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Trente-septième année. -- Numéro 22.
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CHEMIN DE FER DE L'ETAT. — IV Anvers pour Mallnes et Bruxelles à 5 li. 55,'6.47 le
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Scei s 45,4.y) 5-50,7F.. l«,2e et 3° cl., 8.25,8.45, '10 E. K 2»et3* cl.,p. Brux.) —Lierres.K,
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ci iNinovet. — Bruges, Ostende,5.55, 9-50.10.50,3.45, 4.50 F.. P. 2« et3' cl. —Courtrai, Mous-
son Tournai et Lille 5.55, 9.50, 12.35, 3.45. 4.50 E. P. 2' et 3» cl. — Calais 5.55, 12.35, 3.45 E.
Pet 2» cl., 4.50 E. P et » ci.-Louvain 5.55,9.15F. P, 2" et 3’ ci., 9.50, 12.35.1.18, 4.50. 7 E. P
ge (!t <4.,8.v5. 10 E. 1- et 2° cl. - Tirlem., Liège et Vo-rv. 5.55, 9-15 E. P. 2« et 3° cl., 9.50,
12 35.1.18,4.50,7, (8.25Jusque Tirlem.',10 E. P et 2» cl.— Landen5.55. 9.50, 12.35,4.50.—Spa
5 55 9 15 !.. P. it 3e cl., 9.50,12.35,4.50.— Allemagne, départ 6 h., levée de la boite 5.15
matin : départ 4.50. boite 4.15 soir : départ 10 h., boite 9.15 soir.
CHEMIN DE FER GRAND CENTRAL BELGE. (Ligne, de Hollande). — Départs d’An-
vers à 7.85 h.. uVvv matin,3.37.16.IR soir vers Roosendaal, Breda et Moerdyk.’
P. A. DELA MONTAGNE
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Charleroi,Chàteliueau.Vireux.GivetrCiiarleville, Reims. Paris, Namur, Aelen, Luxembourg,
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Chapelle, 7.22, 9.33, 1.44, 5.42soir.
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7 h. matin.
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hollande,M. H. Nijgh & Van Dit-
may, alPHerdam, et tous les Di-
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paris, Havas, Lafitte, Bullîkr
et Cie, Place de la Bourse, 8. '
Londres, Delizy Davies et Cie, 1,
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13, Tavistofck Row, Coveut Gar-
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cinq lettres....;.....fr.0.25
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» 2Î50
Faits divers. ....
Rubrique Anvers..
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au lignométre. Les titres se paient
d après l espace qu'ils occupent.
résumé politique.
Les journaux français sont unanimes à féliciter le
Président du retrait de sa démission mais iis sont à
non près unanimes aussi à blâmer la fréquente inter-
vention de M. Thiers dans les débats de l’Assemblée.
I e langage de la presse française est, à cette occasion,
très sage et très patriotique et les conseils qu’elle
donne au pouvoir et aux mandataires de la nation mé-
ritent, d'être écoutés. La Presse s’exprime ainsi :
Il faut so dire tous les jours, pour ne l’oublier .jamais,
mie nous sommes entourés d’ennemis, et que la moindre
imprudence de notre part peut nous livrer à eux sans dé-
fense Rappelons-nous que l’enjeu de nos querelles de parti,
c’e^t l’ordre, c’est la liberté, c’est l’avenir même do la
France. Au dedans, la révolution n’attend- que l’heure pro-
pice pour réaliser .dans de nouveaux bouleversements, ses
monstrueuses utopies. Au seuil du pouvoir, toutes les dicta-
tures s’agitent, pour étouffer la liberté, sous prétexte de
sauver la société. Sur notre territoire, nos vainqueurs
assistent à toutes nos luttes intestines, prêts à profiter de
nos discordes, pour rendre plus complets encore et plus
irréparables nos désastres.
Ilne nous est pas permis de faire une seule finit e sous
peine de tout compromettre à jamais. Voilà la vérité qui
doit être toujours présente à l’esprit de ceux qui nous gou-
vernent et qui a été si méconnue dans la crise que nous
venons de traverser.
Oui ! répétons-le avec topte la déférence due a 1 homme
illustre que la confiance de l’Assemblée et du pays a porté
et maintient au pouvoir, en cette circonstance, c’est de son
côté que sont les torts. L’ardeur de son esprit et do ses
convictions l’a entraîné au-delà des limites où toutluicom-
mandait de rester. Il s’est mêlé à la lutte imprudemment,
impolitiqnement, périlleusement. Il s’est volontairement
exposé aux coups; il amis en jeu sa responsabilité lors-
nuelle devait demeurer en dehors de l’arène parlemen-
taire, dans la hante sphère d’indépendance et d impartia-
lité qui est la seule place digne d’un chef du gouvernement.
Mais de ce que la majorité n’a point partagé son opinion
"sur une question spéciale, fallait-il pousser les choses à
l'extrême et d'un dissentiment isolé faire un déchirement
radical ? Nous avons dit hier que c’était impossible et c'est
dans cette conviction que nous avons fait à la sagesse de
M. Thiers et de l’Assemblée un appel qui. Dieu merci ! a
été entendu.
L’Assemblée et M. Thiers sont comme deux époux, trop
impressionnables et trop susceptibles, gui se querellent,
souvent mais qui, au fond, se sentent indispensables l’un à
l'autre, et qui ne rompent parfois que pour reconnaître
bientôt que tout leur fait une loi de vivre ensemble.
Ce qui vient de se passer en est un nouveau témoignage.
II y a entre eux un contrat de raison et de patriotisme
qu’ils ne pourraient déchirer sans exposer à de nouveaux
malheurs notre pauvre pays dont ce contrat est aujour-
d’hui la seule garantie efficace. Ils le comprennent bien l’un
et l’autre; aussi, dès qu’un désaccord se produit, dès
qu'une rupture est imminente, cherche-t-on à dissiper les
malentendus, à apaiser les susceptibilités et à se rappro-
cher par une réconciliation opportune.
Tout cela est juste mais il n’en est pas moins re-
grettable pour la dignité de la France, que ces
brouilles, que ces querelles de ménage se renouvel-
lent aussi fréquemment sous les yeux de l’Europe.
Aussi, félicitant l’Assemblée de sa démarche conci-
liante, le Constitutionnel exprime l’espoir que cette
crise sera la dernière et que le daiiger auquel la
France vient d’échapper ne se reproduira plus.
11 importe, dit-il, pour la dignité comme pour l’autorité
du pouvoir Knnvuriun etdn pouvoir exécutif, qu'ils ne 80
heurtent plus à des difficultés secondaires qui, en s’enveni-
mant., pourraient entraîner les conséquences les plus
funestes. Chacun des pouvoirs doit rester dans ses attribu-
tions respectives; à ce prix seulement l’harmonie néces-
saire à la bonne gestion des affaires régnera au sein du
gouvernement et le pays jouira de la paix, de l'ordre et de
la sécurité dont il a un si impérieux besoin.
D’autres feuilles sont frappées de la position précaire
que fait à la France l'éventualité de la retraite du
President. .
Il faut dégager de ces événements, dit la Cloche,
- une autre leçon bien plus importante encore. Ce qui
•• frappe aujourd’hui tous les yeux, c’est que la situa-
» tion repose sur un homme et que si cet nomme dis-
« paraît, il n’y a plus rien.Nous sommes à, la veille de
» la discussion sur la réorganisation de l’armée, l’on
» sait quelles sont, les idées de M. Thiers à cet égard
» et combien il y tient. Un nouveau conflit peut donc
naître entre lui et l’Assemblée. Il importe donc au
» salut du pays de se préoccuper de l’éventualité où
» pour une raison ou une autre M. Thiers déposerait
•• le pouvoir. Il n’y a que deux solutions à cette diffi-
» culté •• la dissolution de l’Assemblée ou la nomina-
« tion de M. Ctrévy à la vice-présidence du gouverne-
- ment. »
On assure que les ministres, également préoccupés
de la nécessité de prévenir le retour de crises sem-
blables, se proposeraient d’insister vivement auprès
de M. Thiers pour le décider à ne venir se mêler aux
débats de l’Assemblée que dans les conditions sui-
vantes ; lorsque dans une discussion importante ils
sentiraient le desoin 3e s’appuyer de la parole du chef
du gouvernement, ils demanderaient la remise au len-
demain, en annonçant leur intention de réclamer son
intervention personnelle. Ce mode de procéder rentre»
Tait tout, à fait dans les termes de la situation qu’a
faite au président de la République laproposition Rivet.
Une dépêche de Versailles s’était.on le sait, inscrite
en faux contre les bruits répandus sur de prétendus
troubles qui auraient éclaté à Lyon, à Nîmes et à
Marseille. Nous voyons par les journaux de cette der-
nière ville que le communiqué préfectoral annonçant
des mesures de précaution ainsi que l’arrivée de ren-
forts militaires, de divers genres, n’ont pas laissé
que d’y causer un assez grand étonnement, en
présence de la tranquillité absolue qui existe fout
au moins à la surface. Le Sémaphore, après avoir
énuméré tous les préparatifs de l’autorité, et déclaré
ne pas voir bien clairement d’où auraient pu venir les
dangers, fait remarquer que les précautions devraient
toujours être réglées de façon à ne pas servir elles-
mêmes de prétexte à d’inutiles alarmes : « Il ne faut
pas, dit-il, qu’à Aix, Toulouse, Lyon, Montpellier, on
croie à des troubles à Marseille, pas plus qu’il n’est
bon qu'on imagine ici des troubles à Lyon. Les mouve-
ments des troupes qui viennent d’avoir lieu ont eu
pourtant ce résultat. - On ne saurait nier la justesse
de ces observations.
Le pape est à peine remis de sa petite indisposition
et il a reçu à peine le baume que des étrangers de
distinction sont allés verser sur les blessures de son
creur, que l’Espagne, la catholique Espagpe, lui fait de
nouveaux chagrins. La direction générale de l’état-
civil, consultée sur la question de savoir sous quelle
dénomination devront être inscrits dans les registres
Çs enfants issus de mariages exclusivement ecclésias-
tiques, postérieurement à la promulgation de la loi qui
repris l'état-civil à l’Eglise, a répondu que ces en-
tants devaient être inscrits sous la dénomination d’en-
fants naturels.
hans la séance du 15 janvier, à la Chambre des dé-
putes de Lisbonne, le ministre de l'intérieur a déposé
te projet de loi formulant les réformes constitution-
nelles annoncées par le discours du trône. Ce projet
demande ;
U La pairie à vie, au lieu dé la pairie héréditaire,
et la nomination des pairs par le même système d’élec-
tion que pour la Chambre des députés, sauf certaines
categories d’individus, hauts dignitaires de l’Etat ou
princes et infants, qui seront pairs de droit.
La responsabilité exclusive des ministres pour les
actes du pouvoir souverain, la personne du roi étant
tenue hors de cause.
, A L’abolition de la peine de mort, tant en matière
«e droit commun qu’en matière politique.
_„r Le droit absolu de réunion sans autorisation
Préalable. *
(A.L extension du droit de suffrage à tous les chefs de
‘“mine et à tous les individus sachant lire et écrire.
La proposition du Comité central de l’Association
libérale de Bruxelles de chercher à établir l’union
de tous les libéraux sur un des articles du pro-
gramme de 1840, la diffusion de l’enseignement,ne
satisfait aucun de nos confrères. Tous estiment que
ce n’est pas la peine de faire un congrès pour pro-
clamer un principe élémentaire et indiscutable, en
écartant les seuls pointssur lesquels puisseutexister
dans la pratique, des divergences d’opinions. Poser
comme base d’une entente, la question de l’ensei-
gnement c’est, ouvrir le débat sur la révision de la
loi de 1842 et sur l’enseignement obligatoire, — ou
c’est vouloir se payer de phrases.
Le Journal de Gond partage notre avis sur l’op-
portunité d’ouvrir une campagne décisive'en
laveur de l’enseignement obligatoire. Il se pro-
nonceren ces termes :
•• Nous ne savons pas ce qui va se passer aux Chambres
à l’occasion de la discussion du projet de loi de M. Funck.
Mais ce que nous savons, c’est que le projet d’intro-
duire en Belgique l'instruction obligatoire rencontre au-
jourd’hui, dans nos deux Flandres, l’appui énergique de
l’immense majorité des libéraux. Nos libéraux compren-
nent trop bien que là est le salut du pays, là le seul moyen
d'élever le niveau intellectuel général et de sortir défini-
tivement de la honteuse ornière dans laquelle l’ignorance
des masses, exploitée par les cléricaux, nous a enfoncés.
Au surplus, nous n’ignorons pas que s’il était donné aux
libéraux de rester au pouvoir pendant cinquante, soixante,
cent, ans, ils feraient beaucoup pour l’instruction popu-
laire, même en l’absence de toute mesure de coërcition.
Mais no s n’avons pas tant, de patience que cela, et, à un
mal dix fois séculaire, il faut un remède plus prompt et
plus radical. ^
“ Si donc le Comité do Bruxelles n’at.tend que l’assenti-
ment des libéraux des deux Flandres, les deux provinces
les plus arriérées du pays, pour proclamer l’instruction
obligatoire comme une nécessité sociale et politique de
premier ordre, qu’il considère dès à présent cet assenti-
ment comme acquis et qu’il marche résolument en avant.
» Nous le suivrons avec d’autant moins d’hésitation que
nous désirons plus vivement voir le parti libéral se mettre
en opposition complète d’idée avec le Bien public , le
Journal de Bruxelles, le chanoine de Haerne, Mgr Du-
panloup et tous les autres protecteurs de la liberté de
l’ignorance.
Ou lit dans là Discussion:
On sait, que M. l’abbé de Haerne a été chargé par la sec"
tion centrale du rapport sur la question de l'enseignement
obligatoire ; ce rapport n’a pas encore été distribué, mais
on a appris, et cela sans la moindre surprise, qu’il conclut
au rejet de la proposition.
En même temps que la Chambre belge, l’Assemblée
nationale française est saisie d'un projet de loi qui tend
enfin à rétrécir l'abîme toujours béant de l’ignorance; là
aussi c’est, un membre du clergé, Monseigneur Dupanloup,
qui a été choisi pour porter le coup fatal à ces audacieuses
tentatives de rénovation.
Touchant accord ! Et pouvait-on s’attendre à mieux dans
les deux pays les plus catholiques de l’Europe ? Abbés ou
évêques, ces représentants du peuple se soucient fort peu
des progrès réels de l’instruction; ce qui leur importe,c'est
que l’école publique et laïque ne tue point l’école des con-
grégations ; ce qui leur tient à cœur, c’est que pour le plus
graml bien do l’Kgiise la .jeunesse demeure entre les mains
île ceux qui ont pour profession de mutiler la volonté et de
paralyser l’intelligence.
Répétons-le donc encore une fois, le parti catholique
ne peut, nous donner aucune réforme sérieuse, car toutes
les réformes se feraient à son propre détriment. La si-
tuation actuelle est tout en sa faveur, il est le maître du
pays et il voit en silence s’accomplir le travail de cristal-
lisation, qui lentement et Tune après l’autre précipite,
vers le meme fond catholique,toutes les particules vivantes
de la Belgique.
Que manque-t-il au clergé ? 11 a toutes les libertés et il a
tous les privilèges.
Il a la liberté d’aller et de,venir, de s’associer, de lancer
en tous sens ses espions et ses acolytes, de surprendre
la naïveté des enfants et la faiblesse des femmes, il a la
liberté de parler et d’écrire, de prêcher dans l’église et de
prêcher dans les journaux,la liberté d’acheter des maisons,
de bâtir des couvents et des temples, lia la liberté d’ou-
vrir des ateliers et des écoles, d’épuiser à son profit les
forces des malheureuses ouvrières et d’abêtir par sou dé-
testable enseignement les générations,à mesure qu’elles se
lèvent.
Mais tout cela n’est pas assez.
On lui a accordé les droits du citoyen, mais on ne luien
a pas imposé les devoirs, car il ne doit pas mettre son bras
au service de la patrie.
Il peut mendier à son gré et s’enrichir de toutes les façons
possibles; mais il a obtenu de plus que L'Etat inscrive à
son budget une grosse somme destinée à le salarier.
1] peut fonder,des écoles de tous les degrés ; cela ne suffit
pas ; on l’appelle dans les écoles publiques, il en écarte les
livres qui fui déplaisent, il tient sous sa main l’instituteur.
Est-ce trop d’affirmer qu’il est bien de par la loi le maître
de la Belgique ?
Il se gardera donc bien en ce moment de toucher à l’ordre
de choses existant ; il acceptera toutes les mesures des
gouvernements antérieurs ; quand on lui parlera d’une
réforme urgente, de l’enseignement obligatoire, de la
transformation du système militaire, il fera la sourde
oreille, et tout en se montrant aussi doux et aussi modéré
que possible, il laissera tranquillement grandir l’édifice
dont, nous lui avons laissé jeter les fondements.
Le parti libéral ne finira-t-il pas enfin par comprendre
qu’une politique énergique peut seule sauver notre pays, et
que s’il ne parvient pas à s unir, même sur la question de
l’enseignement obligatoire, nul ne voit plus quel est Son
caractère et quel peut être son avenir.
La grève dans les Charbonnages.
Sous ce titre .• la Situation, nous lisons clans le
Journal de Charleroi d'hier :
Pour rester dans la vérité, nous ne pouvons constater
aujourd'hui aucune modification de quelque importance.
Les directeurs de charbonnages sont parvenus à faire
marcher à peu près tous les puits, avec un petit nombre
d’ouvriers qui va, toujours en augmentant, mais avec len-
teur. D’autres, plus heureux, ont récupéré la moitié et
même tous leurs ouvriers. Mais le grand mouvement da
réaction ne so produira que demain. I l y a quatre jours que
nous annonçons la fin de la grève pour lundi.
A mesure qui lle sent la situation lui échapper, l'Inter-
nationale redouble d’efforts et d'audace. La journée d’au-
jourd’hui sera remplie par des meetings dans toutes les
communes. Ces réunions produiront le même résultat que
celles de jeudi dernier, c'est à dire qu’elles provoqueront
une reprise générale des travaux.
L’impuissance de Y Internationale devient manifeste.
L’ouvrier qui payait sa cotisation de 1 fr. par mois se de-
amande pourquoi il rie reçoit pas de secours ainsi qu’on le
lui a toujours promis. Il y a là un mystère qu’il a peine à
éclaircir; non pas qu’il doute de l'honnêteté des meneurs,
nous non plus, cependant cela demande explication. Nous
sommes curieux de savoir si les meetings éclaireront les
travailleurs sur ce sujet.
En attendant, les bruits les plus fantastiques sont mis
en circulation pour intimider les faibles. Nul doute que
sans la présence de la troupe, la fin “de la grève n’eùt pas
été si proche.
Un honorable imprimeur do la ville a refusé hier d’im-
primer une proclamation de Y Internationale aux ouvriers.
Les meneurs n’abandonnent pas encore la lutte, ils voient
qu’elle est décisive. Leur défaite n’en sera que plus écla-
tante et plus complète. ’
D’un autre côté, la résistance des patrons ne faiblit pas.
Ils ne feront aucune concession àlagrève et, franchement,
ils ne sauraient en faire. Les ouvriers pour émettre leurs
exigences se rendent un compte inexact de la position des
patrons et des affaires industrielles. A l’heure qu'il est, les
charbonnages sont encore sous le coup des pertes subies
pendant la durée de la guerre. "
Ils ne se sont, soutenus à cette époque, ils n’ont pu conti-
nuer à donner du travail aux ouvriers qu’en faisant d’oné-
reux sacrifices, dont ils sentent encore le poids. Les docu-
ments statistiques prouvent quel a moyenne des dividendes
donnés par les charbonnages, dans les bonnes années, est
à peine de 3 p. e. Et depuis la guerre ? La moitié des So-
ciétés ne gagnent pas, un tiers sont en pertes. Ces faits sont
de notoriété publique.
Il faudrait ouvrir aux ouvriers les livres des établisse-
ments financiers, afin qu’ils pussent se convaincre à quel
prix les charbonnages ont continué l’extraction pendant,
la guerre. Il est vraiment regrettable qu’on ne leur fasse
pas dans les meetings envisager la situation sons son vé-
ritable point, de vue.
Les renseignements que nous recevons ce matin sont des
plus rassurants. Dans toutes les fosses dont nous avons cité
les noms hier, un plus grand nombre d’ouvriers se sont
présentés. Aucun fait particulier ne s'ôtant produit, nous
ne croyons pas nécessaire de recommencer le tableau dé-
taillé que nous avons exposé hier. Ces quelques lignes suf-
fisent pour donner les caractères généraux de la grève à
l’heure actuelle.
On écrit de Châtelet, au même journal ;
“ Les payes aux charbonnages de Bourbier et d'Ormont
se sont faites sans incidents marquants. Les ouvriers ont
été tranquilles et pas le plus petit bruit ne s’est fait enten-
dre en ville. Les patrouilles de carabiniers et de lanciers
qui parcourent la commune, trois fois par jour, produisent
les meilleurs résultats. Lundi, la grande majorité des ou-
vriers aura repris ses travaux.
» Nos gendarmes ont arrêté ce matin, vers sept heures,
un nommé Leclercq, accusé d’avoir empoigné par le cou un
ouvrier qui voulait descendre, mardi dernier, dans la fosse
de Bourbier, pour l’empêcher de travailler.
- Demain dimanche, à 6 heures, il y aura meeting chez
Paul Marin pour nommer les chefs dé sections de l'Inter-
nationale et recevoir les nouveaux adeptes. Pour faire
partie de la section, il faut donner 10 fr. d’entrée et 1 fr.
par mois. Quel est l’ouvrier assez stupide pour briguer cet
honneur? Surtout que l'Internationale qui l’eçoit des
sommes très fortes ne rend jamais rien.
» L’autorité locale reçoit de nombreuses visites d’ou-
vriers et de femmes en pleurs qui voudraient bien retra-
vailler et qui n’osent pas. Allons, mes amis, du Courage,
et n’ayez pas peur ! » '
On lit dans le Progrès de Charleroi ■
“ Toutes les nouvelles que nous recevons ce matin sont
bonnes et nous apprennent que, bien loin de gagner du ter-
rain, la grève tend, à chaque instant, à disparaître malgré
les démarchés nombreuses que font certains individus sur
lesquels l’autorité a l’œil ouvert, et malgré les meetings
tenus ces jours derniers et ceux annoncés. .
» Les ouvriers retournent en masse à la besogne, toutes
nos nouvelles de ce matin sont d’accord sur ce point.
» Les traits du soir comptaient bon nombre de travail-
leurs dans tous les groupes charbonniers de Conrcelles,
Jumetjitqux, Gosselies. La grève sera terminée par là
lundi matin. Nous devons dire qu’elle n’a été que partielle
dans ees cantons; au faubourg de Charleroi on a continué
hier à ne travailler que partiellement ainsi qu’àDampremy.
- A Montigny-sui’-Sambre,on ale meilleur,espoir que
les ouvriers reprendront tous le travail demain au Poirier,
au Pays-de-Liége et à Bonne-Espérauce. Des détachements
de troupes seront aux fosses pour protéger les travailleurs.
» Voici la proclamation que M. le bourgmestre vient de
faire afficher parmi toute la commune. On a lieu d’espérer
qu’il sera écouté :
». OUVRIERS DE MONTIGNY-SUR-8 AMBRE.
» Le travail vous appelle.
» Je crois de votre intérêt de vous prévenir que toutes
les‘mesures sont prises pour assurer votre entière liberté
et permettre votre retour à la besogne.
» J’ai confiance en vous.-
» Montigny-sur-Sambre, le 21 janvier 1872.
» Le bourgmestre,
» jvcqAeb pier ard. »
« Le calme le plus complet Fègne" dans le pays houîlier
de Châtelet, de Chàtelineau, Fareiennes, Taminès, Aiseau,
Pont-de-Loup, Auvelais, et, dans les charbonnages qui
avaient chômé, les ouvriers reprennent leur besogne en
plus grand nombre chaque jour.
» Il en est de même à Marcinelle, Mont-sur-Marcliienne,
Marclriehne-au-Pont, Monceau-sur-Sambre, Forchie-la-
Marche et, dans tout ce district houiller, les traits n’ont
jamais été aussi forts que maintenant.
» A Gilly on continue à chômer partiellement, néanmons
samedi soir les ouvriers se s.ont présentés en grand nombre
à diverses fosses des charbonnages du Trieu-Kaisin et de
la Réunion ; là aussi, il est facile île voir, à l'attitude triste
et désolée des ouvriers, qu’ils sontfatigués de leur inaction.
Grâce aux mesures intelligentes et énergiques prises par
l’administration locale, on n’a eu aucun désordre à signa-
ler dans cette si populeuse commune.
•» On le voit, la grève a à peu près dit son dernier mot;
nous espérons bien que mardi matin nous annoncerons que
partout nos braves ouvriers auront repris le travail.
» Dans tous Les charbonnages où les paiements de quin-
zaine ont eu lieu hier soir et ce matin, le plus grand ordre
n’a cessé de régner, et les ouvriers se sont retirés après
avoir reçu leur solde. ».
» M. le général Dè Moor, qui est venu à Charleroi pour
diriger les opérations militaires pendant la grève, vient de
faire afficher dans toutes les communes de nos environs la
proclamation suivante, qu’il adresse à nos ouvriers :
« Braves ouvriers du bassin de Charleroi,
» Je suis envoyé ici, pour ve’iller au maintien de Tor-
dre,à votre liberté, à votre séeurité, et pour vous protéger
dans vos t ravaux.
» Je suis heureux de voir le calme qui règne au milieu de
vous ; mais vous ne travaillez .pas ; et vos femmes et vos
enfants vont souffrir de cette inaction.
» Ecoutez le conseil désintéressé d’un soldat, qui a
le cœur droit et loyal, comme vous, et qui vous uit avec
conviction :
» Retournez à vos travaux et Dieu vous bénira.
-"Que les plus courageux,les plus indépendants donnent,
les premiers, ce noble exemple ; et s’il le faut, je vei’serai
mon sang, pour les soutenir et les protéger.
» Au quartier-général à Charleroi, le 19 janvier 1872.
» Le général-major,
» DEMOOR. »
» Une grande revue de toutes les troupes concentrées
dans nos environs aura lieu aujourd’hui à trois heures
après-midi, aux Quatre-Bras, à Gilly. Ces troupes seront
placées sous les ordres de M. legénéral De Moor.
» Voici celles qui y prendront part:
» Trois bataillons de chasseurs à pied ; lr, 3e et 4e batail-
lons de carabiniers ; T'et 2° escadrons du 2e lanciers ; 3° et
4'escadrons du 3» lanciers ; un. escadron de gendarmerie.
» Le 2° bataillon du 3° chasseurs à pied arrive aujour-
d’hui do Mons en-notre ville, il prendra part à la grande
revue de Gilly et sera ensuite cantonné dans nos environs.»
dernières nouvelles.
Châtelet, 21 janviet, 10 h. matin.
Rien de nouveau ne s’est, passé pendant la journée d’hier,
aux charbonnages de Boubier et d'Ormont à Châtelet.
Les ouvriers paraissent fatigués de la grève, et no s#
cachent pas pour se dire qu’ils se rendront au travail de-
main.
Le laminoir de M. De Doriodot à Acoz, qui chômait, à
défaut de charbon, depuis le 15 courant, a été remis en ac-
tivité depuis hier matin.
M. le ministre de l’intérieur a installé jeudi dernier la
commission royale instituée pour organiser et diriger la
participation des artistes, des industriels, des agriculteurs
et des horticulteurs belges à l'Exposition internationale et
universelle qui aura lieu à Vienne en 1873.
Faisant appel au zèle et au dévouement des membres de
ki commission, M. le ministre leur a montré l’intérêt que
la Belgique peut avoir à se faire représenter par l'élite de
ses artistes et de ses producteurs dans un pays de res-
sources et. d’avenir, qui est l'étape du chemin de l’Orient, et
où nos relations commerciales sont encore peu développées
ainsique le démontrent les tableaux du commerce exté-
rieur publics par le département des finances.
Il est important que la Belgique cherche à s’ouvrir dans
oc vaste pays des débouchés nouveaux pour l’exportation
denos produits industriels et à tirer parti des ressources
variées qu’il offre au point de vue des richesses naturelles,
des matières premières.
L’Exposition de 1873 offrira, pour nos producteurs, une
occasion précieuse d’obtenir ce résultat si désirable, et à
ce titre M. le ministre la recommande chaleureusement
au concours des membres de la commission belge.
Après ces paroles, qui ont été vivement applaudies, M. le
ministre a déclaré la commission installée et Ta invitée, au
vœu de l’arrêté royal du 26 décembre dernier, à élire un
président et trois vice-présidents.
M. le baron t'Kint de Roodenbeke a été élu président.
Ontétéélussuccessivement vice-présidents,a une grande
majorité de suffrages :
M. N. Dekeyser, d’Anvers, pour la section des beaux-arts
et de leurs applications ;
M. Léon Orban, pour la section de l’industrie et des
classes ouvrières ;
M. de Cannartd’Hamale, pour la section de l’agriculture
et de l’horticulture.
M. le vipomte. de Jonglie d’Ardoye, envoyé extraordi-
naire et ministre plénipotentiaire de Belgique à Vienne, a
été nommé, par acclamation, vice-président, d'honneur de
la Commission belge.
L’arrêté royal du 26 décembre 1871 ayant conféré à M. J.
Clerfeyt les fonctions de secrétaire, le bureau de la com-
mission se trouve ainsi constitué.
L’assemblée a désigné M. Renkin, notre consul à Vienne,
en qualité de commissaire délégué à l’Exposition autri-
chienne.
Exposition polytechnique de Moscou.
Les personnes qui désirent prendre part à cette exposi-
tion sont priées de s’adresser au commissaires belge,
M. Corr-Vandermaeren, 233, chaussée de Vleurgat, à
Ixeiles. — Les adhésions peuvent lui être envoyées jus-
qu’au 31 janvier courant.
Les colis devront être expédiés le 30 avril ; avant cette
date, les exposants recevront à domicile une circulaire
contenant des instructions détaillées quant au transport de
leurs colis.
Les frais d’expédition sont à leur charge ; mais ils ont
été notablement réduits par suite d’arrangements pris dans
l’intérêt des participants.
Les produits seront centralisés à Anvers, d’où ils seront
dirigés par mer sur Saint-Pétersbourg,au prix de 25 francs
par 1,000 kilog. ou par 40 pieds cubes, au choix du capi-
taine, avec un minimum de 10 francs pour les petits colis;
de Saint-Pétersbourg à Moscou, les objets seront trans-
portés par les chemins de fer russes, à un tarif réduit.
Commerce, marine, etc.
On nous écrit d’Amsterdam :
« La Chambre de commerce de cette ville a exprimé le
désir de voir établir dans les Rietlanden et à COoSterdok
des installations à l’usage du commerce et des transports,
reliées aux travaux du chemin de fer et au nouveau canal.
» Les négociations qui ont eu lieu â ce sujet avec le dé-
partement des travaux publics font présumer que des plans
seront dressés en conséquence, en vue de mettre d’im-
menses terrains, abordables par eau, à la disposition du
commerce, en y construisant des magasins ou hangars. »
Chemins de fer de l’Etat.
relations internationales.
avis. — A la demande de la Compagnie du Nord, les
transports de houille et de coke à destination de Paris (La
Chapelle) ou du chemin de fer de ceinture, doivent être
suspendus jusqu’au 23 janvier courant inclus.
Il n’est fait exception qu’én faveur des expéditions adres-
sées à la Compagnie parisienne du gaz et au service de la
traction de la Compagnie du Nord.
Actes officiels.
Typhus contagîeux.— Par arrêté ministériel, sont sou-
mises qux dispositions des articles 2, 3. 4, 5, 6,7 et.8de
l’arrêté royal 4,1 14 mars 186V, les oommuno» de Pitthern,
Ardoye, Coolscamp et Eegliem.
M. le gouverneur de la Flandre occidentale est chargé de
l'exécution du présent arrêté, qui sera obligatoire àpartir
du,23 janvier courant.
— Décoration spéciale dé première classe. — Par
arrêté royal, la décoration de première classe,’ instituée
par les arrêtés de 1847 et 1861, est accordée à l’ouvrier de
l’administration des chemins de fer de l'Etat dont le noms
et, les titres sont mentionnés ci-après .-
James Woods, 57 ans, marié, chef d’atelier, à Anvers. —
Woods, qui compte trente-quatre années de services pen-
dant lesquelles il a été appelé à diriger, comme chef date-
Iier, les travaux mécaniques de réparation, etc, dans les
stations d'Ans, Malinés et Anvers, est un agent aussi assidu
et zélé qu’intelligent et habile. Sa conduite et sa moralité
sont à l’abri de tout reproche. Woods a obtenu, il y a plus
de dix ans, la décoration spéciale de deuxième classe.
N0UVELLES_ÉTRANGÈRES
FRANCE.
Assemblée nationale.
'Séance du 20 janvier. — présidence de m jules grévy.
La séance, indiquée, comme d’habitude, pour deux heures,
n’est pas encore ouverte à deux heures et demie. Les tri-
bunes publiques et réservées sont pleines; mais dans la
salle il n’y a que très peu de représentants jusqu’à deux
heures trois quarts. M. le président Grévy déclare à ce
moment la séance ouverte.
m. le président. J’ai reçu de M. le Président de la Répu-
blique la lettre suivante, que je dois transmettre ' à l’As-
semblée. (Profonde sensation) :
« Monsieur le président,
» Je vous prie de vouloir bien transmettre à l’Assemblée
ma démission de Président de la République.
» Je n’ai, pas besoin d’ajouter que, jusqu’à mon rempla-
cement, je veillerai au soin des affaires avec mon zèle
accoutumé. J’espère, toutefois, que l’Assemblée compren-
dra qu’il faut prolonger le moins pessible la vacance du
pouvoir.
» Les ministres m’ont remis leur démission; j’ai dû l’ac-
cepter. Ils continueront avec la plus grande application à
s’occuper de leurs ministères respectifs jusqu’à leur rem-
placement.
» Versailles, le 20 janvier 1872. »
m. batbie. J’avais demandé la parole parce que j'avais
espéré, en présentant une résolution à l’Assemblée, pré-
venir la lecture pénible que vous venez d’entendre.
m.le président. J’avais cru devoir, entrant dans les sen-
timents de M. Batbie, lui donner la parole avant la lecture
de la lettre de M. le président de la République ; mais c’ést
sur la demande de M. le ministre de fmstruction publique
qu’il m’a été impossible de retailler la lecture de la lettre
que vous venez d’entendre. (Mouvement.)
m. batbie : Il importe que le pays sache jusqu'à quel
point l’Assemblée a pousse la conciliation. Je maintiens la
résolution que je desirais vous présenter avant la lettre
que vous venez d’entendrô. Je vais vous donner lecture de
cette résolution :
« Considérant que, dans son vote d’hier,l’Assemblée s’est
bornée à réserver la question de principe relatif aux im-
pôts ; que son vote, n ayant été en aucun degré un acte de
défiance et d’hostilité, ne saurait impliquer le refus d’un
concours que l’Assemblée a toujours donné à M. le Prési-
dent de la République. »
L’honorable membre donne lé nom des signataires de la
résolution. Il n’en est pas moins vrai que cette résolution
n’apporte aucune solution à la situation présente. Nous ne
demandons ni l’acceptation ni le refus de M.le Président
de la République.
Il est nécessaire que l’Assemblée se retire dans ses bu-
reaux pour nommer une commission dont le, rôle sera sur-
tout un rôle de conciliation, et d’amener avant tout le Pré-
sidentdé la République à retirer sa démission. Il n’en est
pas moins vrai que si les paroles de conciliation ne sont
pas entendues...
plusieurs voix a gauche. Nous demandons la parole.
(Longue émotion).
m. batbie : Je répète que le rôle de la commission sera
surtout un rôle de conciliation. Je suis maître de ma pa-
role, et ma parole n’ira pas au delà de ma pensée. Je suis
monté à cette tribune dans une pensée de conciliation,et je
me borne à vous demander de vous retirer dans vos bureaux
dé nommer une commission qui se mettra en rapport avec
M. le Président de la République et qui devra faire un ex-
posé sur les résolutions que vous aurez à prendre. (Agita-
tion.)
M. de Cumont me dit qu’il faut d’abord procéder au vote
de Tordre du jour. Je crois que nous ne pouvons procéder
ainsi. Habituellement dans les ordres du jour ou consulte
l'opinion du gouvernement : M. le Président de la Répu-
pliqiie aceêpte-t-il, oui ou non. Tordre du jour ? Je n’hésite
pas à dire que nous n’avons aucun moyen régulier de sa-
voir l’opinion de M. le président de la République, et nous
Iîfn<irSy0nS pas QUaM*1- les]m»nistres aient qualité pour
parler en son nom àcet égard. 1
L’ordre du jour sera soumis à la commission qui se pro-
noncera sur cet ordre du jour comme sur les résolutions â
prendre. (Long mouvement.)
(Une interruption prolongée arrête à ce moment M Ba-
bie, qui continue ensuite).
Je ,f’aPerÇois qu’il y a dans cette Assemblée
uu couiant excellent qui me porte à ponser que l’on veut
voter immédiatement. Cette manière de voir est conforme
a tua |",n- v.. •• H.■iu.iikD* don-- a 1 A^aiiiMé,. ,1,, im-
médiatement 1 ordre du jour que j’ai eu l’honneur de vous
proposer. -
,M\V' ' Résident. Plusieurs ordres du jour Ont été propo-
tants unDautrelgny “ en a remis un et d’au,res représen-
i !tV.D?>SE^LIGS, v- Nous nous étions ralliés à l’ordre du jour
de M. Batbie, parce que noqs voyions ainsi l’explication
d un malenten lu qui seul a pu motiver l’acte si grave qui
malheureusement a précédé cet ordre du jour. Notre pen-
see'unanime, de quelque côté que nous fissions, - et j’ai
vu auparavant un grand nombre de membres de divers
cotes de la Chambre, — notre pensée unanime était une
question de confiance.
En conséquence, nous nous étions ralliés à un ordre du
jour qui est celui que M. Batbie vient de nous lire.
voix nombreuses. Alors votons-le ! (Mouvement prolongé.
Interruptions de divers côtés de l’Assemblée)
M. emji. arago prononce quelques paroles qui ne par-
viennent pas jusqu a nous. ■
leursIplacœfn>EIVT inviteMM- 'es représentants à regagner
m. DESEiLUGNy. L ocdrcylu jour que nous avions préparé
avait ete fait dans 1 intention d’empêcher l’incident regret-
table du debat suscité. Nous vous demandons de ne pas
aller dans vos bureaux ; nous vous demandons de voter
un ordre du jour, quelle qu’en soit la forme. (Longues ré-
clamations à droite.) 6
» L’Assemblée Nationale, convaincue que l’accord le plus
comp et entre les pouvoirs de l’Etat est la condition même
du salut de la patrie dans les épreuves difficiles qu’elle tra-
verse, déclaré que cet accord n’a jamais cessé d’exister ; et
que 1 Assemblee, qui a voulu l’assurer par son vote du 7
août, n a pas entendu l’affaiblir en réservant son vote sur
une question purement économique. » (Longue agitation.)
m. DF. kerdrel : Je demande la parole. (Agitation crois-
sante. — Aux voix ! aux voix !
joueurs voix à M.Desseilligny : Retirez votre ordre du
m. le président. Je déclare que je maintiendrai la parole
à 1 orateur, et il terminera sa lecture.
h. DESEILLIGNY, continuant la lecture de son ordre du
' « Voulant donner à M. Thiers un témoignage de sa con-
fiance, 1 Assemblée fait un nouvel appel à son patriotisme
agitation ) accepter la démission qufl adonnée. » (Longue
m audren de kerdrel. Ce qu’il y a de mieux quand on
veut bien une chose, cest de formuler une proposition qui,
en atteignant son but, ne le dépasse pas. Je viens donc de-
mander aux honorables auteurs de Tordre du jour perfee-
tionne de se souvenir de deux choses,de leur parole d’abord
(applaudissements à droite), et, d’un autre côté, eue 1e
mieux est 1 ennemi du bien. (Applaudissements à droite.)
Quand M. Batbie a lu son ordre du jour, Tapprobaffpn a
etc unanime. (Dené itions à gauche.) C'est, quand cetto
approbation était uk nime, c’est alors que, oubliant la pa-
role donnée, on est nu apporter un autre ordre du jour
qui, sous prétexté de .perfectionner un texte, était surtout
sur de produire la division.
■ 'yrsonno n’a contesté dans notre réunion et il était bien
inutile de rappeler une discussion que personne n’oubliait.
L Assemblee a manifesté sa confiance en M. Thiers, et, vous
annez mieux fait de vous rappeler ce que vous promettiez!
(Vifs applaudissements à droite.)
M. deseilligny. Laissez-moi répondre un mot à ce qu’à
dit M. de Kerdrel. ’ H
Une voix à droite : La vérité ! (Bruits divers.
U. deseilligny. Je suis de ceux qui désirent l’unanimité
dans la Chambre ; je me suis rendu dans diverses réunions.
(Rumeurs diverses.) Si vous m’interrompez systématique-
ment, je croirai que vous avez tort. Oui, j’ai 'donné ma si-
gnature, mais je le demanderai â mes honorables contra-
dicteurs : à ee moment-là, est-ce qu’il était question d’ar-
nver toi apr^i une démission faite ? (Rumeurs diverses.
M. Batbie, avec sa loyauté, est venu â cette tribune, au
commencement de la séance, expliquer ce qui s’était passé.
Nous sommes arrives à ce point qu’il faut une manifesta-
tion unanime de conflance.(Protestations et rumeurs pro-
longées sur les bancs de la droite.) Est-il vrai que la signa-
ture que nous avons donnée à l’honorable M. Randot était
subordonnée à la non-arrivée de la démission '
M. Deseilligny peut à peine se faire entendre. Le bruit
couvre sa parole.
M. LE président réclame en vain plusieurs fois le silence.
n. deseilligny. Nous avons les intentions les plus hon-
nêtes, et vous ne devez pas suspecter les intentions de vos
collègues, (Nouveau bruit.)
m. le président. Messieurs, vous allez prendre une réso-
lution grave, elle empruntera son importance à la dignité
et au calme môme de l’Assemblée.
m. deseilligny. Une grande responsabilité pèse sur nous,
nous avons tous une confiance unanime dans M. le Prési-
sident de la Republique, (L’agitation continue.)
■ Nous sommes,dit nionorable M. Deseilligny,en présence
d une situation grave, celle d’une démision, et nous devons
chercher â tout prix à Tempêeher. (Longue agitation).
m. laboulaye est d’avis qu’un ordre du jour est néces-
saire pour nous enlever à l’anarchie, que de plus, dans un
ordre du jour, il ne faut pas faire d’allusion au vote d’hier.
Hier, 1 Assemblee a rempli un droit et un devoir (très bien !
très bien !) qui lui dictait sa conscience.
Je présente en conséquence, dit AI. Laboulaye, la motion
suivante : » L’Assemblée Nationale , reconnaissant les
grands services rendus par .VL Thiers à la France (mouve-
mens divers), confianteplus que jamais dans le dévouement
et le patriotisme dont il a donné tant de preuves, refuse sa
démission. » (Applaudissements à gauche, mouvements
divers.)
m. batbie. J'ai l’honneur de proposer un amendement,
un ordre dujourque je n’accompagnerai d’aucun commen-
taire. Cette rédaction nouvelle est conçue... (Violentein-
terruption à gauche.) Vous ne m’empêcherez pas de dire
qnè cette rédaction est conçue de manière à provoquer la
presque unanimité. (Approbation.)
“ Considérant que 1 Assemblée, dans sa résolution d’hier,
s’est bornée à réserver une question économique ; que son
vote ne peut être, à aucun titre, regardé comme un acte
de défiance ou d’hostilité et ne saurait impliquer un refus
du concours qu’elle a toujours donné au gouvernement,
l’Assemblée fait appel au patriotisme de M. Te Président de
la République et refuse d’accepter sa démission. » (Mouve-
ments divers).
m. deseilligny. Je retire mon ordre du jour etje demande
que nous votions celui qui vient d’être modifié par M. Bat-
bie, a lin qu’il lie reste de cette discussion que le souvenir
de notre union. (Applaudissements sur plusieurs bancs).
m. le président. Les signataires de Tordre du jour De-
seiLligny se rallient à Tordra du jour de M. Batbie et M.
Laboulaye retire le sien. (Très bien! très bien!)
m. DAiiiREL. Je demande la division. (Bruit prolongé. —
Aux voix ! aux voix !)
m. le président consulte l’Assemblée sur Tordre du jour
de M. Batbie. Cet ordre du jour est accepté par l’Assem-
blée à l’unanimité, sauf par une dizaine de membres de la
droite qui se lèvent contre.
'i. le président. Le bureau est certain d’agir dans la
pensée de l’Assemblée en transmettant la résolution qu’elle
vient de prendre à M. le Président de la République.
La séance est suspendue à quatre heures.
A la reprise de la séance, la parole est donnée à M. Be-
noist-d’Azy.
m. beno'ist-d’azy . L’Assemblée avait chargé son bureau
de porter à M. le président de la République l’expression
desa pensée. M. le,président a bien voulu me charger
dé cet honneur, ainsi que deux vice-présidents et MM.les
questeurs. AI. le Président de la Répubiiquea reçu la dépu-
tation. J’ai eu l’honneur de lui adresser la parole et de lui
faire connaître Tordre du jour voté par l’Assemblée.
AI. le Président de la République a bien voulu me ré-
pondre qu’il était profondément touché, profondément ému,
de notre démarche ; il nous a chargés de dire à l’Assemblée
que dans les discussions qui ont eu lieu, il n’avait éprouvé
ni susceptibilité ni irritation, mais un sentiment profond
de ses convictions ; qu’en présence du désir de l’Assemblée
il lui était impossible de ne pas consacrer le peu de forces
qui lui reste à son dévouement à la patrie et. à ses intérêts.
Il nous a parlé surtout de son affaiblissement de forces ;
mais il nous a dit qu’il était heureux de les employer au
service de la Chambre et du pays.
La démission de Ai. le Président de la République est, en
fait,retirée. (Applaudissements à droite et aux centres),
Nous lui avons fait connaître que les sentiments de l’As-
semblée à son égard étaient les mêmes, surtout à l’égard
BRUXELLES .Office de Publicité, ni
' oe la Madeleine, 46. |