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1884.
N° 5.
9e ANNEE.
ABONNEMENTS
S’adresser à M. Ch. CLAESEN, éditeur
Rue du Jardin Botanique, 26
LIÉGE
L’ÉMULATION
PUBLICATION MENSUELLE DE LA SOCIÉTÉ CENTRALE
ANNONCES & RÉCLAMES
A FORFAIT
S’adresser à M. Ch. CLAESEN, éditeur
Rue du Jardin Botanique, 26
LIEGE
ADMINISTRATION
Boulevard du Hainaut, 139
Bruxelles
D'ARCHITECTURE
DE BELGIQUE
DIRECTION —RÉDACTION
Rue des Quatre - Bras, 5
Bruxelles
-déposé- BUREAUX : BOULEVARD DU HAINAUT, 139, BRUXELLES -déposé —
— 43 —
SOMMAIRE
Exposition nationale d'Architecture (suite). E. Allard.
Société Centrale d'Architecture de Belgique. — Art
et construction. X. — Œuvres publiées. — Concours. —
Concours des hospicees civils de Liége. — Archéologie.
Des femmes architectes. — Faits divers.
L’Exposition nationale d’Architecture
(suite . )
Dans la cinquième classe nous avons à citer
aussi le projet de Casino pour Blankenberghe, de
M. A. Lecloux, dont les plans de distribution sont
bien étudiés et les façades présentent de sérieuses
qualités.
Nous ne parlerons des œuvres nombreuses expo-
sées par M. A. Menessier, que pour les rappeler
aux renaissancistes à tous crins. Cet architecte
s était signalé, au début de sa carrière, par des
constructions où, à côté des qualités qui dénotent un
artiste de goût et d’étude, on découvrait une per-
sonnalité , une originalité incontestable.
En présence de certaines œuvres exposées par
M. Menessier, nous nous voyons forcés de nous
demander si c est une gageure, s’il n’y a pas parti
pris de s écarter de toutes les idées reçues, d’aller à
1 encontre des exigences de la science du construc-
teur et de la logique sans laquelle il n’y a pas d’art
architectural possible.
Nous ne saurions trop déplorer que, pour sacri-
fier à un regrettable engouement qui n’aura pas
plus de durée que la mode, et aura pour consé-
quence de rejeter l’art architectural dans le chaos,
la confusion et l’ignorance qui caractérisent l’art
architectural du xviiie siècle, des artistes, dou'.s
comme lest M. Menessier, se laissent aller à tous
les écarts d une imagination vive, incontestable-
ment, mais à laquelle nous voudrions voir ce frein
de la logique et du bon sens qui constituent le goût
en architecture.
Et nous regrettons surtout de voir des jeunes,
comme M. Landa, s’aventurer à sa remorque dans
cette voie sans issue.
M. Parys fait de la renaissance, mais avec une
prudence, une réserve qui nous font croire qu’il se
rend compte de ce qu’il y a d’embûches dans ce genre
d architecture.
Nous aimons à citer la série de projets de cha-
lets et l'hotel kursaal de la Maloya, envoyés par
M. Jules Rau. *
M. Samyn a exposé la photographie de la maison
qu’il a construite au boulevard Anspach, cette œuvre
sobre et bien étudiée que nous avons publiée, et
dont tous nos lecteurs auront remarqué les heu-
reuses combinaisons et l’élégance des détails. Quant
à la maison construite boulevard de la Senne, nous
constatons que, dans ses œuvres antérieures, l’ar-
tiste a vu plus grand.
M. Samyn a envoyé aussi les plans et coupes du
temple maçonnique construit à Bruxelles, sous sa
direction. Nous ne dirons rien de la distribution,
ailleurs toute spéciale aux édifices de ce genre,
nous constaterons seulement que c’est une remar-
quable application de la belle et monumentale
architecture égyptienne de la grande époque.
Nous avons eu l'occasion de citer M. Schoy, à
propos des gravures et dessins, nombreux autant
que précieux, qu'il a confiés à la section rétrospec-
tive. Nous citerons encore la curieuse façade de
maison du xve siècle qu’il expose dans la cinquième
classe.
L’un de nos confrères liégeois, M. Charles Soubre,
dont il a beaucoup été parlé, à propos de la nomi-
nation d’un professeur à l’Académie des Beaux-Arts
de Liège, a exposé la façade principale d’un hôtel
avec maison à loyer, construit par lui boulevard
Frère-Or ban, à Liège, l’une des œuvres les plus
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remarquables parmi les constructions élevées
récemment dans l’île de Commerce.
A propos de M. Thirion, de Verviers, qui expose
les dessins et photographies de trois maisons et de
la succursale de la Banque nationale à Verviers,
nous résumerons comme suit notre appréciation :
toutes les œuvres de M. Thirion présentent des qua-
lités sérieuses; quelques-unes des défauts bien
regrettables, surtout dans les détails.
M. Ch. Toussaint, de Liège, a envoyé deux
façades de constructions élevées boulevard Piercot.
Ces œuvres, traitées dans le goût répandu il y a
environ 25 ans, ne nous apprennent rien de bien
nouveau.
Une étude consciencieuse autant que patiente de
lart égyptien, est le projet de temple maçonnique
de M. Josse Van den Eeckhoudt qui en expose les
plans, façades et coupes. L’extrême préoccupation
du détail décoratif nous paraît nuire un peu aux
grandes lignes, aux éléments généraux et constitu-
tifs de 1 ensemble qui sont traités avec beaucoup
d’ampleur.
M. Van Manspeld a exposé la façade d’un hôtel
construit à Liège. Cette œuvre, dans laquelle on
reconnaît une préoccupation du genre dit flamand,
offre _ de belles qualités : l’ampleur des lignes, la
sobriété et l’harmonie des détails.
M. O. Van Rysselberghe a envoyé les plans et
une photographie de la façade de la charmante
habitation qu’il s’est construite, rue Faider, à
Bruxelles. Cest un beau morceau d’architecture
classique avec une note fantaisiste et élégante, qui
en enlève ce qu il pourrait avoir de sec et de pré-
tentieux.
Dans la cinquième classe (architecture domes-
tique urbaine) nous trouvons classé un projet de
parc et une vue perspective de M. l’architecte de
jardins L. Vanderswaelmen.
Cest une composition dans laquelle nous trou-
vons réunis les deux types connus sous les noms de
jardin anglais et jardin français, c’est-à-dire la
préoccupation de l’imprévu que donnent les lignes
fantaisistes du tracé d’un parc anglais, joint aux
grands effets, aux vastes perspectives données par
le tracé à la Le Nôtre.
Nous y constatons une connaissance approfondie
des ressources que présentent ces deux méthodes.
La classe d'architecture domestique suburbaine
nous présente un certain nombre d’œuvres connues
et quelques compositions nouvelles.
Nous avons dit en 1876 ce que nous pensions du
projet de château seigneurial de M. J. Baes, pré-
senté au concours ouvert à cette époque par la Société
pour l’encouragement des beaux-arts d’Anvers.
Nous avons aussi apprécié en temps opportun les
écuries et remises de Rhisnes, que nous avons
publiées. A cet envoi M. J. Baes a joint une
véranda, ou plutôt une pergola, exécutée à l’avenue
Louise, à Bruxelles, et les écuries et remises exécu-
tées à Bexley-Kent, près de Londres.
MM. Bosmans et Vandevelde ont exposé la
façade d’une maison de campagne construite à
Boitsfort, et publiée par nous, et la jolie façade
méridionale d’une maison de campagne construite,
à Vleurgat sous Uccle; ils y ont joint un très inté-
ressant projet de villa.
Nous mettrons hors de pair la belle campagne
construite, à Uccle, près Bruxelles, en 1867, par
feu J.-P. Cluysenaer (néàCampen, Pays-Bas, en
1811, et mort à Bruxelles le 16 février 1880).
C’est, sans contredit, la meilleure œuvre du
maître.
Le projet de château de M. J. Fonteyne a déjà
été exposé (salon de Bruxelles). Nous en avons à
cette époque fait ressortir les qualités.
Généralement, dans ces projets de maisons de
campagne, dans ces villas dont on expose les des-
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sins , nous sommes forcés de constater que l’on
sacrifie trop au maniéré et au prétentieux. La plu-
part de ces maisons de campagne prennent des
allures de châteaux seigneuriaux; nous aimons
mieux, à ce point de vue spécial, la villa à Dinant,
de M. V. Dumortier, les maison de campagne,
villa, etc., de M. A. Hanssens, les gracieuses et
pittoresques compositions de M. J."Rau et les
esquisses de maisons de campagne, de M. Paul
Saintenoy.
Les châteaux construits de 1861 à 1880 par
M. Schadde, d’Anvers, sont, avec la restauration
de la Bourse d’Anvers, ce que nous connaissons de
mieux, du professeur de l’Académie royale des
Beaux-Arts de la métropole du commerce belge.
Les châteaux de Willebroeck, par M. J. Seghers,
et de Neufchâteau, par Charles Toussaint, — ce
dernier nous paraît inspiré de l’œuvre de feu Cas-
termans, — sont deux conceptions qui ne sortent
pas d’une honnête moyenne. Nous n’y reconnaissons
ni un effort vers une forme nouvelle, ni les écarts
d’une imagination surexcitée par la volonté de faire
nouveau.
Le projet de château de M. Vander Haegen est
traité dans le style adopté généralement en France
pour les constructions seigneuriales à la campagne ;
il nous rappelle même, c’est sans doute un pur
hasard, le chateau de M. de Rothschild à Genève.
Plus sage, plus sobre est le projet de maison de
campagne de M. F. Van Roelen.
Citons pour finir les phothographies de cons-
tructions élevées par M. J. Van Ÿsendyck, exposés
par cet artiste. On y reconnaît ce cachet original
et ce caractère très personnel que M. Van Ÿsen-
dyck sait donner à toutes ses œuvres.
Peu de chose dans la classe d'Architecture
industrielle; nous n’y trouverons aucune de ces
constructions importantes élevées par nos grandes
et riches industries nationales et dont quelques-
unes ont un caractère bien personnel et d’une
parfaite concordance avec la destination.
Nous citerons diverses installations houillères du
bassin de Charleroi, par A. Cador ; le projet de
cité ouvrière de H. Closson, et un entrepôt de
M. C. Thirion, de Verviers.
La classe d'architecture militaire contient
comme œuvres nouvelles ou relativement récentes,
les dessins d’un seul maître, feu Pauwels. Ce sont
les élévations et plans de nombreux bâtiments éle-
vés par lui à Anvers, à Charleroi et à Bruxelles.
Sans être d’un mérite transcendant, ces œuvres
présentent toutes des qualités sérieuses et un ca-
ractère d’une unité singulière qui en fait presque
un genre particulier.
M. L. Piron expose la porte d’Hérenthals, d’après
un relevé exécuté pendant la construction de cette
œuvre de feu Pauwels.
L Emulation a publié les deux autres portes :
celle de Berchem et celle de Boom.
L’administration communale de Tournai a
exposé des dessins de feu Renard représentant la
face vers la ville et celle vers la campagne d’une
intéressante porte de ville établie sur l’Escaut à
Tournai, au XVe siècle.
★
-¥• *
La classe d'architecture funéraire comprend un
nombre relativement considérable d’œuvres; nous
constatons qu’il y a un effort dans ce genre d édi-
cules, une tendance à sortir des chemins trop long-
temps battus et rebattus.
Citons d’abord, pour rappel, le superbe projet de
campo-santo de M. Henri Blomme, première mé-
daille à Anvers 1873, et médaille d’or à Bruxelles
1875.
Comme dans la plupart des œuvres de cet
artiste, nous y reconnaissons une incontestable
entente du caractère monumental des masses |