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1881.
T ANNEE.
ABONNEMENTS
S’adresser rue de la Pompe, 3
BRUXELLES
L’ÉMULATION
PUBLICATION MENSUELLE DE LA SOCIÉTÉ CENTRALE
ANNONCES & RÉCLAMES
A FORFAIT
S’adresser rue de la Pompe, 3
BRUXELLES
ADMINISTRATION
Boulevard du Hainaut, 139
Bruxelles
D'ARCHITECTURE
DE BELGIQUE
DIRECTION —RÉDACTION
Rue des Quatre-Bras, 5
Bruxelles
-déposé- BUREAUX : RUE DE LA POMPE, 3, BRUXELLES -déposé-
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SOMMAIRE
Société centrale d’Architecture : Concours. — Le salon
triennal. E. A. — Aux administrations communales
de Schaerbeek, Blankenberghe et Anvers.— Concours.
Correspondance.
SOCIÉTÉ CENTRALE D'ARCHITECTURE
CONCOURS
UNE HABITATION BOURGEOISE A LA CAMPAGNE
Le programme de ce concours, que nous avons
publié en temps utile, sans être bien étendu avait
ce mérite, peu commun aux programmes de con-
cours, d'être complet et parfaitement clair.
Aussi nous étonnons-nous qu’au lieu d’une habi-
tation bourgeoise à la campagne, quelques concur-
rents aient envoyé des projets d’hôtel pour la ville
ou des villas d’une importance qui ne rappelle en
rien le bourgeois.
Une autre observation, et celle-là est applicable
à presque tous les concurrents, c’est que l’on à fort
peu tenu compte de cette clause du programme qui
s’occupait de l’orientation du plan.
C’est ainsi que dans bon nombre de projets, nous
avons vu le plan orienté de façon à avoir ses
grandes lignes parallèles ou perpendiculaires au
méridien.
Personne n’ignore que notre beau climat belge
nous gratifie pendant les deux tiers de l’année des
courants ouest et sud-ouest qu’accompagnent ou que
suivent presque toujours les pluies persistantes.
A notre avis, le courant moyen le plus fréquent
ouest-sud-ouest devrait non pas être parallèle ou
perpendiculaire au tracé, c’est-à-dire normal aux
surfaces des murs, mais devrait frapper l’angle des
constructions de façon à perdre de son intensité.
Ceci soit dit pour gouverne et à seule fin d’attirer
l’attention des concurrents sur une question qu’ils
trouveront traitées avec assez de développements
dans l'Histoire d'une Maison, de Viollet-le-Duc.
Une douzaine de projets ont été présentés au con-
cours ; nous allons les examiner rapidement dans
l’ordre où nous les avons trouvés placés.
A. Hanssens : 1er prix, ex-œquo. — Nous avons
dit plus haut ce que nous pensions de l’orientation ;
cela est quelque peu applicable à ce projet. Distri-
bution simple comme il convient et dans laquelle
nous reconnaissons la préoccupation du confort.
L’air et la lumière y sont abondamment répandus.
Les façades seraient construites en matériaux appa-
rents; leur composition, de genre renaissance, est
d’un style sobre et modeste avec assez de mouve-
ment cependant pour arriver au pittoresque. C’est
une bonne étude.
Véni. — Ce projet est plutôt celui d’un bel hôtel
entre cour et jardin ; à coup sûr ce n’est pas une
maison bourgeoise à la campagne. La composition
de la façade appartient à l’architecture des villes, et
rien ne nous indique la destination des divers
locaux. Dans les constructions élevées à la cam-
pagne, nous aimons l’imprévu, le pittoresque, la
fantaisie même qu’exige le cadre, le paysage où
elles sont placées.
Honos alit artes. — Le plan nous paraît dis-
loqué et nous nous demandons pourquoi l’auteur en
a brisé le tracé. Les façades sont bien sombres !
Cercle rouge divisé. — Le plan a assez d’im-
portance pour être celui d’un château ; nous consta-
tons que le vestibule serait peu ou mal éclairé et
nous ne voyons pas l’utilité d’une antichambre entre
salon et salle à manger. Les façades sont assez tra-
vaillées, mais elles manquent de style. L’auteur de
ce projet, qui fera beaucoup mieux à une prochaine
occasion, fera bien de ne pas terminer en flèche des
ailes de bâtiment. Cela n’est pas vrai et ne conduit
pas même au pittoresque.
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Point bleu dans un cercle. — Projet assez bien
orienté, bien que ce soit l’oeuvre d’un commençant
à qui nous conseillons beaucoup les croquis.
Alea jacta est. — Ce projet a la même valeur
que celui qui a pour divise : Honos alit artes.
Pratique. Rau : 1erprix, ex-œquo. — Bon pro-
jet ; dessin un peu sommaire sous forme d’esquisse;
distribution simple, rationnelle. Façades sobres,
chaque partie de l'habitation y est bien indiquée,
ce qui a produit un ensemble pittoresque sans
recherche et sans bizarrerie. Au point de vue de la
construction, nous ferons une légère critique : les
toitures nous paraissent n’avoir pas assez d’incli-
naison.
Les emblèmes d’architecture dans un cercle.
Ce projet est plutôt celui d’un hôtel à construire
dans une promenade publique; le bourgeois qui
habiterait cette demeure serait singulièrement
grand seigneur. Le plan est assez bien lié.
Début. — Le projet qui porte cette devise est un
bon début. Le plan est assez bien étudié, tant au
point de vue de la distribution qu’à celui de l’orien-
tation. Les façades ont du pittoresque, mais elles
sont tuées par un malheureux coloriage.
Une expression. — L’auteur de ce projet nous
paraît avoir assez de facilité d’assimilation. Pour
que dans l’art on arrive à une expression, il faut
tâcher de ne devoir rien qu’à l’imagination et au
sentiment.
Le vrai, le beau, l’utile. — Le plan est assez
faible, mais les façades ont des qualités réelles ;
seule la façade vers l’est contient quelques mai-
greurs.
Eerst verzonnen dan begonnen. — Joli plan,
mais nous rappelle trop l’académie. Projet trop
important. Quant à la. composition, même obser-
vation qu’à Une expression.
Nous terminerons ces lignes en constatant le
succès de ce concours, le troisième qu’organise la
Société centrale d’Architecture ; nous sommes con-
vaincus que le concours prochain aura plus de suc-
cès, encore tant par le nombre d’oeuvres présentées
que par le mérite de celles-ci.
LE SALON TRIENNAL
Au Salon, nous constatons la présence de quel-
ques artistes que nous pourrions déjà classer parmi
les anciens; mais, encore une fois, ce sont les jeunes
qui ont le plus donné, sinon le mieux.
Nous y reconnaissons un certain nombre d’oeu-
vres que nous avons vues, à Anvers ou à Grand,
dans des expositions antérieures. Il en est qui ont
assez de mérite pour être ainsi présentées plusieurs
fois, mais il en est d’autres pour lesquelles il faut
faire appel à beaucoup d’indulgence.
Heureusement, quelques œuvres importantes
sont là pour augmenter l’intérêt qu’offre cette expo-
sition.
L'abbaxye de Villers, relevée, disséquée en quelque
sorte, par Charles Licot et présentée dans une
série de dessins d’un grand intérêt artistique et
archéologique à la fois, constitue une superbe
monographie de ce précieux specimen de l’art reli-
gieux du moyen âge.
L’auteur de ce travail expose quelques dessins
ou projets de restauration dans lesquels nous
reconnaissons une connaissance approfondie de l’art
du xiiie au xvie siècle.
*
* *
L'église Notre-Dame du Sablon est présentée par
une série de beaux dessins au trait sur toile par
Auguste Schoy, l’architecte chargé de la restaura-
tion de ce beau monument de l’art religieux du
xvie siècle. Ce projet de restauration est très-beau,
il possède' des qualités incontestables au point de
vue artistique et archéologique.
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Nous exprimerons en passant nos regrets de ne
voir pas pousser plus activement la restauration de
cet édifice, qui offre en ce moment l’aspect d’un
habit rapiécé, grâce à la façon bizare dont cette
restauration est conduite.
*
**
Encore une étude archéologique : l'église Saint-
Martin, àAssche (Brabant), par l’architecte Edmond
Serrure. Bien que les dessins de ce curieux monu-
ment d’art religieux soient bien petits, on peut
apprécier l’importance artistique de cette église
ogivale. Nous regrettons que l’auteur de cette
monographie n’ait pas joint à ses dessins un projet
de restauration.
C’est à M. Ed. Serrure que l’on doit la restau-
ration si consciencieuse de l’église Saint-Hermès, à
Renaix.
Le même artiste expose un projet décote de
village avec académie de dessin, dont le plan, très-
simple dans ses combinaisons, offre une bonne
distribution où l’air et la lumière abondent. Les
élévations sont très-pittoresques et plaisent beau-
coup ; elles sont traitées dans le style de la renais-
sance. Nous ne leur reprocherons qu’un manque
d’unité, la lourdeur et la fantaisie de certains
détails, notamment le grand pignon et l’un des
porches.
Quoi qu’il en soit, nous préférons ce projet, de
beaucoup, à celui du même artiste : une école de
ville pour les deux sexes, dont le plan est bien, mais
dont les façades, guindées, n’ont pas le caractère
de la destination.
*
* *
M. Jean-Jacques Winders expose son projet
hôtel communal pour Gilly (Hainaut), non exécuté
encore. C’est une fort belle composition traitée dans
le style d’architecture civile du xive siècle, avec un
peu de la fantaisie du xve, dans laquelle nous recon-
naissons de belles qualités : du caractère et de l’ori-
ginalité.
Du même artiste, nous citerons un beau projet
pour le nouveau Musée d'Anvers, auquel nous ne
ferons qu’un reproche : celui de nous rappeler trop
l’école française d’architecture, même dans la ma-
nière du rendu.
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* *
M. Joseph Dewaele expose une étude très-
intéressante d’un établissement de bains turco-
romains avec bassin à ciel découvert, présentée par
une vue à vol d’oiseau ; un beau détail au dixième
d’exécution, plan et façades.
. C’est une jolie composition d’un beau style, c’est
aussi une œuvre bien étudiée.
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* *
M. Valère Dumortier présente un projet de
bibliothèque pour une grande ville, présenté, croyons-
nous, à l’un des concours ouvert par la Société pour
l’encouragement des beaux-arts d’Anvers.
C’est une sérieuse étude d’art classique (imposé
par le programme), présentant de belles qualités,
bien qu’un peu froide peut-être.
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* *
Le château seigneurial de M. Pierre Peeters
est une fort belle étude d’art ogival; elle dénote une
connaissance parfaite de l’art du moyen âge, à
laquelle nous ne reprocherons que le mélange d’élé-
ments de l’art religieux avec d’autres d’architecture
civile ; en un mot, cette composition a un peu trop
les allures d’un cours d’archéologie.
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Le projet de bibliothèque publique de M. Guil-
laume Seghers, offre un beau plan, largement
conçu ; la façade est moins heureuse quoique d’un
bon ensemble; les proportions nous paraissent un
peu exagérées dans le sens de la hauteur. |