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, Landi Janiier
SeptfSèsase .iiMï<é©
On s’abonne : à Anvers an baroan
du PRECURSEUR, Bourse Anglaise,
N.o 1040 ; en Belgique et A l’étranger
chez tous les Directeurs (les Postes.
CLRSEIM
JOURNAL POLITIQUE, COMMERCIAL, MARITIME ET LITTÉRAIRE.
Abonnement par trimestre.
Pour Anvers, 15 francs ; pour la pro-
vince, 18 frs.; pour l’éiringcr, 20 fr.
Insertions 25 centimes la ligne.
(Réclames 50 •
PAIX. — T.IBSUTÊ. — PROGRÈS,
fi© «BaESTier.
SUR ÜSî WOUVEA5J JOTIRMIj A. ASTERS.
On vient de distribuer en cette ville le prospectus d’un nou-
veau journal qui doit paraître sous le titre radical : Le Réfor-
mateur. Cette entreprise se réalisera-t-elle ou s’arrêtera-t-on
simplement au projet? Nous pensons qu’il n’y aura pas com-
mencement d’exécution ou du moins que le Réformateur n’aura
qu’une existence éphémère et qu’il tombera avec les dernières
feuilles de l’année. C’est même un conseil que nous donnons
aux auteurs de ce projet, conseil entièrement basé sur ce qu’ils
appellent leur profession de foi.
Que dit ce prospectus, en elfet? Que veut-il faire : réformer
la politique, la science économique,la législation,(ecommerce?
Mais toutes ces choses exigent de fortes éludes, de l’expérience
et l’art d’écrire. Où ces bons jeunes gens ont-ils appris tout
cela? Dans leur profession de foi, ils avouent naïvement leur
jeunesse et leur inexpérience. Quant à leur talent, l'infirme
rédaction du prospectus en témoigne la valeur d’une façon dé-
plorable et vraiment décourageante pour leurs amis. Ils parlent
de politique et ils établissent surcettespécialitéune distinction
incompréhensible autant pour eux-mêmes que pour l’auteur
c’est ce que Despréaux, dans son inexorable boa sens, appelait
du galimalhias double.Iisn’onl aucune idée politique; nous leur
porterions le défi de donner une définition,tout au piusspécieuse,
de cette science sur laquelle ils n om même pas su aligner une
phrase.
Le même prospectus a l’air de jeter un coup-d'œil sur les in-
térêts maritimes et commerciaux de la place d’Anvers. Ce sont
des banalités repoussées aujourd'hui des comptoirs môme de
tous les marchands, car les Belges savent fort bien que si des
étrangers actifs et industrieux sont venus féconder le sol
commercial et industriel de la Belgique , leurs travaux, ni
même les richesses qu’ilsacquièrent ne sont pas inutiles au pays
C’est en Belgique qu’ils produisent et consomment ; ils offrent
aux Belges un terme d’émulation; il ne tient qu’à ces derniers
de marcher sur leurs traces et de leur faire une redoutable con-
currence. Anvers était riche et florissant alors qu’il était un
immense caravansérail oùunefoulè d’étrangers fesaient affluer
les produits de tous les pays pour les déverser de là sur le
monde entier. Le futur Réformateur ignore donc encore l’his-
toire de son pays?
. Il parle aussi de réciprocité dans les relations de commerce
internationales. 11 est vrai que si la réciprocité ne doit pas être
le principe absolu qui domine les transactions commerciales,
de nation à nation, cet élément n’en doit pas moins entrer en
considération. Mais la réciprocité absolue serait impolitique,
si elle n’était pas impossible : elle ne peut consister qu’en un
échange d’avantages qui se pèsent et ne se comptent pas. La
Belgique, nation nouvelle, avait besoin d’être acceptée et recon-
nue par ses pareilles ; le pouvait elle par la force des armes ?
Non ! certes. Elle a préféré le faire par l’offre d’avantages com-
merciaux. Ce sacrifice passager n’en était pas un puisqu’il lui a
valu d’être comptée de prime abord au nombre des nations eu-
ropéennes, presque sans opposition comparativement aux luttes
sanglantes et prolongées par lesquelles tant d’autres pays ont
conquis leur nationalité et assuré leur indépendance.Lesystè-
me commercial de la Belgique a donc été lié intimement jus-
qu'à présent aux premiers développements de sa nationalité.
Peut-être aujourd’hui n’a-t-elle plus besoin de tant offrir afin
d’obtenir quelque chose en échange ? Peut-être le temps des
restrictions est-il arrivé? Mais elle doit y procéder avec mesure
et réserve, et sacrifier toujours un peu le présent à l'avenir.
Voilà comment on peut entendre la réciprocité ; autrement c’est
tomber dans les exclusions et l’isolement, autrement c’est vou-
loir ce que demande, à son insu peut-être, l’auteur du program-
me du Réformateur: l’exclusion des produits de l’étranger après
l’expulsion des personnes.
Le prospectus duRéformateur va ainsi passant tout en revue,
sans ordre, sans suite et sans idées comme on peut croire. Il
annonce aussi qu’il respectera les croyances religieuses, la mo-
rale et les personnes. C’est fort bien ; mais vous-mêmes, bons
rédacteurs, obtiendrez-vous la réciprocité? Par une première
publication , vous encourez déjà des sifflets mérités, que sera-
ce si vous continuez votre œuvre ? En butte aux reproches de
toute nature , aux injureî , aux calomnies , votre fermeté ne
pourra se raidir contre l’ingratitude du métier et votre fran-
chise se révoltera bientôt en face des haines, des injustices, des
préjugés d’une foule de personnes que vous aurez méconten-
tées sans le vouloir ni le savoir.Vous payerez cher, nous vous le
prédisons, la gloriole d’être imprimés tout vifs.
Que vos parents, si vous en avez, vous détournent de ce fu-
neste passe-temps où vous perdriez votre temps , votre argent
et votre repos. Vous pouvez employer plus utilement vos facul-
tés. Votre éduoation qui est peu littéraire, à en juger par votre
prospectus , ne se refuse pas à une profession commerciale ou
industrielle par laquelle vous pourriez faire votre fortune et
contribuer ainsi au bien du pays. Mais si le démon de l'esprit
vous possède, si vous voulez écrire , eh, bien ! enfermez-vous
pendant des années dans votre cabinet. Travaillez, éludiez et
plus tard vous serez reçus à disserter sur les sciences sociales
et à méditer sur les destinées des empires.
Nous donnons ces conseils à Messieurs du Réformateur en
toute sûreté de conscience. Ce n’est pas la crainte d’une con-
currence nouvelle qui les dicte; elle ne saurait être plus redou-
table que celle de feu le Contrôleur ou de feu YIlebdomaduire
son contemporain. Au contraire, nous voudrions voir se créer
à Anvers un journal qui voulût lutter avec nous de persévé-
rance et d'efforts dans les soutiens des intérêts matériels et mo-
raux du pays.Nous chercherions toujours à le surpasser et cette
lutte tournerait en définitive à l’avantage de la presse anver-
soise. Nous fesons actuellement tout ce que nous pouvons,
mais un rival jeune et vivace nous enseignerait peut-être à faire
mieux. En deux mots, nous préférerions mille fois une active
concurrence à celle de ces publications mort-nées, de ces
deux feuillesdontl’unemeurt de décrépitude et l’autre périt de
consomption, concurrence, si nous osons le dire, peu digne de
notre courage.
On nous mande de Paris, 8 janvier :
Depuis long-temps la population nombreuse et turbulente des
grandes écoles de Paris est, pour le gouvernement, un perpé-
tuel sujet d’inquiétude. Pour la diminuer, on s'est montré peu
scrupuleux sur les moyens. On a laissé en toute liberté, s'éta-
blir,(lans les quartiers St-Jacques et de la Montagne St.-Gene-
viève, que cette population habite,des maisons de plaisir, bals,
estaminets, lieux dits de tolérance, et les dérèglements ont été
plutôt favorisés que réprimés. Il en résulte un grand relâche-
ment dans les études et les mœurs ; ces jeunes gens sont deve-
nus débauchés et tapageurs à tel point que les habitants de ces
quartiers, quoique tirant pour la plupart d’assez grands avan-
tages du séjour des écoliers parmi eux, en sont venus à désirer
leur éloignement,et beaucoup de pères de famille dans les dé-
partements informés de ces désordres ont rappelé leurs fils.
Depuis quelques années, les écoles de droit et de médecine de
Paris ont vu diminuer de plusieurs milliers le nombre des étu-
diants qui la fréquentent. Pour réduire encore ce nombre, ie
gouvernement s’est avisé d’un moyen plus morai;il a créé dans
plusieurs villes de province, des écoles de droit et de science
médicale. La promenade que viennent de faire , à travers
Paris, les jeunes gens des écoles pour aller féliciter l’abbé
de Lamennais, de sa sortie de prison; et les désordres qui ont
été la suite de cette importante ovation ne peuvent que forti-
fier la résolution qui semble bien prise par le pouvoir de ré-
partir entre plusieurs départements la turbulente population
des écoles de médecine et de droit.
Vienne. 29 décembre. — I.a direction du chemin de fer du nord avait
demandé au gouvernement la garantie d’un intérêt pour les actions de
cette entreprise. Il lui a été répondu par un décret de la chambre des
finances que S. SI. pouvait d’autant moins consentir à accorder cet ap-
pui ou tout autre appui direct, que la construction du chemin de fer de
l’Etal vers Prague et vers les frontières de Saxe, en jonction avec le che-
min de fer du nord, augmenterait encore les avantages déjà considé-
rables de ce dernier. ( Mercure de Souabe.)
— Bourse du 5 janvier. — 5 Ojo métalliques lüf. 5(8 ; 4 p. 0;o 93 1 j4 ;
5 0[0 7(5: active banque 1627; coupons 1834 142 1[2; id. 1859 108 7[8.
Hambourg, t" janvier.— L’année qui vient de s’écouler a malheureu-
sement fourni la preuve que Hambourg est une des villes les moins
saines de l’Allemagne. La mortalité y a été, proportion gardée, beaucoup
plus grande que dans d’autres endroits, et le nombre des décès qui a
été de 5295 surpasse de beaucoup celui des naissances qui s’est élevé à
4767. On peut attribuer ceci en partie à la situation de la ville : elle se
trouve sur un terrain plat, marécageux etsillonnéde courants, et entre
deux mers. On peut aussi eu chercher la raison dans l’intempérance qui
règne ici, et notamment à l’usage immodéré de l’eau-de-vie parmi les
basses classes.
Le nombre des bâtiments de mer qui se trouvaient au port à la fin de
l’année qui vient de s’écouler, s’élevait à 192. (Gaz. univ.deLeipzig.)
Beei.in .A janvier. — Un ordre de cabinet a été adressé aux comman-
dants des régiments pour qu’ils aient à recommander expressément
aux officiers de s'abstenir de tout luxe excédant leurs moyens etd’évi-
ter surtout de faire des dettes. (Mercure de IVestphalie.)
Coi.ogxe, 7 janvier. — Nous sommes heureux, dit le comité provi-
soire de l’association pour l’achèvement de la cathédrale de Cologne, de
pouvoir porter à la connaissance du public l’ordre du cabinet que
voici :
« Je n’ai rien trouvé à reprendre aux statuts de l’association pour
l’achèvement de la cathédrale de Cologne,que vous m’avez soumis avec
votre rapport du 28 mai dernier et que je vous renvoie ci-joints,et je
donne, par ces présentes, mon autorisation à ces statuts, et j’accepte
en même temps, conformément à la prière qui y est exprimée au ^ 2,
le protectorat de l’association.
i Charlotteubourg, 8 décembrel841.
» Fbédéric-Guilracme. »
Au ministre d’Etat Eickorn.
AKGIiEÏ'ËïfiBBE.
Londres,? junv.— City article du Globe,midi: Lesdemandes continuent
surl’argentjmaisau marché d’escomptes les préteurs sont en plus grand
nombre que les emprunteurs et le taux des intérêts baisse en consé-
quence. La Banque commencera demain à payer les dividendes trimes-
triels sur les fonds de l’Etat, ce qui ne peut manquer derendre pendant
quelque temps la circulation fort facile. Nous espérons en conséquence
que celte circonstance heureuse sera suivie d’une amélioration propor-
tionnelle des affaires commerciales, et assez importante pour faire ces-
ser la détresse et les embarras qui ont existé depuis plusieurs mois. Déjà
11 se manifeste des symptômes qui annoncent le retour de la confiance
et d’une amélioration désirable sur plusieurs branches du commerce,
bien que les fêtes de Noël aient plutôt retardé que bâté l'impulsion don-
née aux affaires.
jDeux heures. — Le marché des fonds anglais s’est montré calme pen-
dant toute la matinée. Les prix ne se sont pas améliorés à cause de la
pénurie du numéraire.
Consolidés 89U8,li4.au compt., 80115 en compte.—Act. de la Banque
167, 168. — Bons de l’Echiquier 18, 20. — La disette de l’argent se fait
sentir vivement au marché des fonds étrangers, où les courtiers con-
tractent des emprunts à des taux très élevés d’intérêts. Les Esp. n’ont
pas su se soutenir à leur hausse d’hier et sont cotés à 25 1[8, 1[4; diff.
12 5|4, 15; pass. 5 7[8, 6. — Mexic. 28 7(8, 29 1)4. — Holl. 2 1|2 p. c 51,
51 1[4; 5 p. c. 100, 100 li2. —Brésil 65,64. — Port. 5 p. c. 52 1(4,5[4; 5 p.
c. 19 1[4, J[2.
FKASIUE.
Paris, 8janvier. — On lit dausle Messsager d’hier soir :
« Hier matin, et ce matin encore, des placards manuscrits avaient été
affiches dans l’intérieur et à l’extérieur des écoles de Médecine et de
Droit, pourexciter les étudiants à une manifestation à l'occasion de la
mise eu liberté de M. l’abbé de Lamennais, qui a eu lieu le 5 de ce mois.
}i Cette provocation avait été reçue comme elle méritait de l’étre par
a plupart des étudiants,et les placards avaient été enlevés par les soins
de l’autorité.
» Cependant aujourd’hui, vers une heure,des individus, au nombre
de deux ou trois cents, se sont réunis sur la place du Panthéon, et de là
se sont rendus sur la place de l’Ecole de Médecine , où les attendait un
autre rassemblement d’environ deux cents personnes, dans lequel se
trouvait, comme dans le premier, un certain nombre d’étudiants.
» Les deux troupes réunies se sont dirigées, en petits groupes, par le
Pont-Neuf, les quais, la place du Palais-Royal et le boulevard des Ita-
liens, vers le domicile de M. l’abbé de Lamenais, rue Tronchet.
» Leur marche a été silencieuse jusqu’au boulevard des Capucines ;
mais en passant devant l’hôtel du ministère des affaires étrangères,
l’attroupement a poussé le cri : A bas Guizot !
» Arrivé devant ia maison de M. l’abbé de Lamennais, le rassemble-
ment s’est arrêté ; quatre délégués sont montés chez M. de Lamennais.
Peu de temps après, Gelui-ci s’est montré à un balcon et a été salué du
cri de : Vive Lamennais !
a Alors, un détachement de troupes de ligne, précédé de deux com-
missaires de police, s’étant présenté,rattroupements’est remis en mar-
che pour retourner vers iequartier des Ecoles.
a En repassant devant l'hôtel du ministère des affaires étrangères, le
rassemblement a de nouveau poussé le cri : A bas Guizot ! Puis il-s’est
dirigé par la rue du Croissant, où il s’est arrêté un momentdevant les
bureaux do Journal du Peuple, en criant: Vive Dupoty !
h Devant le palais de la chambre des pairsjes perturbateurs ont crié
à plusieurs reprises : A bas les pairs ! Vieux habits, vieux galons !... etc.
a Revenus sur la place du Panthéon, ils ont voulu y stationner et ont
entonné la Marseillaise-, mais à l’instant un détachement de garde mu-
nicipale, précédé d’un commissaire de police, les a complètement dis-
persés.
» Plusieurs individus, étudiants et ouvriers, qui faisaient partie du
rassemblement et qui s’étaient fait remarquer par leurs excitations et
leurs cris, ont été arrêtés sur divers points. Ils sont livrés aux tribunaux.
m Partout la population a témoigné son dégoût et son mépris pour
cette démonstration, qui est constamment restée isolée. »
La commission de l’adresse de la chambre des députés a entendu
aujourd’hui MM.les ministres de l’intérieur, des travaux publics et des
finances. Ce soir à cinq heures elle était encore en séance 11 lui reste à
entendre MM. les ministres du commerce et de la marine. On pense
qu’elle pourra jnomraer lundi ou mardi au plus tard son rapporteur et
que la chambre ne sera pasconvoquée porren entendre la lecture avant
jeudi prochain; elle serait convoquée en séance publique pour vendredi,
à l’effet de fixer le jour où commencerait la discussion générale. Il est
vraisemblable que la discussion ne s’engagera pas avant le 17 ou le 18
du courant. On disait même ce soir dans la salle des conférences que la
discussion serait différée jusqu’au 22 de ce mois.
— Nous croyons pouvoir annoncer que la froideur survenue récem-
ment entre les deux cours des Tuileries et de Saint-Pétersbourg est,
par suite de l’arrivée de M. de Boutenieff à Paris, à la veille de disparai-
t.re. Quoique les journaux allemands continuent à donner à M. de Bou-
tenieff ie titre et le caractère d’envoyé extraordinaire et de ministre
plénipotentiaire de Russie à Constantinople, nous avons quelque raison
de penser que ce diplomate distingué, qui jouit au plus haut degré de
la confiance de son souverain, est chargé d’une mission spéciale auprès
du gouvernement français, et que le désir d’établir de meilleurs rap-
ports entre Paris et Saint-Pétersbourg n’est pas étranger à sa mission.
Le clioix de M. de Boutenieff, dont l’esprit conciliant et le noble carac-
tère sont suffisamment connus dans le monde diplomatique, font bien
augurer du résultat de son arrivée à Paris. (Presse.)
— Le comte de Medem, autrefois premier secrétaire de l'ambassade
russe à Paris, vient d’élre définitivement nommé ministre plénipoten-
tiaire à la cour de Vienne.
— Nous avons annoncé dernièrement, sur la foi de l’un de nos cor-
respondants de Berlin, que le roi de Prusse, en se rendant à Londres,
avait l’intention de s’embarquer à Calais. Le même correspondant m us
écrit aujourd’hui que S M. ayant été prévenue que la flottille anglaise
destinée à venir la chercher se rendrait à Ostende,a choisi ce port pour
lieu d’embarquement; mais qu’alors le roi de Prusse reviendra à Ber-
lin par Calais et Paris. (Presse.)
— M. le baron de Bourqueney, ministre plénipotentiaire de France,
est arrivé le 17 à Constantinople.
— Une mère, jeune encore, habitant la commune d’Elvange (Moselle),
avait perdu une fille de quatorze ans; elle paraissait supporter celte
perte douloureuse avec résignation, lorsque les jeunes filles s’étant réu-
nies dans la maison mortuaire pour accompagner le convoi, la vue inat-
tendue de l’habillement de son snfant porté par une d’entre elles lui
causa une si vive émotion, que cette malheureuse mère est tombïe
morte à côté du cercueil de sa fille. Elle laisse dans la misère cinq autres
enfants encore en bas âge.
— la baronne Gros, veuve de l’illustre peintre, est morte hier à
Paris dans un âge peu avancé.
—BUi.t.KTis IDE i.a bourse.—La bourse avait encore une apparence de
hausse au débutdu parquet. Il y avait quelques demandes assez impor-
tantes maisaussitôt qu’ellesontétésatisfaites,un mouvement rétrograde
a commencé. Les affaires sont retombées dans leur stagnation habituelle.
La rente 5 p. c. demandée à 78-65 a atteint peu après l’ouverture le
cours de 78-70, mais ou est retombé vers la clôture à 78-55.
Le 5 p, c. a fait 117-75 et 117-65. 1,'emprunt n’a pas été coté.
On a détacheté le coupon 5 p. c. belge qui a été coté aujourd’hui à
70-90 au comptant. L'emprunt de 1840 était à 105 5;8 et le 5 p. c. à 103.
La rente active était un peu mieux qu’hier, à 25 1|2 et 5[8. La passive
était à 5 5[4.
Il vient de se passer une scène fort étrange, et qui semble être
comme la petite pièce à la suite du drame lugubre de la Chambre des
Pairs. .
La prison du Luxembourg est, comme on sait, un ancien couvent:
une partie de ce vaste bâtiment sert de succursale aux magasins de dé-
cors de l'Odéon, et c’est là quese trouventles pièces de charpente qu’on
emploie lorsqu'on transforme la salle de spectacle en salle de danse. Or
l’administration de l’Odéon ayant décidé de donner des bals masqué,,
M. d’Kpagny prescrivit à M. Jollivet de prendre ses dispositions pour
cela. M. Jollivet désirant voir en quel état se trouvaient les accessoires
dont il avait à se servir, prildonc avec lui quatre hommes,avec lesquels
il se transporta au Luxembourg.
Cet endroit est composé de plusieurs pièces fort sombres et Tort en-
combrées, et nos machinistes étaient en train d’opérerdans la dernière,
qui est adosséeau mur de la prison, quand tout-à-coup ils entendirent
fermer à double tour la porte par où ils étaient entrés. Us eurent beau
se récrier, il fallutrester prisonniers, et ils ne sortirent, au bout de qua-
tre heures de détention, que pour comparaîtredevant M. le procureur-
général en personne. . ,
Or voici ce qui avait donné lieu à cette mystification; le concierge de
la prison ayant entendu un bruit insolite dont il ne pouvait se rendre
compte voulut en chercher la cause, et, trouvant la porte du magasin
ouverte’ il y pénétra à pas de loup. Il aperçut alors 5 hommes Tort oc-
cupés à bouleverser le matériel du théâtre, et interprétant leurs paro-
les d’après ses préventions, il s’imaginaavoir affaire a des conspirateurs
qui travaillaient à délivrer ses prisonniers.Dominé par cette impression,
et n’ayant qu’un tour de clef à donner pour s’assurer d'eux, il les en-
ferma donc comme nous l’avons dit, et courut prévenir M. Cauchy,
Greffier de la Cour des Pairs, qui alla de suite porter la nouvelle a M. le
prand-chancelier,qui manda au plus tôt M. le procureur-généi al. Ce
maeistrat reconnut bientôt qu’il n'avait affaire qu à des gens fort inof-
fensifs; néanmoins il fit appeler M. d’Epagny,dont le témoignage a tout
expliqué, et chacun s'est mis à rire de bon cœur de cette mésaventure.
1 H ’ (Droit.)
Le 51 décembre, plusieurs voyageurs accompagnés de domesti-
ques chargés de bagages, attendaient, à Pont-Saint-Esprit, le passage
des bateaux à vapeur se rendant de Lyon à Avignon. \ ers (jeux hem es
de l’après-midi, un bateau déboucha du pont, et bientôt s arrêta pour
attendre une barque qui s’avancait, chargée d’une douzaine de per-
sonnes, et conduite par deux hommes, dont l’un était ie sieur Grange-
rel, menuisier, qui s’était offert pour seconder un jeune marinier de 18
ans, incapable de conduire seul la barque jusqu’au bateau a vapeur.Cet
équipage insuffisant et inhabile heurta violemment le bateau en abor-
dant, et, par l’effet du choc, Grangeret perdit l’équilibre, tomba dans le
fleuve et disparut. . .
On ne peut se faire une idée de la sensation douloureuse que produi-
sit cet événement tant sur le bateau à vapeur que sur le port, ou se
trouvaient de nombreux assistants. Grangeret était pure de famille.
Lonq-temps on chercha à lui porter secours; on plongea, on jeta des
cordes, mais ce fut inutilement; ie Rhône est fort rapide en cet endroit;
la crue des eaux les avait rendues bourbeuses; il fallut cesser les reclier-
ches. Le bateau à vapeùr reprit sa marche; la foule qui était sur le pont |