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Nous voudrions, puissent nos souhaits être compris,
ce que nous n osons espérer, que l’on s’abstienne de
tomber, de vouloir, à tous prix, faire de l’originalité,
ce qui, souvent, ne produit que des bizarreries ou de
l’excentricité ; nous voudrions aussi que les matériaux
soient employés plus judicieusement, que l’on ne fasse
pas porter des membres de pierre bleue par des co-
lonnettes de pierre blanche. Cela peut être très-solide
(il y a des pierres blanches très-dures), mais cela ne
nous 'paraît pas solide.
Il serait bon aussi que l’on n’oubliât pas pourquoi
il existe des colonnes, ni quels sont les cas où elles
doivent être employées ; il faut ne pas perdre de vue
quelles doivent porter et non être suspendues, qu’elles
sont des supports etnon des motifs de décoration.
Nous connaissons quelques belles façades d’habita-
tions, à Bruxelles; mais assez rares, si nous mettons
de côté les nouveaux boulevards qui ne sont pas com-
plets, et où il y en a quelques-unes. Pour ces construc-
tions nous croyons bien faire en ajournant l’étude
jusques après la décision du jury qui aura à distribuer
les primes. Nous aurons alors à en faire une étude
spéciale.
Nous citerons les façades des hôtels ministériels de
la rue de la Loi, dûs à M. l’architecte Guimard, ainsi
que les façades de la place Royale, une des plus belles
places publiques du monde entier. Les opinions sont
unanimes, quant aux belles qualités de ces façades ;
tout en elles concourt à les rendre éminemment re-
marquables : grandeur des proportions, sagesse des
lignes; sobriété, pureté et élégance des détails, toutes
ces qualités en forment un ensemble à la fois grand et
harmonieux qui attire l’oeil, flatte le regard et que l’on
se complait à admirer sans se lasser jamais.
Plus récent, l’hôtel du marquis d’Asche, place de la
Société Civile, à Bruxelles, est dû à l’un de nos plus
éminents artistes , M. Alphonse Balat, architecte du
roi. Ici encore, nous n avons qu’à exprimer l’apprécia-
tion unanime de tous ceux qui s’occupent d’architec-
ture. L’hôtel du marquis d’Asche a son entrée dans
l’axe de la façade où elle se trouve bien accusée par un
beau motif d’architecture, composé de deux colonnes
supportant un entablement formant balcon. La façade,
comme dans les beaux palais de l’Italie, est ample,
d’un dessin large et correct, et n’est pas découpée par
des avant-corps ; les proportions sont heureuses et la
combinaison des matériaux et leur choix contribuent
beaucoup à donner à cette façade un grand caractère
de noblesse. Quant aux détails, si la façade est admi-
rablement traitée, ils sont d’une richesse, d’une pu-
reté et d’une élégance parfaites; tout enfin contribue
à faire de cette construction une œuvre du plus haut
mérite.
Nous n’avons pas à faire ici le panégyrique du ta-
lent de l’un de nos maîtres les plus estimés : nous cite-
rons ses œuvres importantes : le palais du roi à
Bruxelles, dans ses nouvelles et splendides parties, le
jardin d’hiver en construction à Laeken en ce moment
(une immense coupole métallique, conception hardie,
produit d’une imagination vive éclairée par un savoir
et un goût des plus surs); bientôt, espérons-nous, il nous
sera donné de l’admirer encore dans le palais des
Beaux-Arts dont la construction lui est confiée.
Nous avons encore à citer les beaux hôtels de la
place du Congrès, à Bruxelles, qui forment le cadre
nécessaire à l’admirable colonne que nous devons à
M. l’architecte Poelaert, colonne sans rivale pour les
proportions, la pureté des détails, le goût de la déco-
ration, l’élégance et la noblesse de la silhouette.
Ces hôtels construits également sur les dessins de
M. Poelaert sont admirables de proportions et de
détails; on y trouve déjà ce caractère de grandeur qui
distingue les œuvres du maître auquel nous devons
l’église Sainte-Catherine, l’église royale de Laeken et le
Palais de justice en construction, conception géniale,
dirions-nous, pour la grandeur, les effets obtenus et
les proportions colossales.
Comme importance, nous avons à placer ici l’hôtel
Mengelle construit rue Royale par M. Cluysenaer, et
dont la façade présente aussi de grandes qualités de
style. C’est au même maître que nous devons le Mar-
ché couvert, le marché du Parc, l’hospice des Vieil-
lards et le Conservatoire de musique qui s’achève.
MM. Beyaert et Jansens, architectes de la Banque
nationale, sans contredit l’une des plus belles concep-
tions architecturales de Bruxelles, ont construit bon
nombre de maisons remarquables pour le caractère
des ensembles et la beauté des détails.
M. Beyaert à qui nous devons plusieurs de nos
planches est connu de tous nos lecteurs ; architecte
d’imagination et d’étude, il craint le banal et le ma-
niéré ; jamais il ne se répète et toutes ses œuvres sont
celles d’un maître de talent, d’un artiste.
M. Jansens semble viser plus à l’élégance; ses con-
structions en briques rouges et pierre blanche sont
charmantes.
Nos lecteurs connaissent les façades de M. Bor-
diaux; elles sortent également du banal, ne manquent
pas d’originalité et ont toutes un caractère bien per-
sonnel : de l’imagination et du goût, voilà les dons
heureux de cet artiste.
Nous avons donné la façade d’une maison construite
par M.Janlet,rue de la Madeleine; nos lecteurs auront
apprécié l’originalité de cette façade et la coquetterie
de sa décoration ; cela n’est certes pas du métier.
Cette étude ayant déjà pris des proportions consi-
dérables pour le cadre de notre Emulation, nous nous
voyons forcé de passer sous silence les façades des
maisons bourgeoises et des maisons de rapport ; d’ail-
leurs, au point de vue de l’art, nous en aurions peut-
être peu de chose à dire, et nous aurons encore l’oc-
casion d’en parler. E. A.
L’Exposition nationale des arts
industriels.
(suite).
AMEUBLEMENT.
Le mobilier bien compris joue un grand rôle dans la déco-
ration des appartements, et dans son exécution il doit être tenu
compte de son usage, de la destination de la salle où il doit
être placé ainsi que du style ou du genre auquel appartient
la décoration de cette salle.
Le mobilier est richement représenté à l’exposition des
Halles ; les plus beaux produits de cette industrie si déve-
loppée de nos jours sont là en nombre considérable ; presque
tous les genres de meubles s’y trouvent réunis : chaises, fau-
teuils, tabourets, scribans, crédences, bureaux, bibliothèques,
buffets, etc., etc.
Ces objets forment un superbe ensemble où les meubles de
goût et de style sont nombreux ; ici encore il serait peut-être
difficile de décerner la palme, aussi nous contenterons-nous de
dire que les plus beaux produits sont ceux de MM. Wallaert,
Monoy, Sneyers-Rang, Warin, Van Laethem, Rosel, Demeuter’
Taelemans et Minart de Bruxelles ; Strutman de Namur
Loyers de Louvain, Van Hyfte de Gand, Van Halb d’Anvers,etc.
L’envoi de M. Wallaert se compose de chaises de style
Louis XVI dont l’une, volante, est exécutée en bois sculpté et
doré, l’autre en chêne sculpté, d’un beau fini; et enfin d’un
superbe scriban renaissance italienne, l’un des meubles les
plus remarquables comme caractère et comme exécution ; il
se compose d’un coffret divisé en trois compartiments par
des colonnettes, celui du milieu fermé par une petite porte à
glace sans tain, les autres par de petits panneaux de chêne
ornés de peintures très-fines sur un fond d’or; l’intérieur de
ces deux compartiments est étonnant de fini. Subdivisé en
trois parties, il est orné de petites colonnettes et de glaces.
Cette partie supérieure du meuble est portée par quatre co-
lonnettes classiques à cannelures, et elle est couronnée par un
petit motif soutenu par deux chimères avec rinceaux, peut-
être un peu lourds, mais très-beaux de caractère et d’exé-
cution.
Cette innovation de l’emploi de peinture sur fond d’or
appliqué sur bois est très-heureuse, les tons sont harmonieux.
Les supports, les architraves et la corniche du scriban sont en
bois d’un ton plus vigoureux ; l’ensemble sobre de décoration
est d’un beau caractère.
M. Manoy expose une collection complète de meubles de
toute beauté; il y a la quelques fauteuils Louis XVI d’un
beau dessin et d’une exécution très-soignée; mais nous avons
hâte de citer le beau bahut à deux corps exposé dans le. com-
partiment Janlet, où, malheureusement, il n’était pas suffi-
samment éclairé ; de style Renaissance (non pas flamande),
il est divisé en deux corps dont chaque panneau est enrichi
d’ornements et d’une composition avec motif d’architecture
d’une finesse remarquable ; peu de relief dans la décoration
sculptée et cependant netteté complète dans ce superbe motif
M. Warin expose une crédence en bois d’ébène mat ; sur ce
fond noir, se détachent en blanc de belles incrustations. C’est
un beau meuble, bien traité comme style (Henri II) et dont
la porte est ornée d’une plaque en faïence peinte, due au pin-
ceau de M. Demol, un artiste.
Nous avons à citer aussi, parmi les meilleurs, M. Sneyers-
Rang, dont la réputation n’est plus à faire; le goût, l’étude
et l’intelligence avec lesquels sont exécutés les meubles de
cet industriel se retrouvent dans son envoi; nous citerons,
entr’autres objets, un lambris en bois naturel pour salle à
manger, un bureau avec étagère et un bureau de dame
Louis XVI, orné de marqueterie et de bronzes dorés.
MM. Demeuter et Taelemans exposent un superbe choix
de siéges décorés richement et de fort bon goût.
Le cadre trop restreint de notre Journal ne nous permet
pas de citer tous ces objets; nous rappellerons les noms de
MM. Rosel, Van Laethem, Minart de Bruxelles ; et MM. Strat-
man de Namur, Van Hyfte de Gand et Van Halb d’Anvers.
Nous nous arrêterons encore cependant à un meuble d’église
qui est digne sans contredit de l’admiration de tous les ar-
tistes : nous nommons la chaire à prêcher de M. Gayers de
Louvain. La brillante réputation de cet industriel artiste nous
en dispenserait peut-être, mais nous nous faisons un devoir de
citer les grandes qualités artistiques de sa chaire à prêcher.
De style gothique, peut-être un peu mêlé comme époque, elle
est d’un dessin admirable, d’une grande correction de lignes et
de détails ; sa flèche élégante et gracieuse est d’une exécution
irréprochable, tout comme les statuettes, bas-reliefs et cha-
piteaux.
(A continuer.) E. A.
Nos planches.
Notre 17e planche donne l’élévation de la porte de Turnhout
et le plan d’ensemble du front des fortifications d’Anvers où
elle se trouve élevée. Ce front est traversé à chacune de ses
extrémités, par une chaussée ; deux portes semblables y sont
construites et doivent être reliées par une caserne.—La façade
que nous plaçons sous les yeux de nos lecteurs est d’un grand
caractère: le style moyen-âge choisi par l’architecte se prête
admirablement à ce genre de constructions du génie militaire.
Cette porte est due à M. Félix Pauwels comme toutes
les autres portes de l’enceinte d’Anvers : nous espérons en pu-
blier encore quelques-unes, ce sera en quelque sorte un hom-
mage bien légitime au talent d’un artiste.
C’est à M. Jamaer, l’architecte de la Ville, que nous de-
vons notre planche 18e; elle représente une partie de l’escalier
d’une maison de la fin du 18e siècle, démolie pour l’assai-
nissement de la Senne. Ce beau fragment relevé par M.
Jamaer et conservé au Musée de la porte de Hal, est réellement
remarquable; on y sent déjà le Louis XVI, mais on y retrouve
encore les idées bizarres de Louis XV ; il permet en quelque
sorte de constater le caractère de ces deux styles.
Le balustre est orné d’un rinceau, d’une tête, de fleurs
et fruits, et il est couronné par un lion héraldique.
Notre planche 19e donne la coupe transversale du projet de
station de M. Bilmeyer, d’Anvers, et fait suite au plan et à la
façade que nous ayons publiés. Beaucoup d’imagination et de
goût sont les qualités de cette œuvre; les silhouettes sont heu-
reuses, ét les arcatures de la Gare, portées sur colonnettes en
fonte sont d’une grande légèreté-
C’est à M. l’architecte Beyaert que nous devons notre
20e planche, par laquelle nous donnons le plan du rez-de-
chaussée du château de Faulx érigé par cet éminent ar-
tiste. Construit au sommet d’un rocher à pic, d’où le regard
embrasse à une longue distance tous les environs, ce castel
est une œuvre sérieuse et digne de l’un de nos maîtres les plus
réputés. C’est, au complet, un château féodal, avec ses fossés,
sa poterne, précédée par le pont-levis, sa grande cour, le don-
jon, devenu ici une habitation superbe, et dont les tours s’é-
lancent vers les cieux. Nos lecteurs apprécieront les qualités
de cette œuvre au point de vue du style, du pittoresque et de
l’art lorsqu’ils auront sous les yeux les élévations que nous pu-
blierons bientôt.
FAITS DIVERS.
La Société centrale d’Architecture a fêté par un
banquet, le samedi 19 décembre dernier, le deuxième
anniversaire de sa fondation. Cette fête toute intime
a été honorée de la présence de notre président d’hon-
neur, M. l’échevin Funck, et de nos confrères de
Liége. M. Bilmeyer d’Anvers, que nos lecteurs con-
naissent déjà par les dessins d’un projet de station
que nous avons publiés, assistait aussi à cette fête :
la plus franche cordialité n’a cessé d’y régner. Le
succès de ce banquet et la présence de nos confrères et
de notre honorable président d’honneur nous font bien
augurer de l’avenir, qui, nous l’espérons, nous réserve
encore de nombreux anniversaires que nous verrons
fêter avec nous, par des délégués de toutes les villes:
ce sera pour nous un beau jour, car nous aurons
atteint le but de notre association : la fédération de
tous ceux qui s’occupent d’architecture.
Le Roi vient de donner une nouvelle preuve de sa
sollicitude pour les travaux intellectuels : Sa Majesté
a créé un prix de vingt-cinq mille francs pour le meil-
leur ouvrage traitant de sciences ou d’art et dont le
programme sera désigné annuellement.
A l’œuvre donc, messieurs les architectes ; c’est pour
1879 le concours d’architecture ; que les concurrents
soient nombreux, ce sera la meilleure façon d’exprimer
la reconnaissance que le pays éprouve pour Celui qui
fait si royalement usage de sa fortune et qui comprend
que la gloire la plus durable pour un règne et pour
une nation est celle que donnent les résultats des
grands efforts de l’esprit, des travaux de l’intelligence
et du savoir.
« Le prix Léopold II produira des merveilles. "
Concours.
Le Gouvernement provincial du Hainaut met au concours
la construction d’un palais de justice à Charleroi. Le pro-
gramme est délivré par M. Vincent, architecte provincial,
rue du Séminaire, à Mons.
Le délai pour la remise des projets expire le 10 juin
prochain.
La ville de St-Nicolas (Flandre Orientale) vient d’ouvrir
un concours pour la présentation de plans d’un Hôtel-de-Ville.
S’adresser au secrétaire communal.
BORDEREAU DE PRIX
PEINTURE Minimum Maxim.
Pr. Ct. Fr. Ct.
par couche
1 Peinture unie ordinaire à la céruse, le mètre carré, y.24 0.25
2 » » on tons différents pour assortir » 0.35 0.40
3 » » en blanc dit de crème » 0.40 0.42
4 » » à polir et vernir » 0.30 0.35
5 » » à l’ocre brun pour planchers et
escaliers » 0.18 0.20
6 » » à la colle, couches » 0.16 0.20
7 » » » colle, tons et marbres » 0.35 0.40
8 Bois et marbres, ordinaire, sans couche de
fond ni vernis » 0.63 0.65
9 » » choisis et soignés » » » 1.00 1.05
10 Marbre à la colle, y compris les couches
de fond « 0.35 0.50
11 Vernissage au vernis copal, pareouche » 0.28 0.30
12 » au vernis blanc » » 0.25 0.28
13 » au vernis anglais dit
pour voiture » » 0 '50 0.60
14 Jaspé, pour planchers et escaliers, en deux
tons » o.30
15 Plinthe, rampe et cimaise, couches nécessaires,
unies, le mètre cour. 0.15 0.20
16 » » » ct marbrées » 0.25 0.35
m ( couches nécessaires, unies ct
vernies 0.15 0.20
. » » unies, bronzées et
vernies g 0.20 0.25
» » imitation d’acier ou blanc glacé J S 0.40 0.50
18 Lavage et retouche le mèt. carr.
19 Enduits pour portes ct murs « 0.60 0.70
20 Dorures à l’or fin » 40.00 41.00
21 Mastiquage des parties à peindre 0.15 20.00
22 Décorations à forfait ou sans convention
Souvent le mastiquage ne se compte pas pour toutes parties
peintes à quatre couches au moins.
— 28 —
— 29 —
— 30 — |