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indiquant l’existence deces formes, leur rapport avec
le génie des nations et leur influence sur les divers
systèmes auxquels ces formes sont soumises.
C’est chercher la raison de toutes formes, en indi-
quant l’origine, les principes divers, leurs consé-
quences logiques, en analysant les productions les plus
complètes et les montrant avec leurs qualités et leurs
défauts ; c’est faire ressortir enfin les applications que
nous pouvons tirer aujourd’hui des arts anciens et du
moyen-âge.
C’est donc une étude raisonnée des diverses créa-
tions du passé pour les mettre à la portée de notre
époque.
Car les monuments sont les véritables écritures des
peuples ; ils portent l’empreinte de leurs usages, de
leurs moeurs, de leur religion, comme aussi la marque
de leur splendeur et de leur décadence.
Le but que je chercherai à atteindre dans l’ensei-
gnement, c’est de répandre la connaissance des
grands principes de l’architecture, afin que plus tard
les élèves de l’école de Liége puissent, s’appuyant sur
ces principes, apporter leur pierre à la grande institu-
tion humaine, à la loi souveraine du progrès, au sen-
timent de l’utile et du beau.
Je m’efforcerai de placer constamment l’enseigne-
ment de la composition architecturale sur la véritable
base du raisonnement ; après avoir démontré les beau-
tés des projections et des formes des monuments de l’an-
tiquité, du moyen-âge et des temps modernes, après
avoir développé les diverses règles imposées par l’expé-
rienceet les lois impérieuses de la statique, j’arriverai,
je l’espère, par l’analyse comparée et en m’appuyant
sur la science à former des jeunes artistes qui, au
sortir de l’école, après l’achèvement complet de leurs
études d’architecture , pourront avec connaissance
appliquer leur art.
Si j’insiste, Messieurs, sur cette idée, l’achèvement
complet de leurs études d’architecture : c’est parce que
bien des jeunes gens abandonnent aujourd’hui leurs
études académiques avant de connaître toutes les res-
sources de l’art ; ils exercent ensuite la profession
d’architecte munis d’un bien faible bagage de connais-
sances théoriques et même graphiques. Alors, pour
créer les constructions que le public et même certaines
administrations leur demandent, ces nouveaux venus
dans l’art qu’ils ne connaissent pas sont obligés de co-
pier servilement des œuvres qu’ils ne comprennent pas,
qu’ils tronquent et dénaturent, qu’ils appliquent sans
aucun discernement, sans tenir compte du caractère
de la construction qu’ils élèvent, de l’emploi judicieux
des matériaux et des formes artistiques.
Cet état de choses est regrettable, non-seulement
au point de vue de l’art, mais aussi au point de vue du
goût, dont il fausse le jugement. Il porte une certaine
atteinte matérielle à la fortune publique, s’il ne porte
atteinte à la salubrité et à l’hygiène de toute une po-
pulation.
Et maintenant, je dirai aux gens qui se destinent à
la carrière d’architecture : Lorsque vous aurez achevé
vos études et que vous exercerez votre profession,
vous n’aurez pas toujours un vaste champ pour faire
valoir vos connaissances d’artistes et de construc-
teurs.
Si votre rôle doitse borner à élever quelques mai-
sons ou bâtiments plus ou moins modestes au lieu d’une
construction magistrale, sachez bien que vous pouvez
toujours faire preuve de goût et de talent.
Mais, pour atteindre ce but, il faut que ceux qui
exercent la profession d architecte comprennent la
grandeur de l’architecture, son action civilisatrice ; il
faut aussi qu ils aient les sentiments artistiques assez
développés pour mettre ces principes en pratique, en
s’appuyant sur l’art et la science.
Une construction, si infime qu’elle soit, peut avoir
ses notes harmonieuses, qui fait qu’elle charme la vue
en satisfaisant au besoin pour laquelle elle est élevée.
Ce sont les formes vraies qu’il s’agit d’employer selon
les besoins de l’époque et de la construction qu’on
élève.
Si, restant dans ce cadre, vous apportez alors, avec
l’imagination, l’élément indispensable, le raisonne-
ment, vous saurez donner à la construction ce signe
distinctif qui en fera à la fois une œuvre utile et une
œuvre d’art.
Administration des Hospices civils d’Anvers
CONCOURS
Exposition des projets d’Orphelinats de Garçons et de Filles,
et d’Hospice de Vieillards.
COMPTE-RENDU (Fin).
A côté du projet de Monsieur Dieltjens se trouve celui qui
a obtenu la première prime ; c’est l’œuvre d’artistes de talent,
dejà connus : Messieurs Blomme frères,d’Anvers.
Le plan se fait remarquer tout d’abord par sa régularité et
la simplicité de ses lignes; il est remarquable d’ailleurs par
l’étude des diverses dispositions exigées. Messieurs Blomme
ont placé au centre le bâtiment d’administration, précédant
une première cour entourée de galeries ; à gauche et à droite
se trouvent les vestiaires, lavoirs, etc. Immédiatement après,
deux corps de bâtiment se détachent, des deux côtés, de la
partie centrale ; ce sont : la salle d’étude à gauche, la salle
de jeux, à droite. Derrière ces bâtiments se trouve la cour
centrale, ainsi que la cuisine avec toutes ses dépendances,
attenant à deux bâtiments qui rappellent la disposition de la
salle d’étude et des jeux ; ce sont les réfectoires. Par cette
disposition, les salles d’étude et de jeux, ainsi que le réfec-
toire, sont isolés de trois côtés.
Derrière les bâtiments de service une cour avec galerie ;
puis enfin les classes formant un vaste rectangle terminé
par deux galeries en quart de cercle.
La façade composée par Messieurs Blomme frères est sans
contredit la meilleure au point de vue esthétique ; c’est bien
là un orphelinat et cette façade revêt comme un caractère de
calme et de simplicité, le vrai caractère, le seul que doivent
avoir des édifices de ce genre. Les éléments sont aussi sages
que sobres; les lignes sont grandes et, quoique simple d'élé-
ments, cette façade serait d’un aspect riant par le choix heu-
reux des matériaux et leur combinaison ; la vaste surface de
cette élévation, percée de nombreuses fenêtres, est supportée
par un soubassement en pierre de taille ; elle est construite
en briques rouges apparentes et découpée par des bandes de
pierre blanche formant des assises horizontales également
espacées.
La partie centrale est indiquée par trois pignons à gradins
qui forment un motif assez heureux, donnant du pittoresque à
la silhouette. — Quant au dessin, il est très-soigné et très-
artistique.
Buefirentia. — Le projet portant cette devise nous offre un
plan très-travaillé avec de grands espaces découverts. La
façade est traitée dans un bon style ogival assez sévère, don-
nant à la construction un caractère un peu trop religieux
peut-être, dans certaines parties. L’exécution de ce projet
serait probablement impossible avec la somme allouée par
l’Administration des hospices.
L’auteur de ce projet a lavé ses façades; ce dessin est une
véritable aquarelle très-travaillée par places et par consé-
quent assez lourde ; il y a de la crânerie et du chic dans le
faire de certaines parties, mais, malheureusement, le coloris
un peu trop gris, trop sombre, vient nuire par sa froideur à
l’ensemble.
Opvoeding en Onderwijs. — Ce projet nous présente la forme
rectangulaire pour le plan dont la distribution ne donne que
des locaux incomplets ou insuffisants. La façade uniforme,
presque jusqu’à la monotonie, est beaucoup trop monumen-
tale.
Bienfaisance. — Ce projet est assez étudié comme plan.
Quant à la façade,elle nous paraît être d’un élève de Monsieur
Baeckelmans, car nous y retrouvons bien des éléments du
Palais de justice d’Anvers.
Justice. — Plan très-régulier, très-classique, mais aussi
très-étendu. — Composition ogivale assez sérieuse.
Patria. — Le plan est très-simple ; la façade serait très-
belle, très-savante, si le caractère ne faisait légèrement
défaut.
Charité, Utilité, Simplicité. — Projet raté, sans originalité
et même sans ingéniosité; il a de’la naïveté
Perséverance — Plan très-travaillé. — Quant à la façade,
voir le projet Bienfaisance ci-dessus.
De Leeuw van Vlaanderen. — Pour mémoire.
Il est dans tous. — Voir l’Ecole de Verviers publiée par
Émulation, lre année. — Plan très-étudié, très-complet,
très-régulier, mais un peu diffus.
Nous citerons encore pour mémoire : Escaut et Meuse et
De Vreijheidt.
ORPHELINAT DE FILLES.
1re Prime. Monsieur Ernest Dieltjens. — Plan presque
identique à celui de l’Orphelinat de garçons du même archi-
tecte. Le motif du milieu est légèrement modifié. Les deux
tours appuyant le porche sont rondes et, dans l’élévation,
l’ensemble de cette partie de l’élévation, est plus heureuse.
Nous rappelons ce que nous avons dit de la composition et
du dessin, de l’originalité et du caractère pour l’autre projet
du même artiste.
Pour mémoire : Voor Opvoeding en Onderwijs.
Peut-être. — Plan très-simple, projet assez faible.
Aux Orphelins, à l’infortune, Het Geluk, sont trois projets
qui se valent.
Science et Progrès. — 2e Prime. — Messieurs Blomme
frères, d’Anvers. Le plan est très-beau, très-solide et très-
étudié ; la construction est d’un bel ensemble : sa composition
heureuse, d’un bon style et d’une architecture raisonnée et
savante. — Disposition générale rappelant l’Orphelinat de
garçons des mêmes architectes.
Nous passons une série de projets presque insignifiants pour
pénétrer dans le couloir où sont exposés les projets d’Hospice
de Vieillards.
Le projet de Monsieur Dieltjens est l’une des œuvres les
plus complètes, les plus étudiées de tout le concours ; tout est
prévu dans ce plan ; tout en est parfaitement étudié et rai-
sonné; les locaux sont ceux utiles ; ils ont l’importance rela-
tive à leur usage et occupent la place qui leur est indiquée
par les besoins du service. • - La façade est très-heureuse de
composition et d’un beau caractère. — Ce projet a obtenu la
première prime.
Nous n’avons plus qu’à citer le beau projet de Monsieur
Thielens, très-original et très-étudié ; la façade est d’un très-
beau caractère, peut-être un peu trop religieux, mais la
composition en est savante et d’un goût très-distingué.
G est à cet endroit que nous avons dû cesser de prendre des
notes; nous nous voyons forcés de nous en tenir là.
E. A.
Œuvres publiées.
Maisons rue d’Arlon à Bruxelles, par M. Wynand - Janssens,
architecte, planches 10 a 15. Ces deux maisons dont nous
avons donné les plans, les façades et quelques détails sont
réellement remarquables, tant comme plans que comme fa-
çades. Ce sont des habitations à entrées simples conçues dans
de larges proportions, où se trouve réuni tout ce qu’une
étude approfondie du comfort a fait connaître utile et dont la
distribution même se prête admirablement aux effets et à la
décoration.
Les façades d’ailleurs expriment bien ce caractère de
richesse et d’élégance. Celle de la grande maison est composée
d un rez-de-chaussée, d’un étage et d’un toit Mansard ; elle
est ornée de deux rangs de trois fenêtres, très-belles de pro-
portions et de details, que surmontent trois belles lucarnes.
Un motif détaché indique l’entrée que couronne un joli car-
touche, et qui porte, à l’etage, un motif dorique indiquant par
une large fenêtre vénitienne, la galerie du premier étage.
Les larges trumeaux sont ornés de panneaux ; ceux-ci
comme tous les membres importants, les chaînes verticales,
les bandeaux, etc., sont en pierre blanche et se détachent
admirablement sur le fond rouge-brique. La proportion de la
pierre et de la brique est très-heureuse, et la combinaison des
deux couleurs est très-harmonieuse.
L’autre façade, aussi savante comme architecture, est aussi
d’un beau style et d’un beau caractère. Les fenêtres sont cou-
ronnées par un arc de cercles ; il y a quatre fenêtres, dont celles
du milieu, à l’étage, sont terminées par un fronton courbe,
brisé, avec masque sculpté dans le tympan. Au -dessus de ces
deux fenêtres s’élèvent deux lucarnes reliées en un seul motif
couronné par un vaste fronton interrompu, au centre duquel
s’élève un beau motif à médaillon.
Nos lecteurs apprécieront, par les planches qui en font
l’objet, la beauté des détails de ces deux façades.
L’Eglise Sainte-Marie à Liége, œuvre de M. E. Halkin, fait
l’objet de nos planches 16 à 17. C’est une église de faubourg,
de style roman, mêlé un peu de transition, dont le plan en
forme de croix latine avec abside circulaire est divisé, dans
la partie antérieure,en trois nefs d’inégales hauteurs. Il n’était
pas donné à l’artiste, malheureusement, de donner libre cours
à son imagination: les ressources mises à sa disposition
étaient trop restreintes pour cela; cette église est donc assez
simple de construction; mais M. Halkin a su trouver des pro-
portions très-heureuses et l’ensemble de l’édifice est d’un bel
aspect. Le choix des matériaux a été aussi très-heureux ; ce
sont des pierres du pays, employées en petit appareil, et va-
riant de teinte ; la tonalité générale se trouve ainsi agrémentée
de quelques plaques accidentelles, de ton chaud, qui donnent
beaucoup de caractère à l’ensemble. L’œuvre de M. Halkin est
très-intéressante et nous sommes heureux de pouvoir la faire
connaître, en publiant les dessins géométraux.
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