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Le JPréciirsemr
HOLLANDE.
Bulletin de lu bourse d’Amsterdam du 15 décembre. — Les fonds
hollandais étaient aujourd'hui plus fermes. En Intégrales et 3 0/0 les
affaires étaient assez actives.
Eu Portugais les affaires ont été actives d’abord à des prix en baisse
mais les acheteurs s’étant montrés assez nombreux le cours a clôturé
en hausse sur celui d’hier.
BELGIQUE.
Bruxelles , 10 décembre. — Funérailles de ni le baron Joseph
Yanderlindeu-d’Uooghvorst, membre du Sénat — A deux heures
et demie ont eu lieu les obsèques de M. le baron Joseph Vanderlinden-
d’Hooghvorst, membre du sénat, décédé le 13 de ce mois, à Bruxelles.
Conformément aux dispositions du décret impérial du 24 messidor
an XII, titre 26”. sect. G», les honneurs militaires ont été rendus au dé-
funt.
Quatre détachements de voltigeurs du régiment d’élite, commandés
par un major, avec la musique du régiment des guides, composaient
l’escorte militaire.
Le cortège est parti de la maison mortuaire Grande rue de l’Eeuyer,
pour se rendre à l’église Ste-Gudule. Le corbillard était traîné par
quatre chevaux empanachés et caparaçonnés d’insignes de deuil. Les
huissiers du Sénat précédaient le char funèbre Les coins du poêle
étaient tenus par MM. les sénateurs comte de Baillet, comte d’Arschot,
baron de Macar et le vicomte de Jonghe.
Derrière le corbillard venaient, après les membres de la famille con-
duisant le deuil, les membres de la maison du roi, du sénat et de la
chambredes représentants, les officiers de la garnison.
La musique des guides exécutant des marches funèbres, marchait
en tête du convoi avec un détachement d’infanterie. Un autre déta-
chement du régiment d’élite fermait la marche.
Un grand nombre de voitures de la cour et de voitures de maîtres
appartenant à la noblesse et aux différentes autorités suivaient le cor-
tège.
Le clergé de Ste-Gudule attendait le convoi à l’entrée de l’église.
M. le curé-doyen de Conninck, assisté d’un nombreux clergé, à dit
les prières sur le corps et fait l’absoute. Puis le cortège s’est mis en
marche pour s’arrêter à la porte Léopold. «
Le cercueil était recouvert des insignes de sénateur et des divers or-
dres dont le défunt était revêtu.
M. le baron de Schiervel, président du sénat, a prononcé le discours
d’adieu lorsque le cortège s’est arrêté à la porte Léopold.
Le convoi funèbre a pris ensuite la route de Limai et le cortège s’est
séparé.
CHAMBRE DES REPRÉSENTANTS.
Séance du 16 décembre.
PRÉSIDENCE DE m. L1EDTS.
La séance est ouverte à une heure 1/4 par la lecture et l’approbation
du procès-verbal de la séance d'hier et par l’analyse des pièces adres-
sées à la chambre :
Le sieur Mignolet, commissaire de police à Heyst-op-den-Berg, de-
mande qu’il soit accordé un traitement spécial aux commissaires de
police qui remplissent les fonctions de ministère public près les tribu-
naux de simple police. » — Dépôt sur le bureau pendant la discussion
du budget de la justice.
« Le sieur Gateilier, propriétaire cultivateur à Lavacherie, présente
des observations sur la question du défrichement des Ardennes. » —
Renvoi à la section centrale chargée d’examiner le projet de loi sur le
défrichement des terres incultes.
i La chambre de commerce et des fabriques de Bruxelles demande
une réduction du péage sur le canal de Charleroy et sur la Sambre
canalisée. » — Renvoi à la commission des pétitions.
« La chambre de commerce et des fabriques de Bruxelles demande
l’établissement d’une société destinée à opérer l’exportation de la gé-
néralité des produits de la Belgique. » ”
si. de brouckere croit que celle pétition est de la plus haute im-
portance; il demande en conséquence qu’elle soit insérée au Moniteur,
afin d’appeler sur cette question l’attention des autres chambres de
commerce.
m. de smet demande que la pétition soit en outre renvoyée à la com-
mission d’industrie.
Après quelques observations présentées par M. de Garcia, cette pro-
position est adoptée.
M David présente le rapport sur le projet de loi apportant des modi-
ficationsaux droits de douanes sur les cuirs et peaux. - La commission
conclut à l’adoption du projet.
M. le rapporteur propose de mettre ce projet à l’ordre du jour après
celui sur lés étoupes et les chanvres en masse. — Adopté.
m de garclv présente le rapport sur le projet de loi fixant le contin-
gent de l’armée pour 1847. ~ La commission conclut à l'adoption; le
chiffre de ce couligent est celui qui a servi de base à la loi de l’organi-
sation de l’armée.
M. le rapporteur demande que l’on discute immédiatement ce projet.
plusieurs voix Demain ! demain
La discussion est fixée à demain.
m. de brouckere, au nom de la section centrale, dépose trois élats
nominatifs des décorés de la croix de fer, des décorés de la légion-
d’honneur et des veuves de décorés de la croix de fer qui ont louché
des subsides.
Ces documents resteront déposés sur le bureau pendant la discus-
sion.
L’ordre du jour appelle la discussion du budget de l’intérieur.
m. delfosse, par motion d’ordre, ,se plaint que l’on n’ait pas encore
distribué le rapport sur l’instruction primaire. Ce document est indis-
pensable pour la discussion qui va s’ouvrir.
m. de theux. ministre de l’intérieur. Ce rapport n’a pu être imprimé
encore.Le nombre des documents imprimés pour îa Chambre a été tel-
lement considérable depuis le commencement de la session que les im-
primeurs ne peuvent pas suffire à leur besogne. Ce rapport sera distri-
bué le 25 du mois et lorsque la Chambre le verra, elle comprendra
qu’il est trop volumineux et trop compliqué pour que l’on ne s’expli-
que pas le retard qu’a dû en subir l’impression.
m. delfosse. Ce rapport était le premier document que l’on aurait
dû imprimer; mais on ne l’a pas fait, parce que l’on ne voulait pas que
les abus fussent connus avant la discussion.
m. de theux proteste contre cette accusation.
m. D’noFFscnMiDT. par motion d’ordre. La loi sur les défrichements
sera soumise prochainement à la chambre; je demanderai à cette occa-
sion que M. le ministre fasse imprimer et distribuer aux membres de
la chambre le rapport de la députation permanente de la province du
Luxembourg. Ce rapport donnera à la chambre des renseignements
très précieux sur celte question.
m. orban appuie cette demande et fait remarquer que ce rapport a
dû être imprimé en assez grande quantité pour être distribué immé-
diatement.
M. de theux ne s’oppose pas à l'impression et à la distribution de ce
rapport. Il ignore s’il a été imprimé comme l’affirme M. Orban. Au
reste, ce rapport ainsique tous les documents qui se rattachent à la
même question ont été soumis au conseil d’agriculture.
La discussion générale du budget de l’intérieur est ouverte.
m de foere prend la défense de l’ancienne industrie linière qu’un
aveugle esprit de progrès veut sacrifier à la nouvelle industrie Plusieurs
orateurs, et entr’autres M. Delfosse, qui ne sait pas le premier mot
de la question (rires), ont accusé le clergé des Flandres d’engager les
populations des Flandres à repousser les procédés delà nouvelle in-
dustrie. Cette accusation est mal fondée en fait et en principe. Elle est
mal fondée en fait parce que le clergé n’a pas fait ce dont on l’accuse,
mal fondée en principe parce que s’il l’eût fait, il ne mériterait pas d’ê-
tre blâmé pour cela. La seule industrie linière qui puisse vivre en Flan-
dre c’est l’ancienne. Car c’est la seule dont les produits soient deman-
dés sur les marchés intérieurs et sur les marchés extérieurs. Le com-
merce doit régler l'industrie. On ne doit pas fabriquer ce que le com-
merce ne demande pas. La nouvelle industrie ne voit ses produits re-
cherchés nulle part, et si elle est adoptée la misère des Flandres serait
plus que doublée.
Il y a un journal flamand qui conseille aux flamands de conserver
leur ancienne industrie et de repousser la nouvelle. Or, ce journal par
qui est-il rédigé? Par des membres du clergé? Pas du tout. Il est ré-
digé par deux membres de l’Alliance de Bruxelles, par deux membres
qui ont fait partie du congrès libéral. (Hilarité )
On a voulu faire croire que les Flandres étaient arriérées pour deux
causes, parce qu’elles parlent flamand et parce qu’elles sont asservies
par le clergé. Mais est-ce la langue flamande qui s’oppose à ce que l’in-
dustrie linière puisse acquérir un développement suffisant ? Si les
classes laborieuses des provinces wallonnes sont plus heureuses, est-
ce parce qu’elles parlent français? C’est donc avec leur langue que les
ouvriers wallons peuvent extraire la houille ou fondre le fer. (Hilarité.)
L’orateur prenant alors la défense du clergé, entre dans de longues
considérations historiques où le défaut d’espace ne nous permet pas de
le suivre. Il affirme, par exemple, que si Galilée a été persécuté, jeté en
prison, ce n est pas pour avoir découvert que la terre tourne.
une voix. C’est pour l’avoir dit.
m. de foere. Non ce n’est pas pour avoir découvert le mouvement de
la terre que Galilée a été persécuté. Cette découverte avait été faite
cent ans auparavant par un prêtre de Varsovie qui l’avait apportée à
Rome. Si Galilée a été persécuté, c’est pour avoir, malgré l’avis de ses
amis et des savants de son temps, tiré du système de Copernic des in-
ductions théologiques que rien ne l’autorisait à en tirer.
une voix. Que devient donc le mot historique e pur si muove '!
m. defoere termine en déclarant encore que l’ancienne industrie
linière est la seule qui puisse exister et que c’est la seule dont la France
recherche les produits.
m. delfosse, pour un fait personnel. L’honorable abbé de Foere,
sortant de son calme habituel, du calme qui convient à son ministère,
a attaqué avec beaucoup de vivacité, une idée que j’ai émise dans la
discussion de l’adresse, il y aura bienlôt un mois.
L’honorable membre a été trés-dur pour moi ; je ne lui en veux pas,
mais je déplore profondément l’obstination qu’il met à défendre une
erreur Totale. _
Si j’avais besoin de preuves à l’appui de l’observation que j’ai pré-
sentée dans la discussion de l’adresse, que le clergé a été l’uil des ob-
slacles 5 la transformation de l’industrie dans les Flandres, et par con-
séquent l’une des causes de la misère qui afflige ces deux provinces, je
les trouverais dans les discours de l’honorable abbé de Haerne et de
l’honorable préopinant.
Ces deux honorables collègues ne font-ils pas en effet tous leurs ef-
forts pour entretenir les populations flamandes dans cette erreur que
l’ancienne industrie linière offrirait encore des chances d’avenir.
Je pardonne volontiers à l’honorable abbé de Foere les injures qu’il
m’a adressées. Puisse le ciel lui pardonner un jour le mal qu’il aura fait
aux Flandres!
m. i>eleuayt; s’attache à délruire les arguments de M. de Foere. M.
de Foere a prétendu que Pou ne doit pas fabriquer ce que l’on lie de-
mande pas.La réponse est facile et elle est l’expression de ce qui arrive
dans les Flandres. C’estque l'on ne peut pas demander à l’industrie ce
qu’elle ne fabrique pas. Pourquoi les produits de l’ancienne industrie
sont-ils seuls demandés par le commerce en général, et en particulier
par le commerce français? C’est tout simplement parce que les produits
de la nouvelle industrie ne peuvent pas encore suffire à la consomma-
tion. Comment voulez-vous que la France vienne chez nous acheter de
la toile à la mécanique lorsque l’on ne fabrique de toile à la mécanique
que dans le seul district de Roulers.
Ce n’est pas tout. Savez-vous encore pourquoi la France recherche
les produits de l’ancienne industrie ? c’est pour une raison toute sim-
ple. C’est à cause du bon marché excessif de ces produits, dont la fabri-
cation n’est aucunement eri rapport avec le prix de la matière première.
On fabrique à la main, dans les Flandres des fils qui ne se vendent pas
pour le prix du lin On fabrique des toiles dont le prix dépasse à peine
celui de la matière première. Aussi, quelle est la position des malheu-
reux qui fabriquent des tuiles ? Leur position est telle, qu’il y a des tis-
serands qui ne gagnent pas vingt-cinq centimes par jour, qu’il y a des
fileuses qui ne gagnent pas onze centimes par jour. Je vous demande,
messieurs, s’il faut maintenir une industrie qui ne donne pas à une
ouvrière un salaire de onze centimes par jour ! une industrie telle que
j’ai vu revenir sans avoir pu être vendues, des toiles offertes à un prix
inférieur à celui de la matière première !
M. de Foere prétend que la nouvelle industre établie en France ne
trouvait même pas à placer ses produits; c’est une erreur très-grande
En; Bretagne, dans le département du Nord, partout ou la nouvelle in-
dustrie s’établit, la nouvelle disparaît A Lille il vient de se fonder un
établissem nt; conçu sur une si grande échelle, qu’à lui seul il compte
plus de broches que n’en comptait auparavant le département du nord
«.tout entier.
m. mast de vries s’occupe de la question des octrois municipaux
l’une des plus importantes, une question qui touche à tous les intérêts
matériels et moraux du peuple. Le système actuel des octrois, qui
frappe les comestibles,les boissons et les combustibles, est le système
le plus immoral, le plus injuste, le plus vexatoire et le plus impolitique
du monde. Ce système odieux frappe les classes pauvres dans une pro-
portion infiniment plus grande qu’il ne frappe les classes riches. C’est
une amère dérision que de parler toujours des mesures à prendre pour
venir au secours des classes pauvres et de laisser subsister le système
odieux des impôts.
L’orateur entre dans de longs détails sur l’accroissement progressif
de l’impôt des octrois, et termine en recommandant vivement au gou-
vernement de donner toute son attention à cette importante ques-
tion.
m. le président fait remarquer que les discours prononcés par l’ho-
norableM. Mast de Vries et de l’honorable M. Defoere n’entrent pas
dans la discussion générale ; Rengage les orateurs qui suivront à se
renfermer dans cette discussion.
m. lebeau présente quelques observations dans le même sens.
M. le ministre del’intérieur déclare que la question des octrois est
une question fort grave. Il rappelle que l'idée de la suppression des
octrois soumise aux députations provinciales a été accueillie avec peu
de faveur; si les octrois ont pris de l’extension, c’est que les communes
ont fait depuis 1830 de grands travaux qui ont profité à la classe ou-
vrière. Si l’on supprimait les octrois, une foule de personnes se trou-
veraient sans emploi, sans travail, ce qui augmenterait la concurrence
du travail et amènerait une diminution des salaires.
M. le ministre termine en déclarant que la question n’est pas suffi-
samment mûrie pour qu’elle puisse faire l’objet d’une proposition delà
part du gouvernement dans la session actuelle, ce ne sera que dans la
session prochaine qu’on pourra utilement s’en occuper
m. de brouckere s’attache à réfuter les observations de l’honorable
M. de Foere en faveur de l'ancienne industrie linière. La Flandre, dit
l’orateur, n’exporte aujourd’hui que 10 millions de produits de l’an-
cienne industrie linière, c’est pour cela qu’elle se trouve plongée dans
la plus affreuse misère. Au lieu de protéger cette industrie, il faudrait
plutôt protéger la nouvelle Ceux qui lutteront contre elle se ruineront.
Puisque l’ancienne industrie ne suffit pas, il faut pour sauver la Flan-
dre, en introduire une nouvelle ; et cette nouvelle industrie doit être
l’industrie linière à la mécanique, plus propre que toute autre à se
prêtera l’aptitude que possède la population flamande pour travailler
le lin.
L’orateur pense que le gouvernement doit protéger cette nouvelle
industrie, parce qu’il aura à réprimer la répugnance et les préjugés
qu’elle soulève en Flandre. Le gouvernement doit établir des ateliers
modèle dans les Flandres, donner des indications et des conseils aux
ouvriers pour leur faciliter ce nouveau travail, il ne doute pas que ce
système n’amène dans un avenir peu éloigné les plus heureux résul-
tats.
L’orateur termine en déclarant qu’il porte le plus vif intérêt aux
Flandres, et qu’il ne voudrait jamais donner à la population de ces
provinces un conseil qui leur serait funeste.
m. de smet reproduit quelques-unes des observations de l’honora-
ble M. de Foere et s’attache à réfuter celles présentées par 51. üelehave.
II fait remarquer que les tissus à la main sont plus solides et de meil-
leure qualité que les tissus à la mécanique, et conclut que le
gouvernement doit protéger l’ancienne industrie linière.
m. le ministre de l’intérieur déclare que les conventions de com-
merce conclues avec la France sont à l’avantage de l’ancienne comme
delà nouvelle industrie linière. Le gouvernement doit protéger eten-
courager le fil à la main qui conserve encore un emploi spécial impor-
tant ; il doit favoriser l’introduction des meilleurs métiers, et telle a été
son intention lorsqu'il a démandé un crédit spécial pour l’industrie li-
nière.
.m. sigart répond à ce qu’à dit M. l’abbé de Foere sur la théocratie
et sur la démocratie ; il soutient en invoquant les souvenirs de l’his-
toire que les guerres de l’ambition et de la liberté n’ont jamais eu ce
caractère d’acharnement et de cruauté qui a signalé les guerres de
religion. Pour réfuter ce qu’a dit l’honorable député de Bruges, que le
clergé n’a pas persécuté Galilée, l’orateur donne lecture de deux bio-
graphies de l’illustre savant qui racontent les détails des persécutions
dont il fut l’objet pour avoir soutenu un système jugé par les théolo-
giens de l’époque contraires aux saintes écritures.
h. defoere revient sur ses précédentes observations. Il désire que
les deux industries linières soient également protégées et pense qu’elles
peuvent exister l’une et l’autre simultanément, lise défend d’avoir
voulu caresser les préjugés de la population des Flandres ; il déclare
n’avoir jamais fait aucune démarche pourse faire réélire dans son dis-
trict et avoir même demandé souvent qu’on lui substituât un autre
candidat.
La séance est levée à 4 heures 5/4. — Demain séance publique à 1
heure.
ANVERS, 1S SSKCEMBÎRE.
La soirée donnée hier, par 51. le gouverneur, avait réuni tout ce
que notre ville compte d’hommes distingués dans l’administration, les
sciences,les lettres et les arts. 51.Teichmann a fait les honneurs de cette
réunion avec l’affabilité, dont il fait preuve dans touLes les circon-
tances.
—Un garçon de 16 ans,qui avait volé deux robes de femme a été arrêté
hier par la police locale.
— La neige continue à tomber en assez grande abondance, la tem-
pérature s’est radoucie Les communications deviennent de plus en
plus difficiles. Ce matin l’Escaut chavirait quelques glaçons, à marée
basse.
— Le 5 mâts-barque belge Jean Key, est parti hier après-midi pour
New-York, avec loi émigrants. ,
— Quelques cochers de vigilante négligent de pourvoir leurs che-
vaux de grelots pour annoncer leur approche aux piétons. Cette négli-
gence pouvant en ce moment occasionner des accidents, nous appe-
lons l’attention de la police sur cet objet.
— On écrit de Gand, 16 décembre :
Hier après-midi, un ouvrier de la campagne s’est arrêté devant
l’étalage du sieur Merlé, boutiquier, domicilié en face de la Grande-
Boucherie. Il s’est emparé d’uu coupon de cotonnette sous les yeux
même de l’épouse 51erlé et s’est retiré lentement avec son butin. Arrêté
à quelques pas dedistance il a aussitôt restitué le coupon d’étoffe et
s’est constitué volontairement prisonnier. Ce malheureux, poussé évi-
demment au vol par la faim, et certain de trouver dans la prison un
abri contre la misère dont il était accablé, a suivi paisiblement le ser-
gent de ville, et arrivé devant la boutique du boulanger, située au
même marché, il y est entré à l’improviste, et a fail main basse sur le
premier pain qu’il a trouvé à sa portée. C’est en dévorant cette nour-
riture que le pauvre ouvrier, nommé Guillaume Sluykens, a continué
son chemin vers le dépôt municipal.
— On écrit de Grammont. le 15 décembre ;
Les attaques nocturnes continuent dans nos environs avec une au-
dace inouïe : une tentative de vol a eu lieu, une des nuits dernières,
chez M Ph. de Bolster, négociant en cette ville, les voleurs ont été mis
en fuite par les cris de l’une des dames de la maison.
Des vols ont encore été perpétrés à Nederboulaere, dans la maison
du sieur Possehelle, dit den liylcen, et chez un autre habitant. Des pa-
trouilles s’organisent dans presque toutes les communes de ce district
ce qui mettra fin, on l’espère du moins, à ces actes de brigandage si
fréquents.
— Depuis quelque temps un objet d’exportation considérable ar-
rive d'Oslende à Londres. C’est une masse de lapins belges dont les
marchands de volaille de la capitale ont un grand débit. Ils se vendent
de 7 à 8 d la livre, mais ces lapins belges sont inférieurs en qualité
aux lapins anglais. (Avis aux éleveurs de lapins).
— On lit dans un journal français :
Une personne charitable. Mil® de Durbois, a fait aux hospices de la
ville de Bourges, et à plusieurs autres établissements de bienfaisance
du département du Cher, un legs qui s’élève à plus de 600,000 fr , et
dont l’acceptation vient d’être autorisée par le gouvernement.
— Un legs presque aussi considérable (400.000 francs), vient d’être
fait à la ville de Rodez par 51. Lebon, ancien tailleur, parti de cette ville,
il y a cinquante ans, portant son modeste bagage au bout d’une aune,
et ayant en poche fort peu d’argent, mais un étui et des ciseaux dont
il a su tirer bon parti.
— Le gouvernement français fait acheter du foin en Angleterre
pour l'Algérie. Déjà plusieurs cargaisons de ce fourrage ont été expé-
diés à Oran et à Alger, et en ce moment quatre uavires chargent à
Londres pour la même destination.
— Le Courrier de la Côte-d’Or rapporte un fait qui, s’il est exact, n’a
peut-être pas son pendant dansles annales de la chirurgie française.
Ce fait se serait passé dans les environs de Thil-Chàtel. Un jeune homme
était alité par suite du raccourcissement d’un muscle de la jambe, lors-
qu’il reçut, dit-on, la visite de son médecin et d’un grand opérateur.
Il fut décidé que l’on couperait le tendon du muscle. La jambe malade,
qui se trouvait la plus rapprochée de l’opérateur tant que le jeune
homme resta couché sur le dos, s’en trouva nécessairement la plus
éloignée quand, pour faciliter l’opération, on eut retourné le patient
sur le ventre- Mais il parait que le chirurgien ne se rendit pas exac-
tement compte des effets du changement de position, et opéra la
jambe saine au lieu d’opérer la jambe malade.
— Une société de bienfaisance de Leipzig délivre aux pauvres 35,600
livres de pain par semaine. Il est inutile d’ajouter que ce pain est de
beaucoup moins cher, que celui vendu d’après la taxe communale et il
est infiniment meilleur que celui des boulangers. (Gaî. de Col.)
— Voici le fait le plus intéressant contenu dans les dernières corres-
pondances de Constantinople :
« On avait été informé à Constantinople qu’un Grec plianariote, 51.
Razis, touchant une pension de 4,000 roubles de la Russie, décoré par
cette puissance pour des services antérieurs, et qui cumule ici les
fonctions de premier drogman de la mission dt Belgique avec celles
de traducteur du conseil à la Porte, avait rédigé un plan de partage de
l’empire ottoman, et qu’il l’avait d’abord présenté au ministre de Russie,
M. Titow, lequel avait refusé de l’accepter ; mais, en dernier lieu, il l’a
présenté à M. Ouslinow, le remplaçant de M. Titow. Cette fois, le mi-
nistre l’a agréé, et l’a même envoyé à sa cour.
» Ce fait était connu depuis deux mois; mais la Porte et le corps di-
plomatique n’en avaient pas été saisis, lorsque, par te dernier courrier
de Vienne, on a reçu un numéro de la Gazette de Leipsick, contenant,
avec tous ses détails, le plan et toutes les phases qu’il avait subies,
ainsi que le nom de l’auteur. Voici en quoi consisterait ce plan : Con-
stantinople, Smyrne et les Dardanelles seraient érigés en ports francs.
La Sloldavie, la Valachie et la Servie, formeraient une principauté
qu’on donnerait au duc de Leuchtenberg, gendre de l’empereur de
Russie. La Bulgarie et la Roumélie appartiendraient à la Russie ; la
Bosnie, l’Albanie et l’Arzingan à l’Autriche; l’Egypte et la Syrie, à l’An-
gleterre; Tunis et Tripoli, à la France, à laquelle on garantirait en ou-
tre la possession de l’Algérie.
» L’internonce d’Autriche, à l’arrivée du courrier, s’est empressé
d’envoyer cet article à la Porte, qui en a aussitôt ordonné la traduc-
tion, et en a fait remettre une copie à chacun des représentants des
cinq grandes puissances On se propose, à ce qu’il paraît, de donner à
cette affaire du retentissement, et de savoir quelle part la Russie a pu
y prendre. Ce qui donne plus de gravité aux présomptions que l’on a
contre celte puissance, c’est que le même Razis aurait reçu tout der-
nièrement, et comme récompense sans doute, une superbe tabatière
qui lui aurait été remise par 51. Ouslinow. »
— Afécrologie. — Le doyen des officiers généraux de l’armée britan-
nique, le général sir 51artin Hunier, est mort le 9 octobre, à Antonhill,
à l’âge de 90 ans. Il était entré dans l’armée en 1771. Le général Hunter
était le dernier survivant de la bataille de Bunkerhill, gagnée par les
troupes anglaises dans la première guerre d'Amérique. Plus tard au
service dans l’Inde, il fut blessé à la prise du camp de Tippoo Saïb sous
les murs de Seringapatam.
Lettres neieiicen et arts.
Un grand festival musical se prépare en notre ville. La belle partition
que 51. Joseph Grégoire vient de terminer sera exécutée à plein or-
chestre avec accompagnement de chœurs. C’est dans le courant du
mois de janvier prochain, à la grande salle de la Cité , qu’aura lieu ce
concert monstre auquel participeront tous les principaux amateurs de
musique. Le poème de Faust, nous l’avons dit déjà, a trouvé dans 51.
Grégoire un digne interprète ; en écoutant cette belle musique, dont
nous avons pu nous faire une idée, grâce à l’auteur qui a bien voulu
nous en faire entendre quelques passages,on croit lire l’immortel livre
de Goethe,et nous osons prédireà l’œuvre nouvelle un succès complet.
— Meyerbeer a fait distribuer entre les choristes et les exécutants
de l’orchestre à l’opéra royal de Berlin 3,000 écus, montant de ses ap-
pointements annuels. Legrand maestro est ensuite parti pour Vienne.
dti’otiiiiue judiciaire.
COUR D’ASSISES LE LA SEINE. — AUDIENCE DU 14 DÉCEMBRE.
dffaire Kalergi. — Fiol. —Evasion du principal accusé.
On se rappelle l’évasion du sieur Kalergi, qui paraissait le 11 du mois
dernier devant la cour d’assises de la Seine, ayant à ses côtés la femme
Debruille, que l’accusation lui donnait pour complice. Il venait alors
répondre à l’accusation d’attentat à la pudeur avec violence commis
sur une jeune fille. Pendant les débats un des jurés ayant manifesté
une opinion contraire aux intérêts de la défense, cette affaire fut ren-
voyée à la session suivante Quelques jours après, Kalergi s’évadait,
pendant la nuit, de la maison de .51. Fabre, ou il avait été réintégré en
attendant sa nouvelle comparution devant le jury.
Aujourd’hui la femme Debruille comparaissait seule sur le banc des
accusés ; cette femme, qui porte une toilette fort élégante, est signalée
par l’arrêt de renvoi, comme se livrant à un proxénétisme d’autant
plus coupable, qu’il s’exercait sur de malheureuses jeunes tilles pures
de toute souillure, et qu’elle livrait à prix d’argent aux excès de quel-
ques riches débauchés.
Kalergi, qui menait à Paris une existence fastueuse, et qui déployait
un luxe tout oriental au milieu de notre civilisation bourgeoise, reçut
de cette femme des offres de service. C’est ainsi qu’une demoiselle J-.,
fut par elle conduite au domicile de Kalergi. Cette jeune fille pensait
entrer comme femme de chambre dans une maison honnête, et ne se
doutait pas à quel infâme marché elle était destinée. A peine introduite
chez Kalergi, elle aurait été victime d’un odieux attentat.
A l’audience, la femme Debruille est assistée de 51« Lachaud, son
défenseur. ... .
M. l’avocat-général Bresson occupe le siège du ministère public, et
Mlle J... se porte partie civile par l’organe de 51® Nibelle, avocat.
Les débats ont eu lieu à huis-clos.
La femme Debruille, reconnue coupable par le jury, a été condamnée
à huit ans de travaux forcés et à l’exposition publique.
La partie civile demande 60,600 fr. de dommages-intérêts. La cour
accorde 5,000 fr.
ILa femme Debruille en se retirant dit aux jurés avec un sourire
ironique : |