et
p.u'umcè une de cas a'ue.uuo s i,ui font pâmer
•.'■'i ’.:)!• . • M. I • B • C-S' !. L Pape é:ai • .-'(»■
Mr. ., l v mal de coufldeoot*-; 'I ■*>-.' aUudouiié
ÿ des snoven rs de-jeunesse, dont les historié ns de
’ >.'i;ir feK"ff O'Lr f.rrfl;. Notas apprenons quo le
65 . y. i-’ i élî'ii . x . ;ra ni mteu'a r;. <>nT
.. n\: i. e. mp 1 . so<'.i< iés p» ne :m es « - les
jVeqo n aît''.LM'mmr!)', pour voir d‘ [Lu- -
m- a u r i > à s-«:i aise CA vertu cti'i-M ,. a
û U • pu ne sont pas don è-s aux p>qii.es
ma,s qui coiuribueat si e/H iac-iiienl, à leur êihfl-
(SÎO; fi'Viuii letoiB «Ils 8*i*«‘eui‘seus .
JACK
cation. Mallieureusément, tout passe, et voilà Pie
IX devenu casanier, ce qui n’est pas bien étonnant
pour un homme de son âge, m&îscela ne paraît pas
être de son goût.
“ Maintenant,dit-il, obligé de demeurer dans le lie»
où je me trouve, je ne puis plus fréquenter les cercles
et parce que je suis pape et parce quo les circon-
stances extérieures elles-mêmes m’en empêchent.
Jésus-Christ vivant dans tes limites de ia Galilée,
poussé par plusieurs de ses parents à se rendre es
Judée et à Jérusalem,répondit qu'il ne pouvait y aller.
» Allez, lui disaient-iis, allez là aussi, et faites voir
vos prodiges afin que ces nombreuses populations
puissent, à leur tour, admirer la grandeur de vos œu-
vres. Mais Jésus-Christ répondait : Tempus meum
nondum advenit. Mon temps n’est pas encore venu :
mais il viendra selon nue mon Père l'a établi. Il disait
cela, propter metum Judœnrum, lesquels, dès ce mo-
ment-là, cherchaient à le tuer : non enim volehat in
Judæam arnbularè quia, quoirebantJudœi eum inter-
fieere-
•> A moi aussi certaines personnes ont dit (et cela
m'a même été dit ces jours-ci) : Pourquoi ne sortez-
vous pas du Vatican ! Je dois répondre : Tempus
meiim nondum advenit. Pour le moment je ne puis
sortir, propter metum Judænvnm. Ce lieu où je me
trouve, c’«*r. la petite Gatilee, dont .je ne dois pas fran-
chir les limites : ü est certain que j» ne puis mettre
1-m m ils b u s ,le cette enceinte -la Vatican propter
metum Judœoi-um: *
C t • e manière de se comparer modestement à
J-sus-Christ. de comparer e Vatican à la Galilée
er VV <> Emmanuel a x Juifs qui ont crucifié 1«
F G de D u, a je n- sais quoi de relevé dont on
u:' « la- r> -»5 1 -i'n "u le dé'aillée. scrupu-
b-u-e, f i ■ A<v d u . o < - Pm IX, qui fait de lui
co u o u .v ;• • i.a'b.n au p-tit pied, est
i'uti gofi ; à r t •( I1 y a seulement,
eritjie P i IX mi "lierego mie pe-j’te différence.
Au morner i où la Pns.-’ori commence. Jésus-Christ
devient avant d p u'oles. Depuis que Pie IX «si,
en’ré dans la Vole douloureuse, il m, tarit, pas :
les discours succèdent aux discours. On n’a jamais
vu de victime atteinte à ce d gré de ('inconti-
nence oratoire. Il n’y eut jamais de Passion si
verbeuse. (Répiiblique française).
MIOEUHà COi\TE5II*ORA31^1 EH.
Première Partie.
VH
MARCHE DE NUIT A TRAVERS LA CAMPAGNE
(Suite).
A la dernière maison de Villeneuve, la voiture
s’arrêta.
— C’est là. dit Jack, tout ému.
La femme l’embrassa, le mari lui serra la main
♦m l’aidant à descendre.
— Ah! vous êtes bien heureux d’être rendu...
Nous en avons encore pour quatre bonnes lieues.
Et lui aussi les avait à faire ces quatre bounes
Heues-là.
C’était terrible.
fl s’approcha d’une grille comme s’il voulait
sonner.
— Allons, bonsoir, lui crièrent ses amis.
Il répondit « bonsoir » d’une voix étranglée par
les larmes ; et la voiture, laissant la direction de
Lyon, prit sur la droite un chemin bordé d’arbres,
dessinant avec ses lanternes un grand circuit lu-
mineux dans le noir da la plaine.
Alors il lu» vint la folle pensée qu’il pourrait
peut-être rejoindre cette lueur protectrice, s’y
maintenir, la suivre en courant. Il s’élança der-
rière elle avec une sorre de rage;mais ses jambes,
que le repos avait rendues plus faibles, comme la
lumière avait fait ses yeux plus aveugles aux
On nous rapporte un incident qui à été très re-
marque au palais pendant les réceptions du pre-
mier jour de l’an.
Après le discours dans lequel M. le baron de
Crassier, premier président de la cour de cassa-
tion, s’inspirant, de la dernière mercuriale de M.
le procureur général,a dit que “la cour,gardienne
de la Constilutbin et des lois.ne faillira jamais aux
devoirs que lui impose sa haute mission », le Roi
a remercié l’honorabie président, puis, s’avançant
vers M. le procureur-général Faider, il l’a félicité
en termes très énergiques de i ardeur qu’il met
dans ses publications à recommander rattache-
ment à nos institutions nationales.
Ces félicitations du Roi sont d’autant plus signi-
ficatives que, malgré les instances de la presse,
on n’a pu déterminer le gouvernement à faire re-
produire au Moniteur la mercuriale de M. Faider
dans laquelle se trouve l’avertissement suivant à
l’adresse de ceux qui se sont donné pour mission
de réformer nos mœurs afin d’arriver plüs sûre-
ment, à la réforme de notre Constitution :
« L’opinion publique saura soutenir les ma-
gistrats intègres qui maintiendront invulnérables
les textes qui consacrent nos quatre grandes li-
bertés, ces .libertés, messieurs, qui sont à la fois
l’esprit de notre pacte fondamental, l’honneur de
l’assemblée qui les a formulées et consacrées, le
salut de la nation qu’elles protègent et aujourd’hui
l’objit des inquiètes préoccupations des patriotes
belges, i 'Etoile.)
M. Christophle, ministre des travaux publies de
France, vient d’arriver à Bruxelles.
M. Christophle se propose d’utiliser les vacances
parlementaires en étudiant les diverses questions
qui se rattachent à l’exploitation des chemins de
fer dans notre pays. De Bruxelles il se rendra à
la Haye et visitera les principaux centres de la
Hollande.
Chronique électorale.
M. Gisler vient d’annoncer que, définitivement,
il renor.ce à 1’ dee de se porter candidat dans
l’eb.cfion qui a lieu -am«di prochain à Bruxelles
i'Our donner un successeur au Sénat à M le comte
Louis de Men.de.
A i’ooc-Lsiuu de ceff- è’eci.ion le tribunal ne sié-
g.i-a pa-- ,f ii s ,ri I; o » i Co ; r dapuel ne
commenceront qu’à i! heures.
Commerce, murine, etc,
Nous recevons du Pilotage-les renseigné»
no uts suivants qui complètent ceux que nous
avons fournis déjà sur le mouvement de la
navigation pendant l’année dernière :
PORT if AN VERS.
Anvers 1875.... 42û~ navires jaugeant 2,140,797 tonn.
» 1876..., 4413 •• - 2,480,771 -
Ea plus ea 1876. 146 navires. En plas 333,974 »
Do ces arrivages il faut déduire ceux qui ont re-
monté l’Escaut, soit :
1875. 1870.
Navires. Tonn. Navires. Tonn.
Pour Bruxelles... 224 29,192 308 27,151
- Louvain___ 169 21,176 174 21,858
» Termonde.. £4 2,332 23 2,828
417 52,700 505 51,837
Arrivés à Anvers 4267 2,146,797 4413 2,480,771
Restés à Anvers.. 8850 2,094,097 390S 2,428,934
Parmi 18S4267 nav.arrivés en 1875 sont compris 2350st.
-, 4413 - - 1876 •• 2609 »
En plus en 1S76 259 »
PORT DK GAND.
Arrivés en 1875.,. 426 navires jaugeant 104,145 tonn.
187
140,443
En plus en 1876. 50 » En pins 36,298 -
PORT d’ostende.
Arrivés en 1875... 657 navires jaugeant 199,453 tonn.
1876.
694
230,637
En plus en 1876... 37 » En plus 31,184 «
PORT DE NIEOPORT.
Arrivés en 1875... 16 navires jaugeant 1,604 tonn.
» 1876... 24 » » S.059 »
Sa plus e.?. 1878... 8 - En p!ns 1,455 »
voiles accumules de s’ombre, refusaient, tout ser-
vice.
Au bout, de quelques pas, il fut obligé de s’arrê-
ter, essaya de courir encore, et finit par tombî-r
épuise avec une crise, un flot de larmes, pendant
que la voiture hospitalière continuait paisible-
ment sa route, sans se douter qu’elle laissait dei’-
rière elle un si profond et si complet désespoir.
Le voilà couché au bord du chemin. Il .fait froid,
la terre est humide. N’importe ! La fatigue est
plus forte quetout. Autour de lui.il sent l’immen-
sité des champs Le vent a cette haleine longue
dont il parcourt les grands espaces, terre ou mer,
et peu à peu tous les souffles de la plaine, frôle-
ments d'nerbes, craquements de feuilles, confon-
dus dans un immense roulis de soupirs et de sons
enveloppent, l’enfant, le bercent, l’apaisent et l’en-
dorment profondément.
Un bruit épouvantable le réveille en sursaut.
Qu’est-ce encore que cela? Les yeux à peine
ouverts, sur un talus à quelques mètres de lui,
Jack voit passer quelque chose de monstrueux, de
terrible, une bête hurlante, sifflante, avec deux
énormes yeux bombés et sanglants, et de longs
anneaux noirs qui se déroulent en faisant jaillir
des étincelles. Le monstre fuit dans la nuit,comme
la traînée d’une immense comète dont le rayon
fendrait, l’air avec un vacarme effroyable. Aux
endroits où il passe, la nuit s’ouvre, se déchire,
on aperçoit un poteau, un bouquet d’arbres : l’om-
bre se referme à mesure, et ce n’est que lorsque
l’apparition est déjà loin, lorsqu'on ne voit plus
rien d'elle qu’une petite flamme verte, que l’enfant
a reconnu le passage d’un train express de nuit.
Quelle heure est-il ? Où est-il f Combien de
temps s. t-il dorait ? Il n’en sait rien ; mais ea
sommeil lai a fait mal. Il s’est réveillé tout transi,
les membres raides, le cœur horriblement seiré.
il a rêvé de Mâdou .. On! le mompel terrible où
le rêve, envolé au réveil, revient à la mémoire si
poignant et si réel.L’humidité du sol le pénétrant,
Jack a rêvé qu’il était CQUché là-bas dans le cime-
tière à côté du petit roi. Il frissonne encore de ce
froid de la terre ; un froid lourd, sans air. Il voit
la figura de Mâdou, il sent ce petit corps glacé
contre le sien. Pour échapper à l’obsession, il se
lève, mais sur la route que le vent de là nuit a
séchée et durcie, son pas résonne si fort, qu’il le
croit double, augmenté d’un autre pas qui.le suit.
Mâdou marche là, derrière lui,,.
Et la course folle recommence.
Jack va devant lui dans l’ombre, dans le silence.
' fl traverse un village endormi, passe sous un cio-
cher carré qui lui jette sur la tête ses grosses
i notes vibrantes et lourdes. Deux heures sonnent,
k
TURQUIE.
Voici comment la Correspondance Havas ré-
sume l’état actuel des négociations à Constan-
tinople :
“ Les impressions heureuses qui résultaient de
la prolongation de l’armistic8 jusqu’au l9r mars,
sont malheureusement effacées par l’exposé télé-
graphique des résultats quasi négatifs de la der-
nière conférence plénière. On mande, en effet, de
Constantinople, sous la date du 31 décembre et du
1«>'janvier, que les propositions des puissances
avaient été soutenues par M. Chaudordy etle mar-
quis de Salisbury, au nom de toutes les puissances
qui sont parfaitement d’accord ; que M. de Chau-
dordy avait développé les propositions et réfuté
les appréciations inexactes. Dans la journée du 31,
les plénipotentiaires ayant reçu individuellement
communication des contre-propositions turques se
sont réunis chez le général Ignatieff pour les exa-
miner et ils sont tombés d’accord pour maintenir
le programme de la conférence.
- C’estalorsqu’aeulieulaquatrièmeconférence.
» Dans cette séance, qui a eu lieu le Ie1'janvier,
le marquis de Salisbury a exprimé les sentiments
des plénipotentiaires sur les contre-propositions
turques. Pendantladiseussionles plénipotentiaires
turcs ont énuméré les points sur lesquels ils ne
croyaient pas pouvoir négocier, notamment.- l’or-
ganisation dune gendarmerielocaleavec concours
étranger, les attributions et le fonctionnement
d’une commission internationale, et enfin l’agran-
dissement de la Serbie. Les plénipotentiaires ayant
demandé si cette déclaration équivalait à un refus
absolu, les délégués turcs ont répondu qu’ils
avaient besoin d’en référer à la Sublime-Porte.
- La prochaine séance est fixée au jeudi 4, pour
recevoir de la Porte une réponse définitive. Le
marquis de Salisbury a rendu visite au grand-
vizir après la conférence..
-dl résulte d’autres informations que non-seule-
ment les délégués turcs ont déclaré, dans la séance
du 1er janvier, qu’ils ne pouvaient discuter certains
points, mais encore que leurs contre-propositions
s’écartent complètement des propositions- des
puissances. On assure que le général Ignatieff
aurait déclaré qu’il ne pouvait pas discuter les
propositions turques, et les autres plénipotentiaires
auraif-nt partagé cette opinioD.
» La conférence du .4 sera, dit-on, décisive.
« Les journaux anglais prétendent, d’après leurs
correspondants de Constantinople, que les contre-
propositions turques ne font même pas mention
des questions relatives à la gendarmerie et à ia
< O'.iimission internationale. Elles refusent d’accor-
di-r l’»mnistiHaux prisonniers bulgares.rejettent la
n irfnn ion, puurcinqans.degouverneur approu-
ve.- par - nuis air-, s, r«po également 'es
aren-' • .... •? fin i ;e ’s. reposes o: d’.uures arti-
o.esiiüj •hs. F !l;i, dites .m on .posant rien tou-
cornant les garanti, s dernaud .nîs.L-» général Igua-
Un autre village, trois heures sonnent. Il va. il va.
La tête lui tourne, ses pieds le brûlent. Il marche
toujours, S’il s’arrêtait, il aurait trop peur de re-
trouver son rêve, son horrible rêve que le mouve-
ment de la course commence à dissiper. De temps
en temps il croise des voitures couvertes de grandes
bâches, équipages somnambules où tout dort, les
chevaux, le conducteur.
L'enfant demande, épuisé« Suis-je bien loin
d’Et.iollea î »
C’est un grognement qui lui répond.
Mais voici que bientôt un autre voyageur va se
mettre en route avec lui par la campagne, un
voyageur dont le départ sonne dans le chant des
coqs et les grelots légers des grenouilles au bord
du fleuve. C’est le jour, le jour qui rôde sous les
nuées, indécis encore du chemin qu’il prendra.
L’enfant le devine autour de lui et partage avec
toute la nature cette attente anxieuse du jour
nouveau.
Tout à coup, droit devant lui, dans la direction
de ce pays d’Etiolles où on lui a dit qu’était sa
mère, justement sur ce côté de l'horizon, le ciel
s'écarte, se déchire. C'est d’abord uae ligne lumi-
neuse, une pâleur étalée tout au bord de la nuit
sans le moindre rayonnement.Cette ligne s’agran-
dit à mesure, avec le battement d’une lueur, ce
mouvement de la flamme, incertaine qui cherche
l’air pour s’aider à monter. Jack marche vers cette
lumière; il marche dans une sorte de délire qui
décuple ses forces. Quelque chose l'avertit que sa
mère est !à-bas, là-bas aussi !a fin de cette épou-
vantable nuit.
Maintenant tout le fond du .ciel est ouvert. Qn
djrait un grand œil clair, baigné de larmes, -qui
regarde venir Feqfant avec douceur et attendris-
sement. « J’y vais, Fÿ vais, *> est-il tenté de ré-
pondre à cét appel lumineux et béni. La route,
qui commence à blanchir, ne l’effraye plus. D’ail-
leqrs, e’esf une belle route sans fosse ni pavé et
suT laquelle il semble que des voitures de riches
doivent rouler luxueiiseipènt. De chaque côté,
baignées dans la rosée et la rayon de l’aube, de
somptueuses propriétés étalent leurs larges per-
rons, leurs pelouses déjà fleuries, leurs allées
tournantes, où l'ombre se réfugie en glissant sur
je salie, ’
' Entre les maisons blanches et les murs d’espa-
liers, des champs de vigne, des pentes vertes des-
cendent jusqu’à une rivière qu’on voit sortir de la
nuit, elle aussi, toute moirée de bleu sombre, de
vert tendre et de rose.
Et toujours la lumière du ciel qui s’agrandit,qui
se rapproche.
Oh ! dépêche toi de luire, aurore maternelle ;
tieff a lu une dépêche du prineede Gortchakoff, lui
ordonnant de n’admettre aucune contre-proposi-
tion, quelle qu’elle fût. »
GRECE.
On lit dans le Messager d'Athènes :
-i Les Cretois réfugiés enGrêce ont adressé à la
Conférence un Mémoire dans lequel iis résument
leui’s griefs contre l’administration ottomane,dont
l’unique souci a toujours été de mettre obstacle à
l'application des mesures que de sanglantes insur-
rections avaient arrachées à la Porte, dans l'in-
térêt des populations chrétiennes de File.
» Le Mémoire fait ressortir les défauts de la loi
dont les représentants chrétiens à l’assemblée gé-
nérale avaient proposé la modification; il conclut
en demandant l’autonomie et l’indépendance ad-
ministrative de Candi, à moins que les puissances
ne préfèrent remettre au suffrage universel la
solution de la question crétoise qui, nous ne sau-
rions trop le constater, restera à l’ordre du jour de
l’Orienttantquel’Europene réparera pas l’iniquité
commise contre les chrétiens de cette île par le
protocole de 1830. ,
” Dan3 sa séance du mercredi 20 décembre, la
Chambredes Députés avoté une résolution présen-
tée par M. Phiiémon, député de l’Attique, d’après
laquelle elle déclare se dessaisir des poursuites
contre les anciens ministres Bulgaris, Grivas,
Tringhetta, Nicolopôulo et Balassopnulo, accusés
de falsification du scrutin et autres crimes électo-
raux. Les circonstances actuelles, comme cela
était formulé dans ia motion de M. Phiiémon, ont.
engagé ia Chambre à prendre une résolution con-
tre laquelle «die aurait été unanime à protester
d ><-*vie ’emp- moins troublés. •>
ESPAGNE.
(Correspondance particulière du Précurseur.)
Madrid, l*r janvier.
J’ai mis trop d’empressement, il y a trois jours,
à louer la bienveillance du mayor oficial des
Cortès pour les représentants de la presse étran-
gère.
Mais qui donc aurait pu prévoir, sauf M. le pré-
mier oficial, que les cartes qu’il nous délivrait
pour assister aux séances du Congrès seraient
sans valeur le lendemain ?
Avant-hier, à notre grand étonnement, les
agents de service ont interdit l’entrée de la tri-
bune à tous les correspondants étrangers. De nou-
velles cartes avaient été délivrées en quelque sorte
clandestinement mais à 35 journalistes de Madrid
seulement.
Toute la presse étrangère a été évincée en
masse par ordre supérieur.
Ce qui rend la mesure presque inconvenante,
c'est qu’on a procédé à cette exclusion sans donner
la moindre explication.
Il est vrai que tout le monde a compris quétet
acte brutal était provoqué par le déplaisir du gou-
vernement, à voir dans ies journaux étrangers des
comptes rendus qu’il ne pouvait censurer.
Les deux dernières séances du congrès ont été,
comme les précédentes, peu favorables au gou-
vernement. Aussi je crois qu’il aspire bien vive-
ment à voir terminai' une session qui lui a popfé
moralement do si rudes coups.
M.Léon y Castillo, toujours à propos des garan-
ties constitutionnelles ' supprimées malgré les
fermes formels de la Constitution, a accuse le
ministère d’avoir violé le pacte fondamental.
Quand un gouvernement, a-t-il dit, commet une
infraction aussi grave le roi a lsdroit et le devoir
de le destituer. (M. Canovas ; le devoir non.)
Je demande.eontinue l’orateur,que la gouverne-
ment soit destitué. (Rires sur les bancs de la
majorité.) Vous riez ! Ces rires sont étranges
lorsque dans le sanctuaire des Jois on accuse un
gouvernement d’avoir violé la loi. Jetais ici usage
du droit qu’ont tous les Espagnols et de plus j’ac-
complis un devoir comme représentant de la
nation en demandant la destitution du ministère.
Vous avez obtenu la paix, dit encore ce député ;
malgré cela vous reconnaissez officiellement aux
provinces Basques le droit de légiférer et vous
êtes impuissants à résoudre la question des fueros.
Enfin vous avez vaincu le carlisme, mais vous per-
mettez que la paix ne soit qu’un armistice.
J’ai encore, comme preuve de la stérilité de ce
gouvernement, le cours des fonds publics
S’occupant de la question religieuse M. Romero
Ortiz déclare que le gouvernement est en contra-
diction avec la législation en l’établissant sur les
exigences du ministre d’Etat, des pénalités qui
n’existant pas dans le code de 1870 contre les
manifestât!'ms auti-ca hoiiques. Ce fait constitue
d^ns ia pratique le rétablissement de l’intolérance
re igieuse. Ainsi s’écroule, dit M. Ortiz, le dernier
•: chip du magnifique édifice érige en 1869.
nous ù:vtz abandonner le pouvoir parce que
verse un peu de chaleur, et d’espoir, et de force à
l’enfant extenue qui se hâte en te tendant les
bras.
— Suis je bien loin d’Etiolles ? demande Jack à
des terrassiers qui passent, le sac en bandoulière,
par groupes muets, encore endormis.
Non, iln’est pas loin d’Etioües ; il n’a qu’à suivre
la forêt, tout “ drouet »,
Elle s’éveille, en ce moment, la forêt. Tout le
grand rideau vert tendu au bord du chemin fri-
sonne. Ce sont des pépiements, des roucoulements
des gazouillements qui se répondent des églantines
de la haie aux chênes centenaires. Les branches
se frôlent, s’abaissent sous des coups d’aile préci-
pités, et pendant que ce qui reste d’ombre en l’air
s’évapore,que les oiseaux de nuit au voi silencieux
et lqurd regagnent leurs abris mystérieux, une
alouette monte de la plaine, fine, les ailes tendues
s’élève par vibrations sonores, traçant ce premier
sillon invisible où se rejoignent, dans les beaux
jours d’été, le grand calme du ciel et tous les
bruits actifs de la terre.
L’enfant ne marche plus, ü se traîne.Une vieille
en haillons, à la figure méchante, passe, menant
une chèvre. Il demande encore une fois ;
>• Suis-je bien loin d’Etiolies? u
La vieille le regarde d’un air féroceet lui montre
un petit chemin caillouteux qai monte, étroit
et raide, à la lisière fie la ibrèt. Malgré sa
lassitiide, il continue sans s'arrêter. Déjà le soleil
est presque chaud ; l’aube de tout à l'heure est
devenue un foyer d’éblouissants rayons. Jack
comprend qu’il approche. U va. courbé, chance-
lant, heurté aux pierres qui roulent sous ses
pieds ; mais il va.
Enfin, en haut, îl voit un clocher qui s’élève au-
dessus de toi fs groupés dans une massa de verdure.
Allons, encore un effort. Il faut arriver jusque-là.
Mais les forces lui manquent.
Il s’afi’aissô, se relève, retombe encore, et à
travers ses paupières qui battent, il entrevoit tout
près de lui une petite maison chargée de vignes,
dé glycines en ffeurs, de rosiers montants, qui la
recouvrent jusqu’au faîte de son pigeonnier et de
sa tourelle toute rosede briques neuves. Au-dessus
de la porte, entre l’ombre flottante des lilas déjà
fleuris, une inscription en lettres d’or : “ Parva
domus, magna quies.
Oh ! la jolie maison tranquille, baignée de
lumière blonde. Tout est pneore fermé, pourtant
on ne dort pas, car voici une voix de femme,
fraîche et joyeuse, qui se met à chanter :
Mes souliers sont rouges,
Ma mie, ma mignonne.
vous ne savez gouverner qu’avec la dictature.
L’orateur termine par ces paroles de Lamartine :
“ Vous marchez sur des ruines brûlantes et vous
doutez de i’existence des volcans. ■*
La séance s’est terminée par un incident qui a
rappelé l’expuision du territoire français de MM.
Escorriaza et Zabaleta. Il s’agissait cette fois de
deux Espagnols expulsés du Portugal. Ce fait a
fourni au ministre une nouvelL , .casion de con-
firmer cette déclaration que, dans les deux cir-
constances, le gouvernement français et le gou-
vernement portugais ont pêché par excès de zèle :
le ministère espagnol n’avantsollicitéqu’un simple
internement..
On croit généralement que la séance d’hier sera
la dernière de la session. Elle n’a pas été féconde
en questions de grand intérêt politique, mais on a
parlé un peu de tout. Le débat s’est animé et ü y
a eu en terminant quelques épisodes intéressants.
Je relaterai le dernier qui a surgi à propos d’une
interpellation sur l’état de ia marine. C’est une
petite révélation sur l’esprit de l’armée.
M. Vivar demande la parole pour allusions per-
sonnelles. Lorsque je commandais la frégate la
Elança, ditee député, quelques officiers refusèrent
de crier : Vive la Roi !' quoique j’eusss stipulé
dans l’ordre du jour les cris d’ordonnance. Il est
vrai aussi que dans une autre occasion ies soldats
se soulevèrent, et si je ne suis pas mort à mon
poste, c’est d’abord pour ne pas compromettre la
vie des officiers sous mes ordres, et en second lieu
à cause des circonstances graves que traversait la
nation.
Le ministre de la marine veut répondre en lisant
un document anonyme, qui accuse l’honorable dé-
puté Vivar de ne pas jouir de ses facultés men-
tales.
Plusieurs députés indignés demandent le nom
du signataire et c’est alors que le ministre déclare
qu’il ne peut le eneontrar.
On peut juger par cet incident sous quelle dé-
plorable impression s’est terminée cette séance
qu’on croit, je le répète, la dernière.
Hier était l’anniver3aire de la mort du maréchal
Prim. Aussi toute l’élite de la population de Ma-
drid s’était portée à l’Atocha où est enterré celui
qui fut un des plus fermes défenseurs de la liberté.
Parmi les nombreuses couronnes déposées sur le
tombeau, j’ai remarqué celle qu’entourait une guir-
lande sur laquelle était écrit en lettres d’or: « A la
mémoire de Don Juan Prim y Prati, Manuel Ruiz
Zorrilla. •> C’était l’hommage de l’exilé au mort,
d’une victime à une victime.
Le maréchal est enterré danrs une petite cha-
pelle annexée à gauche de la basilique royale. La
présence de ce tombeau dans l’église où le jeune
roi va tous les samedis faire ses dévotions doit
éveiller des souvenirs peu agréables au régime
actuel.
L’église royale est d’apparence modeste mais en
revanche ses vertus sont grandes si on s’en rap-
porte à l’étiquette placardée à la porte de l’édifice.
Ce document, signe Pie IX. prévient les visiteurs
des deux sexes qu’il suffit de communier dans ce
sanctuaire pour obtenir remise entière de tous ses
péchés (quelqu’en soit le nombre et la gravité). Ce
lut en 1863 que Sa Sainteté fit don de cette pré-
cieuse panacée à la catholique Espagne.
Le tombeau est d’une très grande richesse. Il
est en 1er entièrement damasquiné d’or et d’ar-
gent. La statue en bronze, représente le maré-
chal en grande tenue étendu mort sur le catafal-
que. Quatre colonnes supportent une coupole à
jour en acier ciselé. Sur les bas côtés sont graves
les principaux épisodes de la guerre d’Afrique.
Le nombre des visiteurs a été beaucoup plus
grand cette année que lesannées précédentes. J’ai pu
compter25généraux,parmi eux le duc de la Torra,
Lopez. Dominguez, Alamines, Pieltain, Baldrich.
Milans, Gaminde, Topète, Moriones, Burgos, Ros-,
sel, Palaciosetc. etc. plus de quinze brigadiers et
*26 colonels. .
L'élément civil était représenté par tous les dé-
putés libéraux : la presse indépendante, des mé-
decins, des avocats, on comptait plus de deux
cents membres et une foule énorme.
Aussitôt la cérémonie terminée, le duc de la
Torre et le général Dominguez sont allés rendre
visite à la duchesse de Prim.
Quelques instants après le jeune roi, escorté
d’un escadron de lanciers, se rendait, suivant la
coutume du samedi, à l’église de Atocha. Le cor-
tège a traversé la Puerta del sol au milieu d’une
indifférence qu’on ne peut s’empêcher de con-
stater.
J’ai eu l’occasion de voir très souvent le roi tra-
verser la foule au Retira ou dans les quartiers les
plus populeux de la capitale et jamais je n’ai en-
tendu échapper un vivat.
Depuis quelques jours les feuilles de l’opposition
attaquaient avec raison les listes électorales fa-
briquées par.fayuntamiento de Madrid. Les jour-
naux ministériels ne disaient mot ; enfin ce matin
ils ont, rompu le silence en déclarant que les in-
exactitudes résultent de la précipitation imposée
Gette voix, cette chanson... Jack croit rêver.
Mais les deux battants d’une persienne claquent
sur le mur, e> une femme apparaît, toute blanche,
dans un néglige matinal, avec les cheveux en tor-
sade et le regard étonné du réveil ;
— Maman... maman... appelle Jack d’une voix
faible.
La femme s’arrête, interdite, regarde, cherche
une minute, éblouie par le soleil levant ; puis tout
à coup elle aperçoit ce petit être hâve, boueux,
déchiré, expirant.
Elle pousse un grand cri : Jack !
En un instant, elle est près de lui, et, de toute
la chaleur de son cœur de mère, elle réchauffe
l’enfent à demi mort, glacé des terreurs, des
angoisses, de tout lefroid et l’ombre de sa terrible
nuit.
VIII
PARVA, DOMUS, MAGNA QUIES
— “ Non, mon Jack, non, mon enfant chéri,
n’aie pas peur, tu n’y retourneras plus à ce mau-
dit gymnase... Battre mon enfant, ils ont osé
battre mon enfant!... Tu as joliment bien fait
de te sauver... Ce misérable mulâtre a porté la
main sur toi. Il ne sait donc pas que de par ta
naissance, sans parier de ta couleur, c’est toi qui
aurais eu le droit dele bâtonner. Il fallait lui
dire : Maman en a eu des mulâtres pour la servir.
Allons, ne me regarde pas avec tes grands yeux
tristes. Je -te dis que tu n’y retourneras plus.
D’abord je ne veux plus que tu me quittes. Je
vais t’organiser ici une jolie petite chambre. Tu
verras comme on est bien à la campagne. Nous
avons des bêtes, des poules, des lapins, et une
chèvre, et un âne. C’est l’arche de. Noé, eetfe
maison... Au fait, ça me fait penser que je n'ai pas
donné à manger à mes poules. Ton arrivée m’a
tant émotionnée... Oh! quand je t’ai aperçu là,
sur la route, dans cet état... Allons, dors, repose-
toi encore un peu. Je té réveillerai pour le dîner.
Mais avant, bois un peu de bouillon froid. Tu sais
ce que M. Rivais a dit; pour te remettre, il ne
faut que du sommeil et fie la nourriture... Il est
bon, hein? le bouillon de la mère Archambaukl...
Pauvre chéri, quand je pense que pendant que je
dormais, tu courais seul par les chemins. C’e'at
horrible... En tends-tu mes poules qui m’appellent?
J’y vais... Dors bien. ■«
Etle s’en alla sur la pointe des pieds, légère.
par le gouvernement pour faire le travail. Mais,
ajoutent-ils, les erreurs sont sans malice.
Jamais chose semblable ne s’est produite sous
aucune régence. Et c’est un ayuniamiento qui se
déclare de Real orden, qui ose fabriquer un cens
électoral où pullulent 25 mille erreurs. On a con-
staté que plus de quatre mille morts figurent sur
les listes, et on se demande naturellement s’ils
enverront des procuration* ou s’ils viendront eux-
tnèmes de l’autre monde pour user du droit élec-
toral. Tout est possible sous un gouvernement
d’ordre moral.
Le décret pour clore la session des Cortès
n’ayant pas paru aujourd’hui, les séances conti-
nueront demain, H. V.
GRANDE-BRETAGNE.
Il n’est peut-être pas sans intérêt, au point où
en est la crise turque, de rappeler quelques-unes
des opinions exprimées au sujet de la question
d’Orient par un homme d’Etat qui dirigea pendant
de longues années la politique étrangère de l’An-
gieterre et qui sut, sans entraîner son pays dans
une guerre continentale, lui assurer un rang élevé
parmi les nations civilisées de l’Europe. Les cita-
tions qui suivent, empruntées au Morning Post,
semblent n’avoir rien perdu de leur opportunité
en vieillissant. Près de 40 ans se sont écoulés de-
puis que lord Palmerston écrivit en ces termes au
secrétaire d’ambassade à Constantinople ;
- On s’obstine à parler de la décadence inévi-
table et progressive de l’empire turc qui, dit-on,
tombe en morceaux. En premier lieu, aucun em-
pire n’est susceptible de tomber en ruines quand
on le laisse tranquille et que de bienveillant» voi-
sins ne le déchirent pas. Ensuite, je doute bien
que la décadence soit en cours d’opération dans
l’empire turc, et je suis tout disposé à croire qu’au
lieu de dire que l’empire turc va de mal en pis, on
devrait dire que les autres pays de l’Europe de-
viennent chaque jour plus éclairés sur les défauts
manifestes et multiples de l’organisation de la
Turquie. «
Dans une lettre adressée à lord Clarendon le 22
mai 1853, lord Palmerston écrit les lignes suj
vantes :
“ La politique et la conduite du gouvernement
russe ont toujours consisté à pousser ses empiète
ments aussi vite et aussi loin que l’apathie ou le
manque de fermeté des autres gouvernements ia
lui ont permis, à s’arrêter et à battre en retrait*
dès qu’il rencontre une résistance sérieuse et à
attendre alors la première occasion favorable
pour se précipiter à nouveau sur la victime
convoitée. Conformément à cette politique’ i*
gouvernement russe s’est toujours montré sous
deux masques à la fois, usant d’un langage
modéré et protestant de son désintéressement
à Saint-Pétersbourg et à Londres, et agissant
de toutes ses forces dans le sens de l'offensive
par 1 intermediaire de ses agents, sur le théâtre
des opérations. Si la politique offensive réussit
chez lui, le gouvernement de Saint Pétersboure
1 accepte comme un fait accompli, auquel il ne vf
sait point, mais devant, lequel son honneur ne lui
permet pas de reculer. Quand les agents locaux
echouent. ils sont désavoués et destitués et l’on
rappelle le langage qu’onavaittenu préalablement
raur témoigner que ies agents ont outre-passé
surs instructions. ■> » 1
P
le
Lord Palmerston dit plus tard, dans une lettre
adressée a M. Sydney Herbert, 1* 21 septembre
1853 : - J en viens, bien à contre-cœur, à conclure
que la guerre entre l’empereur de Russie et la
Jurquie est devenue inévitable. Si cette guerre
éclate, que ce soit sur la tète de l’Empereur qu’en
retombe la responsabilité. « J© suis loin de parta-
ger avec vous l’opinion qu’il remportera une
Victoire facile sur les Turcs. Ab contraire si les
chances étaient égales, je parierais gros en faveur
des Turcs.
« Tout ce qu’il faut à l’armée turque c’est de
trouver des officiers capables de la diriger etü
serait vraiment bien étrange que l’Aneleforrè la
France ia Pologne et la Hongrie ne pissent lar
gement suppleer à cette lacune, Je ne crois pas au
mécontentement des provinces turques ; souveut
répétée et imaginée par les Russes. Il suffit pour
la réfuter de rappeler que depuis plusieurs mois
les agents russes cherchent per fus et nefas à
provoquer une insurrection en Turquie et qu’ils
ont échoue dans ce dessein. La fait est que les su-
jets chrétiens de la Turquie savent trop bien à
quoi s en tenir sur le régime russe pour ignou„„
que c'est ce qu’ils ont à craindre par-dessus
Voici un autre passage remarquable •
••Je n’éprouve aucune sympa*ma , ,
Turcs, comme mahométans, et seV , £our le*
qu’on arrivât à les convertir au „fi* 8,.tle?reux
mais quant à la conduite d’* crnàvernpmfl1 T® ;
envers les chrétiens, i* <niQ * turc
bre considérable e -t1convaincu quunnom-
vernemeRtV^ f chrôt,lens soumis aux gou-
îfde NîSfe. * -USMe’.de 1 Autriche, de Rome
tw.»AÎ « A ’ seJej0U,raient de se voir aussi bien
treitéa et de goûter une aussi grande sécurité
heureuse tçmjours charmante, quoique un peu
hâlee par lair vif et trop habillée dans un cos-
tume de convention champêtre avec beau cou n da
velours noir sur de la toile bise et un chapeau de
paille d Italie garni de fleurs tombantes. Plus eu
iant que jamais, elle jouait à la campagne
Jack ne pouvait pas dormir.Les quelques heure*
de repos qu il avait eues en arrivant, s-on bain u
bouillon de la mère Archambauld,
tout la merveilleuse élasticité dç, la Lunesï s»
force souple de résistance evaient eu rarioù da
sa courbature. Il regarda^ autour de luf ^von
rant le bien-être de oe milieu si ^lïe. ’ SaV°U'
toalMP US-1 ancien luxe du boulevard Hauss-
I Gfl?éVouaté' étouffé- La chambre où
Use rougit eau vaste, tendue de perse claire,
oi née de meubles Louis XVI tout blancs et gris
sans la moindre dorure. Au dehors, la tranquillité
de la pleine campagne, des frôlements débranchés
contre les vitres, des roucoulements de pigeons
sur le coït et le * p’tit! p’tit! » de sa mère, montant
de la basse-cour avec les cris variés, les piétine-
ments qui se font autour d’une poignée d'avoine.
lack savourait i intimité de ce léger tumulte
égaré dans le silence environnant. Il était heu-
reux, reposé. Une seule chose le troublait • le por-
trait de d'Argenton, en face de lui, au pied du lit
dans une pose prétentieuse, despotique, la main
sur un livre entr ouvert, les veux durs et pâles
L’enfant pensait: •> Où est-il? où habite-t-il*
Pourquoi ne l’ai-je pas vu ? • A ia fin, gène par ce
regard de pnotographie qui la poursuivait comme
une question ou un reproche, il se leva et descen-
dit vers sa mère.
Elle était occupée a soigner, à nourrir ses bêtes
avec une gaucherie êleganîe.gantée jusqu’au coude,
e petit doigt en 1 air, la robe relevée sur le côté
laissant voir un jupon à raies et des bottines à
grands talons, La mèr* Archambauld riait de sa
maladresse, fout en faisant elle-même la cabine
de ses lapins. Gett* mère Archambauld était la
iernme d un garde de ia forêt, qui venait faire le
menage et ia cuisine aux Aulnettes. ainsi qu’on
appelait dans l« pays la maison qu’habitait la mère
de Jack, à cause d’un bouquet d* petits au In «s
posé au bout du jardin.
— Jésus-Dieuî qu'il «st joli votre garçon... fit la
•paysanne enthousiasmée de l'apnarition de Jack
dans la basse-cour,
- a est-ce pas. mère Archambauld !... Quand le
vous le disais.
— Mais dame! y ressemblont ben plus à sa ma-
man qu a son papa, pour sûr... Bonjour, mon mi-
gnon. Voulez-vous t’y que je vous embrasse ?
'ff continuer'. Ai.phonse Daudbt»
BRUXELLES, O/flce de Publicité, rue de la
Madeleine.
Mes souliers sont rouges
Salut mes amours !
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