Full text |
Samedi 4 Janvier.
1879 — Quarante quatrième année. — N 4.
Samedi 4 Janvier.
ABONNEMENTS
Dali* ne* boréaux et ebsx (OU* le* Dlreetear*
1* poete* (franco de port}, pour :
Anver*— .......... par trlmeitr», Fr. 13.50
i » . . 16.—
» 30.—
* Komastre,
• an, •
* trimestre, Fl.
• aeuieetre, »
Foor tas autres paya ta port eu su*.
8. so
17.—
34.-
LE PRECU
EUR
AGENTS
BKUKKLLBS, O/JtC* d* PubtiCUf, ta* O* W
MaUeloin*.
H O LL AND R, U. H. NUSH *7 ViN DiEli»,
à Rotterdam, et tou* la* dir*«t*era da po*t*<
do royaume.
rAKis, Havas, I.ivrrre, But.t.im eraftO,
Place de la Bourse, 3.
LONDRES, DELIAT, DaYIBS ET ü*, 1, C»£il
etreet, Strand et A. IIiueich, 13, T*vt*t«*k ,
Rr», Covent Garden.
Journal Politique, Commercial, Maritime, Littéraire et Artistique.
Tout at*onnemen
toi met-
eo poursuit Jusqu’à l'ufii»
PAilHEM PAR ANTIOIPATMUa
Prix du Numéro : 15 centimes.
CHEMIN DK FJSU Dit L’ETAT. — O AmyKKjI pour Malin»» et Druxolio* â o.so, 6.35, ..40 A.,
9 16 Jï 9 60,10.60 B., «.15, 1.15 B.. 3.15 B., 3.35, 4.45, 5.55,6.50 B., 9.00 B., 0.06,10.15 H. - Tor-
îûondi et O and 5 iô, U.5Ô, «.«, 3.35, 4.45 B., 9.05. - Aloit (par Termonde) 5.Ï5, 9.50, «.«,
3.35, 9.05; (par Bruxelles) 5.25, 9.15 B., 10.50 B., 12.12, 3.35, 6.50 E. - Lokerenjpar Ter
monde) 5 25,9.50,12.12, 4.45 B. — Ninove, Qrammont, Laaainoa, Ath (par Bruxelles-Nord) 5.25,
10 S0 B.. 12.12, 3.35, 6.50 K. — Bruges, üstende (par Matines) 5.35,9.50,12.12,3.35, 4.45; (par
Bruxelles) 5.25, 6.50, 9.50, 10.50 E.,12.12, 3.15 B., 3.35, 4.45 E. — Courtrai, Mou*cron, Tournai,
Lille 5.25, 9 50,12.15,3.33, 4.45. - Calai* 5.40,12.15, 4.45 B. 1« et2«el. — Louvain, Tirlemont, Liège
ot Verviors 5.25,9.15 B., 9.50, 12.15, 4.45, 6.50, 8.55 (jusqu'à Louvain 10 B. — Landen 5.31), 9.50,
12.15 4 45, 6 50 - Spa 5.5S, 9.15 E., 9.50, 12.12. - Allemagne 5.25, 6.50 B., (levé# de la
boite 1.45m.). 9.15 (boîte «.30), 4.45 (boite4,10), 10.15 (boîte 9130). — De Bruxelles pour An-
ver* à 5.27, 6.17,7.18, 8.03 E., 9.16 B.. 9.51,10.50, 12.43, 2.30 B., 3.40; 4.34, 5.39 B., 6.30, 8.VS
^L&NK*D’ANVERS A BOOM. — D’Anvers pour Boom 0.45,11.10, 5.10,10.20. — De Boom pour
Anver* 5.15, 9.20, 3.10, 8.45.
P. i. DSLÂ M0NTÀGN1,
DUUKiTKO A -3ÔR/.K?.
JVAnvers pci.' Llvr-e
HumsM 7.10,9.3ü, 1.45,5.15,8.15 — Maesmeîu «ÀU-1& Chapelle 7.10,9.38,
Breda, Dordrecht. Rotterdam 7.23, 9.03 E., 10.25, 2.35 Mu*qa’A
m Alï-la Chapelle 7.10,9.38, 1 t>. 15.-
10.25, 2.35 yujqtt’à Koeaendaai;, 3.41
- Ott lgnie*,Lodeliü*art,Charleroi, Berae*
daal-KlêMingue.Queenboro et Londres; 6.42.
ienbearg, Viraux et au-delà 7.10. 9.3Ö !
àcrsnth&l*. 7’crnhoat ètTUbourg 7.10,10.58 (Jüâqa’à Turnhout), 5.15
RIJRKAÜX « rce de l'Awmaa,
du Musée, Auver*.
CUlCMIIi DS FSR SUANo Ch. N TR AL SÏLetsM
7.10,9.30, 10.58. 1.45, 4.15, 8,15. -- Aefeÿhul. L-ictaIU, Dttat,
Roosendaal,
B., (Eorçn-
_ uArnirei,Berzèc, Waltioiirt,
Mai ienbeurg, Vlreux et au-delà 7.10. 9.30 tjucqu’â Waïeourt), 1.45,5.15 (Jusqu’à Ledelincart;
ernheat èt TUbourg..... ...........~ * - -
PAYS DK WAAS. — D’ANVSKS pour öabd 7.15, 8.50 B., 10.K, 2.05,3.5u B., 7.15,8
Oa.su pour Anver* 4.30, 7.05, 9.45 B., 10.50,2.20,5.S5 B., 7.05.
LIGNE D’ANVERS A CONT1CU.-D’Anvers (Sud) pour Hoboken, Wilryck, Vieux-Dieu et
Contich 5.10,9.30 h. matin, 3.15, 7 et 8.49 h. *oir.
BATEAUX A VAPEUR. — D’Anvers (départ* du Veer dam) pour TarnUe 8.30, et 3.15 h. *.
— D’anvkks pou» Boom 1 et 3.15 h. «. — De Tamise pour Anverc 7.30 et U.30 b. su. — De
Boom pour Auver* 6.30 matin.
mâ»ss®ew
ilNBMRTIOaià
A&liencel La petite UgM.... Fr. U.25
Réelame* (Un du Journal)!* Ugü*.... • 0.76
Fait* divers, la ligne..... * Z.—
Rubrique Anver*, la ligne.. • 2.50
Pour iee annonça* d* la Frase* c adresser s
ü il. Havas, L-akiiie A C*. Place de la Bosme,
8, Pari*, et à MM. ». L. Daües A C«, 31, ru* du
Faubourg Montmartre, Pari*.
gp- Lst annonces sont mesurées eu ligne*
mètre. — Les titres se paient d'aprit l’espace
ou'ils occupent. On ne peut garantir Ut datte
d'insertions.
RÉSUMÉ POLITIQUE.
Allemagne.—La révision des tarifs douaniers.
— La commission nommée pour la révision des
tarifs douaniers a commencé hier ses travaux dans
le palais de la Chancellerie.
Le président de laChancellerie le ministre d’Etat
Hofmann, a prononcé une courte allocution puis la
commission a été installée. Le président de celle-ci
M. le baron von Barnbuler a ouvert la séance
remplie par les formalités d’usage.
Il paraît que les travaux de la commission
seront tenus secrets.
Ce qu’on sait déjà c’est que tous les membres de
ïacommission étaient d’accord pour affirmer que
la solution du problème dont ils auront à s’occuper,
demandera tant de temps qu’il ne faut guère souger
que la Diète soit déjà saisie, lors de la prochain
session, des résultats de ces délibérations.
D’après le Reichsanzeiger outre la commission
des tarifs d’autres commissions seront encore
nommées cette année pour l’étude de questions
spéciales. Ainsi le 7 janvier on nommera une com-
mission qui s’occupera des droits commerciaux des
-villes hanséatiques'de Hambourg et de Brême : le
il 3 une autre commission étudiera la question
humanitaire du travail des enfants dans les fabriques
de verre; le 17 une autre commission sera chargée
•de l’examen d’une question analogue celle de l’em-
ploi de jeunes ouvriers dans les meules et les
.forges.
Lettre du pape à C archevêque de Cologne. La
lettre de M. de Bismarck-au conseil fédéral ne le
cède en actualité et en retentissement durant cette
période si calme de Noël et du jour de l’An qu’à
i’-épître que le pape Léon XIII a écrite à M. Melgers
ancien archevêque de Cologne.
Le Pape y exprime son sincère désir de voir
-bientôt rétablie la paix religieuse dans l’empire
. allemand, toutefoisil fait ses réserves sur les moyens
:à choisir pour y arriver et le ton de sa lettre et
jplus encore les déclarations qui y sont renfer-
mées , font pressentir que Léon XIII n’est pas
prêt à reconnaître l’autorité complète et légale
de l’Etat. Ce manque de clarté, voire même un
peu d’équivoque, dans la facture de cette mis-
sive, paraît non pas accidentel mais bien voulu,
•choisi à dessein.
France. — Le manifeste des droites. — On
attendait depuis longtemps le manifeste des droites,
et ne voyant rien venir plusieurs journaux avaient
annoncé que découragés les membres du Comité
avaient renoncé à cette manifestation. Il n’en était
rien. Ce document était rédigé et signé depuis le 28
.décembre. Ce n’est qu’hier qu’il a été lancé dans le
domaine de la publicité. Il porte la signature de
M. Tai&aod, ancien ministre de la justice, actuel-
lement président du Comité des droites.
En tant que document politique il ne nous ap-
iprend rien que le manifeste sorti de l’officine de la
;rue Miromesnil ne nous avait appris déjà.
Il fait du reste peu de bruit à Paris. Quelques
journaux conservateurs le publient, d’autres n’en
«eulfient mot.
îmident franco-tunisien. - On trouvera sous
notre rubrique France les dernières nouvelles qui
nous s&bâ parvenues sur cette affaire.
Espagne. — Moncasi. — Le prévenu Moncasi a
.dû être exécuté ce matin à 8 heures.
Hier après la notification de l’arrêt, le curé de la
tpaa’oisse de Saint-Yldefonse s’est entretenu lon-
guement avec Moncasi qui a demandé un confesseur.
L’aumônier de la prison a confessé le patient. Mon-
easi éprouvait un grand abattement.
Selon l’usage espagnol le condamné a été remis
-hier matin entre les mains d'une confrérie de péni-
tents chargée d’accompagner au supplice les con-
•damnés à morî. On a dressé une chapelle dans le
cachot oü Moncasi restera 24 heures en prière.
.Comme on le sait en Espagne, le mode desupplice
èapjtal est le garrote, sorte de collier en fer, passé
d'abord au cou du patient et qu’un système de vis
rapproche ensuite d’un poteau de façon à opérer la
strangulation.
Ce matin le bourreau a dû pratiquer sa funèbre
opération. , . ,
Il parait du s’este ou en Espagne la peine de mort
n’est pas sur le «oint d’être démodée. Cequi le prouve,
c’est que MM. ’Sagasta et Castelar ont encore de-
maudè hier la commutation de la peine de mort
d’un snrgent et de deux soldats.
M. Canovas a refusé.
Cette triple exécution d dû avoir lieu également
et matin.
Serbie. — Un prince régicide. — Nous avons
parié des poursuites ouvertes contre le prince
Pierre Karageorgevic, fils du prince Alexandre
Karageorgevic, par le conseil de guerre de Semern
drUqpour avoir trempé dans un complot dirigé
contre les jours du prince Milan.
La Gazette de Cologne nous apprend que ce
personnage se trouve ‘actuellement dans ses pro-
priétés de la Bacska en Hongrie.
Le gouvernement serbe a notifié le cas aux puis-
sauces en les invitant de vouloir lui livrer les cri-
minels, car le fils du prince Karageorgevic est pré-
venu avec lui.
Que fera le gouvernement hongrois ? Les choses
se passeront-elles comme lors de l’assassinat du
(4) Feuif3e£.<m «lu jPnÉcuikaBCiM.
prince serbe Michel par le père de l’accusé ac-
tuel, le prince Alexandre Karageorgevic ? On se
rappelle encore l’indignation qui s’éleva en Serbie
devant l’attitude du gouvernement hongrois dans
cette tragique affaire. Le criminel sera-t-il livré
cette fois aux autorités serbes 1 Selon toutes appa-
rences le procès intenté au prince Karageorgevic
sera plaidé devant les tribunaux hongrois. S’il en
est ainsi, cette affaire est plus encore que les com-
plications politiques, de nature à exciter les anti-
pathies nationales des Serbes contre les Magyares.
On ne peut prévoir encore les conséquences de
cet incident.
Pour les autres nouvelles voir nos rubriques et
notre bulletin télégraphique.
Nous nous joignons à la Flandre libérale
pour exprimer notre étonnement de lalenteur
incompréhensible que met le gouvernement à
soustraire les Ecoles normales de l’Etat à l’in-
fluence des abbés qui ont été placés à leur
tête en qualité de directeurs, et nous emprun-
tons à notre confrère les lignes suivantes :
L’écQle normale do Lierre est une école de l’Etat ;
les instituteurs qu’on y forme en sortent avec un bre-
vet de capacité, avec un diplôme délivré au nom de
l’Etat. L’Etat les présente et les recommande, ainsi
diplômés, avec sa garantie aux communes. Il les a for-
més spécialement pour elles ; elles seraient bien diffi-
ciles, il faut l’avouer, de ne point se contenter d’une
telle garantie, et c’est en toute sécurité qu’elles
peuvent confier à de tels instituteurs l’éducation et
l’instruction des enfants que la loi leur fait un devoir
d’instruire.
Eli bien, voyons donc ce que vaut eette garantie de
l’Etat quand c’est un abbé qui est chargé de la signer
en son nom.
Deux à trois heures par jour sont consacrées, à
l’école normale de Lierre, aux exercices" religieux •>:
prières du matin, du soir, du midi, méditations, caté-
chisme, instructions pieuses, etc. Tous les jours les
élèves sont conduits à la messe. Le dimanche ils pas-
sent plus de trois heures à l’église, assistent à la
messe, aux vêpres, au salut, au sermon, etc.
Pendant le mois de mai, les exercices pieux sont
pratiqués avec un surcroît de ferveur. Une Donne par-
tie de la journée se passe alors à réciter des prières
en l’honneur de la Vierge, et pendant la messe les
élèves lisent tous les jours à haute Yoix les litanies de
la Vierge.
Tous les jours, à tourde rôle, c’est un des élèves qui
doit servir la messe.
I.e règlement de l’écolè défend de forcer les élôves à
aller à communion. C’est une bonne garantie quand
l’école est confiée à la direction d’un abbé. Mais c’est
bien mal connaitre les abbés que de s’imaginer qu'ils
respecteront à la lettre une garantie de ce genre.
A Lierrè on ne force pas les élèves à aller à commu-
nion ; c’est vrai. Mais on les - prie » d’exhiber, tous les
mois, un billet de confession ! On voit d’ici le sort qui
attendrait l'audacieux assez téméraire pour ne pas se
rendre à cette « prière. »
On le voit, c’est là un régime absolument fait pour
ouvrir l’inteffigence aux futurs instituteurs et les ren-
dre absolument aptes à remplir dignement leur mis-
sion. Leur mission d'instituteur, s’entend ! Car celle de
sacristain, à laquelle la plupart d’entre eux sont des-
tinés sous l’admirable régime de la loi de 1842, ils la
rempliront à merveille.
Mais ce n’est pas tout'. Il ne suffit pas au gré de nos
dévots de laire de nos instituteurs des modèles de sa-
cristains ; il faut encore que ce soient des sacristains
fanatiques.
(Test à cela que s’emploient des migsions qui sont
organisées, tous les ans, dans l’école pendant la se-
maine qni précède la Pentecôte. Ce sont des jésuites,
nous v ssure-t on, qui sont en général chargés de cette
mission Je vous laisse à penser comme ils s’en ac-
quittent et de quelle manière la Constitution et les
principes qu’elle consacre sont traités dans les « confé-
rences » des excellents pères !
Voilà ce qui se passe dans une école de l’Etat. Voilà
comment sont formés au nom de l’Etat et avec ses
ressources les instituteurs chargés d’enseigner et
d’instruire les enfants du peuple dans nos communes
flamandes !
Et ce sont là des instituteurs laïcs ; à côté d’eux il y
a encore les couvents et les congréganistes.
Et l’on s’étonne que les campagnes soient soumises
& la domination du clergé! Mais par quelle espèce de
miracle en pourrait-il donc être autrement ?
11 est temps, avouons-le, il est grand temps que cela
finisse! Qu’on donne aux enfants des campagnards des
instituteurs à la hauteur de leur mission, qui les in-
struisent, qui leur ouvrent l'intelligence et leur ap-
prennent à penser.et l’on aura fait plus en dix ans pour
l’avenir du parti libéral et du pays, que par tontes les
lois électorales que l’on pourra jamais imaginer.
La Flandre libérale ne perd qu’une seule
chose de vue, c’est que, sans de bonnes lois
électorales,les cléricaux trouveront le moyen,
par la fraude et la corruption,de s’emparer de
nouveau du pouvoir et de bouleverser ou de
dénaturer les institutions libéralesen matière
d’iustruction publique.
Nous lisons dans VEtoile belge :
La Chronique annonèe que M. l’admicisfrgteur de
la sûreté publique lui intente une action en dom-
mages-intérêts devant les tribunaux civils dans les cir-
constances suivantes :
Un étranger, un homme instruit, un lettré, occupant
une position respeetacle, a raconté à notre confrère
qu'ayant l’intention de publier une brochure dans
laquelle il présente la défense de la position d’Anvers
LE COUSIN SOSTHÈNES
Clini-lcN IFESLYS.
bèjà Marguerite avançait la main vers la son-
nette.
Tout à coup le bruit d’une chaise de poste, arri-
vant au galop, s’éleva du pavé retentissant de la
cour.
Les fenêtres du salon où venait de se passer cette
scène donnaient sur le jardin.
Ne pouvant se rendre compte encore de ce fracas
inopiné, Sosthènes et sa filleule eurent un premier
auouvement de stupéfaction, presque d’effroi.
Puis oubliant la lettre sur le buvard, il s’élança
vers la porte.
Mais cette porte aussitôt s'ouvrit, et Castagnac,
tout poudreux parut sur le seuil.
V
Castagnac, étonné lui-même de l’effet qu’il pro-
duisait tout d’abord, éclata rire.
Puis se laissant tomber sur un siège:
— Ah! je comprends, dit-il, vous étiez encore
sous l’impression de la terrifiante nouvelle. Ras-
surez-vous, tout est réparé... Victoire! Au moment
même où la lettre de Léonce venait de partir, je
-lui apportais une dernière mise de fonds, celle de
Tamitié. Il a couru vers le Kursaal,il s’est remis au
jeu, il a fait sauter la banque. Mais aussi, quel
acharnement ! quelle audace ! quelle chance !... C est
superbe! . .
— Ah! tant mieux! fit Sosthènes; mais il aura
recommencé le lendemain.
— Non... car immédiatement nous avons quitté
Bade. Hein l j’espère que voilà t]e la sagesse ! il est
vrai que eette sagesse-là, je puis vous le dire à
vous, c’était un peu de l’amour ... une jeupe veuve
adorable, et qui venait de repartir pour son châ-
teau à quelques lieues d’ici. Aussi, fouette, pos-
tillon.... en route pour Auberive ! Mais aflu d’é-
blouir la susdite veuve, et comme nous trouvions
en argent, acquisition d’un magnifique équipage de
chasse, d’une meute prineière. Vous verrez, je ne
vous dis que ça, vous Verre? I
— Mais à quoi bón toute cette dépense l
— Eh ! parbleu !... pour traiter seigneuriale-
ment tous nos joyeux compagnons de là-bas. Ils
arrivent avec Léonce, et toute la vénerie égale-
ment. Un train spécial, un vrai train de plaisir !
Puis, en quittant le chemin de fer, tous les chevaux
de poste du pays en Réquisition... et sitôt arrivés
sur nos terres, en cliasse excepté moi, qui suis ac-
couru directement pour vous avertir et comman-
der le festin. Mais c’est à peine si jé lés précédé...
écoutez plutôt... écoutez !
Un grand bruit corset d’aboiements venait de
retentir tout à coup du côté fie }a forêt, presque
sur la lisière du parc.
C’était déjà si prés du château que Sosthènes,
croyant voir apparaître Léoncô en personne s’em-
pressa de cacher la lettre dans le buvard.
Et il réjoignit Marguerite et Castagnac, qui tous
deux regardaient à la fenêtre.
La chasse se rapprochait avec une telle rapidité,
qu’un pauvre chevreuil effaré parut dans le jar-
din, y fît même une légère pointe. Mais à l'aspect
du manoir et de ses habitants, il bondit en arrière
et de nouveau précipita sa folle course à travers
le parc. -
A peine étjjUi! devenu invisible, que les chiens
se montrèrent à leur four, puis les chasseurs, et
ce fut comme une folle trombe qui passa sur la
piste, en saccageant au passage les massifs et Ica
plates-bandes.
— Oh! mes pauvres fleurs! soupira Margue-
rite.
De même que le chevreuil, la meute et les cava-
liers se perdirent immédiatement dans Je bois.
Un seul chasseur s’était arrêté, regardant le
château,
U reconnut probablement ceux qui se trouvaient
à la fenêtre, piqua droit au balcon, saisit à deux
mains la balustrade, mit les pieds sur là selle et,
par un bond, des plus agiles, sauta dans la chambre.
Là, prompt comme la pensée, il embrassa S'os-
thènes, frappa sur l’épaule de Castagnac, et se re-
connue impossible dans l’état où se t rouve cette place,
fut demandé a la sûreté publique et menaeé d'expul-
sion s'il donnait suite à son projet. Tous les détails de
cette entrevue, écrits sous la dictée da l'intéressé,
étaient racontés avec tant de précision que le publie
pas plus que notre confrère n’a pu supposer un instant
que c’était là un récit de fantaisie.
Et, cependant, M. l’administrateur de la sûreté pu-
blique nie non seulement tous les détails du récit, mais
le fait lui-même,etil intente une action à la Chronique
sous prétexte qu’elle poursuivrait - à son égard un sys-
tème de dénigrement. -
Nous dirons sans hésiter notre avis sur ce procédé,
notre position dans la presse nous permettant, grâce à-
Dieu, ae ne nas plu? marchander la vérité à nos aniis
politiques qu’à nos adversaires.
Et tout d abord, en parlant d’amis jpolitiques, nous
tenons à déclarer que ce n’est pas à M. Berden que nous
faisons allusion, car on sait très bien qu’aucun de ses
abus d’autorité ne nous a laissé insensible; et «Tailleur»
nous considérons M. Berden comme un policier de haut
rang, et non comme un fonctionnaire politique.
Notre observation s’adresse à M. le ministre de la
justice, sans l’autorisation duquel M. Berden ne pour-
rait pas intenter une action à un journal, et c’est lui
que nous rendons responsable de cette action que nous
considérons comme un attentat à une liberté essen-
tielle sous le régime où nous vivons, parce qu’elle est
la garantie de toutes les autres libertés.
Le fait raconté par la Chronique est vrai où il- est
faux.
S’il est faux, il suffit de le démentir comme le Moni-
teur Ta fait et de maintenir le démenti en dépit des
affirmations contraires.
Nous ne pouvons excuser M. le ministre de la jus-
tice de permettre d’intenter l’action dont il s’agit que
dans le cas où il supposerait lui-même, contrairemem
à l’affirmation d’un des fonctionnaires de son admi-
nistration, que l’abus de pouvoir dont celui-ei est
accusé a réellement été commis.
Cela nous rappellerait le procès Do Bavay contre la
Cote libre, ordonné nar M. Bara, procès dans lequel le
chef du parquet de Bruxelles a laissé ses plumes.
Seulement, ce procès là, il a été jugé par la seule
juridiction qui, aux termes de la Constitution, peut
connaître des délits politiques et de presse, le jury, et
nous engageons vivement laChrpnique, quelquecon-
llance qu’elle puisse avoir dans la juridiction civile, à
réclamer celle du jury, persuadé que M. le ministre
de la justice obligera M. Berden à s’y soumèttre
respectueusement.
Sinon, nous nous réservons de juger avec plus de
sévérité que nous le faisons aujourd’hui, le cas qui ge
présente d’une pression injustifiable que l’on tente
d’exercer sur la presse libre.
Messageries Yan Gend & C°.
Le service des messageries Van Gend & C8 est
établi sur lepied d’un service public et, à ce titre
a des rapporta spéciaux avec le gouvernement.
Nous regrettons de devoir constater que la direc-
tion montre cependant peu d’empressement à don-
ner suite aux réclamations du public.
Nous avons été dans le cas de lui signaler des
plaintes détaillées avec précision, et nous n’avons,
pas appris qu’il y ait eu la moindre enquête à ce
sujet. '
Nous nous sommes surtout éîevé contre l'abus
qui consiste à faire payer à des particuliers récep-
tionnaires un port déjà acquitté par l’expéditeur.
Plusieurs lois nous-mêmes nous avons été vic-
time d’une négligence ou d’une exploitation de ce
genre, et le cas vient de se présenter de nouveau.
’ D’autres négligences sont à blâmer. C’est ainsi
qu’un de nos abonnés de Dolhain nous écrit qu’un
paquet expédié à son adresse le 22 décembre d’An-
vers, par tarifé grande vitesse, a dû être réclamé
par lui le 31 décembre au bureau de l’agent des
Messageries Van Gend et C*.
Nous profitons dé la circonstance pour indiquer
à ces Messageries un inconvénient résultant de leur
mode de remboursement. Quand vous chargez les
Messageries de plusieurs encaissements dans une
même ville, si les sommes à encaisser ont la même
valeur, vous ne savez pas qui a payé ou qui n'a pas
payé, car les livres des facteurs n’indiquent jamais
les noms des payeurs. C’est là une lacune réelle, à
laquelle, nous semble-t-il, il serait facile de remé-
dier.
Les télégrammes échangés entre l’Allemagne et la
(iraude-Bretagne, en passant par le réseau télégra-
phique de la Belgique, seront soumis à une taxe de
transit de 5 centimes par mot, au profit de ce dernier
pays, à partir du I*r janvier 1879, pour une durée indé-
finie, sauf la dénonciation qui pourrait en être faite,
une année à l’avance, par Tune des hautes parties con-
tractantes. .
Le bureau de la Chambre des représentant s a nommé
M. Oscar Delmer rédacteur adjoint pour le compte-
rendu analytique.
M. Charles Thomassen, commis de l’Asso-
ciation libérale et contre qui M* Andréas Van
Hissenhoven a exercé la contrainte par corps
pendant quatre longs fliois, est sorti aujour-
d’hui de prison.
Tous les libéraux applaudiront à la fermeté
d’âme de ce courageux vieillard qui a préféré
subir la prison que de se retracter même indi-
rectement et de mentir ainsi àses convictions.
Beaucoup demétiers s'exercent en chambre avec
plus d’avantages que dans les fourmilières des
usines. Ceux-là respectent l’esprit «le famille. Con-
finant à Tart, ils exigent de la personnalité, du
goût, un certain tour de main. Ils peuvent donner
un salaire élevé, mais ils imposent souvent une
dépense de force musculaire qui exténue l’ouvrier
et limite son gain.
C’est à éliminer cette cause de nuisance que s at-
tache M. Ad. De Vergnies, l’auteur d’un travail qui.
vient de paraître sous ce titre: Distribution de
force motrice aux ouvriers en chambre.
M. De Vergnies poursuit sou but en se plaçant
principalement au point de vue bruxellois. Il
connait bien Bruxelles, ses besoins et ses ressour-
ces ; et, s’il ne craint pas d’énoncer çàet là des
vérités désagréables à ses concitoyens, ou sent à
quel mobile généreux il obéit.
Dans la première partie de l’ouvrage — la Crise
à Bruxelles, — l’auteur rappelle brièvement les
lois de la production, et, passant à l’examen de la
situation de Bruxelles, il fait toucherdu doigt les
causes et les conséquences de ce malaise qui pèse
comme une chape de plamb sur toutes les classes
de la société.’
II faut chercher le salut dans le travail rendu
plus facile et plus productif par les progrès de la
mécanique, par le perfectionnement ae l'outillage.
Il faut suivre l’exemple de l’Amérique, de l’Angle-
gleterre et de la France, qui ont accompli des mer-
veilles par l'application de la vapeur à la petite
industrie. La deuxième partie contient, sur ce
sujet neuf, des renseignements qui seront comme
une révélation pour la plupart des lecteurs.
La troisième partie conclut à la construction d'a-
teliers et d'habitations d'ouvriers avec distribu-
tion de force motrice. Le projet, établi sur des
données pratiques et bien étudiées, est d’une réali-
sation aisée. L’exécution de ce plan promet aux ea-
Eitaux un intérêt rémunérateur et à l’industrie
rnxelloise une nouvelle ère de prospérité.
M. I)e Vergnies est un économiste et un écrivain.
Sa phrase, clglre etoonciae, tend droit au but. Son
style, net et ferme, est d’une sobriété, d'une simpli-
cité que nous trouverions trop grande dans une
œuvre de fantaisie, mais qui est bien à sa place
dans unô démonstration économique.
tournant vers Marguerite, pour la saluer avep une
grâce tout aristocratique ;
— 4h ! dit-il, c’est sans doute ta filleule... notre
filleule... mademoiselle Marguerite... Charmante,
en vérité... charmante !
Cet alerte écuyer, ce galant gentleman, c’était
Léonce d’Auberive.
VI
Il avait vingt-cinq ans à peine, et ressemblait
d’une manière frappante àsonpère. C’était ce même
type du vrai gentilhomme d'autrefois, élégant et
fier, insoucieux et railleur, mais dans tout l'épa-
nouissement, dans tout le charme de la jeunesse.
Sa brune et soyeuse chevelure bouclait naturelle-
ment autour de son pâle visage, au grand front
intelligent, au profil aventureux, au spirituel sou-
rire, à la fige moustache crânement retroussée.
Le regard état vif et plein de feu ; la physionomie,
courtoise, ouverte et loyale. Peu de femmes eussent
pu boutonner sa jaquette "de chasse, chausser sa
botte molle et mettre ses gants de pqau de
da!m. Il y avait surtout quelque chose de chevale-
resque et de généreux qui devait, à première vue,
lui concilier toutes le9 sympathies, et quand on le.
connaissait, même parmi les juges les plus sévères,
lui faire pardonner bien des torts.
— Oh ! comme il a l’air bon! s’était déjàdilMar-
guerite.
Quant à Sosthènes, il cherchait, mais vainement,
à conserver un air grondeur.
-- N oyons ! fit Léonce tout eu époustaiu de la
cravache sa jambe nerveuse qui, sous le tricot
blanc, rappelait celle du Bacchus indien. Voyons,
cousin, ne me boude pas, oublie mes fredaines et
tuons paiement lé veau gras pour le retour de
l’enfant prodigue, je te pro'metsM’ëtre plus sage à
l’avenir, parole d’honneur ! demande plutôt à Cas-
tagnac... je veux me ranger, me marier... ah!
— Et avecqui ?... bonté divine! répliqua Sos-
tliènes.
— Avec une femme Recompile, et qui semble
faite tout exprès pour réaliser le miracle de ma
conversion. Faut-il te la nommer... hein? C’est ia
belle madame d'Alby.
— Henriette ! s’écria Marguerite
— La connaissez-vous donc, mademoiselle ? de-
manda Léonce.
— Si je là connais ! mais c’était mon amie, ma
Commerce, finances, marine, etc.
Le Pilotage nous communique les chiffres
suivants relatifs au mouvement maritime des
ports belges :
Mouvement de la navigation. Navires de mer.
Port d’A avers.
Anvers... 1877 4267 navires jaugeant 2,449,837 tonn.
1878 4391
2,721,637
I.e Crédit Mobilier Autrichien, Te Crédit Foncier
d’Autriche, la Société d’Kscompt.ede la Basse-Autriche
ainsi que les maisons Rothschild et Wodianer auraient
été invités à soumissionner pour l’émission de 30, mil-
lions de rente autrichienne papier.
Récolte des vins en France en 1878.
Il résulté du relevé général fait au ministère de
l’agriculture en France, concernant la production vini-
cote en 1878, que la récolte totale de la France a été
de 48 millions 720,550 hectolitres ; et celle de la Gironde
de 2 millions 210,144 hectolitres.
Banque de Crédit commercial d’Anvers.
Situation au 31 Dècemrre 1878.
Publication prescrite par arrêté royal du 30 décembre 1873.
Capital, 50,000 aet.de fr. 500.-
14,230 actions souscrites..
35,770 » nou-émiscs......
Versements effectués.......
Réserve....................
Portefeuille...............
Effets à payer.............
Actions. Obligations. Reports.
Caisse.....................
Immeubles..................(
Comptes courants...........I
176,035.46
201,543.82
6,000.—
5,674,095.67
Francs
25,000,000.
i ‘35,229,172.04 35,22>,172.0
Le Directeur-Gérant, Le Président.
V. DE L’ARBRE.
VICTOR LYNEN.
ELLES ETRANGERES.
En plus en 1878 124 navires, en plus 271,800 tonn.
De ces arrivages il faut déduire ceux qui ont re-
monté l’Escaut, soit :
1877. 1878.
Navires. T99M- Navires. . Toon
Pour Rruxelles.. 161 22,467 193 24,146
" Louvain... 182 22,903 173 21,171
- Termonde. 12 1,266 11 1,138
Arrivés u Anvers 4267
46,636
2;449,837
377 46,655
4391 2,721,63
Restés à Anvers 3912 2,403,201 4014 2,674,982
Parmi lea4267nav. arrivés en 1877 sont.coin pris 2491 st.
- 4291 - 1878 - 2618 St.
- En plus en 1878 127 st.
Pendant la - guerre franco-allemande (1871) nous
avons reçu :
5442 navires jaugeant 1,820,744 tonn.
En 18*8 4391 - ' - 2,721,637 -
En moins en 1878 1051 navires, en plus 900,893 tonn.
Port de Gaud.
Arrivés en 1877 493 navires jaugeant 158,000 tonn.
» Ï87 8 711 - - 209,843 -
En plus en 1878 218 navires, en plus 51,793 tonn.
Port d'Osteude. ‘
Arrivés en 1877 711 navires jaugeant 227,658 tonn.
» 1873 707 - .» 220,413 -
En moins en 1378 4 navires, en moins 7,245 tonn.
Port de Nleuport.
Arrivés en 1877 24 navires jaugeant 2.849 tonn.
» 1878 24 - » 2,683 -
En moins en 1878 166 tonn.
L’on annonce do Bristol la suspension de paiements
de Fox, \Valker et C8, fabricants de machines et ioco-
ipotives, avec un passif de fr. l,500,0Q0.
I.o montant de l’actif n’est pas connu, ruais il paraît
avoir une valeur assez élevée.
protectrice... Oh! que je serais heureuse de la re-
voir !
— Rien de plus facile... elle est, depuis huit jours,
votre voisine... et, par îua foi ! il me vient une idée.
— Quelle idée ?
— Attendez que je réfléchisse un peu... ce qui
m’arrive rarement. Mais d’abord, dites-moi bien,
je vous en prie, à quel point vous en êtes avec elle.
Marguerite raconta ses relations (le pensionnaire
avec Henriette, ses quelques séjours chez Mme
d’Alby, combien elle s’en croyait aimée, combien
elle l’aimait.
Dans cette confidence expansive, aliénait tout le
eliarmede son esprit, toutes les délicatesses de son
cœur.
— ‘Mais, demanda-t-elle enfin, Henriette est
donc veuve ?
— Heureusement, répondit Régnée, puisque je
puis prétendre à sa main. Je comptais la lui deman-
der dès ce soir même... et tenez, plus j’y pense,plus
je trouve mon idée excellente. Ah! si vous vouliez. .
— Dites !
— Me servir d’interprète auprès d’elte...
— Moi I...
— Pourquoi pas ?...jg n’en saurais trouver un
plus charmant, un meilleur, pour une pareille de-
mande. Je dirai plus, vous me porteriez bonheur,
Marguerite, et, protégé par vous mon amour ne
craindrait pas un refus.. Maisdis-luidonc, Sosthènes,
qu'il faut qu’elle parte à l'instant pour aller trouver
Henriette.
Sosthènes allait refuser, prétendant que c’etqit
une folie, -
Mais Léonce insista,tandis que Marguerite se
penchant vers son parrain, lui disait tout bas;
— C’est [ àf moi seule qu’Henrieüe peut appren-
dre la vérité... toute la vérité.
Ou entendit dans Ig luiniain la fanfare <le l’Ual-
IaJi. Les chasseurs allaient revenir au château ;
n’étalt-il pas à souhaiter que Marguerite ne se
trouvât plus là ?
Ce dernier argument triompha des scrupules de
Sosthènes, Marguerite se disposa à partir pourie
château de M",9<j’Alb..y. '
, — Vous me direz franchement ce qu’elle vous
aura répondu ? fit Léonce.
— Très franchement, monsieur, je vous le pro-
mets, répondit Marguerite.
Et, comme les i’auiares se#approchaient, eiledis-
pahit. Léonce se rethurna vers Sosthènes :
Monsieur mon intendant, lui dit-il, je n’ai pas
RUSSIE
Saint-Pétersbourg, 3 janvier, 8 h. 50.
Une dépêche d’Andrinople annonce l’incendie des
bureaux de l’intendance du quartier général de
l’armée, où se trouvaient tous les livres, actes et
documents relatifs aux fournitures de l’armée pen-
dant la campagne.
Aucun document n’a pu être sauvé.
Cet gccident aura une influence considérable sur
l’issue du procès intenté aux fournisseurs.
La retraite du ministre do la guerre, Miloutine
et son remplacement par le général Obrutchef est
définitivement décidée.
Le ministre des finances de Russie continue à
s’occuper de la création de nouvelles ressources
pour 1 empire.
Les recettes des compagnies de chemins de fer
sur le trafic à grande vitesse, voyageurs et mar-
chandises, vont être imposées de façon à produire
au Trésor 7 à 8 millions de roubles. Quatre autres
taxes nouvelles donneront 12 à 13 millions. On
évalue à 20 millions la plus value des impôts an-
ciens. Pour le moment, le Trésor a pleinement
assez avec cet accroissement de 40 millions.
Les quatre nouveaux impôts sont une surtaxe de
2S 0,0 sur le droit de timbre, une surtaxe de 40
copekssur le coton brut (droits de douanes payables
en or), un impôt sur les primes d’assurance Contre
l’incendie et un droit sur les eaux-de-vie fines.
ALLEMAGNE
(Correspondance particulière du Précurseur).
Berlin, 3 janvier.
La lettre du Pape à M. Meleliers
Par mi les journaux berlinois, la Gerrnania seule
tient l Osservatore Romano, qui, dans sou nu-
méro du 31 décembre, a publié la lettre que le
Pape a adressée à M. Meicners, l’ancien archevêque
de Cologne, révoqué et banni pour avoir excité ses
diocésains à la révolte contre les lois.
La Gerrnania a traduit le texte latin apporté
par Y Osservatore et c’est sa traduction que toute
l'Allemagne lira ce matin. .
Remarquons que la lettre a été imprimée le 31
décembre, le dernier jour fie l’année et que le té-
légraphe en a aussi tôt,comme de juste, répandu un
résumé que le public berlinois a sous les yeux, le
jour de Fan; elle lui a servi d’étrenne. Si cette
lettre avait été conçue en des termes conciliants,
si elle était venue témoigner du sincère et réel
amour de Léon XIII pour fa paix, certes on n’eùt
pu que féliciter la curie de l’avoir offerte au public
le premier janvier ; mais cette lettre est un refus
de faire la paix; elle est appelée à rompre les né-
gociations ; elle est une reproduction jésuitique de
l’encyclique foydroyante de Pie IX; elle jette le
défi au gouvernement, non à la façon du Pape
Mastai Feretti, mais à la manière du Pape
Pecci ; elle invite l’empereur et le priuce de'
Bismarck à montrer - une plus grande modé-
ration -, enfin, tout en sauvant les formes
diplomatiques, elle reproduit toutes les pensées
belliqueuses de Pie IX et c’est le 31 décembre que
l’on choisit, la veille du nouvel An, pour lancer
cette déclaration de la continuation de la guerre.
besoin de vous recommandermesamis... ils doivent
trouver céans une hospitalité digne du comte d’Au-
berive. Allons, cousin, allons donc !... ne fais pas
ainsi la grimace... ce sont peut-être les funérailles
de ma vie de garçon... il faut lesfèterjoyeusement,
splendidement à là manière écossaise!
Puis s’adressant à son factotum :
— Quant à toi, Castagnac, je te charge de l'or-
donnance du festin : fais dresser le couvert.
— C’est ma spécialité! répliqua le parasite, et tu
seras content de ton écuyer tranchant. Je connais
le nombre des convives...
— A propos, interrompit le châtelain, n’oublie
pas de faire mettre un couvert de plus...
— Pour quel invité ?
— Pour Me Çoquelin, mon notaire.
Sosthènes, déjà sur le seuil, bondit soudainement
à ce nom.
— Et comment, pourquoi donc avoir invité Ca-
quelin?
— Pour l’avoir sous la main, et pour counaître
exactementrnasituation de fortune avantde causer
mariage. Je lui ai dépêché une estafette au dernier
relai... il viendra.
— Aie, aïe, aïe ! peusa Sosthènes, voilà qui se
complique! • .
VII
Le repas fut fies plus joyeux, grâce surtout à l'ir-
résistible entrain de Léonce. Il en fit les honneurs
d’une façon vraiment royale.
Sosthènes lui-même ne put se défendre de l'ad-
mirer. Quant vint le dessert, il se disait :
— C'est un autre Lucullus ! il semble créé tout
exprès pour jeter l’argent par les fenêtres, et s’il
m’était possible de multiplier éternellement ses re-
venus, je le ferais avec plaisir, rien que pour les
lui voir gaspiller ainsi.
Disons-le cependant, notre sobre naturaliste
avaitété contraint de vider son verre beaucoup plus
souvent que de coutume, et, dans cette opinion
hasardeuse, il y avait quelque peu de champagne.
Surexcité par l’amphitryon, M8 Çoquelin se per-
mettait aussi des libations inusitées, mais sans rien
perdre de sa gravité de notaire.
On venait de passer sur la teri’asse jiour prendre
le café,lorsqu'un bruit de voiture annonça le retour
de Marguerite.
Son parrain s'empressa d’aller la rejoindre dans
Les dévôts du Vatican ont eu leur plaisir à jouer
ce tour aux Allemands.
Léon XIII vante la fidélité de l’ancien archevêque
de Cologne qui s’est admirablement conduit. Mais
les éloges qu’il prodigue avec affectation au prélat
condamné par la Cour ecclésiastique, constituent
un blâme des mesures prises contre lui par le
gouvernement, et pourquoi Léon XIII, s’il désire
la paix •• avec ardeur -, a-t-il besoin de tant louer
l’évêque révoqué et banni? Il prétend qu’il veut
sincèrement se raccommoder avec le gouvernement
et il n’a rien de plus empressé que de bénir avec
ostentation l’ennemi, nous pouvons même dire tous
les ennemis cléricaux du gouvernement. C’est du
jésuitisme et du mieux conditionné. Rien n’obli-
geait le Pape à donner cet éclatant satisfecit.
à Mgr Melchers. Il pouvait, s’il tenait tant à
l’amitié du Gouvernement allemand, lui adresser
quelque compliment banal ; mais il exalte
son grand amour pour la papauté, sa fidélité à
toute épreuve ; il parle de ses sentiments qui
servent à sa renommée et méritent toutes les
louauges ! La lettre de Léon XIII, de la première
ligne jusqu'à la dernière, est un chef d’œuvre de
duplicité.
C’est ainsi que la jugeront tous ceux qui vou-
dront se donner la peine de la lire avec attention.
En sa qualité de pape, Léon XIII est naturelle-
ment convaincu que la société court à sa perte,
qu’elle marche à grands pas vers l’abîme et cela
parce qu’elle tend de plus en plus à s’affranchir de
la tutelle de Rome et à arranger ses affaires sans le
clergé. L’histoire prouve, dit-il, que l’état est le.
plus florissant quand l’église possède sa pleine,
liberté d’action. Nous savons ce que les papes
entendent par la pleine liberté d’action du cjôl'gé
C’est la situation du Paraguay, pays qui a pour
ainsi dire disparu; celle de l’Equateur où les assas-
sinats politiques, les troubles et les émeutes sont à
l’ordre du jour ; c’est la situation de l’Espagne,l’an-
cienne situation de l’Italie, celle du Mexique où on
brûleencore les sorciers. Là les prêtres sont maîtres,
ils sont àla têtede la ciyilisation.il ya quelque temps’
qu’à Atzala, dans la province mexicaine de Puebla,
on célébrait un St-Barthélémy avec accompagne-
ment d’autos-da-fé. Presque tous les protestants de
l’endroit furent tués, brûlés ou mis eu fuite. En
Espagne nous avons eu l’évènement d’Iznatoref,
puis celui d’Alkoy, puis celui de Camounnas où les
prêtres ont fait commettre à la foule des horreur*
contre les hérétiques et Léon XIII trouve que la
société ne sera tranquille que lorsqu’on permettra
aux prêtres de faire tout ce qu'ils veulent !
Il se plaint des plam d’hommes incrédules qui
jettent loin d eux tous les freins de la loi. Mais ce
sont précisément les cléricaux qui, en Allemagne
et dans d’autres pays, nous offrent le spectacle°du.
mépris des lois. Si « l’ordre court de graves dan-
gers, - ce sont les prêtres qui’ en sont caus*» ï
prêtres et les socialistes, - -» Ies
àtoÛSÔifanî'i1™?’ l'obéissanc»
C’est-à-d re nf.'^ ' 'T* W» contraire» à la foi.
aux lolKne"4 Pi» eivd01ve^ ,f,as l’obéissance
) li rif*er e >IX a déclarées contraires
A la Constitution de l Eglise. Ainsi les évêaues
Sde°t teri vRahSgne ’• ia“ gouvernement lesqcu-
dnhtnt no- r re,s fiOlis nomment; les fidèles ne
éIir® de n,ouveaux curés et cependant
font en Suisse, ils viennent d’élire un curé à
u?pFnt’égUir ran? leiJura bernois et cela avec l’au-
de 1 avt0ntf catholique. Cequ’ils peuvent
fan e en Suisse lis ne doivent pas le faire en Prusse1
I] y a là une loi à laquelle le clergé s’oppose et, le
. ape parle de ces impies qui jettent loin d’eux tous
les freins de la loi ; ces impies se nomment Mel-
chers, ils portent des noms que Léon XIII couvre
de ses bénédictions.
Il y a quelques jours, la Gerrnania et les autres
teuilles cléricales de la Prusse, ne savaient assez
louer l'Empereur ; elles écrivaient que le cœur de
S- M- saignait à la vue des malheurs du Cultur-
kampi ; elles exprimaient leurs regrets de ce que le
prince de Bismarck et M. Falk ne partageaient pas
les sentiments de conciliation de S. M.et Léon XIII
recommande au clergé d’ardentes prières pour que
Dieu détermine le glorieux et puissant Empereur à
montrer •• une plus grande modération » dans ses
mesures. Voilà donc le Pape qui apprend aux catho-
liques allemands que l’Empereur est trop rigou*
reux, qu’il devrait faire preuve de plus de modéra-
tion.
Léon XIII jiorte aux nues Les évêques révoqués-
fi en fait des modèles d’attachement à l’église; il
enumèreies différentes lois qui privent « son âme
de repos ; il dit qu’un danger - énorme - menace
les âmes des fidèles; il parle de lois contraires à la
foi; il trouve que l’Empereur n’est pas assez mo-
déré dans ses mesures; il fait le même reproche au
gouvernement et dans la même lettre,-il affirme
son brûlant amour pour la paix ; il traite d’impies
ceux qui troublent la société en se débarrassant de
tous les freins de la loi !
Cette lettre a été écrite pour annoncer à tout
bon entendeur que la curie ne veut pas de la paix
quelle ne fera aucune concession, que Léon XHÏ
partage toute la manière de voir de Pie IX et que
le Culturkampf continue.
Nous savons maintenant à quoi noua en tenir
sur les sentiments de ce pa>->g bien inteu*{e«rjA
S'il a voulu un mo • a ■ .ix ies ultramon
tains l'ont conve;
le petit -i/o. ,/ fra Bue 1 <.jan • .■
cavalièrement i. mnee
A peine avaient-ils échangé cmetuues ua-olP! ma
Léonce montré*
— Part a trois !fiit-tlen riant de leur myscérièot
embarras; il semble que ceci me regarda* R
vous dorez comprendre mon impatience!‘Allons,
mademoiselle, allons... souvenez-vous de votre pro-
messe... franchise complète... Et d’abord com-
ment avez-vou3 retrouvé madame d’Alby?
— Plus charmante que jamais, répondit Margue-
rite, et me témoignant davantage encore d’amitié.
— Fort bien ; ceci n’a rien qui doive surprendre,
mais de moi, de ma proposition, que vous a-t-elle
dit ? qu’en pense-t-elle ?
La jeune fille hésitait.
— Parlez... mais parlez donc, je vous en supplie!
insista-t-il. '
— Dame! monsieur le comte... bien qu'Henriette
ne soit qu’une veuve de dix-neuf ans, bien que la
fleur de la jeunesse brille encore en elle, sa raison
s’est développée hâtivement par l’expérience de
la vie...
— Oh ! oh ! voici un début qui me semble de
fâcheux augure. Elle refuse, elle ne m’aime pas?
— Je ne dis point cela. Je croirais même... et
nous autres femmes nous avons un instinct pour
deviner ces choses-là... je croirais même que vous
êtes loin de lui déplaire. Mais...
Achevez !
— Niais elle a été malheureuse, très-malheu-
reuse . avec un premier mari qui avait précisé-
ment les mêmes qualités que vous,moins brillantes
peut-être, mais aussi peu compatibles avec le ma-
riage. Ce sont les paroles d’Henriette. Elleaajouté:
Que M. le comte d’Auberive renonce à sa vie
d’oisiveté et de plaisir... qu’il devienne un homme
utile... qu’il me donne cette preuve d'amour, et nous
verrons alors... j’attendrai. -
— Et-ce tout ? questionna Léonce en fronçant ïft
sôureil.
— C’est tout, répondit Marguerite.
Sosthènes lui fit un signe qu elle seule pouvait
comprendre, et lui demanda à son tour;
— Mais quant à ia fortune ?
Henriette m a interrompu dès les premiers
mots; elle ne veut rien savoir à cet égard, elle est
assez riche pour deux.
- A merveille ! s’écria Sosthènes. Eli bien ! cousin,
il me semble que ce n’est point une si mauvaise
réponse î
Hellatnî
2,919,812.94
92.398.13 |