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Bæ Pféejsrscjji’
K, thiers. — M. Thiers a eu hier une conférence avec
M. Passy. On croit qu’il était question de jeter les bases
du ministère qu’ils vont être sans doute appelés pro-
chainement à former.
le ministère. — On prétend que la cour voudrait se
conserver le ministère de l’intérieur dans le cas où elle
ti déciderait à accepter un ministère pur dans le sens
de la coalition; mais M. Thiers ne veut pas entendre
parler d’une semblable condition.
l’adresse a la chambre des dépotés
La commission de l’adresse s’est réunie aujourd’hui,
à midi et demie, dans le cabinet du président. La
séance a été entièrement consacrée à l’examen des af-
faires extérieures. Demain, la commission ne tiendra
point de séance; elle se réunira mercredi à midi, et la
discussion portera sur les questions de l'intérieur. Ce
n’est qu’aprés ces deux séances que MM. les ministres
seront invités à venir donner des explications à la com-
mission.
M. Etienne, assure-t-on ce soir , a été nommé rap-
porteur.
l’adresse a la chambre des pairs.
Il n’y a pas eu aujourd’hui de séance publique à la
chambre des pairs. L’ordre du jour portait une réunion
dans les bureaux pour la communication du projet d’a-
dresse rédigé par la commission spéciale , conformé-
ment à l’art. 77 du réglement.
En effet, une copie de l’adresse a été communiquée
à chacun des sept bureaux dans lesquels se partage la
chambre, et voici dans quels termes le Messager parle
de cette réunion :
« Les expressions de l’adresse ont été discutées, et plu-
sieurs changements importants ont été proposés.
» Le bureau où se trouvait M. Molé a été le Ibéâtre de
discussions assez vives, et sur plusieurs points l'on a demandé
si non obtenu, des explication fort nettes.
MM. de Schonen, de Montalivet, d'Alton , Cousin, ont pris
part à ces débats.
» M. de Schonen, au lieu de ces mots contenus dans le
projet d'adresse . « Assurer l'indépendance de la Belgique.»
voulait que l’on mît: « Assurer l’intégralité de la Belgique. »
Cette opinion . fortement soutenue par M. de Montalembert
et combattue par M. le président du conseil, n’a pu prévaloir.
» M. Molé, qui avait annoncé désirer lui-même la discus-
sion à fond de toutes les questions importantes, s'est montré
fort réservé à l’endroit de la Belgique ; toutefois, il a protesté
que rien n’était encore signé , que sessympalhies étaient tout
entières pour les intérêts belges, et que sa profession de foi,
dont il n’a pas jugé à proposée faire confidence, était connue
des puissances étrangères.
» Il a été plus explicite sur l’évacuation d'Ancône, et s’est
félicité d’avoir tiré les soldats français de la position plus que
précaire où ils se trouvaient, d'après la lettre du traité entre
la France et la cour de Rome.
» Enfin, M. le président du conseil s'est engagé à prouver
que jamais les relations entre la France et l’Angleterre n'a-
vaient été plus amicales et plus intimes qu’en ce moment.
» Sur les affaires intérieures, M. Camille Périer a soutenu
avec chaleur les intérêts du sucre indigène.
Des discussions ont également eu lieu dans le bureau où
•se trouva M. le duc d'Orléans, qui y a pris une part active,
ainsi que MM. de Mosbourg et de Gasparin. »
Après la communication du projet d’adresse, la com-
mission spéciale a dù se réunir de nouveua pour délibé-
rer sur les observations des bureaux.
On croit que la discussion en séance publique com-
mencera mercredi ; cependant nous n’avons point en-
core reçu d’ordre du jour.
BELGIQUE.
Bruxelles, 26 décembre. — Mardi, le roi a assisté au
service divin dans la chapelle du palais.
S. M. a travaillé avec le ministre de l’intérieur et des
affaires étrangères.
•— Nous apprenons que LL. MM. quitteront le châ-
teau de Laeken lundi prochain, pour venir reprendre à
Bruxelles leur résidence d’hiver.
— Hier est arrivé à l’hôtel de Belle-Vue, venant de
Paris, S. A. Nowab-Akbaloodowial-Bahadoor, prince
d’Oude. Le prince est accompagné d’une suite nom-
breuse.
— MM. William Campbell Gillan et Julian Skrine,
—————a—BgTC?ra»v»nir»rin»mT»pi 'u '
Joseph ?—Hélène, tu es un ange, je le sais: mais moi, je suis
si malheureux que lorsque je crains de te perdre je deviens
méfiant et injuste. Oh 1 jure-moi que lu m'aimeras toujours,
que l’éclat et la fortune ne te tenteront point, que les séduc-
tions les plus brillâmes ne te feront pas abandonner le pauvre
Joseph ! Il y a dans mon ame tant de douleur ! n'en ajoute pas
une de plus, car alors elle se briserait, et. je le sens,je de viendrais
/ou.»En prononçant ce dernier mot son visage se décomposa ;
un sanglot étouffa sa voix , et il se jeta sur le sein d’Hélène
qu’il inonda de sis larmes. » Joseph, pourquoi m'affliger ain-
ai ? dit la jeune fille en pressant ses mains dans les siennes ;
rappelle-toi nos doux projets ; bientôt tu obtiendras la place
qu’on t’a promise, je serai ta femme, ton amie... Quand tout
nous dit que nous serons heureux, pourquoi vois-tu le mal-
heur partout ?— Ah! c’est que j’ai souffert depuis que je
suis né, c’est que le bonheur se dessèche pour moi aussitôt
qu'il fleurit. Hélène, je ne t’ai jamais dit toutes les misères et
toutes les humiliations qui m’ont abreuvé. Oh ! pourquoi ne
suis-je pas resté dans tes champs que cultivaient mes pauvres
parents ? pourquoi ne m'ont-ils pas laissé leur ignorance ?
iis ont cru que les sciences et les arts embelliraient ma vie, et
ces fruits de l’orgueil m’ont perdu. L’aliment de la pensée est
amer pour le pauvre, car il n’est pas permis d’avoir une
ame lorsqu'on n’a pas de pain ! Cette ame qn’il faudrait
étouffer . je l'ai apportée grande et pure dans ce Paris
où toute grandeur et toute pureté sont éteintes. J'avais
pensé que des hommes qui me semblaient vertueux dans
leurs écrits m’appelleraient leur frère, qu’ils devineraient en
inol les tourments de l’intelligence et m'allégeraient le far-
deau de la vie. J'avais pensé qu'ils m’offriraient leur appui
«ans que J’eusse besoin de le mendier; mais quand je les
croyais dignes d’être mes amis, ils ont voulu faire de moi
leur esclave. J’ai refusé de me vendre et ils m’ont fermé les
voies de la gloire, iis ont nié ce que je sens en moi, l’inspira-
tion du poète, l’enthousiasme de la vertu : ils m’ont défié, moi
pauvre et ignoré, avec toute, la force de la fortune et du vice
triomphant. J’ai accepté cette lutte inégale ; elle est rude,
elle épuise ma vie, iajang de mon ame y coule tous les jours
et souvent le courage et Ta foi sont prêts à me manquer ; loi
seule, Hélène, ranimes ma croyance en cette.vertu pour la-
quelle je combats; toi seule viens te pencher sur mon front cl
me souris comme un ange dans mes veilles douloureuses . et
alors je suis inspiré, je trouve des paroles éloquentes pour je-
ter l'anathème au vice tout-puissant, clje sensqu’il est vaincu
par moi qui n'ai aucune puissance !... Mais e'est toi qui me
fais croire en moi-mème ! Oh t souviens-toi que si je te per-
dais, je maudirais Dieu, je me jetterais dans 1 abîme do la
corruptjon, je deviendrais fou. Oui, fou, répétait-il avec con-
viction ; ton amour seul rafraîchit le feu qui brûle mon crS-
fnembres de la députation, venue de Londres, pour pro-
poser au gouvernement la formation d’un établissement
sous le nom de Banque anglo-belge, viennent de partir
pour l’Angleterre, à l'effet d’arrêter des arrangements
définitifs avec leurs commcllants pour mettre un capi-
tal 1res considérable à la disposition de l’industrie et
du commerce belges en souffrance, aussitôt que les
statuts qu’ils ont présentés auront reçu l’approbation
royale.
— On répand un bruit que nous croyons, au moins
en partie , dénué de fondemenl. On dit que M. Cb. de
Brouckère a donné sa démission de direcleur de la
BanquedeBelgique, de directeur de la monnaie, d’aide-
de-camp de S. M. , de colonel d’artillerie et professeur
à l’universilé libre.
— Le régiment d’élite va recevoir la même organi-
sation que les autres régiments d’infanterie. Nous ap-
prenons que le ministre delà guerre a désigné le major
Bundgen du 8e de ligne pour commander le dépôt de
ce régiment, qui sera établi à Courtray, et que le capi-
taine Lambot du 1er de ligne a élé nommé capitaine
administrateur d’hablillement au même dépôt.
CHAMBRE DES REPRESENTANTS.
Séance du 26 décembre.
La séance est ouverte à 1 heure et demie.
La parole est à M.Félix de Mérode pourime motion d'ordre.
M. Félix de mérode , d’une voix fortement accentuée.
Messieurs , au moment où les chambres françaises s’occupent
de la rédaction d’une adresse qui doit avoir une influence si
grande sur notre avenir, il importe de leur prouver que l’in-
tégrité du territoire belge , conformément au statu quo exis-
tant depuis huit années , peut être maintenu, sans exiger de
la France des efforts extraordinaires et l’exposer au danger
d'une guerre générale. Elle ne doit pas oublier et nous non
plus, qu’une ligne de forteresses imposantes a été construite
depuis 1815 sur notre frontière méridionale. Ces murailles
sont devenues inutiles pour le but qu'on leur avait assigné :
mais elles peuvent merveilleusement nous servir, afin d'en
atteindre un autre ; et certes , il n’en fut jamais de plus légi-
time, puisqu’il s’agit de soustraire 300 mille de nos compa-
triotes à un odieux partage que sept ans ont rendu tardif et
plus injuste encore.
Mais tout ce qui sera dit aux tribunes de la chambre des
pairs et de la chambre des députés , en faveur du traité des
24 articles, par ceux qui soutiendront sa validité actuelle ,
nonobstant les délais voulus par la Hollande et les puissances
médiatrices , il est certain que si l'Angleterre eût été prête à
appuyer les modifications que réclamait l’équité en faveur
des populations limbourgeoises et luxembourgeoises , le mi-
nistère français n’aurait point hésité à demander ces modifi-
cations avec instance.
D’ailleurs, je suis loin d’attribuer au gouvernement du roi
des Français peu de bienveillance pour la Belgique, lia tou-
jours, au contraire, donné des témoignages de sympathie ef-
fective envers elle ; nous lui avons desobligations qu’en tonte
circonstance je m’empresserai de reconnaître hautement. S’il
parait disposé à nous refuser ultérieurement son secours dans
la question territoriale, ce n’est ni par un sentiment d’indiffé-
rence à notre égard , ni par scrupule de manquer s la foi des
traités.
Ceux qui ont déclaré les 18 articles le lendemain d’une
rupture d'armistice déloyale après l’avoir flétrie eux-mêmes,
ceux qui ont laissé dormir pendant sept ans, le traité du 15
novembre ne pourraient reprochera la France de manquera
ses obligations diplomatiquement contractées parce qu’elle
exigerait maintenant que le statu quo territoral fût respecté
et rendu définitif au moyen de transactions pécuniaires offer-
tes par nous à la Hollande.
Malheureusementl'Angleterreestcnsécurité chez elle, en-
tourée qu’elle est des eaux de l’Océan , et sans inquiétude de
voir compromettre ses franchises par d’ambitieux voisins,
elle se soucie peu de la liberté des autres pays. Plus d'un
homme politique anglais professe l’opinion que la liberté est
bonne pour la Grande-Bretagne et n’est point fait à l’usage
d’autres contrées. La France constitutionnelle, qui n’est pas
une ile, comprend mieux le principe de la solidarité entre
les nations. Elle s’émeut à l'idée que des peuples qui la tou-
chent de près vont subir un régime dont elle ne veut pas pour
elle même. Toutefois, elle craint d'user ses ressources et ses
forces au dehors en les déployant d’une manière trop éner-
gique et partant trop coûleuse.
Si nous voulons lui donner en ce qui nous concerne plus
d’assurance, profilons, messieurs, de ses murailles réservées
d’abord à un service bien différent. La France peut sans ob-
stacle occuper des places qui semblent avoirété créées en ga-
rantie de notre émancipation, sous la sauve garde de sa puis-
sance, c’est là leur destination providentielle â mes sens.
ne !... » La jeune fille, voulanl chasser cette sombre idée de
l'ame de Joseph, posa ses lèvres pures sur son front « A de-
main, lui dit-elle en souriant ; et maintenant je vais rêver à
toi dans ma chambre. Reste ià. et je te dirai encore adieu de
ma fenêtre. » Ils étaient sur le seuil de la porte ; avant de
s'éloigner: « Jure-moi . dit Joseph, que tu ne reverras ja-
mais cet homme! — Oh! non, jamais 1 » Alors Joseph le
pressa dans ses bras, mais elle lui échappa, et s’élançant dans
sa chambre elle se suspendit â sa petite fenêtre, d'où elle
agita son mouchoir en lui criant encore : «Adieu! à demain!»
Puis elle rêva long-temps à leur honneur, elle pria Dieu,cite
mil au lit sans avoir revu sa tante.
Cependant les voisines de mademoiselle Martèse, voyant
que la partie languissait et qu’Hélène ne revenait pas. s'étaient
retirées, laissant le duc en tête-à-tête avec la vieille fille. Ils
causèrent long-temps; en la quittant le duc paraissait fort sa-
tisfait. « A demain, loi dit-il ; à la nuit tombante trouvez-
vous â la fontaine des Triions. » Et lui pressant la main il y
glissa une bourse pleine d’or, puis s'esquiva saris attendre ses
remercîments.
Le lendemain Hélène était dans une douce sérénité ; elle
attendait Josepb te soir, sa tante ne lui pariait plus du duc,
et elle oubliait cet homme qui, la veilie, avait jeté un nuage
sur son bonheur.
Quand la nuit tomba , mademoiselle Martése témoigna le
désir d'aller faire un tour dans le parc. « Il est bien tard, ob-
jecta la jeune fille ; l’air est froid, M. Joseph vaarriver... »I1
venait chaque soir de Paris, à pied, pour la voir quelques heu-
res. Sa tante insista , prétextant le besoin d’exercice, et Hé-
lène la suivit â regret, en recommandant à une voisine que
si Joseph arrivait, avant leur retour, elle le priât d'attendre.
Elles traversèrent le parc et se dirigèrent vers la fontaine
des Tritons; comme elles venaient de la dépasser, un homme
qui était assis sur un banc , à demi caché par les arbres, se
précipita vers elles; ce! homme c’était le duc d’Alban 11 saisit
la main d'Hélène et la baisa passionnément : elle baissa les
yeux, et pressant le bras de sa tante elle lui dit : « Fuyons ! »
La vieille fille semblait indécise; un remords était prêt à s’é-
veiller dans son ame. Le duc le devine, et pour eu triompher
il lui jette une seconde bourse; puis prenant Hélène dans ses
bras il s’élance sous les allées, et court la déposer dans sa voi-
ture qui l’attendait à une des grilles du parc. La jeune fille
ne cria point, elle s'était évanouie.
Elle compril en revenant à elle qu'elle était déshonorée;
elle se Irouva. flétrie, dans une chambre du château du duc.
Elle se dit qu'elle ne pouvait plus être aimée de Joseph, qu'il
fallait à ce noble jeune homme plein de génie etdedélicatesse
une vierge dont ie corps fut aussi pur que l’ame ; désormais
elle n’était plus digne de lui. A celte pensée ledésespoir s’ein-
Je demande donc que dans le cas où la violation du terri-
toire belge devrait être tenté par des forces supérieures em-
ployées à courber sous un joug dont ne veulent pas nos con-
citoyens du Luxembourg et du Limbourg , notre gouverne-
ment, indépendamment des moyens de résistance qu'il oppo-
sera, invite aussitôt le gouvernement français à placer des
garnisons dans toute la ligne de forteresses belges qui bordent
notre frontière du midi.
Si des puissances hostiles à notre nationalité envahissaient
une partie de nos provinces,ii serait convenable quepar com-
pensation nos alliées prissent les positions fortes que nous
pouvons leuroffrir jusqu'à ce que l’atteinte arbitraire portée
aux droits politiques de nos compatriotes cesse et qu’on leur
permette d’en jouir en paix.
On m’objectera peut-être , messieurs, que cette mesure
adoptée par la France serait une déclaration de guerre à plu-
sieurs puissances euiopéennes. Il n’en est rien ; témoin, l’oc-
cupation d’Ancône que les Français viennent d’évacuer après
un long séjour, en même temps que les Autrichiens quittaient
Bologne sans qu’on ait échangé de part et d’autre un seul
boulet.
D’ailleurs, les puissances, divisées sur plusieurs points,
n’attaqueront pas trente-deux millions d’hommes postés der-
rière une triple ligne de forteresses de première ordre dont
les nôtres formeraient l'avant-garde: les coalitions, comme
celles de 1814, se. forment pour le salut commun des nations,
et non point pour des entreprises d’aggression que la morale
réprouve loin de leur être favorable ; mais les cabinets des
princes qui régnent sans limites à leur pouvoir, comprendront
enfin, si la France le veut, qu’il est dangereux de violenter
des populations inoffensives jusque sous le canon des rem-
parts où flotte le drapeau de Juillet. Ils s’abstiendront de
commettre un acte d’iniquité, et nous laisseront conclure
avec la Hollande une paix conforme aux véritables besoins
des deux pays.
m. de renesse. J’adhère complètement à la proposition
faite par l’honorable M. de Mérode...
plusieurs voix. Elle n’est pas en discussion.
d'autres voix. Quelles sont les conclusions.
E. Félix de mérode. On me demande quelles sont les con-
clusions. D’après la constitution , le gouvernement ne peut
faire entrer sur le territoire belge des troupes étrangères sans
une loi. Mes conclusions sont donc que cette loi soit rendue
et que le ministère présente un projet â cet effet. Si on le
veut je le présenterai immédiatement.
u. le ministre de l’intérieur. Je ferai remarquer que
cet objet n’est nullement à l'ordre du jour de la chambre et
qu’une telle proposition, pour êlre régulière, aurait dû éma-
ner de l’initiative gouvernementale. La manière dont elle
vient d'être faite est tout-à-fait irrégulière, et elle ne peut
être discutée en ce moment.
M. nuMOHTlKR. Il n’y a personne dans celte chambre qui
ne sente la nécessité d’investir le gouvernement des mesures
propres à la défense du pays. El personne n'a reculé devant
les mesures qui seraient prises en pareil cas. Mais tout en
adhérant aux sentiments exprimés par l’honorable comte, je
lui ferai remarquer que sa proposition est complètement inu-
tile. Une loi n’a pas besoin d’être promulguée. Elle existe;
elle a élé faite en 1831, elle autorise le gouvernement à ré-
clamer l’intervention des armées étrangères pendant toute la
durée de la guerre.
La motion de M, de Mérode devient donc sans objet autant
qu’elle a pour but de faire présenter un projet de loi Quant
à l’application de sa motion, je crois qu'elle mérite toute
notre sollicitude. Mais elle a été faite sans que personne s’y
attendit et alors que nous avons à l’ordre du jour une ques-
tions! importante, celle relative à la banque de Belgique, je
comprends l’impatience que quelques membres ont fait pa-
raître. J’approuve les sentiments de M. de xiérode ; je désire
que !e gouvernement ne récule devant aucun moyen de dé-
fense, mais d'un autre côté, je le répète, la motion est inuti-
le, puisqu’elle a pour objet rte solliciter une loi déjà faite.
m. de puydt. Nous allons dans le cours de cette séance
nous occuper d'un projet de loi relatif à la banque de Belgi-
que.Il est probable que cette discussion aura lieu en huis-clos.
On pourrait profiter de celle occasion pour examiner alors la
motion de àl. de Mérode. En conséquence, j'en demanderai
l'ajournement jusqu'au comité secret.
m. de mérode. D’après les observations de M. Dumortier,
je crois inutile de donner une suite immédiate à ma motion
si la loi existe réellement. Mais il est toujours bon qu'on sa-
che ailleurs quelles sont nos dispositions.
M. gendebiën. Dès l'instant que l’ordre du jour n’écarte
pas la motion de M. Mérode, je ne m’y opposerai pas. Je
crois, comme M. Dumortier que la loi existe , mais je vou-
drais la voir, et quand nous l'aurons vue, il y aura autre chose
à examiner. Mais ce n’est pas le moment, et je pense que nous
devons passer à l’ordre du jour.
L’ordre du jour est adopté.
La parole est à M. Devaux rapporteur de la commission
pour le projet relatif à la Banque de Belgique.
M. devaux (profond silence). Messieurs, la commission
chargée de l'examen du projet qui a pour but de mettre la
pare d'elle ; elle élève son ame à Dieu et lui demande pardon
de se donner la mort. Les fenêtres du château étaient hautes,
elle se précipite... Des paysans la recueillirent, et, s’aperce-
vant qu’elledonnailencore signe de vie, ils l’emportèrent dans
leur chaumière.
Aussitôt qu’elle eut recouvré ses sens ; o Conduisez-moi,
dit-elle, à i’Hôlel-Dieude Paris; c’est là que je veux mourir.»
Elle avait compris que sa tante l’avait vendue.
Les sœurs de la Charité lui prodiguèrent de tendres soins
et parvinrent à lui rendre une santé faible et chancelante ;
elle se résigna à vivre, car elle avait la foi qui laisse une es-
pérance célesle à ceux qui n’en qnt plus ici-bas. Mais voulant
être morte pour le monde, elle se consacra à Dieu et au ser-
vice des malades
Les douleurs, les souffronces.les mortifications et les veil-
les consumait chaque jour son corps frêle, dont l’ame allait se
séparer aveejoie. Un an s’écoula ainsi.
Un jour Hélène était de garde dans la salle Saint-Louis;
elle n’y était pas entrée depuis une semaine ; mais la sœur
qu’elle relevait de service lui avait dit qu’un seul malade était
en danger de mort: c’éiait un pauvre fou qu’on avait amené
là i! y avait quelques jours. Il faisait nuit ; tout dormait dans
cette sombre et longue salle que les lampes de cuivre éclai-
raient à peine de leurs lueurs blafardes. Tous ces lits silen-
cieux. à rideaux blancs, apparaissaient à Hélène comme au-
tant de cercueils recouverts du drap mortuaire ; celle image
lui souriait. Quand pourrait-elle à son tour revêtir le funèbre
linceul, dépouiller celle chair que l’homme avait flétrie, et
offrir son ame vierge â Dieu en lui demandant de la laisser
aimer, aimer dans le ciel celui qu’elle ne devait plus revoir
sur la terre? Pour l’être qui ne vit que par l’ame, la mort est
une délivrance.
Héléne fut arrachée à son extase par un cri déchirant qui
réveilla plusieurs malades. Elle comprit qu'il était poussé
par le moribond dont lui avait parlé la sœur , et elle se dirigea
vers son lit. Il s'était dressé à demi sur sa couche; sajioitrine
était haletante, il agitait ses bras amaigris et laissait échapper
ries paroles véhémentes entremêlées de cris et de sanglots.
Toul-â-coup il parut se calmer, ii passa sa main pâle et dé-
charnée sur son front, puis récita d une voix douce et claire
les vers suivants :
Au banquet de la vie, infortuné convive.
J'apparus un jour et je meurs !
Je meurs, et sur ma tombe , où lentement j'arrive,
Nul ne viendra verser des pleurs !...
A cette voix Hélène sent ses genoux fléchir ; la lampe
qu’elle tient à !a main est preie a lui échapper, mais Dieu
lui donne la force à cette heure suprême. Elle soulève le ri-
deau du lit, approche la lumière du visage du mourant,
Banque de Belgique en état de reprendre ses paiement!,
taché de pouvoir concilier la sévérité que lui imposait la i
tore du projet proposé avec la nécessité de s’entourer det«
les renseignements propres à l’éclaircir dans un bref délai
A cet effet, dans les cinq séances que la commission a et
depuis trois jours , elle s’est successivement mise en rappo
avec M. le ministre de finances et avec les commissaires
légués par les créanciers et les membres du conseil d’admioi
tration de ia Banque de Belgique.
Le premier soin de notre communication a dû être de s’i
surer du but précis, des mesures proposées et des effets qui
en espérait. Elle a reconnu que ce but pouvait se résumi
dans les termes suivants : a Mettre la Banque de Belgique
état de payer promptement ce qu’elle doit, de rembourser!
billets non encore rentrés et d’arriver â ce résultat sans cot
promettre la position des établissements industriels quil
doivent, en exigeant d’eux de faire face à leurs obligati»
partielles, privés du patronage qui leur facilitait leurs op
rations.
Personne de votre commission ne s'est dissimulé ce ni
l'intervention rie l’étal dans les affaires privées avait d'ei
traordinaire et de dangereux , en thèse générale ; mais m
avons pensé que la situation momentanément exlraordinai
aussi delà Belgique légitimait celte intervention et lui SU
le danger d'un précédeut.
Four nous convaincre que le but proposé était réellemti
praticable, il nous a été soumis des tableaux détaillés de l’acl
et du passif, présentés par les administrateurs de la Banqt
et vérifiés par les mandataires des créanciers. Dans l’impo
sibilité où nous étions, le délai étant si court, de recoin
nous-mêmes aux livres de la Banque et à ceux des établis!
mens qu’elle a créés, nous avons interrogé les représentas
des créanciers des administralionsde la Banque elle-mén
sur leséléments dece.calcul.
L’évaluation desressources qu’elle compte réaliser dans
trois mois, nous a paru dans son ensemble ne porter aura
caractère d’exagération. Si nous avons eu des doutes sut
possibilité de réaliser sans inconvénients quelques-unesdl
ressources indiquées, nous avons reconnu que la réalité pou
rait aisément dépasser ses prévisions.
Ainsi, dans le délai du sursis, tous les créanciersde la B;
que de Belgique, à l’exception d'un petit nombre, sera
payés ; tous les billets serontremboursés sans qu'on exige il
établissements industriels, débiteurs de la Banque, une resl
tulion qui pourrait les gêner.
L'intérêt des classes ouvrières est engagé dans cette que
lion. Votre commission a dù s’enquérir si le prêt fait a
Banque de Belgique suffirait pour permettre aux nombri
établissements placés sous sou patronage de continuer leu
opérations , et s’il suffirait que la banque n’usàl point de
gueur pour obtenir le remboursement des sommes qu’ils II
doivent et si de nouvelles avances ne lui seraient pas indi
pensables.
Le conseil d’administration de la Banque nous a donnéfti
surance formelle que l’avenir des sociélés était assuré, ql
les unes pourraient payer immédiatement, et que les aulr
pourraient rembourser le montant de leurs dettes par annu
tés. Le conseil nous a communiqué en même temps le procé
verbal d’une séance du 22 de ce mois où toutes les socléti
étaient représentées, soit par leurs directeurs, soit par II
administraleurs. Ces sociélés ont déclaré qu’elles peuventi
passer d’a>ances ultérieures ; et deux ou trois seulemenl il
ront besoin d’aliéner ou de donner hypothèque.
Dans tous les cas les avances nécessaires ne dépassentp
les sommes qui sont demandées par y faireface dans le projl
de loi. Votre commission a fait ce que le temps lui permettii
elle a vu que lacréance dugouvernement serait suflisarnmti
garantie par l’actif de l’établissement et les mesures de pu
caution que le gouvernement est autorisé à prendre.
En conséquence, elle a l’honneur de vous proposer à l'un
nimilé l’adoption d’un projet de loi. avec la légère rectificatii
d’une erreur do chiffres et un léger changement dé rédaetii
auxquels M. le ministre des finances a déclaré se rnl icr. '
le ministre des finances a communiqué à la commission!
conditions auxquelles il entendait subordonner le prêt fuitp
le gouvernement.
Bien que la commission n’eut pas à délibérer sur les mes
res extraordinaires, elle a cru devoir faire quelques obsert
lions quant a l’exécution des conditions imposées. Elle n’3 p
cru devoir ajouter â ce projet spécial pour porter des mqsur
plus étendues, mais elle a pensé que les circonstances néct
silaient de la part du gouvernement et des chambres, (le pu
ter une attention sérieuse sur les précautions que nécessité
les sociélés sur actions et l’émission des billets de banque. I
le ministre des finances a insisté ainsi que les cummisssir
délégués parles créanciers, sur ce qu’une grande partie
( efficacité du moyen proposé consistait dans ia proinptiW1
de son adoption.
Nous venons donc vous demander une discussion «tu
prompte que possible. Les membres de la coin mission craignit
que cette discussion ne risquât de se porter sur des noms pfl
pres et ne fit atteinte au crédit des établissements industihB
ont résolu de réclamer le comité secret. La chambre se IroiT
ter» d
ii'tre
Le t
legit
nenli
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M. I
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projet
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et d'une voix éteinte elle dit : « C’est lui !.... » AI»
elle reste debout, blanche et froide, comme une vierf
d albâtre, en face de ces deux yeux flamboyantsqui s’attacb l
à elle et la brûlent de leurs regards. Le moribond se soutè '
la force semble lui revenir, la fièvre empourpre ses jout
lui rend une apparence de vie II s’élance, il étreint dans
bras cette femme qu’il a reconnue. « Ah I c’est vous, » Il
dit-il, et il l'enlace avec fureur, il pousse des rugisseinentsj
son esprit semble de nouveau s’égarer. « Oh ! je vous
bien dit que je deviendrais Jim, s'écriait-il, et pourtant t|
m’avez trahi ! — Trahi ! répéta douloureusement Hélc 9
si j'étais coupable, Joseph, serais-je ici ? « Ces derniers mo
semblent ranimer sa raison ; il regarde Hélène et lui sÇ'r
comme autrefois, elle renail sous ce sourire. Ils se dist'
leurs longues angoisses, leurs misères, leurs désespoirs ;1
comprennent qu’iis ne pouvaient plus être heureux ici-!9
car le monde avait souillé la foi pure qu’ils avaitnt au bonbiul
Ce monde frivole et perverti du dix-huitième siècle n’a"»
pas respecté la sainteté sacrée de la vierge et du poêle ; dl'
la vierge il n'avait vu qu'une source de volupté , datif
puëte qu’une source de corruption. A elle il avait offert la °J
tune au prix de la honte, a lui la renommée en échange
la prostitution de son génie. Ils repoussèrent tous les de
cette double profanation ; mais ils furent brisés par ce mon11
qui n’avait pu les vaincre. Le vice en voyant son marche d
poussé agit brutalement dans sa force : il souilla la vierge q
voulait rester chaste , il proscrivit le poêle qui refusait di
vendre, puis il vint les railler, la face radieuse, sur celle t*
che d’hôpital où ils gisaient comme la personnification d;
vertu et du génie; mais Dieu leur déroba l’horreur d
triomphe du vice, et leurdernicre heure fut douce et se.rr9
Toute image du monde les avait quittés ; il ne leur restait pl
que celle de leur amour ; ils unirent leurs mains pour nio !
et parlèrent d’hymen et d’immortalité. Ils sentirent avec]9
leurs forces s’affaiblir sous le poids d’une extase céleste: m
pensées fraîches et riantes comme celles qui avaient enOjj
leur berceau venaient se grouper autour de leur couche
gonie; ils comprenaient qu'ils allaient s’envoler vers un
qui ne leur était pas inconnu, cl ils se souvenaient niewc
l'avoir habité, avant de souffrir sur la terre. Leur ame, dépo
lée de son enveloppe mortelle, pénétrait le mystère de l«*j
struelion de la chair â jamais dérobé à notre orgueil. ii> "
teignirent en remerciant Dieu rte leurs derniers moment
moururent au malheur pour renaître à l'amour.
Le lendemain on lisait dans le Mercure de /''rance
colas-Joseph Laurent Gilbert, poète satirique assez dislift ■
vient de mourir à I Hôtel-Dieu de Paris. »
On ne parlait pas d'Hélène I...
Louise COLET, née Révoil
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