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Vendredi
Trente-septième année. — Numéro li
Janvier 1871
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LE PRECURSEUR
Journal Politique, Commercial, Maritime, Artistique et Littéraire.
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ÉTOILE BELGE.
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CTon, Tournai et Lille 5.55,9.50,12.35, 3.45,4.50. E. 1®, 2® et 3® cl. — Calais 5.55,12.ES, 3.45E.
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2® et 3« cl.,8.25,10E. 1® et2'cl, — Tirlcm.. Lléueet Verv. 5.55, 9-15 È. Ie, 2® et 3® cl., 9.50,
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Chapelle. 7.22,9.33.1.44,5.42soir. t „
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médiaires, 9.00 h,, 3.00 ; pour mmme, 2.15 h. ; pour Doel, 3 h. — De Boom pour
Anvers, 7.00 h., 1. — De Hamme pour Anvers, 8.00 h. — De Doel pour Anvers,
7 h. matin.
Ag er» ta
hollande, M. h. Nijgh & Van Dit-
mav, à Rr Herdam, et tous les Di-
recteurs de postes du royaume.
paris, Havas, IÀfitte, Bulliek
et Cio, Place de là Bourse, 8.
LONDRES, Deuzy Davies et Cie, 1,
Cecil dtreet, Strand, et A. Maurice
13, Tavistock Ro*, Covent Gar-
den.
iusertioas.
Annonces la petite ligna de vingt
cinq lettres...........fr.0.25
Réclames (findujourn.) lalig.» 0.75
Faits divers....... » » 1.50
Rubrique Anvers.... ■ » 2.50
(E?* Les annonces sont mesurées
au lignométre. Les titres se paient
d’après l’espace qu’ils occupent.
RÉSUMÉ politique.
L’Assemblée <le Versailles a reçu àvaiit-tiiër,. au
milieu de sa séance, communication du rapport de M.
Jules Buisson sur la question du retour à Paris. C’est
par 20 voix contre 10 que la commission d’initiative
s’est prononcée contre les propositions dont elle avait
été saisie à ce sujet. Le rapport du représentant de
l’Aude est un document très étudié, et non sans pré1
tentions littéraires; il est empreint d’une certaine modé-
ration dans la forme. La comnUssion s’y défend vive-
ment de toute idée de rancune et de châtiment vis-à-
vis de Paris ; elle Veut bien même rendre hommage à
l'héroïsme que Paris a déployé pendant le siège prüs-
sien, et reconnaître que dans cette désastreuse hitte
la grande ville n’a pas moins contribué que Stras-
bourg et Belfort à sauver Tfroïiiietir delà France ;
mais ses conclusions n'en sont pas moins absolues.
Elles rappellent ce père de famille de la comédie, ré-
pondant à un amoureux qui fait sa demande : - Vous
êtes un galant homme, touchez là... vous n’aurez pas
[ma fille ! » L’argumentation à laquelle se livre le rap-
portui’ n’a, du reste, rien de particuliérement nou-
veau ; la question a été sî souvent et si complètement
débattue dans la presse qu’elle n’a plus de secrets pour
personne ; elle ne peut plus guère donner lieu qu’àdes
redites. Ce ne sont pas des considérations épuisées
comme celles qu’a essayé de rajeunir M. Buisson, qui
peuveiîtrendreplus mauvaise la cause de Paris.Le rap-
port n’a garde d’ailleurs de secrer de près, en ses points
les plus importants, le célèbre discours dans lequel
M. Thiersdémontrait si éloquemment, le’mois dernier,
au sein même de la commission, la nécessité de la
translation ; il mentionne les raisons que le président
de la République avait fait valoir avec tant de force
et de bon sens contre l’impossibilité de gouverner et
d’administrer de Versailles, mais il ne les réfute pas.
11 ne réfute pas davantage l'objection politique tirée
de l’impression fâcheuse que produit sur l’opinion de
l’Europe la continuation du di vorce entre Paris et l’As-
semblée, et que île pourrait qu’aggraver la persistance
ne la Chambre à rester à Versailles, après que Paris
a montré par sa récente élection tout son désir de ré-
conciliation et tout le prix qu’il attache au retour de
la représentation nationale.
On n’en a pas moins salué à droite, par de vifs ap-
plaudissements, la lecture du rapport, et félicité son
auteur avec efïhsion lorsqu’il est descendu de la tri-
bune. Mais attendons la fin. Malgré toutes ces démon-
strations affectées des intraitables partisans du sê-
jour à. Versailles, il n’en est pas moins visible que
rassemblée est ébranlée et que l’idée du retour gagne
du terrain. On l’a bien vu à la fin de la séance quand
M. Dahirel est venu demander que le débat fût en-
gagé d’urgence et mis à l’ordre du jour de lundi pro-
chain. Le but de l'honorable membre et de ses amis
était évidemment d’enlever à la question du retour le
bénéfice de l’apaisement progressif que lui donnent le
temps et les circonstances. Ce calcul de parti a été
très habilement déjoué par M. Thiers. Le président
: de la République et le ministre de l’intérieur cfnt fait
toucher du doigt tout ce qu’il y aurait d’étrange à
’ interrompre la discussion difficile, laborieuse, urgente
dans laquelle l’Assemblée se trouve engagée, et il a
demandé que la question de Paris fût renvoyée après
le vote des nouveaux impôts. La majorité's’est sage-
ment-ralliée à l’opinion exprimée par les deux organes
du gouvernement,
Le projet de loi sur l’enseignement élaboré par M.
Jules Simon et déposé à l’Assemblée, est gravement
compromis, paraît-il. La commission chargée de
l’examen de ce projet, et présidée par Mgr Ilupanloup,
s’y montre tellement hostile, elle trahit une telle hor-
reur de l’instruction obligatoire, que M. Jules Simon,
d’après quelques rumeurs, aurait déjà demandé à le
remanier avant môme que la commission commence à
le discuter à fond.
L’instruction obligatoire ! Grand sujet de trouble, et
d’animosité dans lés rangs des ultramontains ! L’épis-
copat livre une guerre tV mort à cette idée. Maudite
I soit la science. Pendant que dans notre propre pays
la Gazette de Liège entonne franchement un hymne
en faveur de l’ignorance, auquel répondent en chœur
les autres feuilles cléricales, en France ce sont les
évêques eux-mêmes qui entrent en lice ëtjancent cir-
culaire sur circulaire contre ce projet, inspiré par
l’enfer, d’instruire et de moraliser les masses. Après
l’archevêque de Rouen et quelques-uns de ses collè-
gues, voici l’évèque de Nevers, et les évêques et
archevêques de Cambrai, de Bourges, d’Arras, d’Autun
et d’Amiens qui se joignent à la phalange de la réac-
tion obscurantiste ; ' voici les évêques de Normandie
qui agitent la même bannière en s’insurgeant'contre
le développement de l'instruction primaire; voici
févêque de Beauvais qui adresse aux membres de
l’Assemblée nationale une lettre dans laquelle il
cherche à les rassurer sur les dangers de l’igno-
rance r *. Aussi bien, s’écrie le" prélat, nous ne crain-
drons pas de le dire et de le proclamer bien haut,
malgré l'impopularité qui peut s'attacher à la consta-
tation d’un tel fait : le défaut d’instruction, comme on
Teutend dire généralement, n’est pas pour la France le
péril le plus redoutable. Mais le boqt de l’oreille
perce bientôt, car l’évèque de Beauvais termine 'sa
lettre en demandant que renseignement soit remis
entre les mains de l’Eglise.
Singulière demande. L’Eglise à eu pendant quinze
siècles au moins l’instruction des peuples entre, les
mains, et tout ce qui s’est fait pour élever l’intelli-
gence et le moral des masses s’est fait malgré elle. Le
cerveau humain a toujours trouvé en elle une ennemie
et aujourd’hui elle revendiquerait de nouveau le droit
de se constituer sa tutrice ! On ne pousse pas plus loin
1 ironie.
Nous lisons dans le Journal des Débats •
“ On se rappelle peut-être que le comte d’Arnim ne
figurait pas à la réception officielle du 1er janvier,
Parce qu’il n’était pas encore ambassadeur en titre de
Allemagne auprès du gouvernement français. Avant-
hier,!) janvier, il a pu présenter ses lettres de créance,
et il a eu un assez long entretien avec le Président de
la République. Plusieurs journaux assurent que cet
entretien a été amical, ce que nous comprenons
sans peine ; il est clair que l'occasion eût été mal-
choisie pour des récriminations. Cependant les nou-
vellistes de profession n’en demandent lias davan-
tage pour insinuer que des concessions de quelque
importance portant sur la prolongation des échéances
'les derniers milliards de l’indemnité et sur l’éva-
cuation deq départements encore occupés par les
Allemands ont été faites au gouvernement français.
1 e serait le don de joyeux avènement du comte d’Ar-
mm. Les journaux qiii s’amusent à propager de tels
bruits fournissent, involontairement sans doute, des
sujets de raillerie à la presse étrangère, qui sc moque
si souvent et avec tant de raison de notre incurable
légèreté.
La lettre de l’archevêque de Chambéry a porté
fruit. Nous lisons dhns le Patriote Savoisien :
Hier matin', à la raossc paroissiale de huit, heures, M. le
cure <le la Motte Sérvoiex a lu en chaire la circulaire de
-jon’Emlnenea le cardinal de Chambéry, qu’il a fait suivre
ü "n commentaire dont voiei le résume exact.
- Mes chers paroissiens, "
” Vous devez voter, sous peine de péché mortel.
ile'vnt°US t*0Vez manquer Ia messe plutôt que de manquer
” Vous devez voter pour un candidat catholique.
" -m vous n’éles pas sur de voter pour un candidat catlio -
Voilà le devoir religieux bel et bien relégué à
l’arrière-plan du devoir électoral. Prier Dieu de-
vient une bagatelle en présence d’une victoire
politique à remporter. On ne peut mieux avouer
que les affaires du temple ne subsistent qu’après
les affaires du mondei
M. Defacqz, un magistrat vénéré, un honnête
homme, meurt en libre-penseur. Des feuilles cléri-
cales, connue la Gazette de Liège et le Bien public,
le traînent’, aux gémonies ; elles se livrent contre sa
Vie privée à des attaques aussi ignobles que menson-
gères ; elles U’dht pour sa mémoire que des paroles de
haine et de mépris.
L’honorable M. Defacqz a toujours été libéral. Aux
yeux de ces journaux, ce titre suffit pour justifier
toutes les calomnies et toutes les diffamations.'
Qu’un libre-penseur, au lieu d’appartenir à l’opi-
nion libérale, consente au contraire à devenir Tinstru-
mefit de leurs intérêts politiques, le langage de ces
feuilles est tout autre ; que ce libre-pfenseur soit un
athée ou un solidaire, péuleür importe; elles le hissent
sur le paVôîs ; elles- le recommandent aux suffrages
des électeurs, elles' en font un député.
Voyez, par exemple, M. d’Hane-Steenhüyse.
M. d’Hane est un libre-penseur ; c’est lui qui a écrit,
dans une brochure publiée, il y a quelques années,
“ que les religions sont à la veille de leur ruine, parce
« qm elles sont toutes, sans exception, d'origine
» humaine ’> ! c’est lui qui a dit : “ Il ne faut pas que
» la charité publique soit abandonnée à des hommes
» qui n’ont que trop souvent l’habitude, tout le monde
« le sait, de ne céder les clefs du ciel qu’au prix de
» l’abandon qu’on leur fait de celles des biens de là
« terre. »
Eh bien, M. d’Hane, comme M. Brasseur, un autre
libre-penseur, est choyé par les feuilles cléricales ;
elles font voter le clergé pour eux ; elles les envoyent
siéger à la Chambre ; elles font décorer M. d’Hane par
un ministère catholique ; elles Veulent en faire un
gouverneur de province,
M. Defacqz est resté honnête homme,onlevilipende;
les autres sont aussi des libres-penseurs, on leur
tresse des couronnes, parce qu’fis sontles instruments
de la politique cléricale.
Et voilà les journaux qui ont sans cesse à la bouche
les mots de morale et de religion ! Là morale et la
religion sont bien à plaindre d’avoir de pareils défen-
seurs ! Elles n’ont jamais eu de plus cruels ennemis.
(Meuse.)
Le comité de l’Association libérale de Bruxelles
s’est réuni hier soir pour délibérer sur la commu-
nication de l’Association électorale de Louvain, de-
mandant la convocation d’un congrès libéral. La dis-
cussion qui a été des plus sérieuses est continuée à
une prochaine réunion.
On écrit de Liège, à l'Indépendance :
« Il paraîtra prochainement., en cette ville, un nouveau
journal qui sera l'organe des catholiques avancés, sous le
titre de Courrier de. la Meuse-, il y a une publication pé-
riodique qui se fait sous ce nom à Maastricht.
» Les .fondateurs du nouveau journal catholique sont :
MM. le baron Charles Deimarmol, avocat : Gustave Dalle-
magne, directeur des hauts-fourneaux de Sclcssin; Maurice
Tei'wangne, banquier; le comte Théodore d’Oultremont;
le comte de Limbourg-Stirum ; Ernest de Laminne ; Rose-
ret, avocat; Boseret, avoué; Jules Frésart, banquier
Marchot. négociant ; T.-B. Vandenberg, avocat, et Ancion;
Jamar, industriel. » -
Union du Crédit d’Anvers.
L’Ali\ I) ESCOMPTE.
Traites régulières acceptées........
Effets non acceptés et proroes’Ses.
... 3 0/0
... 3 1/2 0/0
Commerce, marine, etc.
ARBITRAGE INTERNATIONAL.
Le fait de la ï’éunion des arbitres internationaux à Ge-
nève, sur la base du récent traité entre la Grande-Breta-
gne et. les Etats-Unis,suscite un vif intérêt sur le Conti-
nent, dit le Times.
En Espagne, M. Marcoartn, membre des Cortès, a donné
avis de son intention d’introduire une motion semblable à
celle nue M. Henry Richard a présentée à la Chambre des
communes.
En Suède, M. Hedlund, membre de la Législature, a ré-
cemment parlé et écrit sur lé même sujet, ..
En France plusieurs journaux le discutent savamment et
une nouvelle société pour la propagande de l’arbitrage in-
ternational se fonde sous la présidence de M. Marbau.
En Hollande, les membres de la Ligue hollandaise de la
paix ont envoyé une adresse à M. Henry Richard pour lui
exprimer l’intérêt qu’ils portent au succès de sa motion.
Cette ligue comprend plusieurs hommes dès plus influents
de la Hollande. Son président est M. J. A. Jolies, de La
Haye, jurisconsulte de réputation européenne et actuelle-
ment ministre do la justice. Deux autres de ses chefs sont
membres du conseil d’Etat MM. F. J.'Baehiene et De
Hleeker ; plnsièurs membres de la législature en font éga-
lement partie,
NOUVELLES ÉTRANGÈRES
TURQUIE.
L E I)E LA TUR-
81TUATION FINANCIÈRE ET ADMINTSTR
que. — D’après un rapport qui, sans être officiel, est
l’expression de la situation vraie de la Porte, les ressour-
ces de cet empire, dit le Globe, de Londres, sont considé-
rables. Là dette consolidée est de-127,000,000 de livres ster-
ling et exige uu intérêt annuel de 8,000,000 de livres. La
dette flottante, quj est de 8,500,000 livres sterling, prend
au Trésor une somme annuelle de 1 million. C’est donc
9,000,000 qu’il faut trouver pour payer l’intérêt de ees
deux dettes. Le revenu de la Porto est' évalué, à 15,000,000.
Lo chiffre des dépenses lajsso un déficit qu'il s’agit de
combler. Le nouveau grand- vizir prend ses mesures
afin de balancer les recettes et les dépenses. On parle de
l'émission prochaine d'un nouvel emprunt garanti par
l’impôt existant sur les tabacs. Le grand-vizir va rétablir
et reconstituer la cour (les comptes et le bureau des mines,
supprimés sous le prétexte que les frais dépassaient le
produit. L’administrai ion civile va subir d'importantes ré-
formes. Assuré do l'appui du sultan, Mahmoud pacha mon-
tre lîho résolution et une fermeté remarquables. Si ,1e
grand-vizir atteint le but qu’il se propose, s’il réorganise
le servira civil comme le service militaire, les grandes
puissances européennes seront- rassurées sur l’avenir de
l’empire otloman.
ITALIE.
On lit dans XItalie, du 9 :
Un journaille ce matin annonce que le Sénat va être
convoqué en haute cour de justice,
« Cette nouvelle est pour le moins prématurée.
» Quelques citoyens ont demande „qu’en exerçât des
poursuites contre un- sénateur, à raison d’gbus d’autorité
qu’il aurait commis dans l’exercice do ses fonctions, étant
préfet dans une des principales villes du royaume.
» Le Sénat, seul compétent pour connaître des délits im-
putés à l’un de ses membres, a déféré l’examen de cette
demande à la commission chargée par le règlement d’in-
struire sur les faits dénoncés et de prononcer s’il y a lieu
à procéder. .
« Or, nette commission n'a pas encore .terminé cet exa-
men préliminaire, et elle n’a pu, par conséquent-, prendre
epeopo aucune décision. »
On écrit de Rome, 7 janvier :
Victor-Emmanuel est parti avant-hier pour Florence, où
se mourait d’une hypertrophie du cœur, à l’àge de 42 ans,
son gendre et oidelile camp lecoionel Spinala, un des plus
brillants, offîci,efs de Farinée italienne, marié à une fille du
”oi et dé là comfSâsè Mlraûori; sa femme morganatique.
On annonce le retour de Sa Majesté pour lo 10 ôti le 12,
Son excursion à Naples est retardée de quelques .jours.
La maison royale prend possession de la terre de Castel-
Pozziano.qued-e duc Grazieli vient de fui vendre 4 millions
1/2. Castel-Pozziano, situé dans une région triste et insa-
lubre entiie toutes de la campagne romaine, n’est à propre-
ment parler qu’une-cliasse d’hiver où il n’y a pas même de
l’eau potabié'. D’autre pâtit; le roi et la comtesse éprouvent
une invincible répugnance pour le séjour du Qihrinal, à
moins peut-être qu’on ne leur y dispose un logement dans
un pavillon au fond des jardins, ce qui n’est encore qu’à
l'état de projet. Remarquez que Victor-Emmanuel évite
partout d'habiter les appartements des souverains ses pré-
décesseurs. A Florence, il vit dans un casino dépendant du
palais Pitti ; à Napies, il préfère le petit château de Capo-
dimonte au palais royal. A Rome, comme ailleurs, il ne se
servira de la résidence de i’ex-maître que pour la vie ofll-
cielle.
En attendant que le pavillon soit prêt, on a loué avant-
hier, pour le roi et la comtesse, la villa Ludovisi, du prince
Piomoino. Cette magnifique résidence, dont los jardins ont
été dessinés par Le Nôtre, estTsiiuée dans l’enceinte de
Rome, mais dans un endroit écarté et tranquille, sur rem-
placement des jardins de Salluste. Le prince, un des rares
membres do notre grande noblesse qui fassent profession
d’italianisme, setait empressé de mettre sa propriété à la
disposition du roi. Mai.s la. maison royale a eu la délicatesse
de ne pas accepter ; elle payera un loyer de 00,000 francs
par an.
Rien de nouveau au Vatican.
ALLEMAGNE.
On écrit de Berlin, 4 janvier, an journal la Presse,
de Vienne :
“ Le rétablissement île l’armée alleman de est considéré,
pour l'essentiel, comme terminé. Ce fait, qui ne peut être
mis en doute, montré que l’administration militaire alle-
mande a exécuté réellement une œuvre surprenante. Dàns
l’espace de dix mois elle aura rétabli ce que sept mois de
guerre avalent consommé. En première ligne était laques-
tion des uniformes. Ceux-ci avaient tellement souffert des.
fatigues.de la campagne qu’il fallut déjà en expédier de
nouveaux en France, avant même que’ l’on songeât à la
conclusion de la paix. Manteaux, tuniques, pantalons,
bottes, casques, —- tout, était à renouveler. Les équipages
militaires n’avaient pas moins souffert. Les voitures du
train,toutes neuves au début de la campagne, n’étaient
plus que des débris. On comptait environ 6000 voitures de
toutes sortes qui suivaient l’armée; la plupart se trou-
vaient à la fin en très-mauvais état. De même ies
canons avaient besoin d’une réparation complète. Ceux
qui ont le plus servi ne pouvaient même plus être
réparés. Les sacs des soldats ont assez bien résisté;
seulement, fi a fallu leur donner un nouvel apprêt ainsi
qu’aux ceintures et aux selles. Quant aux chevaux, cclix
qui sont tombés avant été remplacés au décuple par los
montures prisés à l’ennemi, de ce eôtë là on se trouvait
abondamment pourvu; les chevaux revenus de France,
après la campagne, sont dans le ai eiken r état. La douceur
du climat, en France, les a fortifiés, et ils se sont très bien
trouvés ffo l’avoine française, dont la qualité est excellente.
Lorsqu’on a démobilisé l’armée, leâ chevaux vendus par
l’administration militaire allemande ont atteint de très
hauts prix, plus élevés mémo que ceux qu’ils avaient coûtés
lors de la. mobilisation; ils ont été, eh moyenne, vendus
près de 200 thalers. >>
FRANCE.
On écrit de Versailles, le 10 janvier :
« La journée a été importante. Avant la séance, on
apprenait que M. Buisson venait de communiquer à la com-
mission d’initiative son rapport sur Jçs motions proposant
le retour de l’Assemblée à Paris. On assurait que ce docu-
ment remarquable n’avait donné lieu à aucun débat, la
minorité de la commission réservant son opinion, mais
n’élevant pas d’objection contre les termes modérés dans
lesquels la question était présentée. Dès lors il devenait
certain que le rapport serait déposé devant la Chambre
pendant la séance, ot que lecture en serait faite immédiate-
ment si la majorité le demandait, comme on pouvait le
prévoir. On ajoutait, — les probabilités indiquant, si l’on
procédai! au vote, le rejet de la motion de retour à Paris,
— que le gouvernement se bornerait à demander l’a journe-
ment du débat pendant la durée de la discussion sur l’impôt,
ce qui prolongerait indéfiniment le séjour de l’Assemblee à
Versailles (car cette discussion commence à peine), mais
ce qui réserverait en môme temps la question de principe.
» C’est en effet ainsi quo les choses se sont passées. L’a-
journement sera évidemment de longue durée, les lois
d’impôt ne pouvant être élaborées promptement. Cette sus-
pension indéfinie d’une question pareille est-elle utile î
C’est ce que je ne me permets pas déjuger; les faits pro-
nonceront. En tout cas,il convient de remarquer que le
gouvernementen à la responsabilité, bonne ou mauvaise.
* En séance publique, on à commencé par les lois d’impôt.
La taxe sur les revenus des actions et obligations n’a pas
de bonheur; elle ne gagne pas en popularité sur les bancs
de la Chambre. Aujourd'hui, elle a été défendue par M. To-
lain, de iirrtérnatiôrvale; il reproche à la bourgeoise fran-
çaise de songer avant tout à se préparer un capital placé
en actions et en obligations, à devenit-actiohnaire ou obli-
gation naii'e » et à se retirer ensuite. Vous jugez comme cet
argument a été accueilli par la majorité.
- M. Benoist-d’Azy, au contraire, repousse le projet du
gouvernement. Il rappelle les grandes choses accomplies
par les Compagnies de chemins ue 1er, et ne sauraitapprou
ver qu’on s'ingénie pour aggraver les charges de cette im
portante industrie.
» La discussion générale des taxes sur les actions et obli-
gations est terminée. M. le président Grévy l'appelle que,
selon la procédure habituelle, il faudrait passer mainte-
nant à la discussion des articles. Mais le cnef du pouvoir
exécutif a demandé que l’on procédât autrement. Il vou-
drait que l’on discutât imméuiatement les droits sur les
matières premières et le décime, et que l’on ajournàt le
vote. (Oui ! oui ! — Non 1 non !) La Chambre aura à déclarer
ce qu’elle préfère. (Btuit.)
» M. Thiers dit que la pensée
M. Thiers dit que la pensée qui a présidé à la proposi
tion qu’il a eu l’honneur de présenter consiste àjcomparer
les divers impôts entre eux. Ainsi, l’impôt, sur les actions et
obligations ne sera pas rejeté ou adopte parce que l’on pas-
sera immédiatement à la discussion du décime ou des ma-
tières premières. C’èst un en-cas auquel on pourra toujours
revenir. Il s’agit seulement de continuer la discussion géné-
rale et de l’étendre aux matières premières et au décime. On
donnera ensuite la priorité à l’un ou à l’autre de ces impôts
quand le moment du vote sera venu.
» 11 ri’y a pas d’opposition et il reste entendu que l’on
suivra cette marche.
- A ce moment , M, Buisson-se présente à la tribune avec
le rapport sur la proposition du retour de l’Assemblée à
Paris. (Cris ; Lisez ! lisez ! — Non ! non ! à gauche. Bruit
épouvantable). La lecture est mise aux voix et votée à une
grande majorité.
» M. Buisson donne lecture de son rapport. 11 rappelle
que la question a déjà été tranchée deux fois ; maintenant,
a moins de trois mois de distance, on soulève encore la
même question. 11 n’y a pas de juridiction qui puisse résister
à des appels constahs sur la même matière. (Très bien ! à
droite. — Bruit à gauche.) Les Assemblées en France doivent
surtout compter sur elles-mêmes pour so protéger; leur
prestige ne peut se conserver que par la persévérance et
Ja fermeté dans les intentions. (Très bien! — Approbation
prolongée.)
- Mais ia politique ne peut toujours s’astreindre aux rè-
gles de la procédure ordinaire. L’Assemblée est honnête,
sincère, courageuse. Elle abordera la difficulté aveè cou-
rage et énergie. Il convient de rappeler en même temps
que le gouvernement ne fait pas, ne peut pas taire de cotte
question une question de cabinet.
» Qu’on ne l’oublie pas, en effet, M. Thiers a réservé posi-
tivement à Bordeaux rétablissement de l’Assemblée ailleurs
qu'à Versailles comme étant une question constitutive
qu’on ne peut résoudre sans diviser le pays. (Très bien !
très bien f) Voilà ce que M. Thiers disait à Bordeaux dans
le discours pour Versailles. *.
>’ Qr, que s’est-il passé depuis ? La Commune de Paris,
cette insurrection à laquelleon ne voulait pas croire à Bor-
deaux, et il convient ne- se demander ce qui serait arrivé
si, entraînée par des illusions qnou essayait de lui faire
partager, la majorité de l’Assemblée avait consenti à aller
s’eniermerà Paris âvafit le 18 mars. (Très-bien ! — Applau-
dissemens prolongés.) . ~ ‘
« Rien n’est donc survenu pour détounler i Assemblee
de continuer ses travaux de réorganisation làoù iis peuvent
se compléter tranquilieiBèfft et fermement, à Versailles.
La commission, à la majorité de 20 voix contre 10, propose
onc de rejeter la motion de retour à Paris. ,
» Le rapport s’occupe ensuite des objections présen tées
devant la commission par le gouvernement. Ces objections
reposent d'abord stir les difficultés des services adminis-
tratifs. La commission n'en'Cotiteste pas la valeur ; mais
elle trouve que le gouvernementa attendu bien longtemps
Dour les formuler ; il peut en faire l’objet d’une proposition
.égislative, et les résoudre ainsi. Enfin la commission ne
sanrait faire passer la commodité des employés avant les
grands intérêts politiques du pays. (Applaudissements.)
» (Jri a parlé aussi des dangers pour la Chambre de s’iso-
1er de l’opinioii publique. Mais la politique n’est plus au-
jourd’hui ce qu'elle était jadis,- elle ne' se fait plus par 1 u-
nion de la Chambre, de quelques salons et de quelques jour-
naux. L’expression (le l’opinion véritable arrive aussi bien
à Versailles qu’à Paris. Si Ton parle de la fausse opinion,
du mot d’ordre des partis révolutionnaires aile Ion prétend
être aujourd’hui “ Paris capitale ”, il faut bien savoir que
ces partis trouveront toujours un mot d’ordre à leur ser-
vice. Aujourd’hui c’est le retour à Paris, demain ce sera
l’amnistie, après-demain la dissolution; et même cela
commence déjà, car on avoue hautement qu’on nous rap-
pelle à Paris'pour nous dissoudre. (Bruyants applaudisse-
ments). 1
» En résumé, la commission propose à 1 Assemblée ue
rester à Versailles, ce quartier stratégique de Paris (très-
bien !), pour y continuer son œuvre do réorganisation du
pays. Paris a été héroïque pendant la guerre ; ii ne s’agit
pas de punir Paris, selon une expression odieuse et fausse,
mais d’aider la Franee et Paris à se relever. Restons à
Versailles; loin des démonstrations sans armes, loin d un
foyer à peine refroidi. L’essai de la république se fait bien
plus sérieusement, bien plus sincèrement à Versailles, et
l’Assemblée en agissant ainsi affirmera encore une fois la
loyauté de ses intentions. (Bruyants applaudissements. —
Longue agitation). ....
. » L’animation de la Chambre s’étaiit ealmee, on en re-
vient aux lois d’impôt. . . ....
" M. Tirard prend la parole devant une assistance déjà
moins nombreuse. Il repousse les droits sur les matières
premières. Il combat ces droits comme l'impôt le plus fu-
neste qii'il soit possible d'imaginer.On parle des Etats-u ms
qui ont relevé leurs tarifs; mais l’industrie de ce pays ne
peut s.uflire à sa consommation intérieure, tandis quen
France l’industrie a besoin de travailler pour l’exporta-
tion. .
» L’orateur donne des détails fort interessants sur les
conditions fie l’industrie française et principalement pari-
sienne, et sur l’effet qu’aurait pour elle l’établissement de
droits élevés avec drawsbacks. Dans un grand nombre de
circonstances, ii défie là douane d’arriver aux constata-
tions pour établir les drawbacks. En d’autres cas, ce sera
l’inquisition, que le gouvernement craint tant d’iîitroduire
en France. L industrie spécialement parisienne, exercée
par des ouvriers travaillant chez eux, emploie des matières
variées sur lesquelles le droit attrait une influence désas-
treuse. , .
” M. le due Decazes signale les inconvénients du regime
des drawbacks, les fraudes, l'arbitraire auxquels il donne
lieu. Il ne comprend pas, du reste, quoi qu’en dise le gou-
vernement, comment il pourrait arriver à élever immédia-
tement, et dé manière à obtenir des sommes dont il a
promptement besoin, des tarifs qu’il ne peut modifier qu’à
la suite de négociations heureuses avec les puissances
étrangères en laissant écouler le délai d un an.
- Examinant l’effet, du droit de 20 0/0 avec drawback,
l’orateur démontre, chiffres en mains, que sur les soles il
ne produira rien. Sur les laines, il a quelquefois coûté plus
en remboursements qti’il ne rapportait. Sur le coton seul on
peut le considérer comme productif, quoiqu’il le soit moins
que le gouvernement ne le prétend.
” Ainsi, sur l’article de luxe, sur lasoie, l’impôt sera nul;
seulement en surchargeant le produit à l’intérieur, on obli-
gera peut-être l’industrie de la confection àaller se fournir
à l’étranger, à Londres ou à Bruxelles.
» Sur le coton, la taxe opérera de la manière suivante :
elle grèvera surtout les articles communs dont la popula-
tion a besoin pour se vêtir, parce qu’ils contiennent le plus
de matières premières.
« En résumé, les droits sur les matières premières ren-
dront moiiis que le gouvernement ne l’espère ; la moitié
probablement ; 30 millions,au lieu de 90. Et au prix (le quels
sacrifices ? Un sacrifice de principe d’abord : on frappe les
objets de première nécessité pour les classes pauvres ; un
sacrifice de moralité ; les drawbacks donnent lieu aux
fraudes les plus déplorables ; ajoutez-y l’arbitraire et la
désorganisation du commerce et de l’industrie. Voilà ce
que représentent des droits sur les matières premières.
(Très bien ! — Approbation.)
» L’orateur ne se bornera pas à critiquer. Il est tout prêt
à indiquer le système qui lui parait le moins fâcheux ; c’est
l’élévation des contributions directes avec de justes ména-
gements pour la situation actuelle de la propriété foncière,
laquelle, autant et quand elle le pourra, sera la première à
revendiquer sa part des charges nouvelles imposées à
l’Etat. (Applaudissements.) Tel est le système préférable
non-seulement à celui du gouvernement, mais encore à
celui de la commission. (Très bien !)
» Ce discours, très étudié, rempli de faits et de renseigne-
ments précieux, et animé, comme vous le voyez, d’un esprit
très libéral, a un grand succès, et a été accueilli avec lino
approbation marqffée aussi bien à gauche que du côté droit
de l’Asseiqblée. .
» La discussion paraissait terminée pour aujourd’hui; il
était six heures. Un grand nombre de bancs élaient dégar-
nis et beaucoup de députés se retiraient, lorsque M. Dahi-
rel est venu demander que la discussion du rapport de
M. Buisson fût fixée à lundi. Ce rapport (levant etre im-
primé dès demain, il ne voyait aucun motif pour ajourner
le débat, d’autant plus que M. le ministre de l’intérieur
avait déclaré récemment encore que lorsque de pareilles
questions étaient soulevées, elles devaient être prompte-
ment résolues.
- M. Casimir Périer répond que, malgré l’importance de
ce sujet, malgré la nécessité... (une voix; De rester à Ver-
sailles)... de le discuter, il y a quelque chose de plus urgent
encore : c’est l’examen des impôts. On pourrait inscrire la
motion sur le retour à Paris à l’ordre du jour immédiate-
ment. (Oh! — Bruit.)
- M. Thiers demande que Ton se mette a la place de ceux
qui assistent à ces débats sans aucun repos. (Voix ; Nous
aussi nous y assistons !) Il est impossible d’interrompre
une discussion d’impôts pour laquelle il faut se livrer aux
calculs les plus difficiles. (Allons donc ! — Bruit prolongé.)
Les députés ne se donnent pas la peine que se donne Je
gouvernement. Je suis épuisé, dit M. Thiers. Il m’est im-
possible d’interrompre ce travail d’impôts. (Oh ! oh !) Vous
ne pouvez attacher une si grande importance au moment
où viendra cette discussion politique. Je demande qu’elle
vienne après les débats financiers.
» La question, ainsi posée, est résolue comme le demande
le gouvernement, à une assez faible majorité1, et la séance
est levée. »
Hier a eu lien, dans la grande salle du Grand-Hôtel, la
réunion des commerçants et industriels parisiens, convo-
qués par les chambres syndicales, pour exprimer leur opi-
nion sur les projets financiers du gouvernement et sur la
dénonciation du traité de commerce. L’assistance était
nombreuse et comptait 7 à 800 personnes.M. Flotard,député
du Rhône à l'Assemblée nationale, occupait lo fauteuil.
M. Petit a fait connaître les résultats de l’enquête faite
par les chambres syndicales du commerce parisien sur les’
effets du traité de commerce avec l’Angleterre ; vingt-cinq
chambres de commerce se sont prononcées pour la liberté
commerciale purement et simplement ; dix-sept chambres
ont demandé ie maintien du traité de commerce, en faisant
des vieux pour le développement des travaux publics et
l'abaissement des tarifs des chemins de fer. Quatre cham-
bres ont déclaré n’avoir pas d’intérét dans la question et
ont passé à Tordre du jour ; sept chambres seulement ont
pris parti pour la dénonciation du traité.
Le vice-président de lachambre syndicale des nouveautés
prend .ensuite la parole ; dans; un discours très étudié et
plein de faits, il loue le traité de commercé. L’industrie
française en conçut des inquiétudes, dont elle fut prompte
à revenir ; maintenant que des efforts héroïques et cou-
ronnés de Succès ont été faits, est-il, opportun do retour-
ner en arrière et d’abandonner le prix des sacrifiées si
laborieusement accomplis ?
M. Feray, membre de l’Assemblée nationale, monte en-
suite à la tribune; il débute par des compliments à l'adresse
de M. Thiers, dont il n’hésite pas, d’ailleurs à combattre
résolument les projets financiers. Le système de l’admis-
sion temporaire ne peut être pratiqué qae quand la matière
quj entre dans l’usine en sort fabriquée apres une seule ma-
nutention,comme le sucre delà raffinerie : l’industrie pari-
sienne ne pourrait- profiter de l’admission temporaire et j tenant avec un képi
serait perdue. L’orateur insiste sur les fraudes que provo-
quent les drawbacks et sur l’incapacité du douanier à dis-
tinguer la nature des tissus.
M. Wolowski succède à M. Féray. L’orateur défend la
proposition qu’il avait faite à l’Assemblée nationale au sujet
de l'impôt sur le revenu. Une notable partie de l’auditoire
applaudit à l’éloge de Yiacom.e tax.
Le président met aux vojx un-ordre du jour « protestant
éiiergiquement contre les 'droits sur les matières premières
et acceptant toutes les charges sons toute autre forme que
les douanes. » Cet ordre du jour est voté par l’unanimité
de la réunion, moins cTéux voix.
A leur dernière réunionnes membres de la Société d’écô-
iiofnie politique ont eu la bonne fortune d’avoir pour hôte
Tempereuf du Brésil. Ce souverain, fils de dona Maria de
Portugal et du prince de Leuchtemberg de Russie, a un
type qui rappelle les deux races d’où il émane. Le front et
les yeux, três-rapprochés Tun de l’autre, appartiennent à
la race kalmoucke ; le nez, et toute la partie inférieure de
la figure se rattachent aux types arabe et espagnol. Le
front atteste l’intelligence, les yeux sont noyés, et ont une
expression de bonhomie remarquable. Sa chevelure est
blonde et sa barbe qu’il porte tout entière et qui commence
à grisonner lui donne un cachet qui le rapproche d’un Otto-
man.
Don Pedro est plutôt grand que petit. Il avait accepté
{'invitation à la condition qu’il conserverait le plus strict
incognito. C’est pourquoi on ne Ta point traité de Majesté.
Hest entré dans la salle comme un simple particulier, re-
vêtu d’un paletot couleur marron, d’un gfiët noir et d’un
pantalon de même nuance. Il avait a la main un chapeau
de soie. On aurait dit un petit bourgeois en visite chez un
voisin.-
A son arrivée, M. Passy,ancien ministre, et M. Renouard,
procureur général à la cour de cassation, tous deux prési-
dents de la société, l’ont reçu sans fracas. L’empereur s’est
entretenu avec eux, et avec plusieurs membres ae la société
qui sont venus se joindre au groupe dont il faisait partie. Il
>arle assez péniblement le français, mais il s’exprime en
rès bons termes. Il affecte surtout de s’enquérir de ques-
tions qui touchent au domaine économique.
Le maître d’hôtel, ayant annoncé que le dîner était servi,
empereur s’est placé à une tablé disposée entre deux fers
à cheval, ayant M. Passy à sa gauche et M. Renouard à sa
droite. Il y avait à la même table quelques membres de la
société occupant une position dans Tes sciences et la politi-
que.Le diner,comme d’habitude, a donné lieu à des conver-
sations particulières. Après le dessert,M.Passy s’est levé et
a résumé les différentes réformes que l’empereur du Bré-
sil avait faites dans ses Etats. Il a terminé par la plus mé-
morable, l’abolition récente de l’esclavage. L’anuitoire a
battu des mains. Alors, restant sur son siégé, Don Pedro a
remercié le président ainsi que la société de l’honneur
qu’ôlfr avait bien voulu lui faire en l’admettant à la réu-
nion.
Il a dit que c«* du’il avait fait n’était que des emprunts à
la civilisation dé ï’Rurope, et qu’il consacrerait tous ses
soins à suivre les progrès ùui s’accomplissent chaque jour
et à les réaliser dans les limites du possible.
Hier ont commencé devant la cô'JT de Paris les dé-
bats de Taffaire de M< Victor Place, ex-consul géné-
al de France aux Etats-Unis, prévenu d’abus de
confiance, et acquitté par le tribunal correctionnel.
Depuis le 19 octobre, date du jugement, des révélations
nouvelles' se sont produites. Aussi l'appel du ministère
public s’explique-t-il par la gravité même de l’affaire, pay
la production de documents nouveaux, et enfin par le chif-
fre des Intérêts- engagés. On sait, en effet, que le trésor pu-
blic élève à une Somme qui dépasse 1,100,000 fr. le montant
des restitutions qu’il poursuit contre l’ex-consul de France
aux Etats-Unis.
M. Victor Place est assisté de M® Ri volet, aux côtés du-
quel s’asseoit le frère du prévenu, l’évéque de Marseille.
Me Rivolet a posé des conclusions par lesquelles il de-
_ande que - les documents nouveaux produits depuis l’ap-
pel, tels que les extraits de dépêches diplomatiques, les
traductions d’affidavits soientlivrés en originaux car les
ministres des affaires étrangères et déposés au greffe pour
ÿ être consultés par la défense.,
’ » Qu'en tout cas, les débats ne puissent porter que sur
les faits relevés à la charge de M. Place dans la requête
d’appel ou dans le réquisitoire qüi a précédé l’ordonnance
de renvoi. » . ’
La cour, considérant que i'drdoiinance du juge d’instruc-
tion renvoyant Place devant le tribunal correctionnel, a
écarté les griefs de concussion, de faux et d’escroquerie et
retenu tous les faits d’abus de confiance que Place a pu
commettre au préjudice du gouvernement français ; que
l’appel du ministère public faisant revivre tous les faits
sans exception, en a saisi la cour, qui est compétente pour
y statuer ;
(Sur l’autre point des conclusions, la cour constate que le
droit a reçu pleine satisfaction quant à la communication
dos pièces.)
DeDoute le prévenu et ordonne qu’il sera passé outre.
Le rapport n’a pas duré moins de cinq heures. L'heure-
était trop avancée pour procéder à l’interrogatoire. De-
main cet interrogatoire doit, dit-on, remplir l’audience.
Un mot sur le rapport du conseiller Bertrand ; c’est un
travail remarquable, consciencieux, mais qui semble a re-
noncer des tendances moins favorables à M. Place que
celles qui ont pfévalu en première instance. C'est ainsi que
le rapporteur a examiné tous les faitsflitsde moralité, c’est-
à-dire ceux qui, sans être incriminés, peuvent exercer une
influence sérieuse sur la décision de la cour ; il s’agit surtout
de ces achats faits sans ordre de carabines Snider, achetées
à des prix très-supérieurs aux prix du commerce, et qui
n’ont pu être utilisées tant elles étaient défectueuses, et
aussi d’un achat de carabines Roberts et de mitrailleuses
payées 35 p. c. plus cher que les mêmes mitrailleuses livrées
par M. Rennington.
M. Place, lors des premiers débats, a essayé de porter
l'attaque dans le camp de la commission d’armements. On
dit celle-ci três-déeiaée à se défendre ; elle n’a pour ceîà
qu’à produire des documents nouveaux.
A demain l’interrogatoire.
6» conseil de guerre de Versailles
Présidence du colonel Delaporte.
ASSASSINAT DE I.’ARCIIEVEQl F. DF. CARIS F.T UE CINQ AUTRES
OTAGES DE LA ROQUETTE. — 24 ACCUSÉS.
' Audience du 10 janvier.
On procède à l’interrogatoire de Bastile Hur.
M. le président. — Vous avez accepté les fonctions de
greffier à la Roquette sous la Commune ; vous êtes resté
dans cat emploi jusqu’au 25 mai, et par conséquent vous
avez assisté à l’exécution des otages. Qu’avez-vous à dire
au conseil ?
Hur. — Le 24 mai, vers cinq heures, je prenais un rafraî-
chissement chez un marchand de-vin, quand François est
arrivé avec Genroud, le second greffier de la Roquette. Gen-
roud, regardant dans la rue, dit tout à coup : Tiens, voilà
le peloton d’exécution. Le directeur dit aLors ; Mais, ils
vont chez nous. Et il se leva pour suivre la troupe. Un
quart d’heure après on nous a envoyé chercher, et en ar-
rivant dans la cour, j’ai retrouvé la bande armée. On discu-
tait. Je me suis enfui dans ma chambre où je me suis en-
fermé. Vers huit heures, j’ai entendu la détonation. Je ne
saurais reconnaître personne.
D. François, à qui- avez-vous réclamé les listes !
François. — A Genroud. Quand je .vis le poloton.je le
suivis dans la prison et jè’suis resté au greffe.
D. Hur, vous avez dit : “ On venait nous chercher pour
donner les listes. »
Hur. — Oui, Monsieur, on les a demandées à Genroud.
D. Vous dites encore : Je ne sais qui est venu me cher-
cher, le directeur ou le brigadier-chef. » Quel est celui des
deux? — R. Je no me souviens pas.
D. Vous aviez une certaine craint,q, du directeur : pour-
quoi cela ?— K. J avais peur, j’étais troublé, on fusillait tout
le monde. * • ,
D. François vous traitait de réactionnaires. Genroud et
vous ; pourquoi cela ? — R. C’était à cause de ma timidité.
D. Où avez-vous passé lanuit ? — R. Dans mon lit. Lo len-
demain, j’ai dit que j’étais malade et je me suis enfui chez!
un garde national qui m’a donné l’hospitalité.
M. le commissaire du gouvernement. — Ainsi, François,
à cinq heures vous connaissiez déjà la formation du peloton
d’exécution.
François. — 11 était six heures.
D. Mais puisque vous i'avez su chez le marchand de vin ?
— R. Je nesavais pas ce que voulaient-ces hommes. Je ne
Tai appris qu’en arrivant au greffe. Genroud avait des rela-
tions avec la Commune et il donnait des nouvelles du de-
hors. Je lui fis même des reproches parce qu’il négligeait
son service. -
D. Quel costume portiez-vous ? — R. Celui que j’ai maln-
bruxellm.Ofjfice de Publicité, rue
de la Madeleine, 46.
30.-
30.- |