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LE PRECURSEUR.
FRANCE.
vidu dans les états législatifs, pourrait en faire autant.
Ce n’est pas la première fois que le gouvernement fran-
çais s’est formalisé des messages des présidens américains.
Le président Washington, le premier président Adams,
se sont attiré l’animadversion du directoire français. On
connaît les objections soulevées dans une circonstance
analoge par le ministère de Charles X et qui furent écar-
tées par une explication donnée par notre ministre.
Quand notre dernier ambassadeur à Paris apprit l'an-
née dernière que les ministres du roi actuel avaient pris
note de mon message , il fit une communication au gou-
vernement français , le 29 janvier 1835 dans le but
d’écarter toutesles impressions qu’une susceptibilité dérai-
sonnable avait suscitées. Il a à diverses reprises appelé
l’attention du gouvernement français sur le désaveu con-
tenu dans le message même, de toute intention d’intimider
la France par des menaces. Il a déclaré d’une manière
franche et vraie , qu’il ne contenait aucune accusation de
mauvaise foi contre le roi des Français et il a fait remar-
quer que le droit de se plaindre ne pouvaitètre considéré
comme une imputation offensante. Quoique cette commu-
nication fût faite sans instructions de notre part et entiè-
rement sous la responsabilité de l’ambassadeur , elle a
été plus tard approuvée par notre gouvernement (made
the act of the gouvernement) , et cette approbation a été
officiellement annoncée au gonvernement français le 25
avril 1835. Cependant cela n’a encore amené aucun
résultat. La loia été adoptée malgré cette explication ami-
cale et approuvée par le roi.
)> Le gouvernement français ayant reçu toutes les expli-
cations que notre honneur nous permet de donner, et qui
pouvaient être raisonnablement demandées, on avait es-
péré qu’il n’hésiterait pas plus long-temps à payer les ter-
mes dûs. L’agent autorisé à toucher la somme avait été
chargé d’informer le gouvernement français qu’il était prêt
à en recevoir le paiement. En réponse à cette notification
on lui fit connaître que l’argent ne pouvait lui être remis
parce que les formalités requises par le vote des chambres
n’avaient pas encore été observées.
» N’ayant reçu aucune communication officielle des in-
tentions du gouvernement français et désirant amener ,
autant que possible, cette affaire désagréable à un arran-
gement avant l’ouverture du Congrès, afin que vous eus-
siez tous les détails de l’affaire devant les yeux , j’avais eu
soin d’ordonner à notre chargé d’affaires à Paris de deman-
der une réponse définitive au gouvernement français, et
de retourner sans explications ultérieures dans le cas où
il refuserait encore le paiement.
>> Le résultat de cette dernière résolution ne nous est pas
encore parvenu, mais on l’attend journellement. Qu’il
soit favorable tel est mon vœu sincère ! Toutes les bran-
ches du pouvoir en France, ont reconnu la validité de nos
réclamations et du traité de 1831, et comme il n’y a pas
de motif réel pour ajourner ultérieurement le paiement
on peut espérer que l’on adoptera à la fin une conduite
qu’exigent non moins les intérêts des deux nations que
les principes de justice et d’équité. Le traité une fois
exécuté par la France, rien ne pourra plus troubler les
relations amicales entre les deux pays, et toutau contraire
contribuera à l’adoption d’une politique sage et pacifique
et au maintien de cette bonne intelligence mutuelle et de
ces relations qui, on peut l’espérer, revivront dans leur
ancienne force.
» Dans tous les cas, cependant, le principe mis en
question dans le nouvel aspect qni a été donné à la con-
tre vc# se, est si vital, si important pour l’administration
indépendante de notre gouvernement, qu’il ne saurait
être lésé ui compromis sans préjudice pour la dignité ua-
tionale. Je crois qu’il est inutile de dire que pareil sacri-
fice ne sera jamais fait par aucun de mes agens.
» L’honneurde mon pays ne sera jamais compromis par
une justification de ma part, quand je n’ai fait que décla-
rer la vérité et remplir mes devoirs ; je ne puis donner
aucune explication de mes actes officiels, à l’exception de
celles qu’exigeraient la justice et l’équité, et qui se trou-
vent en harmonie avec les principes sur lesquels nos ins-
titutions ont été fondées. Cette détermination, j’en suis
convaincu, sera approuvée pannes commettans. Je con-
nais leur caractère, je l’ai assez étudié pour savoir que la
somme de 25 millions de francs, est de peu d’importance
à leurs yeux dans une question où il s’agit de l’indépen-
dance nationale ; que si malheureusement une impression
différente se manifestait jamais en d’autres lieux, le peu-
ple américain, j’en suis sûr, se ralliera autour du gouver-
nement deson choix avec ardeuret unanimité, etprouvera
qu’il ne mérite pas cette imputatiou dégradante.
Ayant ainsi franchement fait connaître au congrès les
circonstances qui se sont présentées depuis la dernière
session, je n’ai plus qu’à ajouter qu’aussitôt que les nou-
velles journellement attendues de notre chargé d'affaires
auront été reçues , elles feront l’objet d’une communica-
tion spéciale.
C’est par voie de Liverpool, et par le paquebot Indépen-
dance , que le message est arrivé en Europe. II est générale-
ment jugé par la presse anglaise comme favorable à la paix.
Les journaux de Paris de ce matin en ont une opinion
analogue.
La hausse des fonds a été très considérable à Londres
avant-hier.
Paris, le 1" janvier.
11 y a tout lieu de croire que M. Pasquier ne pourra
présider les débats du procès Fieschi , car on assure qu’il
faudra plusieurs mois de repos pour se remettre de l’affai-
blissement que lui a causé sa dernière maladie.
— Une ordonnance du 5 décembre , porte que les
commis principaux de la marine et les chefs de compta-
bilité des différens services de la marine , ayant le grade
de commis principal, seront désormais nommés par leroi.
CHAMBRE DES DÉPUTÉS.
Séance du 31 décembre 1835.
(Présidence de M. Bedoch, vice-doyen d’âge.)
L’ordre du jour appelle le second scrutin pour la nomi-
nation des vices-présidents :
Nombre de Votants 125.
Majorité absolue 123.
51. Passy a obtenu 158 voix.
» Pelet de la Lozère 139 »
» ftîartin (du Nord) 102 »
Ces Messieurs sont proclamés vice-présidents.
On procède ensuite au scrutin pour la nomination des
secrétaires. En voici le résultat :
Nombre dcsvotans, 272. Majorité, 137. MM. Félix
Réal, 152. Piscatory, 138. Cuningridaine, 93. Jaubert,
135. Jolivet, 112. Malleville, 88. Caneron, 35. Vivien,
13. Vatout, 70.
En conséquence MM. Félix F.éal et Piscatory sont pro-
clamés secrétaires on procède à un second tour de serutin
pour la nomination des deux autres secrétaires.
Ensuite M. Bedoch, doyen, adresse à la chambre une
courte allocution et invite M. Dupin à venir occuper le
fauteuil.
M. Dupin s’exprime ainsi :
Messieurs et chers collègues, la chambre daigne me con-
fier, pour la cinquième fois le soin de présider à ses tra-
vaux. Je la prie de recevoir l’expression de ma reconnais-
sance. Elle sait à quelle hauteur dans ma pensé je place
cette éminente distinction; mon unique désir est de rem-
plir à son entière satisfaction les devoirs quelle m’impose.
Vous m’aiderez, messieurs, dans cette tâche difficile;
que peut en effet un seul homme , sans une adhésion qui
fasse respecter en lui le pouvoir dont la chambre a voulu
lui déléguer l’exercice? et cependant, telle est parfois la
position du président, que dans les moinens d’excitation
inséparables de grandes délibérations politiques , il de-
vrait encore protéger un seul contre tous, et défendre
l’assemblée contre ses propres entraînemens, si les règles
d’une inflexible impartialité semblaient l’exiger.Tous plus
tard lui en sauraient gré; tous au moins rendraient justice
à la droiture de ses intentions, si par malheur il lui arri-
vait de faillir et de se tromper. C’est dire assez, messieurs
et chers collègues, que le président doit compter sur vo-
tre indulgence. En tout temps, et surtout dans le siècle où
nous vivons, qui oserait se flatterde n’en avoir pas besoin?
Heureuses les assemblées où la moindre invocation au
bon ordre ramène à l’instant le silence sur tous les bancs,
et le calme dans les délibérations ! Celui qui les
préside n’est poiut. placé dans la pénible alternative ou
de laisser accroître et prévaloir le tumulte, ou de le con-
jurer à l’instant par des moyens auxquels l’urgence des
circonstences imprime toujours quelque chose de leur
vivacité.
Si, dans les précédentes sessions, les agitations de la
cité ont quelquefois réagi jusque dans cette enceinte, je
n’en doute pas, la paix profonde qui règne dans l’état
étendra aussi sur nous son heureuse influence. La lutte
sera toute parlementaire, elle sera digne, les intérêts du
pays seront noblement et librement débattus; les rivalités,
s’il s’en révèle, ne seront inspirées que par l’amour du
bien public, e*. chacun voudra remporter chez soi le sen-
timent d’un grand devoir généreusement accompli.
La séance est ensuite renvoyée à samedi.
NOUVELLES D’ESPAGNE.
Le ministère vient détenir la promesse faite depuis long-
temps à l’ambassadeur de France et dont la réalisation un
peu lente a fourni à une partie de la presse française un
thème d’attaques prématurées contre la conduite diplo-
matique de M. de Ravneval. Voici ce décret royal :
« S. M. la reine , informée par la lettre de votre excel-
ulence en date du 12 courant, que le cabinet des Tuile-
» ries adopterait auec plaisir la réciprocité de franchise
» des publications périodiques convenue entre l’Angleterre
» et l’Espagne par ordonnance royale du 30 novembre der-
unier, a consenti à étendre cette mesure à la France, dans
» les mêmes termes et aux mêmes conditions, que céux
«spécifiés dans cette résolution royale, à savoir faisons par
« ces présentes, etc.
«Dieu vous garde , Madrid 20 décembre 1835.
» Signé , Martin de ios Heros.
» Au ministère des affaires étrangères. »
Ainsi , grâces aux soins et à l’assiduté de M. de Rcyne-
val , dont le zèle ne s’est pas un instant démenti , la
presse française se trouve placée sur le même pied que la
presse anglaise.
•— Hier la commission chargée d’examiner le projet
de loi, par lequel le ministère à demandé à là chambre
des procuradorès un vote de confiance , en matière do
finances , s’est réuni. Le président du conseil des minis-
tres a assité à la réunion qui a duré cinq heures ; nous
pensons que la commission aura bientôt achevé son tra-
vail préparatoire et que , dans quelques jours , le projet
de loi sera discuté. (El Espagnol.)
— Le mouvement que l’article de la Cadette de Madrid
avait imprimé hier à la bourse s’est souteuu aujourd’hui.
C’est à la franchise avec laquelle le ministère a expliqué
ses intentions relativement à la dette intérieure qu’il faut
attribuer ce résultat. (Revista.)
BELGIQUE.
BRUXELLES , le 3 Janvier.
Ou lit dans le Moniteur :
La réception à la cour, à l’occasion de la nouvelle an-
née, a été fort nombreuse hier. LL. MM., entourées des
officiers et des dames de leur maison , et des ministres,
ont recule corps diplomatique, les députations du sénat,
et la chambre des représentais, la cour de cassation, la
cour des comptes, la haute cour militaire, la cour d’ap-
pel, *,es employés supérieurs des ministères, l'administra-
tion de la société générale, M. le gouverneur de la pro-
vince, la députation des états, le tribunal de première
instance, la régence de Bruxelles, le clergé catholique,
le tribunal et la chambre de commerce, le corps du génie
civil, la banque de Belgique, l’administration de l’univer-
sité libre, le clergé réformé, le clergé israëlito, l’état-
major général de l’armée, l’état-major de la province,
l'état-major de la place, et les officiers de la garnison,
présentés par M. le minist.ie de là guerre.
LL. MM. ont reçu eusuite les personnes présentées.
M. la duc d’Aremberg et M. le baron Surlet de Chockier
ont été admis auprès de LL. MM.
ANVERS , 3 Janvier.
Nous avons reçu du Lloyd anglais, une carte et une note
lithographiée , du détroit de Davis et de la baye de Baffin
indiquant la place ou 11 bâtiments sont enfermés par leü
glaces , et la route que la saison et l’état de la glace doivent
déterminer à suivre.
Voici la noie :
Le gouvernement a répondu à la demande qui lui avait
été faite , d’une expédition pour sauver de la plus horrible
des morts, le froid et la faim , soit en totalité soit en partie,
les 500 ou 550 hommes dont ces bâtiments étaient montés.
Sa réponse a été un refus assez péremptoire assurément,
cependant il est difficile de croire que son intention soit de
ne pas envoyer du tout; peut-être a-t-on pensé que le temps
n’était pas venu, mais on aurait dû être plus explicite.
L’urgence et la possibilité de cette expédition sont parfai-
tement prouvées, par la demande même des hommes de
Shield el de Hull. qui sont les meilleurs juges de l’affaire.
L’opinion de beaucoup de capitaines intelligents, des bâti-
ments, pécheurs de Groenland, qui se trouvent actuellement
à Glasgow et qui ont été consultés, paraît être en résumé,
que deux vaisseaux pêcheurs doublement fortifiés, doivent
être au bord de la glace au premier clair de lune, après le
jour de l’an ( Old new ’yerar's day ) et que les steamers doi-
vent seulement être employés pour remorquer ces bâtiments,
si le tems le permet, où peut-être pour entretenir une com-
munication avec eux.
On examine de nouveau cette affaire avec soin et il ne sera
pas perdu de tems.
Telle est la note litographiée à laqu’elle on ajoute :
« On doit observer cependant que le gouvernement n'a
point refusé un secours; au contraire, une expédition va
partir (1) composée de deux navires sous la direction du
capitaine Ross. Les chambres du Lloyd aussi ont voté une
somme de 100 1. st., pour contribuer aux frais. »
Lloyd , 31 décembre 1835.
Les navires suivants sont pris ici entres les glaces et ne
peuvent continuer leur route :
Angelica, cap. Klein, chargé de charbon anglais en
destination de Marseille.
— Ludwig-Edward, cap. Kraeffs, chargé de sucres
raffinés, d’armes, de verres à vitres, de clotis, de char-
bons et de meubles en destination de Smyrne et de Con-
stantinople.
— Peacc, cap. Breckson, chargé d’écories en destina-
tion de londrcs.
Le chargement de l’Adonis, venu de Messine â la con-
signation de Mr. Melohior Kramp, consiste en :
6 pipes huile d’olive. — 200 sacs noisettes. - 898
caisses citrons. — 525 caisses oranges.
Le bateau à vapeur John Bull , cap. Borbin est arrivé
hier après diné à 2 heures devant la ville , après s’être
frayé un passage autravers des glaces. Il a débarqué scs
passagers et le capitaine se disposait à entrer au bassin
pour décharger les marchandises qu’il avait à bord afin
de repartir le lendemain matin; lorsqu’on croyait qu’il
prenait ses dispositions à cet égard , il fit mouvoir les
roues en culant et descendit immédiatement l’escaut, à la
surprise de tous les spectateurs et au grand désappointe-
ment des personnes qui avaient des marchandises a bord-
(1) Ils ont dû partir hier 2 janvier. |