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Samedi 20 Avril.
1878. — Quarante-troisième année. — N” HO.
Samedi 20 Avril.
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Bruxelles, Office de Publicité, rue de la
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Journal Politique, Commercial, Maritime, Littéraire et Artistique.
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CHEMIN DE FER DE L’ETAL. — D'Anvers pour Malines et Bruxelles à 5.25,6.35, 7.40 F.,
9.15 F., 9.50,10.50 E., 12.15, 1.15 F., 3.15 F., 3.33, 4.40, 5.50,6.50 E., 8.25 F., 8.55,10.15 E—Lierre
5.30, 7.12,9.a3,11,1.50, 5.21, 8.28. - formonde et Gand 5.25 F., 5.30, 9.50,12.15, 3.33, 4.45 F.,8.55. -
Alost (par Termonde) 5.30, 9.50, 12.15,3.33,8.55; (par Bruxelles) 5.30, 9.15 F., 10 50 F., 12.15,
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Ath (par Bruxelles-Nord) 5.25,10.50 F., 12.15, 3.33, 6.50 F. — Bruges, Ostende (par Malines)
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Courtrai, MousCron, Tournai, Lille 5.25, 9.50. 12.15,3.33, 4.45. - Cala
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10 F. — Landen 5.30. 9.50, 12.15,'4.45,’6.50. — Spa 5.:», 9.15 F., 9.50, 12.15. — Allemagne 5.25
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Bruxelles pour Anvers à 5.27, 6.17, 7.18, 8.03 F., 9.16 F.. 9.51,10.50,12.43, 2.30 F., 3.45, 4.34,
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LIGNE D’ANVERS A BOOM. — D’Anvers pour Boom 6.45,11.12, 5.10,10.20. — De Boom pour
Anvers5.20,9.20, 3.10, 8.45.
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CHEMIN DE FER GRAND CENTRAL BELGE.
D’Anvers pour Lierre 5.30, 7.12, 9.23, 11.00, 1.50, 5.15. 8.28. — Aerschot, Louvain, Diest,
Hasselt 7.12, 933,1.50,5.15. - Maastricht e.t Aix-la-Cbapelle 7.12,9.33, 1.50, 5.15. - Roosendaal,
Breda, Dordrecht, Rotterdam 7.20,9.05 F., 10.25,2.30 (jusqu'à Roosendaal), 3.41 F., 6.45. — Otti-
gnies, Lodelinsart,Charleroi,Berzée, Walcourt, Marienbourg, Viraux et au-delà7.12,9.33 (Jusqu'à
Walcourt), 1.50, 5.15 (jusqu’à Lodelinsart). — Herenthals, Turnhout et Tilbourg 5.30,11 (jusqu'à
Turnhout), 5 15.
CHEMIN DE FER DU PAYS DE WAAS.
D'Anvers pour Gand 7.15,8.50 F., 10.%, 2.05,3.50 F., 7.15. — De Gand pour Anvers 4.30,7.05,
9.25 F., 10.50,2.20, 5.25 F., 7.05.
BATEAUX A VAPEUR.
D’Anvers (départs du Veerdam) pour Tamise 8.30,10 matin, 5 heures soir. — D’Anvers pour
Boom 1.30 et 5h. soir.— De Tamise pour Anvers7 et 10.30 h. m., 1 b. s. — De Boom pour
Anvers 6.30 h. matin.
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Rubrique Anvers, la Kgne... > 2.50
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MM. Havas, Laeitte & O, Place de la Bourse,
8, Paris, et à MM. G. L. Daube & C«, 31, rue du
Faubourg Montmartre, Paris.
ST* Les annonces sont mesurées au ligno-
mètre. '— Les titres se paient d’après l'espace
gu'ils occupent. On ne pev.t garantir les dates
LISTES ÉLECTORALES.
RÉCLAMATIONS des cléricaux.
Les électeurs qui auraient reçu de la part
des cléricaux une demande de radiation de
eur nom des listes électorales, sont instam-
ment priés de flaire remettre cette pièce au
bureau de l’Association Libérale et Consti-
tutionnelle d’Anvers, Place Verte, 31, au
premier.
RÉSUMÉ POLITIQUE
La nouvelle à sensation lancée par VEcho a sus-
cité dans la soirée d’h iep une pluie de dépêches,-
dés quatre coins de l’horizon sont arrivés des dé-
mentis catégoriques rédigés dans des termes plus
ou moins optimistes. De Berlin on télégraphie que
quoique la nouvelle de l'Echo soit prématurée,
cependant la solution n’était plus aussi tendue et
que “ l’Autriche travaillait activement pour la
réussite de la conférence dont les chances avaient
augihanté, »
La dépêche de Viennanous renseigne plus exacte-
ment. Nous la donnons textuellement ;
i. La nouvelle de l'Echo, que les invitations à la
conférence préliminaire auraient déjà été lancées,
est inexacte. La question de la conférence est su-
bordonnée au succès des négociations pour le
retrait simultané de la flotte anglaise et des troupes
russes de leurs positions actuelles. Le cabinet de
Berlin s'efforce d’obtenir l’acceptation en principe
de ce retrait. Ensuite viendra la question de fixer
les limites de ce retrait. C'est seulement après
qu’un accord entre l’Angleterre et la Russie aura
été obtenu sur ces points que les invitations à la
conférence seront lancées.
« Bien que les cabinets de Londres et de Saint-
Pétersbourg ne se soient pas encore prononcés sur
le principe d’un retrait simultané de la flotte an-
glaisé et dè l’armée russe des positions respectives
qu’elles occupent, la première dans la baied’Ismid,
la seconde autour de Constantinople,les cabinets des
Berlin et de Vienne se sont préoccupés des limites
dans lesquelles ce retrait pourrait être accepté par
l'Angleterre et la Russie.
» Les limites suggérées par la chancellerie alle-
mande seraient, assure-t-on, Andrinople pour
l’armée russe et le Pirée ou le golfe de Salonique
pour la flotte anglaise, qui ne s’éloignerait pas ainsi
de ses dépôts de charbon.
.. On semble de ne pas douter de l’adhésion de
laRussie au principe de ce petraitsimultané. Toute-
fois, il serait possiple que la Russie y mit la condi-
tion expresse, que les Turcs évacueront aupara-
vant Choumla et Batoum.
» On ignoré complètement quelles sont les dis-
positions du gouvernement anglais relativement
au projet de retrait simultané. »
Mentionnons ici une dépêelie de Paris d’hier,
d'après laquelle « l'Angleterre a déclaré qiTelle ne
rappellerait son escadre que si les Russes se retirent
à Andrinople. » Cette dépêche, même au cas où elle
serait confirmée, ne tranche pas la question. Le
nœud git dans la simultanéité du retrait. L’Angle-
terre ne se laissera pas jouer à ce sujet.
Le Daily News, qui a paru ce matin à Londres,
publie une dépêche de St-Pétersbourg du 19 avril,
disant que la proposition de faire réviser par le
Congrès les traités de 1856 et 1871 a été acceptée
parla Russie et déclinée par l’Angleterre, qui in-
siste sur les conditions primitives. D'après le Ti-
mes, malgré ces nouvelles difficultés, les négocia-
tions continuent.
Enfin M. Bratiano a rendu compte de son voyage.
.Des avis de Bucharest portent que dans une séance
secrète, tenüe jeudi, M. Bratiano, parlant du ré-
sultat de sa mission, adéclarè que les grandes puis-
sances sont décidées à défendre rigoureusement les
seuls intérêts qu’elles considèrent comme vitaux et
essentiels pour leur propre sécurité, mais qu’elles
négligeront les questionsqu’èllesregardent comme
secondaires ; l’Autriche et l’Allemagne entendaient
fermement que la Russie neportàt aucune atteinte
à la liberté ae la navigation sur le Danube, et que,
relativement à la question de là Bessarabie, la Rou-
manie pouvait cômptér sur leur appui en tant que
cette question resterait li$e à celle de la liberté de
navigation.
Il a ajouté que les deux mêmes puissances étaient
prêtes a se contenter de la neutralisation du Da-
nube sous certaines garanties. Le cabinet de Ber-
lin, allant plus loin, avait formulé l'avis qu’en
conséquence de ces dispositions il était plus avan-
tageux pour la Roumanie d’entrer en arrangement
avec la Russie. M. Bratiano a conclu en disant que
la situation était très-grave pour la Roumanie.
Cette déclaration du ministre roumain a été sui-
vie d’une'discussion orageuse et passionnée.
Plusieurs sénateurs et députes, qui ordinaire-
ment votaient avec le gouvernement, ont attaqué
avec violence M. Cogalniceano et déclaré que sa
présence ‘ dans le cabinet n’était pas de nature à
inspirer confiance ni au Parlement ni à l’Europe.
M. Cogalqiceano a répondu qu’il prenait en toutes
circonstances l’avis de ses collègues, mais qu’il était
prêt à se retirer si le Parlement émettait contré
lui un vote de blâme en séance publiquè.
On croit que, dans une séance qui devait avoir
lieu hier, M- Cogalniceano aura été vivement atta-
qué. .......... ' ' ;
Le baron Stuart, agent diplomatique de Russie à
Bucharest, dans une entrevue récente, a tenu au
prince Charles un langage comminatoire. Parlant
de l’agitation que provoquaient dans les esprits lé
ton violent de îa presse roumaine et les discussions
sans cesse renaissantes dans le Parlement et rele-
vant particulièrement les expressions exagérées
que M. Cogalniceano employa lors des dernières
discussions, il a dit que ces expressions, à elles
seules, auraient justifié une rupture des relations
diplomatiques, si la Russie avait eu l’intention de
pousser les choses à l’extrême.
Il a représenté les dangers qu’il y aurait d’entre-
tenir une pareille agitation, surtout au moment où
les Russes sont obligés de prendre des mesures
militaires qui ne cachent aucun dessein hostile
contre la Roumanie et qui n’ont qu’un simple ca-
ractère de précaution.
Il conclut en disant qu’il serait plus avantageux
pour le gouvernement roumain d’apaiser les esprits
plutôt que de les surexciter, car un pareil état de
choses pourrait entraîner des conséquences dont la
Russie déclinait davantage toute responsabilité.
Le compte-rendu de cet entretien est fourni par
1 Agence Havas, ce qui signifie que rien n’y est
exagéré ; au contraire !
On signale une suspension d’armes en Thessalie,
par l’entremise de l’Angleterre, entre les insurgés
helléniques et les Turcs.
Quand M. Goblet d’Alviella réclame la créa-'
tion d’écoles normales, la construction d’écoles j
primaires en nombre suffisant pour répondre'
a tous les besoins, le développement au pro-
gramme scolaire et la sécularisation de l’in-
struction publique à tous les degrés, il répète
des vœux maintes fois formulés par les libé-
raux du pays entier et qui, dans la plupart
des grandes villes, ont reçu déjà une réalisa-'
bon totale ou partielle.
Quand il demande l’abrogation du décret duj
, prairial an XII, son exigence ne tend qu’à
Ja consécration légale d’iin état de fait, la po-
o-k6s cimebères étant depuis longtemps
attribuée aux administrations communales.
v.Qdaad il veut que nul ne puisse exercer
1 doctorat s’il ne satisfait? aux lois sur le îurv.
sur lamiliceet sur la gardecivique, il applique
simplement à tous les citoyens le niveau du
droit commun auquel le législâteur n’eût ja-
mais dû déroger.
Quand il propose d’exonérer les provinces
et les communes de certaines dépenses rela-
tives à la célébration du culte, à ses édifices
et à ses ministres, il entend assurer d’une fa-
çon plus efficace qu’il ne l’est aujourd’hui le
contrôle de ces dépenses qui, en réalité, n’in-
combent qu’à l’Etat, dépenses qui doivent
d’ailleurs être réduites dans les limites tracées
par l’article 17 de la Constitution. C’est à cette
proposition que se rattache celle de M. Frère-
Orban tendant à supprimer le traitement des
Srêtres condamnés pour attentats aux mœurs.
L Goblet va un peu plus loin ; il voudrait
que la déchéance du traitement fut également
la conséquence d’une condamnation encourue
du chef d’infractions à l’article 268 du code
pénal (attaques dirigées par un ministre du
culte contre le gouvernement, une loi, un ar-
rêté royal ou tout autre acte de l’autorité pu-
blique). Cet article, d’après M. Goblet, devrait
être plus sérieusement appliqué et être rédigé
de façon à atteindre les attaques calomnieuses
dirigées contre les écoles publiques, les man-
dements anti-patriotiques de nature à com-
promettre nos relations vis-à-vis de l’étranger,
enfin les tentatives pour entraver lés fonction-
naires dans l’accomplissement de leurs devoirs
et l’abus de l’autorité spirituelle pour violen-
ter le libre choix de l’électeur. Nous croyons,
quant à nous, que la plupart de ces délits
tombent sous 1 application de la loi.
L’inti’oduction du vote alphabétique entre
tous les électeurs de l’arrondissement et le
mélange des bulletins au bureau central de
chef-lieu, ajouterait une garantie de plus à
celles dont le code électoral a voulu entourer
l’indépendance de l’électeur, en vue d’assurer
la sincérité du vote.
Quant au rétablissement de la main-morte
par des moyens détournés, il est évident qu’il
doit être énergiquement combattu. D’après la
lettre et l’esprit du code civil, les associations
non reconnues ne peuvent posséder que par
une tolérance de rEtat. Le bénéfice ae cette
tolérance doit être enlevé à quiconque en
abuse au détriment des intérêts privés et
publics. Peut-être avant la fin de la session
une proposition de loi conçue dans ce sens
sera-t-elle soumise aux délibérations des
Chambres.
Sur tous ces points, peu ou point de diver-
gences d’opinions parmi les libéraux.
Restent, dans le programme de M. Goblet,
le rétablissement d’u-n jtiryceîrtralTiomTrtépar
l’Etat pour la collation des grades académiques,
la suppression des honneurs accordés aux
ministres des cultes par le décret du 24 mes-
sidor an XII, la révision du budget des cultes,
la répression du trafic des messes, Inapplica-
tion de l’article 555 du code civil aux couvents
qui hébergent des religieux de passage, l’ap-
plication aux trafiquants d’eaux miraculeuses
des dispositions relatives à la vente de remèdes
sans ordonnance de la faculté, enfin la ré-
forme de l’organisation du temporel des cultes.
Cette dernière exigerait un examen appro-
fondi et sérieux. Les autres ne nous paraissent
avoir qu’une importance secondaire. On ne
doit pas perdre de vue que l’excès de régle-
mentation est aussi un danger et que la légis-
lation qui prévoit le plus de cas particuliers
D’est pas pour cela la meilleure, la plus
efficace ; M. Goblet reconnaît d’ailleurs que
les réformes qu’il préconise sont plus ou
moins importantes. H ne tient pas absolu-
ment à les voir entrer toutes dans le pro-
gramme du libéralisme. Il tient surtout au
triomphe du principe auquel elles se rap-
portent .* la séparation effective de l’Eglise et
de l'Etat, principe que les audacieux empiéte-
ments du clergé remettent sans cesse en dis-
cussion et qui seul peut assurer la stabilité de
l’ordre social.
Nous croyons en avoir dit assez pour établir
que si le programme de M. Goblet n’est pas de
nature à être adopté ne varietur, prétention
que son auteur a soin d’ailleurs de répudier,
il ne justifie pas non plus les critiques super-
ficielles dont il a été l’objet de ia part du Jour-
nal de Bruxelles.
Il paraît que, dans les sphères ministérielles, on
commence a renoncer à l’espoir de faire voter par
les Chambres, dans la session actuelle, le projet de
loi fixant une nouvelle répartition des conseillers
provinciaux, et d’appliquer aux élections provin-
ciales les dispositions de la loi çjir le secret du vote.
La Chambre a pris tant de congés selôn son habi-
tude qu’elle n’aura plus le temps d'arriver. C’est
qu’il ne suffit pas de courir, il faut partir à point.
(Étoilé).
VEurope diplomatique annonce que M. Wad-
dington, ministre des affaires étrangères de France,
vient de recevoir le grand-cordon de l’ordre de
Léopold.
Qùel est donc l’acte de ce ministre républicain
qui a pu lui valoir pareille distinction de la part
de notre cabinet catholique ?
C’est peut-être l’assurance que ce n'est pas lui
qui prendra jamais au mot notre gouvernement en
lui faisant dès ouvertures en vue de négociations à
engager pour rétablir « l’indépendance du Pape. «
(Etoile.)
L'Indépendance trouve le jugement rendu
par la célèbre 2e chambre du tribunal d’Anvers
si ébourriffant qu’à peine peut-elle y ajouter
foi :
Malgré la cléricalisation de la magistrature en-
treprise et menée à bien par M. le ministre de la
justice, nous ne pouvons, dit-elle, imaginer qu’un
tribunal belge en soit venu à rendre de pareilles
sentences. Si cependant les faits se confirmaient, si
le jugement rendu à Anvers était bien tel qu’on
nous le dit, en le. rapprochant de celui du tribunal
de Courtrai dans l’affaire des jeunes filles échap-
pées d’un couvent, on s’expliquerait de mieux
mieux l’intention qui avait présidé au projet de
mieux en
, ......_ . ......, qjet de ré-
forme, touchant lés juridictions électorales, que le
ministère avait proposé à la Chambre et qu’il s’est
vu contraint d’ajourner. Les magistrats capables
de réndre de pareils jugements seraient, en effet,
tout à fait dignes d’être chargés par un gouverne-
ment clérical des appels en matière électorale.
Telle est précisément la raison de l’opposi
tion énergique qu’a rencontré à Anvers le
projet du gouvernement. Lejugement en ques-
tion est sans doute un spécimen hors pair de
la jurisprudence de notre 2e chambre mais il
ne fait qu’accuser davantage les tendances
bien connues de certains de nos magistrats. Si
M. De Lantsheere a voulu pendre la magistra-
ture ridicule ou odieuse, il est en bon chemin
d’y réussir.
Chronique électorale.
On écrit d’Audenarde, à l'Echo du Parle-
ment :
Le comité central de l’Association libérale s’est
réuni aujourd’hui et a décidé à Tunanimité de ses
membres de lutter aux élections du mois de juin.
En conséquence une réunion plénière de tous les
libéraux de l’arrondissement est convoquée pour
le choix des candidats qui seront présentes.
La liberté du vote et les mécontentements nom-
breux qu’ici comme ailleurs, a soulevé le régime
clérical, nous donnent l’espoir de réussir dans la
lutte que nous allons entreprendre.
Commerce, marine, etc.
On ne saurait trop surveiller les agissements du
parti ultramontain. Il ne lui suffit pas de placer
ses candidats dans la magistrature, dans les fonc-
tions politiques, dans le notariat. Il veut infiltrer
l’esprit clérieal dans toutes les administrations.
Le ministère des affaires étrangères est aujour-
l’hui l’objectif de ses efforts. Ce parti est parvenu
à introduire comme chef de bureau à la direction
politique du ministère , un ultramontain recom-
mandé par l’Université de Louvain.
Il s’attaque maintenant aux consulats. Dernière-
ment le ministère a nommé un consul également
recommandé par l’Université de Louvain, et pour
le poste de consul à Calcutta il s’agit de nommer
un ultramontain. Les aptitudes, les connaissances
commerciales et pratiques, l’expérience des affaires,
sont laissées à l’arrière-plan. Les intérêts du com-
merce sont méconnus, ceux du parti clérical pri-
ment tout. Avec ce système nous aurons des agents
commerciaux aptes à représenter les couvents
belges mais incapables de fournir au commerce et
à l'industrie les renseignements qui leur seraient
utiles.
Quand le gouvernement manque de candidats
cléricaux, il s’empresse de choisir parmi son corps
de fonctionnaires des candidats absolument étran-
gers aux besoins de rludustrie, sans expérience des
affaires commerciales.
Nous croyons que ees deux tendances sont per-
nicieuses aux intérêts bien entendus du commercé
et de 1’induStrie. U serait cependant temps d>
songer à leur défense sur les marchés d’Outre met,
Nous avons besoin de débouchés et il faut savoir
choisir des agents capables de les créer.
(Flandre libérale.) %
NOUVELLES ÉTRANGÈRES!
La guerre d’Orieut. 1
O
Lattitude des Etats-Unis |ir.
La question dès sentiments des Etats-Unis vis-vl;
vis de l’Angleterre joue un certain rôle dans lu»
préoccupations du moment. On était assez géné-
ralement disposé à croire que la Russie pouvait
compter, de 1 autre côté de l’Atlantique, sur des
sympathies sinon sur un appui dans le cas d’une
guerre avec l’Angleterre. Une lettre du correspon-
dant du Times à Philadelphie présente la question
sous un jour tout autre avec une assurance et des
raisons qui commandent l’examen et qui pour-
raient bien persuader les plus sceptiques.
Il y a quinze ans, dit-il, l’opinion publique se se-
rait prononcée presque tout entière pôür laRussie
dans le Nord de l’Amérique, et la diplomatie russe
n’a épargné aucune peine pour entretenir cette
tendance et faire croire que les idées russes et
américaines sont tellement enlacées que les deux
nations se trouvent naturellement alliées. Mais ces
dernières années un grand changement s’est pro-
duit. Depuis la fin de la Guerre Civile, qui avait
excité chez les Américains tant de haine contre
l’Angleterre, celle-ci a pratiqué à l’égard des Etats-
Unis une sage politique de conciliation, qui a déjà
Sorté ses fruits. Elle s’est généreusement exécutée
ans l’affaire de VA labama, et a reconnu loyalement
ses torts. Elle a fléchi sa tête hautaine et rendu
justice au mérite des Etats-Unis. C’est ce que
ceux-ci demandaient beaucoup plus que les som-
mes d’argentqui leur ont été remboursées, et la ma-
nière dont les négociations ont été conduites, les
dommages-intérêts cordialement payés et les torts
reconnus,ont fait beaucoup plus d’impression sur le
sentiment des Américains que si le montant de ces
dommages-intérêts avait été dix fois plus considé-
rables. Dans tous les partis on comprit que l’An-
gleterre avait réellement rendu’hommage au mérite
de la nation américaine, et l’on en fut d’autant
plus satisfait que la nation à qui cet hommage
s’adressait était presque sans armée et presque sans
marine militaire. ‘
Puis vint l’Exposition universelle destinée à
célébrer le Centenaire de l’Indépendance. Au lieu
de songer à sa défaite d’il y a un siècle,l’Angleterre
serejoignitaveçlesAméricains.et de nouveau rendit
hommage à leur mérite en déclarant que l’indépen-
dance des Etats-Unis avait été chose excellente
pour les deux pays. Non seulement elle vint à l’Ex-
position mais, de toutes les nations étrangères, ce
fut elle qui se donna le plus de mal pour contri-
buer à l’éclat dé cette solennité, et elle le fit, à tous
les points de vue, de manière à répondre aux be-
soins et aux sentiments des Américains. Ces der-
niers n’avaient pas la pratique des Expositions, elle
leur envoya une année d’avance M. Cunliffe Owen,
dont le concours et les avis leur furent grandement
utiles pour les préparatifs. Elle expédia ses passa-
gers et ses produits à travers l’Océan par la ligne
américaine de bateaux à vapeur, et cela encore fut
compris comme un noble encouragement accordé
à celte entreprise isolée, qui essayait faiblement de
rivaliser avec les belles lignes des steamers anglais
établies sur les principales routes du commerce
transatlantique.
Avec un tact parfait le colonel sir Herbert Sand-
ford, pendant toute la durée de l’Exposition, diri-
gea la participation de l’Angleterre, confirmant
en tous points la bonne impression déjà pro-
duite. Il s’associa, en qualité de commissaires ho-
noraires, des Américains de haute capacité, et à la
fin de l’Exposition, offrit les parties les plus impor-
tantes du contingent anglais à des musées et à des
établissements américains de premier ordre.
Au centième anniversaire de la proclamation de
l'Indépendance, le 4 juillet 1876, le représentant de
l’Angleterre se joignit cordialement au million
d’Américains qui, à Philadelphie, célébrèrent cette
hèureuse date.
« Toutes ces démonstrations sympathiques de
l’Angleterre valaient pour nous bien mieux que de
l'argent, « s'écrie et répète le correspondant de
Philadelphie !
Ensuite lorsque l’ancien Président, le général
Grant, dans le cours de son long voyage, arriva
l’année dernière en Angleterre, il y fut reçu comme
un prince, et cela encore fortifia les bons senti-
ments des Américains à l’égard de l’Angleterre.
C'est ainsi que depuis dix ans, l’Angleterre a ré-
pandu aux Etats-Unis de la bonne semence et la
récolte commence déjà, favorisée par les bons
procédés de sir Edward Thornton, qui pendant
toute cette période a été placé à la tête de l’ambas-
sade britannique à Washington.
Quelle que soit l’idée russe d’une alliance avec
l’Amérique, elle ne se réalisera pas en fait.
L’attitude que prendra l’Amérique en cas de
guerre peut se résumer en quelques mots; les Amé-
ricains vendront des approvisionnements à qui vou-
dra lés payer et pour le reste ils observeront une
stricte neutralité. On ne permettra l’organisation
d’aucune expédition armée dans les ports améri-
cains. On ne tolérera aucune attaque contre le
Canada, pas plus qu’on ne délivrera des lettres de
marque. L’opinion publique est d’accerd avec le;
gouvernement pour vouloir saus crainte la neutra-
lité et pour l’observer sans faveur pour personne.
Seulement, si la guerre éclate, le sentiment popu-
laire se prononcera pour la mère-patrie avec une
unanimité qui frappera toute le monde de surprise
et qui attestera mieux que des paroles l’influence
que la politique anglaise â su conquérir aux Etats-
Unis.
La réunion du Congrès.
Berlin, 18 avril, soir. - L’idée d’une Conférence
préliminaire, qui est l’idée personnelle et favorite
au prince de Bismarck, est remise de nouveau sur
le tapis. Plusieurs journaux du soir la recomman-
dent comme une sorte de répétition générale « où
le maestro pourrait voir si décidément le concert
est possible avec des instruments qui paraissent si
peu d’accord. »
Le tout est de savoir en ce moment, dit la Natio-
nale Zeitung, qui veut la paix et qui veut la
guerre ; son opinion est que lord Beaconsfield veut
la guerre. (Débats )
Londres, 18avril. — Les journaux du soir an-
noncent que les puissances acceptent la proposition
du prince de Bismarck, relative à la réunion d’une
Conférence préliminaire entre les ambassadeurs
pour préparer le terrain du Congrès.
Des informations particulières permettent du
reste, de représenter la situation comme étant plus
satisfaisante et de nature à encourager les espéran-
cés quant au maintien de la paix. {Débats t)
Saint-Pétersbourg, 18. — La situation est déci-
dément pacifique.
Dans les cercles officiels, on croit que le cabinet
allemand réussira probablement dans sa médiation
et que lë congrès se réunira bientôt, précédé par
une conférence préliminaire des ambassadeurs à
Berlin.
Or croit que le cabinet allemand invitera les
puissances à participer à un congrès ayant pour
but de considérer comment les traités de 1856 et de
1671peuvent être modifiés à lasuite des événements
récents qui ont donné naissance au traité de San-
Stefano.
On s’attend, en tous cas, avec confiance à ce
qu’il soit employé une formule de ce genre, recon-
nue acceptable et à Londres et à St-Pétersboiirg.
La réunion du congrès résoudrait beaucoup de
difficultés. Il y a, en effet, de bonnes raisons de
crofré qu’en Asie, la Russie considère seulement
comme question d’importance vitale la possession
de Batoum et de Kars, et qu’elle accepterait de
modifier lë traité sur ce point, de manière à ne pas
couper la route de Trébizonflë à la frontière de
Perse.
La Russie permettrait également de diviser la
Bulgarie en deux provinces par une ligne longitu-
dinale.
La Russie ne veut pas permettre que le traité de
San Stefeno soit déchiré par les puissances étran-
gères; mâïs elle ne veut pas non plus qu’aucune de
ses clauses puisse empêcher une solution satisfai-
sante. (Times), j
Berlin, 19 avril. — D’après des renseignements
qui nous arrivent de Vienne, il parait décidément
probable que les troupes autrichiennes entreront
dans la Bosnie et i’Herzégovine, sous le prétexte
que, la Turquie étant impuissante à protéger le
rapatriement et la réinstallation des 10,000 fugitifs
réfugiés sur le territoire autrichien, l’Autriche est
forcée de se charger elle-même de cette opération,
d’autant plus qu’elle ne peut pas être considérée
comme tenued’héberger plus longtemps cesfugitifs.
Si l’occupation par les Autrichiens de la Bosnie
et de l’Herzégovine a lieu en dépit des protesta-
tions de la Porte, on dit ici que ce fait constituera
un nouvel accroc au traité de Paris, dont l’auto-
rité seraencoreamoindrieauprofitdela diplomatie
russe. (Temps): :
Le Journal des Débats, dans un de ses bulletins,
s’était étonné il y a deux ou trois jours de ce que le
cabinet de Berlin n’intervint pas comme média-
teur entre la Russie et la Grande-Bretagne.
Aujourd’hui, le même journal publie Une dépêche
de son correspondant particulier à Berlin, qui ré-
sumedans les termes suivants une réponse de la
Gazette de VAllemagne du Nord à cette sorte de
mise en demeure :
« Le principal mérite de la politique allemande
peut bien être de ne pas convenir à la politique
française et à ses tendances secrètes. Au prétendu
désintéressement de lapolitiqüe de M. Disraeli in-
voqué par le Journal des Débats, la Norddeùtsche
Allgemeine Zeitung oppose le souvenir de la con-
quête hypothécaire de l’Egypte, accomplie par le
rachat des actions du canal de Suez. Elle conclut
en ajoutant que, si séduisante que soit la perspec-
tive d’une entente avec la France, la Prusse et
l’Allemagne ne risqueront pas pour elle de s’aliéner
les sentiments de 1 unique ami qu’elles aient trouvé
fidèle aux heures critiques de leur récente histoire. »
La situation à Constantinople.
Constantinople, 18 avril. — Mehemet Ruchdi et
Salvet-Pacha ayant refusé le poste de premier
ministre qui leur avait été offert par le sultan,
Sadik-Paclxa, ministre des contributions, ancien
ambassadeur à Paris, à été nommé premier ministre
en remplacement de Ahmet-Véflk-Pacha. Il prend
le portefeuille dès travaux publics.
Izzet-Pacha a été nommé ministre de la guen e
en remplacement de Réouf-Pacha.
Ibrahim-Pacha a été nommé ministre de la
marine.
Safvet-Pacha conserve le portefeuille des affaires
étrangères.
Un natt impérial annonce le changement du pre-
mier ministre et celui du cheik-ul-islam.
Il recommande l’exécution des réformes confor-
mément au texte de la Constitution.
On annonce que Saïd-Pacha, directeur de la liste
civile, homme de confiance du sultan et l’adver-
saire de Ahmet-Vêfik fera partie du nouveau
cabinet.
Sadik-Pacha passe pour être favorable à la poli-
tique de l’Angleterre.
M. Layard est allé conférer avec l’amiral Hornby
dans la baie d’Ismid, relativement aux mesures à
prendre en prévision d’une occupation du haut Bos-
phore par les Russes.
Le prince Nicolas ne partira pas encore pour
Saint-Pétersbourg.
Hobart-Pacha est parti pour Londres, il serait
chargé d’une mission auprès du marquis de Salis-
bury. La Porte a demandé le temps nécessaire pour
évacuer Choumla et Batoum ; elle a promis d’acti-
ver le départ de ses troupes.
Le comte ZiChy est parti pour Pesth.
Les forces russes stationnées aux environs de
Constantinople ont été augmentées.
Le typhus ayant fait son apparition à Thérapia,
les ambassades retarderont leur départ pour leurs
résidences d’été.
Péra, 18 arril. — Les Turcs se déclarent tout
disposés à évacuer Choumla, Varna et Batoum, si
les Russes se retirent des environs de Constanti-
nople. De leur côté, les Russes offrent seulement
d’évacuer Erzeroum.
Cette difficulté cause une certaine tension dans
les relations des deux partis.
Les Russes considèrent le renversement de Véflk
comme un triomphe pour eux.
Au palais, toutefois, on a déclaré à M. Layard
que ce changement n’avait aucune signification
politique. (Times.)
Nous extrayons d’une correspondance dp Jour-
nal des Débats les détails suivants sur l’état des
esprits à Constantinople La lettre est datée du 9
avril:
- Comment i les Russes, reaulemout ! Eh! mon Dieu*
om, ils reconnaissentfetrr-firemes que l fieure des coups
d’audace est passée et qu’il est bon d’en revenir à la
prudence ; iis voient leur armée, déjà fort épuisée par
la campagne, s’épuiser plus encore par les maladies
qui font dans ses rangs des ravages incalculables. Ils
prennent, il est vrai, à cet égara aussi peu de précau-
tions que les Turcs ; ils laissent, comme eux, sur les
routes, les cadavres d’hommes et d’animaux. — On
les compte par millier» entre Siiistri et Rodosto, me
disait une personne qui a suivi ce chemin, et, dans les
villages occupés, on place quatre-vingts hommes dans
des maisons où le quart serait déjà mal à l’aise. Les
Russes savent en outre que les dispositions anglaises
sont maintenant assez sérieuses, que la flotte d’Ismidt
vient de s’augmenter de deux nouveaux cuirassés plus
que respectables, et que, d’un moment à l’autre, il peut
avoir à compter avec l’armée turque qui se trouve
ici, armée complètement, bien rééquipée, dont certains
bataillons comptent jusqu’à 1,200 hommes et qui a
maintenant Osman Pacha à sa tête.
» Par un juste retour des choses d’ici-bas, les Russes
redoutent quelque surprise de ce côté. On annonce
qu’une grande revue doit être passée par le Sultan et
par Osman Pacha. — revue pour laquelle chaque
nomme aurait reçu un nombre respectable de car-
touches. Ces cartouches les inquiètent, dit-on, et, s’ils
laissent les Turcs faire des travaux de défense du
côté de Buyukdéré, ils se sont mis à compléter les
travaux de Tchataldja, mais en tournant leurs canons
comme s’ils s’attendaient à quelque désagréable visite
venant de Constantinople.
» Tout indique ici qu’on a repris confiance, qu’on
s’est remis à espérer. Les journaux turcs, qui depuis
six semaines restaient plongés dans le plus profond
silence, élèvent maintenant la voix. L’entente entre la
Turquie et ia Russie est impossible, dit la Vakit ; et le
Bassiret proteste avec indignation contre les traite-
ments que lés Bülgares infligent aux musulmans. Des
volontaires, même des volontaires grecs, sont prêts
à partir au premier signal pour soutenir vigoureuse-
ment l’armée anglaise dès que le moment en sera venu.
- M’accepterez-vous comme volontaire ? ■> disait devant
moi un officier turc à un officier anglais.
» Les Russes voient et savent tout cela ; aussi ils ne
paraissent plus, se trouver à Péra comme chez eux. Ils
sont maintenant moins nombreux et ils ont dû renon-
cer aux promenades en beaux uniformes avec sabres
traînants. Les Turcs commençaient à s’impatienter de
ce défilé perpétuel, et fes soldats né montraient plus la
réserve des premiers jours. On a compris qu’il y avait
là un certain danger ; aussi nos visiteurs éperonnés
sont devenus plus rares, et l’uniforme a fait place aux
jaquettes louées à Galata. Il est vrai qu’un des grands
attraits de Péra a disparu : on a fermé lés roulettes.
Un jeune officier y avait perdu 10,000 fr. en une nuit ;
on a crainf; là contagion.
» Ahrhet-Vefik, qui est resté absent de la Porte pen-
dant quelques jours, y est revenu hier : son absence
était interprétée, suivant l’usage, comme l’indice de
son remplacement ; mais il était réellement souffrant,
il était' aussi menacé,surtout au moment où l’influence
russe mettait en avant Madmoud-N'eddin.
» Cette Influencé a incontestablement baissé. Bien
que le grand-duc ait eu une entrevue secrète avec le
sultan avant-hier, entrevue qui n'a eu pour témoin
que M. Onou,—les penchants moscovites du souverain
sont maintenant très contestés, èt quelques personnes
affirment qu’ils n’ont peut-être jamais été qu’apparents.
Quant aux sentiments d'Osman pacha, ce qu’on én
avait dit était pure calomnie. Donc U n’est plus ques-
tion de Mahmoud-Neddin ; c’est de la rentrée d’Eôhem
pacha qu’il s’agit à cette heure, pour le cas où ies
choses s’éloigneraient d’une solution pacifique.
Cette solution, on l’espère assez généralement, car
on croit que les Russes ne voudront pas s’exposer à
une aventure par trop périlleuse, et dont i’issue leur
serait certainement défavorable, Jusqu’à présent,
c’est à leur prudence plus qu’à leurs succès militaires
qu’ils avaient dû leurs progrès dans ce pays. Cette
rois, ils ont voulu aller trop vite et trop loin, et ils
s’en aperçoivent ; on’lês suppose encore assez sages
pour faire des concessions. Fuissions-nous ne pas nous
tromper dans nos suppositions et ne pasàssister à Une
reprise d’hostilités dont Constantinople Serait certaine-
ment lé premier théâtre ! »
RUSSIE.
Voici l’article qui a valu au Rushi Mir un aver-
tissement de la police :
Il est évident que la liberté et la tranquillité des
particuliers ne sont pas protégées chez nous seulement
par la loi de 1761, mais aussi par les décisions secrètes
d’une administration dont les secrets ont été dévoilés
par l’affaire Sasouliteh.
En acquittant la prévenue et en lui témoignant de
la sympathie, la société a montré clairement qu’elle
était mécontente de l’immixtion de l’administration
dans les affaires judiciaires. Notre vie intérieure est
ébranlée par le despotisme des fonctionnaires.-Reste-
rons-nous livrés à 1 arbitraire ?
La Gazette de Cologne nous arrive aujourd’hui
avec les observations que voici sur le même sujet :
Nous regrettons et condamnons les actes des nihi-
listes russes, surtout lorsqu’ils veulent améliorer le
monde par des assassinats ; mais nous pensons aussi
que la tyrannie de la police n’est pas le meilleur moyen
ae déraciner le nihilisme.
La société russe ne veut plus endurer la domination
arbitraire de la police ; elle ne veut plus être gouver-
née par l’absolutisme. Le désir d’obtenir une Consti-
tution,qui s’est souvent expriméenRussie depuis 1815,
s’est encore manifesté dernièrement, et si la guerre
avait eu un résultat fâcheux, l’empereur Alexandre
aurait dû accorder une Constitution ou s’attendre à
une révolution.
Si le gouvernement russe veut arrêter la fermenta-
tation des esprits à l’intérieur du pays, il faut qu’il
conclue la paix. S’il se lance dans une guerre contre
L’Angleterre, il se produira en Russie de nouvelles
souffrances; il faudra de nouveaux sacrifices et de
nouvelles privations, et personne ne peut savoir ce
qui résultera du mécontentement de la nation.
ESPAGNE.
La municipalité de Barcelone ayant établi un
impôt sur la consommation du gaz d’éclairage, les
commerçants de cette ville, après plusieurs réu-
nions et plusieurs démarches infructueuses auprès
des autorités municipales, ont résolu, dans une
dernière réunion tenue le 15, de cesser d’employer
le gaz à partir du soir même.
Le soir en effet, la plupart des boutiques se sont
fermées et celles qui sont restées ouvertes (confise-
ries, pharmacies, cafés), se sont éclairées au moyen
de lampes, bougies, etc. Dans les cafés, on s’éclai-
rait à l’aide de bougies plantées dans les chande-
liers et même dans des bouteilles. Les patrons de
quelques établissements qui avaient cru devoir al-
lumer leur gaz comme d’habitude ont été contraints
de l’éteindre en présence dès: menaces fie la foule.
Dès groupes nombreux se sont formés vers neuf
heures du soir sur la place San Jaime et dans la
rue San Fernando'. On a crié et sifflé ; des pierres
ont été lancées sur les fenêtres de l’hôtel de ville,
et un garde civil (gendarme) a été blessé à la poi-
trine.
Un peu plus tard, la garde civile et la police ont
fait évacuer la place de la Constitution et quelques
arrestations ont été opérées.
Dés scènes analogues se sont produites le 16 au
FRANCE.
Le Petit Méridional annonce que la délégation
de la commission d’enquête sur les élections vient
de terminer ses travaux à Nîmes.
Maigre les protestions de M. Baragnon, qui avait
dit à la tribune que le mandat de la commission d’en-
quête était une usurpation de pouvoirs et qu'il était
du devoir des fonctionnaires appelés à déposer de se
refuser à obéir aux injonctions du Parlement, au-
cun de ceux qu’a cités la commission n’a suivi le
conseil de ce personnage.
Le directeur du télégraphe, l’inspecteur des eaux
et forêts, le directeur de la maison centrale, le
commandant de gendarmerie, sont venus déposer
après avoir prêté serment. Lés gendarmes ont porté
les cédules aux témoins, se mettant aux ordres da
l’honorable président', député' du Rhône, M. Va-
Le Petit Marseillais annonce que M. de Frey-
cinet, ministre des travaux publics et du com-
merce, doit venir sous peu passer quelques jours &
Marseille, afin d’étudier la question des grands
travaux qui doivent être entrepris, et spécialement
celle des docks et des ports des Catalans.
L’ambassadeur de Turquie à Paris, chargé par le
sultan de complimenter en son nom le roi dltalie
sur son avènement au trône, est parti hier soir
jeudi, se rendant à Rome pour s’acquitter de sa
mission. Pendant l’absence de Aarifl-Pacha, qui
sera d’ailleurs de courte durée, Nasri-Bey, vice-
secrétaire, exercera les fonctions de chargé d’af-
faires.
Une dépêche de Rochefort fait connaître que le
croiseur de premier rang, le Duquesne, a procédé
à ses expériences à la mer en routé libre ; il a at-
teint une vitesse moyenne de 14 nœuds 52. Le croi-
seur s’est bien comporté à la mer.
Le Duquesne est un navire neuf, construit à la
Seyne, aux forges et chantiers de la Méditerranée.
C’est, avec le TourvÜle, le plus grand croiseur qui
ait encore été construit.
Le Courrier de l'Aveyron annonce.que MM. de
Lamberterie, Johnston, Schneider, Raoul Duval,
frère de l’ancien député, ont quitté Paris dimanche
pour ae rendre à Decazeville. A présent que la
trêve est terminée, MM. les membres du conseil
'administration de la société tiennent à se rendre
exactement compte de la situation et à assurer
les ouvriers que, désormais, tout est oublié.
Un incendie a éclaté lundi dans la forêt de Fon-
tainebleau entre le Calvaire et la roche EpODge.
Un grand nombre de bouleaux ont été brûlés.
Le journal l'Arrondissement du Havre annonce
que la remonte anglaise, qui vient de décider L’ac-
quisition de vingt mille chevaux de troupe et de
transport, parcourt en ce moment les départements
du Nord-Ouest et achète les chevaux, les bons
comme les mauvais, à des prix élevés.
M. Bardqux vient d’accorder à Mme Edgar Quinet
une pension de 3,000 fr. On ajoute qu'il a doublé
aussi le chiffre de celle dont jouissait M1119 veuve
Michelet.
YToici le programme des fêtes qui auront lieu lors
de l’inauguration de l’Exposition universelle ;
Tontes les troupes de l’armée de Paris seront sur
pied le i,r mai. Celles qui ne seront point employées
aux services d’escorte formeront la haie, à partir du
“alais de l’Elysée, dans les Champs-Elysées, l’avenue
u Roi de Rome, les jardins du Trocadéro, le pont
d’Iénaetle Champs-de-Mars, jusqu’au Seuil du palais
de l’Exposition.
La cérémonie commencera à dix heures.
Une heure avant, le ministre du commerce, accom-
pagné du haut personnel de son département et des
membres de la commission supérieurede l’Exposition,
se rendra au Trocadéro, où il recevra les princes
étrangers dans le grand vestibule d’entrée du Palais,
situé derrière la salle des fêtes.
Les princes qui se trouveront à Paris le l" mai
seront probablement S. A. R. le prince de Galles, le
duc d’Aest, le prince Henri des Pays-Bas et le duc de
Leuchtenberg.
Après cette réception, le ministre et les princes pas-
seront dans la grande salle située à gauche du vesti-
bule, et qui sera richement décorée pour la circon-
stance.
A dix heures, arrivée du maréchal de Mac Mahon,
en grande tenue, et suivi de tous les officiers géné-
raux disponibles présents à Paris, ainsi que de tous
les attachés militaires étrangers.
Deux batteries d’artillerie, soit douze pièces de ca-
non, placéçs dans l’üe des Cygnes et sur les berges de
la Seine, annonceront cette arrivée, qui aura lieu si-
multanément avec celle des présidents et des bureaux
des deux Chambres.
Le cortège officiel se mettra alors en marche dans
l’ordre suivant ;
Précédant le cortège et faisant les honneurs de l’Ex-
position : M. Teisserenc de Bort et les princes étran-
gers ;
Le Maréchal-Président, MM. d’Audiffret-Pasquier
et Grévy ;
La suite officielle dans l’ordre indiqué par les pré-
Le cortège se rendra au balcon situé au-dessus de la
cascade. Les trois grands pouvoirs de l’Etat se place-
ront du côte gauche de ce balcon, M. le ministre du
commerce et les princes étrangers du côté droit. La
Maréchale occupera une tribune située dans les trois
travées du milieu. Une brève allocution sera adressée
au Maréchal par M. Teisserenc de Bort ; puis le Maré-
chal, s’avançant au milieu du balcon, dira a haute voix :
L'Exposition est ouverte.
Aussitôt, et à un signal donné, les troupes présente-
ront les arme», tous les drapeaux seront hissés au
sommet des mâts des deux palais, et les deux batte-
ries d’artillerie ainsi que les canons des Invalides
et ceux du Mont-Valérien salueront ces pavillons.
Le maréchal, suivi de son cortège, se rendra alors
dans le parc du Trocadéro, traversera le pont d’Iéna
et pénétrera dans le Champ-de-Mars. Sur là terrasse,
située devant le palais, seront les grands corps de
l’Etat, la Cour de cassation en robes rouges, la Cour
diappel, les tribunaux de première instance et de com-
merce, et le Conseil municipal.
Il passera d’abord devant la section étrangère ; les
fenêtres de chaque façade seront occupées par des
dames des diverses nationalités représentées ; devant
les différentes sections seront ranges les membres des
commissions de chaque pays.
Le Maréchal traversera ensuite le grand vestibule
du côté de l’Ecole militaire, passera par la galerie des
machines de la section française, et sortira par la
porto Rapp.
A ce moment même, les portes seront ouvertes au
public.
BELGIQUE.
ANVERS, 20 avril.
Hos ateliers étant fermés demain,
le journal ne paraîtra pas.
A l’occasion du jour de fête, il n'y aura pas de
cote officielle des ronds publics lundi prochain, 22
du courant.
Dans la lettre que nous avons publiée hier, M. le
vicaire Geens qualifie de prudente, la correction
qu’il a administrée à un jeune garçon sur le seuil
ae la chapelle de St-Amand.
Les témoins de cette scène de brutalité sont loin
de partager cette appréciation.
L'un d’eux affirme notamment qu’elle a vu le
vicaire faire des efforts pour tirer Dterchx dans
la chapelle et qu’il le frappait avec violence.
Dierckx se retenait à la porte ; le vicaire l’a pris
par les cheveux et l’a rudement frappé.
Une femme de 60 ans, Marie Keersmakers, a feit
devant la police une déclaration analogue disant
* que si l’enfant ne se plaignait pas dans le mo-
ment, il s’en ressentirait plus tard, attendu qu’il
avait été violemment frappé.
Mais le plus curieux de l’histoire, c’est que le
doux vicaire semble avoir oublié sa propre déposi-
tion dans laquelle on ne trouve pas un mot du pré-
tendu attentat dont il accuse aujourd’hui l’enfant.
Yoici sa première version : Il venait de terminer
sa leçon de catéchisme quand deux petites filles
sont venues se plaindre de ce que les garçons ne
les laissaient pas sortir de la chapelle ; ü est allé à
la porte, a empoigné un garçon qui voulait s’enfuir
et lui a donné un soufflet, en lui demandant son
adresse. L’enfent donna une fausse adresse ; le vi-
caire le prit alors par les cheveux et le rossa d'im-
portance.
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