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Art. 16. L’exécution sera confiée à l’auteur du projet dési-
gné par le jury. Il lui sera alloué, comme honoraires, 5 p. c.
du montant du devis approuvé par l’administration et non du
montant de l’entreprise résultant de l’adjudication.
Notre Requête à la Chambre des représentants
Nous rappelons aux obligeants confrères qui ont bien voulu
se charger du récolement des signatures pour la requête que
nous comptons adresser prochainement à la Chambre des
représentants, que les brochures qui leur ont été confiées doi-
vent être renvoyées au Président de la Société Centrale d’Ar-
chitecture, avant le 15 novembre ; il est indispensable que nous
soyons en possession de toutes les signatures à cette date.
Concours pour un frontispice pour la 9 année
de l’Émulation.
11 ne nous est parvenu qu’un seul projet de frontispice
pour la 9° année du journal; ce projet n’est pas suffisant pour
être publié, la prime n’a donc pu être décernée.
LE CONCOURS DE ROME.
Le concours de Rome, jugé en juillet dernier, n’a été exposé
au Palais des Académies que le 19 septembre; ecst ce qui
expliquera aux lecteurs de l'Émulation le retard que nous
apportons à rendre compte de ce concours.
L’Émulation a déjà mentionné les noms des concurrents et
des lauréats.
Le jury du concours se composait de MM. Baeckelmans,
Beyaert, Guffens, Janlet, Laureys, Pauli, Ryssens de Lauw,
SCHADDE et SciIOY.
MM. Dens et de la Censerie étaient membres suppléants.
Ces messieurs ont presque tous déjà fait partie du jury des
concours antérieurs.
La nomination de M. Ryssens, seule, a causé (et non sans
raisons) un certain émoi dans le monde des architectes. Notie
confrère a publié il y a quelques années un volume de ses
œuvres. Ces compositions, inspirées delà renaissance flamande
la plus échevelée, bien loin d’être un titre a sa nomination,
semblait devoir, au contraire, interdire à M. Ryssens l’entrée
d’un jury appelé à décerner le prix de Rome.
Le sujet, on se le rappelle, était un hôtel de ville pour une
ville de 100,000 habitants.
Cela dit, passons en revue les projets exposés.
M. Dieltiens (1er prix). —Plan ayant une bonne masse,
mais confus, mal dégagé, mal éclairé. Les couloirs zigza-
guant dans un édifice de 13,000 m. de supeilicie ne sont
I éclairés que par quatre petites cours ayant chacune 25 m. c.
La salle des archives, placée au rez-de-chaussée, n’a pas
une seule fenêtre pour lui donner du jour. Au premier étage,
la circulation est interrompue entre les deux ailes de l’édifice
vers la façade principale. Le parti ne se lit pas dans le plan,
les six divisions demandées sont placées un peu partout, sans
ordre; il n’y a que la salle du conseil, la salle des mariages et
celle des fêtes qui soient disposées convenablement.
La façade est banale, le campanile pauvre et mal emmanché.
Somme toute, le lauréat n’a pas, dans son œuvre, lait
j preuve de talent, pas même de savoir.
M. Truyman (2e prix). — Les observations faites au piojet
de M. Dieltiens s’appliquent à M. Truyman quant au parti
général du plan. Si celui-ci est bien éclairé, en revanche
ü y a un tas de points qui dénotent peu de jugement et
peu de bon sens. La surface occupée est de 9,000 m. A
côté de l’escalier principal, qui est bien suffisamment grand, le
concurrent a placé des escaliers secondaires qui n’ont pas
moins de 500 m. c. chacun; au.premier étage, il place, à la
façade principale, des locaux peu importants tels que cabinets,
bureau des travaux publics, antichambre, et des locaux dont
quelques-uns n’ont pas plus de 30 m. c. sont éclairés par des
fenêtres monumentales ayant 3"50 X 6"80. Par contre,
la sallo des mariages, qui doit servir de salle de fetes, est
reléguée à la façade postérieure. M. Truyman parait aussi
avoir sur l’hygiène des idées à lui ; car il n y a pas moins e
12 water-closets prenant air et jour sur les couloirs du i-ez-ce-
chaussée. La façade dénote un manque absolu de goût; ses
proportions, des plus lourdes, accentuent le caractère vulgaiie
de la composition. Le dessin est très faible.
Les deux projets suivants, portant pour devise . Speio et
T et équerre, semblent, à première vue, ne pas avoir été laits
d'après le même programme que ceux des lauréats. Le plan est
simple, presque pauvre. Les deux concurrents ont rangé tous
leurs services autour d’une seule cour.
Le plan du projet Spero (M. Francotte) est particulièrement
maigre, les locaux ont presque tous la même valeur ; la salle
de milice, assez bien placée, est de beaucoup trop petite. A
l’étage, même défaut qu’au projet de M. Truyman, c’est-à-dire
en façade principale un tas de petits locaux, alors qu il était
évident que cette partie devait être réservée aux grandes salles.
La façade ne serait pas mal sans un campanile circulaire
qui se rattache peu au restant de la composition ; l’avant-corps
central est étriqué, les ailes sont bonnes.
Le plan du projet T et équerre (M. Duray) est, comme nous
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l’avons dit, dans la même donnée que celui du projet Spero,
mais on sent dans l’étude du plan l’habileté qui fait défaut à
son voisin; les rares emmanchements sont adroitement com-
binés, les services bien placés. Nous n’aimons cependant pas
beaucoup le palier de l’escalier; il a de plus, dans le cas
présent, l’inconvénient d’isoler la salle du conseil qui, placée
à la façade postérieure, n’est pas d’un accès facile.
La façade qui lient bien ensemble est bonne; c’est certes la
meilleure de toutes.
Le campanile cependant, trop élancé et d une allure un
peu fantaisiste, n’a pas l’élégance et le bon goût qui se mani-
festent dans la façade.
[1 est bien évident que l’auteur de ce projet ne manque
pas de talent. C’est le seul qui se soit présenté au con-
cours bien armé pour le combat; on sent dans la façade et dans
le plan, quelque simple qu’il soit, que leur auteur a fait des
études sérieuses. A notre avis, il s’est malheureusement trompé ;
son hôtel de ville est un édifice pour une ville de 40,000 habi-
tants, mais non pas pour une cité de 100,000.
Pour conclure, nous dirons qu’à notre avis M. Dieltiens ne
méritait pas le premier prix et M. Truyman pas le second.
Leurs plans dénotent la faiblesse de leurs études; leurs façades
sont composées sans goût, et dans celle du second prix parti-
culièrement il v a des motifs qui ont dû faire bondit les
membres du jury. En somme, ce sont des projets tels qu’en font
les élèves moyens de nos academies.
Fallait-il, malgré Terreur manifeste dans laquelle est tombé
le quatrième concurrent, fallait-il lui décerner le prix? Il ne
servirait à rien que nous nous prononcions sur ce point; nous
avons dit notre pensée très franchement, et nous pensons que
si le prestige de certaine école n’avait été en jeu le jury eût
été de notre avis (f). , m _
A. T. E.
L'Architecture à l’Exposition triennale des Beaux-Arts de Bruxelles.
Depuis longtemps on se plaint du sans gêne avec le quel on
traite l’architecture dans les diverses expositions triennales
officielles organisées en Belgique. Relégués le plus souvent
dans un coin bien difficile à découvrir, les œuvres envoyées par
les architectes échappent facilement aux regards du public,
indifférent du reste, et ne sont visitées que pat quelques
architectes et leurs auteurs eux-mêmes.
La salle (!) réservée à l’architecture à l’Exposition triennale
installée en ce moment au palais des Beaux-Arts réunit assez
bien foutes les conditions voulues pour dérober aux regards
des visiteurs les envois des architectes; elle réalise même
l’idéal du genre et comme emplacement et comme éclairage.
Aussi sommes-nous habitués à voir la plupart de nos con-
frères s’abstenir d’y exposer leurs œuvres qu’ils réserveront
dorénavant aux expositions spéciales d’architecture que nous
comptons bien organiser régulièrement tous les trois ans; le
succès de notre dernière exposition nous y oblige.
Isolés de la peinture qui captive trop facilement le public,
là seulement les dessins d’architecture peuvent être examinés
avec quelque attention.
Il n’y a donc pas lieu de s’étonner du petit nombre et de la
pauvreté des envois au Salon de cette année. N’était le con-
cours Godecharle, en vue duquel quelques-uns de nos plus
jeunes confrères ont envoyé leurs études, le salon d’architéc-
ture serait à peu près vide. .
■¥■ *
Parmi ces œuvres nous avons noté le projet d’hôtel com-
munal de M. Paul Saintenoy qui nous a paru s’être laissé un
peu trop entraîner, par son imagination vive, à produire une
œuvre à laquelle nous reconnaissons volontiers des qualités et
surtout beaucoup d’originalité, mais qui manque certainement
de simplicité et d’homogénéité dans les masses.
La facture même des dessins, la dimension exagérée des
inscriptions, en un mot la manière dont ce projet est présenté
fait encore ressortir le caractère un peu trop en dehors de celte
composition.
Elle dénote par ses défauts mêmes le tempérament vraiment
artistique, la fougueuse imagination de notre jeune confrère,
et nous préférons de beaucoup cela aux conceptions froidement
académiques qu’on rencontre si souvent chez les débutants
et qui sont le produit naturel, logique, de renseignement
architectural actuel.
(1) Actuellement sur 9 membres composant le jury, il y a S Anver-
sois ou professeurs de l’Académie d Anvers. N’y aurait-il pas lieu, poui
le prochain concours, de répartir plus équitablement sur les autres
grandes villes du pays le choix des jurés, afin que l’esprit de clocher ou
l’influence d’une école ne puisse peser sur les décisions du jury quelles
que soient ses bonnes intentions d’impartialité.
Pour mémoire voici, sauf erreur ou omission, la liste des lau-
réats du concours de Rome depuis 1837 :
En 1837. Louis Baekei.mans, élève de l’Académie des Beaux-Arts
d’Anvers.
En 1862. Louis De la Censerie, » >> d’Anvers.
En 1866. Joseph Naert, » » de Bruxelles.
En 1870. Ernest Dieltiens, » « d’Anvers.
En 1873.........Decosteu, » » d’Anvers.
En 1879......... Geefs, » » d’Anvers.
En [884........Dieltiens, » » d’Anvers.
,, .....Truyman, » » d’Anvers.
Sept Anversois et un Bruxellois ! On avouera que tout en admettant
la supériorité de l’Académie d’Anvers sur les autres Académies du pays,
on peut s’étonner avec raison de cette persistance de la fortune à la
favoiisei. (Note de la Rédaction.)
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M. Hansens a envoyé au concours Godecharle un projet
d’ensemble monumental, sans autre désignation. Gette étude
nous semble bien incomplète, elle se compose d’un plan
d’ensemble à l’échelle de 0m002 pour mètre, d’une élévation
perspective comprenant une sorte de palais monumental avec
portiques et colonnades, d’un détail à 0m05 pour mètre et
d’un croquis indiquant en perspective la décoration intérieure
d’une grande salle.
Tous ces dessins manquent un peu de coordination et ne
nous paraissent pas suffisants pour qu’on puisse apprécier
sérieusement l’œuvre conçue par M. Hansens.
Le projet de Palais de Parlement envoyé par M. Horta nous
paraît seul avoir été fait en vue du concours Godecharle.
C’est certainement une conception monumentale si l’on en
juge surtout par les dimensions. Le plan est assez bien ordonné
et la façade ne manque pas d’ampleur. Mais ici, comme dans
bon nombre de projets académiques d’ailleurs, le côté pratique
a élé laissé absolument de côté. L’éclairage de certains locaux
et couloirs laisse beaucoup à désirer et, si nous ne nous trom-
pons pas, certaines parties des coupes ne correspondent pas
comme formes et comme dimensions aux indications des plans.
Ce sont là d’ailleurs des défauts de détail que nous ne trou-
verions graves que dans un concours sur un programme déter-
miné dont on aurait voulu par ces moyens escamoter certaines
prescriptions.
* *
Hâtons-nous de rappeler ce que nous disions l’année der-
nière à propos de la fondation Godecharle (N° 9, 8e année). On
ne doit pas exiger de jeunes gens de moins de 25 ans, limite
d’âge fixée par l’arrêté royal, qu’ils produisent des œuvres d’art
dans l’acception absolue du mot ! Le jury appelé à conférer les
prix, ou mieux, les bourses Godecharle, ne se montrera pas,
espérons-le, trop sévère; que ses membres se rappellent leurs
débuts, qu’ils aillent rechercher dans leurs carions leurs aes-
sins, leurs conceptions de l’àge de 25 ans, et surtout qu’ils se
pénètrent bien de celte idée que l’artiste généreux qui a fondé
ce prix a eu bien plus en vue d’aider, d’encourager les jeunes
gens peu fortunés et méritants qui débutent dans la carrière
aride des arts, que de récompenser le talent d’artistes déjà
formés.
*
Parmi les autres œuvres exposées, trois seulement méritent
d’être mentionnées.
Ce sont : Un projet de restauration du Château des comtes
de Flandre, à Gand ; nu projet de rendez-vous de chasse, par
M. Dclarabrie et, du même, un chalet construit dans les Ar-
dennes.
Le projet de restauration du château des comtes de Flandre,
à Gand, par M. J. Dcwaele, architecte, avec la collaboration
de M. Van Duyse, conservateur du Musée archéologique,
présenté en perspective à vol d’oiseau, nous paraît une recon-
stitution consciencieuse du vieux castel dont la porte d’entrée,
visible de la place Sainle-Pharaïlde, quelques fragments de
la chapelle et les subslructions de quelques parties de l’en-
ceinte sont, si nos souvenirs sont exacts, les seuls vestiges.
Nous ne sommes pas riches, en Belgique, en spécimens
d’architecture militaire du moyen âge, et les modifications que
subissent les plans de nos villes en font disparaître fréquem-
ment: on se rappelle encore le malheureux sort de la pauvre
tour bleue d’Anvers, démolie sans égard pour les protesta-
tions énergiques de toute la Belgique artistique.
La ville de Gand, fière de ses vieux monuments civils et
religieux, ne pourrait-elle rien tenter pour empêcher que le
temps ne fasse complètement disparaître ce vieux témoin des
luttes héroïques de nos pères.
La villa de Montrivai, près de Rochefort, construite par
notre confrère Delarabrie, est une œuvre bien conçue, bien étu-
diée, qui n’a, creyons-nous, pas d’autre prétention, et son ren-
dez-vous de chasse ne manque pas d’originalité.
Nous citerons encore un projet d’arc de triomphe et un pro-
jet de collège communal de M. Serrure, un projet de maison
par M. Lefcver (?), un projet de maison de M. Delhayeet un
dessin anonyme qui, sous le nom de monument commémoratif,
présente un assemblage curieux de colonnes, de frontons,
d’atliques, de clochetons, etc., etc., qui, exécuté en sucre,
serait digne de figurer à l’étalage d’un pâtissier.
Fi, cher monsieur, on n’expose pas ces choses-là !
Ft voilà l’architecture au salon de Bruxelles en 1884.
V. Dumortif.r.
Le nouvel Athénée de Bruxelles,
A différentes reprises, les journaux quotidiens se sont occu-
pés du nouvel athénée de Bruxelles, dont les travaux récem-
ment adjugés, sont en cours d’exécution.
Certains d’entre eux ont fait des descriptions laudatives très
longues de ce futur monument, en ont vanté la disposition
heureuse, géniale, l’excellence du système de chauffage et de
ventilation et le choix judicieux du style. D’autres, par contre,
notamment la Chronique et la Gazette, ont vivement critiqué
le projet, tant en ce qui concerne le choix du style que la dis-
position des plans et, comme conclusion, ont fait ressortir
l’utilité pour la ville de Bruxelles de mettre les plans de sem-
blables édifices au concours public, ainsi que viennent de le
faire les administrations municipales de Lille pour un palais |