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L’arrivée de l’empereur a mis noire ville dans une joyeuse agita-
tion, et la nouvelle que l’empereur se charge personnellement du
commandement en chef de toute l’armée, a eu un effet très favorable;
il a passé aujourd’hui une revue de toute la garnison, et a été ac-
cueilli avec des transports de joie. (Moniteur prussien.)
Les fils du prince Windischgrülz ont quitté le service de l’armée
autrichienne, et se sont mis à celui de la Russie.
La seconde division de houlans russes, sous les ordres du lieute-
nant-général Grolenholm, est, suivant des lettres de Jassy du 23
avril, à Kaminier, Podolske.Elle attend des ordres pour marcher sur
la Transylvanie. Elle compte 40 bataillons d’infanterie, 60 escadrons
de houlans, 43 canons et 800 cosaques. (Lloyd.)
Cracovie va recevoir une garnison russe d’environ 10,000 hommes,
laquelle entretiendra les communications avec l’armée principale.Les
troupes russes paieront tout comptant. Le général Rüdiger est dési-
gné comme chef du corps qui arrive par Cracovie.
(Réforme allemande.)
HONGRIE.
La Nouvelle Gazette de l'Oder annonce que 3,300 Russes sont en-
trés le 3 à Cracovie. Le même journal rapporte ce qui suit sur les
progrès ries Hongrois, en date de Ratibor, ie 3 mai :
« Nous avons appris positivement hier soir que les Hongrois se
sont emparés du défilé dejablunka; deux régiments autrichiens y
ont été presque taillés en pièces. »
On écrit sous la même date à la Gazette de Breslau : La forte po-
sition de Raab a été cédée aux Hongrois, et la plus grande partie de
l’ile de Schutt, qui s’étend jusqu’aux portes de Presbourg, est aux
mains des Magyares. Un engagement a eu lieu entre Raab et Wiesel-
bourg, près de Hoehstrass, et une partie de la cavalerie impériale a
été détruite ou faite prisonnière. Gorgey est à 3 milles de Presbourg,
près de Szered, et la canonnade ébranle toutes les fenêtres de cette
ville, dont la plupart des habitants s’enfuient en Autriche. *
On lit dans la Correspondance de Pionne, toujours sous la même
date : « On disait positivement hier soir qu’un engagement près de
Szered, à 3 lieues de Presbourg, avait tourné à l’avantage des Hon-
grois, et que ces derniers avaient traversé le fleuve sur un pont de
tonneaux. Szered était entre leurs mains. One grande consternation
règne à Presbourg, et l’on désespère de pouvoir conserver cette ville.
De grandes masses d’infanlerie et de cavalerie s’y sont retirées, »
On écrit de Carlowitz que les Magyares ont fait entrer parmi les
honveds toute la jeunesse serbe de la fiacska et du banal. Les Serbes
du Sombor doivent payer au général Perezel une contribution de
40,000 florins, ceux de Stapar, 4,000 florins et mettre 300 hommes à
sa disposition. On dit que le prince Paskewilsch commandera l’armée
russe, sous le commandement en chef de l’empereur.
Le lieutenanl-feldraaréchal Welden conserve le commandement de
l’état-major de cette armée, lequel lui a été décerné.
DEttülEIl COVItMEIl.
Troubles en Prusse.
Cologne, 10 mai, à une heure de relevée. Des bruits inquiétants
nous sont parvenus hier et ce malin d’Elberfeld et de Dusseldorf.
Des troubles ont éclalé à Elherfeld; des renforts nombreux sont
arrivés de tous les côtés du pays de Berg, et ont occupé en partie la
ville et les banlieues environnantes. Les troupes consistant en un ba-
taillon avec deux canons se sont retirées dè la ville aujourd'hui de
grand matin pour éviter un combat dans les rues et pour attendre
des renforts; hier soir elles avaient été attaquées à plusieurs reprises
par les émeutiers, et obligé de faire plusieurs fois feu sur eux. On
compte des tués de part et d’autre; la maison du premier bourg-
mestre a été détruite de fond en comble, la maison d’arrêt a été prise
d’assaut et les prisonniers remis en liberté.
A Dusseldorf, beaucoup debarricades ont été élevées; on évalue le
nombre des morts à 20, la plupart du côté du peuple. Au départ du
dernier couvoi, la ville était au pouvoir des troupes, à l’exception
d’une rue fortement barricadée.
Voici ce qu'on écrit de Dusseldorf du 10 , à 7 i|2 heures du matin:
Les cloches ont sonné touie la nuit, on a entendu jusqu’à 4 heures
la fusillade et même quelques coups de canon. La Bolkerslrasse est
barricadée au moyen de charrettes renversées et de voitures rem-
plies de pierres. Les troupes prennent toutes ces barricades. On
nomme 13 tués du côté des habitants. Quant à la troupe elle a eu 2
ou 3 tués, dont l’adjudant du général Chlebus , qui a eu lui-même
son cheval tué sous lui et a manqué de tomber aux mains des con-
structeurs debarricades. Plusieurs arrestations ont été opérées La
uuupe qui attcnu ou i-enrort, occupe ia plupart oes rues oe la ville.
Ce qu’il y a de surprenant, c’est qu’un supplément extraordinaire
de la Gazelle de Dusseldorf,imprimé ce matin, ne dit pas un mot des
événements de celte ville.
Par suite des nouvelles de Dusseldorf et d’EIberfcld, une partie de
notre garnison, nommément l’artillerie, est consignée dans ses ca-
sernes. ' (Gaz. de Cologne.)
A Berlin, les conférences sur la question allemande ontcommencé.
La Prusse et le Hanovre tiennenlà une chambre populaire. L’Autri-
che est représentée à ces conférences, et l’on ne désespère pas de
l’amener à consentir aussi à celle chambre du peuple.M.de Lerchen-
feld n’a pas d’instructions spéciales, mais des pleins pouvoirs qui
lui permettent de représenter provisoirement la Bavière à ce con-
grès.On ne doute pas que la Saxe n’y soit aussireprésentéeplus tard.
GRAND-DUCHE DE BADE.
Fribourg,5 mai.— La cour d’assises vient de rendresonarrêt dans
l’affaire de MM. Fickler, Sleinmetz, Adalberl, et Bornstedt. Les
trois premiers ont été déclarés innocents et remis en liberté. Le qua-
trième a été condamné à un an de prison.
Assemblée nationale «le Francfort.
Séance du 9 mai.
M. Molli, ministre de la justice, répondant à une interpellation de
M. Rossler d’Oels, déclare que, par suite des mesures coercitives or-
données par le ministre de l’empire, le gouvernement de Hesse-Hom-
bourg s’est décidé à faire exécuter la loi de l’empire par rapporté
la fermeture des jeux, et que la fermeture aura lieu ce matin à 9
heures.
M. de Gagern invite l’assemblée à ajourner la discussion de la mo-
tion de MM. Simons et Vogl, jusqu’à la séance de demain. Celle de-
mande est motivée par la circonstance que le ministère a présenté au
vicaire rie l’empire son programme sur la politique à suivre vis à-vis
des mouvements populaires qui éclatent en faveur delà constitution
de l’empire, et que S. A. 1. a demandé un délai de 24 heures, pour se
prononcer sur ce programme.
L’ajournement combattu par MM. Umbschieden, Raveaux, Erbè,
Wigard, et soutenu par MM. Besder et Sehwelsehke, a été voté, au
moyen de l’appel nominal, par 221 voix contre 153.
Une motion de M. Schloffel, tendante à faire déclarer coupable de
haute trahison le pouvoir central et à le faire remplacer par un
comité exécutif de cinq membres, n’est pas admise comme urgente.
Des détachements de troupes stationnés sur les places avoisinant
l’église de St-Paul ont été, par suite d’une interpellation de M.
Dietsch, retirés par ordre du ministre de la guerre.
aaglëterki;.
BOURSE DE LONDRES DU 10 MAI.
Les nouvelles du continent ont encore provoqué de la baisse. Les
consolidés, fermés hier en baisse de 3/8 ont encore fléchi de 5/8 à
l’ouverture de la bourse, soit 1 p. c. sur les cours d’avant-hier. Ils
restent à 3 heures 91 à 1/8 au comptant el91 1/8, 1/4 à terme ; 3 p.
c. réduits 89 1/2, 5/8; 3 1/4 p. c. 90 1/2 5/8; bous de l’échiquier
45 à 48 s.
Les fonds étrangers faibles et lourds. Pérou 60 à 63, Mexicains
28 1,2 à 29 ex-coupons et 50 3/4 à 31 avec coupons ; Espagne 3 p c
33 à t/2, 5 p. c. 17 à 1/2; Portugais 281/2 à 29; Russes 104 à 106.
FRANCE.
Paris, 10 mai. — On assure que rien n’annonce encore
l’entrée de l’armée à Home.
Divers bruits ont couru aujourd’hui à ce sujet : On disail,
d’une pari, que les Français étaient entrés dans Rome après
un combat des plus meurtriers, et, d’un autre côté, que l’ar-
mée française avait de nouveau subi un grave échec ; mais
il n’y a rien d’officiel dans le premier de ces deux bruits, et
encore moins dans l’autre.
Un incident des plus graves a interverti aujourd’hui l’ordre
du jour de l’assemblée. On savait que les dépêches attendues
de Civita-Vecchia étaient arrivées, et que M. le président du
conseil allait en donner connaissance à l’assemblée. Mais, en
même temps, M. le président Marrast, au nom du bureau,
saisissait la représentation nationale de l’exposé de ses griefs
contre M. le général Changarnier, par les ordres duquel un
officier général aurait refusé d’obtempérer aux réquisitions
du président, faites en vertu de la loi du 11 mai 1848.
M. Odilon Barrot el M. le ministre de la guerre, en l’ab-
sence de M. le général Changarnier, ont déclaré que le tort
dont on se plaignait ne se renouvellerait plus.
L’assemblée, en dernière analyse, a décidé que le décret
du 11 mai, auquel M. le général Changarnier aurait manqué,
serait mis à l’ordre du jour de l’armée, et affiché dans tous
les lieux où se réunissent les militaires.
Hier soir on n’était pas sans inquiétude pour la tranquillité de la
capitale. Les artisans de troubles voulaient faire coïncider un mouve-
ment avec les discussions,dont les affaires deRome étaient l'objet dans
l’assemblée nationale ; mais l’autorilé, avertie à temps, a pris toutes
les mesures, et l’ordre n’a pas souffert la plus légère atteinte. Les
agitateurs sont à l’affût de tout ce qui pourrait favoriser leurs cou-
pables tentatives,mais le gouvernement veille,et il n’y a rien à craindre.
On lit dans l’Ere Nouvelle : Au moment de mettre sous presse,
nous apprenons par une personne ordinairement bien informée, qu’à
la tombée de la nuit, le gouvernement aurait reçu la nouvelle de l’cn-
trée de nos troupes dans Rome, au milieu des acclamations de la po-
pulation enlière. On ajoute que 600 Français qui étaient à Paris, il y
a peu de mois,auraient été livrés au général Oudinot, qui les auraient
fait embarquer pour Toulon, où ils seraient arrivés au moment du
départ de la dépêche télégraphique.
On lit dans le Moniteur de l'armée :
Depuis deux jours les nouvelles lesplus inexactes,lesplns mensongè-
res, ont été recueillies et reproduites, sur les obstacles que nos trou-
pes ont rencontrés à leur entrée dans Rome. Le gouvernement n’a
encore reçu à cet égard que des dépêches télégraphiques nécessaire-
ment fort peu explicites quant aux détails, mais desquelles il résulte
néanmoins que les informations données par les lettres particulières
sont empreintes de toute l’exagération qu’on peut attendre de l’es-
prit de parti. Ces lettres ont évideinmenlété écrites par quelques-uns
de ces indignes Français, faisant partie de celte bande d’aventuriers
dont il a été parlé à la tribune nationale, comme s’étant constitués
les défenseurs de Rome. Nos soldats les ont retrouvés devant eux dans
les rues de cette ville, après les avoir combattus en juin dans les rues
de Paris.
On annonce le départ pour Rome, avec une mission personnelle
pour le général Oudinot, d’un des aidcs-de-camp du président de la
république.
En apprenant la résistance que nos troupes ont rencontrées devant
Rome, et le bruit répandu de l’arrestation de M. le capitaine Oudinot
qui avait été envoyé en parlementaire, M. Henri Oudinot, lieutenant
au 4» dragons, le plus jeune des fils du maréchal de Reggio, est venu
demander à M. le président de la république l’autorisation de partir
pour l’Italie, où il irait remplir un double devoir comme frère et
comme soldat. — M. le ministre de la guerre auquel celte demande a
été renvoyée, s’est empressé d'y faire droit, et M. le lieutenant Oudi-
not|a pu réaliser sans le moindre retard un vœu qui fait autant d’Iion-
neur à ses sentiments patriotiques qu’à son dévouement fraternel.
(Moniteur de l'armée )
Voici les termes de la proposition faite hier par M. Flocon. — Vu
l’art. 67 de la Constitution ainsi conçu : — « Les actes du président
delà République, autres que ceux par lesquels il nomme et révoque
les ministres, n’ont d’effet que s’ils sont contresignés par un minis-
tre.» —L’assemblée nationale déclare: — La lettre du citoyen Louis
Bonaparte, président de la république, adressée au général Oudinol,
en date du 8 mai 1849, est nulle, et ne peut être mise à l’ordre du
jour de l’armée d’Italie.
Le Journal des Débals a annoncé que l’acte d’accusation du Pré-
sident de la république et de ses ministres a été retiré.
C’est une erreur, dit la Démocratie pacifique :
Voici les noms des membres qui ont joint leur signature à celle de
il. Considérant :
Ledru-Rollin. — A, Médal.— Durand-Savoyat. — Reynaud (Isère).
Brnckner. — Etienne Arago. — Clément (Isère). — Ducoux. — Jean
deau. — Victor Chauffeur.
Lasteyras. — Kestner. Bnvignier.— Carlos Forel. — Ch. Hingray.
— Menand. — Amédée Bruis. — Cholal.
Ferd. Gambon. — Baune. — Deville. — Pierre Lefranc. — Démos-
thènes Ollivier. — Morhéry. — Pelletier. — Pierre Leroux. — Schœl-
clier. — Joly Henry.
Ronjat.—Martin-Bernard.— Reynaud Lagardelte. —David (d’An-
gers). — César Bertholon. — Terrier.
Mulé. — Brcymand. — Vignerle. — F. Flocon. — Signard. — Be-
noit. — Greppo. — Pégol-Ogier. — Doulre. — Joigneaux. — Bra-
vard-Toussaint. — Calés.
Azerm. — Auguste Mie. — Fabvier. — Brard. — Audry de Puyra-
veau. — Kœnig. — Yves.
Lamennais. — Maichin. — Agricol Perdiguier. — Westereamp.
Hier soir, le comité des Amis delà Constitution tenait encore une
réunion électorale dun» la salle Molesquieu. On y a déclaré que les
citoyen» Ducoux et Tourel, qui étaient inscrits comme candidats sur
la liste du comité, s’étaient désistés et qu’ils avaient été remplacés
par les citoyens Jules Favre et Boicliol, sergent-major du 7« léger.
La réunion a fait déclarer solennellement aux candidats présents,
déjà représentants du peuple, qu’ils signeraient immédiatement la
mise en accusation des ministres et du président de la république.
On disait à l’assemblée que le gouvernement avait reçu aujour-
d’hui, par dépêche télégraphique, la nouvelle qu’un certain nombre
de prisonniers faits par nos soldats et pris les armes à la main, se
composaient en partie de Polonais et de Français qui ont figuré aux
barricades de Juin*
M. Madier de Monljau jeune a non seulement résisté à l’entrée d’un
commissaire de police qui voulait assister à une réunion électorale,
rue Montesquieu, mais il a déclaré que la présence d’un agent de l’au-
torité souillant celle réunion, il engageait,en sa qualité de président,
l’assistance à se retirer.
Traduit hier devant la sixième chambre de police correctionnelle,
il faisait demander une remise par son frère aîné, celte demande
ayant été repoussée, il a été condamné, par défaut, à six mois de pri-
son, 100 fr. d’amende et aux frais du procès.
Il paraît que, pour une partie du moins, les débats de l’affaire Ca-
raby auront lieu à huis-clos.On assure.en effet, que dans les circon-
stances qui ont précédé la fatale soirée qui a manqué coûter la vie à
trois hommes, quelques-unes nécessiteront, pour être comprises, des
détails de nature à causer un grand scandale s’ils étaient donnés en
public.
M. le général Cavaignac el M. Bastide ont écrit au Moniteur que
s’ils avaient assisté à la séance du soir, ils auraient voté avec la ma-
jorité dans la question italienne.
Le conseil des ministres s’est réuni aujourd’hui, et il a été décidé
qu’une armée d’observation allait être formée sur la frontière du
Rhin pour être prête à toutes les éventualités qui pourraient surgir
par suite de l’état de l’Allemagne. (Siècle.)
Parmi les actes de folie désordonnée qui marquent celle triste ré-
publique romaine, il faut noter la délibération de ces fous furieux
qui ont donné le nom de barricade d’honneur à une barricade for-
mée de toutes les voitures de cardinaux.!
Comprend-on cet acte de démence sans but ? C’est du vandalisme
comme celui qui a miné Saint-Pierre de Rome, le Vatican, le Colysée,
et qui ravage les musées de Rome. La ville éternelle, naguère si
heureuses, si paisible,est menacée de ruine par cette cohorte qui pro-
mène son délire dans toutes les grandes cités.
Chaque jour voit paraître un nouveau journal, elle nombre de ces
publications s’augmente à tel point que les cris assourdissants des
vendeurs qui les colportent à l’entrée du passages des Panoramas et
du passage Jouffroy étouffent même le bruit des voitures.
Voici le titre de quelques feuilles nouvellement écloses, qui ne se
vendent pas isolément, mais par paquets, et le tout pour un sou :
Les Traihsons de M. Ledru-Rollin ; les Cosaques à Paris ; le
Pousse caillou démocratique ; le Tioubadour social ; la Paille de
fer ; les Crimes de la rue de Poitiers, l’Enfer des aristos ; le Sabot
enflammé ; Braise et charbon ; le Tourne-vis électoral ; le Croco-
dilte de la Montagne; Halte-là, les blancs ! la Guillotine (impri-
mée en rouge) et de quoi vous plaignez-vous ? Ce dernier est
l’œuvre de M. E. Sue
Les cris que poussent les marchands de ces imprimés sont si
assourdissants, que M. le préfet de police a, dit-on, pris à leur égard
une sage détermination: tout marchand serait tenu à l’avenir,
d’avoir une lanterne-écriteau, sur laquelle seraient écrits le titre et
les feuilles colportées.
La Presse, depuis quelque temps prend une position net-
tement dessinée contre la politique du ministère. On en jugera
par les lignes suivantes qu’elle publie à la suite des événe-
ments de Rome et du vole de l’assemblée nationale ;
La souveraineté <lu Imt.
Le vote de lundi soir, le maintien du cabinet, au mépris du prin-
cipe de majorité qui sert de fondement à tout votre édifice politique,
la lettre non contresignée du président delà république, et la séance
d’aujourd’hui sont quatre événements de la plus haute gravité, et
dont toutes les conséquences ne tarderont pas à apparaître.
On se donnerait pour tâche de créer des difficultés et des périls, de
les multiplier, de les empirer qn’oii ne s’y prendrait pas autrement !
Qu’avions-nous besoin d’aller à Rome ?
Qu’y sommes-nous allé faire ?
N’avons-nons donc pas besoin chez nous de toutes nos forces, de
toutes nos ressources ? Nos finances sont-elles dans un état prospère
que nous ne devions pas regarder à des millions jetés inconsidérem-
ment à la mer ? Voilà où conduit une politique sans direction, sans
boussole, sans principes arrêtés ? Voilà où conduit la politique qui
flotte au gré des considérations secondaires, accidentelles, person-
nelles!
Où nous mène-t-on ainsi ? où nous mène-t-on ?
Ce matin le Moniteur aurait dû annoncer la retraite du cabinet.
Toute considération, de quelque nature qu’elle fût, devait fléchir
et s’effacer devant le vole de lundi soir, car jamais blâme plus formel
ne fut infligé à un minisire par une majorité plus considérable : — 87
voix de majorité.
Le principe essentiellement conservateur des majorités est incon-
testablement violé. Toule majorité violée est grosse d’une catas-
trophe.
Enlevez à la majorité sa souveraineté, que reste-t-il ? — La sou-
veraineté du but, c’est à dire la souverainetéque Barbés a proclamée
à Bourges, et que la haute cour a condamnée.
Nous ne sommes plus, depuis hier, gouvernés que par la souve-
raineté du but. Oh ! nous le savions bien, il n’y a rien de plus révo-
lutionnaire que l’incapacilé qui se cache sous les dehors d’une fausse
fermeté.
lue Conseiller du Peuple.
PAR M. DE LAMARTINE.
Le second numéro du journal mensuel de M. de Lamartine vient de
paraître. Toule la première et principale parlie est consacrée aux
prochaines élections. Après avoir dit que la république est un mode
de gouvernement qui repose tout enliersur l’élection, et que lechoix
des représentants est d’autant plus difficile, qu’au lendemain d'une
révolution qui a écarté beaucoup d’hommes, et au commencement
d’un gouvernement nouveau qui en a déjà dévoré beaucoup, le peu-
ple a plus de peine à bien voir, à bien assurer son jugement, et à bien
choisir ; il dit que, pour fonder une république durable, si lelie est la
volonté de la nation, il faut que la république appartienne à tout le
monde et non à quelques-uns, qu’il faut un gouvernement de majo-
rité et que, pour parvenir à ce but, il faut co-inléresscr tous les par-
lis à la république par les gages de la liberté sincère que la républi-
que doit donner, sans préférence et sans exclusion à tous les partis.
1! examine ensuite quels sont les dangers qui menacent l’existence
de la république. Est-elle menacée par la coalition des rois? Non.
L’horizon extérieur de la France est libre, dit-il, grâce à la sagesse
des hommes de février, qui ont déclaré que la France faisait sa révo-
lution chez elle, mais ne se croyait pas obligée de la faire chez les
autres.
« La république est-elle menacée par les aristocrates ? Mais il y a
soixante ans que les aristocraties sont détruites et nivelées en France.
Ceux qui crient à l’aristocratie, crient au fantôme.
» Est-ce le clergé qui menace la république? Mais pourquoi ? Les
doctrines de la république sont précisément les doctrines morales et
religieuses de l’égalité des enfants de Dieu devant la loi, de la charité
sociale, de la fraternité civile, émanées de cet Evangile qui a versé
le premier ces vérités divines de la pensée des philosophes dans l’àme
des simples et des ignorants. »
La bourgeoisie non plus, continuc-t-il, n’est pas à craindre, car
elle ne demande qu’un gouvernement fort et quel gouvernement a
plus de force que le gouvernement de tous. Il n’y a pas de royauté
qui eut résisté au 25 juin 1848, qui eut pu tirer le canon trois jours
et trois nuits contre des masses de peuple égaré. La république a pu
le faire encore au berceau.
« Sont-ce les légitimistes qui; menacent la république ? On le dit
beaucoup. Je ne l’ai jamais cru. J’ai vu, au contraire, les légitimistes
raisonnables saluer, les premiers, la République de leurs acclama-
tions, le 24 février.
« Sans doute il y en a un pelit nombre qui rêve de faire sortir la
légitimité du suffrage universel, et la conire-révolulion de la révolu-
tion. Ce rêve les amuse et ne fait de mal à personne. La République
ne proscrit pas les songes.
« Sans doute aussi, il y en a un plus grand nombre qui gardenl
dans leur cœur la foi, le cuite, le regret, l’espérance confuse et éloi-
gnée d’un retour possible de Henri V au trône de sa race, comme une
indemnité du destin pour lous les malheurs de son berceau. Ce culte
inoffensif des souvenirs et celle religion du respect est honorable et
la république ne proscrit pas l'honneur.
» Enfin la république est-elle menacée par les orléanistes ? Oui.
Voilà un des dangers. Lisez plulôt la lettre de M. Guizot à ses élec-
teurs. C’est une déclaration, non pas de guerre, mais de dédain à la
république; un défi à la France enlière, qui a proclamé, à l’unani-
mité, la république, par les élus du suffrage universel, le 4 mai !
C’est une langue d’émigralion, c’est un manifeste du duc de Bruns-
wick en habit bourgeois.
» M. Guizot dit franchement : « La république, en France, n’esl
» pas un gouvernement sérieux. Altendcz-moi ; unissons-nous au
» nom de l’ordre, et puis nous détrônerons la démocratie. »
» Ce manifeste est une des plus étranges choses qu’il ail été donné
aux hommes de voir dans ce temps-ci. Voilà un homme de talent, de
mérite, de renom, de grande et sérieuse valeur politique, un pilote
de la royaulé ; hier à la tête d’un gouvernement établi, adôssé à un
trône, entouré d’une majorité dévouée dans les Chambres, servi par
une administration disciplinée et formée par lui, soutenu par une
armée fidèle et brave de quatre cent mille hommes et par une garde
nationale attachée à la Constitution, et cela où ? dans Paris, tnceint
de forteresses : et cet homme vient de faire faire à la monarchie le
plus effroyable naufrage, en (emps calme, que les annales del’hisloire
signalent depuis qu’on écrit l’histoire !... et cet homme, du haut d’un
débris de son naufrage, s’airoge la prétention d’enseigner la route
et d’éviter les écueils !... à qui?... à son pays qu’il vient de mettre en
perdition 1... et il ose dire à trente millions d’hommes et à la républi-
que : Vous n’êtes pas sérieux !...
i Eh bien ! nous ne volerons pas pour M. Guizot; mais, malgré
cela, si les élecleurs de Lisieux envoient M. Guizot à Rassemblée na-
tionale, nous n’aurons aucune peur pourla république, et nous pren-
drons M. Guizot, non au tragique, mais au sérieux. La république
est assez large et assez profonde pour absorber même ceux qui la
nienl Un homme d’Elat n’esl jamais de trop dans la représentation
naiionale d’un grand peuple, La tribune peut supporter, sans s’é-
crouler, le dialogue entre toutes les idées.
» Quant à ses amis, c’est-à-dire, quant aux hommes qui tenaient
le pouvoir sous le dernier gouvernement, ne les proscrivez pas. Au
conlraire,ily a parmi eux beaucoiipd’hommesdeialent,d’éloquence,
de lumières, de capaeilés utiles au pays ; une république qui pros-
crirait ces talents et ces capacités, abaisserait son niveau d’intelli-
gence. Point de 18 fructidor électoral contre les personnes de l’an-
cien gouvernement; seulement défions-nous un peu des ressenti-
ments rie quelques meneurs de ce parli contre la république. Ils
voudraient une revanche de février. C’est naturel. Mais Dieu les pré-
serve d’obtenir celle revanche! car le lendemain, légitimistes, bona-
partistes, libéraux, républicains modérés, démocralesviolenls, socia-
lisli s, communistes, peuple détrôné du suffrage universel, se rejette-
raient honteux et indignés loin d’eux. Ils seraient submergés de nou-
veau dans une autre république, république irritée, peut-être moins
magnanime et moins fraternelle que la nôtre, qui n’a ni proscrit un
ennemi, ni instillé une opinion, ni froissé une conscience, ni versé
une goulte de sang, ni louché à un cheveu de la tête, ni confisqué
un centime de la propriété d’un citoyen, pas même celle du roi!
Mais il y a un autre parti qui fait courir à la république plus de
danger à lui seul que lous les autres à la fois. C’est le parti des ré-
publicains exclusifs, impalienls, violents, agitateurs, perturbateurs,
vociférateurs, qui, dans les journaux et dans les clubs de Paris et des
départements, se fait appeler le parti de la Montagne.
Le parti de la Montagne, sous la première république, était le
parti de la terreur. C’est le parti qui avait pris l’échafaud pour moyen
de gouvernement , la mort pour premier ministre. Le parti
qui décimait la France, grands et petits, riches et pauvres, jusqu’à
ce qu’elle fût épurée de tout le vieux sang de ses veines, et qu’elle
devînt républicaine par anéantissement de vie. C’élait la torture ap-
pliquée en grand à une nation de 26 millions d’hommes par sept ou
huit grands inquisiteurs de la soi-disant démocratie. Ce parti a dé-
truit la République, et il a laissé derrière lui une clameur d’indigna
lion contre les bourreaux et de pitié pour les victimes, qui ne s’étein-
dra qu'avec l’histoire !
» Eh bien ! ce parti, tout odieux qu’ii soit, avait du moins alors,
non pas une excuse (il n’y en a jamais pour le crime), mais une
explication de ses fureurs, il combattait dehors contre l'émigration
et la coalition ; dedans, contre les privilèges à peine vaincus. Il avait
la passion de la lutte, la colère des idées, la démence du champ de
bataille. La Montagne alors voulait dire le volcan d’une révolution
comprimée, qui éclate contre ses ennemis, vomit sa flamme et ses
scories sur ses propres flancs. On comprend cela. Mais aujourd’hui
la Montagne veut dire : un parli de sang froid, qui prend la colère,
l’injure et la menace, pour système de gouvernement. Qui fait sem-
blant de chercher des cnnemis’pour faire semblant de leur faire peur.
Un parti qui donne à la République unanime, magnanime, humaine
et fraternelle de 1848, la coiffure, l’atlilude, le geste, les propos de
la République sanguinaire et implacable de 1793. Un parli enfin qui
semble croire que le drapeau rouge, le comité du salut public, le tri-
bunal révolutionnaire, les assignais, le maximum, les proscriptions,
les cachots, et la guillotine, sont des moyens bien propres à sédui-e
à la République une nation industrieuse, agricole, propriétaire, ain:e
de l’ordre, jalouse de sa liberté, <le sa dignité, de sa renommée, de
son caractère national et de sa sûreté individuelle. »
M. de Lamartine conseille ensuite de choisir également quelquis
ouvriers, non en trop grand nombre et de les prendre non parmi
ceux qui crient dansles clubs, mais parmi les laborieux, les pen-
seurs.
il finit ses conseils par les lignes suivantes :
« En vous parlant d’élection, je suis un peu comme le prophète
dont parle l’historien Joseph, dans l’histoire du siège de Jérusalem
par Titus : cet homme courait sur les murs de la ville en criant ;
Malheur à celui-ci, Malheur à celui-là ; puis à la fin , il cria :
Malheur à moi, et il lomlia renversé par une pierre des assiégeants.
» Je dis : Ne nommez pas ceux-ci, ne nommez pas ceux-là ! et je
serai éliminé vraisemblablement moi-même du nombre des élus du
peuple. Tant mieux ! je reslerai républicain modéré hors de l’Assem-
blée, et ceux qui y entreront à ma place le deviendront. Périssent
nos candidatures, mais que la République appartienne à tout le mon-
de, même à nos ennemis !
Ces pensées désintéressées et sages, qui seraient les vraies pensées
d’un homme d’Etat, doivent êlre les pensées du peuple dans ce grand
scrutin. Car le peuple est homme d’Etat par excellence, responsable
envers lui-méuie, et responsable de lui-même à la pairie, au monde,
à Dieu. »
Lamartine, Représentant du peuple.
Assemblée nationale.
Séance 10 mai.
(Présidence de M. Marrast).
Le président de l’assemblée prévient que lorsque le ministre de la
guerre et le président du conseil seront arrivés, il fera une communi-
cation importante. (Chuchotements et mouvement.)
M. le président annonce à l'assemblée, que M. Delespaul, député du
Nord, est mort bier. .
L’ordre du jour appelle la discussion du projet de loi relatif à l’ex-
pioilalion du chemin de fer de Paris à Lyon. L’article 1" autorise le
gouvernement à exploiter pour le compte de l’Etat les parties de ce
chemin qui sont terminées. L’article 2 modifié porte que le ministre
des il avaux publics nommera une commission spéciale qui aura le
contrôle sur tous les actes de l’exploitation. Les tarifs seront réglés
dans les limites des maximums fixés par les lois du 16 juillet. Un cré-
dit de 2,500,000 fr. est ouvert au ministre pour faire commencer celle
exploitation. La loi est adoptée par 566 voix.
M. Marrast fait la communication annoncée. Hier, à l’issue de la
séance, il a cru devoir réclamer deux bataillons de renfort pour la
garde de l’assemblée. Il a chargé le général Lebielon d’aller en faire
la demande au général Changarnier et l’envoi immédiat. Un batail-
lon fut envoyé une heure après, Le 2» ne vint point. Le président a
cru devoir mander prés de lui et des questeurs, le général Foret com-
mandant des Invalides. Ce dernier lui a déclaré qu’il ne connaissait
point la loi, et qu’il ne recevait point d’ordre que de son générât. —
Le général Changarnier mandé également près du président, s’est
contenté d’y envoyer un aide-de-camp qui a déclaré que le général
ne contestait nullement le droit du président, mais qu'il pensait que
les ordres devaient lui êlre directement envoyés. — Le président a
porté ses plaintes au président du conseil qui a été affligé de cet évé-
nement.— Il demande à l’assemblée qu’une jusle punition soit infli-
gée immédiatement et que les art. 6 et 7 de la loi du 11 mai soient
affichés partout dans les casernes, |afin qu’à l'avenir on ne puisse
ignorer que les ordres du président de l’assemblée sont supérieurs à
tous les pouvoirs.
M. Odilon Barrot donne des explications sur ce fâcheux incident
qu’il regrette. — il laisse entendre, au milieu du bruit de la gauche,
que les droits du président de l’assemblée sont incontestables, mais
que la discipline doit aussi être scrupuleusement observée ; que le
droit est incontestable et que ce n’est pas le gouvernement qui vou-
draity manquer.
Après une nouvelle explication de M. le président de l’assemblée,
M. ie général Lehreion, questeur, chargé de la défense de l’assem-
blée, moule à la Iribude et explique qu’it y a toujours eu un conflit
entre les pouvoirs supérieurs de l’armée et le président de l’assemblée,
il donne de longues explications sur ce qui s'est passé et sur ce qu'il
faut faire. L’assemblée l’écoute au milieu des conversations, il con-
clut par demander que le ministre de la guerre donne des ordres
pour qu'à l’avenir on ne puisse ignorer nulle part dans les casernes
ou ailleurs, que les réquisitions faites par le président de l’assemblée
soient exécutées sans aucun retard. .
M. Goudchaux monte aussi à la tribune au milieu des rires de l’as-
semblée (parce qu’en général il discute sur toutes les questions.) —
il cherche à établir que la loi et la discipline militaire sont deux cho-
ses très distinctes et que dans ce cas-ci la loi doit l’emporter sur tou-
tes les considérations.
M. Degousée, questeur, demande, comme le président et le géné-
ral Lehreion que la loi soit affichée partout, afin qu’il ne puisse, à
l’avenir, y avoir aucun prétexte d’ignorance.
M. Beaune veut une punition exemplaire.
M. Bureaux de Puzy, autre questeur, veut une solution immé-
diate afin qu’à l’avenir aucun conflit ne puisse s’élever entre les pou-
voirs du président de l’assemblée et le pouvoir militaire.
M. Considérant, qui siège au haut de la salie, en face de la tribu-
ne, articule en courant quelques mots et arrive au pied de la tribune,
où il monte un moment après. Il ne croit pas que l’assemblée puisse
(e contenter des explications entortillées données par le président du
conseil, il voit là une rébellion, un complot, et veut un acte d’accu-
sion contre le président de la république, M. Changarnier elle minis-
tre de la guerre (Bruit, tumulte.)
M. le ministre de la guerre explique encore que des ordres seront
donnés à l’avenir. (Nouveaux cris ! Interruption.)
Un cri de la gauche : Il faut destituer les coupables I
M. le général 'Parlas s’écrie : On ne destitue pas ainsi les géné-
raux. (Nouveaux tumulle).
M. Cl. Thomas demande que l’on attende, pour continuer là dis-
cussion que le générai Changarnier soit présent.
Après quelques paroles aigres de M. Flocon et quelques mots du
ministre de la guerre, M. Marras! propose que les art. 6 et 7 du dé-
cret du 11 mai soient imprimés et mis à l’ordre du jour de l’armée.
L’assemblée adopte à l’unanimité.
Une nouvelle discussion s’établil sur l’ordre du jour. M. Ch. Dain,
veut un châtiment exemplaire; il est forcé de quitter la tribune par
les cris de la clôture. L’ordre du jour est prononcé.
M. le président lit une proposition d’accusalion contre le général
qui a désobéi.
M. Gréty est à la tribune et lit le rapport sur la prolongation
des pouvoirs du général Changarnicjf, comine commandant de l’ar-
mée et de la garde naiionale.
Voix nombreuses. Lisez ! lisez ! lisez !
V. Grevy donne lecture de son rapport qui conclut comme on l’a
dit au rejet du projet. Nous n'entendon*pas d’ailleurs que, comme
on l’avait dit.la commission demande à la chambre d’exiger le retour
aux prescriptions de la loi dans les 24 heures de la promulgation du
décret.
La séance est un instant suspendue.
M. Baune dépose sur le bureau de l’assemblée un volumineux
dossier.
M. le président annonce qu’à la reprise de la séance l’assemblée
s’occupera du budget de la guerre.
Poix nombreuses Et l’Italie I ! !
La séance est rouverte.
M. Jules Favre demande qu’on reprenne le débat sur les affaires
d'Italie.
M. le président du conseil déclare que les dépêches ne sont pas
complètes. Il demande le renvoi à demain.
La discussion continue sur ce préliminaire.
P .-S.—On dit que la pièce déposée par M. Beaune est une péti-
tion couverte de 27,000 signatures qui demande iamiseen accusation
du ministère.
t‘nf voie eæteoorilittnire.
Fin de la séance du 9 mai.
A la fin de la séance de l’assemblée nationale, il a été donné lec-
ture des dépêches du général Oudinot,relatives à l’affaire du 30 avril,
attaque de Rome.
La discussion sur la proposition relaiive à la lettre du président de
la république au général Oudinot a été ajourée à demain.
BULLETIN DE LA BOURSE DU 10.
Par suite des dépêches télégraphiques publiées hier et aujourd’hui,
dans les journaux, les fonds publics ont élé très fermes hier soir et
ce matin à ia petite Bourse du Passage de l’Opéra. Le 5 p. c. s’y est
élevé à 89 85, mais le parquet n’a pas consacré ce cours, car il a ou-
vert à 89 50. Pendant la bourse, le b p. c. a varié entre 89 et 89 55;
plulôt lourd, surtout le comptant qui a entraîné la fin du mois. Les
pelits capitalistes paraissaient vouloir se liquider avant les élections.
On n’a répandu aucune nouvelle, on attend avec une grande impa-
tience les dépêches du général Oudinot, que M. le président du con-
seil a annoncées hier être arrivées à Toulon. Les premières nouvel-
les qu’on a eues à la Bourse, de ia séance d’aujourd’hui, ont aussi
un peu contribué à la faiblesse des cours. Cependant, en définitive,
le 5 p. c. ferme, un peu en hausse sur hier, et le 3 p. c. sans change-
ment; mais, avant la bourse on s’attendait généralement à un mou-
vement assez important de reprise, qui ne peut manquer d’avoir lieu,
si comme tout l’annonce, les élections générales se passent bien et
que les nouvelles étrangères continuent de s’améliorer.
Fonds. — Au comptant, comparativement aux cours de clôture
d’hier, le 5 p. c. ferme à 88-90 ; en baisse de 10 c. et le 3 p. c. à 37
sans changement. L’emprunt a été négocié à 88-90.
Fin du mois. — Le 5 p. c. a débuté à 89-50; il est descendu à 89-05,
puis est remonté à 89-55, pour finir à 89 50, en hausse de 10 c. Le
5 p. c. ouvert à 57-50, ferme à 57-10, après avoir fait au plus bas 57,
sans changement sur hier; les primes fin du mois oui été négociées
de 90 10 à 90-60.donl 2; de 92 2a à 91 25,dont 1 ; eL à 93-50, dont 50.
Les affaires n’ont pas élé très animées.
Valeurs diverses. — Les actions de la Banque de France ont été né-
gociées de 2,395 à 2,590 ; elles ferment à 2,392 50, en hausse de 2 50
sur hier. Les obligations de la ville à 1,120, n’ont pas varié ; les nou-
velles à 1,102-50, ont fléchi de 2-50 Les mines de la Vieille-Montagne
à 2,950, ont haussé de 50, et le canal de Bourgogne de 875, n’a pas
varié.
Chemins de fer. — Il y avait également sur la plupart des chemins
de fer de la pesanteur, sans autre cause que l’abondance des titres.
Le Rouen et le Havre restent en baisse de 10 fr. ; le Versailles (R. D.)
de 7 50 ; ia rive gauche de 5 fr.; le Marseille, le Nord, le Sirashourg
el le Tours à Nantes de 2 50, el le Bordeaux et le Bâle de 1-25; le
Centre a reparu sur la cole à 360.
Au 15 courant, on a négocié l’Orléans de 840 à 857-50; le Rouen
de 570 à 562 50 ; le Centre à 360 ; le Bordeaux à 407 50 à 415 ; le
Strasbourg de 370 à 371-25 et le Tours à Nantes de 517-50 à 315.
Fonds étrangers : Le 5 p. c. belge (1840) de 91 à 90 7 8, a baissé de
1/8 ; le 5 p. c. (1842) à 91 c. n’a pas varié. Le 4 1/2 p. c, a été négo-
cié à 81 3/4. L'emprunt romain à 76 n’a pas varié ; celui du Piémont
a été fait de 865 à 870, et la rente de Naples à 86 90 Hui s parquet, il
s’est traité du 3 i> c. intérieur d’Espagne de 24 3;8 à 1/4 au compt.
et de 24 1/2 à 3,8 fin courant.
HOLLANDE.
BOURSE D’AMSTERDAM DU 10 MAI.
Les fonds nationaux sans variations et sans affaires marquantes.
11 en est de même des fonds étrangers. En général la tendance était
à la baisse, surtout pour les Russes et les Autrichiens. |